Chili
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Re: Chili
Et dans la revue de nos camarades suisses de "A l'encontre"
Chili: deuxième journée de mobilisation
Publié par Alencontre le 26 - août - 2011
Par Christian Palma
Si le mercredi 24 août la grève nationale de deux jours (24 et 25 août), appelée par la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), la principale confédération syndicale du Chili, a été qualifiée de faible par le gouvernement de droite de Sebastián Piñera, l’adhésion à celle du 25 août a été inégalable au-delà de tout espoir. Des centaines de milliers de personnes ont défilé depuis différents endroits de la capitale en direction de la principale avenue de Santiago, la Alameda. En province les manifestants se comptaients par milliers.
Avec cela, une fois de plus, il s’est affirmé clairement que les gens étaient fatigués de voir que leur revenu ne leur permettait pas d’arriver à la fin du mois, que leurs enfants devaient s’endetter pour étudier […], que la grande majorité n’est pas comprise et que le gouvernement continue d’ignorer des thèmes sensibles.
Toutefois, il faut être juste. L’appel de la CUT n’aurait pas obtenu ce succès sans l’énergie des étudiants qui, grâce à leurs revendications, ont mis en lumière toutes les plaintes des citoyens. Ce sont tous ces tracas qui se sont concrétisés sous la forme de manifestations dans la rue […].
Comme on pouvait le penser, les chiffres de la CUT se sont opposés à ceux de La Moneda [palais du gouvernement]. Selon le président de la CUT, Arturo Martinez, ce sont plus de 600’000 personnes qui se sont mobilisées dans tout le pays. Par contre, le porte-parole du gouvernement, Andrés Chadwick, a affirmé que la mobilisation avait été inférieure à la journée précédente.
Que les chiffres soient plus ou moins grands, ce qui est certain c’est que les défilés se sont passés dans le calme jusqu’à la mi-journée, c’est-à-dire jusqu’au moment ou des files interminables commençaient à se rencontrer au centre de Santiago. Des pancartes inventives contre les profits effectués dans le secteur de l’éducation ou qui critiquaient le gouvernement se mêlaient aux drapeaux des centrales syndicales et aux fanions des collèges et des universités.
Les gens applaudissaient depuis les fenêtres des bâtiments auxquelles ils avaient suspendu des drapeaux et des banderoles. La crainte que les citoyens ne soutiennent pas l’appel à la grève, à cause de l’attitude négative des dirigeants politiques, s’est dissipée au cours des heures.
«C’est la chose la plus impressionnante que j’ai vue. Nous sommes des milliers. Des ouvriers, des professeurs, des étudiants qui disent à la face de Piñera qu’il doit mettre fin au modèle imposé par Pinochet», nous dit Andres, un adolescent qui avec 20 camarades arrivaient de San Bernardo, une des municipalités à la périphérie de Santiago.
Le jeune et ses amis disparurent dans la foule au moment où s’élevait une clameur assourdissante qui rendait impossible la suite de la discussion: «Il va tomber… il va tomber… le successeur de Pinochet». Une banderole portait l’inscription: «Le peuple éduqué jamais ne sera exploité», une formule qui amplifiait le sentiment de ces milliers d’anonymes qui s’étaient donné rendez-vous dans le froid d’un matin chilien.
Le dirigeant de la CUT, Martinez, affirma: «Nous espérons que le gouvernement, après ce coup qu’il a reçu, va réfléchir et s’ouvrira à une discussion pour chercher une sortie à la situation actuelle. Cette mobilisation n’appartient à personne si ce n’est aux travailleurs, aux citoyens et aux citoyennes qui se sont mobilisés.»
La personnalité la plus visible de la mobilisation, la présidente de la Fédération des étudiants de l’Université du Chili [voir notre article en date du 9 août], Camila Vallejo, a réfuté les propos du gouvernement qui accusait la CUT de s’approprier le mouvement étudiant: «Nous avons toujours été unis. C’est une erreur d’affirmer le contraire… Nous croyons qu’il est nécessaire de changer le système politique, de changer le système économique afin que, à juste titre, la redistribution du pouvoir soit plus juste, la distribution soit plus juste, et que nous disposions de conditions dignes pour nous développer comme êtres humains.»
De son côté, le président du Parti socialiste, Osvaldo Andrade, fit un mea culpa au nom de la Concertation [alliance du PS et des démocrates-chrétiens]: «Je viens participer à cette manifestation avec beaucoup d’humilité, parce que durant les vingt ans du gouvernement de la Concertation nous avons aussi été dans de nombreuses occasions partie prenante de cette politique abusive. Je crois que c’est le moment que nous prenions en charge les problèmes de fond. Et si la seule manière pour que ce gouvernement écoute consiste à ce que les gens descendent dans la rue, il n’y a pas d’autre alternative.» […] (Traduction A l’Encontre)
____
Christian Palma est correspondant à Santiago du quotidien de Buenos Aires Pagina 12. Article publié le 26 août 2011.
*****
Des affrontements se sont développés à la fin des manifestations. Les carabiniers sont intervenus avec brutalité contre des jeunes qui ne sont plus prêts à s’enfuir. Les agences de presse indiquent qu’un jeune de 14 ans, Manuel Gutiérrez, est mort, ayant reçu une balle en pleine poitrine, dans la municipalité de Mancul, au sud de Santiago. (Rédaction)
Chili: deuxième journée de mobilisation
Publié par Alencontre le 26 - août - 2011
Par Christian Palma
Si le mercredi 24 août la grève nationale de deux jours (24 et 25 août), appelée par la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), la principale confédération syndicale du Chili, a été qualifiée de faible par le gouvernement de droite de Sebastián Piñera, l’adhésion à celle du 25 août a été inégalable au-delà de tout espoir. Des centaines de milliers de personnes ont défilé depuis différents endroits de la capitale en direction de la principale avenue de Santiago, la Alameda. En province les manifestants se comptaients par milliers.
