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Débat stratégique dans le NPA

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Message  gérard menvussa Sam 7 Avr - 15:24

Il y a des moments où nous ne pouvons servir qu'à former des militants révolutionnaires et à essayer d'élever la conscience de classe des travailleurs au travers de chaque lutte parcellaire etc.

On ne va certainement pas "former des militants révolutionnaires" au travers de "luttes parcellaires" Ou alors, cela veut dire qu'on forme des révolutionnaires en peau de lapin qui se débinent à la premiére difficulté. Ou qui sont si bien dans leur petite casemate qu'ils n'en veulent sortir a aucun prix. D'autre part, je suis désolé, mais ce n'est pas les révolutionnaires qui "élévent la conscience de classe des travailleurs", c'est bien la "lutte parcellaire" (qui leur donnent quelques billes sur la réalités des uns et des autres, de la "démocratie" bourgeoise et des fausses promesse, de la solidité ou pas de gens qui disent "faites nous confiance"...
gérard menvussa
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Message  verié2 Sam 7 Avr - 16:21

On ne va certainement pas "former des militants révolutionnaires" au travers de "luttes parcellaires" Ou alors, cela veut dire qu'on forme des révolutionnaires en peau de lapin qui se débinent à la premiére difficulté. Ou qui sont si bien dans leur petite casemate qu'ils n'en veulent sortir a aucun prix. D'autre part, je suis désolé, mais ce n'est pas les révolutionnaires qui "élévent la conscience de classe des travailleurs", c'est bien la "lutte parcellaire" (qui leur donnent quelques billes sur la réalités des uns et des autres, de la "démocratie" bourgeoise et des fausses promesse, de la solidité ou pas de gens qui disent "faites nous confiance"...
Tu chipotes un peu, me semble-t-il... Les gens se forment comme ils peuvent selon les circonstances qui ne dépendent pas d'eux. Ensuite, en effet, certains ne sont pas à la hauteur et d'autres, qu'on n'attendait pas, les remplacent. Ca ne retire pas son utilité à la formation "limitée" qu'on peut réaliser en période calme. C'est un peu comme les militaires qui font des manoeuvres...

Les révolutionnaires, effectivement, n'élèvent pas la conscience des travailleurs par leurs seuls actes, discours et cours, mais ils y contribuent, dans les limites que nous connaissons.

Mais je ne vois toujours pas le rapport avec ta contestation de faire une propagande claire sur la question de l'interdiction des licenciements, comme sur les autres sujets d'ailleurs.
__
Gérard Ménussa, quelqu'un te l'a déjà fait observer : tu es visiblement insatisfait de tout ce qui peut se faire en ce moment dans l'extrême-gauche, ce qui est ton droit, mais tu n'as pas grand chose à proposer semble-t-il. Tu as ainsi un peu tendance par moment à tout critiquer et renvoyer dos à dos, sans définir ton propre point de vue.

verié2

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Message  Marco Pagot Sam 7 Avr - 16:39

sylvestre a écrit:Mouais, en tous cas en relisant ça, je me dis que les rumeurs selon lesquelles c'est la C qui donne le "la" dans la campagne Poutou sont bien exagérées, ou alors, les camarades ont oublié leur plateforme :

Nous devons dire clairement dans notre propagande que seul un gouvernement des travailleurs issu des luttes et reposant sur leurs organismes d'auto-organisation serait à même de prendre de telles mesures remettant en cause le pouvoir politique et économique des classes dominantes pour changer réellement la société, vers
le communisme, la société sans classes et sans État.


Ah ?

C'est nous qui controlons la campagne ?
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Message  sylvestre Sam 7 Avr - 17:02

Marco Pagot a écrit:
sylvestre a écrit:Mouais, en tous cas en relisant ça, je me dis que les rumeurs selon lesquelles c'est la C qui donne le "la" dans la campagne Poutou sont bien exagérées, ou alors, les camarades ont oublié leur plateforme :

Nous devons dire clairement dans notre propagande que seul un gouvernement des travailleurs issu des luttes et reposant sur leurs organismes d'auto-organisation serait à même de prendre de telles mesures remettant en cause le pouvoir politique et économique des classes dominantes pour changer réellement la société, vers
le communisme, la société sans classes et sans État.


Ah ?

C'est nous qui controlons la campagne ?

Oublier - j'étais dans la confusion mémorielle (faut dire que faut suivre...) je pensais à ce qu'on appelle la P2-A.
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Message  gérard menvussa Sam 7 Avr - 20:21

tu es visiblement insatisfait de tout ce qui peut se faire en ce moment dans l'extrême-gauche, ce qui est ton droit, mais tu n'as pas grand chose à proposer semble-t-il.

Il te semble mal ! Tout d'abord je ne suis pas insatisfait de "ce qui peut se faire en ce moment dans l'extréme gauche", puisque il ne s'y passe rien ! Et si il ne s'y passe rien, ce n'est pas parce qu'il n'y a rien a faire, bien au contraire...

Il y a un certain nombre de combats qui nous attendent, mais a condition de ne pas rester dans les "vieilles lunes" et d'aborder de nouvelles pratiques ! Ce que Philippe rappelait dans "le droit a l'innovation" et que je partage entiérement ! Evidemment, on a perdu pas mal de gens qui nous reprochaient les uns d'etre trop, les autres pas assez. Mais la plupart sont partie parce que l'ambiance c'était "l'extréme gauche dans les années 90", et que ça donne vraiment pas, mais alors vraiment pas, envie...
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Message  Vals Dim 8 Avr - 10:20

Il est regrettable que les initiateurs du NPA n'aient pas lu, compris et médité ces lignes de Trotsky (L'I.C. après Lenine) :

[quote]"La pire et la plus dangereuse des manœuvres est celle que commandent l'impatience opportuniste, le désir de devancer la croissance du parti, de sauter par-dessus les étapes inévitables de son développement (voilà justement le cas où il ne faut pas les sauter) et qu'on exécute en liant de façon superficielle, hypocrite, diplomatique, au moyen de combinaisons et d'escroqueries, des organisations et des éléments qui tirent à hue et à dia. Pareilles expériences, toujours dangereuses, sont fatales aux partis jeunes et faibles."
[/quote]
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Message  Eugene Duhring Dim 8 Avr - 12:50

Vals a écrit:Il est regrettable que les initiateurs du NPA n'aient pas lu, compris et médité ces lignes de Trotsky (L'I.C. après Lenine) :

[quote]"La pire et la plus dangereuse des manœuvres est celle que commandent l'impatience opportuniste, le désir de devancer la croissance du parti, de sauter par-dessus les étapes inévitables de son développement (voilà justement le cas où il ne faut pas les sauter) et qu'on exécute en liant de façon superficielle, hypocrite, diplomatique, au moyen de combinaisons et d'escroqueries, des organisations et des éléments qui tirent à hue et à dia. Pareilles expériences, toujours dangereuses, sont fatales aux partis jeunes et faibles."
Une justification pour toutes les occasions manquées par LO ? Notons toutefois la fin de ce commentaire de Trotksy : ... fatales aux partis jeunes et faibles ! Peut-on considérer comme jeune et faible un parti qui a plusieurs décennies d'existence ? Qu'aurait pu dire Trotsky de LO puisque tu l'invoques ? Un parti communiste doit-il se cantonner à une rôle de groupe de pression et d'éducation en évitant soigneusement de dire qu'il est candidat à prendre la tête des masses dans le but de former un gouvernement authentiquement ouvrier ?

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Message  verié2 Dim 8 Avr - 12:58


Trotsky cité par Vals
"La pire et la plus dangereuse des manœuvres est celle que commandent l'impatience opportuniste, le désir de devancer la croissance du parti, de sauter par-dessus les étapes inévitables de son développement (voilà justement le cas où il ne faut pas les sauter) et qu'on exécute en liant de façon superficielle, hypocrite, diplomatique, au moyen de combinaisons et d'escroqueries, des organisations et des éléments qui tirent à hue et à dia. Pareilles expériences, toujours dangereuses, sont fatales aux partis jeunes et faibles."
C'est vrai que ça s'applique assez bien au NPA. Mais on pourrait trouver des citations de Trotsky tout aussi nombreuses qui dénoncent les "sectes politiques"(1) qui refusent tout compromis, toute manoeuvre, toute tentative d'alliance, ce qui ne les protège nullement de l'opportunisme...
__
1) Ne pas en déduire que j'accuserais LO d'être une secte, SVP. Le terme "secte politique" utilisé par Trotsky a un sens complètement différent de celui de secte pour désigner les fans de Krishna ou Moon. Ca désigne des groupes monolithiques extrêmement fermés, convaincus de détenir l'intégralité de l'héritage marxiste, d'être les seuls porte parole du prolétariat, l'embryon du futur parti etc

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Message  Copas Lun 9 Avr - 9:03

Une série de remarques utiles :

http://quefaire.lautre.net/que-faire/que-faire-no09-avril-mai-2012/article/npa%E2%80%89-ou-quand-les-elections


NPA  : ou quand les élections dépolitisent...

