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Message  fée clochette Mar 26 Avr - 16:44

Byrrh a écrit:
je connais aussi des bons marxistes révolutionnaires qui cognent leurs compagnes.
C'est qu'ils ne sont pas de "bons marxistes révolutionnaires". Ce sont des individus qui doivent être chassés des organisations révolutionnaires.
Humainement, ce sont des salauds. Politiquement, des imposteurs ou des "philistins", pour reprendre la célèbre formule de Lénine : « Parmi nos camarades, il y en a encore beaucoup dont on peut dire malheureusement : "grattez un peu le communiste et vous trouverez le philistin". Certes, il faut gratter à l’endroit sensible : sa mentalité à l’égard de la femme. » Comme devraient être considérés comme des philistins les "communistes" incapables de remettre en question leur hétérosexisme.

C'était de l'ironie bien sûr. Le fait est que j'ai eu connaissance de plusieurs cas. Ils ont été chassés de l'orga (chez moi) bien sûr, à l'époque de la LCR.
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Message  Invité Mar 26 Avr - 16:47

fée clochette a écrit:
Byrrh a écrit:
je connais aussi des bons marxistes révolutionnaires qui cognent leurs compagnes.
C'est qu'ils ne sont pas de "bons marxistes révolutionnaires". Ce sont des individus qui doivent être chassés des organisations révolutionnaires.
Humainement, ce sont des salauds. Politiquement, des imposteurs ou des "philistins", pour reprendre la célèbre formule de Lénine : « Parmi nos camarades, il y en a encore beaucoup dont on peut dire malheureusement : "grattez un peu le communiste et vous trouverez le philistin". Certes, il faut gratter à l’endroit sensible : sa mentalité à l’égard de la femme. » Comme devraient être considérés comme des philistins les "communistes" incapables de remettre en question leur hétérosexisme.

C'était de l'ironie bien sûr. Le fait est que j'ai eu connaissance de plusieurs cas. Ils ont été chassés de l'orga (chez moi) bien sûr, à l'époque de la LCR.
Alors nous pensons aux mêmes cas. Si j'ai bonne mémoire, l'un de ces cas n'avait d'ailleurs pas été simple à régler, d'autres mecs se solidarisant avec le militant mis en cause.


Dernière édition par Byrrh le Mar 26 Avr - 17:09, édité 1 fois

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Message  verié2 Mar 26 Avr - 16:52

C'est qu'ils ne sont pas de "bons marxistes révolutionnaires". Ce sont des individus qui doivent être chassés des organisations révolutionnaires.

Dans de petits groupes hyper politisés comme la LCR/NPA ou LO, pas de problème évidemment.
Mais le problème n'est pas aussi simple dans un grand parti qui rassemble des dizaines voire des centaines de milliers d'ouvriers. Avant de chasser ceux qui ont des comportements sexistes ou racistes, il faut essayer de faire pression sur eux pour les aider à changer. Et inciter leur compagne ou compagnon à ne pas se laisser faire.

J'ai le souvenir d'un cas de militant du PCF qui battait sa femme et d'un cas de militant de la JC qui battait sa mère (femme de ménage) pour lui tirer du fric. Dans les deux cas, la question a été discutée dans la cellule et la section et des camarades sont intervenus aux domiciles de ces camarades, les ont pris en tête à tête etc. Certains voisins sympathisants du parti ont aussi été mobilisés etc. Et cette action s'est révélée efficace.

Le role d'un parti ouvrier est d'éduquer avant d'exclure.

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Message  Vérosa_2 Mar 26 Avr - 17:39

Quand on n'a aucun partenaire avec qui faire l'amour, on se masturbe, point barre.
Et quand on rentre chez soi on met les patins pour ne pas salir le parquet.

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Message  Invité Mar 26 Avr - 17:43

Vérosa_2 a écrit:
Quand on n'a aucun partenaire avec qui faire l'amour, on se masturbe, point barre.
Et quand on rentre chez soi on met les patins pour ne pas salir le parquet.
Pauvre type.

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Message  Vérosa_2 Mar 26 Avr - 17:56

@Byrrh de la part du "pauvre type"

C'est bizarre cette façon de dénier la réalité de ce qui constitue l'existence des travailleurs, entièrement faite de contradictions, et d'invoquer en lieu et place une moraline "prolétarienne" totalement idéalisée. Si j'ai relevé ton propos c'est parce qu'il constitue une tautologie inadmissible, en gros tu dis : "quand on n'a pas de vie sexuelle, on n'en n'a pas donc on s'en passe". C'est pour moi sidérant.

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Message  Gauvain Mar 26 Avr - 18:10

L'argument est quand même un peu court. Qu'est-ce qu'on fait des pédophiles qui vivent dans la misère sexuelle ? On les autorise à utiliser des gosses ? J'espère bien que non.
La position qui consiste à dire "ils sont dans la misère sexuelle, qu'ils y restent" n'a rien a priori d'inadmissible ou de sidérant...
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Message  Vérosa_2 Mar 26 Avr - 18:25

Gauvain a écrit:L'argument est quand même un peu court. Qu'est-ce qu'on fait des pédophiles qui vivent dans la misère sexuelle ? On les autorise à utiliser des gosses ? J'espère bien que non.
La position qui consiste à dire "ils sont dans la misère sexuelle, qu'ils y restent" n'a rien a priori d'inadmissible ou de sidérant...
Je parle du cas général des prolétaires, et si tu as lu mon intervention sur la page précédente, tu auras noté que je ne m'intéressais qu'à la majorité de ces cas généraux.

Contribution formulée en ces termes, que je reproduis ici afin d'éviter toute confusion, et accessoirement pour pointer que les communistes "purs et durs" sont parfois à coté de la plaque :

Vérosa_2 a écrit:Je reviens sur une partie de contrib. un peu ancienne (dimanche dernier) qui me turlupine un peu. Peut-être ne vais-je pas me faire trop d'amis sur ce coup ci, mais bon :

je ne peux pas considérer qu'on puisse être communiste et être client.
Je considère cela comme un jugement moral, pas comme une position raisonnée.

Bien sûr on ne trouvera certainement que peu de communistes qui profitent du système de la prostitution. Mais cela doit bien exister quand même. Le fait d'être communiste n'est pas synonyme d'individualités pures, éthérées et parfaites, pour la simple raison que ce qui détermine nos existences ne se compose que de contraintes, et que même conscients de ces contraintes nos vies sont faites de contradictions, et de compromis (sauf à être ermite). Le communiste parfait n'existe pas, pas plus que n'existe l'individu "révolutionnaire" par essence. Ca c'est une première chose.

En second lieu, communiste ou pas, le prolétaire qui marchande un acte sexuel ne le fait probablement pas vraiment par plaisir, il faut bien admettre que dans la majorité des cas le recours à la prostitution traduit une misère sexuelle. Et ce n'est pas l'individu qui est responsable de sa propre misère, pas plus que cette misère n'est tombée du ciel, c'est l'environnement social dans lequel nous vivons qui produit la misère sexuelle. Pointer comme infâme celui qui se rend sur un lieu de prostitution, c'est en faire un faux-coupable. Ou plutôt c'est en faire le coupable idéal selon les canons de l'idéologie dominante. Or, il n'est pas coupable, c'est le système qui est coupable.

Faisons une analogie avec la crise économique : en 2008 les médias et les gouvernements désignaient l'irresponsabilité des "traders" et des agents boursiers. On tenait les coupables. Or les vrais coupables et responsables, chacun ici le sait, sont ces mêmes gouvernements qui, sous l'emprise du corps social capitaliste, ont mis en place des législations permettant de déréglementer à tout-va, et d'organiser par voie légale la spéculation la plus échevelée qui soit. Le "trader" n'a fait que ce qui était autorisé par ces cadres légaux.

Il en va de même pour la prostitution. Dans des pays tels l'Espagne ou l'Allemagne, c'est l'Etat qui est responsable de l'horreur que constitue la prostitution, dans d'autres pays c'est la tolérance du corps social dominant vis à vis de ces pratiques qui l'est. En aucun cas il n'y a lieu de pointer du doigt celui (ou celle plus rarement) qui va chercher un cache-misère dans les bras d'une prostituée.

J'enfonce sûrement des portes ouvertes, quoique pas si sûr.... la preuve :

L'intérêt à pénaliser les clients c'est aussi, quand même, de dire qu'ils sont responsables de cette violence


NB: mise "en gras" de ce qui me parait important par rapport aux visées moralistes des communistes "purs et durs".

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Message  Zappa Mar 26 Avr - 18:33

Gauvain a écrit:La position qui consiste à dire "ils sont dans la misère sexuelle, qu'ils y restent" n'a rien a priori d'inadmissible ou de sidérant...

Exact, je voudrais bien savoir ce que Verosa a à proposer mis à part la masturbation pour remédier à la situation " quand on n'a pas de vie sexuelle, on n'en n'a pas donc on s'en passe ".

Je ne crois pas être intervenu sur ce fil jusque là mais je tiens à remercier la Fée, Toussaint et Byrrh qui apportent des arguments très intéressants. Tout en me sachant abolitionniste, je n'avais jamais creusé la question, là ça a été l'occasion. Merci à vous.

EDIT : par rapport au dernier message de Verosa. Les communistes ne sont pas des êtres purs qui planent au dessus de la société soit, mais la position de Byrrh n'a rien de moralisatrice. Pour moi c'est une simple question d'hygiène politique et de crédibilité. Oui oui le parti est pour l'abolition de la prostitution mais on tolère que des membres aillent de temps en temps voir des prostituées, c'est pas bien méchant. Oui oui on est féministe mais bon, une petite taloche par ci par là... ça remet les idées en place. Ces raisonnements s'appliquent parfaitement au monde du travail : je vois mal un camarade défendre l'augmentation générale des salaires, la répartition du travail entre tous et enchaîner à n'en plus finir les heures supplémentaires facultatives. C'est quelque chose qui le placerait en contradiction immédiate avec ce qu'il défend et nuirait fortement à sa crédibilité vis à vis de ses collègues.

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Message  sleepy Mar 26 Avr - 18:42

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Message  Vérosa_2 Mar 26 Avr - 19:44

Exact, je voudrais bien savoir ce que Verosa a à proposer mis à part la masturbation pour remédier à la situation " quand on n'a pas de vie sexuelle, on n'en n'a pas donc on s'en passe ".
Et bien dans le système capitaliste le prolo va voir une prostituée. C'est ainsi. Ce n'est pas glorieux, c'est sale et c'est dégradant pour la prostituée (et c'est aussi misérable pour le "client"). Mais est-ce véritablement cet acte du "client" qu'il faut condamner (au nom d'une étrange morale pseudo communiste, le communisme a-t-il une "morale"... ) ?

Le prolétariat n'est pas parfait, ce n'est pas un concept éthéré, ce sont des hommes et des femmes qui vivent dans de perpétuelles contradictions, qui sont sujet aux discours de l'idéologie dominante, qui sont parfois combatif, pas toujours, parfois évanescents, qui vivent de plus en plus dans la précarité qui aveugle, etc... Bref le prolétariat est tout sauf "pur". Et donc certains travailleurs vont voir des prostituées, c'est comme ça.

