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Qu’en est-il de la « Révolution Gordillo » ?
Santiago Lupe [1]
Source: http://www.ccr4.org/Nouvel-article,305
Début août, de façon à protester contre la crise, la corruption et la dégradation des conditions de vie dans l’Etat espagnol et plus particulièrement dans le Sud de l’Etat espagnol, des militant-e-s du Syndicat Andalou des Travailleurs (SAT) ont pris d’assaut deux supermarchés Carrefour et Mercadona à Arcos de la Frontera, dans la province de Cadix, et à Ecija, dans la région de Séville. Immédiatement les projecteurs se sont tournés vers Marinaleda, petite commune d’Andalousie dont le maire, Juan Manuel Sánchez Gordillo, est à l’origine de ces deux « expropriations ». A la tête de la commune depuis 1979 et élu au Parlement andalou sur la liste de Izquierda Unida (IU) depuis 2008, Certains médias n’ont pas hésité à parler de « Révolution Gordillo » pour décrire les deux expropriations. Mais qu’en est-il, réellement, de cette « Révolution », de la stratégie politique défendue par le CUT (Colectivo Unidad de los Trabajadores) auquel est lié le SAT, mais aussi de « l’utopie anti-crise d’Andalousie » que serait la petite commune « autogérée » de Marinaleda ? [2]
Gordillo, le SAT et plusieurs militants de ce syndicat sont aujourd’hui l’objet d’une campagne de criminalisation animée par le Parti Populaire de Mariano Rajoy (droite), actuellement au gouvernement, et soutenue par la plupart des médias. Ceux-là mêmes qui comptent dans leurs rangs des corrompus avérés comme Francisco Camps, ancien dirigeant de la Communauté de Valence, accusé de malversation, qui discutent aimablement avec d’authentiques voleurs comme Mario Conde, condamné dans le cadre du scandale Banesto dans les années 1990, qui se sont félicités du sauvetage des banques et des entreprises à grand renfort d’argent public, les voilà qu’ils se plaignent des « expropriations » symbolique des supermarchés. Évidemment, ces messieurs ont peur que ces manifestations animées par les ouvriers agricoles et les militants du SAT soient un mauvais exemples pour les centaines de milliers de chômeurs et de travailleurs qui subissent les conséquences de la crise et qui pourraient bien décider de se lever et de commencer à lutter pour résoudre une bonne fois pour toutes les problèmes de logement, de cherté de la vie, de chômage et de licenciements auxquels nous avons à faire face partout dans l’Etat espagnol.
C’est pour toutes ces raisons qu’il est temps de se mettre en ordre de bataille contre cette offensive réactionnaire. Il faut mettre en place une grande campagne contre la répression partout dans le pays, pour lutter contre la montée répressive qui s’exprime aujourd’hui contre le SAT mais qui vise l’ensemble du mouvement social, à commencer par les mineurs du Nord du pays, qui ont été à l’origine d’une lutte sans précédent au printemps et cet été [3], mais qui vise également les militants séparatiste basques ou le mouvement étudiant.
Au fil cet article, nous voulons ouvrir un débat avec la stratégie défendue par la CUT-SOC, le Collectif pour l’Unité des Travailleurs, l’organisation politico-sociale que dirige Gordillo [4]. Plus encore après les opérations menées contre les supermarchés cet été, il s’agirait, pour beaucoup de militants ouvriers et de jeunes camarades, d’une véritable alternative anticapitaliste, voire même révolutionnaire. C’est l’occasion de regarder de plus prés si le programme et la stratégie du CUT-SOC vont dans le sens d’un changement révolutionnaire qui soit en capacité de résoudre les problèmes des ouvriers andalous et de l’ensemble des travailleurs et des secteurs populaires ou si, au contraire, le CUT-SOC utilise la mobilisation sociale pour « élargir le champ des possibles », créer une sorte d’espace à la « gauche du possible », sans jamais pour autant sortir du cadre du système capitaliste.
Aux origines du SOC et du CUT
Le SOC plonge ses racines dans une longue tradition de luttes des travailleurs agricoles et des journaliers andalous. Il s’agit d’un des principaux syndicats animés dans les années 1970 par le Parti du Travail d’Espagne (PTE), une organisation d’orientation maoïste et qui avait fédéré ses différentes branches syndicales au sein de la Confédération des Syndicats Unitaires des Travailleurs (CSUT) en 1977. A la gauche du PC espagnol pendant les dernières années de la dictature franquiste, le PTE s’est opposé au Pacte de la Moncloa [5]de 1977 mais a tout de même soutenu la Constitution de 1978 et a fini par se dissoudre en 1981. Une partie de ses militants a continué à militer dans le mouvement ouvrier. Les plus radicaux l’ont fait dans les organisations de la gauche syndicale, et, dans le cas de l’Andalousie, notamment dans le SOC et le CUT, avec d’autres militants, issus notamment du mouvement libertaire ou du catholicisme de gauche.
Occupations des propriétés, promotion du « municipalisme de base » (avec des assemblées citoyennes décidant de la tenue des affaires publiques), coopératives de travail et de logement pour combattre le chômage, voilà les marques de fabrique du CUT-SOC. Ses militants dirigent ainsi plusieurs villes Andalousie, notamment dans la province de Séville. Marinaleda, petite commune de 3.000 habitants, est souvent montrée en exemple
Le binôme SOC-CUTs’inscrit dans la continuité de la ligne stratégique du PTE. Il s’agissait à l’époque de s’appuyer et de développer la mobilisation sociale en tant qu’instrument de pression pour conquérir des droits démocratiques et sociaux, mais toujours dans le cadre du système capitaliste dont le dépassement historique était reporté à un futur indéterminé selon la logique à deux temps, étapiste, bien rodée chez les maoïstes. Cette stratégie pouvait se résumer dans la formule « mobilisation-pression-réforme » et s’apparente directement à celle du réformisme de gauche, par-delà les symboles et le recours à une rhétorique révolutionnaire dont sont coutumiers les dirigeants du CUT-SOC [6].
Révolution ou réformisme de gauche ?
Alors bien sûr, l’orientation du CUT, du SOC et du Syndicat Andalous des Travailleurs (SAT, créé à partir de 2007 pour élargir l’offre syndicale en direction d’autres secteurs ouvriers de l’industrie et des services) est bien différente de la politique du « syndicalisme de démobilisation » pratiquée par les directions bureaucratiques de Commissions Ouvrières (CCOO) et de l’UGT, les deux principales centrales syndicales espagnoles. Son orientation s’est également démarquée de celle d’Izquierda Unida, à laquelle le CUT est partie prenante néanmoins, notamment à un moment où IU cherche par tous les moyens à devenir un partenaire de gouvernement pour les socialistes espagnols du PSOE, notamment au sein des gouvernements régionaux. Ce sont les principales raisons pour lesquelles, pour beaucoup de militants combatifs, le SAT apparaît comme une espèce d’alternative à la politique criminelle des Toxo et Méndez, les deux principaux dirigeants de CCOO et de l’UGT. C’est également la raison pour laquelle le CUT peut apparaitre comme une sorte d’alternative politique face aux louvoiements d’un Llamazares ou d’un Cayos Lara, tous deux dirigeants d’IU et qui incarne tout son opportunisme. C’est en ce sens que Sánchez Gordillo peut apparaître comme une alternative à la politique menée Diego Valderas, vice-président « communiste » de la région Andalousie, et à ce titre co-responsable de l’application des plans d’austérité, et ce même si Gordillo est élu au parlement régional sur les listes d’IU...