Par Vanina Giudicelli

De la routine en politique ?

« Mais venons-en au cœur de votre propos : la question politique. L’urgence de la crise interdit les raccourcis et l’exemple grec est là pour nous montrer l’étendue des problèmes. Les luttes, les grèves, les manifestations sont déterminantes dans les rapports de force mais ils ne suffisent pas à bloquer l’offensive capitaliste. Les formations grecques issues des PC et de la gauche radicale, qui n’ont participé ni à l’application des traités européens, ni aux purges d’austérité, réalisent plus de 40 % des intentions de vote…mais désunies, elles n’offrent pas de perspective politique d’ensemble sur le terrain politique ». [1]

En fait, l’exemple grec nous démontre exactement l’inverse.

Il démontre qu’on ne peut pas séparer les luttes et la question politique, que le terrain politique ne se réduit pas à des intentions de vote, que la focalisation sur les élections devient un frein au développement des luttes elles-mêmes.

Déjà, les révolutions en Tunisie ou en Égypte ont démontré que la classe dirigeante savait utiliser les processus électoraux pour tenter de canaliser les processus révolutionnaires en cours.

Déjà, les mouvements des IndignéEs dans différents pays ont révélé qu’une aspiration profonde s’exprime à une échelle de masse pour la démocratie réelle, celle de la rue, celle des assemblées organisées sur les places publiques, celle des décisions guidées par les intérêts des 99 %. Aujourd’hui, c’est le développement des évènements en Grèce qui nous démontre à quel point le mouvement venu d’en bas se pose comme une alternative potentielle et nécessaire aux institutions.

Or, il y a quelque chose de profondément révoltant dans la crise interne, aujourd’hui sans doute irréversible, que traverse le NPA. Plus que le goût amer d’un immense gâchis, la conviction que les débats internes nous enfoncent chaque jour un peu plus dans la démoralisation et les manœuvres fractionnelles.

Le type de débats stratégiques que soulève l’exemple grec, le type d’activité de soutien à la lutte du peuple grec ont de moins en moins de place dans les débats dominants.

Bien sûr, on nous explique depuis des mois que le désaccord est politique, stratégique, et c’est sans doute vrai. Mais le terrain sur lequel ces désaccords se cristallisent, depuis sa fondation, tant dans les débats que dans la constitution des tendances internes, repose uniquement sur les questions d’alliances électorales. Pourtant, élaborer une stratégie anticapitaliste exige de raisonner sur des bases radicalement différentes.

La politique venue d’en bas

L’exemple grec ne constitue pas un laboratoire uniquement du point de vue du niveau des attaques entreprises par la classe dirigeante. C’est vrai qu’en deux ans, la population grecque a subi un développement exponentiel de la misère : 25 000 SDF dans les rues d’Athènes, 30 % de la population sous le seuil de pauvreté, 1 million de chômeurs (50 % des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage), un taux de suicide record, la recrudescence des maladies, l’augmentation de la prostitution. Les médicaments dans les hôpitaux et les livres scolaires dans les écoles deviennent une exception. 80 000 magasins ont fermé, 432 000 entreprises ont déposé le bilan. De nombreux salariés ne sont plus payés depuis plusieurs mois, un fonctionnaire qui touche aujourd’hui 1000 € net par mois gagnait 1700 il y a deux ans.

Mais la situation est exemplaire aussi parce que la Grèce est le pays européen dans lequel le mouvement ouvrier est le plus fort. Il révèle ce qui a profondément changé dans cette période  : nous ne pouvons plus simplement commenter et dénoncer les attaques subies par notre camp social, nous devons débattre dans l’action et à une échelle de masse des stratégies pour riposter. L’erreur serait de croire qu’il y a un lien mécanique entre les attaques et la situation quasi-insurrectionnelle que l’on a pu vivre par vidéos interposées le 12 février, jour d’adoption en Grèce du nouveau plan d’austérité.
Une stratégie dans le mouvement, pour le mouvement

La majorité des dirigeants syndicaux sont liés au PASOK (équivalent du PS) qui dirige actuellement le pays et met en œuvre l’austérité. Alors que les directions signaient des accords avec le patronat en vue de geler les salaires, les journées de grèves générales ont été arrachées par une véritable fronde venue des militantEs syndicaux qui ont contraint dans plusieurs secteurs les directions intermédiaires à démissionner. Cette situation a été rendue possible parce que le mouvement syndical compte environ 1 million de membres (dans un pays de 11 millions d’habitants !) et a donc de fait un ancrage réel dans la population.

Ce potentiel collectif a pris forme dans la volonté de coordonner les syndicats de base et d’organiser des assemblées interprofessionnelles qui ont aujourd’hui un caractère de masse. De même, le mouvement des IndignéEs apparu en mai-juin 2010 a connu une efficacité qualitativement diffé­­rente de celui d’autres pays comme l’Espagne grâce à la convergence, en plus de la jeunesse grecque, des salariés en lutte. La place Syntagma se remplissait ainsi chaque soir de 2000 à 3000 personnes venues débattre ensemble de la prochaine étape.

Début juillet 2011, une Assemblée générale de délégués de 48 assemblées populaires produit la déclaration suivante : « Nous sommes sur des places du pays parce que nous avons décidé de prendre nos vies entre nos mains, parce que nous n’attribuons plus ce droit à quiconque. Grâce à notre auto-organisation et à la démocratie directe des places, nous créons nos propres contre-institutions fondées sur la solidarité sociale, la mise en réseau, la camaraderie, l’esprit combatif ».

Depuis un an et demi, un mouvement, « Je ne paie pas » se développe et compte actuellement environ 25 000 membres. Il organise le refus collectif de payer l’impôt sur l’électricité, les péages, les taxes d’accès aux plages, les forfaits hospitaliers, les transports publics. Alors qu’un million de Grecs ne peuvent plus payer l’électricité, ce mouvement organise, en lien avec les syndicalistes de la DEI et les comités de quartier, le rétablissement du courant. Des patrouilles de chômeurs et de retraités s’organisent contre l’intervention des huissiers.

Depuis quelques semaines, les assemblées interprofessionnelles débattent de généraliser deux cas de reprise en main de l’outil de travail. Celui de l’hôpital de Kilkis : « Nous occupons l’hôpital et le plaçons sous notre contrôle direct et total. L’hôpital sera désormais auto-gouverné et le seul moyen légitime de prise de décision sera l’assemblée générale des travailleurs ». Et celui du deuxième quotidien grec, Eleftherotypa : « Les travailleurs de Eleftherotypa, voyant que le patron demande l’application de l’article 99 du code des mises en faillite en vue de se protéger de ses créanciers, en réalité ses salariés auxquels il doit 7 millions d’euros en salaires impayés, ont décidé parallèlement aux mobilisations et aux actions en justice de faire paraître leur propre journal ».

Enfin, plus récemment encore, le phénomène du «  mouvement des patates  », vente directe du producteur au consommateur, court-­circuitant les intermédiaires, se propage dans différentes villes.
Élections : un reflet plutôt qu’une solution

Ces mouvements portent en eux la réorganisation de la société sur d’autres bases. Les 40 % d’intention de vote pour la gauche du PASOK (Parti de la gauche démocratique, KKE et Syriza), et la crise politique profonde des partis institutionnels (le PASOK, lui, est crédité de 8 %) en sont le reflet et non la solution. S’il est exact que ces trois formations sont identifiées comme opposées aux plans d’austérité, cette audience à une échelle de masse a été rendue possible par les mobilisations de masse (et c’est bien cela qui fait peur à la Troïka, au point d’envisager d’empêcher la tenue de ces élections). Le point de départ d’une stratégie politique émancipatrice exige de penser le renforcement de cette dynamique, pas de la refléter. Or, le rapport de la gauche du PASOK à cette dernière n’est pas sans poser problème : alors que le KKE bloquait l’accès à la place du Parlement aux manifestantEs qui se confrontaient concrètement à une assemblée délégitimée, la coalition Syriza, en la personne de son dirigeant Tsipras déclarait le 9 février : « Le temps du peuple est venu. Le temps de l’Union patriotique et démocratique est arrivé. Nous appelons tous les Grecs à entrer ensemble en résistance. Nous appelons tous les vrais intellectuels, les sociétés spirituelles et scientifiques à prendre la tête de ce mouvement. Que ce mouvement social implacable mène à la démission du gouvernement de Papademos, au rejet de l’accord de prêt et à une nouvelle élection ».

