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Débat stratégique dans le NPA

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Débat stratégique dans le NPA - Page 24 Empty Re: Débat stratégique dans le NPA

Message  Copas Dim 22 Avr - 17:58

Babalu a écrit:pour ne pas se laisse faire il faut relire les fondamentaux, Marx, Lénine, il vaut mieux faire sa propre interprétation, ils sont toujours d'actualité! Marx est la base de toute personne qui veut se mêler de politique même si elle n'a pas ni la fac ni le bac

Hum, utile, mais ce qui l'est le plus c'est la participation à la lutte des classes réelles.

Ce qui fait le partage des eaux est la bataille d'un courant communiste au sein de la classe ouvrière moderne et aux côtés du courant radicalisé qui existe, apparait, renait sans arrêt dans la classe ouvrière pour aller au de là des luttes défensives, pour aller contre le capitalisme, pour aller vers le pouvoir des travailleurs, etc.

Ce courant radicalisé en général peu organisé dans beaucoup de pays, qui renait sans cesse, est intrinsèque aux combats de la classe ouvrière. C'est celui qui pousse même les syndicats de droite, ou des politiciens bourgeois, des bureaucrates, à durcir leur discours, à le radicaliser.

C'est également un courant qui touche même des segments de la petite bourgeoisie (hum KM, FE, VIL, LT, etc) qui renait sans cesse et met en cause l'ordre bourgeois en souhaitant lui remplacer une société construite par le renversement du capitalisme.

Il est conséquent dans pas mal de pays, mais peu aimanté politiquement.

La vision un peu primaire qui est de croire que ce courant naturel, qui est apparu tout le long du XXeme siècle et maintenant en ce début de XXIeme, n'existe que si il y a un parti, ou dans des circonstances exceptionnelles, est une vision d'injonction à la réalité de se soumettre à un commandement, pas une observation des faits.

Il s'agit de coudre, d'essayer de lier ce courant également dragué par le réformisme ou bien d'autres courants, pour en faire une force qui aide l'ensemble de la classe à ses batailles, ...

Concrètement, ces dernières 15 années, ce courant s'est exprimé en France (mais aussi en Italie, en Allemagne, en Espagne, etc) sans rencontrer de courant communiste organisé prêt réellement à construire un parti de travailleurs.

La tentative la plus franche fut celle du NPA, mais il a été immobilisé jusqu'à il y a quelques mois par ceux qui ont préféré délaisser ces couches radicalisées et retourner s'obnubiler sur d'interminables tractations avec les petits appareils réformistes.

Cela vient d'une trop longue habitude liée à la surpuissance des grands partis réformistes pendant des dizaines d'années. Cette longue habitude a construit des réflexes d'obnubilation vers des appareils devenus riquiquis comme forces organisées dans les entreprises.

Ces vieux réflexes rendent difficile d'assumer ses propres responsabilités comme courant révolutionnaire dans les couches radicalisées existantes ces dernières 15 ans.

Ca ne signifie pas ignorer les appareils réformistes, mais comprendre qu'il n'y a pas qu'eux, et , dans la classe ouvrière, ces réformistes ne sont pas organisés politiquement.
Copas
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Date d'inscription : 26/12/2010

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Débat stratégique dans le NPA - Page 24 Empty reflexions sur le NPA de Socialismo o barbarie

Message  Babalu Mer 25 Avr - 13:19

Copas a écrit:
Babalu a écrit:pour ne pas se laisse faire il faut relire les fondamentaux, Marx, Lénine, il vaut mieux faire sa propre interprétation, ils sont toujours d'actualité! Marx est la base de toute personne qui veut se mêler de politique même si elle n'a pas ni la fac ni le bac

Hum, utile, mais ce qui l'est le plus c'est la participation à la lutte des classes réelles.

Ce qui fait le partage des eaux est la bataille d'un courant communiste au sein de la classe ouvrière moderne et aux côtés du courant radicalisé qui existe, apparait, renait sans arrêt dans la classe ouvrière pour aller au de là des luttes défensives, pour aller contre le capitalisme, pour aller vers le pouvoir des travailleurs, etc.

Ce courant radicalisé en général peu organisé dans beaucoup de pays, qui renait sans cesse, est intrinsèque aux combats de la classe ouvrière. C'est celui qui pousse même les syndicats de droite, ou des politiciens bourgeois, des bureaucrates, à durcir leur discours, à le radicaliser.

C'est également un courant qui touche même des segments de la petite bourgeoisie (hum KM, FE, VIL, LT, etc) qui renait sans cesse et met en cause l'ordre bourgeois en souhaitant lui remplacer une société construite par le renversement du capitalisme.

Il est conséquent dans pas mal de pays, mais peu aimanté politiquement.

La vision un peu primaire qui est de croire que ce courant naturel, qui est apparu tout le long du XXeme siècle et maintenant en ce début de XXIeme, n'existe que si il y a un parti, ou dans des circonstances exceptionnelles, est une vision d'injonction à la réalité de se soumettre à un commandement, pas une observation des faits.

Ces vieux réflexes rendent difficile d'assumer ses propres responsabilités comme courant révolutionnaire dans les couches radicalisées existantes ces dernières 15 ans.

Ca ne signifie pas ignorer les appareils réformistes, mais comprendre qu'il n'y a pas qu'eux, et , dans la classe ouvrière, ces réformistes ne sont pas organisés politiquement.
tout à fait d'accord
contribution:

France

La crise du NPA (1ra partie)

Éléments de bilan pour une refondation révolutionnaire du Npa

Moins de trois ans après son congrès fondateur de Février 2009, le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) est dans une profonde crise qui menace son existence même.

En décembre 2011, le Npa aurait perdu entre 70 et 80% de près de ses 10.000 "adhérents" lors du congrès de fondation. Bien sûr, la notion nébuleuse d'"adhérent" (pas clairement militant ou sympathisant), cachait une certaine «inflation» ou exagération quantitative du NPA. Il serait compréhensible qu'au premier obstacle, une partie des "adhérents" sans engagements majeurs et moins politisés, s’éloigne du parti. En plus, le «nouveau» parti n’avait pas défini clairement son caractère, s'il allait être un Parti utile aux mobilisations ou une de ces organisations souples à l'activité essentiellement électorale.

Beaucoup plus grave que ces chiffres, d'autres faits rendent encore plus catégorique, les dimensions de sa crise, comme la démoralisation profonde d’une grande partie des militants dans ses rangs, la perte de jeunes activistes qui s’étaient approché un moment du NPA, le fait de rester un parti en dehors de la mobilisation des travailleurs et des jeunes la plus important depuis mai 1968, celle d'octobre 2010, ou encore que la forte aile droite archéo-réformiste prenne l'initiative politique même si elle est minoritaire, et que, sous le nom de Gauche Anticapitaliste, elle agisse de manière décidée comme une fraction publique en jouissant de la sympathie et des espaces des médias bourgeois.

Une crise en contradiction avec la situation mondiale

La crise terminale d'un parti qui est né en proclamant jusque dans son nom son « anticapitalisme» peut sembler incompréhensible à un moment où le capitalisme perd rapidement sa légitimité: quand ce dernier traverse une crise, non seulement historiquement comparable à la Grande Dépression, mais qui, en plus, a donné naissance à des protestations et des révoltes de tous types et toutes ampleurs, dans diverses réions et différents pays. Le NPA est confronté à une crise qui pourrait le détruire, au moment où le magazine Times met sur sa couverture "Le Protestataire" comme personnalité de l'année dans le monde entier !

Il est juste de noter que «“dans une telle situation, un parti anticapitaliste devrait nager réellement ‘comme un poisson dans l’eau’(“Aux camarades de la position 2 du NPA”, Tendance Claire du NPA, le 29 octobre 2011) Pour être en si mauvaise situation, il y a du avoir de très mauvaises erreurs !

En outre, la France est un pays qui n'a pas été aux marges de ces grandes explosions de lutte. La protestation ouvrière et des jeunes massive en octobre 2010, a mis la France au bord d'une (vraie) grève générale et dans une situation proche de celle de mai 1968. Mais elle a été également aussi, en quelque sorte, un avant-goût de ce que nous verrons ensuite dans le reste du monde en 2011 avec le déclenchement de révoltes et de protestations qui ont débuté en janvier dans le monde arabe et qui sont ensuite apparues dans des nombreux pays. Mais malheureusement, le NPA n'a pas été, du moins jusqu'à maintenant, le parti (ou tout au moins un des partis) des "protestataires" français, qu'ils soient travailleurs ou jeunes.

Il s’agit d’un pénible contraste avec mai 1968, où le courant politique qui a promu la fondation du NPA, avait joué un rôle qui lui avait permis des gagner des milliers de militants.

Quelques avertissements qui (malheureusement) se sont vérifiés

Cette crise que le NPA connaît, et qui met en péril sa survie, n’était néanmoins pas difficile à prévoir.

Tout d'abord, il y avait la sombre histoire des essais précédents en Amérique latine et en Europe, de ces «partis larges » essentiellement électoralistes, qui avaient abouti à des échecs politiques plus ou moins catégoriques.

Mais le plus important encore, c’est que dans le même processus de fondation étaient apparues des contradictions énormes et des ambiguïtés non réglées, qui permettaient de prévoir les problèmes d'aujourd'hui, s’il n’y avait pas un processus de clarification. Ensuite, l'approfondissement de la crise économique et sociale et, surtout, la montée des manifestations et des protestations, ont fait éclater ces contradictions parce les discussions sur le papier sont passées maintenant à la réalité impitoyable de la lutte des classes.

Comme on l'a déjà affirmé précédemment, tout cela était prévisible. Déjà des mois avant le congrès fondateur de Février 2009, dans le numéro 22 de cette revue, un article «“Mi experiencia con el NPA » avait commencé à mettre en garde contre ces dangers:

"En France, à la gauche du PS [Parti Socialiste] et du PCF [Parti communiste français] se développe un phénomène politique qui peut être important, si elle n’échoue pas comme cela s'est malheureusement produit avec d'autres expériences en Europe et en Amérique latine de « partis larges » comme le Scottish Socialist Party, Rifondazione Comunista en Italie, Respect en Angleterre ou le PSOL au Brésil. "(Ramate Keita,« Mi experiencia con el NPA Socialisme ou Barbarie, ° 22, Novembre 2008). Aujourd'hui, à cette liste d'échecs il faudrait ajouter le Bloco de Esquerda au Portugal, qui, jusqu'à récemment était présenté comme le seul succès de ces efforts politiques.

Et puis, on a expressément mis en garde contre les dangers qui apparaissaient déjà dans le même processus de fondation, centrés sur les contradictions et les questions non réglées:

"Le NPA est la réponse de la LCR [Ligue communiste révolutionnaire] à un fait très progressif: le rejet de la part des secteurs d'avant-garde plus ou moins larges, principalement des jeunes, des travailleurs et des étudiants, à l'égard du PS, du PCF et des petits courants qui depuis quelques années ont fait partie des gouvernements de «gauche» traîtres. "(cit)

Mais les problèmes et les contradictions ont commencé à faire surface déjà en 2008, l'année de gestation du NPA dans « les expériences des réunions pour la mise en place du NPA» avant sa fondation:

« Un thème récurrent est la préoccupation de nombreuses personnes présentes qui craignaient que le NPA soit simplement une tactique électoraliste de la LCR, qui viserait à étendre la portée de son succès électoral, étant donné l'écart entre la popularité croissante de son candidat Olivier Besancenot et la faiblesse du parti ».

« Les dirigeants ont répondu que le but n'était pas électoral, mais de créer un instrument de lutte,« un parti de masse» pour lutter contre le capitalisme ». Ceci s'est également exprimé dans l'«appel» [Adresse du XVIIème congrès] que la LCR a lancé en Janvier 2008 pour fonder le NPA. Cependant, comme nous le verrons, cette «préoccupation» de nombreux participants était pleinement justifiée ... ». (" Mi experiencia... ", cit.)

Rappelons que, en effet, dans cette « Adresse du XVIIème congrès » , la LCR a lancé cet appel:

« Ces dernières années, s’expriment le mécontentement, la révolte, une nouvelle volonté de résister. L’espoir vient des grandes mobilisations, luttes des salarié-es, de la jeunesse scolarisée ou des quartiers populaires, luttes des ‘sans’ … Mais elles restent trop souvent infructueuses, quand un syndicalisme d’accompagnement prend le pas sur un syndicalisme lutte de classe et de transformation sociale. « Il manque cruellement un outil qui aide à la convergence des luttes en un mouvement d’ensemble capable de faire reculer le pouvoir et de changer le rapport de force. L’espoir a aussi besoin d’imaginer qu’un autre monde est possible. Nous sommes nombreuses et nombreux à vouloir cet outil : un parti utile aux mobilisations d’aujourd’hui. Un parti pour préparer un changement radical, révolutionnaire de la société, c’est-à-dire la fin du capitalisme, de la propriété privée des principaux moyens de production, du pillage de la planète et de la destruction de la nature. » (« Adresse du XVIIème congrès », janvier 2008)


Dans l'appel initial de la fondation du NPA n'existait même pas le mot «élections». ! Tout a été orienté, en premier lieu en direction de " la jeunesse qui répond « résistance »! , « “aux militant-e-s associatifs, syndicalistes, qui agissent au quotidien dans leurs quartiers ou entreprises » (“Adresse”) , etc., etc. On leur disait :« Donnons-nous un parti qui s’approprie l’expérience des luttes d’hier et d’aujourd’hui, ouvrières, altermondialistes, internationalistes, écologistes, féministes, antiracistes. Un parti luttant contre l’exploitation, contre toutes les oppressions… »

Mais entre l '«Appel» («Adresse») fondateur de Janvier 2008 et la conformation finale de ce nouveau parti, «les couleurs du NPA ont tourné du rouge au rose pâle ..." ("Mi experiencia....." . Cit). En particulier, tout était orienté autour des élections européennes de 2009:

"Le gros problème est que le cours réel de la construction du NPA ne va pas dans cette direction [« aide à la convergence des luttes en un mouvement d’ensemble »]. Son axe n'est pas le groupement politique de l’avant-garde des luttes de la jeunesse et de la classe ouvrière, avec un programme d'action dans cette direction, mais presque exclusivement de rassembler des personnes et des forces pour la campagne électorale de 2009, et les suivantes. "(" Mi experiencia... ", cit.)

Le NPA entre réforme et révolution

L'ambiguïté, qu'on a signalé au début et qui existait avant la naissance du NPA (et elle a fini par éclater), peut être résumée ainsi:

Un parti anticapitaliste conçu comme « un outil pour les luttes », pour «un changement radical, révolutionnaire de la société, c’est-à-dire la fin du capitalisme, de la propriété privée des principaux moyens de production »? Ou un parti anti-néolibéral, pour la réforme de la forme actuelle du capitalisme, consacré exclusivement à l'activité électorale comme «compagnon de route » -concurrent du PG (Parti de Gauche) et du PCF?

Bien sûr, la participation du NPA aux élections n'était pas condamnable en soi une activité d'agitation et de propagande est absolument indispensable dans la situation politique actuelle en France. La catastrophe peut se résumer, à l’origine de la crise, grosso modo, en deux faits:

1) La campagne électorale et non les luttes des travailleurs et des jeunes, est devenue la seule activité réelle du NPA comme parti. Les promesses de convoquer « les salarié-es» et la « jeunesse scolarisée ou des quartiers populaires » resteront sur le papier. La construction d '«un outil qui aide à la convergence des luttes en un mouvement d’ensemble » et d’« un parti utile aux mobilisations d’aujourd’hui » ont été oubliés, sans qu'il ne soit donné aucune explication.

Bien sûr, il y avait des militants, voire des comités du NPA qui intervenaient dans les luttes avec des politiques qui bon leur semblaient... et parfois contradictoires. Mais l'intervention du NPA en tant que telle, en tant qu'organisation, s’était limitée à des déclarations générales de soutien à une ou autre lutte. Elles faisaient, en fait, partie de la propagande électorale (sous la forme de "déclarations d'Olivier Besancenot," le porte-parole en chef et candidat) plutôt qu’une politique pour agir dans les combats du mouvement ouvrier et de la jeunesse, de se construire comme " instrument d’aide à la convergence des luttes ".

Au contraire, à bien des égards, le NPA est apparu pour de nombreux militants des luttes, comme un facteur de frein, retardateur, par sa politique de non-dénonciation ni de combat contre les bureaucrates syndicaux, par le fait de ne pas faire ni de l'agitation ni de la propagande pour la grève générale ... jusqu'à ce que le mouvement d’octobre 2010 lui soit tombé dessus ... et par le fait, enfin, que le NPA passait pour un parti qui n'avait pas eu une intervention d’ensemble. Mais ce point crucial mérite un traitement plus détaillé, que nous allons développer plus loin.

Comme on l'a indiqué ci-dessus, dans la situation politique concrète de la France, l'intervention dans les élections est une tâche absolument nécessaire qu’on ne peut pas éviter. En ce sens, nous devons rejeter fermement toute déviation anarcho-autonomiste, si «révolutionnaire» qu’elle puisse avoir l’apparence.

La question est de savoir avec quelle politique on intervient dans les élections bourgeoises. Le NPA n'intervenait pas dans l'élection avec une politique révolutionnaire et de classe. Par exemple, les campagnes électorales ne sont pas utilisées pour faire de l'agitation et de la propagande pour le soutien aux conflits du travail, de plus en plus nombreux et important en 2009/2010- pour l'organisation de ses militants et de la solidarité qui puisse briser le cercle de silence et d'isolement crée par les bureaucraties syndicales, etc. Le NPA n’a pas profité non plus des élections pour se diriger à l'avant-garde des luttes des travailleurs et des jeunes pour promouvoir leur organisation indépendante.

Un exemple particulièrement grave est ce qui s'est passé dans le conflit de la compagnie pétrolière Total, l’une des luttes les plus importantes du début de 2010 avec un grand impact en France. La raffinerie Total de Flandres à Dunkerque était le secteur le plus combatif et plus confronté à la bureaucratie de la CGT, qui se préparait à trahir les travailleurs en conflit. Certains dirigeants de Flandres sympathisaient avec Besancenot, et, à plusieurs reprises, ils lui ont demandé de venir apporter leur soutien.

Ni Besancenot ni le NPA en tant que parti ne se sont présentés la bas, en se tournant vers le soutien et la solidarité avec les travailleurs, en particulier ceux de Dunkerque, qui dénonçaient la trahison des dirigeants de la CGT et qui ont fini par occuper la raffinerie, débordant les bureaucrates. C'était un conflit qui a secoué la France pendant plusieurs semaines et qui annonçait l’ultérieure mobilisation d'octobre. Mais Besancenot et le NPA étaient apparemment trop occupés avec les élections régionales de mars 2010, avec des sujets à des années-lumière de luttes comme celle de Dunkerque.

Le parti qui devait être « un outil pour les luttes » s’est limité à deux brèves déclarations dans leur presse, ou n’ont même pas été mentionnés ni la trahison des dirigeants de la CGT ni leur dénonciation de la part des travailleurs de Dunkerque.

Dans ce contexte, la campagne n’a pas, non plus, servi à l'agitation et à la propagande pour la grève générale. Également, la dénonciation des monumentales trahisons des bureaucrates de la CGT, la CFDT, etc, étaient toujours totalement absentes, et pas seulement dans le cas de Total-Dunkerque.

En bref, les campagnes électorales n’ont pas été ni l'occasion, ni un moyen de forger l’«outil qui aide à la convergence des luttes dans un mouvement d’ensemble », ni même « un parti utile aux mobilisations d’aujourd’hui ».

Les campagnes électorales du NPA sont une version pas beaucoup plus "rouge" que les campagnes des autres courants qui sont en concurrence pour l'espace à la gauche du PS, comme le PG et son Front de Gauche. La concurrence avec elles, pour gagner les électeurs PS qui pouvaient être en crise avec leurs dirigeants, mais qui ne sont pas très radicaux, a été faite sur la base de ne pas les effrayer par des "gauchismes".

Les campagnes ont été essentiellement médiatiques, basées sur la figure de Besancenot, et l'activité «militante» n'allait pas au-delà de la chasse territoriale des voix (tel qu'il est pratiqué par les autres partis du régime) et pas pour construire un outil de "luttes" parmi l’avant-garde des travailleurs et des jeunes.

2) Un autre élément destructeur, c'est que cette campagne électorale « chimiquement pure » avait une orientation qui a complètement contredit le caractère proclamé «anticapitaliste» du nouveau parti. C'était la politique de «poursuivre à tout prix l'unité permanente avec les courants réformistes (à peu près) « anti-néolibéraux», mais nullement «anticapitalistes », à savoir, le PCF, le PS et ses surgeons, telles que le PG (Parti de Gauche) » («Mi experiencia...", cit.). Cette politique de lutte vers la «gauche radicale» était antérieure à la fondation du NPA et elle s’est approfondie.

Ainsi, chaque élection a été précédée par des mois et des mois d' épuisantes (et frustrantes) négociations avec ces partis afin de former un front électoral ... en laissant de côté le fait politique essentiel, à savoir que le PG et le PCF-qui, aujourd'hui, sont dans le Front de Gauche (FG) - n’ont pas un milligramme d'«anticapitalisme ». Ces courants proposent de réformer le capitalisme, pour le (soi-disant) améliorer: elles ne vont pas au-delà de l'anti-néolibéralisme "light" – style Attac ou Le Monde Diplomatique.

Aujourd'hui, ces forces politiques apparaissent comme des "critiques" du néolibéralisme. C'est-à-dire, qu'elles questionnent la façon dont le capitalisme contemporain s’est développé depuis les années 80. Mais en aucun cas elles proposent un combat révolutionnaire pour mettre fin à ce système d'exploitation, mais seulement donner au capitalisme une autre configuration, de faire quelques changements et améliorations qui le rendraient plus acceptable pour les exploités.

Dans le meilleur des cas, le Front de Gauche est un cas de réformisme utopique, qui pourrait se définir à grands traits comme «keynésien», ou plutôt, pour être un courant français, comme « régulationniste de gauche» . Leur grande base sociale sort des sentiments populaires de nostalgie pour les "30 glorieuses", à savoir, le boom d'après-guerre, quand, les capitalistes français et européens en craignant la révolution ouvrière, étaient prêts à faire des concessions énormes qui ont conformé «l’État providence», qui, en Europe de l'Ouest (et notamment en France) atteint des dimensions encore plus grandes que le“welfare” aux Etats-Unis.