Ce qu'il faut condamner, ce n'est pas le rôle du client même si tout cela n'est pas fort reluisant, ce qu'il convient de pointer - ici comme sur tous les terrains - c'est le capitalisme qui génère cet état des choses, qui est cause d'exploitation et de misères de toutes sortes - dont la misère sexuelle, et le palliatif détestable, mis en place par ce même système, que constitue la prostitution.

Jeter comme le fait Byrrh un oeil de mépris sans fond et quasiment de haine sur le "client" est une attitude profondément idéaliste et "puriste" (pour rester courtois) qui n'a rien compris, en dépit d'un vocabulaire "marxisant", à toutes les dimensions sociales aliénantes du monde dans lequel on vit.

Alors oui, certains travailleurs vont "aux putes", alors oui la prostitution est dégradante, sale et morbide. La faute à qui ? A un système oppressif de bout en bout.

Jeter l'opprobre sur des individus, en affirmant que la masturbation est la solution pour ceux qui n'ont pas de partenaire sexuel, c'est faire de la morale bourgeoise, ni plus ni moins. Peut-être que certains vont se contenter de l'onanisme, c'est fort possible, mais vouloir ériger cette pratique en loi moralisante universelle est tout simplement gerbant.

A titre de comparaison, faut-il condamner le chômeur qui n'a plus d'horizon et qui s'apprête à voter FN aux prochaines élections, ou faut-il condamner les médias qui font la part belle au discours frontiste ? Faut-il condamner les petits dealers des quartiers ou faut-il condamner un système qui génère l'exclusion à tous niveaux ? Des exemples comme ça, on pourrait en faire 3 pages... Faut-il condamner le prolo qui va voir une prostituée ou faut-il condamner le système qui a institué cette pratique de marchandisation des corps ?

NB: Je ne parle pas des fils de riches qui se payent des escortes de luxe, ceux là n'ont en tous cas pas l'excuse d'une vie frustrée et réprimée.

EDIT : par rapport au dernier message de Verosa. Les communistes ne sont pas des êtres purs qui planent au dessus de la société soit, mais la position de Byrrh n'a rien de moralisatrice. Pour moi c'est une simple question d'hygiène politique et de crédibilité. Oui oui le parti est pour l'abolition de la prostitution mais on tolère que des membres aillent de temps en temps voir des prostituées, c'est pas bien méchant. Oui oui on est féministe mais bon, une petite taloche par ci par là... ça remet les idées en place. Ces raisonnements s'appliquent parfaitement au monde du travail : je vois mal un camarade défendre l'augmentation générale des salaires, la répartition du travail entre tous et enchaîner à n'en plus finir les heures supplémentaires facultatives. C'est quelque chose qui le placerait en contradiction immédiate avec ce qu'il défend et nuirait fortement à sa crédibilité vis à vis de ses collègues.
Je ne vois pas trop le rapport avec ce que j'avance ici.

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Message  verié2 Mar 26 Avr - 20:20

Je n'étais pas non plus intervenu sur cette question complexe, mais l'idée que chacun puisse revendiquer en quelque sorte une sorte de "droit à des rapports sexuels avec des femmes ou des hommes" me semble absurde. Même sous le socialisme, il y aura probablement des gens qui ne trouveront pas de partenaires ou pas de partenaires à leur goût. Car tous les obstacles ne sont pas d'ordre social et liés au capitalisme, même si nous espérons et pensons que les relations sexuelles seront plus satisfaisantes dans une société socialiste. Et alors ? On n'y peut pas grand chose.

De même il y a des gens qui revendiquent aujourd'hui le "droit" d'élever des enfants, quitte à aller en acheter, voire en enlever dans les pays pauvres. Sous le socialisme, il y aura toujours probablement des gens stériles qui n'auront pas "leurs" enfants...

Pour en revenir à la prostitution, je ne pense pas qu'on puisse en faire un travail comme un autre et la banaliser. En revanche, nous devons défendre tous les droits permettant aux prostitué(e)s de se défendre, y compris celui de s'organiser pour se faire respecter, face aux clients, aux proxénètes, à la police, à l'Etat etc. La clandestinité ou la semi clandestinité favorisent une exploitation accrue. La pénalisation des clients pénalisera aussi les prostitué(e)s les plus pauvres, celles et ceux qui raccolent dans la rue. C'est une disposition hyper hypocrite qui vise à faire disparaître la partie visible de l'iceberg...

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Message  Zappa Mar 26 Avr - 21:07

[/quote]Je ne vois pas trop le rapport avec ce que j'avance ici.
[/quote]

Le rapport c'est que tu fais de la sociologie. Je veux bien t'accorder que tout comportement est socialement déterminé ect... Et qu'entre nous effectivement on peut analyser les choses de manière un peu général et ne pas porter de jugements engageant une prétendue responsabilité individuelle sur tout un tas de phénomènes. Mais dans notre militantisme, il ne s'agit pas de faire de grandes analyses sociologiques. Un camarade postier me racontait que quand il est arrivé sur son centre de tri, une partie de ses collègues lors des journées de grève allaient collectivement aux putes. Il a pas été tendre avec les gars, il a fait ce qu'il fallait et l'ignoble tradition a cessé.
De même que malgré toute la compassion que peut inspirer quelqu'un de paumé qui vote FN, sur le terrain t'es forcé à une certaine attitude. Tout ça pour dire qu'il y a toujours 2 niveaux, celui de l'analyse générale et celui de l'attitude sur le terrain. On peut faire le parallèle avec le mec à la dérive qui frappe sa femme. Oui de manière générale le machisme, les problèmes aux boulots, l'alcool, tout ce que tu veux. Il n'empêche que dans les faits tu vas faire tout ce qui est à ta mesure pour le gars arrête ça immédiatement. De même que j'ai essayé plus d'une fois de dissuader des gens que je connaissais de vendre du chite alors que bien sûr les gars ils faisaient souvent ça parce que déscolarisés, de familles prolos ou sous prolétariennes ect... Je vais pas non plus multiplier les exemples.

Entre parenthèses, si le prolétariat n'est pas pur ( et personne n'a prétendu cela ) il ne faudrait pas non plus l'essentialiser dans le négatif et dire que le travailleur sans vie sexuelle va forcément aux putes. D'une part, c'est pas mon cas, d'autre part c'est pas le cas non plus de tout un tas de collègues qui ont fait des années dans des foyers avant de rencontrer leurs épouses.


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Message  fée clochette Mar 26 Avr - 22:43

verié2 a écrit:Pour en revenir à la prostitution, je ne pense pas qu'on puisse en faire un travail comme un autre et la banaliser. En revanche, nous devons défendre tous les droits permettant aux prostitué(e)s de se défendre, y compris celui de s'organiser pour se faire respecter, face aux clients, aux proxénètes, à la police, à l'Etat etc. La clandestinité ou la semi clandestinité favorisent une exploitation accrue. La pénalisation des clients pénalisera aussi les prostitué(e)s les plus pauvres, celles et ceux qui raccolent dans la rue. C'est une disposition hyper hypocrite qui vise à faire disparaître la partie visible de l'iceberg...

Bien sûr qu'il faut des droits pour les personnes prostituées, des droits sociaux, des droits à la sécu, des droits pour s'en sortir, donc des moyens et une vraie volonté politique. je suis par contre beaucoup plus réservée quant aux droits d'organisation (syndicats par exemple ce que sous entend Vérié). Je prends pour exemple l'Espagne que je connais un peu, vu que j'habite pas très loin et que je suis en contact avec les abolitionnistes espagnol(e)s. En Espagne donc, il y a des organisations qui défendent soi disant les droits des prostituées. Le souci, c'est que ce sont surtout et avant tout des orgas qui protègent et défendent le système prostitutionnel et les proxénètes. Une copine à moi a été empêchée de prendre la parole lors d'un forum à Grenade l'année dernière pour dénoncer ces organisations tenues par les proxos. Elle était une des rares abolitionnistes présentes. Les prostituées se sont exprimées, sous l'oeil satisfait de leurs macs. Parce qu'en plus de les faire bosser dans les bordels ou dans la rue, ce sont eux qui tiennent les "syndicats" ou associations de "travailleurs du sexe". Ils faut des droits, oui pour l'accès aux soins physiques et psychologiques, des aides financières conséquentes pour sortir les prostitué(e)s de leur condition. Des organisations style organisations de travailleurs ? Là je ne suis pas d'accord. Ce serait au final reconnaître que c'est un travail comme un autre et une fois de plus banaliser cette violence.
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Message  Toussaint Mer 27 Avr - 6:09