La nécessité d’ancrer et de généraliser les mouvements de construction de contre-pouvoir à la base vient percuter le fonctionnement délégataire de la séquence électorale. Nier la nécessité d’opérer en tenant compte de cette contradiction, c’est nier de fait les tâches politiques du mouvement.

Et ici ?

Nous ne sommes pas dans la situation grecque.
Cependant, chaque front de mobilisation nous montre que la disponibilité pour l’action dépasse les forces militantes organisées : succès des initiatives publiques prises par les collectifs contre la dette, succès de celles prises pas la campagne « Printemps des quartiers », luttes successives des Fralib, Seafrance, Lejaby qui posent la question du contrôle de l’outil de travail, etc.

On nous rétorquera le succès de « la prise de la Bastille » organisée par le Front de Gauche. C’est indéniable. L’audience pour le Front de Gauche est la cristallisation d’une part d’une aspiration politique, d’une recherche de perspectives et de l’autre d’une conscience largement réformiste, y compris dans le mouvement.

La nécessité d’ancrer et de généraliser les mouvements de construction de contre-­pouvoir à la base vient percuter le fonctionnement délégataire de la séquence électorale

Mais ces deux aspects sont des aspects en réalité contradictoires sur la durée  : la campagne du Front de Gauche éloigne les aspirations qui s’y expriment du terrain de la construction d’une alternative au sein du mouvement lui-même.

La veille du rassemblement à la Bastille le Front de Gauche était totalement absent de la manifestation contre le racisme et le colonialisme. Mais c’est aussi vrai de la construction d’un réel mouvement d’organisation des collectifs contre la dette.

Or, cette contradiction ne peut apparaître que sur la base du mouvement lui-même.

Dans ces conditions la campagne électorale du NPA, elle, s’avère d’autant plus inopérante à ce stade que dans cette sphère, notre espace en est du coup très réduit. La dynamique pour le Front de Gauche favorise les pressions les plus conservatrices pour notre campagne conçue de façon propagandiste, en différenciation des autres formations politiques plutôt qu’en organisatrice de notre camp social. Bref elle est impuissante à commencer à dénouer la contradiction qui est au cœur de la campagne du Front de Gauche.

Alors que, même minoritaires, nous devrions, de fait, proposer, de manière fraternelle, à tous ceux et celles qui se tournent vers le Front de Gauche, une alternative, la proposition d’intervenir au sein du mouvement, de le construire, d’y construire nos propres formes de pouvoir, soient-elles limitées au départ, notre campagne sépare elle aussi le champ des mobilisations et la question politique, réduite à la sphère électorale.


Pour la construction des rapports de force et pour bloquer l’offensive capitaliste, combien de militantEs construisent actuellement les mobilisations ?
Combien favorisent l’intervention de notre camp social sur le champ politique ?
Combien proposent une stratégie dans le mouvement, pour le mouvement ?
En réalité, nous n’en savons rien, car le NPA ne se pense pas de cette façon. L’a-t-il d’ailleurs déjà fait ?

Se lancer dans cette tâche, rassembler ceux et celles qui veulent aller dans ce sens pour être utiles au mouvement, pour développer et élargir toutes ses formes d’organisation et pour favoriser et généraliser toutes ses tentatives de « prise de pouvoir », voilà la base sur laquelle pourrait se relancer un Nouveau parti anticapitaliste. Cette tâche est toujours devant nous. Il faut nous y mettre vraiment. Maintenant.

[1] Pierre-François Grond, «  Réponse aux «  quatre  »  »

Il y a là des éléments utiles.

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Message  Roseau Lun 9 Avr - 22:45

Copas a écrit:Une série de remarques utiles :

C'est l'évidence.

Mais plus important encore, ce message de Copas dans BC


Les exemples des révolutions arabes en 2011, du LKP en Guadeloupe en 2009 / 2010 devraient nous inciter à reconnaitre que la révolte à défaut de la révolution, viendra des luttes, de la rue, du peuple en colère, et non des urnes qui sont une énorme illusion, un réformiste doux qui ne changera rien sur le fonds.

Les grandes luttes ouvrières en Chine incitent aussi à cela, un nombre impressionnant de secousses également, l’impasse du réformisme en Grèce également, etc.

Toutefois, contrairement à ce qu’on dit souvent de façon nécessairement lapidaire, ce n’est pas dans la rue que ça se joue mais dans la capacité du prolétariat moderne à construire une alternative de société par ses organisations démocratiques, unitaires, coordonnées dont la centralisation représente l’issue politique nécessaire.

De ce point de vue l’expression "la rue" ne doit pas induire à penser que c’est une question de galopade, même si il y a des moments où ce sont les poitrines et le rang serré du peuple qui pèse dans les affrontements..

La crise politique languissante en Grèce donne également cet enseignement que la colère ne suffit pas, que le parlementarisme, si il est une impasse, n’est pas un échec qui se suffit en lui-même pour vaincre un adversaire roué : le parti de la prédation.

Pour cela il faut un pouvoir montant, démocratique, construit dans les luttes et les batailles, coordonné et centralisé qui puisse à un moment dire : c’est nous qui décidons, voila nos ordres, nous dissolvons les organisations anti-démocratiques comme les entreprises capitalistes, car nous en avons la légitimité politique et démocratique.

Ce pouvoir démocratique ne nait pas dans les ors de la république bourgeoise, il est l’enfant du contrôle étroit de travailleurs et de jeunes sur leurs organisations dans le cours même d’une bataille rude qui n’oublie jamais les questions et revendications concrètes .

Qu’est-ce qu’il a manqué dans le mouvement des retraites de l’automne 2010 pour gagner ?

Il a manqué cette légitimité organisationnelle et démocratique, permettant aux masses les plus larges de se sentir légitimes et forts pour aller plus loin.

Il n’est pas un hasard si ceux qui se sentent investis politiquement pour assurer ces tâches dans le cadre des ors de la république aient si mal réagi à l’époque et braillé pour contrer les ambitions de grève générale et tenter de rabattre vers une illusion référendaire le mouvement (Mélenchon, le FdG ont joué là les pompiers, petits).

Cette légitimité du mouvement de masse, ses organisations démocratiques, unitaires, centralisées et coordonnées, sans bureaucratie , nécessite des batailles préalables qui sortent le l’illusion du :


Sous moi donc cette troupe s’avance,
Et porte sur le front une mâle assurance.
Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !

Le modèle des coordinations françaises nous donne quelques pistes dans ce travail, mais il nécessite également un parti politique, une organisation politique, qui travaille dans les entreprises, les secteurs, les quartiers, les rues, etc, à préparer cette situation, à y réfléchir, etc

La victoire est à ce prix, et, plus prosaïquement, faire reculer la bourgeoisie, même de quelques centimètres, nécessite ce travail.
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Message  Babel Mar 10 Avr - 9:12

Copas a écrit:Il y a là des éléments utiles.
Oui, il est vraiment bien, ce texte. En prise sur les luttes de masse les plus récentes, et s'efforçant de tirer les premières leçons de l'exemple grec, afin de dessiner les éléments d'une orientation stratégique. Preuve que le boulot est devant nous, par delà cette (sinistre) séquence électorale.

Un truc, en passant : l'auteure de l'article semble soutenir l'idée que le succès de la campagne Mélenchon est non seulement la conséquence de l'échec des mobilisations de 2010 contre la réforme des retraites, mais aussi son expression directe sur le plan politique.