Avec cela, une fois de plus, il s’est affirmé clairement que les gens étaient fatigués de voir que leur revenu ne leur permettait pas d’arriver à la fin du mois, que leurs enfants devaient s’endetter pour étudier […], que la grande majorité n’est pas comprise et que le gouvernement continue d’ignorer des thèmes sensibles.
Toutefois, il faut être juste. L’appel de la CUT n’aurait pas obtenu ce succès sans l’énergie des étudiants qui, grâce à leurs revendications, ont mis en lumière toutes les plaintes des citoyens. Ce sont tous ces tracas qui se sont concrétisés sous la forme de manifestations dans la rue […].
Comme on pouvait le penser, les chiffres de la CUT se sont opposés à ceux de La Moneda [palais du gouvernement]. Selon le président de la CUT, Arturo Martinez, ce sont plus de 600’000 personnes qui se sont mobilisées dans tout le pays. Par contre, le porte-parole du gouvernement, Andrés Chadwick, a affirmé que la mobilisation avait été inférieure à la journée précédente.
Que les chiffres soient plus ou moins grands, ce qui est certain c’est que les défilés se sont passés dans le calme jusqu’à la mi-journée, c’est-à-dire jusqu’au moment ou des files interminables commençaient à se rencontrer au centre de Santiago. Des pancartes inventives contre les profits effectués dans le secteur de l’éducation ou qui critiquaient le gouvernement se mêlaient aux drapeaux des centrales syndicales et aux fanions des collèges et des universités.
Les gens applaudissaient depuis les fenêtres des bâtiments auxquelles ils avaient suspendu des drapeaux et des banderoles. La crainte que les citoyens ne soutiennent pas l’appel à la grève, à cause de l’attitude négative des dirigeants politiques, s’est dissipée au cours des heures.
«C’est la chose la plus impressionnante que j’ai vue. Nous sommes des milliers. Des ouvriers, des professeurs, des étudiants qui disent à la face de Piñera qu’il doit mettre fin au modèle imposé par Pinochet», nous dit Andres, un adolescent qui avec 20 camarades arrivaient de San Bernardo, une des municipalités à la périphérie de Santiago.
Le jeune et ses amis disparurent dans la foule au moment où s’élevait une clameur assourdissante qui rendait impossible la suite de la discussion: «Il va tomber… il va tomber… le successeur de Pinochet». Une banderole portait l’inscription: «Le peuple éduqué jamais ne sera exploité», une formule qui amplifiait le sentiment de ces milliers d’anonymes qui s’étaient donné rendez-vous dans le froid d’un matin chilien.
Le dirigeant de la CUT, Martinez, affirma: «Nous espérons que le gouvernement, après ce coup qu’il a reçu, va réfléchir et s’ouvrira à une discussion pour chercher une sortie à la situation actuelle. Cette mobilisation n’appartient à personne si ce n’est aux travailleurs, aux citoyens et aux citoyennes qui se sont mobilisés.»
La personnalité la plus visible de la mobilisation, la présidente de la Fédération des étudiants de l’Université du Chili [voir notre article en date du 9 août], Camila Vallejo, a réfuté les propos du gouvernement qui accusait la CUT de s’approprier le mouvement étudiant: «Nous avons toujours été unis. C’est une erreur d’affirmer le contraire… Nous croyons qu’il est nécessaire de changer le système politique, de changer le système économique afin que, à juste titre, la redistribution du pouvoir soit plus juste, la distribution soit plus juste, et que nous disposions de conditions dignes pour nous développer comme êtres humains.»
De son côté, le président du Parti socialiste, Osvaldo Andrade, fit un mea culpa au nom de la Concertation [alliance du PS et des démocrates-chrétiens]: «Je viens participer à cette manifestation avec beaucoup d’humilité, parce que durant les vingt ans du gouvernement de la Concertation nous avons aussi été dans de nombreuses occasions partie prenante de cette politique abusive. Je crois que c’est le moment que nous prenions en charge les problèmes de fond. Et si la seule manière pour que ce gouvernement écoute consiste à ce que les gens descendent dans la rue, il n’y a pas d’autre alternative.» […] (Traduction A l’Encontre)
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Christian Palma est correspondant à Santiago du quotidien de Buenos Aires Pagina 12. Article publié le 26 août 2011.
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Des affrontements se sont développés à la fin des manifestations. Les carabiniers sont intervenus avec brutalité contre des jeunes qui ne sont plus prêts à s’enfuir. Les agences de presse indiquent qu’un jeune de 14 ans, Manuel Gutiérrez, est mort, ayant reçu une balle en pleine poitrine, dans la municipalité de Mancul, au sud de Santiago. (Rédaction)
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Chili
En finir (vraiment) avec l’ère Pinochet
LA FUENTE Victor de
24 août 2011
version imprimable n°22757
Des centaines de milliers de personnes dans les rues des grandes villes du pays [1] et ce depuis plusieurs mois ; un maire, celui de Santiago, qui suggère de faire appel à l’armée pour éviter que la commémoration du 11 septembre 1973 (date du coup d’Etat contre le président Salvador Allende) ne fasse l’objet de débordements : le Chili vit une période inédite.
Jamais, depuis la fin de la dictature, en 1990, le pays n’avait connu d’aussi importantes mobilisations. Jamais, depuis 1956, un gouvernement démocratique n’avait fait face à une telle contestation populaire. A l’origine de ce mouvement, les étudiants ont placé le gouvernement de M. Sebastián Piñera (droite) dans une position délicate : sa cote de popularité – 26% – fait d’ores et déjà de lui le président le moins populaire depuis le retour à la démocratie.