Mais l'autre aspect non moins important, c'est que la «lutte» pour ainsi dire, du PG, du PCF et du Front de Gauche pour des réformes qui façonneraient un autre capitalisme se développe, bien sûr, au travers de canaux exclusivement électoralistes. Pas question d'imposer des réformes et des concessions en encourageant la mobilisation des masses laborieuses et des jeunes contre les capitalistes et leur système politique, la Vème République. Le grand slogan de Mélenchon est: «La révolution par les urnes! » C'est le slogan qui il a lancé en 2009 contre la montée des luttes qui mènera à l'éclosion d'octobre 2010.

"Voulez-vous que cela change? Ne faites pas des grèves ou des manifestations! Votez pour le Front de Gauche "Le «radicalisme »de cette « gauche radicale »ne va pas au-delà. Ce n’est pas un front de lutte, ce ne sont pas des partis de lutte, au-delà de leurs critiques au néolibéralisme ou des changements qu’ils promettent appliquer ... si on vote pour eux et ils arrivent au gouvernement.

Mais même ce «néolibéralisme» exclusivement électoraliste, tant du PCF que du PG, a une douteuse crédibilité...et pas seulement parce il ne s’agit d’aucun combat «néolibéral» réel.

À une époque, le PCF, qui est aujourd'hui «communiste» comme le PSOE de Zapatero est "ouvrier" et "socialiste" - n'a pas hésité d’être à la tète des ministères dans les gouvernements sociaux-libéraux du PS. Quant au Parti de Gauche, il suffit de se rappeler que son chef, Jean-Luc Mélenchon, a lui-même été pendant des décennies un chef de file du Parti socialiste, occupant une variété de hautes fonctions ministérielles et parlementaires. En plus, comme renégat du trotskysme, il possède une vaste expérience dans la lutte contre le socialisme révolutionnaire sur leur propre terrain ... et parfois avec leur propre langage...

Si le PG et le PCF appellaient à se battre pour les réformes qu'ils proposent, si, en fait ils propulsaient la mobilisation des travailleurs et des jeunes, le NPA serait obligé de participer à des accords d’unité d'action avec eux ou dans des fronts uniques pour la lutte.

En outre, si en France un mouvement politique et / ou social, avec un certain poids propulsait des vrais luttes pour des demandes ou «des réformes», il serait sectaire de ne pas avoir une politique d'unité d'action avec lui (en gardant, bien sûr, une complète indépendance et en exerçant la liberté de critique).

Mais ce n'est pas le cas avec le PG, le PCF et le Front de Gauche. Ces organisations ne favorisent aucune lutte. Et un front électoral n'a absolument rien à voir avec l'unité d'action pour la lutte.

Le vote est, plutôt, l'opposé de la lutte, de mobiliser et de combattre pour les revendications. Donc, le vote est l'une des armes les plus efficaces de la bourgeoisie pour contenir, détourner ou apaiser les luttes . D'une certaine façon, aujourd'hui en France, un des facteurs de calme relatif dans la lutte des classes, comme la défaite d’octobre 2010, ce sont les illusions d'un changement pour les élections présidentielles en avril 2012, ou le PS va probablement être le gagnant.

En conclusion: s’il s’agissait de mettre en place un parti et / ou un front véritablement anticapitaliste, le PG, le PCF et leur Front de Gauche ne sont pas des alliés potentiels, mais de mortels ennemis politiques, qu’on doit combattre à mort, essayer de détruire, d'anéantir dans tous les domaines, à la fois électoraux et en particulier dans le mouvement syndical, dans les quartiers, dans la jeunesse, etc. Ils devraient être les cibles d'un bombardement politique permanent, parce que ces partis, grâce à la confusion entre leur critique de certaines mesures néolibérales et une véritable lutte contre le système d'exploitation actuel, constituent un obstacle majeur pour que de nombreux jeunes et des travailleurs radicalisés (vraiment) atteignent vraiment des positions anticapitalistes.

Le PG, le PCF et le Front de Gauche sont des partis du régime, dont la tâche spécifique, comme nous l'avons dit, est de garder le "flanc gauche" du système politique actuel de la bourgeoisie impérialiste française!

Mener une politique de négociation (et de suivisme) permanent envers le PG et le PCF, le fait de pas faire une délimitation et mener un combat sans merci contre le fléau du Front de Gauche, a eu des conséquences graves, lorsque l'équilibre électoral du pouvoir s'est retourné contre le NPA. Cette démarche a semé une énorme confusion, aussi parmi les adhérents du NPA que dans les secteurs d’avant-garde large qui ont voté pour lui

La punition du "sectarisme" du NPA

Depuis plus de 10 ans, le PCF s’est détérioré énormément, à la suite du discrédit du PS, puisque ils étaient dans le gouvernement de la Gauche Plurielle jusqu'en 2002. Cette double crise, du PS et surtout du PCF avaient laissé un « vide électoral» sur la gauche du Parti socialiste, que la LCR avait occupé partiellement avec la figure d'Olivier Besancenot. Ainsi, lors de l'élection présidentielle de 2002, Besancenot atteint 4,25% des suffrages, contre 3,37% au PCF. Et les présidentielles de 2007 ont été une vraie débâcle pour le PCF: 1,93% contre 4,35% au candidat de la LCR. Et l’autre candidat «néolibéral", Jose Bové échouait avec 1,32%. Un an plus tard, en 2008, quelques mois avant la fondation du NPA, la LCR améliorait ce succès électoral lors des élections municipales. Mais ce serait le dernier succès dans une élection nationale. Puis, le NPA commence la descente.

Le Parti de Gauche de Mélenchon a réussi la relève du PCF en tant que pilier de la «gauche radicale» du régime (et l'éviction de la LCR-NPA de l'espace qu’il avait occupé). Le «large» et décaféiné NPA créé avec une perspective absolument électorale, n'a pas obtenu les résultats que la «sectaire» et «archeo-gauchiste» LCR-dont le nom même, «communiste» et «révolutionnaire» aurait repoussé les électeurs.

Mais ce résultat électoral a eu des conséquences plus graves que la simple perte des voix. Comme le NPA a mis dans le centre de sa politique (et l'activité de sa direction et les attentes de leurs bases, de leurs sympathisants et des électeurs) les négociations désespérées pour un front électoral permanent avec le PG et le PCF, il devenait facile de l'accuser de «sectaire» pour ne pas accepter être dans ce front comme minorité.

Et en effet, si le NPA a perdu davantage de voix devant le PG et le Front de Gauche, et s’il a constamment prêché «l'unité électorale de la gauche radicale," quel autre motif aurait pour ne pas rejoindre le Front de Gauche que le répugnant «sectarisme trotskyste "?

L’idée de que le «sectarisme trotskyste divise la gauche radicale", est devenu un thème de campagne dans les médias bourgeois, préoccupé de façon surprenante par la désunion de ceux qui se trouvent sur la «gauche» du Parti socialiste. La chose atteint son paroxysme quand le NPA a désigné comme candidat à la présidentielle un combattant ouvrier Philippe Poutou, qui avait mené une guerre contre les licenciements à Ford en 2007. A la campagne "anti sectaire»,s’est ajouté le "scandale" de nommer candidat à la présidence un «travailleur sans diplômes d'études universitaires ... »: tel était le contenu des provocations que Poutou a du affronter dans les médias.

La frénésie médiatique contre le NPA-du «progressiste» Libération au conservateur Le Figaro, en passant par le terne le Monde, -s'explique par la perspective d'éliminer ce grain gênant pour la bourgeoisie française et l'establishment politique depuis 1968: le poids du marxisme révolutionnaire dans les secteurs d'avant-garde de la jeunesse, le milieu syndical et associatif.

Ce n'est pas une mince affaire, même s’il s’agit de courants politiques qui ont seulement une certaine force dans l'avant-garde, sans influence organique en secteurs de masse. Ils deviennent potentiellement inquiétants, au milieu de la grande crise européenne et mondiale, avec de nombreuses protestations et des émeutes. Il faut également tenir compte de la tradition historique française -qui est vivante dans les esprits de nombreux jeunes et des travailleurs-, de deux siècles de bouleversements révolutionnaires, en commençant par la Révolution de 1789 jusqu'à mai 1968, en passant par 1830, 1848, la Commune de 1871, la grève générale de 1936 et même la résistance contre l'occupation nazie et Vichy. Dans ce contexte, il est logique que les médias célèbrent les crises politiques des marxistes révolutionnaires et, surtout, louent les fractions de droite qui ont cessé d'être «sectaires», qui ne parlent plus de classe, ni de révolution ouvrière ni du socialisme parce que sont des choses «archaïques» et qui sont pour l'unité avec le réformisme bourgeois sensé du Front de Gauche.

Élections, voix et situation de la lutte des classes

Cette expérience nous oblige à remettre en question l'idée pas seulement expérimentée par le NPA en France, mais sous des formes très différentes dans d'autres pays avec des échecs non moins retentissants. Ce que nous appelons d'abord " partis larges" d’activité essentiellement électoraliste, et qui allaient de cette manière devenir des partis de masse, sans qu'il y ait un changement révolutionnaire, objectif ,de la situation de la lutte des classes.

Le NPA est tout simplement le dernier essaie de cette formule magique. Peu de temps avant le congrès fondateur du NPA - rappelons-nous des prédécesseurs du SSP en Ecosse, de Respect en Grande-Bretagne, de Rifondazione Comunista en Italie, du PSOL au Brésil. Il aurait été plus sain que la grand courant qui a conduit la fondation du NPA et dirigé la LCR, les camarades de la IVe Internationale mandeliste, aient mis en discussion les bilans (négatifs) de ces expériences, plutôt que de de les glisser sous le tapis.

Quelle est leur tactique? Ils essaient -légitimement-de gagner des secteurs traditionnels du l'électorat de "gauche" (sociaux-démocrates, partis communistes, du travail, etc.), qui sont aujourd'hui plus ou moins en crise avec leurs vieilles organisations, mais qui ne se sont pas encore sensiblement radicalisés. Ensuite, ils supposent qu'ils peuvent les gagner s'ils s’adaptent à eux, en se positionnant plus à droite. Dans le cas du NPA, comme on l’a indiqué précédemment dans un autre article, "Olivier Besancenot a deux discours: un light pour la télévision et la presse où l'on parle de« partage de la richesse » et d'autre en peu plus radicaux pour la consommation interne lors des rassemblements et des réunions où ils parlent de «révolution», des luttes des boites, des travailleurs sans papiers, et ainsi de suite. (“Mi experiencia...”, cit.)

Malheureusement, ces tactiques qui semblent si "intelligentes" sont des absurdités. Elles ne réussissent pas à radicaliser les travailleurs et le peuple et n'arrivent pas à élargir les fissures dans leurs relations avec leurs partis de «gauche» traditionnels, para contre elles arrivent à droitiser et mettre en crise les courants révolutionnaires qui appliquent cet opportunisme puéril ... et aussi à les éloigner de la lutte des travailleurs et des jeunes, puisque ces dernières donneraient un profil trop «gauchiste», électoralement "incorrect." L'opportunisme électoral et le peu ou la non intervention militante dans ces luttes sont intimement liés.

Nous ne sommes pas doctrinaires ou ultragauchistes. Comme dans toute bagarre, les élections exigent des tactiques, qui doivent être pris en compte comme un élément important (mais pas le seul ou pas déterminant), de:même que le niveau de conscience politique à la fois des masses laborieuses et de larges secteurs de l'avant-garde. Mais de telles tactiques ne peuvent pas impliquer la négation du programme révolutionnaire, ni encore moins, tromper les travailleurs en récitant des fables "sympathiques" du réformisme bourgeois, même en note "radicale".

Pour donner un exemple, ce serait une erreur enfantine de faire campagne pour la «dictature du prolétariat».Mais on doit dire très clairement aux travailleurs et à la jeunesse d’Europe que seul leur propre pouvoir peut résoudre la catastrophe sociale à laquelle ils font face, et qu’ils ne peuvent pas faire confiance à quoi que ce soit, sinon a leur organisation et à la lutte indépendante pour le conquérir.

En outre, les astuces politico-électorales, afin de faire des discours couleur «rose pale» pour gagner des voix, sont de très courte portée.

Premièrement, les gens préfèrent souvent l'original à la copie. Pour voter "rose pale" les électeurs ont déjà assez de partis et des candidats vraiment rose et en variété de nuances. Il y a pour tous les goûts! Ce sont des organisations pleinement intégrées au régime bourgeois, du Parti socialiste jusqu’aux courants qui apparaissent «anti-néolibéraux» comme le Front de Gauche, le PCF, les écolos, etc, etc Elles sont roses légitime et pas des imitations douteuses!

Mais ce qui importe, c'est que sans un changement radical de la situation objective de la lutte des classes, c'est la bourgeoisie qui généralement a le «dernier mot» dans les manœuvres politiques et électorales. Ainsi en France, pour combler le vide électoral laissé à la gauche par le discrédit du PS et du PCF après le gouvernement de la Gauche plurielle (vide occupé au début partiellement par la LCR avec Besancenot), la bourgeoisie et ses médias ont promus, d'abord Cohn-Bendit, le renégat de mai 68 -, puis Mélenchon et le Parti de Gauche. Ils ont été gonflés dans les médias, et les votes perdus par le PS sont partis dans ce «collecteur» ou vers l'abstention. Finalement peu ou rien est allé au NPA.

Toutefois, le fond du problème n'est pas ces manœuvres médiatiques-électorales du pouvoir. Ce qui importe, c'est que la radicalisation politique des masses ouvrières et populaires sont des processus complexes, objectifs, qui ne sont pas réglées par des discours électoraux opportunistes ni par des candidats "médiatiques" comme Heloisa Helena au Brésil, Galloway avec Respect au Royaume-Uni ou Olivier Besancenot en France (personnages qui ont fini généralement en crise et / ou en virant vers la droite, ce qui était un coup supplémentaire très dur pour les partis et coalitions qui les portaient).

En Europe et dans le monde, la crise mondiale a ouvert une opportunité historique pour restaurer la conscience anticapitaliste et socialiste des masses laborieuses. Cette prise de conscience anticapitaliste et socialiste a été gravement blessée dans le XXe siècle par les résultats désastreux de l'expérience de l'ex-Union soviétique, la Chine etc - dépeintes comme «l'échec du socialisme» - et par le triomphe simultané de la contreréforme néolibérale.

Or, aujourd'hui «l'échec du capitalisme" a ouvert la possibilité d'inverser cela, mais dans un processus qui, logiquement, se développe avec de grandes inégalités et ne sera pas "automatique" ... ou moins d'un jour au lendemain. Et dans ce cadre, les élections ont toujours été le terrain plus arriéré et le plus difficile à conquérir pour les révolutionnaires. Il est relativement plus «facile» pour les révolutionnaire de se mettre au front des luttes ouvrières, des jeunes et populaires, et y bâtir leurs organisations en gagnant les militants de ces luttes-que ressembler des tonnes de voix, surtout si il n’y a pas encore objectivement une profonde radicalisation politique des secteurs des masses.

Pour réussir, pour que les conditions existent pour le développement d'une radicalisation politique véritable de la classe ouvrière, d'étudiants et populaires, il est impératif surtout un saut dans les luttes. C'est-à-dire, une radicalisation et généralisation des luttes.

La radicalisation politique et la radicalisation des luttes ne sont pas la même chose. Bien sûr, mécaniquement, un grand boom des luttes implique automatiquement une radicalisation politique. Cependant, la montée des luttes est une condition nécessaire, mais pas suffisante. D'abord, la première, la radicalisation politique est difficile sans la «matérialité» de la seconde, sans la radicalisation des luttes et sans la classe ouvrière jouant le rôle d'une référence politique sociale dans la réalité. Ce n'est pas encore arrivé, mais il y a eu des conflits majeurs des travailleurs et jeunes qui l’annoncent. Et la France a été l'un des pays les plus avancés de l'Europe à cet égard.

En d'autres termes: jamais la radicalisation politique des masses ne s’est faite à «froid» (grâce au processus purement électoral), mais dans le cadre d'un changement profond des relations politiques entre les classes, chauffé par des luttes très dures, et de grands événements (révoltes de masse, violents bouleversements sociaux, crises, guerres, etc).

Aujourd'hui cette perspective est ouverte, en raison de la gravité de la crise et surtout parce que la bourgeoisie européenne, quasi par unanimité, est déterminée à la «résoudre» en liquidant les restes ( nombreux dans certains pays) d’«État providence», en exploitant à fond la classe ouvrière et en jetant toute une génération de jeunes dans le chômage et la misère.

C'est la perspective! Mais dans le même temps, nous devons dire clairement que nous sommes à peine dans les premiers pas, à la veille de ce changement historique qui, en particulier en Europe occidentale signifie un bouleversement profond dans les relations entre les classes établies dans l’après-guerre.

Et dans l’aspect qui est toujours le plus arriéré, celui des élections, le pendule politique balance dans l'arc limité centre-droite/centre-gauche, tiré principalement par le mécanisme trompeur du "vote sanction" contre le gouvernement en place. En Espagne, il a favorisé la «droite», le PP, et en France certainement permettra la victoire de la «gauche», le PS ... résultats qui mèneront difficilement vers un changement qualitatif.

Incohérences vraiment "radicales"

Le plus surprenant de tout ceci est l’incongruité totale entre les caractérisations de la situation européenne et mondiale du courant qui dirigeait la LCR et qui a poussé à la création du NPA la Quatrième Internationale mandeliste , et la politique de « créer des partis anticapitalistes de masse »... par voie électorale. (Voir Léon Crémieux, François Sabado, « Pour un débat stratégique dans le NPA », europe-solidaire.org, 14/04/11). Cette orientation politique la construction de partis anticapitalistes de masse - ne correspond nullement à leurs analyses ultrapessimistes de la situation .

Ces analyses font un tableau noir de la situation européenne, avec le «fatalisme pessimiste» habituel qui a caractérisé cette tendance depuis la chute du mur de Berlin et la disparition d'Ernest Mandel. Avant elle était plutôt caractérisée par un «fatalisme optimiste», qui n'a pas eu non plus des conséquences positives. Maintenant il n'y aura comme résultats que des défaites présentes, passées ... ou futures!

“Les effets de la crise historique du mouvement ouvrier du siècle dernier se font toujours sentir. La construction d’une conscience socialiste révolutionnaire a besoin de nouvelles expériences pour s’affirmer. Force est de constater que le niveau des luttes actuelles, même s’il augmente, en réaction aux attaques des classes dominantes et des gouvernants, n’a pas de dynamique politique suffisamment forte pour inverser les décennies de contre-réformes libérales et créer les bases d’une contre-offensive globale et d’un nouveau projet socialiste révolutionnaire.” (Sabado, “Rapport…”)

Nous avons averti que nous sommes juste "dans les préliminaires", dans "la première étape" de ce réveil des luttes en Europe, avec des limites politiques et de toute sorte évidentes que nous avons souligné, et qui influent profondément sur le degré encore limité de radicalisation politique des masses laborieuses (mais non bien sûr des secteurs « de l’avant-garde large», comme en témoigne l'émergence des "indignés").

Toutefois, jusqu'à présent, même s'il n'y pas eu une radicalisation des masses, la flèche pointe vers le haut, pas vers le bas, ce qui confirme une nouvelle perspective historique, totalement opposée en signe aux années sombres de reculs et de défaites du mouvement ouvrier, de triomphe et de légitimation du capitalisme néolibéral dans les années 80 et 90.

L'analyse marxiste, matérialiste, consiste à ne pas faire de la "futurologie", mais à peser les tendances, le plus souvent contradictoires, de la réalité, et d'évaluer la dynamique résultant de tout ceci, pour trouver "des points d'appui pour l'action politique" (Trotsky). Dans ce contexte, la dynamique globale d'aujourd'hui est, nous insistons, tout à fait différente des années de légitimation du capitalisme néolibéral triomphant. Bien sûr, c’est la lutte des classes, avec ses victoires ou défaites, qui finira par décider du résultat. Mais le terrain de cette lutte est qualitativement plus favorable aujourd'hui qu'il y a 20 ans, quand tout allait contre nous.

Les camarades de la 4e Internationale disent tout autre chose: que même s’il y a augmentation du niveau de lutte, tout sera inutile, ils savent déjà qu'on ne réussira rien du tout: ni face aux “contre-réformes libérales”, ni pour “créer les bases d’une contre-offensive”, ni encore moins pour un “nouveau projet socialiste révolutionnaire”.

Cette futurologie défaitiste est condensée dans une conclusion politique: ce qui avance et qui continuera sûrement de progresser en Europe sera le fascisme, mais, heureusement, au « ralenti » et non pas de façon aussi vertigineuse que dans les années 1930:

« Cela peut arriver, peut-être car les résistances sociales à la crise en France et en Europe vont se développer face aux coups portés, mais à cette étape, au contraire, au niveau politique ce qui apparaît le plus nettement ce sont les poussées, dans toute l’Europe, des droites autoritaires et des partis populistes ou fasciste. Ce que nous avons c’est une polarisation de forces, liée à l’approfondissement de la crise de civilisation que connaît le monde capitaliste, qui renforce à cette étape la droite et l’extrême droite et qui met sur la défensive le mouvement ouvrier au sens large. Nous avons d’un certain point de vue, une situation politique qui ressemble ‘aux années 30’ mais au ralenti. Années 30 avec la crise et la poussée des droites et des populistes et fascistes Au ralenti, parce qu’il n’y a pas l’explosivité de l’affrontement révolution/contrerévolution fasciste, justement des années 30. »(Léon Crémieux, François Sabado «Pour un debat ..., cit.)

Pour résumer sur ce sujet, les remarques critiques faites dans un récent article de Roberto Saenz sont valides:

[Ce projet politique] a son «irrationalité»: c'est que tout en faisant une analyse où tout est rempli de défis, d'impossibilités, «défaites historiques», et nulle récupération de la classe ouvrière, en même temps, ils proposent la construction de « partis anticapitalistes de masses »... A première vue, et déjà dans la seule définition, il y a quelque chose comme hors de proportion: l'orientation politique ne correspond pas du tout à l'analyse.

