Solidarité avec Ghislaine joachim-Arnaud
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Solidarité avec Ghislaine joachim-Arnaud
Ghislaine Joachim-Arnaud, secrétaire générale de la CGT de Martinique et militante communiste révolutionnaire du groupe Combat Ouvrier a été assignée en justice, sous l'accusation de racisme, suite à une plainte d’un certain Jean François Hayot pour avoir dit en créole : « Matinik sé ta nou, Matinik sé pa ta yo, an bann bétché, profité, volè ; nou ké fouté yo déwo, komba ta la fok nou kontinié ». (« La Martinique est à nous, la Martinique n'est pas à eux, à une bande de békés profiteurs et voleurs. Nous allons les foutre dehors ! Ce combat-là, nous devons le continuer. »)
Organisons la Solidarité
https://sites.google.com/site/unionpourlecommunisme/soutenons-ghislaine-joachim-arnaud-face-a-la-justice-bourgeoise-et-coloniale
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luga- Messages : 66
Date d'inscription : 08/07/2010
Age : 70
Re: Solidarité avec Ghislaine joachim-Arnaud
Intervention de Ghislaine au procès du 15 décembre :
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PROCES DU 15 DECEMBRE 2010
Madame, Messieurs, du Tribunal,
L’objet de ce procès nous ramène en fin de compte aux
événements qui ont marqué la Martinique en 2009, c'est-à-dire à la
grève générale ! Car au delà de l’accusation portée contre moi par M
Hayot, ce procès est une sorte de prolongement, sur le plan judiciaire,
du grand conflit social qui a marqué l’année 2009.
Ce qui m’est reprochée c’est d’avoir été en février-mars, en tant que
responsable du K5F, la porte parole de ces milliers de militants, de
travailleurs, l’une des voix de cette unité retrouvée du mouvement
syndical porteur, pendant 38 jours, de tous les espoirs de ce peuple en
mouvement.
Les travailleurs, les femmes, les jeunes, les retraités manifestaient
chaque jour contre la cherté de la vie, contre les bas salaires, le
chômage des jeunes, pour la revalorisation des minima sociaux
etc.….Les revendications étaient formulées dans la plateforme du
Collectif.
Je ne rajouterai rien de plus sur ce contexte particulier qui a montré
toute la volonté de la population de voir un changement de sa situation.
Alors, qu’importent les accusations de M Hayot, et sa volonté d’
inverser les rôles : se faisant passer pour victime, alors que les seules
victimes depuis bien longtemps de l’arrogance, de l’oppression et du
racisme de certains gros propriétaires gros patrons et planteurs issus du
milieu béké ce sont les travailleurs, la couche majoritaire de la population
issue d’une histoire que personne ne peut changer et qui a perpétué des
rapports de maitre à esclave en rapport de patrons à salariés, tels que
nous les vivons aujourd’hui.
Dire cela, n’est pas sans intérêt pour comprendre ce qui, pour moi,
est en jeu dans ce procès !
Il est évident que ce n’est pas le soi-disant préjudice de mon
supposé racisme, qui a motivé la plainte de Mr Hayot ; mais le rôle social
et syndical que j'ai joué dans la grève de 2009. Ce qui a motivé M Hayot
et les gens appartenant à tout un milieu de gros possédants, de
privilégiés, c’est ce qu’ils ont vécu et ressenti lors de ces journées de
manifestation et de grève de 2009 !
A l’évidence, l’accusation dont je fais l’objet, est fallacieuse
Oui ! La motivation de l’accusation est abusive et fallacieuse. Et je
tiens à dire d’emblée, que ce n’est pas à moi, ni à quiconque de la
population laborieuse qui se bat pour mieux vivre, être mieux traité de
ses patrons, à démontrer notre non-racisme. C’est à ceux de la classe
dominante, à ceux qui exploitent, qui licencient comme bon leur semble,
à ceux qui imposent des conditions de travail inacceptables dans leurs
entreprises, à ceux qui dictent leur loi, même aux gouvernants
(Rappelons-nous l’intervention de certains békés auprès du
gouvernement, lors des grèves de 2009 pour en finir avec le ministre
Yves Ego et les accords qui semblaient en bonne voie d’être signés en
Guadeloupe en début Février)
C’est à tous ceux là de faire la preuve de leur non - mépris, de leur
non - oppression, de leur souci de justice et d’équité, etc. Mais pas à
nous !