Face à une IU qui apparaît de plus en plus comme un partenaire à part entière du PSOE, le CUT déclare vouloir rester fidèle à l’IU des origines. Pour le CUT, les mouvements sociaux, y compris les actions déterminées ou remettant partiellement en question la légalité bourgeoise (dans le cas des occupations de terre par exemple), ne sont là que comme des instruments de pression, afin pour « d’élargir le champ des possibles », et restent le plus souvent cantonné au plan local. Ainsi, tout en ayant obtenu la mise en place de certaines revendications dans les villes qu’il contrôle, la stratégie du CUT ne pose pas la question d’un mouvement généralisé des travailleurs et des secteurs populaires pour en finir avec le régime politique et le système d’exploitation capitaliste. Dans ce cadre, la force des travailleurs sert à participer à des manifestations « symboliques », plus ou moins « pacifiques », mais toujours dans le cadre du capitalisme.
Dans une région comme l’Andalousie où 2% de la population contrôle encore la moitié des terres agricoles, l’exemple de l’occupation récente des terres de Cayetano Martínez de Irujo est assez révélateur. Après les déclarations de « Monsieur le comte de Salvatierra » qui avait qualifié les ouvriers andalous de « fainéants », le SAT a occupé ses terres en décembre 2011. Le conflit cependant s’est conclu par un simple accord entre le noble et le maire de Marinaleda. Martínez de Irujo s’engageait, par le biais d’une de ses entreprises, à commercialiser certains produits issus des coopératives municipales contrôlées par le SAT. C’est cette même logique que le SAT défend dans le cadre des « marches ouvrières andalouses ». Tout en s’appuyant sur des méthodes plus ou moins radicales, avec des actions coups de poing ou des occupations de grandes propriétés, le SAT et son bras politique, le CUT, défendent avant tout l’amélioration des subventions agraires aux petits paysans, un SMI [équivalent espagnol du SMIC]de 1000 euros, un salaire social, l’arrêt des expulsions, des licenciements et de l’austérité. Toutes cesrevendicationssont justes, mais elles sont loin de constituer un programme pour faire payer la crise aux capitalistes, car elles ne touchent ni aux profits ni à la propriété privée des grands propriétaires fonciers, des patrons ou des banquiers.
Izquierda Unida, du côté des travailleurs ou des gouvernements régionaux pro-austérité ?
L’autre écueil est que le CUT n’a toujours pas rompu avec IU, y compris après l’intégration d’IU-Andalousie au gouvernement régional de José Antonio Griñán, un gouvernement qui mène, au niveau de la Communauté autonome, une véritable guerre contre les classes populaires. En fait le CUT souhaite « gauchir » IU, avec l’illusion qu’elle redevienne une formationréformistede gauche, qu’elle n’entre pas dans des gouvernements qui appliquent des contre-réformes, et ce afin de revenir au bon vieux temps d’IU, lorsqu’elle était dirigée par Julio Anguita, dans les années 1990, ou à l’époque des grandes manifestations contre l’OTAN des années 1980. L’objectif n’est rien d’autre que de recréer une médiation réformiste de gauche, actuellement en crise en raison de droitisation d’IU ces dernières années [7]. Il s’agirait d’une IU plus à gauche qu’aujourd’hui et moins « gestionnaire », mais toujours aussi « gestionnaire » en revanche des mobilisations sociales : sur la gauche, pour obtenir des réformes, mais aussi sur la droite, pour éviter que ces mêmes mobilisations ne débordent du cadre fixé par le capitalisme espagnol, renouant ainsi avec le rôle du PC dans les années 1970 qui a tout faite pour désamorcer la montée ouvrière et populaire mais aussi, plus dramatiquement encore, lorsque le PC a orchestré l’écrasement brutal de la révolution espagnole en 1937.
Le plus paradoxal dans toutes les actions menées par le SAT cet été, c’est que c’est IU qui est en train de tirer les marrons du feu. Gordillo, qui est député régional d’IU, permet à cette même formation de se refaire une virginité, d’essayer de regagner du terrain au sein des classes populaires et des travailleurs. Le fait que Gordillo continue à être élu IU, tout comme le fait que les actions du SAT n’aient pas pour cible le gouvernement pro-austérité d’Andalousie, entretient l’idée qu’IU serait une force politique qui est du côté des travailleurs. Ce n’est pas un hasard si un autre député d’IU, Victor Casado, élu d’Estrémadure, dit vouloir s’inspirer de la « Révolution Gordillo », alors que IU a facilité, dans cette autre région pauvre du Sud de l’Espagne, l’arrivée au pouvoir de la droite à la tête de la Communauté autonome après les élections de 2011…
Pour un parti révolutionnaire des travailleurs
La crise capitaliste réactualise les possibilités pour que les travailleurs et la jeunesse soient les protagonistes des processus révolutionnaires à venir. Cela implique de se préparer si nous voulons gagner. L’histoire des révolutions du XXème siècle nous montre l’énorme obstacle qu’ont signifié les organisations staliniennes et réformistes, qui ont mené les travailleurs droit au mur. Même si parfois le renforcement de ces organisations peut exprimer une certaine évolution à gauche d’une fraction plus ou moins importante du monde du travail, leur recomposition et leur renforcement, même lorsqu’elles repeignent en rouge leur programme ou gauchisent leur discours, sont un obstacle pour la mise en place d’une stratégie révolutionnaire visant à faire plier les capitalistes et détruire leur État. IU, comme avant elle le PC de Santiago Carrillo, est un obstacle dans la lutte pour renverser le régime de 1978 et en finir avec l’exploitation capitaliste.