La croissance effrénée des industries du sexe
Interview de RICHARD POULIN
Richard Poulin est professeur de sociologie à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de "La violence pornographique, industries du fantasme et réalités," aux éditions Cabédita (1993) et son livre "La mondialisation des industries du sexe" sera publié en mars 2005 aux Éditions Imago.
1) Suite au développement du capitalisme hyperlibéral, la prostitution est devenue une industrie énorme et mondialisée. Quel est l’impact des réseaux de prostitution sur l’économie mondiale ?
Quelques données, nous permettrons d’appréhender l’impact des industries du sexe sur l’économie mondiale. En 2002, la prostitution engendre un chiffre d’affaires mondial de 60 milliards €, les profits de la traite des femmes et des enfants (90 % des victimes de la traite le sont à des fins de prostitution) sont estimés entre 8 et 13,8 milliards € par an et le chiffre d’affaires mondial de la pornographie s’élève à près de 52 milliards €. Au cours des années quatre-vingt-dix, en Asie du Sud-Est seulement, il y a eu trois fois plus de victimes de la traite aux fins de prostitution que dans l’histoire entière de la traite des esclaves africains. La traite des esclaves africains, qui court sur une période de 400 ans, a fait 11,5 millions de victimes, tandis que la traite aux fins de prostitution dans la seule région de l’Asie du Sud-Est a fait 33 millions de victimes.
Ce tableau est incomplet, il faudrait également évaluer le chiffre d’affaires du tourisme sexuel et des agences internationales de rencontre et de mariage. Dans ce seul dernier secteur, en 2001, on évaluait que près de 120 000 femmes et adolescentes en provenance de la Fédération russe étaient mises sur le marché « matrimonial ». L’industrie de la prostitution représente 5 % du PIB des Pays-Bas, entre 1 et 3 % de celui du Japon et, en 1998, l’OIT a estimé que la prostitution représentait entre 2 et 14 % de l’ensemble des activités économiques de la Thaïlande, de l’Indonésie, de la Malaisie et des Philippines. L’industrie pornographique est la troisième industrie en ordre d’importance du Danemark ; elle a connu un développement fulgurant en Hongrie. On estime, en 2001, à 40 millions le nombre de personnes prostituées dans le monde.
2) On parle beaucoup de ces réseaux de la prostitution mondialisée. Selon les textes que vous avez publiés sur le site Sisyphe, ils sont essentiellement constitués d’un noyau régional complété par des relais et complicités internationaux. Comment fonctionnent ces réseaux, comment se fait la division des tâches entre ces différentes composantes ? De quelles complicités et alliances internationales, y compris politiques, ont-ils besoin pour fonctionner ?
Toutes les études soulignent le fait que le crime organisé joue un rôle capital dans l’économie mondiale depuis la libéralisation et la financiarisation des marchés. Le produit criminel brut affecte 15 % du commerce mondial. Les organisations criminelles utilisent les entreprises légales non seulement pour blanchir leur argent, mais également pour couvrir leurs affaires criminelles. Les complicités et la corruption règnent à une échelle jamais égalée dans l’histoire. Et comme les profits sont élevés, les entreprises « traditionnelles » investissent dans les industries du sexe : la chaîne de nouvelles en continu, Fox News, propriété du magnat de la presse, Rupert Murdoch, vend plus de films pornographiques chaque année que Larry Flynt, le propriétaire de l’empire Hustler ; elle possède DirecTV, rachetée à General Motors, un diffuseur par satellite de plusieurs chaînes pornographiques.
Selon Europol, on assiste actuellement à une forte expansion des organisations criminelles se lançant dans la traite et le trafic des êtres humains. L’agence estime les groupes criminels organisés en Europe à 4 000, avec presque 40 000 membres.
La mondialisation de la prostitution, et la traite des femmes et des enfants qui lui est liée, n’a pu être opérée que par une mondialisation du proxénétisme et du crime organisé. Comment cela fonctionne-t-il ? Telle organisation locale paiera un tribut à une organisation criminelle pour bénéficier de sa protection, tel réseau « approvisionnera » en jeunes femmes les villes. Le crime organisé a souvent recours à une délégation de pouvoir, se focalisant sur la traite seulement, hautement lucrative, et relativement moins risquée que le proxénétisme direct, laissé aux locaux. Certains réseaux criminels russes peuvent contrôler toute la chaîne, de l’enrôlement à la « mise en marché » des personnes prostituées à l’étranger, mais cela ne représente pas la règle.
Depuis la légalisation de la prostitution dans plusieurs pays européens et dans le Pacifique Sud (Australie, Nouvelle-Zélande), la croissance des industries du sexe est telle, que le recyclage des activités auparavant criminelles dans les industries légales du sexe, ne suffit pas. À côté se développe une industrie « illégale » plus importante : au Victoria, en Australie, il y a 100 bordels légaux pour 400 illégaux ; aux Pays-Bas comme en Allemagne, la très grande majorité des personnes prostituées sont d’origine étrangère (autour de 80 %), victimes de la traite, et une bonne proportion d’entre elles sont sans-papiers.
3) Y a-t-il interpénétration, et parfois même coïncidence, entre différents secteurs d’activités criminelles tels que la prostitution, l’immigration illégale, le trafic de drogues et d’armes ?
En fait, il y a actuellement interpénétration entre l’économie légale - de moins en moins réglementée - et le crime organisé. Le commerce accru et la libéralisation des marchés facilitent non seulement les transactions légales, mais également les transactions illégales. Migration, traite, prostitution, recyclage de l’argent sale, corruption, drogue, etc., la criminalité est devenue un moyen particulièrement intéressant d’accumulation du capital du fait, qu’avec sa dimension planétaire, elle constitue l’une des activités les plus rentables de l’économie, entre autres, parce que les coûts et les risques sont faibles. Si certains groupes criminels investissent tous les secteurs, d’autres se spécialisent dans certains. Cela dit, la traite à des fins de prostitution est l’un des secteurs connaissant actuellement la plus forte expansion. De ce fait, il attire l’ensemble des groupes criminels dont certains, auparavant, étaient spécialisés dans la drogue ou le trafic des armes. Rappelons que la prostitution (tout comme la pornographie) est l’un des secteurs « traditionnels » du crime organisé qui, en général, ne limite pas ses activités à un seul secteur.
4) Que pensez-vous de la distinction entre prostitution libre et prostitution trafiquée utilisée officiellement par des pays réglementaristes tels que les Pays-Bas ?
Cette distinction sert essentiellement à légitimer la prostitution et la traite à des fins de prostitution. Elle accepte que la prostitution soit considérée comme une simple transaction d’affaires entre deux personnes consentantes : un acheteur et une « vendeuse » de services sexuels. Dans les faits, dans la très grande majorité des cas, la transaction se fait à trois : le client paie un proxénète (ou son représentant) pour avoir accès au sexe d’une personne. Les notions de consentement et de coercition ont pour fonction de réduire à des actes individuels ce qui relève d’un vaste système mondial, et de faire l’économie d’une analyse structurelle, celle de l’oppression des femmes. Enfin, cette notion s’inscrit dans la promotion de la « marchandisation du vivant » et dans les velléités néo-libérales d’accroître son exploitation.
5) Quelles sont, d’après l’exemple de ces pays, les conséquences de l’adoption de législations réglementaristes sur la prostitution, le statut des femmes, la criminalité générale, etc.
Les données concordent toutes : la légalisation de la prostitution entraîne une croissance importante de l’activité prostitutionnelle tant légale qu’illégale et provoque une aggravation de la traite des femmes et des enfants. Il en ressort que les conditions d’exercice de la prostitution se dégradent, la violence augmente, la clandestinité croit. De nombreuses études soulignent le fait que la prostitution légale a pour résultat le développement de la traite et, par conséquent, son contrôle par le crime organisé.
La croissance effrénée des industries du sexe a pour effet une remise en cause des droits humains fondamentaux, notamment ceux des femmes et des enfants devenus des marchandises sexuelles. Le statut des femmes et des enfants a même gravement régressé. Dans de nombreux pays du tiers-monde ainsi que dans ceux des anciens pays « socialistes » européens, sous l’impact des politiques d’ajustement structurel et de la libéralisation économique, les femmes et les enfants sont devenus de nouvelles matières brutes (new raw resources dans la littérature de langue anglaise) exploitables et exportables. Les victimes de l’économie du sexe sont la source des rentes les plus fortes de l’économie mondialisée.
Jamais dans l’histoire, la vénalité sexuelle n’a été aussi ample et profonde. Les bouleversements qu’elle entraîne sont radicaux pour le tissu social et dans les mentalités. On assiste à la prostitutionnalisation de régions entières du globe et à une pornographisation des imaginaires sociaux, non seulement des systèmes de représentations, mais aussi de certaines façons de penser et d’agir. Tout cela contribue de manière significative à l’oppression des femmes.
6) Pour les partisans de la décriminalisation de la prostitution, les problèmes posés par cette activité proviennent essentiellement du stigmate social dont elle est frappée. Que pensez-vous de cette analyse ?
En effet, pour les partisans de la décriminalisation totale de la prostitution, ce sont les conditions d’exercice de la prostitution (clandestinité, opprobre social), qui sont la source de la violence, et non l’exercice lui-même. Certes, les conditions d’exercice de la prostitution peuvent aggraver la violence, mais ce sont avant tout les rapports sociaux qui sous-tendent la prostitution qui sont la cause fondamentale de cette violence. Les méthodes de recrutement des proxénètes ne sont pas la simple addition de conduites privées et « abusives », mais s’insèrent dans un système structuré qui nécessite la violence. Les brutalités exercées par un nombre important de clients dérivent du fait que la transaction vénale leur confère une position de domination. En fait, la prostitution est ontologiquement une violence. Elle se nourrit d’elle et l’amplifie. Le rapt, le viol, l’abattage, la terreur et le meurtre ne cessent d’être des accoucheurs et des prolongateurs de cette industrie ; ils sont fondamentaux non seulement pour le développement des marchés, mais également pour la « fabrication » même des « marchandises » sexuelles, car ils contribuent à rendre les personnes prostituées « fonctionnelles » - cette industrie exigeant une disponibilité totale des corps.
La première violence est intrinsèque à la prostitution : la chosification et la marchandisation ont pour fonction la soumission des sexes à la satisfaction des plaisirs sexuels d’autrui. La deuxième lui est également inhérente : on devient une personne prostituée à la suite de violences sexuelles, physiques, psychiques (entre 80 et 90 % des cas, selon différentes études), sociales et économiques. La troisième est liée à l’expansion de la prostitution et à la dégradation consécutive des conditions dans lesquelles évoluent les personnes prostituées.
Les conditions d’exercice de la prostitution ne sont donc pas la cause de cette violence, même si les organisations favorables à la décriminalisation totale de la prostitution ou à sa légalisation argumentent en ce sens. La cause est à rechercher non pas dans les conditions d’exercice, mais dans l’exercice lui-même.
7) La rentabilité exceptionnelle de la prostitution pour les réseaux criminels qui en vivent-une prostituée achetée pour 500 Euros en rapporte 110 000 par an à son proxénète - ne rend-elle pas irrésistible ce développement de la prostitution mondialisée ?
Non. Un pays « abolitionniste » comme la France, dont la population est estimée à 61 millions d’habitants, comprend la moitié moins de personnes prostituées sur son territoire qu’un petit pays comme les Pays-Bas (16 millions d’habitants) et vingt fois moins qu’un pays comme l’Allemagne, dont la population tourne autour des 82,4 millions de personnes. En Suède, où une loi a été adoptée pour pénaliser les clients, on estime à une centaine seulement le nombre de personnes prostituées dans le pays pour près de 9 millions d’habitants. Dans la capitale, Stockholm, le nombre de femmes prostituées de rue a diminué des deux tiers et le nombre de clients a baissé de 80 %. De plus, la Suède est le seul pays d’Europe occidentale à n’avoir pas été submergé par la traite des femmes et des enfants. En Finlande, pays voisin, on estime entre 15 000 et 17 000 le nombre de personnes victimes chaque année de la traite à des fins de prostitution.
En fait, les politiques gouvernementales sont un facteur décisif dans la prolifération des industries prostitutionnelles et de la traite qui en est un corollaire et, donc, dans leur rentabilité.
Cool Parlons-un peu de la pornographie. Vous abordez dans votre livre La Violence pornographique une nouvelle forme de pornographie, les clubs où se produisent des danseuses nues. En quoi est-ce différent des autres formes de pornographie ?
Le strip-tease existe depuis fort longtemps. Ce que je mets en lumière dans mon étude, c’est son industrialisation. C’est au cours des années cinquante qu’est ouverte, au casino Dunes de Las Vegas, la première boîte de nuit topless (seins dénudés) des États-Unis. Dès ses débuts, Las Vegas est étroitement liée au crime organisé. En fait, l’origine de la ville est mafieuse. Chaque soir à Vegas, en 2002, plus de mille femmes nues dansent sur scène. Ces boîtes constituent un vivier pour les activités prostitutionnelles interdites ou tolérées. La distinction entre activité prostitutionnelle et pornographique est de plus en plus mince, avec l’émergence puis la consolidation du lap dancing, c’est-à-dire du droit du client, dans des isoloirs conçus à cet effet, de tripoter la danseuse.
Cette forme de pornographie, comme les peep-shows, ne renvoie pas seulement à une image ou à une série d’images. Elle met en scène des personnes qui doivent attiser le désir, mais non le « satisfaire ». Cette activité est pornographique dans la mesure où il n’y a pas d’actes sexuels - ce qui tend à devenir de moins en moins vrai - même s’il y a une transaction vénale.
Il faut souligner que l’existence d’une industrie mondiale de la pornographie exige, comme pour l’industrie de la prostitution, un roulement des corps, donc de la « chair fraîche ». Ce sont souvent les mêmes réseaux proxénètes et criminels qui opèrent la traite dans ces deux industries.
9) Dans les 30 dernières années, les femmes sont devenues plus autonomes et d’importantes lois antisexistes et profemmes ont été passées mais la pornographie a connu un développement quasi-exponentiel. Voyez-vous un rapport entre ces deux tendances ?
Ce rapport peut être illustré par les propos d’un producteur de magazines pornographiques que j’avais interviewé au début des années quatre-vingt. Il m’expliquait ce que les hommes aimaient le plus : une femme agenouillée en train de faire une fellation. Pour lui, c’était en quelque sorte une revanche des hommes face au mouvement des femmes. La soumission d’une femme au plaisir masculin faisait vendre son magazine.
La libération sexuelle des quarante dernières années a accouché d’une vaste industrie libre-échangiste du sexe tarifé. Le capitalisme libéral est devenu un nouveau régime libidinal faisant la promotion d’un nouvel imaginaire sexuel basé sur l’érotisation outrancière et la consommation sexuelle. Ce que je nomme la « tyrannie du nouvel ordre sexuel » traduit, à l’aube du XXIe siècle, les paradoxes d’une libération sexuelle des plus équivoques. Si les scènes de nudité et d’accouplements sexuels envahissent les moyens de communication, de toute évidence, ces images ne participent pas à une libération sexuelle, mais plutôt à l’enfermement de la sexualité dans des rapports de sujétion. On a cru que la révolution sexuelle ferait diminuer la prostitution. Au contraire, sa récupération marchande, modelée par le discours médiatique ambiant - pornographie en tête - a renforcé la domination masculine. Vraisemblablement, un des effets secondaires de cette libéralisation sexuelle a été d’accentuer chez les hommes le sentiment qu’ils ont droit à un accès illimité au sexe, notamment en monneyant l’accès au sexe d’autrui. La pornographie fait désormais partie de la culture de consommation de masse, ce qui implique, dans un marché mondialisé où ce sont les hommes qui achètent l’accès aux sexes, une intensification de l’oppression des femmes.
10) La pornographie s’est aussi banalisée. Les hommes ne se cachent plus d’en regarder, ou beaucoup moins, et les actrices sont devenues des stars à part entière. Quelles sont les conséquences sociales de cette banalisation ?
La pornographie s’impose dans tous les domaines : publicités, talk-shows télévisés, films, littérature, musique rap et pop ; les références à la pornographie deviennent tellement systématiques qu’on en oublie presque qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Elle est désormais une industrie « normale » et légitime. Elle fait « chic », branchée et moderne. Dans les rues d’Europe, la femme déshabillée, arquée, accroupie, étendue, agressée sexuellement, pratiquant le sadomasochisme, suçant différents produits, les fesses léchées par un chien, etc., vend aussi bien des pâtes alimentaires et des produits de beauté que de la lingerie et des articles de luxe. Certaines marques utilisent des images qui flirtent avec le sadomasochisme ou la zoophilie (Ungaro notamment), d’autres, comme Dior, adoptent « l’esthétique » de la « tournante ». Dans la pornographie, nous assistons à une inflation iconique, marquée par une sexualité exhibitionniste, agressive, hyperréaliste et frénétique, ponctuée d’actes sexuels de plus en plus extrêmes : gang bang, double et triple pénétration, zoophilie, bukkake, ondinisme, fisting, etc.
Les convergences entre le X et le non-X ne sont pas fortuites : dans cette époque marquée par la marchandisation généralisée et la vénalité triomphante, dans cette ère de « l’extimité », c’est-à-dire de l’intimité surexposée, il y a un souci de rendre acceptable et banale la représentation pornographique. À tout le moins, la frontière entre le X et le non-X n’est plus très claire, la pornographie s’ébat de plus en plus, avec succès, hors de son ghetto, en proposant de nouvelles normes sexuelles (de plus en plus extrêmes). Un exemple : les enquêteurs de la police font régulièrement des corrélations entre l’explosion du nombre des mineurs mis en examen pour viols ou agressions sexuelles (ainsi que l’augmentation parallèle du nombre de mineures victimes de ces agressions) et la consommation de pornographie qui banalise de tels actes (pendant un viol, la femme « découvrira » la vraie virilité et l’orgasme sexuel).
Les effets de la déferlante pornographique sont mal connus car, en quelque sorte, la pornographie est devenue trop banale pour susciter des recherches sur ses effets sociaux. Une chose est sûre : le discours pornographique rend la soumission sexy tout en renforçant l’idée de prédisposition des femmes à la soumission et à l’aliénation. Et cela ne peut pas être sans effets. Elle normalise également la prostitution.
11) Les partisans de la pornographie assimilent la lutte féministe contre la pornographie à la défense de l’ordre moral ; cela vous parait-il justifié ?
Aujourd’hui, l’éloge de la libéralisation des marchés et de la soumission des corps aux valeurs marchandes, décrétées « libertés » et « droits », domine un certain discours prétendument « progressiste » et même, à l’occasion, féministe. Il défend la pornographie et, les plus militants de ses partisans espèrent sa « féminisation », vouant un culte inconsidéré aux Ovidie de ce monde. Croyant pourfendre l’ordre moral, ces activistes se livrent à une apologie de l’ordre marchand, à un plaidoyer de l’asservissement sexuel à la loi de l’argent et au plaisir d’autrui.
Actuellement, l’ordre moral qui domine est libéral. Il fut un temps, bien avant le libéralisme triomphant, où jamais des « intellectuels » n’auraient pensé la prostitution comme un droit ou une liberté, et la pornographie comme une manifestation de la liberté d’expres​sion(la liberté de commerce est confondue ici avec la liberté des idées). Le libéralisme moderne a promu une éthique et un idéal de liberté individuelle qui permet toutes les dérives et avalise tous les mécanismes de contraintes marchandes et oppressives.
Oui, il faut réintroduire la morale et l’éthique dans le débat. Comme Kant, j’estime qu’une personne, c’est ce qui a une dignité, autrement dit « une valeur intérieure absolue, laquelle ne peut être échangée contre rien, ni donc entrer dans aucun commerce ». Combattre l’ordre moral actuel exige de s’opposer aux industries du sexe et à la marchandisation des femmes et des enfants.
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Prostitution/Travail du sexe - Page 7 Empty Re: Prostitution/Travail du sexe