Cette longue bande de terre qui longe l’océan Pacifique était pourtant le dernier pays de la région où l’on attendait une telle effervescence. Le « jaguar » latino-américain, « modèle typiquement libéral » [2] ne faisait-il pas l’admiration des éditorialistes en vue ? La stabilité politique y était assurée, expliquaient-ils, puisque « la réalité y avait fini par éroder les mythes et les utopies de la gauche, la plaçant (…) sur le terrain de la réalité, douchant ses fureurs passées et la rendant raisonnable et végétarienne [sic] » [3]. Le 28 avril 2011, pourtant, les étudiants chiliens montraient les dents. Et pas les molaires.
Ce jour-là, les étudiants des établissements publics et privés dénoncent le niveau d’endettement qu’implique l’accès à l’éducation supérieure. Dans un pays où le salaire minimum s’établit à 182’000 pesos (moins de 300 euros) et le salaire moyen à 512 000 pesos (moins de 800 euros), les jeunes (et leurs familles) déboursent entre 170 000 et 400 000 pesos (entre 250 et 600 euros) par mois pour suivre un cursus universitaire. En conséquence, 70 % des étudiants s’endettent, et 65% des plus pauvres interrompent leurs études pour des raisons financières. [4]
Réunissant 8000 personnes, cette première manifestation ne semble pas, a priori, promise à un quelconque avenir. Elle vient néanmoins gonfler un peu plus le fleuve de la protestation sociale, déjà nourri par diverses mobilisations à travers le pays, en faveur : d’une meilleure redistribution des profits liés à l’extraction du cuivre à Calama [avec ses mines à ciel ouvert], du maintien du prix du gaz à Magallanes [vers l’Antarctique chilien], de l’indemnisation des victimes du tremblement de terre de janvier 2010 sur la côte, du respect des Indiens Mapuches dans le sud [5] ou encore de la diversité sexuelle à Santiago. Au mois de mars 2011, le projet HidroAysén [en Patagonie], avait lui aussi participé à unir un peu plus les Chiliens – contre lui.
Piloté par la multinationale italienne Enel-Endesa associée au groupe chilien Colbún, et soutenu par le gouvernement, les partis de droite et certains dirigeants de la Concertación [6] (centre-gauche), ce projet de construction de cinq immenses barrages en Patagonie avait été approuvé sans la moindre consultation citoyenne. Devant l’ampleur de la mobilisation (plus de trente mille personnes à travers le pays), le gouvernement se trouve dans une situation compliquée.
En juin, la mobilisation étudiante atteint sa vitesse de croisière : le 16 juin se produit la première manifestation de 200’000 personnes – la plus grande depuis la période de la dictature. Organisant des grèves massives et bloquant des lycées, les manifestants dénoncent la « marchandisation de l’éducation » et exigent « un enseignement gratuit et de qualité » : une revendication qui remet en cause les fondations mêmes du « modèle chilien », hérité de la dictature [voir ci-dessous l’encart intitulé : Un héritage encombrant]. Dans les rues, les étudiants ne s’y trompent pas qui scandent « Elle va tomber,elle va tomber, l’éducation de Pinochet ! », en référence aux slogans entendus lors des manifestations contre la dictature, il y a plus de vingt ans (« Elle va tomber, elle va tomber la dictature de Pinochet ! »)
Car si le Chili de Pinochet a constitué un « laboratoire » pour les politiques néolibérales, c’est aussi dans le domaine de l’éducation. Le rêve que l’économiste monétariste Milton Friedman formulait en 1984, les généraux y avaient travaillé dès leur prise du pouvoir.
Rares en 1973, les écoles privées accueillent désormais 60 % des élèves dans le primaire et le secondaire. Moins de 25 % du système éducatif est financé par l’Etat, les budgets des établissements dépendent, en moyenne, à 75 % des frais d’inscriptions. D’ailleurs, l’Etat chilien ne consacre que 4,4% du produit intérieur brut (PIB) à l’enseignement, bien moins que les 7% recommandés par l’Unesco. Dans le domaine de l’université – cas unique en Amérique latine –, il n’existe dans le pays aucun établissement public gratuit. Selon le sociologue Mario Garcés, les réformes Pinochet – maintenues et approfondies par les différents gouvernements depuis la chute de la dictature – ont perverti la mission du système éducatif : il visait à l’origine à favoriser la mobilité sociale ; il assure désormais la reproduction des inégalités. [7]
Mais – interrogent les étudiants, auxquels n’ont pas échappé les discours satisfaits sur le « développement » de l’économie chilienne (lui ayant ouvert les portes de l’OCDE en décembre 2009) – si l’éducation était gratuite il y a quarante ans, alors que le pays était pauvre, pourquoi devrait-elle être payante aujourd’hui, alors qu’il est devenu (plus) riche ? Une question qui suffit à faire basculer tout une logique cul par-dessus tête, et dont la portée dépasse évidemment le domaine de l’éducation. Comme les revendications étudiantes : tenue d’une Assemblée constituante pour promouvoir une véritable démocratie, renationalisation du cuivre [8] ou encore la réforme fiscale ; il s’agit, au bout du compte, « d’en finir avec l’ère Pinochet ». Suspicieux face à des dirigeants politiques qui ne leur inspirent plus confiance, les manifestants exigent que l’avenir du système éducatif soit soumis à un référendum (pourtant interdit par la Constitution).