Il s'agit en fait d'un projet aux traits opportunistes-volontaristes évidents. Ils partent d'un élément réel: la crise de la social-démocratie et des partis communistes qui ouvre de façon indéterminée un «espace» à gauche.

Mais le problème c’est que le cours de cette évolution est fonction des processus réels sur le terrain de la lutte des classes, et de toutes ses médiations réelles, ainsi que du développement d'un processus organique de recomposition du mouvement ouvrier. Sinon, la chose reste purement «floue».

Bien sûr, il peut y avoir, et il a inévitablement, toutes sortes de développements inégaux. Mais l'expérience historique a toujours indiqué que les phénomènes électoraux sont les plus «instable»: les scores électoraux vont et viennent, c’est aussi simple que ça. Les réalisations les plus importantes dans le domaine de la recomposition sont toujours «organiques», c'est-à-dire sur le terrain de l'organisation de la classe ouvrière, soit syndicale ou de ses partis et non dans les élections.

Comment peut-on construire des partis, comme ils proposent « anticapitaliste de masse », s'il y n’a pas un processus de radicalisation révolutionnaire des masses vers la gauche? En l'absence de cela, ce qu’ils ont fait, c'est choisir de diluer jusqu’à la nausée le programme du parti et sa structure organisationnelle ... Ce sont des organisations «molles» qui ne servent pas à intervenir dans les luttes ni à les guider, dans aucun sens réel du terme!

La réalité est que le processus est encore à ses débuts et il n'y a toujours pas de conditions objectives pour des partis "anticapitalistes de masse". Derrière cette chimère, on termine par la dissolution de la seule construction possible et nécessaire à ce stade: de fortes et solides organisations révolutionnaires d’avant-garde, qui peuvent espérer gagner une influence de masse quand les choses se seront vraiment radicalisées. Sans cette stratégie, ce que nous avons, c'est la crise du NPA comme projet électoral. » Roberto Sáenz, “¿Crisis terminal en el NPA?”, desde París para Socialismo Barbarie, 06/06/11.

En conclusion: Entre un parti «anticapitaliste» consacré exclusivement à l'électoralisme avec une politique opportuniste, et un parti révolutionnaire qui participe aux élections, mais dont le centre de gravité sont les luttes des travailleurs et de la jeunesse, la différence n’est pas que le premier est un parti "de masse" et l'autre "seulement" d’avant-garde. Les deux sont d’avant-garde ... et le seront jusqu'à ce qu'il y ait un changement qualitatif, objectif, dans les niveaux des luttes ouvrières et sociales, et de radicalisation politique des masses!

En effet, la différence entre les deux partis est similaire à la différence de physique entre l'état gazeux et l’état solide d’agrégation de la matière. Les résultats électoraux vont et viennent. Ils ont tendance à être "Gone with the Wind" ... " emportés par le vent". Avec la première vague des vents politiques que nous ne pouvons pas contrôler, les voix se dispersent. Par conséquent, les partis électoraux se dégonflent comme un ballon crevé, quand ils vont mal dans les sondages.

Un parti révolutionnaire, fort et militant, qui gagne d'importants secteurs de l'avant-garde, aura dans ses mains une force réelle, un levier matériel, pour gagner les secteurs des masses qui se radicalisent vraiment et sortent de l'étroit va-et-vient centre-droite/ centre-gauche.

Ajoutons à cela que sans un parti révolutionnaire enraciné dans l'avant-garde de lutte, une montée des mobilisations des travailleurs, des jeunes, même accompagnée d’une radicalisation politique, peut terminer en n’importe quoi. Il n’est pas écrit dans les étoiles qu'ils viendront rejoindre notre camp révolutionnaire. Ils peuvent aller, par exemple, vers les stériles courants autonomistes ou « anar-postmodernes » ou iront aux partis de rechange «radicaux» du réformisme bourgeois, style PG. Quelque chose de déjà vu au cours des grandes luttes des années 2009 et 2010, lorsque le NPA entrait en crise.


http://www.socialismo-o-barbarie.org/revista_26/120228_revista_sob26_p173_francia_npa.pdf

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Message  Copas Ven 27 Avr - 21:57

Bien vu sur les niveaux de mobilisation dans les rapports de force mondiaux entre les classes (la poussée globale des luttes ouvrières).

Et à rappeler la poussée du prolétariat urbain, continue, numérique et en proportion de la population , dans le monde c'est spectaculaire, et même dans les vieux pays industrialisés, l'écroulement drastique des autres classes (paysannerie, petite-bourgeoisie, laminage des couches hautes de la classe ouvrière au sens large du terme), etc.

Cette situation pèse globalement sur les rapports de force, même si elle a comme principaux handicaps au niveau organisationnel des situations héritées de la période précedente. Ce rapport de force brut devenu gigantesque maintenant, explique la moindre poussée des tentatives fascistes qui peinent à trouver des couches et petites classes susceptibles de leur fournir la piétaille marchante. Et ils déboussolent une partie des courants issus de l’extrême gauche européenne ces dernières dizaines d'années qui ont du mal à les prendre en compte.

Cette poussée brute a une incidence positive sur les rapports de forces, les objectifs d'émancipation, et les renaissances permanentes de courants révolutionnaires au sein même de la classe ouvrière.

Luttes défensives ? Oui en partie, mais aussi offensives (comme en Chine, dans les pays du monde dit arabo-musulman avec de gros reculs de la bourgeoisie voir les concessions sociales en Jordanie, en Arabie Saoudite, etc) .

Les facteurs organisationnels, politiques et de résistance, sont les grands points faibles.

Sur la question de l'avant-garde je demeure séduit, et sur cette question précise, par ce que disait Mansoor Hekmat (*) qui se déroule en deux temps de l'argumentation :

http://www.marxists.org/francais/hekmat/works/1992/00/hekmat_19920000.htm


1)
Un point central sur lequel nous avons constamment mis l’accent à travers les débats de ces dernières années est que le socialisme ouvrier est un mouvement social qui existe de façon indépendante, et non le dérivé de l’activité de marxistes ou de communistes. C’est un mouvement qui se déroule historiquement..../...
.../... Quoiqu’il en soit, il existe toujours un courant au sein du mouvement de la classe ouvrière qui aspire et essaye constamment de pousser la classe tout entière dans cette direction socialiste.
.../....Le socialisme est, principalement et tout d’abord, un cadre pour une certaine lutte sociale qui est menée inévitablement et indépendamment de la présence ou de l’absence d’un parti ;
Néanmoins, la lutte de la classe ouvrière contre le capitalisme et pour l’égalité sociale se cache sous n’importe quelle couverture dans laquelle d’autres mouvements sociaux ou partis tentent de l’envelopper. Ce mouvement peut être distingué d’autres dans la société contemporaine par ses objectifs sociaux généraux, par la matière et les centres d’intérêts de ses revendications dans la société actuelle, et par ses origines sociales de classe ... Il y a toujours une partie de la classe ouvrière qui ne se contente pas d’une lutte défensive, qui ne croit pas qu’elle peut obtenir ce qu’elle veut vraiment dans le cadre du système actuel, qui pense que le capitalisme devrait céder la place au socialisme, qui croit que la bourgeoisie devrait être dépossédée des moyens de production, et, finalement, qui pense que pour y arriver, il est nécessaire de s’unir et de faire la révolution. Ce n’est rien d’autre que la définition du socialisme ouvrier.
.../.... Les illusions de droite au sein de la classe ouvrière sont acquises, mais les tendances anti-capitalistes, qui forcent les leaders syndicaux à parler ainsi, sont intrinsèques et authentiques. Le socialisme ouvrier est la tendance au sein de la classe qui créé des leaders radicaux et maintient la pression constante du radicalisme sur les leaders non-radicaux.../...

Reconnaître et mettre l’accent sur l’existence d’un effort objectif, socialiste, au sein de la classe ouvrière elle-même, malgré l’expression intellectuelle qu’il a trouvé dans différentes périodes, est l’une des caractéristiques importantes de notre courant et tradition politique. Nous voyons, au-delà des activités quotidiennes du mouvement ouvrier, l’existence objective d’une tendance socialiste au sein de la classe ouvrière et pensons que l’organisation communiste doit se développer dans le contexte de cette tradition sociale réelle de lutte.

.../....Ce parti est formé dans la tradition de la lutte des travailleurs pour l’égalité économique dans la société - une lutte socialiste qui a été constamment menée dans le socialisme - et c’est là seulement que le Parti communiste-ouvrier d’Iran trouve sa force et son pouvoir.
Mansoor Hekmat (*)
Il y a quelque chose de bien établi c'est que certains courants révolutionnaires dans le monde peuvent être féconds sans pour autant avoir une filiation trotskyste et sans céder au fond, tout en étant délimités politiquement et organisationnellement.
Le courant hekmatiste dérive de son fondateur, fécond politiquement et bon organisateur, qui a développé des organisations révolutionnaires dans les pires situations (comme quoi ce n'est pas si impossible, même si c'est limité).
Nul n'est besoin d'en reconnaitre l’entièreté des positions comme valides, mais il y a des points indéniables d'avancée une fois que l'on a écarté les différences culturelles suivant les expériences historiques des peuples où ce courant c'est développé.
Ce qu'il a apporté est bien la question du positionnement de l'orga révolutionnaire vis à vis de la classe, et la compréhension du phénix permanent qu'est le désir de révolution dans des couches de la classe ouvrière pour aller au delà des luttes sociales, pour renverser le capitalisme par une révolution.

Ca ne signifie nullement qu'on soit OK sur le reste des positions de Mansoor ou de ses dérivés en termes de courants politiques concurrents.

Mais, comme cela se disait à la fondation du NPA, réunir le meilleur politique de l'histoire des courants de l'émancipation. De ce point de vu, Hekmat nous apporte autant au moins de clés que le Ché tout en opérant des percées sur certains points.


Donc ne croyez pas que la notion d'avant garde soit cousue de fil blanc dans la geste révolutionnaire. Si une partie du prolétariat (cette classe sans cesse en poussée numérique) féconde sans cesse des courants et espérances révolutionnaires (et il faut le constater), dans le cours même des batailles sociales, même dans les situations les "plus retardées", c'est qu'il y a bien plus d'eau dans le bocal du poisson rouge qu'on ne croit. De l'eau rouge également au milieu d'une eau qui va du blanc ou rouge.

Dés lors le parti de l'émancipation n'est pas accablé des tâches prométhéennes dont on l'affuble. Et on relativise les entendement hiérarchistes de l'avant garde.

On reviendra là dessus.

Mais en même temps ça signifie qu'il faut aller hardiment dans l'organisation politique au sein de la classe ouvrière, que cela ne relève pas d'un objectif exotique, voir haï par des conceptions hierarchistes issues d'une partie du gauchisme ralliée au socialisme de caserne (les courants du NPA par exemple, ralliés au FdG).

La candidature Poutou, de ce point de vue, est un signal , là où les clameurs de haines sectaires contre les ouvriers montent, il y a un champ d'émancipation qui ne regarde pas que des occasions électorales. Et il porte un nom : pouvoir des travailleurs par la révolution.
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Message  iztok Dim 29 Avr - 11:29

A diffuser le plus possible.


Appel à un sursaut du NPA
Texte de la Gauche Anticapitaliste de Gironde

Il y a toujours de bonnes raisons de se distinguer dans les programmes politiques. Et plus le groupe est petit, moins il pèse sur la situation, plus il est tentant d'avoir un programme qui soit totalement « propre », totalement en adéquation avec ce que l'on pense sur tous les sujets, et donc, quand on est minoritaire, de scissionner, quand on est majoritaire, d’accélérer la rupture.
Le projet NPA partait d'un point de vue inverse, celui de l'URGENCE, urgence sociale, urgence écologique, urgence démocratique à l'échelle de la planète. Il offrait aussi un cadre de réponse inédit, celui d'une organisation qui s'enrichirait de l'expérience de tou-te-s ses militant-e-s pour créer des alternatives.
Nous n'allons pas avoir la prétention de rappeler dans ce texte le contenu de ces urgences, la plupart d'entre nous l'avons en mémoire, il était largement développé dans « Nos réponses à la crise ».

INDIGNONS NOUS

Ce qui nous indigne, c'est le sentiment que cette urgence est passée aux oubliettes, alors même que depuis la création du NPA cette urgence s'est manifestée de la plus violente des façons : urgence sociale face aux plans d'austérité de la crise financière ; urgence écologique, Fukushima ayant rappelé l'irresponsabilité nucléaire, pour ne parler que de celle-là ; urgence démocratique dans le déni de l'avis des peuples comme en Grèce ou en France.
Ce qui nous indigne aussi, c'est la réduction à la vieille recette de « l'unité des révolutionnaires » (sans unité et sans perspectives révolutionnaires) de l'ambition originelle de rassemblement large du NPA. Force est de constater que nous avons échoué à faire « vivre le meilleur de l'héritage de celles et ceux qui ont affronté le système depuis deux siècles, celui de la lutte des classes, des traditions socialistes, communistes, libertaires, révolutionnaires. »1.
« Tirant les leçons du passé, nous lutterons contre les processus de bureaucratisation qui sont la plaie des mouvements d’émancipation. Et notre vigilance commencera par s’exercer à l’intérieur du NPA. »2. No comment...

REVOLTONS NOUS

C'est un sentiment de colère et de révolte qui nous a animé quand nous avons vu notre jeune NPA tomber dans tous les travers politiciens, ignorer ce sentiment d'urgence, et trouver de bonnes raisons pour ne pas chercher vraiment un accord minimal avec les formations du Front de gauche. Nous n’ignorons pas la responsabilité de ce dernier dans cet échec. Nous connaissons également tous les défauts du FdG et de ses composantes : solutions économiques en termes de croissance capitaliste certes régulée ; solutions écologiques à minima bloquées notamment par la nucléopathie et le productivisme du PCF ; conception de la démocratie souvent flottante et s'accommodant fort bien des pesanteurs institutionnelles ; et surtout l’absence de réponse claire sur la question de la gouvernance avec le PS...
Mais « ici et maintenant », au niveau électoral, nous pouvions expliquer en quoi c'était un pas en avant mobilisateur. Le Limousin voisin l'a montré, avec limites et contradictions, mais il l'a montré.

Non seulement nous n'avons pas fait ce choix, mais le « nouveau bloc de direction » lui a tourné le dos.
Nous sommes bien placés en Gironde pour connaître Philippe Poutou, ses qualités, son honnêteté. Ce n'est pas en raison de sa personne mais de l'orientation politique choisie que certains d'entre nous ne font pas sa campagne, et les autres la font malgré tout.
Malgré tout ? Malgré les conditions de sa désignation qui nous ont heurtées dans notre compréhension de la démocratie de notre organisation. Malgré une conception erronée des élections leur déniant presque toute importance, la façon de mener campagne en annonçant que nous ne voulons pas être élus, que les élections ne servent à rien, alors que l’on attend de nous que nous expliquions ce qu’il faudrait faire SI nous étions élus. Malgré une orientation qui, en proclamant à l'envi que le résultat de Philippe ne nous importait guère, en minorant l'importance de chasser Sarko, en ne s'adressant pratiquement qu'aux militants, nie l'urgence. Cette attitude dite « de révolutionnaires » exclut de faire « bouger les lignes ».
C'est une politique conservatrice de confort moral.

Pour entrer au Front de gauche, faut-il donner pour gage l'insulte au parti que l'on quitte ? On pourrait le croire quand on lit ce que, successivement, la Gauche Unitaire, Convergences et Alternatives, et maintenant de nombreux membres de la Gauche Anticapitaliste et non des moindres, ont écrit en rejoignant le FdG et/ou la candidature Mélenchon.
Il faut le reconnaître, la candidature Mélenchon réussit là où nous voulions réussir, là où les candidatures Besancenot avaient commencé à réussir : agréger les volontés de changement social, permettre le début d'une mobilisation citoyenne, donner ou redonner à pas mal de gens « l'envie d'avoir envie ».
Cela peut peut-être justifier d'y aller (ce que nous ne considérons pas, pour ce qui nous concerne, d'une actualité immédiate). Mais, comment expliquer que nos camarades ou ex-camarades se sentent obligés de peindre Mélenchon en rose (il n'en a pas besoin, il n'arrête pas de se référer à Mitterrand) et de peindre Philippe en noir. D'autant que le FdG n’a pas clarifié sa position sur une éventuelle participation gouvernementale et, qu'au lendemain des élections, il n'est pas certain que le FdG ou le PCF ne choisissent pas le soutien sans participation.

Enfin, ce qui nous a choqué peut-être le plus, c'est la manœuvre de ceux qui se sont fait « animateurs » de la GA pour aussitôt choisir de s'affranchir de ce rôle pour jouer l'appel perso au ralliement, négation de l'urgence d'instaurer des pratiques démocratiques.

ORGANISONS NOUS

Nous partons d'une conviction. Il doit y avoir encore dans le NPA des centaines de membres, voire une majorité, qui partagent nos sentiments d'indignation, de colère, de révolte. Des centaines, voire une majorité, qui sont persuadés que les urgences nous obligent. Des centaines, voire une majorité, qui pensent que l'on peut discuter avec le Front de gauche autrement que soumis. Des centaines, voire une majorité, qui veulent encore porter le projet de rassembler tous les anticapitalistes, dans une démarche ouverte et unitaire, et retrouver cet enthousiasme qui avait accompagné la création du NPA.

Quoi qu'ils fassent dans les semaines qui viennent, nous leur proposons de participer à une tentative de coup de talon donné au fond de la piscine.


Une adresse : ga.gironde33@gmail.com

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Message  Roseau Dim 29 Avr - 12:41

Enfin, ce qui nous a choqué peut-être le plus, c'est la manœuvre de ceux qui se sont fait « animateurs » de la GA pour aussitôt choisir de s'affranchir de ce rôle pour jouer l'appel perso au ralliement, négation de l'urgence d'instaurer des pratiques démocratiques.

Effectivement, les "animateurs" de la GA se sont "révélés" en faisant signer un texte
qui annonçait la méthode disons d'un autre monde...agir "par tous les moyens possibles, dans et hors NPA".

Les plus jeunes sont excusés, car ils n'avaient pas vu encore comment toute construction
de parti révo est toujours confrontée à des dérives réformistes, ouvrant en grand la porte à la soupe.
Ils en verront beaucoup d'autres....
Un grand classique. Une leçon de plus.
Les autres, bon, choqués certains, complices d'autres.
Les gamelles électorales approchent régulièrement et font le travail de tri indispensable.

PS Dans la crise en cours, en rester à programme d'urgence, sans alternative politique,
c'est à dire sans la défense d'une stratégie révolutionnaire,
ou pire en défendant le NININI ("ni soutien, ni participation, ni opposition" de JLM)
c'est ouvrir un boulevard au fascisme.
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Message  iztok Ven 4 Mai - 11:59

Si c'est la seule chose que vous relevez du texte de la GA Gironde c'est bien triste ... Mais pour les autres :

Débat Phénix : Fronts et autres considérations
JOHSUA Samuel
2 mai 2012.

La question des relations au FG comporte des aspects théoriques et d’autres d’opportunité (en particulier de rapports de force). Il faut traiter des deux, mais (je pense que tout le monde en sera d’accord) il est difficile de ne pas commencer par les premiers.

Théorie 1

Des camarades avancent que tout front permanent avec le PC, le PG (en fait Mélenchon, puisque ce parti se résume beaucoup à sa personne pour le moment) tout front donc est impossible du fait de la nature de ces partis. C’est évidemment problématique.

Dans les approches de Front Unique (FU) c’est vrai que les fronts sont plutôt conjoncturels. Unité d’action, bien entendu, qui ne fait pas problème (encore que, même ça ne va plus de soi au NPA quand on en discute précisément, voir les débats sans fin quand il faut signer tel ou tel communiqué avec Attac ou sur la Syrie…). En tout cas pas de problème théorique proprement dit. Frapper ensemble, marcher séparément. Il y a cependant, comme je le l’ai souligné à plusieurs reprises un débat nouveau qui s’est installé (et puissamment) sur le fait que cette unité était seulement « dans les luttes » et ne pouvait jamais s’étendre aux aspects politiques, par exemple électoraux. Qu’est ce qu’on fait des cas, nombreux, « intermédiaires » ? Par exemple la lutte contre le TCE de 2005 ?

Cette position a été officiellement celle de la nouvelle majorité du NPA. Surprise passée, on peut effectivement en saisir les racines, qui sont les mêmes que celles des débats de l’Internationale communiste, quand s’élaborait la « tactique de FU », quelque part entre les congrès 3, 4 et même 5 en fait. C’est, explicitement, contre ce type de positions que Lénine écrit Le gauchisme, maladie infantile du communisme. Où, en particulier, il détaille longuement les raisons en faveur de (et le type) d’accords électoraux possibles avec les réformistes.

Dans le débat qui nous anime, et toujours seulement à mes yeux, ce genre de positions sort des limites de l’épure. Non seulement elles ne sont pas miennes, mais je ne me vois même en discuter. Perte de temps et d’énergie face à ce qui n’est plus alors qu’un gauchisme sénile. Et il faut y ajouter que si ces positions sont confirmées majoritaires (et elles l’ont été sans résistance notable), ce ne plus même être un parti commun avec mes propres positions.

A ma grande surprise aussi (mais finalement la constitution du NPA ça a été ça aussi, de grands malentendus et la boîte à surprises ; je conçois aisément que mes propres positions sur le fond aient été une – mauvaise – surprise pour d’autres secteurs) cette position gauchiste et sectaire s’est combinée sans grande difficulté avec une autre, basiste et anarchisante. Celle qui a été au centre de la campagne de Philippe Poutou, « le candidat ouvrier ». Où de combat politique, il n’y avait plus ou presque (et donc encore moins de place pour un débat sur le FU). Les déclarations, bienvenues, sur la nécessité d’un bloc anticrises et d’une opposition de gauche à Hollande ont dans ces conditions été bien peu audibles. On pourrait gloser sur le fait que le refus de présenter Olivier s’est fait au nom de celui de « la personnalisation » quand la campagne de Philippe s’est faite au seul titre de sa personne ! Sacré retournement dialectique, mais ce n’est pas l’objet principal de ce texte. Cet aspect là, je m’en suis expliqué ailleurs. Mais pas assez un autre, le refus obstiné du combat politique comme séparé du combat global, le combat des partis ne pouvant en aucun cas être ramené au combat social en général.