Message  Toussaint Mer 27 Avr - 6:23

GANG BANG
La pornographie,
bagne sexuel industriel
Les témoignages non officiels des coulisses de l'industrie du sexe sont rares. Un film, présenté par une association au parlement suédois dans le cadre d'une réflexion sur la liberté d'expression et la pornographie, rassemble des confidences édifiantes d'actrices, de policiers, de producteurs. "Shocking Truth" est son nom. Attention : visionnage violent. Et vraie colère. **

Dépassée Annabel Chong, qui, en 1995, passait sous 251 partenaires en dix heures… Angela Houston, 30 ans, en 1999, s’est fait 622 hommes en 7 heures, soit un homme toutes les 40 secondes. Candy Appels a pour sa part été interrompue au 742ème par la police de Los Angeles. Quant à Sabrina Johnson, 23 ans, elle s’entraîne pour battre le record du gang bang, 2000 hommes en 24 heures prévus à la Saint-Sylvestre.

Aucune étude ne dresse encore le portrait psychologique de ces candidates au viol collectif. Mais Annabel Chong revivait en direct, dans son film, le traumatisme d’un viol véritable. Et Angela, Sabrina, Candy, qui sont-elles ? Qui sont ces femmes qui se disent heureuses après s’être fait passer dessus par une armée ? Qui sont ces Candy, Cookie et autre Molly ? Qui sont ces êtres humains qui se cachent sous des noms de chiennes ou de friandises ? Aujourd’hui, les témoignages sortent. Nous avons visionné « Shocking Truth », film suédois réalisé à partir d’interviews et de montages de films pornographiques diffusés dans le nord de l’Europe, et présenté au parlement suédois en 2000 dans le cadre d’une réflexion sur la liberté d’expression dans la pornographie.

Aussi dérangeant que cela puisse être, derrière chaque vagin, chaque bouche à pipe, chaque anus, derrière chaque trou rempli de foutre, de doigts, de poings, de centaines de bites d’affilée, se cache un être humain.

Un être humain, un corps qui, souvent, saigne entre les scènes. Qui s’évanouit pendant les plans coupés. Qu’on redresse tant bien que mal pour l’éjac finale dans la gueule. Nous le savons aujourd’hui.
Beaucoup de sang coule de ces culs anonymes, aux noms de gâteaux.
Certes, ne pas penser qu’un être humain, doté du même corps fragile que votre soeur ou votre mère, soit pénétré à la chaîne, saigne, s’effondre, soit marqué à vie, permet de mieux apprécier le spectacle pornographique, d’en jouir plus tranquillement.
Mais ce n’est pas la réalité.

Ne pas y penser, c’était mon cas avant. Avant de m’intéresser à l’envers du décor. Même si l’univers formaté et prévisible des films pornos m’a toujours paru ennuyeux, je ne dédaignais pas une vidéo de temps en temps, quelques scènes un peu crades pouvaient même me mettre en train, par contagion joyeuse de l’effet salope.
Mais c’était avant. Une fois qu’on sait, il faut bien avouer que ça gâche le plaisir.


Qui sont-elles ?

J’ai commencé cette enquête sans a priori. Entre filles, c’est vrai qu’on se demande. Après tout, celles qui se font mettre par cinquante mecs dans les pornos, d’accord, elles aiment sûrement pas ça, mais n’ont-elles pas choisi ? Elles sont payées pour ça. Même si elles ont besoin d’argent, elles pourraient quand même faire autre chose, non ? Travailler en usine, vendeuse, autre chose.

Mais est-ce vrai ? Avant les grandes luttes sociales, les filles qui bossaient dans les usines chimiques pourries et maladives se mutilaient en connaissance de cause, tout en rêvant de passer à travers. Ces filles auraient-elles pu choisir autre chose ?
En vérité, qui sont vraiment ces hommes et ces femmes que le spectateur consomme à longueur de vidéo ? Tous des enculeurs fougueux et des salopes qui aiment ça ? Ou encore des fainéantes qui refusent de bosser ?

Réponse d’un producteur de porno suédois* : « Ce sont très souvent d’anciennes victimes de viols ou d’inceste dans l’enfance. » Et puis, après un temps : « Bien sûr, dans ces conditions, on peut se demander si elles choisissent ce métier librement ».