Les victimes de l’exploitation se battent pour leur mieux être, mais
face à l’Etat qui est le plus souvent du côté des gros patrons, avec ses
forces de répression et ses institutions, elles n’ont que peu de moyens à
leur disposition : grève, manifestations, blocage de routes, chants ,
slogans etc.…On a vu cette collusion de l’Etat avec les gros patrons en
Février 2009, lorsqu’à la suite de la démonstration manquée en 4X4 et
engins agricoles contre les grévistes. Des militants, des jeunes, des
membres de la population, se sont retrouvés pris au piège, cernés à la
Maison des Syndicats et dans le quartier du Morne Pichevin arrosés par
des jets de grenades lacrymogènes, provenant d’un hélicoptère.
On la voit encore aujourd’hui face aux grévistes de M. Bricolage qui
se font délogés avec violence lorsqu’ils sont mobilisés face à l’arrogance
et au mépris du patron du Groupe Bernard Hayot.
Alors oui ! Il est parfaitement scandaleux que l’un de ceux qui se
situe dans le camp des dominants, viennent se plaindre que les victimes
résistent, se rebellent, n’acceptent pas ! C’est trop facile d’accuser ces
victimes et d’accuser ceux qui luttent à leurs cotés, de racisme, de
violence et pourquoi pas de vouloir « tuer l’économie martiniquaise » !
Pour ces gros patrons un bon salarié est un salarié qui ne fait jamais
grève et qui accepte tout jusqu’à mourir dans la pauvreté et le
dénuement, après des années de bons et loyaux services, pour faire
fructifier le capital de la minorité béké ou autres !
Eh bien non ! Çà aussi çà change !
Les travailleurs n’acceptent plus d’être des victimes consentantes ;
et à l’approche de menaces encore plus grandes pour leur situation dues
à une crise économique qui est loin d’être terminée, Les salariés ont
décidé de se battre et de se donner les moyens de riposter et de ne pas
être réduits au strict minimum vital, mais surtout de ne pas être poussés
à la déchéance physique et morale ! Nous n’acceptons pas cela et nous
aurons l’occasion de faire d’autres 2009, n’en déplaise à M. Hayot et à
tous ceux de la classe des gros possédants !
Les békés, nous dit-on ici et là, ne possèdent pas toute l’économie
de la Martinique !
Mais qui ne le sait pas ?
Il est vrai que même si M. Bernard Hayot du groupe GBH est la 146
ème fortune de France, il est encore bien loin derrière les gros
propriétaires et actionnaires de la grande distribution comme Carrefour-
Promodès, des TOTAL, Bouygues, BNP-Paribas, et autres propriétaires
de grosses fortunes … qui sévissent ici.
Nous savons bien aussi que certains de nos exploiteurs sont euxmêmes
descendants d’esclaves noirs ou encore d’émigrés chinois. Les
Lancry, Parfait et autres HO HIO HEN, sont aussi connus comme ayant
bâti leur fortune sur la sueur, l’usure, l’exploitation et le mépris de
centaines de salariés, et la pwofitation sur la population en pratiquant
des marges démesurées sur les articles de la vie courante.
C’est contre tous ceux là que nous appelons les salariés et les
pauvres à se battre ! Alors je le répète, nous faisons une distinction de
classe et non de race !
Nous appelons nos frères et soeurs de classe, les exploités, les
travailleurs salariés, les démunis et les petits des campagnes, des
quartiers, à faire bloc dans la lutte pour mettre hors d’état de nuire cette
classe capitaliste qui ne prospère qu’au détriment de notre travail, en
s’appropriant la plus grande part de ce que nous produisons !
Les masses qui manifestaient avaient raison de traiter les
capitalistes, le gros patronat, de voleurs !
N'oublions pas ce qu’a dit un jour un économiste et philosophe du
19 ème siècle : « la propriété, c’est le vol » ! C’est encore vrai
aujourd’hui !
Oui ! Nous revendiquons cette opinion : les exploiteurs sont des
voleurs, voleurs de notre travail, voleur de notre énergie créatrice, voleur
de notre vie à petit feu, un peu chaque jour et sur une toute une vie de
travailleur qui ne sert qu’à les enrichir !