Cet aspect là, issu de Lénine, ne peut pas être abandonné au risque d’abandonner aussi la politique tout simplement (et même si nous savons bien que Que Faire ? comporte des exagérations et des déviations avant-gardistes très dangereuses). Plus inquiétante encore si possible fut la conception de la société socialiste qui a affleuré à maintes reprises, de la démocratie comme « directe », le « se représenter soi-même », etc. Un conseillisme paresseux qui annule des décennies de réflexion sur la nature de la démocratie socialiste. Et sur le pluripartisme (qu’on m’explique comment il peut subsister dans une société socialiste des partis différents s’ils ne se confrontent pas concurremment au suffrage universel et donc au titre de « la représentation »).

On comprend comment ce basisme anarchisant peut se combiner avec la raideur sectaire : dans le rejet « des partis institutionnels » et donc de tout accord avec eux. Comme les points de départ sont très différents, il n’y a aucune chance qu’une telle alliance survive longtemps. Cela dit, toujours à mes yeux, non seulement on sort alors dans ce deuxième cas des limites de l’épure, mais on est sur une autre planète que la mienne.

Car si on se souvient de la bataille désespérée menée par Trotski contre la politique dite « de la troisième période » de l’Internationale communiste stalinisée qui refusait tout front commun (en particulier électoral dans l’élection de 1933) contre la montée de Hitler, on conçoit qu’on touche là à des questions vraiment vitales. Ces orientations là, c’est pas pour moi, alors que la menace du FN devient tout sauf abstraite.

Théorie 2

Cette première partie de la discussion élève donc un mur infranchissable sur le plan théorique. Mais une autre partie reste ouverte. Avec celles et ceux qui ne sacrifient ni à ce basisme ni à ce gauchisme, qui restent donc dans le même cadre théorique que le mien tout en mettant au débat des situations plus particulières. Celles qui conduiraient à un front non conjoncturel, mais plus durable, entre forces révolutionnaires et réformistes. Là c’est vrai que la chose est beaucoup plus délicate, puisque le « marcher séparément » peut en être durablement affecté. La discussion (théorique toujours) porte alors sur le degré d’autonomie (en particulier la capacité d’initiative) des révolutionnaires, de la possibilité qui doit être maintenue d’une rupture dans le futur et autres considérations du même type.

Une partie de la polémique de Trotski contre le Poum en Catalogne porte sur des problèmes de ce genre. Au delà du ton (inacceptable) qu’il emploie, au delà même de la question du soutien au gouvernement mis en place à l’époque, la question phare est l’acceptation par le Poum du désarmement des milices et de leur intégration à l’armée républicaine officielle. Dans les conditions où elle fut acceptée, c’est bien la perte concrète de l’autonomie qui fut en cause. C’était et c’est toujours des questions de la plus haute importance.

En principe d’ailleurs ce type de front « durable » entre réformistes et anticapitalistes est justement destiné…à rompre, au moment où les exigences des confrontations valorisent des positionnements stratégiques différents. Et uniquement à ce moment, ce qui nécessite une grande souplesse dans les analyses et les décisions. Et il faut tenir compte en plus des transitions, des évolutions inévitables en fonction de la conjoncture. La frontière « réformiste/révolutionnaire » n’est pas figée, c’est même un des enjeux de ces fronts que de la déplacer dans le bon sens. Et ceci concerne les individus comme les organisations. De plus, il faudrait tenir compte de l’obscurcissement de ces définitions dans l’époque ouverte après 1989 (tous les mots-référence sont piégés), ce que je ne fais pas ici. En tout cas c’est tout ceci qui justifie le maintien de l’indépendance, même dans le cas d’un tel front « durable ».

On comprend bien que l’indépendance est bien plus facilement confirmée……s’il n’y a pas de front. Ceci résout alors ce problème là, mais évidemment, ça se paye du fait qu’on se refuse alors, par principe, à explorer les possibilités propulsives éventuelles de l’unité dans un tel front.

Est-ce bien le cas pour ces camarades ? Allons plus loin. Une série d’arguments entendus dans ce débat ne sont pas à ce niveau de généralité, mais tiennent (toujours au plan théorique) à la discussion sur la nature du PCF (en particulier) et secondairement (pour d’autres camarades, c’est en premier…) de Mélenchon. Même s’il y a un accord pour les qualifier globalement de réformistes (pour Mélenchon, c’est la lutte pour une sortie du capitalisme par la voie électorale ; pour le PC, en principe « révolutionnaire », et « communiste » comme son nom l’indique, « le passage pacifique au socialisme »), leur nature concrète rendrait à tout jamais impossible un accord durable avec eux.

Pour le PC (qui est quand même la question centrale) le débat est effectivement délicat. On ne peut pas juste discuter tranquillement de ce qu’il annonce comme « stratégie », étant donné qu’une bonne partie de celle-ci et de ses adaptations tient à la navigation pour maintenir son appareil (pris au sens large : élus et affidés, dirigeants syndicaux, permanents du parti). Si l’histoire stalinienne jette encore ses feux au niveau des mentalités, du type de relations avec le mouvement social ou avec les autres partis, ou encore au niveau du fonctionnement interne, cet aspect « bureaucratique » là tend à devenir central. Évidemment on sait bien (mais tellement de camarades l’oublient !) que ça ne résume en aucun cas le sous bassement militant réel (qui demeure sans comparaison avec celui de l’extrême gauche), ni même l’activité concrète de l’appareil en question qui peut aussi être tissé de dévouement et d’engagement. Et que donc il faut s’y adresser avec une préoccupation particulière. Mais effectivement on ne peut pas traiter le PCF comme si c’était une fraction d’un parti commun qui serait juste un peu plus à droite.

Mais (retour à la théorie) cela signifie t-il qu’il faut en déduire que jamais un front durable ne peut s’envisager (sous conditions, toujours) avec lui ? C’est ce que disent des camarades. Alors quelques questions.

Supposons que le rapport de force permette un tel front, mais dominé par les révolutionnaires. C’est toujours non ? Parce que si c’est oui, on voit bien qu’on sort du domaine de la théorie pour en arriver aux questions concrètes d’opportunité. Pas du tout la même chose, même si c’est au final une question décisive.

« L’accord durable » n’est-ce pas ce que le congrès de fondation du NPA avait avancé (et on peut en discuter d’ailleurs, je l’ai fait moi-même) ? C’était quoi ? Une tactique en carton, un faux nez ? Ou encore on s’est trompés et on n’aurait pas dû (se ralliant en disant ça de fait aux positions décrites au point 1) ?

Plus que tout le reste. Si ce n’est jamais possible avec le PC (et, bonne mesure, avec Mélenchon), ceci par nature de ce parti, alors n’est-il pas évident que nous sommes seuls pour l’éternité ? J’ai bien compris qu’on serait « bien accompagnés » par « les anonymes ». Mais bon, arrêtons de plaisanter, seuls ça veut dire seuls. C’est le point, théorique toujours, où les choses se nouent. Si c’est vrai, il faut abandonner toute idée de recomposition comme absurde et aussi de « reconstruction » qui alors, politiquement, reposerait en totalité sur nos épaules. Ce serait un vrai abandon de l’espace de réflexion depuis au moins le Manifeste « à la gauche du possible » de la LCR.

Il faut des réponses à ces questions de fond avant d’aller plus loin. En effet les arguments d’opportunité (de rapport de force en particulier) prennent une toute autre couleur selon comment on y répond. Vraies préoccupations que les rapports de force ou alors seulement des arguments prétextes, extensibles à l’infini ? En gros, la réponse est non ; rappelez moi la question ?

Samy Johsua
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article25074
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Message  verié2 Ven 4 Mai - 12:25

Franchement, que de bla-bla confus pour justifier ou excuser un plat ralliement à un politicien opportuniste et nationaliste !

Pour réaliser le Front Unique et non le ralliement sous prétexte d'unité avec quelque force que ce soit, il faut d'abord représenter soi même une certaine force, sur un programme clair, et avancer un programme de mots d'ordre et de revendications communes conformes aux intérêts des travailleurs, même si on ne peut pas exiger de l'allié qu'il accepte notre programme. On n'a vu rien de tout cela dans la démarche de ceux qui voulaient soutenir Mélenchon avec diverses nuances.

Que certains s'étonnent et s'indignent aujourd'hui du comportement opportuniste voire arriviste de certains dirigeants de la GU et de la GA est peut-être un premier pas, mais il y en a un certain nombre d'autres à faire pour réaliser que ces capitulations ne sont que l'aboutissement assez logique de la politique qu'ils préconisaient pour l'ensemble du NPA, même s'ils avançaient semi masqués. Les mêmes politiques donnant les mêmes résultats, les déçus sincères de la GA devraient peut-être se remettre en cause avant de s'en prendre une fois de plus à la majorité qui s'est prononcée pour une candidature de classe.

verié2

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Message  Roseau Ven 4 Mai - 14:46



Le texte de Joshua est surréaliste, et cache l'essentiel:

1. Le NPA est le parti le plus unitaire dans l'action, dans tous les secteurs.

2. Le FdG par contre est totalement sectaire: refus de discuter de toute campagne commune, refus même de répondre à une proposition d'inititiative unitaire et nationale contre les licenciements, sabotage du plus important mouvement social unitaire, en 2010 pour défendre nos retraites. La raison est simple: il existe comme alliance électorale destinée à
servir les intérêts matériels des élus du PC rencontrant les ambitions d'un politicien bourgeois du PS.

3. La démonstration même qu'il existe encore des réformistes dans le NPA, c'est l'erreur totale du texte sur le FdG.

Même s’il y a un accord pour les qualifier globalement de réformistes (pour Mélenchon, c’est la lutte pour une sortie du capitalisme par la voie électorale

A aucun moment le FdG ne prétend sortir du capitalisme. Tout son programme, qui a même banni le mot de "socialisme", le démontre, comme toutes les déclarations de Mélenchon. Un exemple:
Interrogé lundi 17 octobre sur France Info, Jean-Luc Mélenchon affirmait :
« C’est quand même incroyable de voir qu’on passe pour un révolutionnaire quand on est simplement keynésien ;
où ondit il faut partager, c’est ça qui va faire respirer l’économie
».

C'est cela, la volonté de ne pas sortir du capitalisme, outre les ambitions de JLM qui ne cachent pas qu'il sera au pouvoir dans 10 ans, qui explique le sectarisme du FdG: un projet keynésien, donc bourgeois, qu'ils n'entendent pas abandonner, ni même discuter avec le NPA.

Le texte de Joshua est un déni de réalité. Pourquoi ? Comme toujours, on l'apprend plus tard...
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Message  Jonhy Ven 4 Mai - 17:07

Ce qui est surtout évident c'est que ( je fais de la" politique fiction" comme on dit) si jamais le NPA faisait un Front Unique avec le FdG dans une sorte de FdG élargi; ces mêmes là qui nous disent que le NPA jouerait le rôle de courant révolutionnaire seraient les premiers à dire " non surtout pas il ne faut pas s'identifier en tant que révolutionnaire" " non ne parlons pas de choses qui fâchent maintenant, on fera ça plus tard" pour au final ne devenir qu'un jouet électoral brandi par le FdG pour dire combien ils sont unitaires et accepter tous les délires du FdG sous prétexte de " ne pas casser la dynamique". C'est d'ailleurs exactement ce qui c'est passé dans les mois qui ont suivis le congrès de fondation et qui donne la crise actuelle .

Enfin c'est ce que je pense et les exemples GU et C&A partis exactement sur les mêmes justifications ont l'air de me donner plutôt raison.

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Message  gérard menvussa Ven 4 Mai - 18:26


Le texte de Joshua est surréaliste, et cache l'essentiel

Le texte de Josuah (que je ne partage pas du tout, et c'est un euphémisme, je pense qu'il s'agit d'un texte "pourri" et quelque peu faisandé) part d'une vraie question : l'impasse totale de la stratégie du npa. Qui partait sur la possibilité de creer un bloc de lutte "non délimité" contre le capitalisme. A l'époque, je disais que cette approche avait tout du "pari" parce qu'elle était basée sur une mobilisation "dans la rue" qui n'a jamais eu lieu (et la mobilisation des retraite m'a confirmé la dessus) Bref, entre notre réponse a nous, et celle du front de gauche, c'est cette derniére qui est la plus juste en tant que stratégie "raisonnable" en fonction des renseignements actuels. Bref, l'hypothése du npa ne s'est pas pour l'instant confirmé, contrairement a ce que nous croyons. Qu'est ce qui reste a faire ? Repousser tout ça de 50 ans, à la Vérié ou à la Roseau ? Je serais mort avant de constater si c'est juste ou faux... Bref, il n'existe pas de réponse simple à la question...
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Message  Roseau Ven 4 Mai - 19:18

gérard menvussa a écrit:
Repousser tout ça de 50 ans, à la Vérié ou à la Roseau ? Je serais mort avant de constater si c'est juste ou faux... Bref, il n'existe pas de réponse simple à la question...
Nous n'avons jamais dit cela.
Tout le contraire, il reste peu de temps pour reconstruire le mouvement ouvrier,
et construire le parti révo.
Tu penses sans doute à LO, et avec raison...

Dans les attaques sans précédent qui arrivent,
il est possible que notre classe s'unisse et mène de grands combats,
le seul contexte possible pour reconstruire le MO et un parti.

Sur le texte de Joshua, je comprends le "pourri",
mais ce serait intéressant tu nous aides à interprétater la partie plus "subtile",
l'agenda caché j'imagine, que tu appelles joliment le "faisandé".
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Message  Copas Ven 4 Mai - 20:59

gérard menvussa a écrit:
Le texte de Joshua est surréaliste, et cache l'essentiel

Le texte de Josuah (que je ne partage pas du tout, et c'est un euphémisme, je pense qu'il s'agit d'un texte "pourri" et quelque peu faisandé) part d'une vraie question : l'impasse totale de la stratégie du npa. Qui partait sur la possibilité de creer un bloc de lutte "non délimité" contre le capitalisme. A l'époque, je disais que cette approche avait tout du "pari" parce qu'elle était basée sur une mobilisation "dans la rue" qui n'a jamais eu lieu (et la mobilisation des retraite m'a confirmé la dessus) Bref, entre notre réponse a nous, et celle du front de gauche, c'est cette derniére qui est la plus juste en tant que stratégie "raisonnable" en fonction des renseignements actuels. Bref, l'hypothése du npa ne s'est pas pour l'instant confirmé, contrairement a ce que nous croyons. Qu'est ce qui reste a faire ? Repousser tout ça de 50 ans, à la Vérié ou à la Roseau ? Je serais mort avant de constater si c'est juste ou faux... Bref, il n'existe pas de réponse simple à la question...

Pour moi, le problème cela n'a jamais été de tenter de créer un parti large le NPA, mais celui d'une partie de la LCR (majoritaire il faut maintenant le constater) qui avait plié et qui n'avait jamais "cru" au projet de faire un parti petit mais de masse.
Le bloc de lutte non délimité me semble autre chose. Et la question des problèmes du NPA n'est pas venu du tout de cela, à mon sens, mais justement d'une lutte acharnée contre la délimitation politique d'origine du NPA qui rendait impensable des tractations politiciennes et bureaucratiques.
Et cette lutte acharnée vint d'une partie des ex-LCR qui poursuivit son combat pour ré-orienter ce parti vers la soumission aux petits partis bureaucratiques, ces courants majoritaires dans la LCR et dominant dans l'essentiel de la durée de vie du NPA ne laissèrent qu'un champs de ruines (pour après en avoir la malhonnêteté d'en accuser la gauche qui hérita de cet héritage désastreux).
Là dessus, la caresse dans le sens du poil d'une petite partie de personnes venues au NPA dans l'ambition d'y trouver une ascension fut un des petits aspects désastreux du centre et de la droite du NPA.

Maintenant, le vide stratégique existe aussi dans la gauche du NPA, les problèmes de compréhension du monde dans lequel on vit son entiers, les percées stratégiques non faites.

On ne sait toujours pas si un parti plus large mais délimité vis à vis des travers réformistes est possible, bref le NPA n'a pas été réellement tenté.

Et c'est dommage.
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Message  gérard menvussa Ven 4 Mai - 22:51

Je pense que l'impensé du npa, c'est le vide stratégique (savoir où on va, et se donner les moyens d'y aller) Et que la dessus, tout le monde a canné, que ce soit la droite ou la gauche. La droite, confronté a son échec, se complait dans la "dragouille" des courants "de gauche" du ps et du pcf, alors que cette politique que nous avons mené depuis 20 ans a montré son inanité. La gauche se retranche dans un quand a soi révolutionnaire, sans perspective. Bref, rien de vraiment satisfaisant...

Sinon, le point de vue de Claude Gabriel est discutable mais intéressant, et s'appuie sur des faits vérifiable....

Réorganisation opérationnelle du capital et éclatement du salariat
GABRIEL Claude
4 mai 2012

Il n’est pas étonnant qu’à une époque de crise et forte tension sociale sous-jacente, les illusions centristes à la Bayrou aient peu de crédit. Même si ce n’est que passager, la pression objective découpe deux camps et oblige les plus mous à radicaliser leur posture, des deux côtés. La colère sociale est partout. Mais elle se trouve répartie également dans les deux camps ! Le « mouvement ouvrier » comme son nom ne l’indique pas ne polarise plus, loin s’en faut, la majorité des plus modestes, les plus abandonnés par le système. Paradoxe conjoncturel ? Effet délétère mais passager de la crise ?

Le « vote ouvrier » justement ! Mais, de quelle classe ouvrière parle-t-on ? Que s’est-il passé en un quart de siècle au sein du salariat, au sein de l’organisation du travail ? Peut-on se contenter du rituel consistant à dire que les « travailleurs » sont majoritaires ? Phrase qui n’a plus de sens depuis que les classes rurales sont ultra minoritaires.

Alors première question : à qui s’adresse-t-on quand il s’agit de proposer une rupture avec le capitalisme ? A l’écrasante majorité de la population ? Oui mais encore ? A une grande partie de la jeunesse, à l’essentiel des salariés et agents de l’Etat, aux retraités modestes, aux petits acteurs indépendants du marché (agriculteurs, artisans), à une partie de ce qui est intitulé « professions libérales » et aux artistes et intellectuels ? Oui. Et justement une force politique anti-capitaliste (quelle que soit sa forme) devrait tendre à être plus ou moins le reflet de cet éventail ; devrait vouloir le faire. Nous en sommes loin.

Car, si toutes ces catégories ne se définissent pas de manières identiques dans leurs rapports objectifs aux mécanismes d’exploitation du capitalisme, aucune pourtant n’échappe durablement aux effets néfastes, économiques et sociaux, de celui-ci. D’autant plus que le capitalisme contribue à alimenter toutes sortes d’oppressions, de violence, de destruction de l’environnement et d’angoisse sociale dont il est difficile de s’abstraire pour toutes ces catégories. Alors quoi ? Faudrait-il considérer cet ensemble social comme un simple ensemble de cercles concentriques, sortes de « fractions sociales et fractions de classes », mais, avec les ouvriers d’industrie en leur centre, qui n’auraient « vraiment » que leurs chaînes à perdre ? Ou faut-il revoir cette copie et reconsidérer la formation sociale dans son ensemble ?
Le grand arc social du salariat

Les ouvriers et employés représentent autour de 45% (évaluation à partir des tableaux « Population de 15 ans ou plus selon la catégorie socioprofessionnelle en 2010 », INSEE), en éliminant de la catégorie « employés » les militaires et les policiers, en incluant les retraités, les chômeurs n’ayant jamais travaillé et environ ¼ des personnes déclarées diversement comme inactives.

Les catégories « populaires » représentent 87% de la population de plus de 15 ans :

• 45% pour les ouvriers et employés ;

• 41,8% pour ceux qui ne sont ni ouvrier, ni employé, ni chômeur ou retraité de ces deux catégories… mais qui ne sont ni agriculteurs moyens & grands, ni policier, ni militaire, tout en y incluant les jeunes de plus de 15 ans (8,3%), une part des cadres (du privé et de l’administration, 6.7% contre les 9% globalement), des professions libérales (0.2% contre 0,9%).

Les catégories sociales « bourgeoises, policiers, curés et gros agriculteurs » ne représentent pas plus de 13% de la population.

Les salariés - cette fois-ci au sens de personnes actives ayant un emploi -représentent 48% de la population de plus de 15 ans, hors scolarisés, dont 20% de cadres (après correctif des niveaux supérieurs) et les professions intermédiaires. Ces deux dernières catégories représentent donc 41% du salariat proprement dit. Quel que soit le périmètre, on arrive ainsi à un effectif ouvrier et employés qui représente pour sa part entre 50% et 60%.

L’industrie maintenant puisqu’elle est souvent au cœur des enjeux…Dans la métallurgie, il y a 52 % d’ouvriers, 28 % d’administratifs, techniciens et agents de maîtrise et 20 % d’ingénieurs et cadres, soit en gros 1/3 de catégories dites cadres et intermédiaires. Les cadres seuls représentent 20% de l’effectif dans la Chimie, 33% dans l’aéronautique et l’industrie ferroviaire (9 % en agro-alimentaire et dans l’automobile). Dans toute l’industrie en 2010, les recrutements de cadres dans les fonctions industrielles clefs non administratives se sont élevés à 60% de l’ensemble des entrées. Pourquoi cela ? Premier élément, la progression du taux d’encadrement : les gains de productivité dans le secteur industriel ont été continus entre 1997 et 2006, de +3,5% en moyenne par an, permettant une utilisation plus intensive du capital et du travail et favorisant au final la création d’emplois de cadres. La progression du taux d’encadrement a été significative dans les secteurs où les capacités d’innovation sont les plus élevées, par exemple dans les industries aéronautiques, ferroviaires et navales. L’effectif salarié de l’industrie a diminué de 18% entre 1994 et 2009, alors que pour l’ensemble des secteurs du privé il a progressé de 16% sur la même période. A l’inverse, l’effectif cadre dans l’industrie s’est accru de 23% entre 1994 et 2010, pour atteindre 473 000 fin 2010. Les entreprises par ailleurs ont procédé à une externalisation croissante des fonctions auxiliaires et les délocalisations ont laissé sur place les activités à plus forte valeur ajoutée.