Quant aux hommes ? Réponse du même producteur : « Les hommes ne doivent pas être émotifs pendant. Il ne faut pas, par exemple, qu’ils attendent une réponse de leur partenaire, qu’ils soient attentifs à leurs réactions. Alors, s’ils sont émotifs, ils ne peuvent pas vraiment faire ce travail. En fait, les hommes doivent pouvoir agir comme des machines. »

Réponse d’un ancien commissaire, qui a rencontré d’innombrables prostituées et actrices du hard* : « J’ai connu des milliers de filles. En fait, j’ai plus l’impression d’avoir rempli une fonction de travailleur social. Ce ne sont pas les mêmes filles dans le porno et dans la prostitution. Mais elles ont les mêmes origines. Presque toutes ont été abusées dans l’enfance. »

Voilà un début de réponse sur les être humains qui travaillent dans le porno. Que ce soit en France, aux Etats-Unis ou en Suède, la constatation des associations, après avoir recueilli de nombreux témoignages est la même. Les milieux défavorisés fournissent un vivier de pauvres filles pour la prostitution et la pornographie. Très souvent victimes d'inceste et violées pendant l’enfance. Ou accrochées aux drogues. Or, constatent les associations, les victimes d’inceste ou de viols, les droguées ne sont pas prises en charge par la société pour bénéficier d’un traitement ou d’un processus d’aide. Elles sont alors directement manipulées par des souteneurs ou des producteurs, parfois dès la sortie des foyers. Elles sont récupérées de façon industrielle pour alimenter les productions bas de gamme en tout genre, jusqu’avec des dogues, des ânes, des chevaux, etc. Chacun y trouverait son compte, que ce soit les services sociaux déjà saturés et incapables de répondre à la demande, ou, bien sûr, les boîtes de production du X tout venant, qui font leur beurre sur ces anciens enfants martyrisés, habitués à la douleur comme à la docilité.
Voilà le voile que lèvent les associations sur ces filles.
Le corps des plus défavorisés utilement recyclés pour servir de liant social.

Ce n’est pas seulement un scandale mais une horreur. A grande échelle.
Aux USA, l’industrie du porno dégage 4 à 6 milliards de dollars par an. Plus que l’industrie du film et du disque réunie.
La diffusion de "Playboy" et de "Penthouse" (24 millions d’exemplaires) est deux fois plus importante que celles de "Newsweek" et de "Time" réunies… Toujours aux USA, 75 % des magasins de vidéo vendent des K7 ou DVD pornos, qui leur assurent entre 50% et 60 % du chiffre d’affaires. Et 65 % des connexions sur le net concernent des sites pornographiques. Derrière les chiffres, combien de corps ?

Backstage : deux filles interviewées * entre deux scènes, du sperme plein le visage.
La première, sourire figé, terrible, regard fixe : « Je sais que je suis une grosse pute. Mais je ne me rappelle plus quand ça a commencé » . La seconde : « Peut-être… quand je me suis fait enculer par l’avocat de mon père. Enfin, je ne sais plus si c’était son avocat ou un de ses collègues. J’avais douze ans. » Tout cela dit avec l’indispensable sourire caméra et en enfonçant un doigt manucuré dans une chatte épilée et parfaitement sèche.

Voilà la situation d’être humains entrés volontairement dans le bagne moderne du sexe, si on peut considérer comme un acte de volonté l’impossibilité de refuser des violences nouvelles pour les rescapés de violences anciennes. Qu’advient-il d’eux, une fois entrés ? Maladies, suicides… Comment savoir ? On apprend des associations que la plupart des actrices touchant à la zoophilie se sont suicidées. Enfin, celles dont on connaît le nom. La junkie édentée ramassée dans la rue pour se faire mettre par un lévrier afghan, celle qui pose pour la jaquette du dvd bien en évidence dans le bac prés de l’entrée du sex-shop à côté de chez moi, celle-là, où est-elle aujourd’hui, que lui est-il arrivé depuis? Suicide ? Overdose ? Les culs anonymes passent et crèvent. Qu’importe. Le réservoir à paumés et à déchets sociaux est disponible, à la merci des fantasmes érigés en loi. Ce n’est pas la matière première qui manque.

Mais après tout, comme le dit un autre producteur* : « Il n’y a pas de loi interdisant de faire de l’argent dans un système capitaliste. Je n’ai pas inventé le capitalisme. Je suis innocent. »


L'écran et la réalité

Sur l’écran, le spectateur de porno, à quelques stars près, voit finalement des filles qui se ressemblent toutes. A la couleur des cheveux et la grosseur de poitrine près. Difficile après tout de faire la différence entre un anus et un anus, une bouche à pipes et une bouche à pipes. Pas grand chose d’humain là-dedans, mais plutôt l’excitation au spectacle de morceaux de corps, de viandes avides, gémissants et presque toujours anonymes. C’est d’ailleurs justement cet anonymat, cette facilité, ce côté immédiat et à vif de l’acte sexuel qui font l’intérêt de ce genre de film. Alors, où est le problème ? Au nom de quelles idées réactionnaires condamner mon plaisir ? En quoi la vision de ces scènes peut-elle représenter un danger pour moi, pour les jeunes habitués à une telle sexualité mécanisée et mercantile, etc… ?
Telles sont les questions que se pose aujourd’hui le spectateur. Ces questions sont évidemment légitimes, et peuvent faire l’objet d’innombrables débats. D’ailleurs, on les entend partout, de "Max" à l’"Observateur", chez Delarue, sur TF1…
Mais le débat ne peut s'en tenir à la seule logique du spectateur, des fantasmes du spectateur. Parce que la réponse à la question « Qu’arrive-t-il et que deviennent les hommes et les femmes sur le tournage d’un film pornographique » n’est pas entièrement contenue dans les images que vous visionnez tranquillement sur votre vidéo (même si certaines choquent par leur inhumanité ou la souffrance visible des actrices).

Rappelez-vous "Gorges Profondes", le film X culte des années 1970, où tout le sexe se réduit à des pipes, queue à fond dans la gorge, ce qui ferait jouir à coup sûr l’héroïne. Pendant le tournage, Linda Marchiano, alors connue sous le nom de Linda Lovelace, était battue et menacée d’un pistolet par son compagnon afin de pouvoir accomplir les performances buccales qui ont fait du film une des œuvres fondatrices de la pornographie. Pendant les mois qui ont suivi, de nombreuses femmes ont été hospitalisées aux Etats-Unis, qu’elles aient été victimes de viols ou que leurs petits amis aient voulu réitérer à la maison l’exploit que Marchiano n’avait pu signer que menacée, dans un état second.

Tournage X*. Une petite blonde assez mince se fait sodomiser sans ménagement par un mec puis par un autre puis par un troisième. Ils font la queue sans état d’âme, bite à la main. Les larmes font couler le maquillage. Difficile de confondre les cris avec des cris de plaisir. Entre le deuxième et le troisième type, qui la secoue comme un sac, elle chancelle et ses yeux virent au blanc. Plan coupé. Séquence suivante, nouvelle enculade, avec en plus trois mains plongées dans son vagin, la fouillant sans ménagement. Quand son partenaire se retire, elle manque tomber. Une main la redresse par l’épaule et lui plaque le visage sur une bite. Elle doit sucer, tout avaler. Interview backstage de cette fille. Les larmes ne sont pas encore entièrement séchées :
- Q : Si un inconnu vous mettait sa bite dans la bouche en pleine rue, ça vous dérangerait ?
- R : Vous croyez que je les connais bien, les hommes avec qui je viens de tourner ? Je ne les avais jamais rencontrés avant le tournage. Alors si un inconnu jouissait dans ma bouche, non, ça ne me dérangerait pas.
Et puis un sourire caméra, d’autant plus atroce qu’on a encore en mémoire les grimaces de douleur de la scène précédente. Elle ajoute :
« Mais n’oubliez jamais que j’aime ça. J’adore le sexe, je suis une vraie pute et j’aime ça. »
Elle aime vraiment tomber dans les pommes enculée par tous ces mecs ? Ou est-ce la thèse officielle ? Ou pire : finit-elle par le croire ? Et que penser de celles qui diraient aimer ça avec des chiens ou des mulets ?
Après la servitude volontaire, voici la torture volontaire, ultime horreur moderne.
Backstage, encore. Une autre actrice *, le visage également baigné de sperme.
- Q : De quoi avez vous peur ?
- R : De devenir un animal. Je ne suis plus un être humain. Je me sens comme un animal.

Même question posée à une autre fille *, en train de sucer un gode fluorescent. Elle sort le gode de sa bouche, et d’un coup son regard change. Eteint. Fixe. Perdu.
- Q : De quoi avez vous peur ?
- R : De devenir rien. Et ensuite moins que rien.

Backstage toujours.
Elle a au plus 24 ans *. Elle raconte son expérience d’ex-actrice de porno et s’écroule en larmes. Elle parle de Cookie en disant « elle », comme s’il s’agissait d’un corps étranger, comme si elle ne pouvait pas raconter à la première personne. Car Cookie, c’est elle.
Cookie devait tourner une double pénétration. Elle s’est mise à pisser le sang. Il a fallu couper. Les producteurs et les autres acteurs ont donné des kleenex à Cookie pour qu’elle s’essuie, en la traitant de conne parce qu’elle gâchait le film. Après cinq minutes de pause, le tournage a repris et on lui a fait finir la scène. Elle est payée pour ça, n’est-ce pas. Elle a choisi ça.
Cookie dit encore, parlant toujours d’elle-même à la troisième personne : « Cookie avait une hémorragie qui nécessitait une hospitalisation d’urgence. »
Cookie n’est sans doute pas la seule à avoir été hospitalisée après un tournage. Les histoires sortent. Une fille condamnée à la chaise roulante suite à un gang bang. Une autre passe six mois à l’hôpital. Comme le raconte Raffaëlla Anderson dans son terrible témoignage, "Hard" : « Prenez une fille sans expérience […], loin de chez elle, dormant à l’hôtel ou sur le tournage : faites lui faire une double pénétration, un fist vaginal, agrémenté d’un fist anal, parfois les deux en même temps, une main dans le cul, parfois deux. Tu récoltes une fille en larmes, qui pisse le sang à cause des lésions, et qui généralement se chie dessus parce que personne ne lui explique qu’il faut faire un lavement. De toute façon, c’est pas grave, la merde fait vendre. Après la scène qu’elles n’ont pas le droit d’interrompre, et de toute manière personne ne les écoute, les filles ont deux heures pour se reposer. Elles reprennent le tournage. »

Limiter le débat à la problématique du plaisir du spectateur est dangereux, parce que ce qu’il voit à l’écran n’est pas la réalité.
On parle parfois avec horreur des snuff movies, où les filles seraient torturées à mort. Mais certains films pornographiques se rapprochent des snuffs movies, les tortures sont coupées au montage. Les témoignages sortent des studios. Les images aussi.
Jamais on ne voit un gang bang, une double, triple, multiple pénétration ou un fist-fucking, filmé sans coupe, sans montage. Parce qu’alors, comment ne pas ouvrir les yeux, comment imaginer qu’on puisse infliger une telle violence à un corps sans conséquences et sans séquelles ?