Le mot « béké » qui est au centre du propos qui m’est reproché,
dans sa version sociale et économique, et cela tout le monde le sait en
Martinique, et Guadeloupe, est l’équivalent de patron.
Il n’y a pas de race béké, il n’ya pas d’ethnie békée, c’est bien la
fonction et la position sociale qui est ainsi désignée ; attaquer une
« bande de békés voleurs et exploiteurs » c’est attaquer ce qu’ils
représentent, et ce qu’ils font, à ce double titre !
Le racisme, ne vous méprenez pas, dans notre région il a toujours
été l’idéologie des maitres qui pendant plus de 300 ans l’ont utilisé, afin
de reproduire ce même système abominable de domination.
Oh ! certes bien des choses ont changé depuis la fin du 19 è siècle
et début 20ème, il serait aujourd'hui plus compliqué d’assassiner un
Aliker ou de fusiller comme au François des dizaines de grévistes en leur
tirant dans le dos, période durant laquelle les troupes de l’état étaient
purement et simplement à la disposition de grands propriétaires békés !
Les risques pour les assassins seraient très grands aujourd’hui de
payer cher leurs crimes ! Ils le savent et l’Etat, très prudent en Février-
Mars 2009, le sait aussi !
Et c’est cela qui en 2009 a fait enrager certains gros békés (ceux de
la bande de békés profiteurs, voleurs » donc, encore une fois, pas tous
les békés !
C’est cela qui les a motivés à chercher des voies et moyens de
revanche !
Revenons encore à cette accusation de « racisme « !
Qui est ou n’est pas, raciste en Martinique !
Qui a mené sa vie, construit ses maisons dans des zones
complètement à part de la population noire ou métis ? Qui a son ghetto
de Blancs vers Cap Est ! Qui a dit qu’il fallait préserver sa race,
autrement dit se tenir à l’écart de toute vie sociale et culturelle au sein de
la population majoritaire ???
M. Hayot sait fort bien tout cela et je doute fortement que sa réaction
de me traduire devant le tribunal ait été motivée par un sentiment
quelconque d’humiliation raciste qu’il aurait subie de ma part !
Non, monsieur Hayot !
Tous les Békés ne sont pas des voleurs et des exploiteurs, j’en ai
connu dans ma vie qui étaient des camarades de travail et de
militantisme à la CGTM. Il faudrait être stupide pour penser que tous les
Békés de Martinique ont aussi le même niveau de fortune que M.
Bernard Hayot, celui qu’on désigne comme le chef de file des Békés
riches de la Martinique, 146ème fortune de France et probablement le plus
riche des Martiniquais !
Que M. Hayot ait pris pour lui et pour tous les Békés une formule
lapidaire, lancée par des dizaines de milliers de manifestants, à
l’encontre, non pas des Békés mais d’une « bande de Békés voleurs et
exploiteurs », c’est son affaire !
Le peuple, les masses travailleuses ont plus le sens de la justice et
du respect, que ceux qui les exploitent quotidiennement. Leur sagesse
se situe bien, dans la formule incriminée qui ne dit pas « Jetez les Békés
dehors » ou bien « Békés dehors». Ils disent qu’ils ne veulent plus être
exploités par « une bande de Békés volè é exploitè ». Ils n’en ont pas
après tous les Békés mais, avec raison, ils en ont après ceux-là.
Je remarque encore que M Hayot est sensible à mon supposé
racisme et à celui des manifestants, mais il est aveugle concernant un
racisme vieux de plusieurs siècles qui perdure et qui prend même la
forme d’un racisme officiel ! Et qui crève pourtant les yeux en Martinique
quand on regarde de bas en haut la hiérarchie économique, sociale et
administrative !
Plus on monte dans cette hiérarchie, moins il y a de Noirs, d’Indiens
ou de Métis dans les postes de direction des entreprises privées ou
même des administrations publiques ! A tel point qu’Aimé Césaire lassé
et écoeuré de cette situation avait dénoncé ce qu’il appela le « génocide
par substitution », afin de pousser la majorité du peuple martiniquais à
réagir contre ce racisme officiel !