Il est indispensable que les travailleurs et nos organisations maintiennent leur indépendance politique vis-à-vis de ces partis réformistes, car ils ne sont que l’aile gauche du régime. S’opposer à tout « embellissement » d’IU signifie également exiger des dirigeants du SAT qu’ils rompent définitivement avec ce parti et mener une campagne résolue contre le contre le gouvernement du PP au niveau de l’Etat espagnol, bien entendu, mais également contre le gouvernement du PSOE-IU en Andalousie. Pour Clase contra Clase, il est central que le monde du travail commence à construire son propre outil politique, un parti des travailleurs révolutionnaire, ne cherchant pas à reproposer les vieilles recettes du réformisme, plus ou moins gauchies, mais renouant avec une stratégie et un programme révolutionnaires. L’enjeu n’est pas de réformer ou de gauchir IU, ni même de construire un nouveau regroupement avec un programme à gauche d’IU mais ne se proposant pas la révolution sociale comme horizon stratégique, à l’image de ce que défend par exemple En Lucha [8]. Les meilleurs éléments du mouvement ouvrier, de la jeunesse, les meilleurs éléments du mouvement ouvrier agricole andalou doivent relever le défi, commencer à mettre en place une organisation qui cherche à combattre les illusions vis-à-vis du réformisme parmi les travailleurs, la seule façon afin de seréorganiseravec une stratégie et un programme qui puisse nous amener à la victoire.Ce programme, il devra poser clairement la question de l’expropriation des patrons et des banquiers, mais également l’expropriation des grands propriétaires fonciers du Sud de l’Etat espagnol, avec comme objectif l’établissement d’un gouvernement des travailleurs.
C’est aux capitalistes de payer la crise !
Clase contra Clase soutient toutes les mesures de lutte et les revendications parfaitement légitimes défendues les travailleurs et les ouvriers agricoles du SAT. C’est avant tout à l’ensemble de l’extrême-gauche, du mouvement ouvrier, des organisations de jeunesse et des organisations démocratiques de mener une campagne contre la répression et la criminalisation dont ils sont les victimes. Parallèlement néanmoins, nous sommes persuadés qu’il est nécessaire de défendre un programme qui ne soit pas limité à la défense des acquis qui sont en danger aujourd’hui en raison de l’austérité. Le caractère historique de cette crise nous montre qu’il est plus indispensable que jamais que les travailleurs défendent et luttent pour un programme qui remette en cause la propriété et les intérêts des grands capitalistes.
La question de la terre en Andalousie et en Estrémadure ne pourra être résolue sans poser la question de l’expropriation, sous contrôle des travailleurs, de l’ensemble des grands domaines et des grandes propriétés.
Le chômage de masse qui touche tous les travailleurs, en particulier ceux du Sud de l’Etat espagnol, ne peut être résolu si ce n’est à partir de la répartition des heures de travail sans perte de salaire et avec la nationalisation et la mise en place du contrôle ouvrier de toutes les entreprises qui ferment ou licencient.
Les problème de logement, d’expulsion et d’endettement des familles populaires n’ont pas non plus de solution sans avancer vers la nationalisation des banques et des grandes entreprises, leur mise sous contrôle par les salariés et les comités d’usagers, et ce afin d’en finir avec le racket des établissements de crédit, les expulsions et pour maintenir et améliorer l’ensemble des services publiques, à commencer par la santé et l’éducation.
Il s’agit de se battre pour un programme ouvrier d’urgence qui ne sera appliqué bien entendu ni par le gouvernement du PP ni même par le gouvernement PSOE-IU en Andalousie, tous deux partisans de faire payer la crise aux travailleurs et aux couches populaires. La bataille pour ces revendications doit servir au renforcement de l’organisation ouvrière, la mise en place d’organismes à même d’unifier chômeurs, précaires, salariés en CDI, travailleurs immigrés, avec ou sans papiers, et ce afin de construire la base d’un pouvoir visantà renverser par la voie révolutionnaire ce régime pourri et instaurer un gouvernement des travailleurs basé sur les organismes de démocratie directe des masses et des secteurs populaires. Un tel programme est indissolublement lié à la lutte pour une révolution ouvrière et socialiste.
Encore une fois, Clase contra Clase soutient la lutte des travailleurs et des ouvriers agricoles du Sud de l’Etat espagnol. Nous sommes néanmoins persuadés de la nécessité de lutter pour un programme réellement ouvrier et révolutionnaire, une perspective diamétralement opposée à la logique de « mobilisation-pression-réforme » défendue par Sánchez Gordillo et le CUT. Si une fraction du prolétariat andalou, qui plonge ses racines dans une tradition de lutte et de radicalité, s’appropriait ce programme, cela constituerait un grand pas en avant pour l’ensemble du mouvement ouvrier de l’Etat espagnol. Cela permettrait également que la lutte des travailleuses et des travailleurs andalous devienne une alternative, et non pas seulement en termes de méthodes, à la politique de conciliation de la bureaucratie syndicale ; une alternative politique au programme et à la stratégie qui réduit la lutte ouvrière à être un simple outil de pression sur le gouvernement en place.
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NOTES
[1] Santiago Lupe est membre de la direction de Clase contra Clase, l’organisation dans l’Etat espagnol de la Fraction Trotskyste-Quatrième Internationale, http://www.clasecontraclase.org/
[2] On pourra consulter à ce sujet « Une utopie anti-crise en Andalousie », http://www.courrierinternational.com/article/2012/08/21/une-utopie-anti-crise-en-andalousie
[3] Voir notamment L. Varlet, « Les mineurs se radicalisent face aux attaques du gouvernement », 15/06/12, http://www.ccr4.org/Les-mineurs-se-radicalisent-face-aux-attaques-du-gouvernement, C. Lub, « Les mineurs espagnols sont de retour », 21/06/12, http://www.ccr4.org/Les-mineurs-espagnols-sont-de-retour, ainsi que « Dans l’Etat espagnol, la marche des mineurs nous montre la voie », 14/07/12, http://www.ccr4.org/Dans-l-Etat-espagnol-la-marche-des-mineurs-nous-montre-la-voie-pour-jeter-a-bas-l-austerite
[4] Créé en 1976, le SOC (Syndicats des Ouvriers Agricoles) est lié au CUT (Collectif pour l’unité des Travailleurs), créé trois ans plus tard. Le CUT sera à l’initiative, avec le PC espagnol, de la construction en 1986 de Izquierda Unida (Gauche Unie), organisation réformiste située à la gauche du PS espagnol. Le SAT est désormais l’organisation syndicale à laquelle le SOC est rattaché.
[5] LePacte de la Moncloatient son nom de l’accord signé le25octobre1977auPalais de la Moncloa entre le gouvernement héritier direct du franquisme, les principaux partis politiques (dont le PC et le PS espagnols) et les syndicats, afin de fixer le cadre de la « Transition », véritable contre-révolutiondémocratique à travers laquelle la bourgeoisie et ses lieutenants ouvriers allaient désamorcer la montée ouvrière qui secouait la péninsule ibérique au cours des années 1970.
[6] Il est à noter également que le caractère très régionaliste du SOC-CUT (qui intègre aujourd’hui Bloc Andalou de Gauche, membre de Izquierda Unida), comme sa taille, a fait que son rayonnement s’est très vite limité localement, s’étendant surtout à quelques provinces andalouses.
[7] Il est néanmoins à noter que IU a réussi à se refaire une santé électorale lors des dernières élections régionales, en Andalousie notamment, à l’automne 2011.
[8] En Lucha est l’organisation de la Tendance Socialiste Internationale (SWP anglais) dans l’Etat espagnol.