Dénoncer les partis politiques ne signifie pas nécessairement promouvoir une forme d’apolitisme béat. Les étudiants ont occupé les sièges de la chaîne de télévision (Chilevisión), de l’Union démocrate indépendante (UDI – le parti issu du pinochétisme), ainsi que celui du Parti socialiste, identifiés comme trois symboles du pouvoir. Les discours apologétiques d’une gauche institutionnelle qui se dit volontiers coupable d’avoir « trop demandé » – déclenchant ainsi la colère, inévitable, des possédants en 1973 – ou ceux visant à promouvoir le retrait de l’Etat, ne semblent pas avoir prise sur une génération qui n’a pas connu le putsch. Les manifestants n’hésitent pas, d’ailleurs, à réhabiliter la figure de l’ancien président, Salvador Allende : ses discours sur l’éducation, prononcés il y a plus de quarante ans, ont récemment battu des records de consultation sur Internet ; son effigie apparaît de nouveau dans les manifestations, où des pancartes proclament que « Les rêves d’Allende sont à portée de main ».
Cette clarté politique n’a pas affaibli le mouvement étudiant, bien au contraire. Ils ont reçu le soutien des universitaires, des enseignants du secondaire, des associations de parents d’élèves, de différentes organisations non gouvernementales (ONG), réunies autour de l’Association chilienne des ONG, Accion [9], et de syndicats importants (professeurs, fonctionnaires, personnels de santé, etc.). Bien souvent, la solidarité s’organise pour soutenir les manifestants occupant un établissement, sous la forme de paniers de nourriture que l’on apporte aux « bloqueurs », par exemple. Selon les sondages, pourtant commandités par des médias tous proches du pouvoir, les étudiants jouissent du soutien de 70 % à 80 % de la population.
Alors, pourquoi maintenant ? Certes, le Chili a déjà connu des mobilisations étudiantes, notamment la « révolution des pingouins » [10] en 2006, sous la présidence de Mme Michelle Bachelet (centre-gauche). Toutefois, jamais les manifestations n’attirèrent autant de monde : pendant deux décennies, les gouvernements de centre-gauche de la Concertación parvinrent à administrer l’héritage de la dictature tout en réduisant la pauvreté. Mais en accentuant les inégalités : à l’heure actuelle, le Chili figure au nombre des quinze pays les plus inégaux de la planète [11] Peu à peu, les espoirs de transformation liés à la chute de la dictature ont été douchés, cependant que s’accumulaient les dettes des étudiants.
L’injustice du système est peut-être apparue sous un jour plus cru avec l’arrivée au pouvoir de M. Piñera, lequel s’est vite donné pour mission de renforcer – encore – les logiques de marché au sein du système éducatif. Les conflits d’intérêts au sein du cabinet ont par ailleurs mis en évidence certaines dérives : le ministre de l’éducation de M. Piñera, M. Joaquín Lavín, était également fondateur et actionnaire de l’Université du développement, un établissement privé. [12]
La réponse du gouvernement, pour l’heure, consiste à tenter de criminaliser les manifestants. La presse ne manque pas de souligner les exactions de fractions violentes, parfois infiltrées par des policiers en civil (comme l’ont démontré de nombreuses vidéos et photographies [13]. Le 4 août, estimant qu’il y a « … une limite à tout », M. Piñera faisait interdire une manifestation sur l’avenue Alameda (choisie par les étudiants parce qu’évoquée par Allende dans son ultime discours) : la répression y fut systématique, avec plus de 870 interpellations. Mais la violence policière n’a fait qu’accroître le soutien populaire aux manifestants. Le soir même, les cacerolazos (manifestations au cours desquelles chacun maltraite une casserole) retentissaient à travers le pays : l’intransigeance gouvernementale avait transformé le défilé en « protestation nationale », terme utilisé pour décrire… les rassemblements en faveur de la démocratie à l’époque de la dictature.
Les étudiants demeurent mobilisés. Avec l’ensemble de leurs soutiens – qui ne se cantonnent plus aux « classes moyennes » –, ils se joindront à une grève générale les 24 et 25 août, dans l’espoir d’élargir la brèche ouverte.
Victor de la Fuente
Un héritage encombrant
Constitution
La Constitution en vigueur date de 1980 : elle fut approuvée (grâce à une fraude) sous la dictature. Antidémocratique, elle assure presque mécaniquement la moitié des sièges du Sénat et de la Chambre des députés à la droite chilienne, pourtant minoritaire.
Education
En 1981, Augusto Pinochet réforme le système universitaire et élimine l’éducation supérieure gratuite. Le 10 mars 1990, la veille de son départ, il promulgue la Loi organique constitutionnelle de l’enseignement (LOCE), qui réduit encore le rôle de l’Etat dans l’éducation et délègue de nouvelles prérogatives au secteur privé.
Protection sociale
En 1980, la dictature privatise le système de retraites (Décrets 3.500 et 3.501 proposés par le frère de M. Piñera, José). En 1981 sont créées les Isapres, systèmes de santé privés. Ils ne seront pas renationalisés lors du retour à la démocratie.
Médias
Le jour du coup d’Etat, la junte publie le bando 15 (arrêt n° 15) qui interdit tous les journaux sauf El Mercurio et La Tercera, à l’origine des deux groupes de presse qui contrôlent le secteur des médias chiliens aujourd’hui.
LA FUENTE Victor de
Notes
[1] Plus de deux cent mille personnes les 16 et 30 juin, le 14 juillet puis, à nouveau les 9 et 18 août. Les mobilisations du 24 et 25 août syndicales, citoyennes et étudiantes ont été fort grandes. Voir aussi sur la mobilisation du 21 août au Parc Cousiño le blog de Patricio Paris.