Je voudrais revenir sur un événement qui s’est produit pendant
la grève générale, le vendredi 6 mars 2010, c’est l’incident qui a
amené des contre-manifestants organisés par un petit groupe de
planteurs Békés afin de venir lever les barrages tenus par les
grévistes.
C’était une initiative déraisonnable et irresponsable. On a vu des
dizaines de tracteurs et autres engins agricoles lourds suivant plusieurs
4X4 conduits par des planteurs békés tenter de traverser la ville pour,
disaient-ils, aller à la préfecture faire pression sur le préfet afin qu’il se
montre plus actif dans la répression contre les grévistes. Mais pour
accomplir un tel projet, il fallait traverser différents quartiers, routes,
carrefours, tenus par des barrages de grévistes. Et effectivement au
niveau de Trémelle, l’inévitable se produisit, l’affrontement direct eut lieu.
Mais malgré l’importance de leur matériel et de leurs troupes, cette
contre-manifestation dirigée par quelques planteurs Békés connut un
échec retentissant et certains durent abandonner 4X4 et matériel pour
fuir la vindicte populaire.
Sans doute déstabilisés après l’échec de leur manifestation « prise
d’otage de Fort de France », ils ont craint d’être les victimes de leur
propre mise en scène. C’est seulement après cela qu’ils ont déclaré que
le mouvement social était « un mouvement communautaire et antiblanc
».
Si j’insiste sur cet événement, c’est pour montrer à quel point
certains békés ont soif de revanche et voudraient au moins sur le plan
judiciaire nous faire payer les mauvais moments qu’ils ont passés lors de
la grève générale.
Ils n’en sont d’ailleurs pas à leur première tentative !
Ils se sont tous ou presque, fendus de déclarations pour tenter de
justifier leur situation et leur position dans la société, dans l’économie en
Martinique : Beaudoin-Lafosse-marin ; Roger De Jaham ; Stéphane
Hayot ; Eric et Jean Louis- De Lucy, pour ne citer que ceux-là.
Cette posture a même été interprétée par des journalistes de
l’hexagone, de mouvement de panique !
Il faut souligner le zèle de ces békés –là, à assimiler le mouvement
social comme étant un fléau pour la Martinique, zèle qui a poussé dans
un premier temps les Hayot, Fabre, Huygues- Despointes, Aubéry, De
Gentile, entre autres, à déposer 34 requêtes devant le Tribunal
administratif, en reprochant au préfet de Région, représentant de l'Etat,
de ne pas être intervenu pour libérer les nombreux barrages érigés par
les grévistes du K5F aux abords des zones industrielles et
commerciales.
Puis, après la fin du mouvement de Février 2009, ils ont procédé à des
licenciements en cascades dans les entreprises et ont alors tenté
d’accuser ensuite le K5F et le mouvement social de nuire à l’économie,
… et aux salariés !
Alors qu’une bonne partie des difficultés des entreprises étaient liées, et
cela tout le monde le sait, à la crise financière qui avait commencée
deux années plutôt aux Etats-Unis.
Depuis un mois se déroule un conflit dans une grande surface de
bricolage du Lamentin.
A la lecture du bilan de cette société, les résultats s’élèvent à 1.5 million
d’euros. Un million a été distribué aux actionnaires, le solde est destiné
selon la direction à financer la construction de l’accès de la future
enseigne « Décathlon », propriété du même groupe.
Forts de ces résultats, le personnel composé en grande majorité de
jeunes en situation de premier emploi, et de précaires, a légitimement
réclamé la part qu’il pensait lui être dû.
C’est la somme de 10 euros au 01 avril, et une autre de 05 euros au
01 décembre, qu’il lui a été royalement proposé !!!
10 euros et 05 euros dans une entreprise florissante qui a distribué
2.9 millions d’euros à ces actionnaires sur les trois derniers
exercices !!!
Mais si les résultats n’avaient pas été de ce niveau, combien auraiton
proposé à ces salariés ? !!
Nous savons tous à qui appartient cette entreprise.
Et c’est moi que certains accusent d’incitation à la haine en
Martinique ?
Devant de telles pratiques, certains font mine de s’étonner des réactions
de ces salariés.
Bien souvent ce sont les mêmes qui s’étonnaient des réactions des
jeunes qui s’étaient exprimés dans les rues de Fort de France durant la
nuit du mardi 24 au mercredi 25 février 2009.