Source: http://www.ccr4.org/Nouvel-article,305
Début août, de façon à protester contre la crise, la corruption et la dégradation des conditions de vie dans l’Etat espagnol et plus particulièrement dans le Sud de l’Etat espagnol, des militant-e-s du Syndicat Andalou des Travailleurs (SAT) ont pris d’assaut deux supermarchés Carrefour et Mercadona à Arcos de la Frontera, dans la province de Cadix, et à Ecija, dans la région de Séville. Immédiatement les projecteurs se sont tournés vers Marinaleda, petite commune d’Andalousie dont le maire, Juan Manuel Sánchez Gordillo, est à l’origine de ces deux « expropriations ». A la tête de la commune depuis 1979 et élu au Parlement andalou sur la liste de Izquierda Unida (IU) depuis 2008, Certains médias n’ont pas hésité à parler de « Révolution Gordillo » pour décrire les deux expropriations. Mais qu’en est-il, réellement, de cette « Révolution », de la stratégie politique défendue par le CUT (Colectivo Unidad de los Trabajadores) auquel est lié le SAT, mais aussi de « l’utopie anti-crise d’Andalousie » que serait la petite commune « autogérée » de Marinaleda ? [2]
Gordillo, le SAT et plusieurs militants de ce syndicat sont aujourd’hui l’objet d’une campagne de criminalisation animée par le Parti Populaire de Mariano Rajoy (droite), actuellement au gouvernement, et soutenue par la plupart des médias. Ceux-là mêmes qui comptent dans leurs rangs des corrompus avérés comme Francisco Camps, ancien dirigeant de la Communauté de Valence, accusé de malversation, qui discutent aimablement avec d’authentiques voleurs comme Mario Conde, condamné dans le cadre du scandale Banesto dans les années 1990, qui se sont félicités du sauvetage des banques et des entreprises à grand renfort d’argent public, les voilà qu’ils se plaignent des « expropriations » symbolique des supermarchés. Évidemment, ces messieurs ont peur que ces manifestations animées par les ouvriers agricoles et les militants du SAT soient un mauvais exemples pour les centaines de milliers de chômeurs et de travailleurs qui subissent les conséquences de la crise et qui pourraient bien décider de se lever et de commencer à lutter pour résoudre une bonne fois pour toutes les problèmes de logement, de cherté de la vie, de chômage et de licenciements auxquels nous avons à faire face partout dans l’Etat espagnol.
C’est pour toutes ces raisons qu’il est temps de se mettre en ordre de bataille contre cette offensive réactionnaire. Il faut mettre en place une grande campagne contre la répression partout dans le pays, pour lutter contre la montée répressive qui s’exprime aujourd’hui contre le SAT mais qui vise l’ensemble du mouvement social, à commencer par les mineurs du Nord du pays, qui ont été à l’origine d’une lutte sans précédent au printemps et cet été [3], mais qui vise également les militants séparatiste basques ou le mouvement étudiant.
Au fil cet article, nous voulons ouvrir un débat avec la stratégie défendue par la CUT-SOC, le Collectif pour l’Unité des Travailleurs, l’organisation politico-sociale que dirige Gordillo [4]. Plus encore après les opérations menées contre les supermarchés cet été, il s’agirait, pour beaucoup de militants ouvriers et de jeunes camarades, d’une véritable alternative anticapitaliste, voire même révolutionnaire. C’est l’occasion de regarder de plus prés si le programme et la stratégie du CUT-SOC vont dans le sens d’un changement révolutionnaire qui soit en capacité de résoudre les problèmes des ouvriers andalous et de l’ensemble des travailleurs et des secteurs populaires ou si, au contraire, le CUT-SOC utilise la mobilisation sociale pour « élargir le champ des possibles », créer une sorte d’espace à la « gauche du possible », sans jamais pour autant sortir du cadre du système capitaliste.
Aux origines du SOC et du CUT
Le SOC plonge ses racines dans une longue tradition de luttes des travailleurs agricoles et des journaliers andalous. Il s’agit d’un des principaux syndicats animés dans les années 1970 par le Parti du Travail d’Espagne (PTE), une organisation d’orientation maoïste et qui avait fédéré ses différentes branches syndicales au sein de la Confédération des Syndicats Unitaires des Travailleurs (CSUT) en 1977. A la gauche du PC espagnol pendant les dernières années de la dictature franquiste, le PTE s’est opposé au Pacte de la Moncloa [5]de 1977 mais a tout de même soutenu la Constitution de 1978 et a fini par se dissoudre en 1981. Une partie de ses militants a continué à militer dans le mouvement ouvrier. Les plus radicaux l’ont fait dans les organisations de la gauche syndicale, et, dans le cas de l’Andalousie, notamment dans le SOC et le CUT, avec d’autres militants, issus notamment du mouvement libertaire ou du catholicisme de gauche.
Occupations des propriétés, promotion du « municipalisme de base » (avec des assemblées citoyennes décidant de la tenue des affaires publiques), coopératives de travail et de logement pour combattre le chômage, voilà les marques de fabrique du CUT-SOC. Ses militants dirigent ainsi plusieurs villes Andalousie, notamment dans la province de Séville. Marinaleda, petite commune de 3.000 habitants, est souvent montrée en exemple
Le binôme SOC-CUTs’inscrit dans la continuité de la ligne stratégique du PTE. Il s’agissait à l’époque de s’appuyer et de développer la mobilisation sociale en tant qu’instrument de pression pour conquérir des droits démocratiques et sociaux, mais toujours dans le cadre du système capitaliste dont le dépassement historique était reporté à un futur indéterminé selon la logique à deux temps, étapiste, bien rodée chez les maoïstes. Cette stratégie pouvait se résumer dans la formule « mobilisation-pression-réforme » et s’apparente directement à celle du réformisme de gauche, par-delà les symboles et le recours à une rhétorique révolutionnaire dont sont coutumiers les dirigeants du CUT-SOC [6].
Révolution ou réformisme de gauche ?
Alors bien sûr, l’orientation du CUT, du SOC et du Syndicat Andalous des Travailleurs (SAT, créé à partir de 2007 pour élargir l’offre syndicale en direction d’autres secteurs ouvriers de l’industrie et des services) est bien différente de la politique du « syndicalisme de démobilisation » pratiquée par les directions bureaucratiques de Commissions Ouvrières (CCOO) et de l’UGT, les deux principales centrales syndicales espagnoles. Son orientation s’est également démarquée de celle d’Izquierda Unida, à laquelle le CUT est partie prenante néanmoins, notamment à un moment où IU cherche par tous les moyens à devenir un partenaire de gouvernement pour les socialistes espagnols du PSOE, notamment au sein des gouvernements régionaux. Ce sont les principales raisons pour lesquelles, pour beaucoup de militants combatifs, le SAT apparaît comme une espèce d’alternative à la politique criminelle des Toxo et Méndez, les deux principaux dirigeants de CCOO et de l’UGT. C’est également la raison pour laquelle le CUT peut apparaitre comme une sorte d’alternative politique face aux louvoiements d’un Llamazares ou d’un Cayos Lara, tous deux dirigeants d’IU et qui incarne tout son opportunisme. C’est en ce sens que Sánchez Gordillo peut apparaître comme une alternative à la politique menée Diego Valderas, vice-président « communiste » de la région Andalousie, et à ce titre co-responsable de l’application des plans d’austérité, et ce même si Gordillo est élu au parlement régional sur les listes d’IU...