[2] El regreso del idiota, Alvaro Vargas Llosa, Plinio Apuleyo Mendoza, Carlos Albero Montaner, préface de Mario Vargas Llosa, Random House S.A., Mexico, 2007.
[3] Lire Franck Gaudichaud, « Au Chili, les vieilles lunes de la nouvelle droite », Le Monde diplomatique, mai 2011.
[4] Estudio sobre las causas de la deserción universitaria. Centro de Microdatos, Departamento de Economía, Universidad de Chile.
[5] Lire Alain Devalpo, « Mapuches, les Chiliens dont on ne parle pas », La valise diplomatique, 15 septembre 2010, disponible sur ESSF (article 22756).
[6] La Concertation pour la démocratie est une alliance de centre gauche, aujourd’hui composée de quatre partis (Parti socialiste [PS], Parti pour la démocratie [PPD], Parti démocrate-chrétien [PDC] et Parti radical social-démocrate [PRSD]) qui a gouverné pendant vingt ans, à la chute de la dictature.
[7] Mario Garcés Durán, directeur de l’organisation non gouvernementale (ONG) Education et communication (ECO). Entretien avec la BBC Monde.
[8] L’entreprise d’Etat d’extraction du cuivre Codelco n’a jamais été privatisée, mais la dictature a ouvert de nouvelles concessions au profit de multinationales. La Concertación a suivi la même politique. A l’heure actuelle, 70 % du cuivre chilien est exploité par des entreprises étrangères. Voir le site du Comité de défense et de réappropriation du cuivre. Comité de défense et de réappropriation du cuivre.
[9] voir le site Internet d’Accion : le site Internet d’Accion.
[10] Image due à la couleur des uniformes blancs et noirs des élèves des collèges publics.
[11] Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ; Rapport régional sur le développement humain pour l’Amérique latine et les Caraïbes. « Rapport régional sur le développement humain pour l’Amérique latine et les Caraïbes » (pdf).
[12] Le ministre de l’éducation Joaquín Lavín a été remercié en plein conflit, le 18 juillet. M. Piñera l’a maintenu au sein de son cabinet. Le nouveau ministre de l’éducation se nomme Felipe Bulnes.
[13] Voir par exemple « Carabineros infiltrados en protestas » sur le site de la chaîne Chilevision.
* Paru sur La valise diplomatique du Monde diplomatique le mercredi 24 août 2011 :
http://www.monde-diplomatique.fr/ca...
* Victor de La Fuente est Directeur de l’édition chilienne du Monde Diplomatique.
LA FUENTE Victor de
24 août 2011
version imprimable n°22757
Des centaines de milliers de personnes dans les rues des grandes villes du pays [1] et ce depuis plusieurs mois ; un maire, celui de Santiago, qui suggère de faire appel à l’armée pour éviter que la commémoration du 11 septembre 1973 (date du coup d’Etat contre le président Salvador Allende) ne fasse l’objet de débordements : le Chili vit une période inédite.
Jamais, depuis la fin de la dictature, en 1990, le pays n’avait connu d’aussi importantes mobilisations. Jamais, depuis 1956, un gouvernement démocratique n’avait fait face à une telle contestation populaire. A l’origine de ce mouvement, les étudiants ont placé le gouvernement de M. Sebastián Piñera (droite) dans une position délicate : sa cote de popularité – 26% – fait d’ores et déjà de lui le président le moins populaire depuis le retour à la démocratie.
Cette longue bande de terre qui longe l’océan Pacifique était pourtant le dernier pays de la région où l’on attendait une telle effervescence. Le « jaguar » latino-américain, « modèle typiquement libéral » [2] ne faisait-il pas l’admiration des éditorialistes en vue ? La stabilité politique y était assurée, expliquaient-ils, puisque « la réalité y avait fini par éroder les mythes et les utopies de la gauche, la plaçant (…) sur le terrain de la réalité, douchant ses fureurs passées et la rendant raisonnable et végétarienne [sic] » [3]. Le 28 avril 2011, pourtant, les étudiants chiliens montraient les dents. Et pas les molaires.
Ce jour-là, les étudiants des établissements publics et privés dénoncent le niveau d’endettement qu’implique l’accès à l’éducation supérieure. Dans un pays où le salaire minimum s’établit à 182’000 pesos (moins de 300 euros) et le salaire moyen à 512 000 pesos (moins de 800 euros), les jeunes (et leurs familles) déboursent entre 170 000 et 400 000 pesos (entre 250 et 600 euros) par mois pour suivre un cursus universitaire. En conséquence, 70 % des étudiants s’endettent, et 65% des plus pauvres interrompent leurs études pour des raisons financières. [4]
Réunissant 8000 personnes, cette première manifestation ne semble pas, a priori, promise à un quelconque avenir. Elle vient néanmoins gonfler un peu plus le fleuve de la protestation sociale, déjà nourri par diverses mobilisations à travers le pays, en faveur : d’une meilleure redistribution des profits liés à l’extraction du cuivre à Calama [avec ses mines à ciel ouvert], du maintien du prix du gaz à Magallanes [vers l’Antarctique chilien], de l’indemnisation des victimes du tremblement de terre de janvier 2010 sur la côte, du respect des Indiens Mapuches dans le sud [5] ou encore de la diversité sexuelle à Santiago. Au mois de mars 2011, le projet HidroAysén [en Patagonie], avait lui aussi participé à unir un peu plus les Chiliens – contre lui.
Piloté par la multinationale italienne Enel-Endesa associée au groupe chilien Colbún, et soutenu par le gouvernement, les partis de droite et certains dirigeants de la Concertación [6] (centre-gauche), ce projet de construction de cinq immenses barrages en Patagonie avait été approuvé sans la moindre consultation citoyenne. Devant l’ampleur de la mobilisation (plus de trente mille personnes à travers le pays), le gouvernement se trouve dans une situation compliquée.