Raffaëlla : « Le matin, tu te lèves, tu te fourres pour la nième fois ta poire de lavement dans le cul et tu nettoies l’intérieur. Tu réitères jusqu’à ce que ce soit propre. Rien que ça, ça fait mal. […] Après ça, j’ai besoin de me mettre sous la couette une heure pour oublier combien j’en souffre. […] Aucune position ne convient. Tu tournes dans tous les sens mais y a rien qui t’apaise. Après quoi, tu te retrouves sur un set et tu suces, tu cambres. On te traite de salope […]. Rien ne vaut une telle souffrance. »

La pornographie tout sourire n’est possible que dans un monde virtuel, où les cris de souffrance sont remplacés par des gémissements de plaisir et des appels à y aller plus fort.


Déshumanisation

Voilà pourquoi, il est devenu non seulement stupide mais criminel de faire du débat sur la pornographie un débat « d’idées », où les défenseurs de la censure s’opposent aux soi-disant libres-penseurs sur le thème « quel effet sur le spectateur ? ». Même si j’apprécie le travail de pionnières mené aujourd’hui par les intellectuelles américaines sur la question de la pornographie, je ne partage pas leur opinion d’un racisme exprimé à l’encontre des hommes ou d’une fantasmatique macho insupportable. Il est inutile, et tout aussi criminel, de réduire le débat sur la pornographie à un antagonisme féminisme / pouvoir masculin.

Il est devenu en revanche urgent de s’interroger sur le processus de déshumanisation de milliers d’hommes et de femmes engagés dans la pornographie à la chaîne. Les témoignages sur les coulisses de la pornographie m’ont bouleversée et horrifiée. Il y résonne des échos familiers qu’on aurait bien voulu ne plus jamais entendre. Relisez n’importe quel témoignage de rescapés, consultez n’importe quel document sur la torture. Cela se passe, cela s’est toujours passé de la même manière. En Europe, en Afrique, en Amérique. Le processus de torture vise à priver un être humain de sa qualité d’être humain. La torture vise à le réduire à l’état d’animal, à l’anéantir jusqu’à ce que lui-même ne se considère plus comme humain, mais comme rien, moins que rien.

À chaque fois que l’on visionne un film pornographique, il faut s’en souvenir. Qu’advient-il de ces filles dont la plus grande peur est d’être devenue « un animal » ou « rien, moins que rien » ? Nous le savons. Certaines meurent de cancers, du sida ou d’hémorragie. Beaucoup conservent des séquelles physiques et psychologiques qui les poursuivent longtemps. Rocco Sifredi lui même a reconnu un jour que certaines « actrices » du porno bas de gamme, ultra majoritaire, avaient le sexe et l’anus détruits. L’américaine Catherine Mac Kinnon, qui a recueilli des dizaines de témoignages, décrit une de ces femmes de manière saisissante : « Elle n’a pas de nom. C’est une bouche, un vagin et un anus. Qui a besoin d’elle en particulier quand il y en a tant d’autres ? Si elle meurt, à qui manquera-t-elle ? Qui portera son deuil ? Qui s’en inquiétera si elle disparaît ? Qui est-elle ? Elle n’est personne. Littéralement, personne »

En Australie, beaucoup d’actrices ont recours à des opérations chirurgicales spécifiques. Il ne s’agit plus maintenant de retouches « classiques » (comme augmenter le volume des seins) mais de se faire ôter les grandes lèvres, afin que le vagin soit plus visible à l’écran… Rien qu'un trou.


Spectateur bourreau

Il faudrait traiter les rescapés de ce bagne moderne avec le même respect, les mêmes précautions que les rescapés de la torture. Après cette enquête et avoir visionné les images de « Shocking Truth », je sais que je ne pourrai plus regarder un film porno comme avant. Je ne demande pas la censure, ou l’interdiction des films pornographiques.
Je demande à sortir de la logique du spectateur. Qu’il nous suffise d’écouter notre corps. Il n’y a pas de débat d’idées sur le porno sans un débat de chair. Je ne demande pas l’abolition de la pornographie, dont on retrouvait déjà des traces sur les fresques pompéiennes.
Je demande la création d’un observatoire destiné à veiller au respect des personnes humaines employées sur les tournages. Suis-je « réactionnaire » ? Sexuellement frustrée parce que je demande pour des êtres humains les mêmes égards que pour les animaux ? Nous nous indignons du massacre des bébés phoques, du gavage des poulets, jusqu’aux animaux mal traités dans les tournages X. Citons pour rire, pour le fou- rire car sans folie, il faudrait en pleurer, cet avis d’un internaute sur la zoophilie « [même si j’adore la sexualité filles / animaux] je ne peux cependant, en tant que technicien vétérinaire, défendre l’idée d’une interaction sexuelle entre l’être humain et l’animal, parce que cela ruinerait la psyché de l’animal et le ferait ensuite agir de façon intolérable au regard des règles de politesse de la société humaine. De plus, il serait mal d’encourager un animal innocent à suivre les traces du mâle humain, en quête d’un idéal inaccessible ».
Froid dans le dos.


Virtuel mortel

Imaginons un instant qu’ait lieu une campagne d’information des spectateurs, avec diffusion sur une chaîne généraliste d’un film documentaire (du type « Shocking truth ») comportant des images porno tournées « backstage » . Pour la plus grande majorité, le passage d’une représentation virtuelle à une réalité physique atroce contribuerait à une diminution considérable, si ce n’est à une disparition totale de l’excitation provoquée par ces images.
C’est à ce stade, et à ce stade seulement, qu’il faut réintégrer le point de vue du spectateur pour comprendre les résistances que soulèvent aujourd’hui les attaques dirigées contre la pornographie.
Ce spectateur, ces millions de spectateurs, une fois privés de leur jouissance virtuelle, devraient chercher d’autres ressources pour leur plaisir onaniste. Mais combien d’entre eux en sont-ils encore capables ?
Il ne faut pas sous-estimer la terreur et l’agressivité que suscitent chez certains la fin du rêve pornographique, la fin de l’image de la femme-trou, le désarroi que serait pour eux la perte d’un univers fantasmatique virtuel qui est souvent leur principal accès à la jouissance.
Comment jouir dans le monde réel ? Comment jouir de chair et d’odeur et du poids et de la présence vivante et souffrante d’une femme ? Il est urgent de proposer aux adolescents une autre vision du sexe et de l’amour que celle des femmes-orifices et des enculeurs-performance. On peut d’ailleurs se demander quels bons petits soldats dociles, quelles brutes obéissantes et conditionnées on cherche à faire des hommes, pendant qu’on transforme les femmes en animaux / objets méprisables et maltraités. Les chefs de guerre serbes dopaient leurs troupes aux films pornos avant de faire des descentes dans les villages ? Tout est fait pour que le spectateur onaniste reste enfermé dans l’ignorance de son propre corps et donc forcément aussi dans celle du corps de l’autre - en psychopathe qui non seulement ne réagit plus à la souffrance d’autrui, mais en jouit. La question du spectateur est : quelle humanité préparons nous, et voulons nous fabriquer des générations d'individus conditionnés, dociles, économiquement performants, prêts à tolérer n’importe quelle abomination de la part du corps social qui les entretiendra dans leur jouissance maladive?

Amoureux de la chair, des odeurs, de la sueur, des infinis jeux du sexe, nous ne nous devons pas seulement d’informer nos semblables sur les violences de la pornographie industrielle. A nous de témoigner de notre joie de vivre dans le monde réel et de défendre avec délectation les formes infinies de la jouissance incarnée.
La joie, plus forte que le gang bang. I.S.

Merci de tout cœur à Malka Malkovich et à Solenne Bardé, pour leur aide précieuse, pour leur courage et pour leur joie de vivre. I.S.

* Tous les témoignages marqués d’une * sont filmés dans « Shocking Truth ».

** Une première version de cet article a été publié par le magazine "Blast" dans son numéro 4, en septembre 2002.

Isabelle Sorente, ancienne élève de l'école Polytechnique, est romancière et auteur de théâtre. Elle a publié "Le Coeur de l'ogre" (JC Lattès, 2003), "La Prière de septembre" (JC Lattès, 2002), "L" (JC Lattès, 2001) et "Hard Copy" (Actes Sud, 2001).

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Message  Toussaint Mer 27 Avr - 6:31

Les "prolos" sont des personnes sensibles et intelligentes, pas des bites au bout d'une clé anglaise. Merci à Zappa de la rappeler!!!! En matière de violence sur les femmes, je ne pense pas que la classe ouvrière soit pire ou meilleure qu'une autre. Et à voir la défense acharnée du droit aux femmes que font plusieurs ici, faut bien avouer que ce n'est pas l'avant-garde" qui va apporter quoi que ce soit.

Bien sût qu'il y a une morale communiste. C'est de chercher à se comporter dans la vie selon les mêmes principes qui guident notre lutte pour l'émancipation de l'humanité. Le matin, tract sur l'égalité hommes -femmes, le soir un petit viol tarifé... Et il faudrait se dire que c'est "le système"? Moui, le système a bon dos.
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Message  Vérosa_2 Mer 27 Avr - 9:34

Zappa a écrit:Je veux bien t'accorder que tout comportement est socialement déterminé ect...
Oui. Je n'aurais pas formulé ça exactement de cette façon, mais en gros oui. Et c'est quand même la moindre des choses pour un marxiste que de considérer les choses de cette façon, non ?

Et qu'entre nous effectivement on peut analyser les choses de manière un peu général et ne pas porter de jugements engageant une prétendue responsabilité individuelle sur tout un tas de phénomènes.
Ben voilà, tout simplement. Il y a même fort à gagner à analyser un phénomène social dans son ensemble, et à dégager le tissu de relations qu'il comporte. C'est là aussi, je crois bien, le propre d'une analyse marxiste. Et pour le cas qui nous réunit sur ce sujet de discussion il me semble plus important de pointer en quoi la prostitution est liée aux formes capitalistes (proxénétisme, maffias, Etats...) que de placer le "client" au centre du débat (comme le font la presse et l'opinion bourgeoises, de droite comme de gôche).

Un camarade postier me racontait que quand il est arrivé sur son centre de tri, une partie de ses collègues lors des journées de grève allaient collectivement aux putes. Il a pas été tendre avec les gars, il a fait ce qu'il fallait et l'ignoble tradition a cessé.
J'aurais très vraisemblablement fait de même, du moins je crois. Mais le fait est, comme tu le mentionnes, que nous sommes sur un forum de discussion, que cette rubrique s'intitule "faits de société" et qu'il me semble que le sujet qui nous préoccupe ici n'a pas pour vocation de rédiger le compte rendu d'une réunion syndicale.