Face à une IU qui apparaît de plus en plus comme un partenaire à part entière du PSOE, le CUT déclare vouloir rester fidèle à l’IU des origines. Pour le CUT, les mouvements sociaux, y compris les actions déterminées ou remettant partiellement en question la légalité bourgeoise (dans le cas des occupations de terre par exemple), ne sont là que comme des instruments de pression, afin pour « d’élargir le champ des possibles », et restent le plus souvent cantonné au plan local. Ainsi, tout en ayant obtenu la mise en place de certaines revendications dans les villes qu’il contrôle, la stratégie du CUT ne pose pas la question d’un mouvement généralisé des travailleurs et des secteurs populaires pour en finir avec le régime politique et le système d’exploitation capitaliste. Dans ce cadre, la force des travailleurs sert à participer à des manifestations « symboliques », plus ou moins « pacifiques », mais toujours dans le cadre du capitalisme.
Dans une région comme l’Andalousie où 2% de la population contrôle encore la moitié des terres agricoles, l’exemple de l’occupation récente des terres de Cayetano Martínez de Irujo est assez révélateur. Après les déclarations de « Monsieur le comte de Salvatierra » qui avait qualifié les ouvriers andalous de « fainéants », le SAT a occupé ses terres en décembre 2011. Le conflit cependant s’est conclu par un simple accord entre le noble et le maire de Marinaleda. Martínez de Irujo s’engageait, par le biais d’une de ses entreprises, à commercialiser certains produits issus des coopératives municipales contrôlées par le SAT. C’est cette même logique que le SAT défend dans le cadre des « marches ouvrières andalouses ». Tout en s’appuyant sur des méthodes plus ou moins radicales, avec des actions coups de poing ou des occupations de grandes propriétés, le SAT et son bras politique, le CUT, défendent avant tout l’amélioration des subventions agraires aux petits paysans, un SMI [équivalent espagnol du SMIC]de 1000 euros, un salaire social, l’arrêt des expulsions, des licenciements et de l’austérité. Toutes cesrevendicationssont justes, mais elles sont loin de constituer un programme pour faire payer la crise aux capitalistes, car elles ne touchent ni aux profits ni à la propriété privée des grands propriétaires fonciers, des patrons ou des banquiers.
Izquierda Unida, du côté des travailleurs ou des gouvernements régionaux pro-austérité ?
L’autre écueil est que le CUT n’a toujours pas rompu avec IU, y compris après l’intégration d’IU-Andalousie au gouvernement régional de José Antonio Griñán, un gouvernement qui mène, au niveau de la Communauté autonome, une véritable guerre contre les classes populaires. En fait le CUT souhaite « gauchir » IU, avec l’illusion qu’elle redevienne une formationréformistede gauche, qu’elle n’entre pas dans des gouvernements qui appliquent des contre-réformes, et ce afin de revenir au bon vieux temps d’IU, lorsqu’elle était dirigée par Julio Anguita, dans les années 1990, ou à l’époque des grandes manifestations contre l’OTAN des années 1980. L’objectif n’est rien d’autre que de recréer une médiation réformiste de gauche, actuellement en crise en raison de droitisation d’IU ces dernières années [7]. Il s’agirait d’une IU plus à gauche qu’aujourd’hui et moins « gestionnaire », mais toujours aussi « gestionnaire » en revanche des mobilisations sociales : sur la gauche, pour obtenir des réformes, mais aussi sur la droite, pour éviter que ces mêmes mobilisations ne débordent du cadre fixé par le capitalisme espagnol, renouant ainsi avec le rôle du PC dans les années 1970 qui a tout faite pour désamorcer la montée ouvrière et populaire mais aussi, plus dramatiquement encore, lorsque le PC a orchestré l’écrasement brutal de la révolution espagnole en 1937.
Le plus paradoxal dans toutes les actions menées par le SAT cet été, c’est que c’est IU qui est en train de tirer les marrons du feu. Gordillo, qui est député régional d’IU, permet à cette même formation de se refaire une virginité, d’essayer de regagner du terrain au sein des classes populaires et des travailleurs. Le fait que Gordillo continue à être élu IU, tout comme le fait que les actions du SAT n’aient pas pour cible le gouvernement pro-austérité d’Andalousie, entretient l’idée qu’IU serait une force politique qui est du côté des travailleurs. Ce n’est pas un hasard si un autre député d’IU, Victor Casado, élu d’Estrémadure, dit vouloir s’inspirer de la « Révolution Gordillo », alors que IU a facilité, dans cette autre région pauvre du Sud de l’Espagne, l’arrivée au pouvoir de la droite à la tête de la Communauté autonome après les élections de 2011…
Pour un parti révolutionnaire des travailleurs
La crise capitaliste réactualise les possibilités pour que les travailleurs et la jeunesse soient les protagonistes des processus révolutionnaires à venir. Cela implique de se préparer si nous voulons gagner. L’histoire des révolutions du XXème siècle nous montre l’énorme obstacle qu’ont signifié les organisations staliniennes et réformistes, qui ont mené les travailleurs droit au mur. Même si parfois le renforcement de ces organisations peut exprimer une certaine évolution à gauche d’une fraction plus ou moins importante du monde du travail, leur recomposition et leur renforcement, même lorsqu’elles repeignent en rouge leur programme ou gauchisent leur discours, sont un obstacle pour la mise en place d’une stratégie révolutionnaire visant à faire plier les capitalistes et détruire leur État. IU, comme avant elle le PC de Santiago Carrillo, est un obstacle dans la lutte pour renverser le régime de 1978 et en finir avec l’exploitation capitaliste.
Il est indispensable que les travailleurs et nos organisations maintiennent leur indépendance politique vis-à-vis de ces partis réformistes, car ils ne sont que l’aile gauche du régime. S’opposer à tout « embellissement » d’IU signifie également exiger des dirigeants du SAT qu’ils rompent définitivement avec ce parti et mener une campagne résolue contre le contre le gouvernement du PP au niveau de l’Etat espagnol, bien entendu, mais également contre le gouvernement du PSOE-IU en Andalousie. Pour Clase contra Clase, il est central que le monde du travail commence à construire son propre outil politique, un parti des travailleurs révolutionnaire, ne cherchant pas à reproposer les vieilles recettes du réformisme, plus ou moins gauchies, mais renouant avec une stratégie et un programme révolutionnaires. L’enjeu n’est pas de réformer ou de gauchir IU, ni même de construire un nouveau regroupement avec un programme à gauche d’IU mais ne se proposant pas la révolution sociale comme horizon stratégique, à l’image de ce que défend par exemple En Lucha [8]. Les meilleurs éléments du mouvement ouvrier, de la jeunesse, les meilleurs éléments du mouvement ouvrier agricole andalou doivent relever le défi, commencer à mettre en place une organisation qui cherche à combattre les illusions vis-à-vis du réformisme parmi les travailleurs, la seule façon afin de seréorganiseravec une stratégie et un programme qui puisse nous amener à la victoire.Ce programme, il devra poser clairement la question de l’expropriation des patrons et des banquiers, mais également l’expropriation des grands propriétaires fonciers du Sud de l’Etat espagnol, avec comme objectif l’établissement d’un gouvernement des travailleurs.