Rappelez-vous du flot de condamnations et de commentaires
impitoyables à l’adresse de ces jeunes qui avaient osé exprimer à leur
façon, leur désespoir en lançant un véritable cri d’alarme. Entretemps, ils
sont retournés dans leurs squats, ou chez leurs parents, toujours
désoeuvrés, et désargentés. Pourtant on leur avait dit, faites des études
et vous trouverez du travail,… suivez ce stage de formation et vous
trouverez un emploi, …
Près de deux années après ces évènements, où en sont-ils ? Que leur
a-t-on proposé ? Quelles perspectives ? Quels débouchés ?
Tout comme ceux de la grande surface de bricolage, certains avaient
trouvé de quoi survivre, pensaient-ils, grâce aux contrats aidés. Sans
aucune forme d’avertissement, sans aucune information directe, l’Etat a
décidé de les priver de tout revenu.
Du jour au lendemain, leurs employeurs se sont retrouvés privés de
tous moyens financiers leur permettant de les maintenir en
activité !!
D’un coup d’un seul, plusieurs milliers de salariés, jeunes et
femmes en majorité, se sont ainsi retrouvés subitement à la rue !!!
Depuis le début de ce conflit, la direction de ce groupe refuse toute
négociation. Les forces de répression casqués et armés interviennent
régulièrement avec violence contre ces jeunes salariés, y compris dans
les locaux de la Direction du travail.
Et c’est moi que certains accusent d’incitation à la violence en
Martinique ?
Que dire alors de la situation de tous ces anciens salariés, aujourd’hui
retraités, contraints à vivoter avec des pensions de misère après qu’ils
aient été sciemment sacrifiés sur l’autel du profit par leurs employeurs
dans les plantations de banane à travers l’utilisation du chlordécone et
autres pesticides?
Que dire de l’existence même de ces milliers de travailleurs, jeunes et
moins jeunes, privés d’emploi, des personnes souffrant d’un handicap,
réduits à percevoir des minimas sociaux, et ce sans aucun espoir de
revalorisation de leur revenus ?
Encore une fois, qui incite à la haine et à la violence ici ?-
Mme, Messieurs les juges !
Vous ne pouvez pas juger en ignorant ou en faisant
abstraction du contexte historique et social particulier le la
Martinique.
Je le redis ! Entre la majeure partie de la population laborieuse et
ceux qui dominent plantations, grandes surfaces, import-export,
hôtellerie, dans ce pays, il y a de vieux comptes à régler, il y a un
contentieux qui est loin d’être apuré.
Les arrières grands parents de MM. Hayot, Aubéry, Despointes etc
… étaient les propriétaires des arrières grands parents de ceux qui
étaient dans la rue en février 2009. Et concernant ce compte là, à
plusieurs niveaux, rien n’est encore réglé.
Aujourd’hui, c’est moi Ghislaine JOACHIM-ARNAUD, qui suis
devant ce tribunal, pour des propos tenus et repris par des milliers de
travailleurs, mais qui de plus constituent le fond de la pensée de
l’écrasante majorité de la population martiniquaise, quant à leurs
relations avec un petit groupe de gros et moyens patrons désignés sous
le nom de Békés !
Je persiste à dire que les travailleurs ont raison de répondre à
l’exploitation, aux injustices, au mépris, qu’ils subissent dans certaines
entreprises, aux mauvaises conditions de travail, aux bas salaires. Ils ont
raison de répondre par la lutte, comme ils l’ont fait en 2009, et comme le
font ceux de M. Bricolage aujourd’hui.
Que M. Hayot, et tous ceux qui le soutiennent dans le camp
patronal, ne se fassent aucune illusion sur les effets de leur tentative
d’intimidation judiciaire !
Bien loin de nous faire peur, elle a eu surtout pour effets d’élargir
l’audience de nos propos et de faire connaitre encore plus largement les
buts et les idées des militants syndicalistes et communistes
révolutionnaires dont je me réclame.
Que tous ces gens là sachent, que je porte trop bien en moi, toute la
fierté de ce que je suis, et de mon combat, pour croire que l’épisode
actuel m’affectera en quoi que ce soit.