Entre parenthèses, si le prolétariat n'est pas pur ( et personne n'a prétendu cela ) il ne faudrait pas non plus l'essentialiser dans le négatif et dire que le travailleur sans vie sexuelle va forcément aux putes. D'une part, c'est pas mon cas, d'autre part c'est pas le cas non plus de tout un tas de collègues qui ont fait des années dans des foyers avant de rencontrer leurs épouses.
Où et quand ai-je écrit que "le travailleur sans vie sexuelle va forcément aux putes". Ca c'est de la mauvaise foi. En outre je "n'essentialise" rien du tout "dans le négatif", je décris le prolétariat tel qu'il est observable sans morale et sans fard, c'est à dire pétri des contradictions que lui impose quotidiennement le capitalisme.

Toussaint a écrit:Bien sût qu'il y a une morale communiste. C'est de chercher à se comporter dans la vie selon les mêmes principes qui guident notre lutte pour l'émancipation de l'humanité.
Grand bien te fasse. Cela prouve que tu as un libre-arbitre et que tu es maître de ta vie. Pour ma part, plus modestement, je me résigne à n'être que la résultante de mes déterminations sociales (tout simplement parce que je ne vois pas comment il pourrait en être autrement). Sans doute est-ce pour cela que je ne saurai me considérer comme un "révolutionnaire". Révolté par l'injustice générale que nous endurons, oui ça je le suis et pas qu'un peu. Mais c'est moins glorieux j'en conviens.

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Message  fée clochette Mer 27 Avr - 11:38

Vérosa_2 a écrit:
Toussaint a écrit:Bien sût qu'il y a une morale communiste. C'est de chercher à se comporter dans la vie selon les mêmes principes qui guident notre lutte pour l'émancipation de l'humanité.
Grand bien te fasse. Cela prouve que tu as un libre-arbitre et que tu es maître de ta vie. Pour ma part, plus modestement, je me résigne à n'être que la résultante de mes déterminations sociales (tout simplement parce que je ne vois pas comment il pourrait en être autrement). Sans doute est-ce pour cela que je ne saurai me considérer comme un "révolutionnaire". Révolté par l'injustice générale que nous endurons, oui ça je le suis et pas qu'un peu. Mais c'est moins glorieux j'en conviens.

Je ne parlerai pas pour ma part de "morale" communiste, mais je dirais plutôt qu'il faut essayer dans la mesure du possible et des possibles, d'être au maximum en conformité avec les idées que nous défendons. ça vaut pour le rapport d'exploitation capitaliste, ça vaut pour nos comportements envers chacune et chacun. Personne n'est parfait, personne ne peut dire qu'il est totalement libéré de ses entraves culturelles, économiques, éducatives ou sociales. Nous portons tous et toutes des chaînes, certes. Mais même si notre libre arbitre ne peut pas être complet dans tous nos actes et dans notre manière de conduire notre vie, je crois quand même que nous sommes tous en capacité de ne pas avoir de comportements qui s'opposent totalement à la vision que nous avons de la lutte des classes, de la lutte contre les oppressions quelles qu'elles soient, de la lutte contre les violences. C'est pas simple parfois, pas facile non plus
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Message  sylvestre Mer 27 Avr - 12:56

fée clochette a écrit: Je prends pour exemple l'Espagne que je connais un peu, vu que j'habite pas très loin et que je suis en contact avec les abolitionnistes espagnol(e)s. En Espagne donc, il y a des organisations qui défendent soi disant les droits des prostituées. Le souci, c'est que ce sont surtout et avant tout des orgas qui protègent et défendent le système prostitutionnel et les proxénètes.

Peux-tu nous donner les noms de ces organisations ?
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Message  fée clochette Mer 27 Avr - 13:14

sylvestre a écrit:
fée clochette a écrit: Je prends pour exemple l'Espagne que je connais un peu, vu que j'habite pas très loin et que je suis en contact avec les abolitionnistes espagnol(e)s. En Espagne donc, il y a des organisations qui défendent soi disant les droits des prostituées. Le souci, c'est que ce sont surtout et avant tout des orgas qui protègent et défendent le système prostitutionnel et les proxénètes.

Peux-tu nous donner les noms de ces organisations ?

Oui dès que j'ai les noms. je vais écrire à ma potesse espagnole pour lui demander et je mettrai la réponse.
Déjà une info. dès 2006 en Catalogne la question syndicale a été soulevée de manière très concrète. En engageant cela, c'est par conséquence, une reconnaissance de "métier" et donc pour moi, une acceptation de cette violence

http://www.20minutos.es/noticia/26942/0/
Catalunya tendrá el primer sindicato de prostitutas de España
Se le considera un colectivo explotado y discriminado. Uno de los objetivos es que sean reconocidas socialmente como trabajadoras.

CC OO tiene previsto crear la primera sección sindical exclusiva para prostitutas de España que empezará a funcionar en breve sólo en el ámbito catalán. Mercè Civit, responsable de la Secretaria de la Dona de CC OO, reconoció ayer a 20 minutos que se está trabajando para crear un sindicato, pero que aún no hay una fecha concreta para que empiece a funcionar.

La idea surgió, según Civit, porque el sindicato considera que se trata de un colectivo muy explotado, discriminado y desregularizado que no tiene un reconocimiento social. Además, las propias trabajadoras han solicitado ayuda a esta organización sindical.

Como sindicato, pretenden luchar por los intereses de este colectivo que actualmente, según Civit, está «desprotegido socialmente». Uno de los primeros objetivos será conseguir su reconocimiento como trabajadoras. En este sentido, la secretaria general de Políticas de Igualdad, Soledad Murillo, anunció ayer medidas de protección hacia el colectivo de los trabajadores y trabajadoras del sexo una vez el Gobierno apruebe la ley de igualdad entre hombres y mujeres.


Cela avait suscité des débats à l'époque :

http://pce.es/mundoobrero/mopl.php?id=641&PHPSESSID=462f0ecfecd0997316afae21e86c0ed0


La regulación de la prostitución que propone CC.OO. legitimaría la explotación de las mujeres
La libertad sexual es radicalmente opuesta a la prostitución.

Paloma Martín Torpedo * / jul-ago 07
Cuatro millones de mujeres son víctimas de tráfico sexual anualmente. La prostitución es la tercera industria criminal del mundo, gracias a la globalización neoliberal y a las tecnologías de la información que tanto la promueven y facilitan. Su reglamentación beneficia, además de a los varones, a las instituciones imperialistas (Banco Mundial, Fondo Monetario Internacional), ya que el dinero que se mueve en torno a la prostitución es un factor clave para que los países devuelvan las suculentas deudas, provenientes de los préstamos estructurales que éstas otorgan.

La creciente feminización de la pobreza y la injusta falta de oportunidades para la inmensa mayoría de mujeres del mundo, determina que "el único camino" de muchas de ellas sea la asunción de la más violenta forma de sobreexplotación femenina que supone la prostitución. A pesar de esta realidad, algunos y algunas dirigentes de la central sindical Comisiones Obreras, parida para combatir la explotación de la clase trabajadora y defender su dignidad, asumen en esta materia los postulados neoliberales al admitir que todo es objeto de compra-venta, y que el mercado y la libre contratación no han de tener límites. Pero olvidan que un contrato, aunque sea legal, deviene en ilegítimo si se pacta la esclavitud, aunque sea la propia, si se acuerda la explotación infantil, la venta de órganos… o si se negocia el acceso al cuerpo de las mujeres a cambio de un precio. A la libertad contractual se le puede y se le debe poner un límite: la defensa de los derechos humanos de las personas.

Comisiones Obreras, organizó en mayo de 2005 en Madrid, una jornada de debate acerca del tema de la prostitución, marcándose como principal objetivo "reflexionar serena y abiertamente, sin sectarismos, sobre este complejo problema social" La realidad fue que, bajo el título de "derechos de ciudadanía para las trabajadoras y trabajadores del sexo", se presentaron varias mesas de trabajo integradas por académicas, políticas, sindicalistas, juristas, mujeres en prostitución, representantes de la Administración Pública… en su inmensa mayoría representativas de la misma posición política en esta materia. Para sorpresa de las asistentes a esta "jornada de reflexión y debate", la metodología elegida por la Organización fue poco participativa, impidiéndose el debate en alguna de las mesas.

Recogiendo las ponencias de esta jornada, Comisiones acaba de presentar públicamente un libro que lleva el mismo título "Derechos de ciudadanía para las trabajadoras y trabajadores del sexo" y que define sin ambigüedad la posición que, a título individual, defiende la Secretaria Confederal de la Mujer de esta Organización con respecto a la prostitución y que, en esencia, supone considerar a la prostitución como "un trabajo más". Para esta líder sindical, las mujeres son libres de pactar "libremente", siempre que medie consentimiento y no exista ningún tipo de amenaza, coacción…, la venta de su cuerpo a cambio de dinero. No existe diferencia entre venderse por un trabajo intelectual, o vender el cuerpo. Pero, lo cierto, es que casi nunca existe libertad de elección en la relación que se establece entre una mujer prostituida y un prostituidor. Es difícil hablar de libertad contractual entre dos partes desiguales, dada la situación de pobreza y explotación de la mayoría de las mujeres -que no hombres- que "libremente consienten" en esta suerte de "contrato sexual", por el que las mujeres satisfacen las necesidades, sean éstas cuales sean, de los hombres. Si dos partes suscriben un contrato y una de ellas se encuentra en una situación de necesidad, ésta pierde en buena medida su libertad, poniéndose de este modo en cuestión la idea de "libre consentimiento"

La Jornada planteaba el ambicioso objetivo de buscar soluciones a la situación de discriminación y falta de reconocimiento de derechos que tienen las mujeres y los hombres que ejercen la prostitución. Aunque conviene señalar que "la Secretaria de todo esto" anticipándose a la puesta en común de la información, al análisis de la misma, y a la elaboración de conclusiones en base al análisis realizado, ya tenía una hipótesis y una conclusión propias: la reglamentación como solución a todos los problemas.

El libro nos habla de todos los tópicos y lugares comunes del sistema: la eficiente distinción entre prostitución libre y forzada, la estigmatización social de las mujeres que ejercen la prostitución y la resolución de este problema mediante el reconocimiento laboral de la prostitución, expone cómo la legalización traería consigo el fin de la situación administrativa irregular de las mujeres inmigrantes, y cómo sería más fácil luchar contra las mafias y el tráfico de mujeres y menores. Nos habla de mujeres libres, autónomas, agentes de sus propios proyectos vitales, con derecho y libertad para elegir esta actividad como vía de acceso a los recursos económicos; es decir, define la prostitución como una estrategia económica, afirmando que el abolicionismo sustituye la tutela del marido por la del Estado, o que supone la tutela de algunas mujeres buenas sobre todas las demás mujeres.

Resulta ignominioso plantear que la reglamentación de la prostitución va a resolver el grave problema que las mujeres inmigradas tienen para obtener permisos o autorizaciones que les permitan trabajar legalmente. Un sindicalismo de clase debería exigir la modificación de las Leyes de Extranjería, reivindicando la libertad de los y las trabajadoras para buscar trabajo dónde lo deseen, y luchando por conseguir el derecho de ciudadanía en el sentido republicano: iguales derechos para quienes viven y trabajan, en un lugar, independientemente de cuál sea su país de origen.