En écrivant :
L’audience pour le Front de Gauche est la cristallisation d’une part d’une aspiration politique, d’une recherche de perspectives et de l’autre d’une conscience largement réformiste, y compris dans le mouvement
, elle laisse entendre que ce mouvement, tel qu'il se présentait, et du fait de ses propres faiblesses, des limites imposées à la dynamique sociale qu'elle impulsait, n'était pas en mesure faire plier ce gouvernement. Et qu'en somme le caractère massif des mobilisations auxquelles il a donné lieu avait pour contrepartie (ou pour pendant) une impuissance politique, visible par le faible degré de combativité de ses manifs et, par conséquent, son faible degré de structuration autonome.

J'extrapole sans doute, on me rectifiera au besoin. Cela semble également être ton opinion, quand tu écris :
Qu’est-ce qu’il a manqué dans le mouvement des retraites de l’automne 2010 pour gagner ?

Il a manqué cette légitimité organisationnelle et démocratique, permettant aux masses les plus larges de se sentir légitimes et forts pour aller plus loin.
Je suis personnellement incapable de théoriser ça, sur la base d'une analyse établie à partir de l'examen de faits précis, et il s'agit plus d'un sentiment né d'une série d'impressions diffuses, --donc avec une part avouée et non négligeable de subjectivité et d'impressionnisme.

J'ai participé à des AG locales atones, avec des militants peu convaincus qu'il était possible de gagner, et à des manifs poussives où, passée la surprise de se retrouver si nombreux dans la rue, les manifestants semblaient ne vouloir défiler que "pour marquer le coup", sans conviction réelle. Rien à voir avec la rage et l'inventivité qui s'exprimaient contre le plan Fillon de 2003, ou bien en 2006, contre le CPE.

Comme si une page venait de se tourner, celle de la séquence inaugurée par les grandes grèves de 95, et que s'ouvrait devant nous une nouvelle période. Traduction directe, sans doute, de l’approfondissement de la crise depuis 2008,... et dont nous subissons actuellement les contrecoups.

Babel

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Message  verié2 Mar 10 Avr - 10:18

L’audience pour le Front de Gauche est la cristallisation d’une part d’une aspiration politique, d’une recherche de perspectives et de l’autre d’une conscience largement réformiste, y compris dans le mouvement
C'est à mon avis une exagération considérable de la signification de la Mélenchonite !
Si Olivier s'était présenté, Mélenchon aurait eu la tâche beaucoup plus difficile. Il me semble que les 10 % d'électeurs qui vont (peut-être) glisser de Besancenot-Laguiller à Mélenchon ne sont ni plus ni moins réformistes ou révolutionnaires qu'avant. Ils se prononcent pour des personnalités qui leur semblent fortes et expriment un certain nombre de choses qu'ils ont envie de dire ou d'entendre dire. Je ne crois pas que ça aille beaucoup plus loin.

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Message  Marco Pagot Mar 10 Avr - 10:29

verié2 a écrit:
L’audience pour le Front de Gauche est la cristallisation d’une part d’une aspiration politique, d’une recherche de perspectives et de l’autre d’une conscience largement réformiste, y compris dans le mouvement
C'est à mon avis une exagération considérable de la signification de la Mélenchonite !
Si Olivier s'était présenté, Mélenchon aurait eu la tâche beaucoup plus difficile. Il me semble que les 10 % d'électeurs qui vont (peut-être) glisser de Besancenot-Laguiller à Mélenchon ne sont ni plus ni moins réformistes ou révolutionnaires qu'avant. Ils se prononcent pour des personnalités qui leur semblent fortes et expriment un certain nombre de choses qu'ils ont envie de dire ou d'entendre dire. Je ne crois pas que ça aille beaucoup plus loin.

Et dans un sens, les gens qui vont voter Poutou, qui viennent aux meetings, qui laissent leurs contacts sont vraiment précieux, parce qu'ils se laissent pas arnaquer...
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Message  verié2 Mar 10 Avr - 10:51

Marco Pagot
Et dans un sens, les gens qui vont voter Poutou, qui viennent aux meetings, qui laissent leurs contacts sont vraiment précieux, parce qu'ils se laissent pas arnaquer...

Il y a sans doute une toute petite minorité d'électeurs qui sont vraiment attachés idéologiquement, culturellement et affectivement à l'extrême-gauche LO-LCR/NPA, voire à l'un des deux. Mais la grande majorité des électeurs est fluctuante et déplace son bulletin de vote de l'un à l'autre candidat, selon qu'il lui semble plus audible, plus utile, plus efficace pour faire pression sur la gauche modérée à un moment donné, sans d'ailleurs partager autant d'illusions que certains militants, tels les ralliés de fraiche date au FdG.

On peut noter qu'il en va de même de l'électorat Verts : peu de gens sont suffisamment attachés aux problèmes écologiques ou croient que les Verts seront les plus efficaces pour les résoudre pour se prononcer systématiquement pour eux. Les Verts ont ainsi fait figure de moyen de contester la mollesse du PS pour des électeurs qui n'iraient pas jusqu'à voter extrême-gauche. D'où la grande difficulté pour les Verts de construire un vrai parti...

Il faut comprendre que nous ne sommes plus à la grande époque du PCF, quand des millions d'électeurs de milieux ouvriers et populaires se reconnaissaient dans ce parti, non seulement pour des raisons idéologiques, mais parce qu'ils côtoyaient chaque jour sur le terrain des militants dévoués du parti : au travail, dans leur quartier, dans les associations sportives etc.

L'extrême-gauche n'a pas (encore ?) rempli ce vide et ne peut par conséquent avoir un électorat fidèle important. Contrairement aux illusions qu'ont pu nourrir LO et la LCR...
Le charisme d'une personnalité, les discours TV peuvent attirer la sympathie, des suffrages à un moment donné, mais certainement pas suffire à constituer un vrai courant politique stable.

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Message  Marco Pagot Mar 10 Avr - 11:35

verié2 a écrit:
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Et dans un sens, les gens qui vont voter Poutou, qui viennent aux meetings, qui laissent leurs contacts sont vraiment précieux, parce qu'ils se laissent pas arnaquer...

Il y a sans doute une toute petite minorité d'électeurs qui sont vraiment attachés idéologiquement, culturellement et affectivement à l'extrême-gauche LO-LCR/NPA, voire à l'un des deux. Mais la grande majorité des électeurs est fluctuante et déplace son bulletin de vote de l'un à l'autre candidat, selon qu'il lui semble plus audible, plus utile, plus efficace pour faire pression sur la gauche modérée à un moment donné, sans d'ailleurs partager autant d'illusions que certains militants, tels les ralliés de fraiche date au FdG.

On peut noter qu'il en va de même de l'électorat Verts : peu de gens sont suffisamment attachés aux problèmes écologiques ou croient que les Verts seront les plus efficaces pour les résoudre pour se prononcer systématiquement pour eux. Les Verts ont ainsi fait figure de moyen de contester la mollesse du PS pour des électeurs qui n'iraient pas jusqu'à voter extrême-gauche. D'où la grande difficulté pour les Verts de construire un vrai parti...

Il faut comprendre que nous ne sommes plus à la grande époque du PCF, quand des millions d'électeurs de milieux ouvriers et populaires se reconnaissaient dans ce parti, non seulement pour des raisons idéologiques, mais parce qu'ils côtoyaient chaque jour sur le terrain des militants dévoués du parti : au travail, dans leur quartier, dans les associations sportives etc.

L'extrême-gauche n'a pas (encore ?) rempli ce vide et ne peut par conséquent avoir un électorat fidèle important. Contrairement aux illusions qu'ont pu nourrir LO et la LCR...
Le charisme d'une personnalité, les discours TV peuvent attirer la sympathie, des suffrages à un moment donné, mais certainement pas suffire à constituer un vrai courant politique stable.

Ca invalide pas ce que j'ai dit, c'est pour ça que ces gens, ces contacts qu'on récupère, faut mettre le paquet pour les gagner au NPA
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Message  gérard menvussa Sam 14 Avr - 21:18

Voila une tribune tout à fait remaquable de Pierre Rousset (non, pierre, tu n'est pas du tout un vieux con !)


Crise du NPA : pourquoi parle-t-on si peu de la politique d’organisation ?
ROUSSET Pierre
9 avril 2012

Les débats dans Phénix ouvrent de nombreuses pistes de réflexion, et c’est bien. Cependant, ils s’attardent fort peu sur la politique d’organisation, la conception des directions, les conditions de mise en œuvre d’une orientation. Or, dans le succès ou l’échec du NPA, ces questions sont essentielles. C’est donc sur elles que vont porter ces notes.