Finalement, à moins de croire que l’on peut briser les liens entre l’une des premières puissances économiques et le capitalisme par la seule volonté d’une minorité de la population… le problème est sous nos yeux : la conviction de cette rupture doit être transmise bien au-delà des catégories les plus populaires.
Plus grande diversification du travail

Les gains de productivité, déjà mentionnés, mais aussi la quantité de « savoir » accumulé dans les machines, les procédés et les procédures ont très fortement accru la part de « travail intellectuel » dans toutes les branches économiques et sur beaucoup de postes de travail. Ce phénomène est loin de se restreindre aux catégories de cadres et de techniciens et s’est étendu depuis au moins vingt ans dans les catégories employés et ouvriers. Niveaux d’études requis, apprentissage sur le tas, autoformation, tout cela a accompagné l’évolution des emplois. Toutes choses sur lesquelles se sont appuyées les entreprises pour créer une confusion entre faculté des personnes à arbitrer dans certaines situations et autonomie réelle.

Le contenu cognitif croissant du travail pour une grande partie du salariat et le renforcement numérique des catégories cadres et techniciens se sont accompagnés de deux autres grands mouvements :

1. Un partie du salariat est restée – par besoin du système – engluée dans des métiers n’appelant pas d’autres gains de productivité que la simple intensification de la productivité physique, le plus souvent des emplois sous-qualifiés dans l’industrie et surtout les services. La massification de l’échec à scolaire, reflet d’une dégradation d’un système éducatif, renvoie à cette dualité des besoins actuels de capital, entre production de haute technicité et non qualification. Phénomène général en Europe au demeurant et que l’Allemagne traduit par exemple par l’absence de salaire minimum dans les services et libéralisation massive de l’intérim.

2. Quant au contenu cognitif grandissant du travail, au lieu de déboucher sur un renforcement de l’autonomie des individus vis-à-vis des directions supérieures de l’entreprise, il a finalement été gagné et capturé par ces dernières grâce… aux sauvegardes informatiques. Là où, par le passé, le savoir accumulé restait essentiellement la « propriété » des individus et faisait partie du dispositif de pression/négociation du technicien voire de l’ouvrier, dorénavant les procédures informatiques immobilisent ce savoir (y compris au sens comptable du terme) dans les actifs de l’entreprise, dépossédant les cadres opérationnels, les commerciaux, les chercheurs, les ouvriers les plus qualifiés de leurs savoirs et de leurs réponses empiriques. C’est un processus de prolétarisation par le haut qui se diffuse à différentes niveaux : dans la baisse des salaires à l’embauche des jeunes cadres, dans l’aptitude des entreprises à gérer un turn over croissant de leurs personnels qualifiés, dans les écarts salariaux grandissant entre haute hiérarchie et encadrement général. Si depuis toujours, le « comment les mettre au travail ? Comment optimiser le savoir des individus et comment discipliner ce savoir ? » s’intercale dans la mise en œuvre des mécanismes d’exploitation, la période récente a vu s’accroître spectaculairement la capacité du système à dérober une part grandissante du savoir individuel des salariés plutôt que sa simple « mise à disposition ».

Ces mouvements paradoxaux ont accru les divisions au sein du salariat. La position sociale dans le salariat n’est plus seulement « combien gagnez-vous ? » mais « où travaillez-vous ? » et « quelle est votre place dans le processus de travail ? ». Pour le vote Front national en mai 2012, c’est le niveau de diplôme qui compte le plus, comme l’avaient déjà noté des sociologues pour les précédents scrutins : un électeur sans diplôme sur deux (49%) voterait pour la candidate frontiste (Ifop) !

Tout cela doit attirer l’attention de quiconque veut poser la question du pouvoir, de quiconque a besoin de gagner l’écoute de couches salariales les plus larges pour être en position de poser un peu sérieusement la question de la rupture, en s’évitant l’ornière de la catégorie fumeuse de « classes moyennes », au pluriel en plus.
« Ouvriers, employés, techniciens et cadres »

Un autre facteur important doit être pris en compte, celui des modèles sociaux propres à chaque entreprise (relations sociales, politique salariale, formations etc.). Deux dynamiques se combinent : d’abord un mouvement général de gains de productivité et d’intensification de la charge de travail (quel que soit le secteur et la taille de l’entreprise, y compris bien sûr dans les entreprises publiques et les administrations) ; ensuite une dispersion grandissante des modèles sociaux non seulement entre secteurs et entreprises, mais aussi entre filiales et activités au sein d’un même groupe. L’équilibre entre de ces deux mouvements (l’un centripète, l’autre centrifuge) se fait grâce à des stratégies sociales à chaque fois spécifiques : politique complexe et très étendue de primes, segmentation des établissements, externalisation juridique de certaines fonctions, etc. – sans parler des spécificités locales en matière de temps partiel, heures supplémentaires, taux du recours à l’intérim et aux CDD. Le tout permettant de fractionner le modèle social interne. Il ne s’agit pas simplement de « diviser les salariés » mais plus sérieusement de chercher le modèle social optimum du point de vue des performances attendue de différentes divisions et tâches de l’entreprise, en fonction aussi de là où l’entreprise a décidé de « loger » sa marge dans ses comptes d’exploitation.

Cette sophistication des politiques sociales, parfois favorisées par l’ampleur des marges et leur redistribution interne en corrélation avec la productivité, a contribué à une plus grande dispersion des salaires, même si la relation objective de subordination et d’exploitation est générale. La décentralisation productive (réseau de filiales, compartimentation des activités, filialisation, externalisation) a facilité cette forte segmentation, pas seulement subjective, mais souvent sonnante et trébuchante, la politique sociale et salariale se montrant très différenciée, y compris au sein des catégories traditionnelles, ouvriers, agents de maîtrise ou cadres. Les exemples abondent :

• Du personnel volant d’Air-France à celui des petites entreprises travaillant en sous-traitance (bagages, sécurité, catering) dans les aérogares.

• Des employés des laboratoires pharmaceutiques aux ouvriers façonniers de sous-traitance.

• Des techniciens de PSA ou Renault aux employés de petites entreprises de sous-traitance de 3e ou 4e rang.

Les disparités de revenu salarial sont plus marquées parmi les employés et parmi les ouvriers, ces deux catégories socioprofessionnelles étant très hétérogènes en matière de durée d’emploi dans l’année, mais aussi en termes de métiers ou de secteurs d’activité. Chez les cadres, les disparités de revenu salarial sont nettement plus faibles, mais les écarts sont très importants en ramenant chacun à un temps de travail égal (cf. Bertrand Marc, Nathalie Missègue, Laurence Rioux, Insee.).

Il faut ajouter que la part des salaires les plus élevés (les 1% qui en 2009 touchaient plus de 79.000 euros) a fortement cru au cours des vingt dernières années : de 6% en 1995 à 7% en 2007. Et ce phénomène est encore bien plus spectaculaire si l’on prend les 0,1% les mieux rémunérés ! Cet étirement salarial au sein du 9e décile, sans parler de la ponction scandaleuse des « grands patrons », n’est pas sans conséquence sur la manière dont une partie des cadres peut prendre conscience de sa place définitivement subalterne.
Le propagandisme ouvriériste n’a pas d’avenir

Le dernier quart de siècle a donc fortement accru les disparités au sein du salariat. Pas simplement en termes de revenu et de niveau de vie, mais aussi très substantiellement en matière de contenu cognitif du travail. C’est même peut-être sur ce point que les écarts se sont le plus creusés, pas seulement et loin s’en faut entre les catégories socio-professionnelles traditionnelles, mais sein de chacune d’entre elles. Cette évolution est indépendante de celle du travail taylorisé ou de la perception que chacun a de la taylorisation ou pas de son poste. On peut fort bien travailler dans un schéma taylorien (lean production par exemple dans l’industrie) et devoir investir beaucoup de connaissances et de subjectivité pour dénouer diverses situations. On en connaît d’ailleurs les conséquences : stress, angoisse, souffrance psychique succèdent à l’abrutissement, l’épuisement physique, pathologies typiques du travail industriel des années 60 et 70.

Cette transformation a bien évidemment été portée par l’évolution du capitalisme lui-même, mais aussi par la sophistication des procédés, des procédures et des normes, pour partie due à l’évolution de la science, au contenu de plus en plus complexe de l’activité humaine et de la division du travail. Le résultat est saisissant : selon les branches, les entreprises ou les activités, les écarts de prérequis scolaires puis de connaissances accumulées se sont considérablement agrandis. Au sein des grandes classifications socio-professionnelles et entre elles, mais aussi entre industrie et services, et énormément au sein des services eux-mêmes, etc. Du coup, beaucoup de postes nécessitant une formation universitaire prolongée n’échappent pas dans l’entreprise à une gestion serrée de leur contribution à la « création de valeur », selon les termes en vogue chez les stratèges du capital. Là où il y a encore 25 ans ils auraient été considérés (toutes choses égales par ailleurs) comme des postes de surveillance et d’organisation, ils sont clairement identifiés aujourd’hui par leur entreprise comme des postes opérationnels et productifs.

Indépendamment de la subordination et de l’exploitation – situation générale du salariat à quelques exceptions près – cela accentue les différences de perception du rapport de chacun au travail, mais aussi de l’entreprise et tout bonnement du monde. Inutile de chercher, à ce propos, quels sont ceux et celles qui dans cette évolution sont disposés à la meilleure « conscience de classe » car cela n’a rien à voir. Par contre, pas mal de structures syndicales vont se lamenter longtemps encore pour n’être restées audibles que d’une frange minoritaire du salariat de leur branche, ou pour n’avoir jamais su simplement s’adresser au second voire au troisième collège des élections professionnelles. Sans parler d’autres impasses comme celle des femmes ou des travailleurs issus de l’immigration.

L’idée qu’il peut exister, au sein du salariat, un prolétariat plus révolté, plus conscient, plus à même d’adhérer à un anticapitalisme progressiste est une impasse. Non pas qu’il ne puisse pas y avoir parmi ces secteurs des travailleurs qui ont cette conscience, mais la focalisation propagandiste et quasi sémantique sur cette fraction du salariat est un choix minorisant.
Sociologie de la désindustrialisation

La prolétarisation s’est étendue mais l’éventail des situations sociales et professionnelles, en son sein, s’est significativement élargi, et par conséquent les subjectivités afférentes.

Le débat médiatique parfois fumeux sur la « fracture » sociale, technologique, scolaire ou professionnelle renvoie tout de même à cette évolution économique et sociale des sociétés capitalistes. Cet étirement du spectre salarial ne repose pas que sur la différenciation des salaires, d’autant que la crise peut fort bien, demain, placer un nombre encore plus important de gens dans une situation de précarité. C’est l’ensemble de l’organisation du travail au sein des process de production et des organisations opérationnelles qui a conduit à cette situation en l’espace de 25 ou 30 ans.

En période économiquement favorable à l’emploi et à la négociation sociale, cette évolution sociologique favoriserait les réponses réformistes et le syndicalisme d’accompagnement. Ce qui n’enlèverait rien, faut-il le redire, à la tension objective du rapport salarial. Mais, ces temps sont dépassés. Aujourd’hui le capitalisme ne pourrait même plus absorber les réformes sociales post-1981, et évidemment pas les nationalisations ! Très vite la « réforme » provoquerait et nécessiterait l’affrontement social. Déjà, le tournant de 1983 du gouvernement Mauroy indiquait qui était le vrai chef, le capital ! Dit autrement : dans le contexte actuel, il ne peut y avoir d’adhésion populaire massive au PS et l’on doit noter au passage l’incapacité de la CFDT à dépasser son seuil actuel de représentativité en dépit de ses professions de foi sur le syndicalisme de propositions. Une grande partie du salariat (quelle que soit la réponse que les gens y apportent ensuite) ne croit pas à cette voie-là. Ils savent, confusément sans doute, que l’idée de simple canalisation, domestication, encadrement du marché est une illusion.

Mais, symétriquement, la défaite politique est définitivement assurée à ceux qui campent sur un pur propagandisme anticapitaliste mâtiné de quelques revendications sociales immédiates. Pensent-ils devoir s’adresser prioritairement à un « noyau dur » du prolétariat, au demeurant minoritaire ? Ou, croient-ils pouvoir emporter l’adhésion de millions de salariés, de jeunes, d’anciens salariés, d’intellectuels, d’ingénieur et de médecins, à coup de slogans qui avaient une fonction d’agitation il y a 40 ou 50 ans mais qui sont réduits aujourd’hui à une mimique impuissante. C’est la marginalité sociale de tout repli sur une propagande formellement « lutte de classe », sans rapport avec la formation sociale réelle et frisant du même coup le messianisme social.

L’approfondissement des différenciations au sein du salariat et de la société toute entière n’est pas synonyme d’une minorisation inexorable (et définitive ?) du prolétariat « réel » au milieu d’une sorte de salariat petit-bourgeois. Mais, il faut savoir regarder la réalité en face et saisir que la colère générale, qui aujourd’hui anime cette société, exige une traduction politique non pas « réaliste » au sens du renoncement mais crédible au sens de la complexité du réel, c’est-à-dire de la mondialisation financière.
Irrémédiable !

Tous ceux qui font croire aux ouvriers de certains secteurs qu’une « bonne » politique permettra de ramener de l’emploi industriel « comme avant » sont des menteurs. Du Sarkozy des Etats généraux de l’Industrie en mars 2010 au PS des présidentielles avec effets d’annonce sur les PME, en passant par « Achetons français » de Bayrou, tous sont de fieffés bluffeurs. Car, le vieux tissu industriel s’est effiloché sous l’impact de plusieurs facteurs structurels :

• Le premier étant les gains de productivité et d’efficacité de l’industrie moderne,

• Le second étant la réorganisation du maillage industriel des groupes au sein de périmètres élargis, européens, méditerranéens et mondiaux,

• Débouchant sur une nouvelle division internationale du travail.

Les choses vont d’ailleurs en s’accélérant : dans un premier temps l’ouverture européenne a permis aux groupes industriels, du fait des impératifs de la compétition marchande, d’élargir leurs investissements vers l’Europe centrale. Arrivés à une situation classique de suraccumulation, ces groupes élaguent maintenant leurs actifs, détruisent de la surcapacité productive, rationalisent leurs dispositifs. Ce faisant, ils poursuivent le mouvement de déconcentration industrielle, ils répartissent autrement leur actifs dans un espace désormais plus vaste. Même l’Allemagne connaît ce processus.

Ce mouvement de réallocation des actifs industriels au sein d’un périmètre mondial mais surtout européen/bassin méditerranéen est irrémédiable parce qu’il contient – dans la quête de compétitivité marchande - une part (tout de même) de rationalité, celle qui renvoie au besoin qu’a le capitalisme d’économiser (à sa manière !) des moyens et de rationaliser la chaîne productive. En effet, quelle pourrait être demain la vertu d’une industrie faisant le chemin inverse et produisant à peu près les mêmes véhicules dans chaque pays ? Ou des produits alimentaires largement standardisés ? Ou des produits issus de la chimie, des médicaments, du textile ? Aucune.

Par contre, il reste deux critères que le capitalisme n’a ni l’intention réelle ni la possibilité d’intégrer à ses calculs : l’arbitrage sur la trace carbone des flux physiques au travers du continent et du monde ; et la mise en œuvre d’une politique économique permettant un développement harmonieux et égalitaire de l’ensemble des territoires européens.

La rupture ce sera aussi cela. C’est dans ce cadre que des industries pourraient être maintenues là où elles existent encore et que d’autres pourraient s’implanter. A moins de croire à une sorte de « révolution nationale » protectionniste et semi autarcique (cf. le FN). Mais cette révolution nous ferait revenir en deçà de la part efficiente du capitalisme. Elle serait ultra régressive en matière d’économies de moyens.

Une fraction du prolétariat est donc en train de mourir, abandonnée, éparpillée. Certains secteurs de la métallurgie, de la chimie, de l’agro-alimentaire, les derniers vestiges du textile, et certains métiers en leur sein, vont disparaître d’ici dix à quinze ans, aux termes d’un long processus qui aura commencé il y a trente ans par la décentralisation productive, la fin des très grandes concentrations productives, la segmentation des conglomérats. Cela n’a rien à voir avec le fantasme de la disparition de l’industrie. Celle-ci continuera d’exister sous forme de réseaux productifs transeuropéens qui, dans le cadre d’une transition de rupture avec l’économie de marché, devra intégrer un contrôle ex-ante de l’efficience écologique distances / flux physiques. Elle continuera aussi à exister sous forme de sites dont l’activité et les débouchés auront un sens au niveau local ou régional. Des formes de relocalisation (y compris sous la contrainte politique) ne s’émanciperont pas pour autant d’une logique de « chaîne productive mondiale », de rendement énergétique, de contrôle des taux d’utilisation des capacités productives.

La conscience de ces secteurs ouvriers est modelée par cette réalité. C’est avoir 50 ans dans un site de fonderie dans le Nord, qui a perdu 70% de ses effectifs en 15 ans, qui travaille pour des entreprises qui baissent drastiquement leurs commandes, avec la certitude que ça va fermer dans les 2 ans, que l’on ne retrouvera aucun travail et que ses enfants ont peu de chance de vivre mieux que leurs parents… Voilà la situation réelle que ces personnes, abandonnés par le système, ont intériorisée. Leur bataille est perdue, ils le savent bien mieux que quiconque. Ils trouvent alors un dérivatif dans leur colère et même leur haine de l’Europe, des Chinois, des autres,…qui leur volent « leur » industrie et leur travail. C’est une impasse interprétative dont la plupart ne sortiront plus maintenant, emmenant avec eux (on espère conjoncturellement) une partie des jeunes de leur ville qui survivent de petits boulots. Le vote aux présidentielles de mai 2012 à Hénin-Beaumont ou sur le bassin sidérurgique de Florange l’atteste quelque peu !

La manière dont le système lie le poste de travail à la personne fait qu’inexorablement l’absence d’anticipation sur les filières et les bassins d’emplois mènent les individus à cette désespérance. Comme pris les deux pieds dans le béton de leur entreprise, ils coulent avec. Le capitalisme les broie en même temps qu’il mute lui-même.

Or, souvent on sait prévoir la dynamique d’une branche. Le tout est de vouloir anticiper, de poser les problèmes, de distinguer l’avenir de ces emplois et l’avenir des gens qui les occupent, de mettre en place des politiques de très grande ampleur en matière de reconversion, de maintien des salaires, etc. Toutes choses qui sont hors de portée et hors de question sous le capitalisme. Contre le capitalisme, les notions de rupture et de transition systémique doivent intégrer cette nécessité d’anticipation sur le moyen terme, en donnant la priorité au développement humain. D’autant plus qu’un gouvernement « de la rupture » devra lui-même s’engager dans la destruction plus ou moins lente de dizaines de milliers d’emplois en raison de facteurs écologiques, d’irrationalité productive, de lutte contre l’inefficience bureaucratique, de démantèlement d’une partie de l’industrie d’armement, etc. Il faudra donc bien séparer la suppression du poste de travail et le sort de la personne qui l’occupe.

Le capitalisme, lui, se soucie comme d’une guigne de cette anticipation. Peu luimporte que des dizaines de milliers de salariés soient sous la menace d’évolution des métiers, des techniques, de modèles industriels ou commerciaux : « ils couleront avec leur emploi » voilà tout ! Mais on ne répond pas à cela en se contentant de dénoncer « la casse », en donnant pour seul horizon « les luttes » et l’interdiction des licenciements (voir ma précédente contribution).
Salaires et patrimoine

Le mécanisme d’exploitation, celui du détournement du travail au profit d’un accaparement privé, touche la moitié de la population de plus de 15 ans. Il ne s’arrête pas aux seules catégories d’ouvriers et d’employés, loin s’en faut. Mais, la position professionnelle des personnes ne doit pas être le seul sujet de réflexion.

A l’hétérogénéité spectaculaire des savoirs, des technicités, des qualifications, des contenus cognitifs ou pas du travail, nonobstant les hiérarchies formelles dans l’entreprise, s’ajoute une grande diversité des situations patrimoniales des individus, sans rapport avec les années 60 et 70.

L’étirement de la hiérarchie salariale (incluant l’intéressement salarié et plus modestement l’actionnariat salarié) a joué un rôle dans ce processus au cours des vingt dernières années. Mais l’affaire ne tient pas qu’à cela. Il y a eu aussi une sorte d’effet richesse, marginalement dû aux produits financiers de placement mais surtout lié à la valorisation de la propriété immobilière, y compris par effet d’héritage. Car, les prix de l’immobilier ont progressé de 120% entre 2000 et 2010.

En 2009, 58 % des ménages étaient propriétaires (8 fois sur 10 de leur résidence principale). Ce niveau, modeste par rapport à la moyenne européenne, s’est stabilisé depuis dix ans ; il était de 54% en 1987. Les 2/3 des ménages concernés ont terminé le remboursement du crédit contracté. Aujourd’hui, si l’on s’en réfère aux statistiques avancées plus haut, près de 40% des salariés sont donc propriétaires d’un bien… valorisable par le marché. Depuis 2003, dès le quatrième décile de niveau de vie, plus de la moitié des ménages sont propriétaires.

La valorisation des actifs immobiliers au cours du dernier quart de siècle s’est ainsi ajoutée aux hiérarchies salariales sans forcément y correspondre complètement. L’effet richesse patrimoniale (relative) a légèrement difracter la lecture purement salariale. D’autant qu’avec la croissance au cours des années 80 et 90 du nombre de ménages disposant d’un actif immobilier, nous voyons maintenant un effet transmission par l’héritage. Il fut un temps où être propriétaire c’était se faire gentiment taxer de capitaliste par son entourage. Plus aujourd’hui. A cela s’ajoute parfois d’autres effets patrimoniaux comme l’assurance-vie qui a pris une certaine place dans les modes d’épargne. Mis bout à bout, il existe donc bien une partie du salariat dont l’épargne patrimoniale est désormais significative et dépend du marché pour sa valorisation.

