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Trotsky et trotskisme

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Trotsky et trotskisme - Page 3 Empty Troisième séance du cycle « Pourquoi Trotsky ? »

Message  CCR Jeu 22 Nov - 11:22

Troisième séance du cycle « Pourquoi Trotsky ? »

Crise et Programme de Transition


Source: http://www.ccr4.org/Crise-et-Programme-de-Transition
Pour écouter les audios des séances: http://www.ccr4.org/Audios-des-seances-du-cycle-Pourquoi-Trotsky


La date tombait à pic ! La veille de la première journée de grève et de mobilisation à échelle européenne contre les politiques d’austérité, la troisième séance du cycle « Pourquoi Trotsky » a à nouveau fait salle comble à la Librairie Résistances à Paris. Le thème abordé mardi 13 novembre avait en effet le mérite de cadrer au plus près de l’actualité : « Crise et Programme de transition ».

Daniela Cobet est revenue dans un premier temps sur les origines du Programme de Transition, au cœur des années 1930, à un moment de crise, de processus révolutionnaires et de guerres en préparation, à une époque où le capital faisait le choix entre « New Deal ou fascisme » et où la classe ouvrière lui tenait la dragée haute (France et Espagne en 1936, Etats-Unis en 1937).

« Les crises conjoncturelles, dans les conditions de la crise sociale de tout le système capitaliste, accablent les masses de privations et de souffrances toujours plus grandes. La croissance du chômage approfondit, à son tour, la crise financière de l’État et sape les systèmes monétaires ébranlés. Les gouvernements, tant démocratiques que fascistes, vont d’une banqueroute à l’autre ».

Etranges résonnances et correspondances actuelles, si on la considère dans sa globalité, que cette citation du Programme de Transition. Et pourtant, le texte avait été écrit par Trotsky pour servir de base au Congrès de fondation de la Quatrième Internationale, il y a près de soixante-quinze ans.

La question pour les révolutionnaires, alors, consistait à travailler à la formulation d’une série de consignes et de revendications capables d’établir un pont entre le niveau de conscience des travailleurs, des salariés et des paysans, et les objectifs de mobilisation, en vue de l’établissement d’un gouvernement des travailleurs eux-mêmes et du renversement du capitalisme en crise.

Alors certes un certain nombre de revendications du Programme mériteraient d’être reformulées ou dépoussiérées. Ce qui est frappant cependant, c’est la façon dont, aujourd’hui encore, la logique du Programme de Transition maintient toute son actualité. C’est ce qu’indiquent les revendications centrales du texte sur lesquelles nous sommes revenus, au cours de la présentation puis par la suite au cours du débat.

Daniela s’est attachée à montrer comment la logique du Programme de Transition permet en effet de formuler un marxisme stratégique, qui pose non seulement un ensemble de tactiques et de revendications mais soit en capacité de les articuler en vue de la préparation du renversement de la bourgeoisie, ses alliés et son système.

Les exemples à la fois historiques et beaucoup plus proches de nous ont alimenté la discussion. Sur la question du chômage et des licenciements, c’est bien entendu les années 1930 qui étaient évoquées, mais également les luttes d’Aulnay, dans l’automobile, ou celle de la période 2008-2009 en France, avec le cas emblématique de Philips Dreux. La discussion a porté sur le fait de savoir comment au travers ses batailles, le prolétariat est capable, ou non, de poser un certain nombre d’alternatives politiques à même de faire avancer la conscience de l’ensemble de la classe, de renforcer ses positions et de préparer l’affrontement. Sur la question du fascisme, très présente dans le Programme, nous avons évidemment évoqué la période particulière des années 1920 et 1930 dans l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie, mais également la façon dont, très concrètement, cette question se repose aujourd’hui en Europe, à commencer par la Grèce, avec le renforcement des milices d’Aube Dorée.

Comme le souligne le texte, « la tâche stratégique de la prochaine période - période prérévolutionnaire d’agitation, de propagande et d’organisation - consiste à surmonter la contradiction entre la maturité des conditions objectives de la révolution et la non-maturité du prolétariat et de son avant-garde (désarroi et découragement de la vieille génération, manque d’expérience de la jeune). Il faut aider les masses, dans le processus de leurs luttes quotidiennes, à trouver le pont entre leurs revendications actuelles et le programme de la révolution socialiste. Ce pont doit consister en un système de revendications transitoires [Daniela étant revenue sur les quatre grands types de mots d’ordre sériés par le Programme], partant des conditions actuelles et de la conscience actuelle de larges couches de la classe ouvrière et conduisant invariablement à une seule et même conclusion : la conquête du pouvoir par le prolétariat ».

Tout ceci, nous a conduit à discuter non seulement de la classe (ou du « sujet social ») capable de porter ce programme, mais également de la façon dont, à travers ses mobilisations, le prolétariat est capable de le défendre, et enfin des différents types d’outils et d’armes, qu’ils soient partidaires ou ayant trait à l’auto-organisation, à travers lesquels le salariat est capable de déployer l’ensemble de sa force.

C’est d’ailleurs sur ces éléments que nous reviendrons pour clôturer le cycle, le mardi 27 novembre, pour discuter de la question du pouvoir, du parti et de l’auto-organisation. En attendant, comme pour les séances précédentes, nous proposons aux camarades qui n’ont pas pu être parmi nous ou qui souhaiteraient réécouter la discussion, l’enregistrement audio de cette troisième conférence. A mardi 27, pour la dernière séance du cycle !

CCR

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Trotsky et trotskisme - Page 3 Empty Re: Trotsky et trotskisme

Message  Vals Sam 15 Déc - 2:22

15 décembre 1923, à la XIIIème conférence du Parti Bolchevik, pour la première fois, Staline attaque Trotsky « ad hominem ».L'article suivant a été publié dans le N°77 de La Lutte de Classe (octobre 1963).

« FRACTIONNISME TROTSKISTE », HERITIER DU BOLCHEVISME.

Il y a 40 ans, dans le Parti Bolchevik et L'Internationale Communiste, s'engageait une discussion qui ne devait se terminer que quatre ans plus tard, par l'exclusion de tous les éléments révolutionnaires. Pour la première fois, en cet automne 1923, la bureaucratie soviétique manifestait ouvertement son existence politique. La campagne contre les révolutionnaires, contre le « fractionnisme trotskyste » commençait.

Mais ces événements s'inscrivaient dans un cadre beaucoup plus large. Plus que les petites combines des homes de l'appareil, il y avait le reflux de la vague révolutionnaire qui avait suivi la première guerre mondiale, reflux qui allait emporter à son tour l'Internationale.

En fait, depuis l'échec de l'Armée Rouge en Pologne, la révolution reculait sur tous les fronts, « l'offensive révolutionnaire » de mars 1921 en Allemagne ne pouvait enrayer ce mouvement. En octobre 1922, Mussolini formait le premier ministère fasciste. En septembre 1923, c'était en Espagne le coup d'État de Primo de Rivera.

Ce recul ne devait pas épargner la Russie des soviets. Dès 1921 la N.E.P. représentait toute une série de concessions faites aux éléments de la ville et de la campagne. La fin de la guerre civile trouva le pays épuisé à un tel point, l'économie si délabrée, qu'il fallut bien en passer par là et renoncer au communisme de guerre.

Le Parti Bolchevik était parfaitement conscient qu'il s'agissait d'un recul, il n'essaya pas de le cacher. Et, pour éviter que la pression de la petite bourgeoisie qui allait immanquablement renaître de la N.E.P. ne se manifeste trop facilement dans le seul parti dirigeant, le Xème congrès supprima le droit de fractions.

Mais cette mesure se révéla parfaitement inefficace, elle se retourna même finalement contre les révolutionnaires, car ce ne fut pas à la périphérie du parti mais en son centre, dans son appareil, que se manifesta l'influence petite–bourgeoise.

La bureaucratisation de l'appareil d'État soviétique était un mal déjà ancien, mais qui ne pouvait aller qu'en s'accentuant avec la fatigue et l'apathie politique qui gagnaient les masses ouvrières. A partir de 1922, il s'avéra que le phénomène n'était pas limité aux fonctionnaires de l'état, nais gagnait également l'appareil du parti. Lénine, bien que malade, se préparait pour le XIIème congrès à livrer la lutte contre la bureaucratisation.