En juin, la mobilisation étudiante atteint sa vitesse de croisière : le 16 juin se produit la première manifestation de 200’000 personnes – la plus grande depuis la période de la dictature. Organisant des grèves massives et bloquant des lycées, les manifestants dénoncent la « marchandisation de l’éducation » et exigent « un enseignement gratuit et de qualité » : une revendication qui remet en cause les fondations mêmes du « modèle chilien », hérité de la dictature [voir ci-dessous l’encart intitulé : Un héritage encombrant]. Dans les rues, les étudiants ne s’y trompent pas qui scandent « Elle va tomber,elle va tomber, l’éducation de Pinochet ! », en référence aux slogans entendus lors des manifestations contre la dictature, il y a plus de vingt ans (« Elle va tomber, elle va tomber la dictature de Pinochet ! »)
Car si le Chili de Pinochet a constitué un « laboratoire » pour les politiques néolibérales, c’est aussi dans le domaine de l’éducation. Le rêve que l’économiste monétariste Milton Friedman formulait en 1984, les généraux y avaient travaillé dès leur prise du pouvoir.
Rares en 1973, les écoles privées accueillent désormais 60 % des élèves dans le primaire et le secondaire. Moins de 25 % du système éducatif est financé par l’Etat, les budgets des établissements dépendent, en moyenne, à 75 % des frais d’inscriptions. D’ailleurs, l’Etat chilien ne consacre que 4,4% du produit intérieur brut (PIB) à l’enseignement, bien moins que les 7% recommandés par l’Unesco. Dans le domaine de l’université – cas unique en Amérique latine –, il n’existe dans le pays aucun établissement public gratuit. Selon le sociologue Mario Garcés, les réformes Pinochet – maintenues et approfondies par les différents gouvernements depuis la chute de la dictature – ont perverti la mission du système éducatif : il visait à l’origine à favoriser la mobilité sociale ; il assure désormais la reproduction des inégalités. [7]
Mais – interrogent les étudiants, auxquels n’ont pas échappé les discours satisfaits sur le « développement » de l’économie chilienne (lui ayant ouvert les portes de l’OCDE en décembre 2009) – si l’éducation était gratuite il y a quarante ans, alors que le pays était pauvre, pourquoi devrait-elle être payante aujourd’hui, alors qu’il est devenu (plus) riche ? Une question qui suffit à faire basculer tout une logique cul par-dessus tête, et dont la portée dépasse évidemment le domaine de l’éducation. Comme les revendications étudiantes : tenue d’une Assemblée constituante pour promouvoir une véritable démocratie, renationalisation du cuivre [8] ou encore la réforme fiscale ; il s’agit, au bout du compte, « d’en finir avec l’ère Pinochet ». Suspicieux face à des dirigeants politiques qui ne leur inspirent plus confiance, les manifestants exigent que l’avenir du système éducatif soit soumis à un référendum (pourtant interdit par la Constitution).
Dénoncer les partis politiques ne signifie pas nécessairement promouvoir une forme d’apolitisme béat. Les étudiants ont occupé les sièges de la chaîne de télévision (Chilevisión), de l’Union démocrate indépendante (UDI – le parti issu du pinochétisme), ainsi que celui du Parti socialiste, identifiés comme trois symboles du pouvoir. Les discours apologétiques d’une gauche institutionnelle qui se dit volontiers coupable d’avoir « trop demandé » – déclenchant ainsi la colère, inévitable, des possédants en 1973 – ou ceux visant à promouvoir le retrait de l’Etat, ne semblent pas avoir prise sur une génération qui n’a pas connu le putsch. Les manifestants n’hésitent pas, d’ailleurs, à réhabiliter la figure de l’ancien président, Salvador Allende : ses discours sur l’éducation, prononcés il y a plus de quarante ans, ont récemment battu des records de consultation sur Internet ; son effigie apparaît de nouveau dans les manifestations, où des pancartes proclament que « Les rêves d’Allende sont à portée de main ».
Cette clarté politique n’a pas affaibli le mouvement étudiant, bien au contraire. Ils ont reçu le soutien des universitaires, des enseignants du secondaire, des associations de parents d’élèves, de différentes organisations non gouvernementales (ONG), réunies autour de l’Association chilienne des ONG, Accion [9], et de syndicats importants (professeurs, fonctionnaires, personnels de santé, etc.). Bien souvent, la solidarité s’organise pour soutenir les manifestants occupant un établissement, sous la forme de paniers de nourriture que l’on apporte aux « bloqueurs », par exemple. Selon les sondages, pourtant commandités par des médias tous proches du pouvoir, les étudiants jouissent du soutien de 70 % à 80 % de la population.
Alors, pourquoi maintenant ? Certes, le Chili a déjà connu des mobilisations étudiantes, notamment la « révolution des pingouins » [10] en 2006, sous la présidence de Mme Michelle Bachelet (centre-gauche). Toutefois, jamais les manifestations n’attirèrent autant de monde : pendant deux décennies, les gouvernements de centre-gauche de la Concertación parvinrent à administrer l’héritage de la dictature tout en réduisant la pauvreté. Mais en accentuant les inégalités : à l’heure actuelle, le Chili figure au nombre des quinze pays les plus inégaux de la planète [11] Peu à peu, les espoirs de transformation liés à la chute de la dictature ont été douchés, cependant que s’accumulaient les dettes des étudiants.