La prise en compte du patrimoine est devenue nécessaire pour mesurer les inégalités au sein même du salariat. Cet effet étend les inégalités et modifie quelque peu la simple hiérarchie salariale (Voir : Economie et Statistiques n°414, Alexandre Baclet et Émilie Raynaud, 2008). Ceci ne condamne pas 40% des gens aux affres de la compromission petite-bourgeoise mais cela creuse quelque peu les distances de perception. La détestation de la cupidité spéculative et de des grandes sociétés arrogantes est très répandue et sans doute très majoritaire dans le salariat en général. Tout autre chose est le rapport à la propriété, à l’épargne transformée en patrimoine puis léguée, à l’hédonisme apparent des choix de consommation, à la singularité de chacun et de chacune en toutes choses, à l’opposé d’une croyance en un bloc social objectivé par le seul rapport salarial.

Et donc le marché dans tout cela ? Expropriation des patrons ? Socialisation des moyens de production ? Voilà que même les plus « radicaux » se mettent à proférer des attentions particulières envers les artisans et les petites entreprises. Serait-ce parce que le marché résisterait longtemps au coup de boutoir de la révolution !? Il est donc préférable de trouver quelques formules générales qui indiquent une trajectoire plutôt qu’un schéma dogmatique : qu’il faut par exemple que l’ensemble des besoins sociaux fondamentaux (alimentation de base, santé, éducation, grands transports, grande communication…) échappent à la marchandisation ; que le marché doit cohabiter mais qu’il soit placé en situation de subordination. Cela suffira pour être entendus aujourd’hui, et cela évitera d’émettre des avis hasardeux qui auraient ce léger parfum d’économie stalinienne et de « planification » omnipotente. Cela ne règle pas tout, notamment sur les processus d’accumulation inhérent à la propriété privée, mais ça donne tout de même un point de référence à la notion de rupture systémique.
Proposer une rupture démocratique radicale

La crise de tout le mouvement syndical (et de l’extrême-gauche) combine une crise de représentation de la diversité du salariat et une crise programmatique à la hauteur de la mondialisation financière. Les deux choses étant liées en partie. C’est la résultante des défaites du dernier quart de siècle (réorganisation productive du capitalisme et tyrannie des actionnaires) et du retard pris dans le simple diagnostic des changements d’organisation du capital.

S’adresser au plus grande nombre et tenter de les convaincre, c’est donc aussi élaborer l’épure d’institutions alternatives tant au niveau local des quartiers qu’au niveau national et européen. Il n’est pas possible de ne pas rattacher un projet socio-économique à un projet démocratique radical… Projet néanmoins intelligible et crédible après un siècle de parlementarisme et d’illusion sur celui-ci. La fin de la fonction présidentielle et la république des conseils n’est sans doute pas l’équation immédiate la plus convaincante dans l’agitation quotidienne ! Or, il faut aussi avancer des solutions de rupture dans le domaine institutionnel au même titre que dans le domaine économique. Autant dire que dans les deux cas le niveau européen est aujourd’hui d’une grande importance. Pas simple ! Mais faire l’économie de cette élaboration ou penser qu’il y aurait nécessairement une dose de réformisme et de compromission en avançant des revendications démocratiques conduit également à la marginalité politique.

Claude Gabriel, 4 mai 2012
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Message  Eugene Duhring Ven 4 Mai - 23:03

gérard menvussa a écrit:Je pense que l'impensé du npa, c'est le vide stratégique (savoir où on va, et se donner les moyens d'y aller) Et que la dessus, tout le monde a canné, que ce soit la droite ou la gauche. La droite, confronté a son échec, se complait dans la "dragouille" des courants "de gauche" du ps et du pcf, alors que cette politique que nous avons mené depuis 20 ans a montré son inanité. La gauche se retranche dans un quand a soi révolutionnaire, sans perspective. Bref, rien de vraiment satisfaisant...

Sinon, le point de vue de Claude Gabriel est discutable mais intéressant, et s'appuie sur des faits vérifiable....

Bizarre, ça fait des mois et des mois que j'enfonce ce clou du "vide stratégique, de l'inanité", non sans au passage recevoir une critique acerbe notamment de ta part pour finir ... par adopter mes critiques ou tout du moins en partie !
Eugene ... sort de ce corps !

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Message  gérard menvussa Sam 5 Mai - 10:11

Non, si il y a des divergences entre nous (et il y en a !), ce n'est pas en ce constat, mais dans les solutions... Et sur ton insistance sur le fait de "crier" notre disponibilité a prendre la tête du mouvement ouvrier. Or je pense que ce genre de chose se démontre et ne se proclame pas.
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Message  Copas Sam 5 Mai - 14:20

Il est arbitraire de tronçonner le texte de Gabriel mais c'est obligé tant à mon sens il y a là une distorsion de la compréhension des choses et la logique des conclusions.
Il s'appuie sur des chiffres vérifiables, mais d'autres hum..., mais en construit des faits discutables et des conclusions contestables.


Réorganisation opérationnelle du capital et éclatement du salariat
GABRIEL Claude
4 mai 2012
Le « vote ouvrier » justement ! Mais, de quelle classe ouvrière parle-t-on ? Que s’est-il passé en un quart de siècle au sein du salariat, au sein de l’organisation du travail ?

Bien, parler du mouvement ouvrier et de ce que les médias, s'appuyant sur une définition particulière de ce qu'est un ouvrier, appellent "vote ouvrier", c'est déjà un très mauvais départ, c'est sous-entendre que le mouvement ouvrier = les ouvriers au sens où l'entend l'INSEE. Ce n'est pas ce que pense de soi-même une partie du mouvement ouvrier.

Peut-on se contenter du rituel consistant à dire que les « travailleurs » sont majoritaires ? Phrase qui n’a plus de sens depuis que les classes rurales sont ultra minoritaires.

Et pourquoi donc cela n'aurait plus de sens parce que cela n'en a jamais eu autant ?

Quel est ce raisonnement ?
Au contraire, cette réalité énorme et qui est en train de s'accomplir à niveau planétaire est le fait saillant de ces 25 dernières années, et cette réalité a un sous-tendu : le poids numérique colossal du prolétariat urbain sur la planète.
Ce n'est pas parce que c'est devenu notre paysage et l'air que nous respirons que cela n'a pas de sens ni ne se dissout dans la réalité.
Prendre cette réalité à bras le corps et en comprendre les potentiels, c'est inserrer les contradictions et divisions qui parcourent le poids numérique colossal de notre classe dans un espace commun qui rendent plus fortes et plus aisées certaines questions de la révolution et de la transition vers une société sans classe prédatrice.

Alors première question : à qui s’adresse-t-on quand il s’agit de proposer une rupture avec le capitalisme ? A l’écrasante majorité de la population ? Oui mais encore ? A une grande partie de la jeunesse, à l’essentiel des salariés et agents de l’Etat, aux retraités modestes, aux petits acteurs indépendants du marché (agriculteurs, artisans), à une partie de ce qui est intitulé « professions libérales » et aux artistes et intellectuels ? Oui. Et justement une force politique anti-capitaliste (quelle que soit sa forme) devrait tendre à être plus ou moins le reflet de cet éventail ; devrait vouloir le faire. Nous en sommes loin.

Nous avons là les limites de l'anti-capitalisme qui était une forme propagandiste momentanée, ne définissant rien des problèmes de stratégie ni d'objectifs en termes suffisants.

Il s'agit donc de taper dans la butte.

La société n'est pas une collection à la Prévert, elle a un tissu et une structure. Les endroits où se fabriquent les richesses (quel qu’elles soient), où se trouvent des concentrations de producteurs et où sont les centres qui peuvent faire' basculer le monde.
Au delà des litanies, ce n'est pas un hasard si le travail, le lieu de travail, est le lieu où, comme dans les casernes et les prisons, les travailleurs n'ont plus de droits démocratiques, de libertés individuelles et collectives (sauf et de façon très limitées sous la forme du droit à organisation syndicale, avec des rambardes épaisses).

Car, si toutes ces catégories ne se définissent pas de manières identiques dans leurs rapports objectifs aux mécanismes d’exploitation du capitalisme, aucune pourtant n’échappe durablement aux effets néfastes, économiques et sociaux, de celui-ci. D’autant plus que le capitalisme contribue à alimenter toutes sortes d’oppressions, de violence, de destruction de l’environnement et d’angoisse sociale dont il est difficile de s’abstraire pour toutes ces catégories. Alors quoi ? Faudrait-il considérer cet ensemble social comme un simple ensemble de cercles concentriques, sortes de « fractions sociales et fractions de classes », mais, avec les ouvriers d’industrie en leur centre, qui n’auraient « vraiment » que leurs chaînes à perdre ? Ou faut-il revoir cette copie et reconsidérer la formation sociale dans son ensemble ?

Personne n'échappe aux méfaits d'une organisation du monde basé sur la prédation d'une classe sur les autres classes, particulierement la prédation contre la working class (clin d'oeil sur les masturbations franco-françaises sur le définition de l'ouvrier), puisque les autres ce sont fait écraser pour l'essentiel, même les bourgeois en sont victimes par les travers tordus qui les parcourent.

Il n'y a jamais eu de problème d'appeler tous les membres d'une société à choisir leur destin en faveur de l'humanité et non en faveur d'une classe prédatrice et égoïste, et donc de militer pour un monde meilleur et le socialisme (pouvoir des travailleurs);

Ca n'empêche pas que cette société a une structure de classe, aux niveaux les plus concrets, même avec les mobilités qui révolutionnent sans arrêt la société sous l'impulsion bourgeoise.

Organiser la classe ouvrière, on peut l'appeler d'un autre nom si on le désire du moment que cela ne change rien de sa définition non restrictive, est important car c'est elle qui produit l’essentiel des richesses de la société.

Mais tout cela a une structure. Par exemple les postiers, l'essentiel des cadres compris, sont un secteur de la classe ouvrière à organiser du point de vue du mouvement d'émancipation de la classe ouvrière. C'est un secteur déchiré et en voie de vagues de destructions d'emplois, mais qui est encore très important et qui a une place importante dans le processus de production de richesses d'une société.

Les pays qui ont connu une privatisation accomplie de la poste par des opérateurs concurrents important n'échappent pas à la réalité de leur rôle important dans les sociétés concernées. Ce sont des entreprises bien qu'amoindries, ayant encore un grand nombre de travailleurs et pour lesquelles la lutte de classes se déploie .


Le grand arc social du salariat

Les ouvriers et employés représentent autour de 45% (évaluation à partir des tableaux « Population de 15 ans ou plus selon la catégorie socioprofessionnelle en 2010 », INSEE), en éliminant de la catégorie « employés » les militaires et les policiers, en incluant les retraités, les chômeurs n’ayant jamais travaillé et environ ¼ des personnes déclarées diversement comme inactives.
Les catégories « populaires » représentent 87% de la population de plus de 15 ans :

• 45% pour les ouvriers et employés ;

• 41,8% pour ceux qui ne sont ni ouvrier, ni employé, ni chômeur ou retraité de ces deux catégories… mais qui ne sont ni agriculteurs moyens & grands, ni policier, ni militaire, tout en y incluant les jeunes de plus de 15 ans (8,3%), une part des cadres (du privé et de l’administration, 6.7% contre les 9% globalement), des professions libérales (0.2% contre 0,9%).

Les catégories sociales « bourgeoises, policiers, curés et gros agriculteurs » ne représentent pas plus de 13% de la population.

Les salariés - cette fois-ci au sens de personnes actives ayant un emploi -représentent 48% de la population de plus de 15 ans, hors scolarisés, dont 20% de cadres (après correctif des niveaux supérieurs) et les professions intermédiaires. Ces deux dernières catégories représentent donc 41% du salariat proprement dit. Quel que soit le périmètre, on arrive ainsi à un effectif ouvrier et employés qui représente pour sa part entre 50% et 60%.


Bien,
J'invite les camarades à consulter deux choses sur le site de l'INSEE:

Les définitions des catégories socio-professionnelles selon l'INSEE :
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=nomenclatures/pcs2003/liste_n1.htm

1 Agriculteurs exploitants
2 Artisans, commerçants et chefs d'entreprise
3 Cadres et professions intellectuelles supérieures
4 Professions Intermédiaires
5 Employés
6 Ouvriers
7 Retraités
8 Autres personnes sans activité professionnelle

Une fois que l'on a vu cela, on peut consulter avec intérêt le détail de chaque catégorie et j'invite expressément à visiter ce qui est mis dans "professions intermédiaires" ou "cadres et professions intellectuelles supérieures".

http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=nomenclatures/pcs2003/liste_n4.htm

On verra alors de curieux appariements qui font paraitre les catégories sociales, du point de vue de l'INSEE, comme un magasin de farces et attrapes.
Pour pouvoir aborder les catégories 3 et 4 , il est nécessaire de faire une plongée dans les détails de ce qui est mis là, pour relativiser puissamment ce qui est raconté sur les catégories sociales, notamment par notre ami.


On pourra lors comprendre concretement ensuite en se portant sur les revenus réels qui permettent d'avoir une relativisation puissante de l'importance numérique des cadres à 7000 euros par mois...

Il ne faut pas confondre le titre et la réalité sous-jacente de la place réelle et concrete dans le processus de production de richesses, couplé, pour vérification de quoi on parle, avec les revenus réels qui donnent des aspects indicatifs interessants.

Ainsi la poussée du nombre de cadres, professions intermédiaires, ne renvoie pas à une dissolution ou une relativisation de la classe ouvrière mais à une redistribution en son sein, avec des tâches nécessitant un niveau de formation bien plus élevé qu'avant.

Donc là :

http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATSEF04142

et on peut s'amuser en glissant le salaire de notre cadre à 7-8000 euros pour vérifier l'importance numérique de cette catégorie de salariés :

http://www.inegalites.fr/spip.php?page=salaire



L’industrie maintenant puisqu’elle est souvent au cœur des enjeux…Dans la métallurgie, il y a 52 % d’ouvriers, 28 % d’administratifs, techniciens et agents de maîtrise et 20 % d’ingénieurs et cadres, soit en gros 1/3 de catégories dites cadres et intermédiaires. Les cadres seuls représentent 20% de l’effectif dans la Chimie, 33% dans l’aéronautique et l’industrie ferroviaire (9 % en agro-alimentaire et dans l’automobile).
Dans toute l’industrie en 2010, les recrutements de cadres dans les fonctions industrielles clefs non administratives se sont élevés à 60% de l’ensemble des entrées. Pourquoi cela ? Premier élément, la progression du taux d’encadrement : les gains de productivité dans le secteur industriel ont été continus entre 1997 et 2006, de +3,5% en moyenne par an, permettant une utilisation plus intensive du capital et du travail et favorisant au final la création d’emplois de cadres.

La progression du taux d’encadrement a été significative dans les secteurs où les capacités d’innovation sont les plus élevées, par exemple dans les industries aéronautiques, ferroviaires et navales. L’effectif salarié de l’industrie a diminué de 18% entre 1994 et 2009, alors que pour l’ensemble des secteurs du privé il a progressé de 16% sur la même période. A l’inverse, l’effectif cadre dans l’industrie s’est accru de 23% entre 1994 et 2010, pour atteindre 473 000 fin 2010. Les entreprises par ailleurs ont procédé à une externalisation croissante des fonctions auxiliaires et les délocalisations ont laissé sur place les activités à plus forte valeur ajoutée.

Finalement, à moins de croire que l’on peut briser les liens entre l’une des premières puissances économiques et le capitalisme par la seule volonté d’une minorité de la population… le problème est sous nos yeux : la conviction de cette rupture doit être transmise bien au-delà des catégories les plus populaires.

Bien quand on ne questionne pas la réalité de la notion d'encadrement, de la réalité des catégories glissées par l'INSEE comme cadres et professions intermédiaires, d'un point de vue salarial comme du point de vue du processus de production, on en vient à une vision complétement déformée de la réalité.

Ce qui n'empêche pas d'observer que les organisations du travail, les concentrations, les types de taches, etc, ne sont plus les mêmes qu'avant : le capitalisme révolutionne sans cesse les processus productifs, brise sans cesse des solidarités par le mouvement même de son renouvellement et de ses recherches d'accroissement des profits.

Ces 30 dernières années ont vu un prolétariat urbain, au sens moderne et réel du terme, transfiguré et plus gros, avec de nouveaux métiers, de nouveaux secteurs d'activité et de production, de nouveaux produits (y compris ce qui est appelé à tord immatériels), de nouveaux processus de production. Ce fut un grand chambardement encore en cours.

Il se construisit sur des reculs du mouvement ouvrier et ses organisations, notamment par la destruction de ce que furent les bastions de la classe ouvrières, notamment également par la dispersion et la destruction des couches sociales particulières sur lesquelles s'appuya le PC et le syndicalisme pour se construire.

Mais cela n’empêcha pas le prolétariat urbain de croitre encore en proportion dans la population .


Plus grande diversification du travail

Les gains de productivité, déjà mentionnés, mais aussi la quantité de « savoir » accumulé dans les machines, les procédés et les procédures ont très fortement accru la part de « travail intellectuel » dans toutes les branches économiques et sur beaucoup de postes de travail. Ce phénomène est loin de se restreindre aux catégories de cadres et de techniciens et s’est étendu depuis au moins vingt ans dans les catégories employés et ouvriers. Niveaux d’études requis, apprentissage sur le tas, autoformation, tout cela a accompagné l’évolution des emplois. Toutes choses sur lesquelles se sont appuyées les entreprises pour créer une confusion entre faculté des personnes à arbitrer dans certaines situations et autonomie réelle.

Oui, bien sur le bond en avant du contenu cognitif du travail est un des traits saillants de l'évolution de la classe ouvrière, de toute la classe ouvrière.
L'utilisation d'outils numériques s'est étendue à un niveau exceptionnel et va s'étendre encore, et c'est là un des aspects.
Le niveau de formation, des tâches, les contours des nouvelles conditions de productivité imposées par le capital, rendent encore plus aisées qu'avant les connaissances et tours de mains nécessaires pour la prise de pouvoir par le prolétariat moderne.


1. Un partie du salariat est restée – par besoin du système – engluée dans des métiers n’appelant pas d’autres gains de productivité que la simple intensification de la productivité physique, le plus souvent des emplois sous-qualifiés dans l’industrie et surtout les services. La massification de l’échec à scolaire, reflet d’une dégradation d’un système éducatif, renvoie à cette dualité des besoins actuels de capital, entre production de haute technicité et non qualification. Phénomène général en Europe au demeurant et que l’Allemagne traduit par exemple par l’absence de salaire minimum dans les services et libéralisation massive de l’intérim.

Dans l'industrie et surtout dans les services sont apparus aussi un énorme bond en avant des contenus cognitifs du travail.
La massification de l'échec scolaire n'est pas un phénomène nouveau. L'utilisation massive d'outils numériques, fusse-t-il des fois pour la futilité, croissante, dessine une réalité tumultueuse mais croissante impactant fondamentalement le niveau d'instruction de la population et du prolétariat.
Un phénomène qui se voit au nord et au sud...

Ce phénomène suit, accompagne la croissance du prolétariat moderne .

2. Quant au contenu cognitif grandissant du travail, au lieu de déboucher sur un renforcement de l’autonomie des individus vis-à-vis des directions supérieures de l’entreprise, il a finalement été gagné et capturé par ces dernières grâce… aux sauvegardes informatiques. Là où, par le passé, le savoir accumulé restait essentiellement la « propriété » des individus et faisait partie du dispositif de pression/négociation du technicien voire de l’ouvrier, dorénavant les procédures informatiques immobilisent ce savoir (y compris au sens comptable du terme) dans les actifs de l’entreprise, dépossédant les cadres opérationnels, les commerciaux, les chercheurs, les ouvriers les plus qualifiés de leurs savoirs et de leurs réponses empiriques. C’est un processus de prolétarisation par le haut qui se diffuse à différentes niveaux : dans la baisse des salaires à l’embauche des jeunes cadres, dans l’aptitude des entreprises à gérer un turn over croissant de leurs personnels qualifiés, dans les écarts salariaux grandissant entre haute hiérarchie et encadrement général. Si depuis toujours, le « comment les mettre au travail ? Comment optimiser le savoir des individus et comment discipliner ce savoir ? » s’intercale dans la mise en œuvre des mécanismes d’exploitation, la période récente a vu s’accroître spectaculairement la capacité du système à dérober une part grandissante du savoir individuel des salariés plutôt que sa simple « mise à disposition ».

Ben oui, d'un côté la difficulté des organisations du mouvement ouvrier à se réorganiser, à conserver des positions, les défaites sociales, ont contribué à rendre plus aisées que les contenus cognitifs croissant du travail soient absorbés par le capital pour l'essentiel.
Le capital a été plus mobile dans sa capacité à remodeler les processus de production que le mouvement ouvrier ne l'a été pour se réorganiser, se reprofiler en fonction du prolétariat moderne.
Est-ce nouveau ? Quand le parti de l'émancipation, la capacité du prolétariat à s'organiser, reculent, les gains opérés en matière d'instruction et de contenus cognitifs du travail sont absorbés par le capital. lapalisse, rien de neuf.

Ces mouvements paradoxaux ont accru les divisions au sein du salariat. La position sociale dans le salariat n’est plus seulement « combien gagnez-vous ? » mais « où travaillez-vous ? » et « quelle est votre place dans le processus de travail ? ». Pour le vote Front national en mai 2012, c’est le niveau de diplôme qui compte le plus, comme l’avaient déjà noté des sociologues pour les précédents scrutins : un électeur sans diplôme sur deux (49%) voterait pour la candidate frontiste (Ifop) !

On repart là sur autre chose... Sur les chiffres annoncés sur les électeurs, il s'agit de relativiser ce qui est balancé là. d'abord parce que l'abstention ouvrière (au sens utilisé par les sondagistes) est très importante, et que quand on le rapporte aux enquêtes sorties d'urnes, on s’aperçoit alors que le vote ouvrier FN correspond à un peu plus de 20% des ouvriers (d'après...), c'est énorme mais ce n'est pas ce qui est annoncé.

Au concret et vu du dedans, le cadre propagandiste qui permet la poussée FN est véhiculé souvent par une partie du petit encadrement au sens là de gens qui encadrent vraiment (et non dans le sens des stats de l'INSEE qui ne définissent pas si des cadres encadrent vraiment).
Dans la partie de ce petit encadrement, ce sont les réflexes racistes et tous les efforts faits pour dériver les idées et les colères vers des boucs émissaires, la recherche de chefs qui incarnent leurs frustrations particulières de commandement, plutôt que sur le processus social même, qui sont les vecteurs tant de l'aspect autoritaire du sarkozisme que des fachos.