Sa deuxième rechute l'empêcha d'y participer, mais il fit parvenir sa « Lettre au Congrès » dans laquelle il demandait que Staline soit écarté du secrétariat général. Cette emprise grandissante des bureaux sur la vie du parti ne s'était pas encore manifestée dans le domaine de la politique de l'Internationale. Elle était surtout caractérisée par des moeurs nouvelles. A la libre et franche discussion faisaient place peu à peu les pressions et le chantage de toutes sortes.

Mais déjà, aussi, des différends apparaissaient dans le domaine de la politique économique. Dès la fin de 1922 Trotsky demandait un rythme d'industrialisation plus rapide de manière à pouvoir offrir des produits manufacturés aux paysans, à établir un équilibre entre les prix des produits industriels et agricoles. Trotsky utilisait l'image des ciseaux dont une branche représentait les prix agricoles et l'autre les prix industriels, les deux branches s'écartant de plus en plus. Il s'agissait donc de refermer les ciseaux, et c'était une question de première importance, car si la cherté des produits industriels lésait la paysannerie dans son ensemble, elle favorisait la différenciation sociale à la campagne, la naissance d'une classe de koulaks sur laquelle pouvait s'appuyer la bureaucratie.

L'industrialisation au contraire, en abaissant les prix du matériel agricole, aurait égalisé les chances des différents paysans, elle aurait de plus permis de réformer et de renforcer la classe ouvrière russe, qui avait pratiquement disparu en 1921 (il n'y avait plus que des chômeurs et des fabriquants de « perruque » destinée à être vendue au marché noir), et ne s'était que partiellenent reformée durant les deux premières années de la NEP.

Ainsi, au début de l'automne 1923, deux revendications importantes apparaissaient dans le parti, sur deux plans différents, mais en fait étroitement liés : celle d'un retour à la démocratie ouvrière, celle de l'industrialisation.

Mais à cette époque des faits nouveaux captèrent l'attention de tous, faisant passer la discussion qui s'ébauchait au second plan. La crise allemande approchait de son dénouement. La victoire de la révolution en Allemagne aurait été la fin de l'isolement de l'URSS, le salut de ln révolution soviétique, l'aube de la révolution mondiale. Et le parti communiste allemand se préparait à célébrer le 6ème anniversaire de la Révolution russe de la plus digne manière qui soit, en prenant le pouvoir à son tour.

La situation était objectivement révolutionnaire. Cela est indiscutable. Mais entre la politique suivie par le K.P.D. et celle qu'avait menée le Parti bolchevik en 1917, il y avait un fossé énorme, et cette différence était bien significative des nouvelles moeurs qui régnaient dans l'I.C. En Russie, toute Ia politique des révolutionnaires consista à démontrer aux masses la nécessité de la prise du pouvoir, à leur faire apparaître l'insurrection comme leur insurrection. En Allemagne l'Etat-Major communiste dressa ses plans
indépendamment du mouvement de masse. Si elle avait eu lieu, l'insurrection aurait coïncidé avec la montée révolutionnaire des masses, elle n'en aurait pas été l'aboutissement.

Au dernier moment l'insurrection fut décommandée : on venait de se rendre compte que les plans étaient faux, que les stocks d'armes étaient insuffisants. les bureaux s'étaient trompés !

Les masses n'avaient pas combattu, elles n'avaient pas été vaincues, mais le mouvement refluait. L'octobre allemand marqua un virage important, ce fut la dernière chance de la révolution russe, ce fut aussi le premier échec d'un mouvement révolutionnaire imputable à la bureaucratie.

Lorsque les nouvelles d'Allemagne arrivèrent en Russie, elles libérèrent tous les griefs accumulés contre la direction du parti et de l'I.C., manifestement responsable. Staline n'avait-il pas écrit en août : « Selon moi, on doit retenir les Allemands et non pas les stimuler ».

Quarante six bolcheviks éminents, parmi lesquels Piatakov, Préobrajensky, Sérébriakov, V.M. Smirnov, publièrent une déclaration où ils disaient notamment : « La présente situation est due au fait que le régime d'une dictature fractionnelle, qui se développa après le Xème congrès, a survécu à son utilité ».

Devant l'agitation croissante qui se développa, le triumvirat, Staline, Zinoviev, Kamenev - qui dirigeait en fait le parti depuis la maladie de Lénine - inquiet décida de lâcher du lest. Le 7 novembre, Zinoviev publia un article autorisant la discussion, et affirmant d'ailleurs que la démocratie ouvrière existait dans le parti. Le 5 décembre, le Comité Central adopta une résolution condamnant la bureaucratie, les privilèges spéciaux, permettant la restauration du droit de critique.

Trotsky, malade depuis le début novembre (c'est de son lit qu'il participa à toute la discussion), signa la résolution du C.C., mais compléta sa position on publiant quelques jours plus tard une lettre dans laquelle il posait le problème dans tout son ensemble et expliquait ses craintes sur le danger d'une dégénérescence bureaucratique.

Les réactions de la majorité du C.C. furent significatives de sa mauvaise foi. Alors qu'il ne semblait pas y avoir de désaccord entre la résolution du C.C. et la lettre de Trotsky, la Pravda se déchaîna contre ce dernier. De 1917 à 1923 les discussions s'étaient caractérisées par un certain côté conciliant en ce sens qu'il n'était pas dans les méthodes du parti d'envenimer la discussion par le rappel des divergences
passées. Là au contraire, la discussion ne porta pas tant sur les positions présentes de Trotsky que sur le rappel de ses « fautes passées » de 1903 à 1923.

La lutte contre l'opposition qui se formait sur la base de la revendication de la démocratie ouvrière et de l'industrialisation se confondit avec la lutte que menaient nombre de cadres supérieurs du parti contre Trotsky. La position de ce dernier n'était pas facile : nouveau venu dans le Parti bolchevik à la veille de la Révolution, il avait rapidement surclassé et dominé nombre de « vieux » bolcheviks. Commissaire à la
guerre, il avait souvent dû au cours de son activité piétiner bien des amours-propres. Pour beaucoup les ennemis de Trostky étaient animés par des sentiments de rancune, et ils ne se rendaient pas toujours compte que la politique qu'ils menaient était la négation du bolchevisme.

La discussion fit rage dans le parti jusqu'à la fin décembre. Le Comité Central décréta alors que Trotsky malade avait besoin de se reposer, et il l'envoya en Crimée. C'est là que celui-ci apprit la mort de Lénine, qui pour un temps arrêta la discussion. Celle-ci reprit en fin 1924, d'autant plus acharnée qu'après la mort de Lénine, la bureaucratie, par la plume de Staline, osa enfin parler de « socialisme dans un seul pays ». L'opposition se renforça alors, au moins temporairement, de tous ceux qui ne pouvaient renier leur formation internationaliste, même s'ils avaient, tels Zinoviev et Kamenev, contribué à amener la bureaucratie au pouvoir. Mais le vieux Parti bolchevik qui avait fait la révolution n'existait plus. Les militants de 1917 étaient submergés par le flot des nouveaux venus, par ceux qui étaient venus au Parti pendant ln guerre civile, la plupart dévoués et sincères, mais dépourvus de culture politique, par ceux
bien plus nombreux qui adhérèrent après 1921 avec parmi eux beaucoup d'arrivistes et de trafiquants en tous genres.

Il n'était pas au pouvoir de l'opposition d'arrêter le reflux de la révolution mondiale, elle ne pouvait prendre le pouvoir en URSS, mais ce n'est pas non plus ce qu'elle voulait. Défendant avec intransigeance les principes de la démocratie ouvrière, de l'internationalisme prolétarien, l'opposition trotskiste maintenait haut le drapeau révolutionnaire. Analysant l'évolution du monde moderne, la dégénérescence de
l'URSS, elle renouvelait et enrichissait le programme marxiste.

Malgré la répression bourgeoise, la calomnie et les méthodes de gangstérisme et d'assassinat du stalinisme, malgré l'extermination presque totale d'une génération de révolutionnaires, ce drapeau et ce programme sont restés vivants, et pour les militants qui s'attachent aujourd'hui à construire un parti révolutionnaire, ils représentent un capital inappréciable.

L'opposition de 1923 se voulait « bolchevik-léniniste », elle se défendait bien d'être trotskiste, mais l'histoire, comme ses adversaires, lui a donné ce nom, et avec le « Trotskisme » qui naissait en 1923, c'est le bolchevisme lui-même qui continuait.