C’est aux capitalistes de payer la crise !
Clase contra Clase soutient toutes les mesures de lutte et les revendications parfaitement légitimes défendues les travailleurs et les ouvriers agricoles du SAT. C’est avant tout à l’ensemble de l’extrême-gauche, du mouvement ouvrier, des organisations de jeunesse et des organisations démocratiques de mener une campagne contre la répression et la criminalisation dont ils sont les victimes. Parallèlement néanmoins, nous sommes persuadés qu’il est nécessaire de défendre un programme qui ne soit pas limité à la défense des acquis qui sont en danger aujourd’hui en raison de l’austérité. Le caractère historique de cette crise nous montre qu’il est plus indispensable que jamais que les travailleurs défendent et luttent pour un programme qui remette en cause la propriété et les intérêts des grands capitalistes.
La question de la terre en Andalousie et en Estrémadure ne pourra être résolue sans poser la question de l’expropriation, sous contrôle des travailleurs, de l’ensemble des grands domaines et des grandes propriétés.
Le chômage de masse qui touche tous les travailleurs, en particulier ceux du Sud de l’Etat espagnol, ne peut être résolu si ce n’est à partir de la répartition des heures de travail sans perte de salaire et avec la nationalisation et la mise en place du contrôle ouvrier de toutes les entreprises qui ferment ou licencient.
Les problème de logement, d’expulsion et d’endettement des familles populaires n’ont pas non plus de solution sans avancer vers la nationalisation des banques et des grandes entreprises, leur mise sous contrôle par les salariés et les comités d’usagers, et ce afin d’en finir avec le racket des établissements de crédit, les expulsions et pour maintenir et améliorer l’ensemble des services publiques, à commencer par la santé et l’éducation.
Il s’agit de se battre pour un programme ouvrier d’urgence qui ne sera appliqué bien entendu ni par le gouvernement du PP ni même par le gouvernement PSOE-IU en Andalousie, tous deux partisans de faire payer la crise aux travailleurs et aux couches populaires. La bataille pour ces revendications doit servir au renforcement de l’organisation ouvrière, la mise en place d’organismes à même d’unifier chômeurs, précaires, salariés en CDI, travailleurs immigrés, avec ou sans papiers, et ce afin de construire la base d’un pouvoir visantà renverser par la voie révolutionnaire ce régime pourri et instaurer un gouvernement des travailleurs basé sur les organismes de démocratie directe des masses et des secteurs populaires. Un tel programme est indissolublement lié à la lutte pour une révolution ouvrière et socialiste.
Encore une fois, Clase contra Clase soutient la lutte des travailleurs et des ouvriers agricoles du Sud de l’Etat espagnol. Nous sommes néanmoins persuadés de la nécessité de lutter pour un programme réellement ouvrier et révolutionnaire, une perspective diamétralement opposée à la logique de « mobilisation-pression-réforme » défendue par Sánchez Gordillo et le CUT. Si une fraction du prolétariat andalou, qui plonge ses racines dans une tradition de lutte et de radicalité, s’appropriait ce programme, cela constituerait un grand pas en avant pour l’ensemble du mouvement ouvrier de l’Etat espagnol. Cela permettrait également que la lutte des travailleuses et des travailleurs andalous devienne une alternative, et non pas seulement en termes de méthodes, à la politique de conciliation de la bureaucratie syndicale ; une alternative politique au programme et à la stratégie qui réduit la lutte ouvrière à être un simple outil de pression sur le gouvernement en place.
-------------------------------
NOTES
[1] Santiago Lupe est membre de la direction de Clase contra Clase, l’organisation dans l’Etat espagnol de la Fraction Trotskyste-Quatrième Internationale, http://www.clasecontraclase.org/
[2] On pourra consulter à ce sujet « Une utopie anti-crise en Andalousie », http://www.courrierinternational.com/article/2012/08/21/une-utopie-anti-crise-en-andalousie
[3] Voir notamment L. Varlet, « Les mineurs se radicalisent face aux attaques du gouvernement », 15/06/12, http://www.ccr4.org/Les-mineurs-se-radicalisent-face-aux-attaques-du-gouvernement, C. Lub, « Les mineurs espagnols sont de retour », 21/06/12, http://www.ccr4.org/Les-mineurs-espagnols-sont-de-retour, ainsi que « Dans l’Etat espagnol, la marche des mineurs nous montre la voie », 14/07/12, http://www.ccr4.org/Dans-l-Etat-espagnol-la-marche-des-mineurs-nous-montre-la-voie-pour-jeter-a-bas-l-austerite
[4] Créé en 1976, le SOC (Syndicats des Ouvriers Agricoles) est lié au CUT (Collectif pour l’unité des Travailleurs), créé trois ans plus tard. Le CUT sera à l’initiative, avec le PC espagnol, de la construction en 1986 de Izquierda Unida (Gauche Unie), organisation réformiste située à la gauche du PS espagnol. Le SAT est désormais l’organisation syndicale à laquelle le SOC est rattaché.
[5] LePacte de la Moncloatient son nom de l’accord signé le25octobre1977auPalais de la Moncloa entre le gouvernement héritier direct du franquisme, les principaux partis politiques (dont le PC et le PS espagnols) et les syndicats, afin de fixer le cadre de la « Transition », véritable contre-révolutiondémocratique à travers laquelle la bourgeoisie et ses lieutenants ouvriers allaient désamorcer la montée ouvrière qui secouait la péninsule ibérique au cours des années 1970.
[6] Il est à noter également que le caractère très régionaliste du SOC-CUT (qui intègre aujourd’hui Bloc Andalou de Gauche, membre de Izquierda Unida), comme sa taille, a fait que son rayonnement s’est très vite limité localement, s’étendant surtout à quelques provinces andalouses.
[7] Il est néanmoins à noter que IU a réussi à se refaire une santé électorale lors des dernières élections régionales, en Andalousie notamment, à l’automne 2011.
[8] En Lucha est l’organisation de la Tendance Socialiste Internationale (SWP anglais) dans l’Etat espagnol.
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Por el derecho de Catalunya a decidir su futuro
http://www.anticapitalistas.org/Por-el-derecho-de-Catalunya-a
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Etat Espagnol
L’agence d’évaluation financière Fitch a menacé jeudi
de placer la note de la Catalogne (BBB-) en catégorie spéculative,
s’inquiétant des graves problèmes de liquidité dont souffre cette région .