Il ne s’agit en effet que de notes rapidement écrites. Dès que je le pourrais, je reviendrai plus substantiellement sur cette matière dans une contribution que je prévois d’intituler « Changement de période, crise d’organisation et engagement militant ».

Le peu d’importance accordée à cet ensemble de question apparaît « en creux », dans la façon dont sont avancées diverses explications à la crise.

• La période à bon dos. Le NPA a été constitué dans un moment dynamique, d’optimisme des luttes. Peu après sa fondation, il s’est heurté à un relatif retournement de situation, les luttes, quelques soient leur ampleur, se terminant à de rares exceptions près sur des impasses. Bien entendu, cela nous aurait aidé de pouvoir surfer deux ans durant sur une période favorable, le temps de consolider la nouvelle organisation, de lui donner une identité collective. Mais l’hypothèse la plus favorable n’est jamais la plus probable. La « norme », c’est de construire dans la difficulté, pas la facilité.

Ni montée linéaire des luttes ni recul généralisé ; ni nous ne surfions sur la vague ni nous ne nous retrouvions le dos a mur. Il fallait avancer dans le ressac et la complexité, voire l’adversité, avec un tout jeune parti, profondément hétérogène. Dans de telles circonstances, la politique d’organisation, la qualité et l’engagement des directions deviennent des facteurs particulièrement cruciaux.

Se contenter d’invoquer la période pour expliquer notre crise, c’est faire preuve d’un spontanéisme saisissant, comme si l’organisation n’était que le reflet de l’état des luttes.

• La juste politique a bon dos. « Si nous avions eu la juste politique… ». L’exercice rétrospectif n’est jamais simple, car il faut restituer la situation passée dans toutes ses dimensions, y compris organisationnelles, ce qui n’est généralement que trop partiellement fait. Le NPA héritait des divisions propres à la LCR et de l’hétérogénéité des individus ou équipes militantes qui s’engageaient avec nous dans sa construction, de l’hétérogénéité aussi des milieux politiques et sociaux auxquels il s’adressait.

Nous commencions donc sous la menace d’une double hétérogénéité qu’il fallait transformer rapidement en diversité dynamique sous peine de paralysie politique. Or, une fois passé l’état de grâce consécutif à son lancement, l’hétérogénéité du NPA s’est manifestée en toute occasion, du débat sur les oppressions (suscitée par la candidature d’Ilham Moussaid dans le Vaucluse) aux élections régionales.

Quand l’organisation se divise sur chaque choix tactique (au sens noble du terme), il n’y a plus de « politique juste » possible puisqu’aucune politique ne peut être mise en œuvre par l’essentiel de l’organisation – et la « politique juste » devient avant tout l’objet de luttes internes à l’organisation.

Le lancement du NPA devait sous peine d’échec être l’occasion de dépasser les divisions internes à l’ancienne LCR ; et de dépasser aussi les particularismes des équipes militantes locales et des parcours propres aux nouveaux membres. Mais, encore une fois, on ne pouvait s’en remettre à la spontanéité pour faire du NPA un creuset. L’entreprise était pour le moins complexe.

• Les soixante-huitards ont bon dos. Faire du NPA un creuset était d’autant plus complexe que nous initions un processus de construction sans précédent, que nous devions dans une large mesure « piloter à vue », pour percevoir les problèmes aussi tôt que possible et trouver des réponses. … Vu l’ambition du projet, ses inévitables imprévus, la complexité du moment politique, l’hétérogénéité de l’organisation, la mosaïque de cas particuliers qu’elle incluait, le manque d’expérience d’un grand nombre de ses membres – et l’expérience datée de bien d’autres – la responsabilité de la direction qui avait initié le processus (ce qui fut son grand mérite !) était considérable. D’autant plus que le temps était chichement compté.

Etait-il possible de constituer une direction nationale suffisamment disponible, réactive et intégrative sans, au moins, une petite équipe mobilisée à 100% – ce qui signifie des permanent.e.s à plein temps ? Je ne crois pas. Pourtant, cette question fut d’emblée écartée, comme si elle relevait d’un autre temps – du « modèle » organisationnel des années 60-70. Deux questions bien distinctes ont été mêlées pour justifier ce rejet : celle des permanents « à vie » (que nous n’avons jamais souhaité, même si de fil en aiguille certains, comme moi, le sont devenus) ; et celle des permanents à plein temps, pour une durée déterminée.

• Pas d’équipe permanente. Les seuls permanents de direction à temps plein étaient ceux dont le NPA avait hérités de la LCR, tous en fin de « carrière » – bientôt ou déjà retraités. Aucun des (presque) quarantenaires ne l’est devenu, alors que, véritablement, c’est leur temps. Quand le camarade qui faisait le secrétariat de direction est décédé, le poste est resté vacant. Un système de permanentariat partiel (deux jours par semaine) était censé suffire. Signalons en passant que ce système introduit de fait une sélection sociale que le permanentariat à plein temps permet de combattre. Rares sont en effet les professions où il est possible de prendre son lundi-mardi et d’être encore présent épisodiquement le reste de la semaine – il s’agit surtout d’enseignants.

La politique du permanentariat partiel est, paraît-il, adaptée à l’ère du téléphone portable. Pour l’anecdote significative, elle signifiait qu’il n’y avait souvent pas de responsable politique pour répondre aux coups de téléphone passés au local national. Il arrivait alors à un retraité de le faire, sans en avoir la « légitimité » politique. Mais était-ce sa faute ? Plus généralement, les portables favorisent les liens entre proches (qui deviennent facilement en politique des « cercles familiaux » ou des « cliques »), mais pas les échanges nécessaires à la formation d’une équipe et à la collectivisation des connaissances et de l’analyse.

• Une question politique. La question que je soulève est politique. Il ne s’agit pour moi ni d’un jugement moral ni de juger les individus (que les camarades concernés l’entendent bien). Devenir permanent de direction à temps plein est un saut, qui implique notamment rupture de continuité d’emploi (ce n’est pas forcément aussi vrai pour des permanents politiques attachés à d’autres tâches : imprimerie, presse… où les qualifications acquises peuvent être reconduites dans un autre emploi). Je suis parfaitement conscient que ce « saut » est plus difficile à accomplir quand on approche la quarantaine, qu’une « carrière » est engagée et que l’on a des enfants – que quand on avait 22 balais en 1968 et que le soleil rouge de la révolution brillait à l’horizon. Rappelons cependant que cet engagement, comme permanent ou sous d’autres formes, nous avons dû le répéter même après avoir pris de l’âge…

Que le « saut » soit difficile ne change malheureusement rien à l’affaire. Même si l’on y consacre l’essentiel de son temps libre, on ne peut pas être disponible à 100% quand on travaille par ailleurs. Or, le jeune NPA avait absolument besoin pour prendre forme d’une équipe de direction pleinement disponible. La direction « large » du NPA elle-même avait besoin de ce « noyau » opérationnel pour fonctionner collectivement.

L’existence d’une telle équipe de direction n’était certainement pas une condition suffisante à la réussite de notre projet. Mais c’en était non moins certainement une condition nécessaire.

• L’épreuve de l’expérience. La direction du NPA a fait ce qu’elle a pu ? Certes, mais ce ne fut pas assez. Moins d’initiatives de mobilisation, de campagnes, que du temps de la LCR. Pas de conférences d’organisations pour échanger sur les expériences de construction de collectifs ou sur la politique de constitution de directions à tous les échelons. Aucune impulsion donnée à la commission programme. Polarisation toujours plus grande autour du seul terrain électoral. Incapacité à maîtriser l’entrée de groupes constitués dont l’adhésion politique au projet du NPA n’allait pas de soi. Manque de réactivité face aux crises annoncées…

Là encore, la critique n’est pas morale ou ne porte pas sur les individus. Vu le système de direction mis en place, il était tout simplement impossible de répondre aux besoins. Le résultat des courses, c’est que la possibilité de faire du lancement du NPA un creuset permettant de dépasser les fractures antérieures ou l’hétérogénéité nouvelle a été perdue ; et que nous traversons aujourd’hui l’une des pires crises de direction qui puissent être.