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Message  topaze Lun 17 Déc - 23:35

Ce qui me gène dans cet article qu’a mis Vals c’est ce qui n’est pas dit. Et notamment sur les communistes de Gauche

Pour quelqu’un qui ne connaît pas l’histoire de l’opposition a la degenerescence du Parti Bolchevicks et de la 3éme internationale, il ne retient (a travers cet article) qu’il n’y a eu que l’opposition de gauche animé par Trotski qui c’est opposé a cette degenerescence. Et ce n’est pas vrai ! A chaque étape de cette dégénérescence se sont élevés à l’intérieur même du Parti Bolchevique des voix qui protestaient et dénonçaient l’abandon du programme initial du premier congrés de L'IC en 1919. Il y avait la Gauche communiste en Russie. Il y avait des groupes communistes de Gauche hors de Russie et notamment en Allemagne le KAPD (Parti communiste ouvrier d’Allemagne). Et aussi en Italie a travers Bordigua.

Topaze. Lecteur de Revolution Internationale. http://fr.internationalism.org/

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Message  Babel Mar 18 Déc - 8:13

topaze a écrit:Ce qui me gène dans cet article qu’a mis Vals c’est ce qui n’est pas dit. Et notamment sur les communistes de Gauche.
Pour quelqu’un qui ne connaît pas l’histoire de l’opposition a la degenerescence du Parti Bolchevicks et de la 3éme internationale, il ne retient (a travers cet article) qu’il n’y a eu que l’opposition de gauche animé par Trotski qui c’est opposé a cette degenerescence. Et ce n’est pas vrai ! A chaque étape de cette dégénérescence se sont élevés à l’intérieur même du Parti Bolchevique des voix qui protestaient et dénonçaient l’abandon du programme initial du premier congrés de L'IC en 1919.
Et, parmi ceux-ci, un des tous premiers fut Gavril Illitch Miasnikov, animateur du Groupe Ouvrier du PCR, et dont j'avoue que j'ignorais jusqu'à ce jour l'existence.

Présentation par le site "la bataille socialiste" :

Ouvrier russe (mécanicien) entré au parti bolchevik en 1906, emprisonné au bagne d’Orel (1913-17), président du soviet de Perm et responsable de l’exécution du Grand-Duc Michel en 1918, membre en 1918 de la tendance « communiste de gauche » qui publie Kommunist, il est appelé à Pétrograd fin 1920 et dénonce le bureaucratisme et est un des rares bolcheviks a défendre la liberté de parole non seulement pour les communistes mais pour les autres partis. Il soutient l’Opposition ouvrière, refuse de participer à l’attaque de la garnison de Cronstadt en 1921 (« qu’est-ce que Cronstadt ? Quelques centaines de communistes nous combattent. Qu’est-ce-que ça veut dire ? Qui faut-il blâmer si les cercles dirigeants n’ont pas de langage commun non seulement avec les masses sans parti, mais avec les communistes de base ? Ils se comprennent si peu l’un l’autre qu’ils se ruent sur leurs armes. » ) , est exclu du parti en 1922 et fonde le « Groupe ouvrier ». Arrêté en 1923, envoyé en Arménie soviétique, il réussit à fuir à l’étranger en 1928 et travaille de 1930 à 1944 comme ouvrier en France. En 1929, il envoie sa brochure Очередной обман à L. Trotsky en lui demandant d’en écrire la préface, celui-ci refuse.
De retour en URSS, il y est aussitôt arrêté et bientôt fusillé. Il sera réhabilité à titre posthume (en 2001 ou 2004 selon les sources).
GI Miasnikov a été le seul bolchevik qui ait insisté après 1917 pour que l’on accorde la liberté de parole à tous les partis sans exception, car il pensait que c’était le seul moyen de sauver le parti menacé par la corruption du pouvoir. Le régime soviétique, disait-il, « doit entretenir à ses frais un groupe de détracteurs, comme le faisaient autrefois les empereurs romains ». On verra plus loin la réponse de Lénine. Dans sa contre-réponse Miasnikov lui rappela que la seule raison pour laquelle lui-même pouvait encore s’exprimer librement reposait sur le fait qu’il était un vieux bolchevik et que des milliers d’ouvriers ordinaires croupissaient en prison pour avoir dit exactement les mêmes choses que lui. Exclu du parti en 1922 il forma un groupe oppositionnel dit « Groupe ouvrier » qui a été liquidé en septembre 1923. Depuis lors le problème de la liberté de la presse et de la « concurrence pacifique des partis » a complètement disparu de l’horizon marxiste- léniniste.
Kostas Papaïoannou (Marx et les marxistes, 1972)

http://bataillesocialiste.wordpress.com/miasnikov-1889-1945/

Sa bio sur le site du collectif Smolny met en avant son courage et sa lucidité exceptionnels : http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=95

Textes trouvés et parcourus à la hâte :

"Le Manifeste du Groupe ouvrier du Parti communiste russe (bolchevik)" : http://www.left-dis.nl/f/miasgo.htm

"Donnez des juges aux prolétaires russes !"
: http://www.left-dis.nl/f/miasrp.htm

Sur sa position vis-à-vis de l'Opposition de Gauche regroupée autour de Trotsky :

- " L’Opposition capitularde jugée par le Groupe ouvrier russe" (Une lettre de G. Miasnikov)
Janvier 1930 http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1213

- "Extrait d’une lettre de Miasnikov sur la déclaration Rakovski et les 3 critères trotskistes"
http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1216

- "Russie : Entre bureaucrates et communistes-ouvriers, la lutte de classe continue"
http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1212

Il faudrait prendre le temps de tout lire avec soin, afin de situer et d'analyser précisément les divergences.


Dernière édition par Babel le Mar 18 Déc - 8:17, édité 1 fois

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Message  sylvestre Mar 18 Déc - 8:15

topaze a écrit: Il y avait la Gauche communiste en Russie.

Qu'est-ce que tu appelles la Gauche Communiste en Russie ? Si tu parles de Boukharine (théoricien numéro un des "communistes de gauche" en 1918-20), comment analyses-tu le fait qu'il était à partir de 1923 et jusqu'en 1928 le théoricien numéro de la direction stalinienne ?
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Message  verié2 Mar 18 Déc - 10:55

sylvestre a écrit:
topaze a écrit: Il y avait la Gauche communiste en Russie.

Qu'est-ce que tu appelles la Gauche Communiste en Russie ? Si tu parles de Boukharine (théoricien numéro un des "communistes de gauche" en 1918-20), comment analyses-tu le fait qu'il était à partir de 1923 et jusqu'en 1928 le théoricien numéro de la direction stalinienne ?
Je ne pense pas que Topaze évoque Boukharine, mais tous les groupes oppositionnels qui se sont formés dans le parti bolchevik ou à l'extérieur et qui ont souvent critiqué la dégénérescence du régime plus radicalement et précocement que Trotsky, qui est passé par toutes sortes de valses-hésitations.

C'est vrai que la figure de Trotsky a éclipsé tous ces opposants dont il faudrait étudier les positions avec précision comme le souligne Babel. (Tout comme celles de Trotsky, leurs positions ont d'ailleurs aussi évolué.) Le mouvement trotskyste a eu tendance aussi à les gommer de l'histoire pour ne retenir que l'Opposition de Gauche. Sur les discussion qui se menaient parmi ces opposants, on peut lire par exemple Au pays du mensonge déconcertant d'Anton Ciliga qui rapporte les débats au sein d'un isolateur (camp-prison).

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Message  Vals Mar 18 Déc - 12:24

Compte tenu du fait que ce fil porte sur le trotskisme, je ne vois pas ce qui empêchent ceux qui le souhaitent d'en ouvrir un sur l'ultra-gauche, le bordiguisme et leurs destins historiques.
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Message  verié2 Mar 18 Déc - 12:51

Vals a écrit:Compte tenu du fait que ce fil porte sur le trotskisme, je ne vois pas ce qui empêchent ceux qui le souhaitent d'en ouvrir un sur l'ultra-gauche, le bordiguisme et leurs destins historiques.
Certes les différents autres courants communistes oppositionnels au stalinisme, pas nécessairement ultra-gauches d'ailleurs, ont eu leur destin. Mais, en ce qui concerne la période qui a abouti à la contre-révolution stalinienne, on ne peut pas étudier ces courants, ni le trotskisme, isolément, sans tenir compte de leurs discussions, positions etc, comme si l'Opposition de la gauche avait été seule face au stalinisme.