L’injustice du système est peut-être apparue sous un jour plus cru avec l’arrivée au pouvoir de M. Piñera, lequel s’est vite donné pour mission de renforcer – encore – les logiques de marché au sein du système éducatif. Les conflits d’intérêts au sein du cabinet ont par ailleurs mis en évidence certaines dérives : le ministre de l’éducation de M. Piñera, M. Joaquín Lavín, était également fondateur et actionnaire de l’Université du développement, un établissement privé. [12]
La réponse du gouvernement, pour l’heure, consiste à tenter de criminaliser les manifestants. La presse ne manque pas de souligner les exactions de fractions violentes, parfois infiltrées par des policiers en civil (comme l’ont démontré de nombreuses vidéos et photographies [13]. Le 4 août, estimant qu’il y a « … une limite à tout », M. Piñera faisait interdire une manifestation sur l’avenue Alameda (choisie par les étudiants parce qu’évoquée par Allende dans son ultime discours) : la répression y fut systématique, avec plus de 870 interpellations. Mais la violence policière n’a fait qu’accroître le soutien populaire aux manifestants. Le soir même, les cacerolazos (manifestations au cours desquelles chacun maltraite une casserole) retentissaient à travers le pays : l’intransigeance gouvernementale avait transformé le défilé en « protestation nationale », terme utilisé pour décrire… les rassemblements en faveur de la démocratie à l’époque de la dictature.
Les étudiants demeurent mobilisés. Avec l’ensemble de leurs soutiens – qui ne se cantonnent plus aux « classes moyennes » –, ils se joindront à une grève générale les 24 et 25 août, dans l’espoir d’élargir la brèche ouverte.
Victor de la Fuente
Un héritage encombrant
Constitution
La Constitution en vigueur date de 1980 : elle fut approuvée (grâce à une fraude) sous la dictature. Antidémocratique, elle assure presque mécaniquement la moitié des sièges du Sénat et de la Chambre des députés à la droite chilienne, pourtant minoritaire.
Education
En 1981, Augusto Pinochet réforme le système universitaire et élimine l’éducation supérieure gratuite. Le 10 mars 1990, la veille de son départ, il promulgue la Loi organique constitutionnelle de l’enseignement (LOCE), qui réduit encore le rôle de l’Etat dans l’éducation et délègue de nouvelles prérogatives au secteur privé.
Protection sociale
En 1980, la dictature privatise le système de retraites (Décrets 3.500 et 3.501 proposés par le frère de M. Piñera, José). En 1981 sont créées les Isapres, systèmes de santé privés. Ils ne seront pas renationalisés lors du retour à la démocratie.
Médias
Le jour du coup d’Etat, la junte publie le bando 15 (arrêt n° 15) qui interdit tous les journaux sauf El Mercurio et La Tercera, à l’origine des deux groupes de presse qui contrôlent le secteur des médias chiliens aujourd’hui.
LA FUENTE Victor de
Notes
[1] Plus de deux cent mille personnes les 16 et 30 juin, le 14 juillet puis, à nouveau les 9 et 18 août. Les mobilisations du 24 et 25 août syndicales, citoyennes et étudiantes ont été fort grandes. Voir aussi sur la mobilisation du 21 août au Parc Cousiño le blog de Patricio Paris.
[2] El regreso del idiota, Alvaro Vargas Llosa, Plinio Apuleyo Mendoza, Carlos Albero Montaner, préface de Mario Vargas Llosa, Random House S.A., Mexico, 2007.
[3] Lire Franck Gaudichaud, « Au Chili, les vieilles lunes de la nouvelle droite », Le Monde diplomatique, mai 2011.
[4] Estudio sobre las causas de la deserción universitaria. Centro de Microdatos, Departamento de Economía, Universidad de Chile.
[5] Lire Alain Devalpo, « Mapuches, les Chiliens dont on ne parle pas », La valise diplomatique, 15 septembre 2010, disponible sur ESSF (article 22756).
[6] La Concertation pour la démocratie est une alliance de centre gauche, aujourd’hui composée de quatre partis (Parti socialiste [PS], Parti pour la démocratie [PPD], Parti démocrate-chrétien [PDC] et Parti radical social-démocrate [PRSD]) qui a gouverné pendant vingt ans, à la chute de la dictature.
[7] Mario Garcés Durán, directeur de l’organisation non gouvernementale (ONG) Education et communication (ECO). Entretien avec la BBC Monde.
[8] L’entreprise d’Etat d’extraction du cuivre Codelco n’a jamais été privatisée, mais la dictature a ouvert de nouvelles concessions au profit de multinationales. La Concertación a suivi la même politique. A l’heure actuelle, 70 % du cuivre chilien est exploité par des entreprises étrangères. Voir le site du Comité de défense et de réappropriation du cuivre. Comité de défense et de réappropriation du cuivre.
[9] voir le site Internet d’Accion : le site Internet d’Accion.
[10] Image due à la couleur des uniformes blancs et noirs des élèves des collèges publics.
[11] Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ; Rapport régional sur le développement humain pour l’Amérique latine et les Caraïbes. « Rapport régional sur le développement humain pour l’Amérique latine et les Caraïbes » (pdf).
[12] Le ministre de l’éducation Joaquín Lavín a été remercié en plein conflit, le 18 juillet. M. Piñera l’a maintenu au sein de son cabinet. Le nouveau ministre de l’éducation se nomme Felipe Bulnes.
[13] Voir par exemple « Carabineros infiltrados en protestas » sur le site de la chaîne Chilevision.
* Paru sur La valise diplomatique du Monde diplomatique le mercredi 24 août 2011 :
http://www.monde-diplomatique.fr/ca...