Question expérience, je ne connais pas une organisation qui ait l’envergure, l’ambition et l’éventail de responsabilités du NPA qui fonctionne sans un seul permanent de direction. Si elle existe avec succès, il serait effectivement intéressant de savoir ce qu’elle a su faire mieux que nous.

• Culture d’organisation. Loin d’être « administratives », les questions d’organisation – et la « culture d’organisation » – pour des partis comme le nôtre sont éminemment politiques. J’y reviendrai dans un prochain texte, y compris en reprenant plus largement le problème du permanentariat qui illustre comment peuvent être imperceptiblement érodés les piliers d’une conception « fondatrice » – en l’occurrence la grille de salaire unique, le fait de traiter comme « politique » tous les postes de travail et l’alignement sur un salaire « moyen ».

C’est au travers de la crise actuelle que je réalise l’ampleur des questions qui se posent. J’ai en effet été versé à des activités internationales pendant une vingtaine d’années (1973-1993), puis investit plus de cinq au Parlement européen, quand la LCR a eu ses deux député.e.s. Cela veut dire que je n’ai pas vécu directement l’évolution de l’organisation pendant une longue période. Au point que je ne comprends absolument pas certains épisodes bizarroïdes qu’a traversés la LCR (et que personne n’a réussi à m’expliquer…). Je ne peux donc pas analyser le cheminement qui nous a conduits où on en est. En revanche, ayant un regard extérieur, il y a peut-être des problèmes qui m’apparaissent avec plus d’évidence qu’à d’autres. Par exemple, à quel point une bulle de direction s’est constituée où trop de choses se négociaient en famille (déchirée).

On peut me répondre en changeant de sujet, pour souligner l’importance d’autres facteurs, depuis la longue période de non-actualité de la révolution en Europe jusqu’à la façon dont les générations militantes actuelles perçoivent l’engagement politique, en passant par la crise de perspectives socialistes. J’en suis d’accord et j’en rajoute autant que vous voulez. On a voulu, par exemple, incorporer au NPA le meilleur des diverses traditions anticapitalistes (libertaires, écologie sociale, etc.) – reste évidemment à définir le « meilleur ». Mais cet objectif suppose que lesdites traditions (passées) existent dans la société présente de façon dynamique (et non portée seulement pas des individus ou petits groupes). Pour nombre d’entre elles, cela n’a rien d’évident : à quelles sources « traditionnelles » peut-on donc s’abreuver ?

Mais plus on souligne l’ampleur des difficultés liées à la période, aux consciences, aux rapports de force, et plus la qualité et l’adéquation de l’organisation prend de l’importance. Et ce d’autant plus que les lendemains qui s’annoncent ne sont pas tendres.

• Une question pour demain. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale (ou un peu plus tard pour certains pays), une crise majeure de régression (voire de décomposition) sociale est engagée. C’est de là qu’il faut partir, si l’on veut cerner ce qu’il y a véritablement de neuf et à quelles tâches l’on doit se préparer. Je le souligne, parce que dans sa dernière contribution, la plupart des « nouveaux » problèmes qu’énumère Pierre-François Grond sont nouveaux depuis… 20 ou 30 ans. On a beaucoup travaillé sur la crise écologique globale, la mondialisation, les implications de l’implosion de l’URSS, les nouvelles guerres, etc. Cela reste inachevé, discutable, inégalement collectivisé ? Certes. Mais repartons alors de ce que nous avons déjà élaboré – et des lignes de clivages analytiques et politiques qui sont apparues dans la vie réelle (et pas inventées) avec les « réformistes », pour reprendre le terme utilisé par PF, ou les antilibéraux pas anticapitalistes.

Ce que l’on sait en revanche, c’est que l’héritage des décennies passées est inadéquat par rapport à la période nouvelle – il est en quelque sorte inadéquat « par définition », car nos générations n’ont eu aucune expérience comparable à ce qui nous attend (ou ce qui est réalité présente en Grèce). Ceci concerne toutes les organisations, et pas seulement les « anticapitalistes » ou « révolutionnaires ». Par exemple, nous ne savons pas organiser les secteurs ou les territoires précarisés – dont l’importance ne cesse de croître –, et nous n’avons pas de points d’appui significatifs pour ce faire. Le problème est tel que les organisations de chômeurs, pleines de vitalités dans les années 90, sont atones alors que la précarité explose.

De même, le Forum social européen (faute de radicalité) n’est plus que l’ombre de lui-même à l’heure de la crise de l’Union européenne. De même encore, les directions syndicales majoritaires n’ont ni su ni voulu assumer l’épreuve de force avec une bourgeoisie revancharde.

D’accord pour dire que nous sommes dans un moment de reconstruction (y compris de la gauche radicale). Mais la reconstruction est une bataille et pas un cercle de réflexion où nous irions, comme à un diner de galas, débattre en gangs blancs avec les « réformistes », ou la gauche institutionnelle.

Malheureusement, nous ne sommes ni en ordre de bataille ni en ordre de travail. Car sur bien des questions, nous ne savons pas que faire (comment aider à l’organisation des secteurs et territoires précarisés ?). Car notre organisation (si ce n’est nos organisations…) n’est pas positionnée pour remplir les tâches de demain.

Ainsi, la question abordée ci-dessus de l’engagement de direction va se poser de façon récurrente dans la période qui vient, car la lutte de classe menée par les bourgeoisies européennes va se durcir. L’engagement anticapitaliste, révolutionnaire, va être beaucoup plus couteux socialement demain qu’il ne l’a été hier (il devient déjà plus couteux pour les cadres radicaux des mouvements sociaux, même si les directions de la gauche radicale politique ne sont pas encore ciblées).

Il faut donc jeter un regard critique sur notre propre héritage. Plus tellement sur l’héritage des années 1960-1970 (il est si lointain…), mais surtout sur celui des années 1980-2000. Ma génération militante a dû faire son introspection critique-autocritique (avec plus ou moins de bonheur) dans la seconde moitié des années 70, pour apprendre à construire dans la durée. C’est au tour de la génération suivante de devoir la faire, pour se préparer à des temps plus difficiles. Si, à l’occasion de la crise de fondation du NPA, elle n’est pas capable de se poser des questions aussi simples que celles que j’ai mentionnées ici en matière de direction, j’ai peur qu’elle ne le fasse jamais.

Je sais qu’écrivant ainsi, je risque de passer pour un vieux con. Encore une fois, ce n’est pas une question de jugement moral, mais de nécessité politique. Quand il y a de tels changements de période, il y a nécessairement crise du système d’organisation, du dispositif d’implantation sociale et de la culture politique existants.

Qui lira ce texte comprendra, j’espère, qu’il ne s’agit pas de régler le compte d’une tendance, d’un bloc, du NPA. Je porte un regard critique sur l’évolution collective d’une direction, tous courants confondus. Je souligne l’importance de questions nouvelles pour lesquelles cette fois-ci, effectivement, nul n’a les réponses. Des réponses que l’on ne peut trouver qu’en interaction avec d’autres, car il faut les chercher dans l’expérience sociale présente. Mais à cette occasion, il faut aussi reconstituer le fil d’une pensée sur bien des terrains – et en particulier sur le terrain de la politique d’organisation.

Sinon, ce que l’on risque, c’est bien pire qu’une division : une fragmentation. Une fragmentation qui touchera les courants qui rejoignent désarmés le front de gauche, sans horizon, sans rapport de forces et sans ossature. Une fragmentation qui touchera les courants qui, par peur du risque encouru, se replieront sur une rigueur impotente.

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Message  iztok Sam 14 Avr - 21:22

Voilà enfin un bon texte, à faire circuler et critiquant tout autant le gauchisme clivant et sectaire de certains au npa, et les lignes de ralliement opportunistes d'autres. Depuis quelques mois une autre (enfin) petite musique interne voit le jour dans le NPA, j'espère qu'elle se concrétisera rapidement, que ce soit nationalement et localement.
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Message  sylvestre Dim 15 Avr - 11:12

Pierre Rousset a mille fois raison de parler des questions organisationnelles, de souligner que la "ligne juste" ne suffit pas - la politique c'est du concret et construire une organisation politique ça veut dire traiter politiquement les questions organisationnelles. Tiens, ça me donne presque envie de relire le pourtant océanique Un pas en avant, deux pas en arrière !