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Message  sylvestre Mar 18 Déc - 16:49

verié2 a écrit:
sylvestre a écrit:
topaze a écrit: Il y avait la Gauche communiste en Russie.

Qu'est-ce que tu appelles la Gauche Communiste en Russie ? Si tu parles de Boukharine (théoricien numéro un des "communistes de gauche" en 1918-20), comment analyses-tu le fait qu'il était à partir de 1923 et jusqu'en 1928 le théoricien numéro de la direction stalinienne ?
Je ne pense pas que Topaze évoque Boukharine, mais tous les groupes oppositionnels qui se sont formés dans le parti bolchevik ou à l'extérieur et qui ont souvent critiqué la dégénérescence du régime plus radicalement et précocement que Trotsky, qui est passé par toutes sortes de valses-hésitations.

C'est vrai que la figure de Trotsky a éclipsé tous ces opposants dont il faudrait étudier les positions avec précision comme le souligne Babel. (Tout comme celles de Trotsky, leurs positions ont d'ailleurs aussi évolué.) Le mouvement trotskyste a eu tendance aussi à les gommer de l'histoire pour ne retenir que l'Opposition de Gauche. Sur les discussion qui se menaient parmi ces opposants, on peut lire par exemple Au pays du mensonge déconcertant d'Anton Ciliga qui rapporte les débats au sein d'un isolateur (camp-prison).

Moui, mais je voulais quand même pointer un élément qui vaut d'être médité : certains de ces "critiques de gauche", comme Boukharine, se sont révélés par la suite ne pas être des opposants conséquents au stalinisme - je pense aussi à Ruth Fischer, qui après avoir été gauchiste, puis stalinienne, a par ailleurs fini au service du maccarthysme. Evidemment on ne peut pas dire la même chose de Ciliga, ou des décistes.

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Message  verié2 Mar 18 Déc - 17:48

Sylvestre
je voulais quand même pointer un élément qui vaut d'être médité : certains de ces "critiques de gauche", comme Boukharine, se sont révélés par la suite ne pas être des opposants conséquents au stalinisme - je pense aussi à Ruth Fischer, qui après avoir été gauchiste, puis stalinienne, a par ailleurs fini au service du maccarthysme.
On peut citer aussi Kollontai qui, après avoir participé à l'Opposition ouvrière, s'est ralliée à Staline jusqu'à la fin de sa vie. Les destins individuels sont très variés. Mais l'Opposition de gauche n'a pas été seule à s'opposer à Staline et les autres opposants n'ont pas tous retourné leur veste. Il y a d'ailleurs aussi nombre de Trotskystes qui l'ont fait...

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Message  sylvestre Mar 18 Déc - 19:22

verié2 a écrit:
Sylvestre
je voulais quand même pointer un élément qui vaut d'être médité : certains de ces "critiques de gauche", comme Boukharine, se sont révélés par la suite ne pas être des opposants conséquents au stalinisme - je pense aussi à Ruth Fischer, qui après avoir été gauchiste, puis stalinienne, a par ailleurs fini au service du maccarthysme.
On peut citer aussi Kollontai qui, après avoir participé à l'Opposition ouvrière, s'est ralliée à Staline jusqu'à la fin de sa vie.

Ralliement ou mise au placard (ambassadrice en Norvège). Kollontai n'a pas à ma connaissance été une stalinienne de choc, même si elle n'a pas non plus été une opposante. Les destins tragiques de Zinoviev, Radek ou Boukharine, fait de velléités d'opposition suivis de reniements abjects - qui ne leur auront pas évité l'humiliation et la mort - sont beaucoup plus frappants.

Les destins individuels sont très variés. Mais l'Opposition de gauche n'a pas été seule à s'opposer à Staline et les autres opposants n'ont pas tous retourné leur veste. Il y a d'ailleurs aussi nombre de Trotskystes qui l'ont fait...

Absolument, j'ai cité Radek à ce sujet, et d'autres l'ont retournée pour chanter les louanges du capitalisme occidental. Il y a y compris peut-être à remettre un peu en lumière certains opposants oubliés car "de droite" (au sens de "boukharinien") (Brandler par exemple), qui n'ont pas écrit que des bêtises je crois. Et bien sûr il faut aussi mentionner les anarchistes, et les impossibilistes (style SPGB britannique) ont aussi pu apporter certaines lumières. De toutes façons l'intégrisme trotskyste n'aurait aucun sens : Trotsky lui-même a par exemple reconnu que les "décistes" (Smirnov etc.) avaient eu raison contre lui à propos de la date où "Thermidor" avait eu lieu.
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Message  topaze Sam 22 Déc - 0:01

Le groupe ouvrier animé par Gavril Illitch Miasnikov, (contrairement à la vérité ouvrière animé par Bogdanov, à l’opposition ouvrière dont la plus connu des dirigeants était Alexandra Kollontai) a eu une perpective de travail internationale. Il a mis l’accent sur la nature internationale de la révolution et sur la nécessité pour les révolutionnaires de se regrouper. Ce groupe correspondait beaucoup au KAPD allemand.
Babel a mis en ligne des textes de ce groupe. Très intéressant à lire, notamment la dénonciation du front unique.

Je partage ce que dit Verie2 :
'Je ne pense pas que Topaze évoque Boukharine, mais tous les groupes oppositionnels qui se sont formés dans le parti bolchevik ou à l'extérieur et qui ont souvent critiqué la dégénérescence du régime plus radicalement et précocement que Trotsky, qui est passé par toutes sortes de valses-hésitations.

C'est vrai que la figure de Trotsky a éclipsé tous ces opposants dont il faudrait étudier les positions avec précision comme le souligne Babel. (Tout comme celles de Trotsky, leurs positions ont d'ailleurs aussi évolué.) Le mouvement trotskyste a eu tendance aussi à les gommer de l'histoire pour ne retenir que l'Opposition de Gauche. Sur les discussion qui se menaient parmi ces opposants, on peut lire par exemple Au pays du mensonge déconcertant d'Anton Ciliga qui rapporte les débats au sein d'un isolateur (camp-prison)'.


En étudiant les positions (du groupe ouvrier, de la Gauche Allemande, de la Gauche Italienne) comme le dit Vérie2, il y a des différences entre l’opposition de gauche animé par Trosky et la Gauche Communiste. La première se revendique des 4 premier congrès de l’IC, alors que ce n’est pas le cas de la Gauche communiste.

Pour étudier et peut être mieux connaître l’histoire de la Gauche Communiste, le CCI a publié deux livres. L’un s’appel la ‘ Gauche Hollandaise’ que l’on peut commander sur le site du CCI http://fr.internationalism.org/publications

et l’autre s’appel ‘ la Gauche Italienne’ Si ça vous interesse , je pense qu'il est possible de le commander en envoyant un mail à RI

Et une brochure qui s'appel : la Gauche Communiste de France . Brochure que l'on peut commander

A lire aussi la polémique entre Lénine ‘Le gauchisme , maladie infantile du communisme et la réponse de Herman Gorter ‘Réponse à Lenine’

Topaze. Lecteur de Revolution Internationale http://fr.internationalism.org/


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Message  verié2 Sam 22 Déc - 19:27

Topaze
Pour étudier et peut être mieux connaître l’histoire de la Gauche Communiste, le CCI a publié deux livres. L’un s’appel la ‘ Gauche Hollandaise’ que l’on peut commander sur le site du CCI http://fr.internationalism.org/publications

et l’autre s’appel ‘ la Gauche Italienne’ Si ça vous interesse , je pense qu'il est possible de le commander en envoyant un mail à RI

Et une brochure qui s'appel : la Gauche Communiste de France . Brochure que l'on peut commander
C'est légitime de faire de la pub pour les publications de ton groupe, mais tous les participants à ce forum ne sont pas complètement ignorant de l'histoire des diverses tendances "oppositionnelles", ni des positions du CCI (RI) et de la filiation dont il se revendique. Filiation d'ailleurs tout aussi lointaine que celle des trotskystes avec Trotsky, et qui peut par conséquent être sujette à des interprétations variées...

Cela-dit, la "gauche italienne" a donné naissance ou influencé des groupes d'une certaine importance et implantés dans la classe ouvrière, tel Lotta communista en Italie.