La question qui se pose n'est pas: fuyons le prolétariat, c'est un nid de fachos !
Mais comprendre et combattre, car c'est là que ça se gagne ou se perd, pour l'essentiel.

A partir du moment où les partis ayant tradition d'émancipation ne font pas l'effort d'être organisés dans le prolétariat, dont l'organisation dans les entreprises et les secteurs, aucun barrage n'est possible, aucun barrage ne tient face à la croissance des solutions fascistes de la bourgeoisie à sa grande crise . Ou, pour le moins, les solutions capitalistes à la grande crise peuvent passer si les partis de l'émancipation ne reprennent pas pied de façon organisée dans les entreprises et les secteurs.


Tout cela doit attirer l’attention de quiconque veut poser la question du pouvoir, de quiconque a besoin de gagner l’écoute de couches salariales les plus larges pour être en position de poser un peu sérieusement la question de la rupture, en s’évitant l’ornière de la catégorie fumeuse de « classes moyennes », au pluriel en plus.

Nouveau glissement et c'est pour ça que l'on voit de plus en plus d'attaques contre l'ouvrierisme, c'est le glissement et le renoncement aux processus d'émancipation du prolétariat.

L'ouvrierisme est simplement compris comme un risque, le risque que les travailleurs prennent le pouvoir. Adieu autogestion.

« Ouvriers, employés, techniciens et cadres »

Un autre facteur important doit être pris en compte, celui des modèles sociaux propres à chaque entreprise (relations sociales, politique salariale, formations etc.). Deux dynamiques se combinent : d’abord un mouvement général de gains de productivité et d’intensification de la charge de travail (quel que soit le secteur et la taille de l’entreprise, y compris bien sûr dans les entreprises publiques et les administrations) ; ensuite une dispersion grandissante des modèles sociaux non seulement entre secteurs et entreprises, mais aussi entre filiales et activités au sein d’un même groupe. L’équilibre entre de ces deux mouvements (l’un centripète, l’autre centrifuge) se fait grâce à des stratégies sociales à chaque fois spécifiques : politique complexe et très étendue de primes, segmentation des établissements, externalisation juridique de certaines fonctions, etc. – sans parler des spécificités locales en matière de temps partiel, heures supplémentaires, taux du recours à l’intérim et aux CDD. Le tout permettant de fractionner le modèle social interne. Il ne s’agit pas simplement de « diviser les salariés » mais plus sérieusement de chercher le modèle social optimum du point de vue des performances attendue de différentes divisions et tâches de l’entreprise, en fonction aussi de là où l’entreprise a décidé de « loger » sa marge dans ses comptes d’exploitation.
Cette sophistication des politiques sociales, parfois favorisées par l’ampleur des marges et leur redistribution interne en corrélation avec la productivité, a contribué à une plus grande dispersion des salaires, même si la relation objective de subordination et d’exploitation est générale. La décentralisation productive (réseau de filiales, compartimentation des activités, filialisation, externalisation) a facilité cette forte segmentation, pas seulement subjective, mais souvent sonnante et trébuchante, la politique sociale et salariale se montrant très différenciée, y compris au sein des catégories traditionnelles, ouvriers, agents de maîtrise ou cadres.

Ben oui la bourgeoisie a une bien plus grande méthodologie et finesse dans le commandement et ce qu'on appelle dans les DRH les "ressources humaines". Aux chefs du personnel sanguins ont succédé des gens encore plus agressifs mais ayant bien plus de méthode, d'organisation et de méthodes de travail afin de garder contrôle de processus de production favorables à la bourgeoisie.

Cette finesse des DRH au profit de politiques hyper-agressives mais très méthodiques a amené accessoirement à des dérives "technicistes" du syndicalisme , faisant appel à bien plus d'experts et de professionnels de ces technicités des DRH.

Également le développement de la sous-traitance d'une façon méthodique permet de diviser la classe ouvrière.

Les disparités de revenu salarial sont plus marquées parmi les employés et parmi les ouvriers, ces deux catégories socioprofessionnelles étant très hétérogènes en matière de durée d’emploi dans l’année, mais aussi en termes de métiers ou de secteurs d’activité. Chez les cadres, les disparités de revenu salarial sont nettement plus faibles, mais les écarts sont très importants en ramenant chacun à un temps de travail égal (cf. Bertrand Marc, Nathalie Missègue, Laurence Rioux, Insee.).

Ah ? un peu contradictoire justement avec la réalité (quels chiffres ?). L'essentiel des revenus ouvriers par exemple est compris jusqu'à 2000 euros par mois (au sens de l'INSEE), au sens de classe sociale cette limite de 2000 € correspond à 67% des salariés. Et si on la prolonge jusqu'à 2500€ c'est 80% des salariés...
Ou bien en prenant un revenu du double du SMIC : 85% des salariés, autrement dit, 85% des salariés touchent jusqu'à deux fois le SMIC horaire.
Quand on intègre les parts de salaires socialisés, les écarts sont plus lissés.

Nous sommes loin des écarts de salaires dans des sociétés en développement.

Cette situation d'écarts de salaires est-elle nouvelle ou bien assiste-t-on à un nivellement de l'essentiel des couches populaires et un poussée concomitante des revenus de minuscule couches de salariés qui s’apparentent plus à un partage de miettes avec la bourgeoisie qu'autre chose.

Il faut ajouter que la part des salaires les plus élevés (les 1% qui en 2009 touchaient plus de 79.000 euros) a fortement cru au cours des vingt dernières années : de 6% en 1995 à 7% en 2007. Et ce phénomène est encore bien plus spectaculaire si l’on prend les 0,1% les mieux rémunérés ! Cet étirement salarial au sein du 9e décile, sans parler de la ponction scandaleuse des « grands patrons », n’est pas sans conséquence sur la manière dont une partie des cadres peut prendre conscience de sa place définitivement subalterne.
Le propagandisme ouvriériste n’a pas d’avenir
Juxtaposition pas trop honnête pour prouver ce qui n'a pas de chair : Ceux qui touchent 79000 euros par an ne sont pas en croissance sauf anecdotique (2%), mais ce sont leurs revenus qui sont en croissance.

Les salaires les plus élevés (là les 79000 €) a tellement fortement cru qu'elle tourne toujours dans les 1 à 2% des salariés.
Parler là d'un fait qui met à terre un propagandisme ouvriériste ressort d'une torsion exceptionnelle de la réalité et d'autre part du désir de se créer un imaginaire caricatural pour pouvoir l'attaquer.

Le dernier quart de siècle a donc fortement accru les disparités au sein du salariat. Pas simplement en termes de revenu et de niveau de vie, mais aussi très substantiellement en matière de contenu cognitif du travail. C’est même peut-être sur ce point que les écarts se sont le plus creusés, pas seulement et loin s’en faut entre les catégories socio-professionnelles traditionnelles, mais sein de chacune d’entre elles. Cette évolution est indépendante de celle du travail taylorisé ou de la perception que chacun a de la taylorisation ou pas de son poste. On peut fort bien travailler dans un schéma taylorien (lean production par exemple dans l’industrie) et devoir investir beaucoup de connaissances et de subjectivité pour dénouer diverses situations. On en connaît d’ailleurs les conséquences : stress, angoisse, souffrance psychique succèdent à l’abrutissement, l’épuisement physique, pathologies typiques du travail industriel des années 60 et 70.

Je conteste fortement ce point. Le contenu cognitif du travail y compris dans les couches du prolétariat les plus précarisées, a explosé et s'est accru d'une façon exceptionnelle (sauf dans des emplois extrêmement marginaux).

Il ne correspond pas du tout à ce que j'ai pu constater dans les entreprises où j'ai travaillé et où j'ai eu la chance de connaitre plusieurs générations bien tranchées de travailleurs avec des habitudes de travail extrêmement différentes, aux contenus cognitifs formidablement différents.

Il ne correspond pas du tout non plus aux habitudes de vie, de diversités d'infos cognitives reçues et utilisées par les prolétaires même dans les catégories les plus basses salarialement.


Cette transformation a bien évidemment été portée par l’évolution du capitalisme lui-même, mais aussi par la sophistication des procédés, des procédures et des normes, pour partie due à l’évolution de la science, au contenu de plus en plus complexe de l’activité humaine et de la division du travail. Le résultat est saisissant : selon les branches, les entreprises ou les activités, les écarts de prérequis scolaires puis de connaissances accumulées se sont considérablement agrandis. Au sein des grandes classifications socio-professionnelles et entre elles, mais aussi entre industrie et services, et énormément au sein des services eux-mêmes, etc. Du coup, beaucoup de postes nécessitant une formation universitaire prolongée n’échappent pas dans l’entreprise à une gestion serrée de leur contribution à la « création de valeur », selon les termes en vogue chez les stratèges du capital. Là où il y a encore 25 ans ils auraient été considérés (toutes choses égales par ailleurs) comme des postes de surveillance et d’organisation, ils sont clairement identifiés aujourd’hui par leur entreprise comme des postes opérationnels et productifs.

Partie très contradictoire et que j'approuve avec les éclairages précédents.

Indépendamment de la subordination et de l’exploitation – situation générale du salariat à quelques exceptions près – cela accentue les différences de perception du rapport de chacun au travail, mais aussi de l’entreprise et tout bonnement du monde. Inutile de chercher, à ce propos, quels sont ceux et celles qui dans cette évolution sont disposés à la meilleure « conscience de classe » car cela n’a rien à voir.
Les différenciations s'accentuent ?

Par contre, pas mal de structures syndicales vont se lamenter longtemps encore pour n’être restées audibles que d’une frange minoritaire du salariat de leur branche, ou pour n’avoir jamais su simplement s’adresser au second voire au troisième collège des élections professionnelles. Sans parler d’autres impasses comme celle des femmes ou des travailleurs issus de l’immigration.

Ah oui bien sur, et pas que cela, mais également l'insuffisance de prise en compte de l'arrivée de catégories plus précarisées et de niveau d'instruction plus élevées (mais en général pas sur des revenus, conditions de travail à hauteur des catégories revendiquées).

L’idée qu’il peut exister, au sein du salariat, un prolétariat plus révolté, plus conscient, plus à même d’adhérer à un anticapitalisme progressiste est une impasse. Non pas qu’il ne puisse pas y avoir parmi ces secteurs des travailleurs qui ont cette conscience, mais la focalisation propagandiste et quasi sémantique sur cette fraction du salariat est un choix minorisant.

L'existence d'une couche du prolétariat plus révoltée, pensant que les luttes défensives ne suffisent pas et que le monde serait mieux géré si le capitalisme était renversé a été une constance dans tout le XXeme siècle et à nouveau en ce début de XXIeme siècle.
Ce sont les formes organisées de cette couche sociale, les difficultés de penser des stratégies efficaces de résistance et d'offensive, qui font problème, pas l'absence du désir de passer à autre chose que le capitalisme, même si c'est exprimé avec d'autres mots qu'avant.

La gauche révolutionnaire et une partie du reste de la gauche expriment de grandes réticences à s'organiser dans la classe ouvrière au sens large et sur les lieux de l'exploitation, plus cette réticence croit et plus les espaces s'ouvrent dans le monde du travail que ce soient pour des organisations qui s'y emploieraient, ou que ce soit pour des formes fascistes qui n'arrivent pour l'instant pas à récupérer organiquement la partie des petits encadrements pro-fachos dans les entreprises.

La prolétarisation s’est étendue mais l’éventail des situations sociales et professionnelles, en son sein, s’est significativement élargi, et par conséquent les subjectivités afférentes.
Oui
Le débat médiatique parfois fumeux sur la « fracture » sociale, technologique, scolaire ou professionnelle renvoie tout de même à cette évolution économique et sociale des sociétés capitalistes. Cet étirement du spectre salarial ne repose pas que sur la différenciation des salaires, d’autant que la crise peut fort bien, demain, placer un nombre encore plus important de gens dans une situation de précarité. C’est l’ensemble de l’organisation du travail au sein des process de production et des organisations opérationnelles qui a conduit à cette situation en l’espace de 25 ou 30 ans.

Le débat médiatique exprime un désir d'obtenir des votes mais également et toujours une crainte de plus en plus profonde de la bourgeoisie vis à vis des réactions de la classe ouvrière au point d'en exprimer une certaine paranoïa. Même morte et disparue, la réalité des proportions numériques et le fossé croissant entre une classe bourgeoises plus concentrée et un prolétariat de plus en plus gros et homogénéisé du point de vue de ses conditions de vie matérielle, crée cette sourde inquiétude.

En période économiquement favorable à l’emploi et à la négociation sociale, cette évolution sociologique favoriserait les réponses réformistes et le syndicalisme d’accompagnement. Ce qui n’enlèverait rien, faut-il le redire, à la tension objective du rapport salarial. Mais, ces temps sont dépassés. Aujourd’hui le capitalisme ne pourrait même plus absorber les réformes sociales post-1981, et évidemment pas les nationalisations ! Très vite la « réforme » provoquerait et nécessiterait l’affrontement social. Déjà, le tournant de 1983 du gouvernement Mauroy indiquait qui était le vrai chef, le capital ! Dit autrement : dans le contexte actuel, il ne peut y avoir d’adhésion populaire massive au PS et l’on doit noter au passage l’incapacité de la CFDT à dépasser son seuil actuel de représentativité en dépit de ses professions de foi sur le syndicalisme de propositions. Une grande partie du salariat (quelle que soit la réponse que les gens y apportent ensuite) ne croit pas à cette voie-là. Ils savent, confusément sans doute, que l’idée de simple canalisation, domestication, encadrement du marché est une illusion.

La place du réformisme nomenclaturisé dans le syndicalisme est difficile et précaire (voir les coups qu'a pris la FIOM-CGIL conte son appareil). Pas seulement celle des révolutionnaires.

Mais, symétriquement, la défaite politique est définitivement assurée à ceux qui campent sur un pur propagandisme anticapitaliste mâtiné de quelques revendications sociales immédiates. Pensent-ils devoir s’adresser prioritairement à un « noyau dur » du prolétariat, au demeurant minoritaire ? Ou, croient-ils pouvoir emporter l’adhésion de millions de salariés, de jeunes, d’anciens salariés, d’intellectuels, d’ingénieur et de médecins, à coup de slogans qui avaient une fonction d’agitation il y a 40 ou 50 ans mais qui sont réduits aujourd’hui à une mimique impuissante. C’est la marginalité sociale de tout repli sur une propagande formellement « lutte de classe », sans rapport avec la formation sociale réelle et frisant du même coup le messianisme social.

L’approfondissement des différenciations au sein du salariat et de la société toute entière n’est pas synonyme d’une minorisation inexorable (et définitive ?) du prolétariat « réel » au milieu d’une sorte de salariat petit-bourgeois. Mais, il faut savoir regarder la réalité en face et saisir que la colère générale, qui aujourd’hui anime cette société, exige une traduction politique non pas « réaliste » au sens du renoncement mais crédible au sens de la complexité du réel, c’est-à-dire de la mondialisation financière.

Santé ! Voilà qu'arrive la notion de "salariat petit-bourgeois" ! Après cette débattu dans tous les sens entre la croissance du prolétariat et sa décroissance, voilà que les 80 et quelques % de la société seraient noyés dans un salariat petit bourgeois.

Fantasmes.

Après on a toute une approche qui n'en définie pas les moyens et par d'un réformisme de l'impuissance.

Pour en revenir au NPA, une grande partie finalement de la lutte sourde qui s'y mena fut sur cette analyse de la société et les conclusions qu'on pouvait en tirer, sur de petits milieux dirigeants ayant pour une partie d'entre eux un esprit élitiste et comprenant mal une influence dans le prolétariat moderne, le sentant instinctivement comme une menace.

La candidature Poutou fut l'occasion de réactions violentes de cette partie du NPA comme si cela représentait une menace sur des imaginaires construits dans les années 90 .

En quoi, une fierté ouvrière était-elle ennemie ? En quoi présenter un candidat ayant joué un rôle éminent dans une grande bataille ouvrière était-ce si dangereux ?

En quoi ce candidat ayant contribué à l'animation d'une bataille exemplaire, où l'unité se fit, une unité subordonnant les partis extériorisés, à des ouvriers en lutte, est-elle devenue cet objet de haine contre l'ouvrierisme ?

On pourrait le coupler avec la résistance sourde à organiser les prolétaires en tant que ce qu'ils sont ,venus au devant du NPA en nombre au début, qui s'exprima tout le long de la courte vie du NPA , jusqu’à réussir à les écœurer en grande partie par les tractations politiciennes, une conception de la politique extériorisée des lieux de vie et de reproduction.

Malgré tout, le NPA dispose toujours de prolétaires de qualité, de prolétaires-intellectuels organiques de la classe ouvrière. Des Poutous nous en avons d'autres et cela doit être une fierté et non objet de craintes paranoïaques.

Les retards pris dans la construction d'un parti dans le prolétariat réel et dans les endroits où il travaile, ne sont pas irrémédiables mais ont permit au FdG (PC et PG) de remettre un petit doigt de pied dans les endroits de productions de richesses, sans que cela n'aille très loin (mais ils ont compris qu'il y a là un enjeu essentiel sans qu'ils aient les savoir-faires pour s'y organiser et sur quels terrains, il faut dire que leur caractère nomenclaturiste les pousse à chercher là des troupes qu'ils extériorisent ensuite vers des batailles électorales) et au FN (ou l'UMP, eh oui...) qui y ont influence mais sans organisation (quoiqu'ils aient un bon coup à faire si ils arrivent à organiser une partie des petits chefs dans la classe ouvrière).

Ces retards sont dommageables car il existe toujours dans le prolétariat moderne une partie de celui-ci qui veut aller au delà des luttes de résistance et pense qu'il faut foutre en l'air le capitalisme. Cette partie a toujours existé avec ou sans partis.

il ne s'agit pas de jouer cette partie contre le reste du prolétariat, ni d'en avoir une vision mystique, ni de croire qu'elle est organisable aisément, mais son existence est une donnée constante sur deux siècles. Elle se reconstitue sans cesse même dans les situations les plus difficiles.

Mais pour cela il faut avoir une stratégie et effectivement le courant communiste-révolutionnaire au sein du prolétariat n'a pas à jouer les avant-gardes de l'avant-garde, surtout pour essayer de pousser les travailleurs à sortir des lieux de reproduction du capitalisme comme axe central de la politique (le réfomisme nomenclaturiste et parlementariste est cela, mais il y en a une variante NPéiste).

Donc une stratégie qui emprunte le valide du passé (délimitation avec le réformisme, la question de l'état, l'obligation de préparer les conditions de la révolution, etc) et qui opèrent les percées stratégiques nécessaires (revenir au réformisme ne ressort pas d'une novation sauf pour les étourneaux et les amnésiques), parmi lesquelles les changements dans les niveaux d'instruction, de connaissances, en matière d'utilisation des moyens d'échanges et de communication, la curiosité sur les choses du monde, les connaissances et les pratiques réelles que le capitalisme a favorisé pour augmenter la productivité, les expériences de bataille dés fois éloignées de 20 000 km joueront tout autant que bien d'autres aspects.


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Message  Eugene Duhring Sam 5 Mai - 15:19

gérard menvussa a écrit:Non, si il y a des divergences entre nous (et il y en a !), ce n'est pas en ce constat, mais dans les solutions... Et sur ton insistance sur le fait de "crier" notre disponibilité a prendre la tête du mouvement ouvrier. Or je pense que ce genre de chose se démontre et ne se proclame pas.
Je nai jamais prétendu autre chose : prendre la tête du prolétariat ne se proclame pas, elle se démontre. Notamment en évacuant cette sale manie de renvoyer les travailleurs à leurs responsabilités comme le fait systématiquement LO et en partie le NPA. Cela se démontre par le sérieux d'une organisation qui adopte la meilleure stratégie en fonction du moment présent. Cela se démontre en indiquant clairement que l'on est prêt à prendre ses responsabilités au compte des travailleursr et en particulier l'exercice du pouvoir. Sans cela une organisation se condamne à un rôle de subsidiarité, hélant le pouvoir en place pour satisfaire les revendications, à un rôle de groupe de pression dont les travailleurs n'ont que faire !
Tel a toujours été le sens de mon message

Eugene Duhring

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Message  gérard menvussa Sam 5 Mai - 17:36

Si c'est dit comme ça, c'est bien plus acceptable. Disons que ce n'était pas clair pour moi quand j'ai contesté ta façon de "poser la question du pouvoir". Un mouvement qui se proclame révolutionnaire pose forcément "la question du pouvoir", sinon ça n'a pas de sens. Mais encore faut il être en position de poser cette question "pratiquement". De remplacer l'arme de la critique par la critique des armes, pour parler comme le vieux barbu...
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Message  verié2 Sam 5 Mai - 19:55

A Copas

Pourrais-tu faire une petite synthèse de ton point de vue (à propos des textes mis en ligne, de "l'éclatement du prolétariat" etc). C'est un peu long et j'ai un peu de mal à suivre ton raisonnement...

verié2

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Message  Babel Dim 6 Mai - 10:30

verié2 a écrit:Franchement, que de bla-bla confus pour justifier ou excuser un plat ralliement à un politicien opportuniste et nationaliste !

Pour réaliser le Front Unique et non le ralliement sous prétexte d'unité avec quelque force que ce soit, il faut d'abord représenter soi même une certaine force, sur un programme clair, et avancer un programme de mots d'ordre et de revendications communes conformes aux intérêts des travailleurs, même si on ne peut pas exiger de l'allié qu'il accepte notre programme. On n'a vu rien de tout cela dans la démarche de ceux qui voulaient soutenir Mélenchon avec diverses nuances.
100% d'accord.

L'article imbécile de Samy Johsua participe de la confusion ambiante. On attendrait plutôt d'un camarade tel que lui une contribution qui éclaire les enjeux. Au lieu de ça, nada, du vent.

Quant à la sempiternelle question de la recomposition du mouvement ouvrier, dont la création du NPA était censée apporter une réponse positive, il faudrait peut-être cesser de prendre nos vessies pour des lanternes : le mouvement ouvrier n'a pas besoin de nous pour se "recomposer", la crise des rapports sociaux capitalistes s'en charge à notre place.