Cela dit PR se concentre uniquement sur le sommet, l'équipe de permanents de Paris/Montreuil, alors qu'il me semble qu'il est capital de parler de la façon dont l'organisation vit au niveau national, comment fonctionnent les directions locales, comment répertorier et rediffuser l'info sur les activités des comités, organisation de conférences spéciales sur tel ou tel front, élaboration commune de stratégies en lien avec une direction politique, et comment le système de presse (propagande/élaboration théorique) est au service de tout ça.
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Message  verié2 Dim 15 Avr - 11:32

La question organisationnelle est assurément très importante et Rousset souligne un certain amateurisme qui a probablement beaucoup nui au NPA. Mais les méthodes organisationnelles ne peuvent être séparées de la ligne politique générale. En fait, le caractère flou de l'organisation est à l'image du flou artistique de la ligne politique attrape tout du NPA. Pour en sortir, il faudra définir en particulier des priorités d'intervention, se donner les moyens d'intervenir de façon plus systématique et plus méthodiques dans les entreprises, parmi les précaires, les jeunes des quartiers défavorisés etc. Cela sur les bases d'un programme de classe faisant clairement référence à la nécessité de la révolution socialiste face à la catastrophe du système capitaliste.

Il y a d'ailleurs de bons éléments dans la campagne Poutou, en particulier dans l'accent mis sur la nécessité pour les travailleurs et les classes populaires de prendre leurs affaires en mains, de s'organiser, les références aux principes de la Commune rappelés par Besancenot au meeting. Mais pourquoi zapper comme si on en avait honte les premières années de la révolution russe, qui constituent aussi un de nos acquis fondamentaux ?

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Message  gérard menvussa Dim 15 Avr - 12:14

Bon, j'étais branché sur "Radio notre dame" (la radio catho) ce matin, donc je serais particulièrement oeucuménique, et d'accord avec ce qu'avancent Vérié et Sylvestre.

Il me semble effectivement que le problème organisationnel n'est vu qu'au "sommet", ce qui est un comble pour une organisation dont l'originalité est d'être "du bas en haut", ce qui implique aussi quelques conséquences, normalement, sur sa construction et son organisation... Mais comme Pierre le disait : ce n'est qu'un commencement de début d'élaboration...

Pour en sortir, il faudra définir en particulier des priorités d'intervention, se donner les moyens d'intervenir de façon plus systématique et plus méthodiques dans les entreprises, parmi les précaires, les jeunes des quartiers défavorisés etc.
Je suis trés d'accord avec ça ! Mais d'une part cela pose le probléme de la convergences des objectifs (qui ne sont pas forcément les mêmes dans les entreprises, parmi les précaires ou les jeunes des quartiers) Et d'autre part aussi, il faut voir (et ce que j'ai trouvé trés intéressant dans ce que disait notre camarade, c'est qu'il reconnaisse qu'on "ne sait pas faire" et donc qu'il faut aussi une démarche nouvelle, avec une certaine dose d'expérimentations (et d'échecs, qui sont corrélatifs a toute tentative d'expérimentation) Place à l'imagination, place à l'heuristique !

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Message  Copas Dim 15 Avr - 14:01

Au niveau national une défiance particulière a été répandue envers toute volonté de se donner des moyens de construire une force organisée en tant que telle dans les entreprises et les secteurs. C'est du non-écrit, mais de l'implicite.

Le paradoxe veut que les sympathies de l’extrême gauche sont maintenant particulierement ancrées dans la classe ouvrière, c'est un fait documenté maintenant, et pourtant ....

... et pourtant tout continue comme si un parti n'était qu'un petit haut-parleur en bordure de cortèges syndicaux, comme si il n'y avait jamais de responsabilités politiques de construction.

Je souscris à pas mal de choses de ce que dit Pierre Rousset, mais j'aimerai compléter que si les groupes gauchistes étaient plus "sérieux" organisationnellement dans l'après 68, et il y a bien des choses à en tirer, se rajoute maintenant la question des espaces libres laissés (mais niés sans arrêt...) et des responsabilités liées.

La question de la création d'un parti de masse (des dizaines de milliers de membres) mais délimité est balayée d'un revers de manche par l'essentiel de l’extrême gauche, qui semble estimer qu'il n'est pas possible d'avoir une force conséquente et expérimentée en dehors des phases aiguës de révolution, et en général c'est avec un raisonnement à rebours : Si on n'est pas très puissant c'est que ce n'est pas possible. Mais il y a d'autres hypothèses possibles , par exemple qu'on s'y prenne mal sur les questions organisationnelles outre une mauvaise ligne politique.

J'avais signalé qu'il y a eu dans l'histoire bien des partis qui se sont construits de masse sans qu'ils ne soient réformistes (staliniens peu-être) et des fois qui se sont construits dans des périodes difficiles, voir terriblement difficiles, des fois à contre-courants de défaites, tout en étant parfaitement délimités.

C'est une constatation qui ne correspond pas à l'idéologie bien ancrée dans l’extrême gauche qu'il n'est pas possible de faire un petit parti de masse sans se diluer avec des frontières floues.

Je pense qu'il faut examiner cette question un peu plus sérieusement. Un petit malheur vient que les générations qui ont construits des partis de masse délimités sont toutes mortes, elles n'existent plus.

Même pour les réformistes réformistes bureaucratisés actuels il y a une extrème difficulté à remettre des pieds organisés dans les entreprises et les secteurs. Pourtant le vent souffle et les pousse en avant (et il faut bien s'interroger pourquoi).

De même, il y a un peu plus d'un an a eut lieu un énorme mouvement social et on n'en tire pas beaucoup d'enseignements.

Pas de préparation sérieuse, organisationnelle, du mouvement social par la gauche révolutionnaire préalablement à ce mouvement (on était concentré sur des tractations avec le FdG), mais également pas de pensée solide de construction d'un petit parti pouvant peser sur les rapports de force au moment où le mouvement est passé à une vitesse supérieure (toute la préparation nécessaire préalable n'a pas été faite, les avertissements sur la remontée des tensions sociales n'a pas été prise en compte, etc).

Là nous avons eu un reflux dans la période, un reflux qui tend à s'épuiser depuis 6 à 7 mois par une remontée de petits conflits sur les salaires, les conditions de travail, l'emploi, etc. Les tensions croissantes et le feu roulant des attaques contribuent à la nervosité croissante.

Le succès du FdG en est un symptôme, et si le NPA n'avait pas été perdu à leur faire la cour et immobilisé par des forces réformistes en son sein il bénéficierait également de cette poussée sur la base de sa propre orientation. C'est le NPA qui a ré-ouvert à 70% le chemin au FdG.

Ce succès est également mal apprécié et oscille dans un sens ou dans l'autre. Il ne suscite pas yen adhésion sur le fond ni un grand renforcement organisationnel (même si celui-ci existe un peu mais + par une volonté organisationnelle déterminée).

Ce qui s'exprime dans la dynamique JLM c'est bien une partie des couches sociales radicalisées qui se saisissent de ce qu'elles ont sous la main pour s'exprimer.

C'est un indice de la deuxième moitié de l'année qui correspondra à la respiration qu'on connait de mouvements de masse importants depuis maintenant 15 ans en France. Tous les deux ou trois ans, ça chauffe. Il y a certes l'agenda des attaques qui accentuent ou modèrent le mouvement social mais il s'agit bien du temps de la récupération de forces après un échec .

Le rôle d'un parti est bien d'intervenir là dessus et il n'est pas impossible que le FdG, lui, après les élections tente une instrumentalisation de grande ampleur d'une nouvelle poussée sociale (en réaction ou pas à des mesures précises du futur gouvernement).

Mais pour nous, il s'agit de construire dans les entreprises et les secteurs des groupes de travailleurs révolutionnaires délimités, avec des directions réelles de secteur, avec une préparation réelle dimensionnée aux nouvelles vagues sociales qui arrivent, afin que cette fois-ci nous soyons prêts organisationellement et politiquement.
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Débat stratégique dans le NPA - Page 23 Empty paru dans la revue Socialismo o Barbarie,

Message  Babalu Dim 22 Avr - 13:50

Incohérences vraiment "radicales"

Le plus surprenant de tout ceci est l’incongruité totale entre les caractérisations de la situation européenne et mondiale du courant qui dirigeait la LCR et qui a poussé à la création du NPA la Quatrième Internationale mandeliste , et la politique de « créer des partis anticapitalistes de masse »... par voie électorale. (Voir Léon Crémieux, François Sabado, « Pour un débat stratégique dans le NPA », europe-solidaire.org, 14/04/11). Cette orientation politique la construction de partis anticapitalistes de masse - ne correspond nullement à leurs analyses ultrapessimistes de la situation .