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Message  topaze Dim 23 Déc - 0:31

Vérié2 je sais (parce que ça fait un petit moment que j’interviens sur ce forum) que les participants a ce forum ne sont pas complètement ignorants.
Si j’ai fait de la pub a des livres, brochures qu’a sorti le CCI(RI), c’est parce que le sujet si prêté. Tout comme Babel a eu raison de mettre des liens pour faire connaître les positions du groupe ouvrier de Miasnikov . De plus c’est d’autant plus important car comme tu le dis. Je te cite :

‘le mouvement troskiste a eu tendance à les gommer (les groupes oppositionnels qui se sont formés dans le parti bolchevik ou à l'extérieur) de l’histoire pour ne retenir que l’opposition de gauche'

D’ailleurs on pourrait se poser la question du pourquoi de ce black out.

Après tu dis :
Cela-dit, la "gauche italienne" a donné naissance ou influencé des groupes d'une certaine importance et implantés dans la classe ouvrière, tel Lotta communista en Italie.

Il semblerait que tu dise ( mais peut être que je me trompe) que Lotta Communista serait issu, au moins politiquement, sinon organisationnellement, de ce courant politique (la gauche communiste) qui, à partir des années 20 s’est opposé à la dégénérescence de la IIIème Internationale. A ma connaissance c’est faux. Je pense que les origines de Lotta Communista sont aux antipodes politiques de la Gauche Communiste. Mais bon ! Ce n’est peut être pas sur ce fil qu’il faut débattre de ça.

Topaze. Lecteur de Revolution Internationale. http://fr.internationalism.org/




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Message  Vals Ven 25 Jan - 18:31

La disparition de Nahuel Moreno
Cet article est paru dans Lutte Ouvrière n° 974 du 31 janvier 1987

Nous venons d’apprendre la mort de Nahuel Moreno, à l’âge de 62 ans, le fondateur et le principal dirigeant du MAS d’Argentine (Movimiento al Socialismo), la principale organisation trotskyste du continent sud-américain, et de la LIT (Ligue Internationale des Travailleurs), l’organisation internationale appuyée principalement sur le MAS.

Nahuel Moreno appartient à cette génération de militants trotskystes qui vinrent à l’activité politique durant la Seconde Guerre mondiale. En 1944, il participa à Buenos Aires à la création du GOM (Groupe Ouvrier Marxiste), l’un des nombreux petits groupes trotskystes que comptait alors l’Argentine. Dans les années qui suivirent la fin de la Seconde Guerre mondiale, deux courants principaux se dessinèrent parmi les trotskystes argentins, celui qui était animé par Juan Posadas, et celui de Moreno. (...)

Le Secrétariat International de la Quatrième Internationale reconnut alors comme section officielle argentine de la Quatrième Internationale l’organisation posadiste, dont les vues coïncidaient le mieux avec le suivisme du Secrétariat International par rapport aux mouvements nationalistes petits-bourgeois des pays sous- développés.

Mais, dans les années 1953- 1954, le Secrétariat International connaissait une importante scission qui amenait les opposants à «l’entrisme sui generis» prôné par Michel Pablo, à former un «Comité International», qui regroupait entre autres le SWP des Etats- Unis, le groupe anglais dirigé par Gerry Healy, et la majorité de la section française dont est issu l’actuel PCI. L’organisation que dirigeait Moreno rejoignit alors ce regroupement. Mais quand, dix ans plus tard, le SWP (Socialist Workers Party) américain quittant le «Comité International», rejoignit le Secrétariat International pour donner naissance au Secrétariat Unifié (SU), le mouvement animé par Moreno se joignit à son tour au SU.

L’organisation de Nahuel Moreno ne devait cependant pas rester longtemps section argentine du SU : face à la vague guérillériste que connaissait alors toute la gauche latino-américaine, le PRT (Parti Révolutionnaire des Travailleurs) se divisa, et ce fut sa branche guérillériste, qui avait pourtant publiquement pris ses distances vis- à- vis du trotskysme, le PRT- ERP (Armée Révolutionnaire du Peuple) qui en 1969 fut considérée par les dirigeants du SU comme leur section argentine.

La rupture de l’ERP avec le SU, en 1973, ne laissa pas d’autre choix à celui- ci que de ne plus avoir de section en Argentine ou de reconnaître de nouveau l’organisation de Nahuel Moreno comme une section... jusqu’à une nouvelle rupture, survenue en 1979, ayant comme toile de fond la révolution sandiniste au Nicaragua, les dirigeants du SU ne voyant pas d’autre politique pour les révolutionnaires au Nicaragua que de soutenir le FSLN (Front Sandiniste de Libération Nationale) victorieux, alors que les «morénistes» essayaient d’intervenir dans les événements à travers la «brigade Simon Bolivar».

Après une nouvelle tentative avec le PCI (Parti Communiste Internationaliste) français de mettre sur pied un nouveau Comité International, en 1979- 1981, qui aboutit vite à une nouvelle rupture, le courant moréniste organisa son propre regroupement international, la LIT- CI (Ligue Internationale des Travailleurs–Quatrième Internationale) dont la composante principale est constituée par le MAS (Mouvement vers le Socialisme) argentin.

Cette organisation, (le MAS), représente aujourd’hui, à l’échelle, il est vrai modeste, du trotskysme, l’un des principaux groupes se réclamant de l’héritage de Lénine et de Trotsky de par le monde.

Nahuel Moreno (comme les militants qu’il a formés), tout en ayant polémiqué durant toute son existence politique avec les orientations les plus ouvertement en rupture avec le trotskysme des différents regroupements se disant la Quatrième Internationale qui se sont succédé depuis 1945, n’a, à notre point de vue, jamais rompu avec la manière de poser les problèmes de ceux- ci. Mais toute une vie consacrée à la défense des idées communistes révolutionnaires, à la construction du parti ouvrier révolutionnaire, et d’une Internationale trotskyste, mérite le respect de tous les militants trotskystes.
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Message  mykha Mar 20 Aoû - 20:58

Il y a 70 ans - Août 1940 : Staline faisait assassiner Trotsky


Le 21 août 1940, à Mexico, Léon Trotsky mourait, assassiné par un agent de Staline, Ramon Mercader. Le tueur avait réussi depuis longtemps à pénétrer son entourage, preuve que l'opération était minutieusement préparée de longue date. Sous prétexte de lui soumettre un article, il approcha et frappa mortellement Trotsky à la tête avec un piolet. Trotsky se savait menacé. D'ailleurs, quelques semaines auparavant, il avait déjà échappé de justesse à un attentat organisé par des hauts responsables du parti stalinien mexicain.

À 61 ans, étaient brutalement interrompus un combat et une vie consacrés intégralement à la révolution prolétarienne et au communisme.

Né en 1879 dans une famille d'agriculteurs juifs d'Ukraine, le jeune Trotsky avait rencontré les idées socialistes au lycée. Étudiant brillant, il se consacra très tôt à l'agitation révolutionnaire et l'action clandestine auprès des ouvriers.

Un militant révolutionnaire professionnel

À 18 ans, emprisonné à Odessa, il adhéra au marxisme. Comme pour bien des révolutionnaire russes, ce sera le premier mais pas le dernier séjour en prison. Déporté en Sibérie, il s'en évada et fut exilé. À Londres, il collabora avec Lénine. Mais de 1903 à 1917, des divergences sur les questions organisationnelles, qui étaient en débat dans l'ensemble de la social-démocratie, les séparèrent.

En janvier 1905, la révolution éclata dans l'Empire russe. Trotsky parvint à rentrer clandestinement en Russie. En octobre, à Saint-Pétersbourg fut créé le Soviet, véritable direction prolétarienne de la révolution dont Trotsky, qui avait alors 26 ans, devint le président.

Avec l'échec de la révolution de 1905, Trotsky fut arrêté, condamné au " bannissement à vie " et déporté près du cercle polaire. À nouveau il s'évada et séjourna dans diverses capitales européennes. Il était à New York quand éclata la révolution russe de février 1917...

Le parti de Lénine et Trotsky


Lénine, en exil, puis de retour en Russie, dut convaincre le parti bolchévique de mener une action politique vers la conquête du pouvoir par le prolétariat.

Trotsky alors était en complet accord avec cette perspective, avec l'analyse et les objectifs défendus par Lénine. C'est sans réserve qu'il rejoignit donc, avec quelques milliers de militants regroupés autour de lui, le parti bolchévique.