Nous, ce que nous avons à faire, ce n'est pas de courir après telle ou telle formation politique pour tenter de nouer avec elle des alliances susceptibles de capter une fraction plus ou moins significative de l'électorat populaire. Ni d'ouvrir toutes grandes les portes d'une auberge espagnole où chacun pourra trouver de quoi apaiser sa fringale et conforter ses lubies. Mais de poser clairement les jalons de la construction d'un parti révolutionnaire orienté vers le combat unitaire contre la crise capitaliste. Un parti porteur de réponses à la crise exemptes de toute ambiguïté, mettant l'accent sur une série de priorités sociales et politiques, et où chaque militant formé agit comme un démultiplicateur des orientations définies lors de ses congrès.

Pas d'un parti où les tendances se bouffent le nez à longueur de temps et multiplient les prises de position contradictoires, jusqu'à bafouer ouvertement les principes mêmes de la démocratie ouvrière.


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Message  Copas Dim 6 Mai - 10:33

A Vérié, j'ai fait des réponses au débotté sur un texte qui comprend plein de points et des fois se contredit lui-même, voir triche sur les faits et statistiques mêmes.

Mes réponses sont donc décousues en fonction des points, des fois c'est OK , des fois pas du tout.
Ce ne sont pas des points qui permettent une unité de réponse.

Pour résumer mes positions :
1) le prolétariat urbain n'a jamais été aussi important en proportion de la population.
C'est valable en France, en Europe, comme dans le reste du monde.
Et c'est le premier point qui échappe à une partie de ceux qui en observe les divisions.

Vouloir en extraire les travailleurs âgés qui touchent leur salaire socialisé est vain.
De même à l'autre bout la jeunesse est composée de plus en plus de prolétaires en formation et a eu tendance, ici et dans le reste du monde, à réagir comme se ressentant un destin de prolétaires . Du CPE au mouvement pour les retraites en France, aux innombrables mouvements de jeunesse de par le monde qui bougent sur des questions sociales, de revenus et de destin prolétaire, les exemples sont légions.
Et c'est d'ailleurs ce qui est frappant dans la jeunesse, ce sont des batailles sociales qui s'y mènent quand elle bouge. Ca a une contradiction par le fait que cela sera moins idéologique, et aura tendance à moins apparaitre dans des batailles internationalistes (pour l'instant). Ce qui brouille la vue d'une partie de l'extrême gauche ayant tendance à plus voir l'activité d'une jeunesse sur des terrains moins sociaux bruts.

On a donc un prolétariat qui, quand il bouge, est des fois plus unitaire et unifié que bien des penseurs d’extrême gauche.

2) Ce prolétariat urbain a essuyé un chapelet de défaites dans une série de vieux pays industriels , ce qui a des impacts sur sa structure physique (mais pas sur des divisions de revenus, car ces derniers s'homogénéisent), ses tâches, les processus de production, etc).
Mais il n'a pas succombé au fascisme (pas encore), là où quelques années après une défaite le prolétariat de l'entre deux guerres fut emporté par l'apocalypse, là les processus courent sur des dizaines d'années.
Plus encore, ce prolétariat met en ligne de plus en plus de monde dans ses mobilisations, même en France. On peut critiquer ce qu'on veut sur le mouvement de l’automne 2010 mais ce fut numériquement le plus gros depuis 68. Il en est de même en Espagne, au Portugal, etc, où de très puissants mouvements ont montré une disponibilité à la bataille.
Le potentiel existe.

3) La crise des organisations du mouvement ouvrier. Dans le cadre de cette capacité du prolétariat a participer à des mobilisations la crise des organisations du mouvement ouvrier est puissante. Le point faible est plus dans ce découplage entre capacité du prolétariat à participer à des batailles et écroulement, ou faiblesse maintenue, des organisations du mouvement ouvrier.
Si il y avait un parallèle entre l'anémie du prolétariat urbain et la faiblesse des organisations du mouvement ouvrier, il y aurait rationalité et c'est vrai qu'il y a des ponts entre les deux aspects, mais il y a eu divergence entre ce que l'on peut constater et la crise des organisations du mouvement ouvrier (crise en termes de forces, en termes d'organisation, en terme d'orientation stratégique, ...).
La faiblesse et les problèmes des organisations du mouvement ouvrier (difference entre organisations et mouvement ouvrier), ont des aspects liés hérités qui font que dans les pays en voie de prolétarisation urbaine accélérée les mouvements ouvriers intenses ont des retards d'organisation et de stratégie, la liaison avec les secteurs du monde ayant eu une histoire importante s'étant rompue, notamment par le fait que les organisations du mouvement ouvrier de ces pays ont connu de grands naufrages politiques.

4) La question de la permanence d'une fraction des travailleurs qui pense qu'il faut foutre en l'air le capitalisme et ne pas satisfaire des luttes de résistance est une donnée permanente de l'histoire de ce début de siècle et du siècle précédent, plus ou moins forte, plus ou moins organisée, plus ou moins illusionnée, etc.

Que le gauchisme l'oublie ou pas, cette couche de travailleurs existe et sur un point subalterne, les élections, c'est elle qui a fabriqué les Arlettes, les Oliviers et en partie le Jean-Luc... Pas l'inverse ou la mastria des uns et des autres, contrairement aux logorrhées d'une partie du NPA estimant que c'était la maestria de OB qui faisait la popularité du NPA, alors que cela a été la résonance d'une parole radicale avec une recherche de solutions de la part d'une fraction importante et minoritaire des travailleurs souhaitant aller au delà des résistances.

Pour une partie de l'extrême gauche cette couche de travailleurs radicalisés n'existe pas, seules existent les organisations du mouvement ouvrier qui monopolisent le parti de l'émancipation. On a donc, comme cela l'a été pour le NPA, la farce extrême de tourner le dos à cette couche de travailleurs radicalisés pour se précipiter vers des partis qui n'étaient plus organisés dans la classe ouvrière. Même si une partie de cette couche radicalisée a des sympathies pour ces partis , d'autant plus là que le NPA s'est dérobé au travail nécessaire, au défit rencontré, pour se soumettre aux petits partis nomenclaturisés, sauf ces derniers mois, bien tard et sans stratégie, avec la campagne Poutou.

Une réponse existe venue en partie du NPA qui résout le problème : la couche radicalisée dans le prolétariat qui souhaite aller plus loin que pour des luttes de résistance n’existe pas, elle est en perfusion de l'extérieur au prix de trop d’efforts, la classe ouvrière est une notion douteuse et en plus les ouvriers votent pour les fachos.

Un écho de Terra Nova quand elle conseille le PS.
L'adieu aux principes d'émancipation, sur les travailleurs eux-mêmes, etc, bref l'adieu de fait à l'autogestion.
Je ne sais si c'est le cas de notre camarade qui écrit le texte mais c'est clair que cette tendance se grattouille depuis un moment sur ces questions y compris dans le NPA et qu'il faut écarter un fatras de considérants justes ou moins justes pour faire apparaitre des dérives sous-jacentes sur ces points là.

Je pense que le raisonnement est plus dans la justification en crabe d'une orientation prise plutôt que dans une analyse, un objectif et une stratégie construite sur les deux premiers champs. Ce qui rend très brouillé le débat.

5) Petits aspects sur le division et le fascisme.

Il y a aussi une déformation implicite très subjective de l'avant pour éclairer le présent. Le prolétariat des grandes usines a toujours été minoritaire, des fois très minoritaire par rapport au reste du prolétariat. L'implantation et la construction du mouvement ouvrier ne s'est pas toujours fait si simplement dans les grandes usines.

Les points forts du PCI par exemple en Italie l'ont été dans des zones de PME denses et pas forcement dans les grandes usines.

La complexité des phénomènes d'antan d'apparition d'un prolétariat industriel n'a pas du tout les dimensions sous-entendues.
De puissants partis du prolétariat, délimités (ce qui ne signifie pas qu'on soit d'accord sur leurs stratégies et d’autres aspects) se sont construits, des fois à contre-courants de situations compliquées et difficiles, dans des pays et des régions n'ayant pas ou presque pas de très grandes usines.

Le prolétariat urbain actuel est plus grand numériquement qu'il y a 40 ans ou même 25 ans , sa situation matérielle est plus homogénéisée qu'il y a 25 ou 40 ans.

Avant des postiers, et toute une série de métiers comparables, étaient de petits notables dans la société, avec un bon revenu stable, maintenant ce sont des bas revenus, des boulots durs, précaires souvent, etc.

Les couches sociales de la classe ouvrières caressées dans le sens du poil, notamment l'essentiel de la fonction publique, ont été laminées et attaquées, et ce n'est pas fini, pour être mises à potion commune.

Contrairement à ce qu'essaye de sous-entendre, en se contredisant, le texte de Gabriel, la division sur les revenus est subalterne dans le salariat et le décrochage se fait sur 2 à 3% de très hauts revenus (en comptant large), il le reconnait mais en tire une conclusion surprenante de relativisation du prolétariat ouvrier au sens INSEE.

La pénétration du fascisme dans le prolétariat ne se fait pas en matière d'organisation (pas encore du moins), alors que de petites couches d'une partie des petits chefs dans les entreprises sont de remarquables relais de la propagande facho. Les fachos n'en ont pour l'instant tirer aucune leçon organisationnelle (ils vont finir par s'en rendre compte).

Les idées fachos pénètrent l’entreprise autant aisément car il n'existe pas de volonté de s'y organiser politiquement pour faire face.
Pas grande chose n'est fait, à par pour LO qui le fait très spécifiquement et, tout récemment, par le PC et le PG (en concurrence) qui s'y essayent sans grands succès et pour rabattre en dehors de l'entreprise (vers les arènes électorales) sans engager le fer du dedans sur le fascisme, le racisme, ses idées, sa fonction de béquille du capital et face à cela les objectifs stratégiques de pouvoir des travailleurs (qui surgissent et ressurgissent dans les entreprises dans la relation conflictuelle avec des DRH).
Le NPA dispose, à l'instar de l'organisation NPA, de bons animateurs de luttes ouvrières (et d'autres un peu digérés par le bureaucratisme réformiste), c'est une organisation avec pas mal de prolétaires urbains et ayant un grand champ libre devant elle.

J'approuve le commentaire de Babel de ce jour qui va à l'essentiel des problèmes posés.
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Message  Toussaint Lun 7 Mai - 12:53

L'article imbécile de Samy Johsua participe de la confusion ambiante. On attendrait plutôt d'un camarade tel que lui une contribution qui éclaire les enjeux. Au lieu de ça, nada, du vent.

Bah, s'il y a eu quelqu'un que je n'ai jamais vu avancer quoi que ce soit de clarifiant, mais qui a toujours été dans le registre que tu regrettes, c'est bien Samy.

Sinon, d'accord sur l'essentiel de ce que disent Copas et surtout Babel.

A ceci près que cela implique de reconnaître que le projet NPA était une erreur, et que le projet de construction d'une orga révolutionnaire et internationale est encore valable. Je ne dis pas essayer de revenir à la LCR qui s'est sabordée, le courant PF Grond et le courant Picquet n'avaient rien de révolutionnaires. Et ils étaient à eux deux hégémoniques dans feue la LCR. En fait ce sont des courants républicains ouvriers, c'est à dire des courants réformistes, il était inévitable que le NPA éclate, ce qui m'étonne, vu de loin, c'est qu'il y ait encore des courants marxistes révolutionnaires dans le NPA suffisamment forts pour que cela reste une organisation centriste, alors que la GA est bien un courant réformiste. La question de l'état est centrale dans la délimitation d'un parti qui se veut anticapitaliste conséquent.

Prenons le cas du foulard. Je ne partage pas l'analyse ni les positions de LO. Mais je dois dire qu'au moins elles ne reposaient pas sur "la laïcité à la française". Au contraire, la défense de la laïcité est devenu un axe majeur de la position de la LCR et les réticences à exclure des élèves voilées selon la position du BP de la LCR (du BP!) étaient justifiées essentiellement par le fait que ce seraient des "échecs pédagogiques" (Plop!). On a là en raccourci un vrai délire sur la nature de l'école bourgeoise, de la notion de neutralité de l'état bourgeois, etc... Samy, jamais en retard d'une confusion parlait de la question de la neutralité des programmes scientifiques garantie par le rôle des "experts" (mais quel rapport?) et bavassait sur la jeune fille magrébine supportrice de l'OM sur les gradins du Vélodrome, musulmane myxomateuse... De la défense des services publics et de celui de l'enseignement contre les menaces de privatisation et les attaques du capital, on est passé à son idéalisation, à un véritable chèque en blanc sur les contenus de classe, de genre, l'idéologie bourgeoise nationaliste et républicaine. Dans les faits, on a commencé à avoir un courant républicain à la Ligue. Je pense que l'essentiel est parti ou en train de partir, ce qui est normal, l'arrivée de la gauche réformiste aux affaires siphonne les franges radicalisées de la social-démocratie. Ce n'est pas un hasard si des pans entiers du NPA et de l'ex LCR sont aspirés vers la gauche de gouvernement. La chute du stalinisme a emporté le bébé révolutionnaire avec l'eau du bain et beaucoup de textes n'en sont que la tentative de théorisation. Je me souviens de PF Grond au début des années 90 expliquant en tant que responsable politique étudiant qu'il ne fallait plus parler de révolution parce que la chute récente de l'URSS avait rendu le mot imprononçable par discrédit. Ce mot a longtemps disparu de Rouge. On a vu même fleurir des caractérisations étranges, comme la "gauche de mouvement" pour désigner la LCR entre autres. Mouvement... wah... quelle clarté, tu m'étonnes que la formation théorique avait disparu. On ne peut former des gens à être à la fois républicain, marxiste, souverainiste à la Onfray, révolutionnaire, pour la destruction de l'état bourgeois mais aussi "laïques à la française",etc... etc... C'est des trucs à se péter le périné...

Au niveau international, il n'y a pas de diminution des effectifs ni du poids de la classe ouvrière, ni du prolétariat d'industrie, y compris dans l'extraction des matières premières. C'est le contraire. Les copains qui bavardent sur leurs portables et leurs IPad seraient bien inspirés de se demander parfois quelle a été la chaîne de production, ils y trouveraient le prolétariat, mineurs compris dont ils glosent sur la disparition. Le républicanisme a eu pour cause et conséquence la mise en veilleuse en France de la IV, des débats mondiaux et des analyses mondiales. Aujourd'hui on raisonne sur le capitalisme comme dans les programmes de SES au lycée, la France et l'Europe sont le monde et l'on y parle de l'évolution du capitalisme comme si celui-ci se limitait à l'Europe, France en particulier.

Non, il faut construire une organisation révolutionnaire. Pas anticapitaliste: qu'est-ce que cela veut dire si ce n'est pas révolutionnaire? Et si c'est révolutionnaire, pourquoi ne pas le dire et se cacher derrière une notion plus floue? Pour ne pas effrayer le badaud qui pourrait venir attiré par la lumière? Mais je ne sache pas que la LCR avec son nom lourdingue faisait fuir. En tout cas pas les électeurs... Et la question du nom n'était pas une question tactique, c'était bien le communisme révolutionnaire que l'on entendait liquider.

Je dis ça, je n'ai pas de solutions clés en mains pour la construction de cette orga de masse. Mais il est clair que c'est possible: la campagne outou l'a montré qui a eu un écho alors qu'elle fut brèvissime, et souvent maladroite (oui, Roseau, les gens ont de l'humour, mais "poutou, poutou, poutou" sur un air de bisounours, comme densité programmatique et contenu, on peut rêver mieux même sans perdre l'humour. Heueusement tout n'était pas dans le registre débile, le jeu télévisé n'était pas trop mal). La question du vote après... Lorsque Poutou est apparu sur les écrans, la campagne était pliée, et pas mal de gens ont voulu dégager Sarko, Poutou lui-même et ses clips ne se posaient pas en vote crédible pour dégager Sark, donc voter pour lui ne pouvait servir qu'à découper une frange militante, ce dont les électeurs non organisés se foutent as mal.
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Message  gérard menvussa Lun 7 Mai - 15:07

Il y a plusieurs questions différentes qui sont posées dans le débat

Tout d'abord l'existence d'un courant "républicain" a l'intérieur de la LCR puis du NPA. Trés franchement, et contrairement à ce qu'avance Toussaint, ce courant a toujours été hyper-minoritaire... Mais il vertégrait a chaque fois le courant le plus a droite de la LCR...

La question du parti "délimité" ou pas. Question difficile. Puisque jusqu'a présent (et jusqu'a preuve du contraire) personne n'a montré comment construire un parti "ouvrier, défendant radicalement un programme anticapitaliste", qu'il soit "explicitement" ou "implicitement" anticapitaliste. De toute façon, on est dans le cadre d'une absence (pour l'instant) de réaction "vigoureuse" de la classe ouvriére. Qui, si elle se prolongeait et la crise venant, poserait forcément la question du fascisme, et pas du communisme... Mais le pire n'est jamais sur. Cependant, il est envisageable...

Sur la classe ouvriére, il y a la aussi plusieurs débats sans réponse "immédiates". Sans doute, au plan mondial n'y as t il pas "diminution" de la classe, bien au contraire. Par contre l'organisation de la classe est en gros recul, par suite de la perte de "bastions" entiers de la classe ouvriére. Dans l'occident, le mouvement ouvrier est à la ramasse, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'y a pas constitution d'un mouvement ouvrier puissant, aux fortes possibilités d'interventions, on est trés loin de la constitution d'une "cinquiéme internationale" malgré le fait que le mouvement altermondialiste est sans aucun doute une réponse à tout ça (mais avec des fortes ambiguités qui montrent les diffiicultés de l'exercice)
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Message  Copas Lun 7 Mai - 19:29

A Toussaint :

Le problème du NPA est venu de la LCR, pas du NPA, pas du fait de tenter de faire un parti large.

Les Grond, les Sammys, les Martins, les Picquets, etc, ne sont pas venus de l'extérieur de la LCR pour rentrer au NPA.

Il faut bien constater quelque chose : on se retrouve avec plus de militants de "gauche" dans le NPA que dans la LCR, et même en proportion de chacun des deux partis.

Du moins pour l'instant et à condition qu'il y ait une percée stratégique, qu'une conception différente de l'organisation prévale dans les mois à venir, sinon c'est cuit et il faudra constater alors que le NPA n'est pas une brique essentielle du futur parti dont nous avons besoin urgemment depuis hier.

Par ailleurs et accessoirement, les branlades sur se dire communiste ou communistes-révolutionnaires ont démontré n'avoir pas grand chose à voir dans l'affaire pour faire de bons......communistes révolutionnaires.

A Mensureva

Sur la question de la construction de petits partis de masse mais délimités, dans des conditions des fois terriblement difficiles, je suis désolé mais ce fut le cas d'une série de partis communistes (même si ils se stalinisèrent).

Il y a des choses à en tirer, du miel à faire de ça.

Ce n'est pas parce qu'on se fait tanner, sans jamais vraiment tenter le coup, que ce n'est pas possible.

Il est possible qu'on s'y prenne mal.

Il ne faut pas évacuer cette hypothèse surtout quand un parti a attiré un certain nombre de prolétaires, des fois très précaires, peut-être ne connaissant pas Lénine et Trotsky sur le bout des doigts comme les réformistes de la GU, mais révoltés, et qu'on a préféré leur tourner le dos pour pouvoir retourner à ce qu'on sait faire : s'obnubiler autour des petits partis réformistes.

Là on voit une erreur saillante et évidente. Et là on a vu une partie des militants de l'ex-LCR se crisper et être très rageurs contre toute idée de structuration de ces travailleurs en tant que travailleurs d'un secteur ou d'une entreprise.

Il est exact que les militants ayant eu savoir-faires pour construire des partis de masse de travailleurs ont disparu en France et en Italie, même chez les réformistes (ça ne veut pas dire qu'ils ne puissent en faire ré-apprentissages, mais pour l'instant ils n'y arrivent pas).


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Message  Bernard Quellmalz Lun 7 Mai - 22:58

Toussaint a écrit:Non, il faut construire une organisation révolutionnaire. Pas anticapitaliste: qu'est-ce que cela veut dire si ce n'est pas révolutionnaire? Et si c'est révolutionnaire, pourquoi ne pas le dire et se cacher derrière une notion plus floue? Pour ne pas effrayer le badaud qui pourrait venir attiré par la lumière? Mais je ne sache pas que la LCR avec son nom lourdingue faisait fuir. En tout cas pas les électeurs... Et la question du nom n'était pas une question tactique, c'était bien le communisme révolutionnaire que l'on entendait liquider.

Sans partager tes positions et conclusions, je suis assez d'accord avec le constat que tu tires. Je pense que l'un des problèmes du NPA/LCR (comme d'autres forces anticapitalistes) a été ce double langage, ce flou artistique savamment maintenu sur le réformisme, la révolution, le projet communiste... on s'arrange avec les mots comme on peut et au final, rien n'est clair. "Anticapitaliste" est un terme fourre-tout qui participe de ce flou, avec le problème d'être "en négatif". Est-ce que le rejet d'un système est vraiment suffisant pour se rassembler autour d'une même bannière? J'ai l'impression que le bilan à tirer du NPA ne peut pas échapper à cette question...

Je n'apprécie pas LO, mais ils ont le mérite d'affirmer ce qu'ils veulent faire : le communisme.
Je n'apprécie pas le PS non plus, mais là aussi c'est assez clair : c'est du social-libéralisme d'aménagement à la marge.
Le Front de Gauche n'a presque jamais prononcé le mot "antilibéralisme", bien qu'on puisse les qualifier ainsi.

Le point commun entre toutes ces formations? Elles ont à coeur de proposer un projet en positif, ce qui est essentiel en politique. On se bat sur la durée car on sait à peu près ce qu'on fait si jamais on nous confie les rênes... La campagne du NPA ressemblait à du "on veut renverser ce système, mais on sait pas trop quoi bien par quoi le remplacer" / "il faut faire des luttes, des luttes et des luttes, mais après, si par malheur on prenait le pouvoir, franchement on sait pas trop vers où aller"...

Je pense que c'est tout le projet de "rassemblement des anticapitalistes" qu'il faut questionner.

Bernard Quellmalz

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