La décision reflète l’incertitude sur la mise à disposition,
dans les temps, du financement via le fonds de liquidité régionale,
créé par l’Etat central et auquel la Catalogne a demandé fin août 5,023 milliards d’euros,
explique l’agence alors que Standard & Poor’s a déjà placé la région en catégorie spéculative.
http://www.romandie.com/news/n/_ALERTE___Espagne_Fitch_menace_de_placer_la_Catalogne_en_categorie
de placer la note de la Catalogne (BBB-) en catégorie spéculative,
s’inquiétant des graves problèmes de liquidité dont souffre cette région .
La décision reflète l’incertitude sur la mise à disposition,
dans les temps, du financement via le fonds de liquidité régionale,
créé par l’Etat central et auquel la Catalogne a demandé fin août 5,023 milliards d’euros,
explique l’agence alors que Standard & Poor’s a déjà placé la région en catégorie spéculative.
http://www.romandie.com/news/n/_ALERTE___Espagne_Fitch_menace_de_placer_la_Catalogne_en_categorie
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Après le 15 S, vers la grève générale !
http://www.anticapitalistas.org/15-S-El-inicio-del-otono-caliente
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Manifestation à Barcelone Un tournant historique ?
http://www.npa2009.org/content/manifestation-%C3%A0-barcelone-un-tournant-historique%E2%80%89
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
L'independance pour la Catalogne...
http://ecodiario.eleconomista.es/interstitial/volver/hp_14sep12/noticias/noticias/4264092/09/12/Mas-recrudece-su-independentismo-y-convocara-elecciones-en-unos-dias.html
irneh09218- Messages : 502
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Localisation : L'Ametlla de mar
Pourquoi une grève générale le 31 octobre
http://alencontre.org/europe/espagne/pourquoi-une-greve-generale-dans-letat-espagnol-le-31-octobre-2012.html
Roseau- Messages : 17750
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Elections anticipées en Catalogne
http://www.lavanguardia.com/politica/20120925/54351081770/artur-mas-convocara-elecciones-25-de-noviembre.html
irneh09218- Messages : 502
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Localisation : L'Ametlla de mar
Re: Etat Espagnol
Le face en face entre police et manifestants en direct.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/09/25/a-madrid-des-manifestants-veulent-occuper-le-parlement_1765326_3214.html
http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/09/25/a-madrid-des-manifestants-veulent-occuper-le-parlement_1765326_3214.html
A Madrid, manifestants et policiers s'affrontent devant le Parlement
Le Monde.fr avec AFP | 25.09.2012 à 14h19 • Mis à jour le 25.09.2012 à 19h53
Par Marthe Rubio
Des heurts ont éclaté mardi 25 septembre à Madrid entre manifestants du mouvement des indignés et policiers anti-émeutes qui ont chargé à coups de matraque la foule tentant de forcer un barrage près du Congrès des députés.
Au moins trois manifestants ont été interpellés, et un blessé, tandis que des milliers d'indignés étaient rassemblés près du Congrès, criant "démission".
L'atmosphère était électrique à la mi-journée. Quelque 80 collectifs de militants espagnols avaient appelé, dès le mois d'août, à occuper ou encercler symboliquement le Parlement de Madrid le jour de la session plénière, pour protester contre la "séquestration de la souveraineté du peuple par la troïka [Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Commission européenne] et les marchés financiers".
Le gouvernement avait barricadé les abords des Cortes et multiplié les avertissements à l'encontre des manifestants, qui se sont heurtés à un dispositif policier massif : 1 500 policiers anti-émeutes.
L'initiative avait été lancée via les réseaux sociaux. Sur Facebook, 50 000 personnes ont répondu à l'appel à manifester d'"Ocupa el congreso". Le gouvernement craignait une forte mobilisation et menait depuis plusieurs semaines une tentative de déminage en amont.
Samedi 15 septembre, des policiers avaient ainsi arrêté quatre personnes qui s'apprêtaient à déplier une pancarte annonçant "la manifestation du 25-S" (25 septembre). Le lendemain, quarante personnes qui se réunissaient dans le parc du Retiro à Madrid pour préparer la manifestation avaient dû se soumettre à un contrôle d'identité effectué par la police nationale. Le motif de l'interpellation : "réunion de plus de 20 personnes non communiquée". Huit d'entre elles devront comparaître devant le Haut Tribunal pénal pour délit à l'encontre des hautes instances de la nation.
INCITATION À LA DÉLATION
Craignant sans doute des débordements, la police nationale a également lancé cinq jours avant la manifestation un dispositif permettant de dénoncer anonymement les auteurs d'actes de vandalisme. A l'adresse mail antivandalismo@polica.es, les citoyens espagnols peuvent ainsi envoyer photos, vidéos et informations sur les responsables d'actes de dégradations. Selon le site Internet du quotidien Publico, cette initiative incitant à la délation est directement liée à la manifestation de ce mardi.
Pas de quartier non plus pour le "25-S" du côté du Parti Populaire (PP, droite), au gouvernement. Maria Dolores de Cospedal, secrétaire générale du PP, n'a pas manqué de condamner l'appel à encercler le Parlement, allant jusqu'à le comparer à la tentative de putsch faite par des militaires en 1981 : "Selon moi, la dernière fois que le Parlement a été encerclé et pris, ce fut à l'occasion de la tentative de coup d'État", a-t-elle ainsi déclaré lundi lors d'une conférence de presse. La préfecture de Madrid a, quant à elle, rappelé que l'occupation du Parlement était passible de six à douze mois de prison ferme.
La "persécution" et la "criminalisation" dénoncées par de nombreux acteurs du 25-S s'inscrit dans un contexte politique difficile pour le gouvernement espagnol : le 11 septembre, 1,5 million de manifestants ont défilé dans Barcelone pour réclamer l'indépendance de la Catalogne, faisant planer sur Madrid la menace d'une sécession ; de plus, une partie de la société civile espagnole souhaite réviser la Constitution ou dissoudre le Parlement et appelle à la démission du premier ministre, Mariano Rajoy.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Etat Espagnol
Manifestation à Madrid en face du parlement:
livestream
http://www.rtve.es/noticias/directo2/
(ce lien a été donné par "fred" sur le blog à JLM, 1/4 d’heure plus tard à peine son webmestre l’a supprimé...
une manifestation sans chef, sans drapeaux versaillais, les sinécuristes n'aiment pas! )
ou mieux ici
http://elpais.com/elpais/2012/09/17/videos/1347870347_245504.html?autoplay=1
livestream
http://www.rtve.es/noticias/directo2/
(ce lien a été donné par "fred" sur le blog à JLM, 1/4 d’heure plus tard à peine son webmestre l’a supprimé...
une manifestation sans chef, sans drapeaux versaillais, les sinécuristes n'aiment pas! )
ou mieux ici
http://elpais.com/elpais/2012/09/17/videos/1347870347_245504.html?autoplay=1
Dernière édition par Roseau le Mar 25 Sep - 22:34, édité 1 fois
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Etat Espagnol
Une énorme tension, de graves provocations policières, des affrontements, le mouvement des indignés espagnols se heurte à l'appareil d'état.