Très rapidement, comme en 1905, Trotsky devint l'orateur le plus populaire chez les ouvriers de Pétrograd. En septembre, les bolchéviks devinrent majoritaires aux soviets de Pétrograd, de Moscou et d'autres villes importantes du pays. En octobre, le prolétariat renversait le gouvernement et s'emparait du pouvoir. Pour les travailleurs, en Russie et à l'étranger, Trotsky incarnait avec Lénine la révolution russe victorieuse.

En mars 1918, Léon Trotsky fonda l'Armée rouge. Commissaire du Peuple à la Guerre, il réussit à organiser avec efficacité la défense militaire du jeune État ouvrier, encerclé et agressé par les puissances capitalistes et la contre-révolution, en s'appuyant sur l'enthousiasme et la détermination de la population laborieuse.

Les dirigeants bolchéviques étaient convaincus, comme tous les révolutionnaires de l'époque, que la Russie tsariste était le " maillon le plus faible " de la chaîne des pays capitalistes et que l'avenir de la révolution russe était lié à la révolution internationale, en particulier dans les bastions impérialistes.

C'est la raison pour laquelle les dirigeants bolchéviks proclamèrent, dès mars 1919, la Troisième Internationale, considérée comme le parti mondial de la révolution dont Léon Trotsky rédigea le manifeste de fondation.

Mais la vague révolutionnaire subit la trahison active de la social-démocratie. Les partis communistes, jeunes et inexpérimentés, ne furent pas à la hauteur de la situation, d'autant que cette vague, défaite après défaite, s'affaiblissait. Ce recul alimenta un courant réactionnaire dans le pays des Soviets et engendra sa dégénérescence. L'URSS se retrouva isolée, le pays, arriéré, était exsangue. Les Soviets avaient cessé de jouer leur rôle. C'est dans ce contexte que, dans le Parti et l'appareil d'État, se développa une couche de bureaucrates qui, du fait de leur position, bénéficiaient d'avantages matériels et moraux qu'ils entendaient conserver. Staline devint leur représentant. Vieux-bolchévik, mais dirigeant de second plan, quasi inconnu des masses, il mit à profit son poste de Secrétaire général, fonction essentiellement administrative, pour tisser sa toile au sein du Parti.

Contre la bureaucratie et le stalinisme

Avec la maladie puis la mort de Lénine, en janvier 1924, Staline lança une campagne de calomnies contre Trotsky. Une gigantesque entreprise de falsification de l'Histoire fut alors mise en marche.

Dans le Parti et l'Internationale, la clique bureaucratique écarta de véritables révolutionnaires et s'appuya sur des ralliés, des arrivistes qui avaient souvent été de l'autre côté des barricades pendant la révolution. On sanctionna toute discussion dans le parti. Toute critique valait la déchéance immédiate. Quelques années plus tard, elle vaudra une balle dans la nuque.

Bon nombre d'historiens bourgeois ont voulu réduire la lutte entre Staline et Trotsky à une rivalité de personnes, une querelle de succession. En fait, derrière les hommes, il y avait l'affrontement de forces sociales. Trotsky, comme Lénine, défendait en URSS, comme dans le restant du monde, une politique correspondant aux intérêts historiques du prolétariat et du communisme ; Staline était l'instrument d'une bureaucratie soucieuse de conserver et d'accroître ses privilèges au détriment du prolétariat et de son État.

Sous couvert d'une théorie mise en place pour la circonstance, qui prétendait que l'on peut construire le socialisme dans un seul pays, Staline rompit avec la politique révolutionnaire bolchévique qui considérait la révolution russe comme l'avant-poste de la révolution internationale.

En octobre 1927, Léon Trotsky fut exclu du Parti bolchévique ainsi que des milliers de ses partisans, puis déporté à Alma-Ata, en Asie centrale. De là, il continua la lutte, entretenant des liens et correspondant avec les autres opposants déportés aux quatre coins de l'URSS.

Une repression féroce s'abattait sur ces opposants et leur famille. Si certains, face aux tortures et au chantage, finirent par capituler, bon nombre surent garder la même intransigeance que Trotsky et seul l'assassinat put les faire taire.

Planète sans visa

Mais en janvier 1929, Staline n'osa pas assassiner Trotsky. Il l'exila hors d'URSS, pensant ainsi l'isoler définitivement et le mettre hors d'état de continuer le combat. Il se trompait.

Malgré le flot de calomnies répandu par les staliniens, malgré l'assassinat de ses collaborateurs et des membres de sa famille, malgré la complicité des grandes puissances occidentales, qui se prétendant démocratiques, lui refusèrent souvent ne serait-ce qu'un simple visa, Trotsky va continuer la lutte. Par ses écrits, par sa correspondance, il va agir pour regrouper autour de lui une opposition communiste de gauche et combattre pied à pied la politique contre-révolutionnaire de Staline et de l'Internationale à sa botte.

Il ne s'est pas contenté de dénoncer le stalinisme, il en a expliqué aussi les racines. Il a su expliquer un phénomène complètement inédit dans l'Histoire : la dégénerescence de la première révolution ouvrière victorieuse par la formation d'une couche sociale entièrement nouvelle, la bureaucratie. Et c'est à ces questions, vitales non seulement pour l'époque mais pour l'avenir du mouvement ouvrier et de l'humanité, qu'il a su donner une réponse militante en s'appuyant sur la méthode marxiste.

Un héritage indispensable pour les révolutionnaires

Trotsky restait le seul dirigeant révolutionnaire de sa génération, possédant l'expérience et un capital politique qu il savait devoir transmettre en dépit des pires difficultés, de la répression féroce organisée par la dictature stalinienne.

Trotsky écrivait en 1935 : " Le travail que je fais en ce moment - malgré tout ce qu'il a d'extrêmement insuffisant et fragmentaire - est le travail le plus important de ma vie, plus important que 1917, plus important que l'époque de la guerre civile, etc. [...] Je ne peux pas dire que mon travail ait été irremplaçable, même en ce qui concerne la période 1917- 1921, tandis que ce que je fais est dans le plein sens du terme irremplaçable. "

Bien que traqué, Trotsky restait une menace si grande que, dès le début de la guerre, Staline le fit assassiner, privant la IVe Internationale qu'il venait de fonder de sa seule direction politique.

Staline, comme les dirigeants capitalistes, craignait qu'au travers de cette guerre, comme lors de la précédente, la classe ouvrière et une nouvelle génération militante renouent avec les idées communistes révolutionnaires, avec la tradition bolchévique, c'est-à-dire avec le trotskysme.

Léon Trotsky a maintenu le drapeau du communisme contre ses fossoyeurs. Par son analyse de la dégénérescence de l'URSS et par toute son activité de militant révolutionnaire prolétarien, il a légué aux nouvelles générations un capital politique unique permettant de comprendre le monde actuel afin d'agir pour le transformer.

Christian BERNAC

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Message  Roseau Dim 6 Oct - 15:29

A l'Encontre a mis en ligne cette vidéo charmante avec le commentaire suivant:
Voici quelques images, fort rares, de la rencontre, en 1938, entre Léon Trotsky, sa femme Nathalia Sedova avec le peintre mexicain Diego Rivera et Frida Kahlo. Cette rencontre se passe à Coyoacán, District fédéral de Mexico (aujourd'hui partie de la gigantesque Mexico City). Trotsky était arrivé au Mexique, en janvier 1937, sur un pétrolier norvégien dans le port de Tampico. Suite à une campagne, menée entre autres par Rivera, en direction du président mexicain Lazaro Cardenas, afin que le droit de résider au Mexique lui soit accordé. Trotsky se trouve, ici, dans la maison de Rivera, La Casa Azul (la Maison bleue). Il déménagera au début 1939 dans une maison voisine. Il fut assassiné par un agent stalinien le 21 août 1940. Dans un climat où le néostalinisme campiste renaît dans une prétendue gauche – par exemple dans le soutien explicite ou de fait à la dictature de Bachar el-Assad – ce clin d'œil au passé pourrait susciter une volonté de réappropriation d'une histoire, qu'il ne s'agit pas de sanctifier. Mais qui peut permettre de saisir combien les combats politiques d'une gauche (qui veut aller à la racine du système) ne peuvent se mener en se gavant de l'illusion qu'il faut repartir de zéro, alors que les dominants puisent dans une pratique et une instrumentation de longue durée.
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Message  Roseau Dim 6 Oct - 15:30