Comisiones Obreras olvida que este sistema, basado en dos elementos estructurales, como son el neoliberalismo salvaje y globalizado, y el patriarcado como modelo social, que otorgan a cada persona un estatus en función del trabajo, la capacidad económica, la proximidad al poder que se tenga, el género, la edad, la raza… El dinero para consumir es el único valor y, dado que los límites a la libertad de mercado son prácticamente inexistentes, las mujeres son consumidas como mercancías. De este modo, con la reglamentación se estaría legitimando la sobreexplotación de las mujeres, con la única justificación de que el intercambio económico legitima la actividad. Ya comienzan a oírse voces que teorizan la bondad de reglamentar la explotación infantil. Para poder entender el fenómeno social de la prostitución, hay que entender que existe una estrecha relación entre ésta y la desigualdad de géneros; entre ésta y la pobreza.

La denominación de "trabajadoras del sexo" no dignifica, ni profesionaliza a las mujeres, al contrario, legitima un negocio económico basado en la sobreexplotación y la discriminación, en la violencia más extrema, haciendo aparecer al sujeto explotador como "empresario" y al prostituidor como "cliente"; pero ¡eso sí! la mujer en prostitución sigue siendo "la prostituta". Es legitimar la idea de mujer como un objeto al servicio de las múltiples "necesidades" de los hombres. No es una cuestión de moral, es una cuestión socioeconómica, de discriminación en el acceso a los recursos y de jerarquización de sexos. La libertad sexual es radicalmente opuesta a la prostitución, en ésta, las mujeres no desean, ni esperan obtener ningún tipo de placer.

Por otro lado, tenemos perspectiva histórica suficiente para afirmar que allí donde se reglamenta, (Holanda, Alemania, Grecia), o donde se es permisivo (España, Francia) no mejoran las condiciones de vida de las mujeres prostituidas, crece la prostitución legal e ilegal, se incrementa el tráfico de mujeres y menores y aumenta la impunidad de las mafias, y donde se ha legislado el abolicionismo, como en Sucia, ocurre lo contrario.

Una buena política requiere un buen análisis y no una jornada propagandística, y quienes desde el "feminismo" o desde la "izquierda transformadora" pretenden defender a las mujeres en prostitución mediante la reglamentación, debieran plantearse la idoneidad de su análisis, o mejor aún, qué intereses están realmente defendiendo.

- Las mujeres representan el 50% por ciento de la población mundial, un tercio de la fuerza de trabajo remunerada, realizan los dos tercios del total de horas de trabajo y, sin embargo, reciben una décima parte del ingreso mundial y poseen menos del uno por ciento de la propiedad del planeta.
- El 70% por ciento de los mil quinientos millones de personas que viven por debajo de los umbrales de pobreza, son mujeres.
- Entre los 900 millones de personas analfabetas en el mundo, el 70% por ciento son mujeres.
- Cada día, 6.000 niñas son mutiladas genitalmente, existiendo 128 millones de mujeres que han sufrido esta aberrante práctica en el mundo.
- Unos 450 millones de mujeres de los países empobrecidos por el saqueo de los países imperialistas, padecen desnutrición.
- Entre el 25 y el 50% por ciento de las mujeres son maltratadas físicamente por su pareja.
- 4.000.000 de mujeres son víctimas de tráfico sexual anualmente.

* Permanente de la Secretaría Federal de la Mujer del PCE

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Message  sylvestre Mer 27 Avr - 14:24

fée clochette a écrit:
sylvestre a écrit:
fée clochette a écrit: Je prends pour exemple l'Espagne que je connais un peu, vu que j'habite pas très loin et que je suis en contact avec les abolitionnistes espagnol(e)s. En Espagne donc, il y a des organisations qui défendent soi disant les droits des prostituées. Le souci, c'est que ce sont surtout et avant tout des orgas qui protègent et défendent le système prostitutionnel et les proxénètes.

Peux-tu nous donner les noms de ces organisations ?

Oui dès que j'ai les noms. je vais écrire à ma potesse espagnole pour lui demander et je mettrai la réponse.
Déjà une info. dès 2006 en Catalogne la question syndicale a été soulevée de manière très concrète. En engageant cela, c'est par conséquence, une reconnaissance de "métier" et donc pour moi, une acceptation de cette violence

Sur le principe je ne suis pas d'accord avec toi, on a aussi toujours été pour le droit des soldats ou des prisonniers à s'associer pour défendre leurs droits et leurs conditions de vie et pourtant nous sommes contre les prisons et l'armée, je ne vois pas au nom de quoi il en irait différemment pour les prostitué-es.

Par ailleurs il ne faut pas oublier que le travail du sexe est loin de se limiter à la prostitution. Les strip-teaser-ses, acteurs/rices de films pornographiques, travailleurs-es de services téléphoniques érotiques, employé-es de sex-shop sont également concerné-es, avec un travail syndical tout à fait nécessaire. Voir par exemple http://www.iusw.org/2010/10/gmb-wins-first-ever-unfair-dismissal-case-for-sex-workers-branch/ ou le cas assez emblématique du cabaret Lusty Lady

Pas contentes, les employées du Lusty Lady, l’un des derniers peep-shows de San Francisco, se sont carrément mises en grève en 2000 quand la direction a baissé leur tarif horaire, déjà ridiculement bas.

Gonflées, mais surtout organisées. En effet, elles avaient formé un syndicat dès la fin des années 90 pour protester contre le traitement discriminatoire de la direction, exclusivement masculine, à l’encontre des danseuses noires auxquelles on refusait, par exemple, le droit de travailler dans les « pleasure booths », les box privés où l’on peut se faire le plus d’argent. Elles ont eu gain de cause, mais le propriétaire s’est ensuite désintéressé de son club. Plutôt que de le laisser péricliter, une soixantaine de danseuses régulières ont proposé de le lui racheter. Depuis, le peep-show fonctionne en « coopérative » avec salaires fixes et comité de direction réélu chaque année. « Grâce au syndicat, explique Melissa Gira, élue en 2005, les filles ont accès à une couverture médicale (du jamais vu), et surtout ne sont plus obligées de bosser dénudées par 40 °C de fièvre (auparavant, un jour d’absence même pour maladie, et on était virée).

( http://www.cosmopolitan.fr/,travailleuses-du-sexe-unissez-vous,2117,1001143.asp#article )
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Message  fée clochette Mer 27 Avr - 15:02

Tu compares ce qui n'est pas comparable avec les prisonniers et les soldats. Organiser les prostituées en syndicats ? pour négocier quoi avec le mac et le client ? le nombre de pipes ou de pénétrations acceptables en une nuit ? Organiser la violence et le viol donc.
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Message  verié2 Mer 27 Avr - 15:14

fée clochette a écrit:Tu compares ce qui n'est pas comparable avec les prisonniers et les soldats. Organiser les prostituées en syndicats ? pour négocier quoi avec le mac et le client ? le nombre de pipes ou de pénétrations acceptables en une nuit ? Organiser la violence et le viol donc.
Comme tu le soulignes, le problème, c'est que les macs risquent de mettre la main sur toute organisation de prostitué(e)s. Mais ce n'est pas pour autant qu'on doit refuser le droit à ces femmes et ces hommes de s'organiser pour se défendre. Contre quoi ? La violence policière, les rafles et éventuellement... les macs.
Mais ça ne doit pas entraîner la décriminalisation du proxénétisme bien entendu.

Quant à l'effet de la pornographie sur la violence sexuelle parmi les jeunes (selon un article mis le ligne), c'est tout de même de la sociologie moraliste à peu près aussi rigoureuse que celle qui affirmait que "les romans et films policiers sont responsables de l'augmentation de la délinquance et du crime". Personne n'oserait affirmer cela aujourd'hui, même si Scarface serait parait-il un film culte dans les banlieues. Le problème, avec la pornographie, ce n'est pas à mon avis la représentation de l'acte sexuel mais les conditions dans lesquels ces films, ou une partie de ces films, sont tournés. Car bien des films non X sont dénoncés comme pornographiques par les bien pensants...

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Message  fée clochette Mer 27 Avr - 15:38

verié2 a écrit:
fée clochette a écrit:Tu compares ce qui n'est pas comparable avec les prisonniers et les soldats. Organiser les prostituées en syndicats ? pour négocier quoi avec le mac et le client ? le nombre de pipes ou de pénétrations acceptables en une nuit ? Organiser la violence et le viol donc.
Comme tu le soulignes, le problème, c'est que les macs risquent de mettre la main sur toute organisation de prostitué(e)s. Mais ce n'est pas pour autant qu'on doit refuser le droit à ces femmes et ces hommes de s'organiser pour se défendre. Contre quoi ? La violence policière, les rafles et éventuellement... les macs.
Mais ça ne doit pas entraîner la décriminalisation du proxénétisme bien entendu.

Malheureusement c'est le risque, la récupération des orgas de prostituées par les macs et pas que ça. Je persiste à dire qu'il faut aider les prostituées sur tous les plans (économique, santé, nouveaux droits individuels), dans un but de les sortir de cette violence. Les protéger contre la violence des flics, des clients, des proxos, oui bien sûr. Seulement tu sais aussi bien que moi qu'au final dans cette société de merde, "reconnaître" des orgas, de prostituées, ce serait reconnaître que la prostitution est un métier comme un autre. La protection peut se faire d'une autre manière. Reconnaître des orgas, les encourager même, ce serait encore plus ancrer dans la réalité que le corps et le sexe des femmes sont des objets sexuels, à disposition de quiconque contre de l'argent. Que le corps et le sexe des femmes, c'est soit pour procréer quand on les veut "respectables", soit qu'ils servent au plaisir sexuel égoïste contre quelques billets. Est ce que c'est pour ça qu'on se bat ? Pour participer à la réification du corps, du sexe des femmes ? A arriver à en faire, par cette acceptation, une marchandise comme une autre, soumise à une loi du marché, mais un marché mieux réglementé ? Alors bien sûr on est tous impuissants, dans la mesure, où moi par exemple je n'ai pas de solution clé en main pour les aider. je me bats contre le système prostitutionnel dans les collectifs auxquels je participe, en demandant la dépénalisation du racolage, en demandant que les prostituées sans papiers aient des papiers et puissent suivre des formations rémunérées, qu'elles puissent accéder aux logements sociaux, à tous les droits possibles. Qu'elles soient protégées quand elles balancent le proxo, mais que ce ne soit pas une obligation pour qu'elles puissent accéder à ces droits. Je ne me bats pas pour que des syndicats ou des orgas, soient dirigées en sous main par la mafia. Je ne me bats pas pour qu'il y ait des orgas qui négocient une "tarification de la pipe" ou de savoir si le week-end c'est 10 ou 20 passes qui sont supportables pour la santé physique et psychologique.
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