La délinquance policière à l’œuvre
La délinquance policière à l’œuvre
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Etat Espagnol
A tous les camarades qui se battent dans l'Etat espagnol
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Etat Espagnol
Un papier de Daniel Schneidermann :
« 09h15 le neuf-quinze
L’INDIGNÉ ESPAGNOL, CE BALOURD
60 blessés, dont 27 policiers: n’allez pas nous déranger pour si peu. Même après des heures de violents affrontements avec la police, aux alentours du Parlement, le manifestant madrilène indigné ne fait pas la Une des radios du matin. On le remise dans les profondeurs du journal de France Inter, loin loin loin derrière « l’évènement de la nuit »: les soupçons de trucage d’un match de handball. Il a droit à quelques phrases, en passant. Pas d’envoyé spécial haletant, en direct. Pas de bilan minute par minute. Pas de micro-trottoir. On en a même oublié son petit nom si pittoresque, indignado. On est poli: on ne le passe pas entièrement sous silence. On le reçoit, mais en bout de table.
Certes, l’Indignado fait valoir ses droits à la médiatisation. Il tentait d’accéder au Parlement, ce n’est pas rien; il a préparé sa manif de longue date sur Twitter, c’est moderne; il est le sujet d’une iconographie abondante, ça pourrait aider; il bat tous les records européens de précarité (1), c’est notable; la police a tiré des balles en caoutchouc, c’est douloureux: autant de bons points, qui le sauvent de l’oubli total, et lui ouvrent des droits à la médiatisation minimum. Mais quel balourd: il a le malheur d’être à contretemps. La crise est entre parenthèses. Lémarchés regardent ailleurs. En tous cas, ailleurs qu’en France, c’est l’essentiel: pensez donc, les choses vont si bien que la France gagne même de l’argent en empruntant. On y reviendra, bien entendu, mais plus tard. Repassez le mois prochain.
L’indigné madrilène n’y met pas du sien. « Non aux privilèges des politiciens » « démocratie économique » proclament ses pancartes. Il proteste banalement contre les « marchés financiers ». «La troïka (Commission européenne, BCE et FMI, ndlr) et les marchés financiers ont pris en otage la souveraineté populaire, avec le consentement, et la collaboration de la majorité des partis politiques» dit-il. Bref, totalement à côté de la plaque, comme le fait remarquer avec une ironie amère (2) une journaliste…de France Inter. Un petit « Allah Akhbar », quelques barbes, et il ferait la Une de la presse européenne. Ce n’est pourtant pas compliqué. »
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
A voir pour mesurer le moment que vit l'Espagne
et l'image à retenir et méditer...
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Un résumé vidéo des violences policières
http://www.elmundo.es/elmundo/2012/09/26/espana/1348664336.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Etat Espagnol
Apparemment de grosses tensions maintenant en Espagne, l'idée qu'on puisse faire reculer les agressions de la bourgeoisie, de les bloquer même un moment comme au Portugal commence à circuler.
L'exemple portugais travaille dans les masses et commence à faire planer une ivresse : les faire reculer , cela serait possible ?
L'exemple portugais travaille dans les masses et commence à faire planer une ivresse : les faire reculer , cela serait possible ?
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Etat espagnol. 25S : le sauvetage de la démocratie
Par Esther Vivas
http://cadtm.org/Etat-espagnol-25S-le-sauvetage-de
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Manipulations de la presse
http://boris-aubligine.blogspot.fr/2012/09/analyse-de-manipulation-des-masses.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Pays basque: bilan grève géné du 26 sept
http://alencontre.org/europe/espagne/26-septembre-greve-generale-au-pays-basque.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
La faille espagnole
http://www.gestionsuisse.com/2012/la-faille-espagnole/
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Etat Espagnol
Madrid (awp/afp) – La recapitalisation prévue des banques espagnoles est positive mais son montant ne sera peut-être pas suffisant, a prévenu lundi l’agence de notation Moody’s, qui pourrait dégrader la note souveraine du pays à la catégorie spéculative dans les prochains jours.
« Les montants de recapitalisation publiés par l’Espagne sont inférieurs à ce que nous estimons nécessaire pour les banques espagnoles afin de maintenir la stabilité dans nos scénarios adverses et très adverses », juge Moody’s, qui évalue ces besoins entre 70 et 105 milliards.
« Si les acteurs du marché sont sceptiques sur ce test de résistance, le sentiment négatif pourrait miner les efforts du gouvernement pour rétablir la pleine confiance en la solvabilité des banques espagnoles », ajoute l’agence.
Moody’s pourrait être la première agence de notation à placer l’Espagne en catégorie spéculative, dans un contexte de forte pression des marchés pour que le pays, quatrième économie de la zone euro, demande son sauvetage financier.
http://www.romandie.com/news/n/Espagne_la_recapitalisation_des_banques_peut_etre_pas_suffisante_Moody_s22011020121000.asp
« Les montants de recapitalisation publiés par l’Espagne sont inférieurs à ce que nous estimons nécessaire pour les banques espagnoles afin de maintenir la stabilité dans nos scénarios adverses et très adverses », juge Moody’s, qui évalue ces besoins entre 70 et 105 milliards.
« Si les acteurs du marché sont sceptiques sur ce test de résistance, le sentiment négatif pourrait miner les efforts du gouvernement pour rétablir la pleine confiance en la solvabilité des banques espagnoles », ajoute l’agence.
Moody’s pourrait être la première agence de notation à placer l’Espagne en catégorie spéculative, dans un contexte de forte pression des marchés pour que le pays, quatrième économie de la zone euro, demande son sauvetage financier.
http://www.romandie.com/news/n/Espagne_la_recapitalisation_des_banques_peut_etre_pas_suffisante_Moody_s22011020121000.asp
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Alemagne+catalogne
http://www.naciodigital.cat/noticia/47259/brasack/diada/transmetre/missatge/positiu/mercats
Plus de 500 entreprises allemandes installées en Catalogne...
Plus de 500 entreprises allemandes installées en Catalogne...
irneh09218- Messages : 502
Date d'inscription : 18/07/2010
Age : 73
Localisation : L'Ametlla de mar
Déclaration lue place Neptune le 29S
http://alencontre.org/europe/espagne/madrid-29-septembre-2012-declaration-lue-sur-la-plaza-neptuno.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
"Que soy compañero coño"
http://vegamediapress.es/not/3036/operaciones_policiales_perversas/
ATTENTION : ceux sont les "agents de l'état Espagnol" qui créent les troubles lors des manifestations...
ATTENTION : ceux sont les "agents de l'état Espagnol" qui créent les troubles lors des manifestations...
irneh09218- Messages : 502
Date d'inscription : 18/07/2010
Age : 73
Localisation : L'Ametlla de mar
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