A l'Encontre a mis en ligne cette vidéo charmante avec le commentaire suivant:
Voici quelques images, fort rares, de la rencontre, en 1938, entre Léon Trotsky, sa femme Nathalia Sedova avec le peintre mexicain Diego Rivera et Frida Kahlo. Cette rencontre se passe à Coyoacán, District fédéral de Mexico (aujourd'hui partie de la gigantesque Mexico City). Trotsky était arrivé au Mexique, en janvier 1937, sur un pétrolier norvégien dans le port de Tampico. Suite à une campagne, menée entre autres par Rivera, en direction du président mexicain Lazaro Cardenas, afin que le droit de résider au Mexique lui soit accordé. Trotsky se trouve, ici, dans la maison de Rivera, La Casa Azul (la Maison bleue). Il déménagera au début 1939 dans une maison voisine. Il fut assassiné par un agent stalinien le 21 août 1940. Dans un climat où le néostalinisme campiste renaît dans une prétendue gauche – par exemple dans le soutien explicite ou de fait à la dictature de Bachar el-Assad – ce clin d'œil au passé pourrait susciter une volonté de réappropriation d'une histoire, qu'il ne s'agit pas de sanctifier. Mais qui peut permettre de saisir combien les combats politiques d'une gauche (qui veut aller à la racine du système) ne peuvent se mener en se gavant de l'illusion qu'il faut repartir de zéro, alors que les dominants puisent dans une pratique et une instrumentation de longue durée.
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Message  Babel Sam 12 Oct - 7:39

Trotsky y México, Dos Revoluciones del Siglo XX


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Trotsky et trotskisme - Page 3 Empty ARMEE ROUGE CONTRE MAKHNO

Message  mykha Lun 25 Nov - 19:00

26 NOVEMBRE 1920 : ATTAQUE DE L'ARMEE ROUGE CONTRE MAKHNO





La Révolution et les otages (Leur morale et la nôtre, Trotsky, 1938)

Staline fait arrêter et fusiller les enfants de ses adversaires, fusillés eux-mêmes sur des accusations fausses. Les familles lui servent d’otages pour contraindre les diplomates soviétiques, capables d’émettre un doute sur la probité de Iagoda ou de Ejov, à revenir de l’étranger. Les moralistes de la “Neuer Weg” croient devoir rappeler à ce propos que Trotsky usa “lui aussi” en 1919 d’une loi des otages. Mais il faut citer textuellement: “L’arrestation des familles innocentes par Staline est d’une barbarie révoltante. C’est encore une action barbare quand elle est commandée par Trotsky (1919).” Voilà bien la morale idéaliste dans toute sa beauté ! Ses critériums sont aussi mensongers que les normes de la démocratie bourgeoise : on suppose dans les deux cas l’égalité où il n’y a pas l’ombre d’égalité.

N’insistons pas ici sur le fait que le décret de 1919 ne fit très probablement fusiller personne d’entre les parents des officiers dont la trahison nous coûtait des vies sans nombre et menaçait de tuer la révolution. Au fond, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Si la révolution avait fait preuve dès le début de moins d’inutile générosité, des milliers de vies eussent été épargnées par la suite. Quoi qu’il en soit, je porte l’entière responsabilité du décret de 1919. Ce fut une mesure nécessaire dans la lutte contre les oppresseurs. Ce décret, comme toute la guerre civile, que l’on pourrait aussi appeler à juste titre une “révoltante barbarie”, n’a d’autre justification que l’objet historique de la lutte.

Laissons à un Emil Ludwig et à ses pareils le soin de nous faire des portraits d’un Abraham Lincoln orné de petites ailes roses. L’importance de Lincoln vient de ce que, pour atteindre le grand but historique assigné par le développement du jeune peuple américain, il ne recula pas devant l’application des mesures les plus rigoureuses quand elles furent nécessaires. La question n’est même pas de savoir lequel des belligérants subit ou infligea les plus lourdes pertes. L’histoire a des mesures différentes pour les cruautés des sudistes et des nordistes dans la guerre de Sécession des Etats-Unis. Que de méprisables eunuques ne viennent pas soutenir que l’esclavagiste qui, par la ruse et la violence, enchaîne un esclave est devant la morale l’égal de l’esclave qui, par la ruse et la violence, brise ses chaînes!

Quand la Commune de Paris eut été noyée dans le sang et que la canaille réactionnaire du monde entier se mit à traîner son drapeau dans la boue, il se trouva de nombreux philistins démocrates pour flétrir, avec la réaction, les Communards qui avaient exécuté 64 otages et parmi eux l’archevêque de Paris. Marx n’hésita pas un instant à prendre la défense de cette sanglante action de la Commune. Dans une circulaire du Conseil Général de l’Internationale, Marx rappelle — et l’on croit entendre des laves bouillonner sous ces lignes — que la bourgeoisie usa du système des otages dans la lutte contre les peuples des colonies et dans la lutte contre son propre peuple. Parlant ensuite des exécutions méthodiques des Communards prisonniers, il écrit: “Il ne restait plus à la Commune, pour défendre la vie de ses combattants prisonniers, qu’à recourir à la prise des otages, coutumière chez les Prussiens. La vie des otages fut perdue et reperdue du fait que les Versaillais continuaient a fusiller leurs prisonniers. Eût-il été possible d’épargner les otages après l’horrible carnage dont les prétoriens de Mac-Mahon marquèrent leur entrée dans Paris ? Le dernier contrepoids à la sauvagerie du gouvernement bourgeois — la prise des otages — allait-il n’être que dérision ?” Tel fut le langage de Marx sur l’exécution des otages, bien qu’il eût derrière lui, au Conseil Général de l’Internationale, bon nombre de Fermer Brockway, de Norman Thomas et autres Otto Bauer. L’indignation du prolétariat mondial, devant les atrocités commises par les Versaillais, était encore si grande que les brouillons réactionnaires préférèrent se taire, en attendant des temps meilleurs pour eux, — et ces temps, hélas ! ne tardèrent pas à venir. Les moralistes petits-bourgeois unis aux fonctionnaires de Trade Unions et aux phraseurs anarchistes ne torpillèrent la Première Internationale que lorsque la réaction eut décidément triomphé.

Quand la révolution d’Octobre résistait aux forces réunies de l’impérialisme sur un front de 8 000 kilomètres, les ouvriers de tous les pays suivaient cette lutte avec une sympathie si ardente qu’il eût été risqué de dénoncer devant eux comme une “révoltante barbarie” la prise des otages. Il a fallu la dégénérescence totale de l’Etat soviétique et le triomphe de la réaction en divers pays pour que les moralistes sortissent de leurs trous… et vinssent au secours de Staline. Car, si les mesures de répression prises pour défendre les privilèges de la nouvelle aristocratie ont la même valeur morale que les mesures révolutionnaires prises dans la lutte libératrice, Staline est pleinement justifié, à moins que… à moins que la révolution prolétarienne ne soit condamnée en bloc.

Messieurs les moralistes, tout en cherchant des exemples d’immoralité dans la guerre civile de Russie, sont obligés de fermer les yeux sur le fait que la guerre civile en Espagne a aussi rétabli la loi des otages, dans la période en tout cas où il y eut une véritable révolution des masses. Si les détracteurs ne se sont pas encore permis de condamner la “révoltante barbarie” des ouvriers d’Espagne, c’est seulement parce que le terrain de la péninsule ibérique est trop brûlant sous leurs pieds. Il leur est beaucoup plus commode de revenir à 1919. C’est déjà de l’histoire. Les vieux ont eu le temps d’oublier, les jeunes n’ont pas eu celui d’apprendre. Pour la même raison, les Pharisiens de toutes nuances reviennent avec tant d’opiniâtreté sur Cronstadt et Makhno: les sécrétions morales peuvent ici se donner libre cours !

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Lettre à W. Thomas (Trotsky, juillet 1937)

Makhno : en lui-même, c’était un mélange de fanatique et d’aventurier. Mais il devint le centre des tendances qui provoquèrent l’insurrection de Cronstadt. La cavalerie est, de façon générale, la partie la plus réactionnaire de l’armée. Le cavalier méprise le piéton. Makhno a créé une cavalerie avec des paysans qui fournissaient leurs propres chevaux. Ce n’étaient pas les paysans pauvres écrasés que la révolution d’Octobre éveilla pour la première fois, mais les paysans aisés et repus qui avaient peur de perdre ce qu’ils avaient. Les idées anarchistes de Makhno (négation de l’État, mépris du pouvoir central) correspondaient on ne peut mieux à l’esprit de cette cavalerie koulak. J’ajoute que la haine pour l’ouvrier de la ville était complétée chez Makhno par un antisémitisme militant. Tandis que nous soutenions contre Denikine et Wrangel [4] une lutte à mort, les makhnovistes, confondant les deux camps, essayaient d’avoir une politique indépendante.. Le petit-bourgeois (koulak), qui avait pris le mors aux dents,pensait qu’il pouvait dicter ses conceptions contradictoires d’une part aux capitalistes et de l’autre aux ouvriers. Ce koulak étaitarmé. Il fallait le désarmer. C’est précisément ce que nous avons fait.