Ces analyses font un tableau noir de la situation européenne, avec le «fatalisme pessimiste» habituel qui a caractérisé cette tendance depuis la chute du mur de Berlin et la disparition d'Ernest Mandel. Avant elle était plutôt caractérisée par un «fatalisme optimiste», qui n'a pas eu non plus des conséquences positives. Maintenant il n'y aura comme résultats que des défaites présentes, passées ... ou futures!

“Les effets de la crise historique du mouvement ouvrier du siècle dernier se font toujours sentir. La construction d’une conscience socialiste révolutionnaire a besoin de nouvelles expériences pour s’affirmer. Force est de constater que le niveau des luttes actuelles, même s’il augmente, en réaction aux attaques des classes dominantes et des gouvernants, n’a pas de dynamique politique suffisamment forte pour inverser les décennies de contre-réformes libérales et créer les bases d’une contre-offensive globale et d’un nouveau projet socialiste révolutionnaire.” (Sabado, “Rapport…”)

Nous avons averti que nous sommes juste "dans les préliminaires", dans "la première étape" de ce réveil des luttes en Europe, avec des limites politiques et de toute sorte évidentes que nous avons souligné, et qui influent profondément sur le degré encore limité de radicalisation politique des masses laborieuses (mais non bien sûr des secteurs « de l’avant-garde large», comme en témoigne l'émergence des "indignés").

Toutefois, jusqu'à présent, même s'il n'y pas eu une radicalisation des masses, la flèche pointe vers le haut, pas vers le bas, ce qui confirme une nouvelle perspective historique, totalement opposée en signe aux années sombres de reculs et de défaites du mouvement ouvrier, de triomphe et de légitimation du capitalisme néolibéral dans les années 80 et 90.

L'analyse marxiste, matérialiste, consiste à ne pas faire de la "futurologie", mais à peser les tendances, le plus souvent contradictoires, de la réalité, et d'évaluer la dynamique résultant de tout ceci, pour trouver "des points d'appui pour l'action politique" (Trotsky). Dans ce contexte, la dynamique globale d'aujourd'hui est, nous insistons, tout à fait différente des années de légitimation du capitalisme néolibéral triomphant. Bien sûr, c’est la lutte des classes, avec ses victoires ou défaites, qui finira par décider du résultat. Mais le terrain de cette lutte est qualitativement plus favorable aujourd'hui qu'il y a 20 ans, quand tout allait contre nous.

Les camarades de la 4e Internationale disent tout autre chose: que même s’il y a augmentation du niveau de lutte, tout sera inutile, ils savent déjà qu'on ne réussira rien du tout: ni face aux “contre-réformes libérales”, ni pour “créer les bases d’une contre-offensive”, ni encore moins pour un “nouveau projet socialiste révolutionnaire”.

Cette futurologie défaitiste est condensée dans une conclusion politique: ce qui avance et qui continuera sûrement de progresser en Europe sera le fascisme, mais, heureusement, au « ralenti » et non pas de façon aussi vertigineuse que dans les années 1930:

« Cela peut arriver, peut-être car les résistances sociales à la crise en France et en Europe vont se développer face aux coups portés, mais à cette étape, au contraire, au niveau politique ce qui apparaît le plus nettement ce sont les poussées, dans toute l’Europe, des droites autoritaires et des partis populistes ou fasciste. Ce que nous avons c’est une polarisation de forces, liée à l’approfondissement de la crise de civilisation que connaît le monde capitaliste, qui renforce à cette étape la droite et l’extrême droite et qui met sur la défensive le mouvement ouvrier au sens large. Nous avons d’un certain point de vue, une situation politique qui ressemble ‘aux années 30’ mais au ralenti. Années 30 avec la crise et la poussée des droites et des populistes et fascistes Au ralenti, parce qu’il n’y a pas l’explosivité de l’affrontement révolution/contrerévolution fasciste, justement des années 30. »(Léon Crémieux, François Sabado «Pour un debat ..., cit.)

Pour résumer sur ce sujet, les remarques critiques faites dans un récent article de Roberto Saenz sont valides:

[Ce projet politique] a son «irrationalité»: c'est que tout en faisant une analyse où tout est rempli de défis, d'impossibilités, «défaites historiques», et nulle récupération de la classe ouvrière, en même temps, ils proposent la construction de « partis anticapitalistes de masses »... A première vue, et déjà dans la seule définition, il y a quelque chose comme hors de proportion: l'orientation politique ne correspond pas du tout à l'analyse.

Il s'agit en fait d'un projet aux traits opportunistes-volontaristes évidents. Ils partent d'un élément réel: la crise de la social-démocratie et des partis communistes qui ouvre de façon indéterminée un «espace» à gauche.

Mais le problème c’est que le cours de cette évolution est fonction des processus réels sur le terrain de la lutte des classes, et de toutes ses médiations réelles, ainsi que du développement d'un processus organique de recomposition du mouvement ouvrier. Sinon, la chose reste purement «floue».

Bien sûr, il peut y avoir, et il a inévitablement, toutes sortes de développements inégaux. Mais l'expérience historique a toujours indiqué que les phénomènes électoraux sont les plus «instable»: les scores électoraux vont et viennent, c’est aussi simple que ça. Les réalisations les plus importantes dans le domaine de la recomposition sont toujours «organiques», c'est-à-dire sur le terrain de l'organisation de la classe ouvrière, soit syndicale ou de ses partis et non dans les élections
http://www.socialismo-o-barbarie.org/revista_26/120228_revista_sob26_p173_francia_npa.pdf
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Message  nelum Dim 22 Avr - 15:29

gérard menvussa a écrit:
Je suis trés d'accord avec ça ! Mais d'une part cela pose le probléme de la convergences des objectifs (qui ne sont pas forcément les mêmes dans les entreprises, parmi les précaires ou les jeunes des quartiers) Et d'autre part aussi, il faut voir (et ce que j'ai trouvé trés intéressant dans ce que disait notre camarade, c'est qu'il reconnaisse qu'on "ne sait pas faire" et donc qu'il faut aussi une démarche nouvelle, avec une certaine dose d'expérimentations (et d'échecs, qui sont corrélatifs a toute tentative d'expérimentation) Place à l'imagination, place à l'heuristique !

Tout à fait l'imagination au pouvoir .je crois qu'il faut sortir des débats des courants anciens formalisés dans des groupes qui s'auto-alimentent par des monologues censés être des dialogues .N'ayant plus une habitude d’échange dans l’extrême gauche je suis venu ( lire surtout) sur ce forum pour mettre à jour mes neurones et bien j'avoue je ne comprends pas certaines interventions ou du moins leur utilité .Alors que la campagne de Philippe m'a parlé et m'a convaincu L Les militants du NPA devraient faire leur révolution "culturelle" ( pas maoïste) et changer leur rapport au masse , changer leur façon élitiste de s'adresser aux ouvriers combatifs .Nous (les non encartés )essayons de comprendre pour envisager de faire une révolution anticapitaliste sans avoir une "étiquette" précise....alors que la majorité des intervenants de ce forum semble se comprendre mais ils ne s'écoutent pas ou ils parlent dans un langage codé et rodé par une pratique de débat entre spécialistes alors nous fuyons ..je crains que la routine organisationnelle l'emporte devant une recherche d'une fraîcheur perçue comme trop apolitique pour "l’élite" politisée.


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Message  Babalu Dim 22 Avr - 17:04

pour ne pas se laisse faire il faut relire les fondamentaux, Marx, Lénine, il vaut mieux faire sa propre interprétation, ils sont toujours d'actualité! Marx est la base de toute personne qui veut se mêler de politique même si elle n'a pas ni la fac ni le bac
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Message  Roseau Dim 22 Avr - 17:46

Babalu a écrit:pour ne pas se laisse faire il faut relire les fondamentaux, Marx, Lénine, il vaut mieux faire sa propre interprétation, ils sont toujours d'actualité! Marx est la base de toute personne qui veut se mêler de politique même si elle n'a pas ni la fac ni le bac

Excellent rappel
On peut commencer par cela, en demandant appui d'un camarade, et ici aussi,
si ça n'est pas assez clair:

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