Je me bats, pour qu’un jour, le monde entier soit débarrassé, non
seulement de la « pwofitation » et de l’exploitation, mais aussi de ses
corollaires, tels le racisme, et toutes les formes d’oppression et
d’injustices qui caractérisent cette société.
Monsieur Hayot, en me traduisant devant le tribunal, a rendu un
service – certes involontaire - à la cause que je défends !
En effet, depuis plusieurs semaines, des centaines et des centaines
de travailleurs, de militants, de jeunes, ont discuté, réfléchi, se sont
réunis, ont distribué des milliers de tracts, bref, se sont mobilisés non
pas pour ma défense, mais pour leur dignité, car je ne me sens
nullement coupable dans ce procès !
Bien au contraire, je me sens mobilisée pour venir ici porter la
seule accusation qui est juste, contre ceux du gros patronat qui
estiment avoir un droit divin d’extorquer aux salariés l’essentiel des
fruits de leur production, de disposer de ces salariés comme d’
accessoires jetables, les embauchant et les licenciant comme bon
leur semble !
Mais justement, la grève de 2009 a eu le mérite de poser un
problème même s’il ne l’a pas résolu. Celui de notre refus de laisser une
bande de Békés exploiteurs et voleurs, d’origine diverse, y compris,
ceux issu de la population même qui fut esclave ici, celui de notre refus
de les laisser faire ce qu’ils veulent dans ce pays.
Il est temps pour nous, classe laborieuse et populaire de
décider nous-mêmes de ce qui est conforme à nos besoins et de
contraindre les exploiteurs à agir dans ce sens ou à nous laisser la
direction des entreprises et de la société ! Nous saurons quoi en
faire !
Pour finir, face à l’accusation de racisme dont je suis l’objet,
j’aimerai rassurer les rares békés qui douteraient de mon
humanisme !
Il est celui des militants communistes révolutionnaires, de
syndicalistes qui veulent construire une autre société où la morale
dominante ne sera pas la morale du compte en banque et de
l’âpreté au profit !
Je suis profondément convaincue que notre humanisme est
supérieur à celui des exploiteurs békés, européens, chinois, indiens
noirs ou autres !
Car pour moi, à l’instar d’un historien haïtien « la haine n’a
jamais rien créé »
Notre humanisme, c’est celui qui veut fonder les libertés sur la mise
à disposition des êtres humains de toutes les ressources qu’ils créent et
non le maintien de la domination sur la société d’une petite minorité
d’extorqueurs, de profiteurs, d’usurpateurs que les masses en lutte ont
désigné sous le nom de "bande de békés voleurs et profiteurs",
autrement dit tous ces gros capitalistes qui sucent le sang du peuple
travailleur pour faire grandir leur fortune !
Cependant, force est de reconnaitre que mon accusateur a fait
oeuvre utile, même si c’est à partir d’une mauvaise foi évidente, en un
sens il a fait avancer notre combat, comme dit le proverbe créole : kod
yanm ka maré yanm ! L’igname s’entortille avec ses propres lianes !
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Solidarité avec Ghislaine joachim-Arnaud
Pour élargir le sujet car Ghislaine n'est malheureusement pas la seule à devoir subir la répression de l' Etat cette motion tout à fait correct que les militants du POI font circuler
Motion en défense des syndicalistes de Guadeloupe et de Martinique
.La conférence ouvrière réunie le 11 décembre 2010 a été saisie de cas très graves de répression anti syndicale : en Guadeloupe où l’Etat et les patrons veulent casser le LKP et l’UGTG notamment par le procès contre Charly Lendo, en Martinique où les patrons osent traîner Ghislaine Joachim-Arnaud, secrétaire générale de la CGT Martinique au tribunal le 15 décembre pour « incitation à la haine et au racisme ».
Dans de nombreuses entreprises dont les raffineries, le SIAP, des actions patronales sont en cours visant à faire condamner les syndicalistes à de lourdes peines et à opérer des licenciements
La conférence nationale de délégués du 11 décembre invite à la mobilisation unie du mouvement ouvrier et à la multiplication de prises de position pour faire cesser la répression antisyndicale.
Double des motions de soutien à : usap.cgt@sap.aphp.fr (à l’intention de Rose May Rousseau)
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