Votre tentative de conclure que les fourberies de Staline découlent de l’ « amoralisme » des bolcheviks est radicalement fausse. Dans la période où la révolution luttait pour l’émancipation des masses opprimées, elle appelait toutes choses par le nom et n’avait nul besoin de fourberies. Le système des falsifications provient de ce que la bureaucratie stalinienne lutte pour les privilèges d’une minorité et qu’elle a besoin de dissimuler et de masquer ses objectifs véritables. Au lieu de rechercher l’explication dans les conditions matérielles du développement historique, vous créez une théorie du « péché originel » qui convient à l’Église, mais pas à la révolution socialiste.

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Lettre aux bolcheviks-léninistes chinois (Trotsky, 22 septembre 1932)

A la tête du mouvement paysan se trouvent des communistes ou des sympathisants ; n’est-il donc pas évident que les ouvriers et les paysans doivent, lorsqu’ils se rencontreront, s’unifier sous le drapeau du communisme ?

Malheureusement, le problème n’est pas si simple. Je m’appuierai sur l’expérience de la Russie. Durant les années de la guerre civile, la paysannerie, dans différentes régions, créait ses propres troupes de partisans, et parfois même, naissaient des armées entières. Quelques-uns de ces corps d’armée se considéraient comme bolcheviks et étaient souvent dirigés par des ouvriers. D’autres restaient sans parti et avaient à leur tête le plus souvent d’anciens sous-officiers paysans. Il y avait aussi l’armée ” anarchiste ” sous le commandement de Makhno. Tant que les armées de partisans agissaient sur le revers de l’armée blanche, elles servaient la cause de la révolution. Certaines d’entre elles se remarquaient par un héroïsme et une ténacité particulière. Mais, dans les villes, ces armées entraient souvent en conflit avec les ouvriers et avec les organisations locales du parti. Les conflits naissaient aussi lors de la rencontre des partisans et de l’armée rouge régulière, et dans certains cas, cela prenait un caractère aigu et morbide.

La rude expérience de la guerre civile nous a démontré la nécessité dé désarmer les corps d’armée des paysans dès que l’armée rouge assumait le pouvoir dans une région débarrassée des gardes blancs. Les meilleurs éléments, les plus conscients et les plus disciplinés, s’intégraient dans les rangs de l’armée rouge. Mais la plus grande partie des partisans tentait de conserver une existence indépendante, et entrait souvent en lutte armée directe avec le pouvoir soviétique. Il en fut ainsi avec l’armée ” anarchiste “, indirectement koulak par son esprit, de Makhno, mais pas seulement avec elle. De nombreux corps paysans, luttant fermement contre la restauration des propriétaires fonciers, se transformaient après la victoire en une arme de la contre-révolution.
Les conflits armés entre les paysans et les ouvriers, quelle qu’en soit l’origine dans les cas particuliers, que ce soit la provocation consciente des gardes blancs, le manque de tact des communistes, ou le concours malheureux dés circonstances, avaient à leur base la même cause sociale : la situation de classe et l’éducation différenciée des ouvriers et des paysans. L’ouvrier aborde les problèmes sous l’angle socialiste ; le paysan sous l’angle petit-bourgeois. L’ouvrier tente de socialiser la propriété qu’il a reprise à ses exploiteurs ; le paysan, tente, lui, de la partager. L’ouvrier veut faire servir les châteaux et les parcs dans l’intérêt général ; le paysan, pour peu qu’il ne puisse les partager, est enclin à brûler les châteaux et à déboiser les parcs. L’ouvrier fait effort pour résoudre les problèmes à l’échelle étatique, et selon un plan ; mais le paysan aborde tous les problèmes à l’échelle locale, et se conduit d’une façon hostile envers le plan du centre, etc…

Il est évident que le paysan peut lui aussi s’élever jusqu’à un point de vue socialiste. Sous le régime prolétarien, une masse de plus en plus grande de paysans se rééduque dans l’esprit socialiste. Mais cela exige du temps, – des années, et même des décades. Si l’on n’envisage que la première étape de la révolution, alors les contradictions entre le socialisme prolétarien et l’individualisme paysan prennent souvent un caractère aigu.
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Message  Babel Mer 11 Déc - 7:17

Essai : Le fils oublié de Trotsky
Une recension du dernier ouvrage de J.J. Marie par G. Delteil, dans le n°220 de L'Anticapitaliste, du 5 décembre 2013.

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Message  sylvestre Mer 18 Déc - 12:15

Trotsky a écrit:Si dix intellectuels à Paris, Berlin ou New-York ayant déjà appartenu à différentes organisations, s'adressaient à nous avec la demande d'être admis dans nos rangs, je donnerai l'avis suivant : faites leur subir une série d'épreuves sur toutes les questions programmatiques, mouillez-les dans la pluie, séchez-les au soleil, et ensuite après un nouvel examen attentif, acceptez-en peut-être un ou deux. (...) Le cas est tout à fait différent lorsque nous sommes abordés par un groupe d'ouvriers nègres. Ici je suis prêt à considérer d'avance que nous sommes certains d'arriver à un accord avec eux, même si un tel accord n'est pas tout à fait actuel. Car les ouvriers nègres, en vertu de leur position générale ne s'efforcent pas et ne peuvent le faire, à dégrader qui que ce soit, à l'opprimer ou le priver de ses droits. Ils ne recherchent pas des privilèges, et ne peuvent pas arriver au sommet, sinon par la voie de la révolution internationale.

Plus près des prolétaires des races « de couleur » (1932)
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Message  artza Mer 18 Déc - 13:37

sylvestre a écrit:
Trotsky a écrit:Si dix intellectuels à Paris, Berlin ou New-York ayant déjà appartenu à différentes organisations, s'adressaient à nous avec la demande d'être admis dans nos rangs, je donnerai l'avis suivant : faites leur subir une série d'épreuves sur toutes les questions programmatiques, mouillez-les dans la pluie, séchez-les au soleil, et ensuite après un nouvel examen attentif, acceptez-en peut-être un ou deux. (...) Le cas est tout à fait différent lorsque nous sommes abordés par un groupe d'ouvriers nègres. Ici je suis prêt à considérer d'avance que nous sommes certains d'arriver à un accord avec eux, même si un tel accord n'est pas tout à fait actuel. Car les ouvriers nègres, en vertu de leur position générale ne s'efforcent pas et ne peuvent le faire, à dégrader qui que ce soit, à l'opprimer ou le priver de ses droits. Ils ne recherchent pas des privilèges, et ne peuvent pas arriver au sommet, sinon par la voie de la révolution internationale.

Plus près  des prolétaires des races « de couleur » (1932)

Est-ce pour ces deux raisons que le NPA ne se réclame ni de Trotsky ni du trotskysme?

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Message  sylvestre Mer 18 Déc - 13:42

J'en doute fort : les groupes se réclamant du trotskysme et contrevenant aux principe énoncés ici ont été nombreux dans l'histoire.
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Message  Byrrh Mer 18 Déc - 18:16

sylvestre a écrit:J'en doute fort : les groupes se réclamant du trotskysme et contrevenant aux principe énoncés ici ont été nombreux dans l'histoire.
Notamment le SWP américain des années 40-50, qui ne tolérait pas dans ses rangs de couples "mixtes", pour ne pas se confronter aux préjugés ambiants (cf. Le feu du sang de Daniel Guérin, Grasset, 1977).

Mais je suppose que la remarque d'Artza concernait plutôt cet aspect de la citation de Trotsky : le fait que beaucoup d'organisations se revendiquant du trotskysme aient eu certaines facilités à intégrer des intellectuels, et une certaine paresse à recruter des ouvriers, qu'ils soient noirs ou pas.


Dernière édition par Byrrh le Mer 18 Déc - 23:41, édité 2 fois

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