* Victor de La Fuente est Directeur de l’édition chilienne du Monde Diplomatique.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Chili
Mapuches, les Chiliens dont on ne parle pas
Comité de soutien aux travailleurs coréens en lutte pour l’abolition de la loi sur le travail, DEVALPO Alain
15 septembre 2010
version imprimable n°22756
Ils sont chiliens. Ils sont une trentaine. Ils sont privés de liberté et en danger de mort, mais ce ne sont pas les mineurs bloqués dans une mine du nord du Chili dont les médias relatent le calvaire. Ce sont les « PPM » – les « prisonniers politiques mapuches », tels qu’ils se définissent eux-mêmes –, en grève de la faim depuis le 12 juillet dans les pénitenciers du sud du pays.
Le Chili renâcle à reconnaître sa composition multiculturelle et laisse peu d’espace d’expression à ses huit peuples autochtones. La convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), seul accord international relatif aux peuples indigènes, n’est entrée en vigueur qu’en septembre 2009. Le fait que Mme Michèle Bachelet, présidente du pays de 2006 à 2010, ait tenu cet engagement de campagne, ne peut occulter qu’elle en a oublié un autre : celui de ne plus appliquer la législation antiterroriste aux militants mapuches. A la veille de trois procès les concernant, les PPM ont lancé le plus important mouvement collectif de grève de la faim que ce pays ait connu. Ils dénoncent l’acharnement des autorités à qualifier de « terroristes (1) » des pratiques communes au reste du continent — occupations de propriétés d’entreprises ou de grands propriétaires par des groupes ethniques paupérisés (2).
Du zapatisme mexicain à l’indigénisme de M. Evo Morales en Bolivie, depuis les années 1990, les revendications des peuples autochtones gagnent du terrain dans toute l’Amérique latine. Reconnaissance, dignité et volonté de s’émanciper sont les points communs à toutes ces luttes qui privilégient une relation à la « terre-mère » inconcevable pour la pensée libérale. Cette philosophie, partagée par les « mapu-che » (« gens de la terre »), s’oppose souvent aux intérêts économiques des classes dirigeantes. C’est le cas au Chili.
La première grande bataille débute au tournant du millénaire. Dans la région du Haut Bio-bio, au cœur des Andes chiliennes, des Pehuenches (Mapuches de la Cordillère) contestent la construction du barrage hydroélectrique El Ralco par la compagnie espagnole ENDESA. Durant des années, Mmes Nicolasa et Berta Quintremán vont tenir tête à un mastodonte de la globalisation et au gouvernement chilien pour sauver leur territoire. Le combat des sœurs Quintremán a un retentissement national et international. Malgré le soutien de nombreux secteurs de la « société civile », les communautés Pehuenches ne parviennent pas à arrêter le projet. Elles obtiendront un dédommagement.
Cette lutte réveille le sentiment d’injustice au sein des communautés confrontées à la voracité de grands propriétaires, d’entreprises forestières ou d’industriels de la salmoniculture. Dans le sillon des deux « anciennes », les jeunes, victimes de discriminations quotidiennes, se mobilisent… de façon pacifique (3).
Pour enrayer cette menace, l’oligarchie chilienne sort casques, boucliers et matraques : la violence se fait étatique, à la hauteur des intérêts financiers en jeu. Elle profite d’un arsenal législatif qui provient directement de la dictature… et qui fut réactivé par la Concertation (coalition de centre-gauche qui s’installe au Palais de la Moneda, le palais présidentiel chilien, de 1989 à l’élection de M. Sebastián Piñera, en décembre 2009). Alors que certains de ses membres avaient fait les frais de cette législation anti-terroriste instaurée sous Pinochet, la coalition fait usage des mêmes lois pour bâillonner les populations indigènes, au grand dam des défenseurs des droits humains (4).
Depuis des années, ces derniers dénoncent des lois d’exceptions qui valident des détentions préventives à rallonge, le recours à des témoins « sans visages », anonymes, payés par la police pour dénoncer les militants les plus actifs, et qui condamnent à de lourdes peines des Mapuches accusés de banals incendies de véhicules. Ces protestations ont été relayées par l’Organisation des Nations unies (ONU). En 2007, le Comité des droits de l’homme, puis, en 2009, le rapporteur spécial sur la situation des droits et des libertés des autochtones, M. James Anaya (5), ont dénoncé les politiques de discrimination raciale en vigueur.
Mais l’impasse est d’autant plus avérée que, sur le plan politique, les Mapuches se heurtent au blocage des élites de Santiago, lesquelles verrouillent tous les chemins débouchant sur un espace de décision. L’arrivée au pouvoir d’une droite sans complexe, alliée aux barons de « l’ère Pinochet », ne pacifie pas la situation.
M. Piñera, le « Berlusconi chilien », ne se préoccupe pas plus du sort du peuple mapuche que ses prédécesseurs. En témoignent les suites du violent tremblement de terre de février 2010, dont l’épicentre se situe à la limite nord du pays mapuche. Alors que les communautés côtières ont été ravagées par les tsunamis postérieurs à la secousse tellurique, l’Observatoire citoyen (6), une organisation non gouvernementale (ONG) basée dans la ville de Temuco, observe qu’elles figurent au nombre des grands oubliés de la reconstruction.
Parallèlement, le gouvernement Piñera intensifie la répression. Les descentes musclées de bataillons de carabineros se multiplient dans les communautés. Depuis 2002, trois jeunes militants ont été tués par la police. Les arrestations sont légions et les autorités évoquent une « internationale du terrorisme » : le mouvement mapuche se voit mis sur le même plan que la guérilla colombienne.
De tout ceci, les grands médias – proches du pouvoir économique – ne parlent pas. Ni de la grève de la faim des militants mapuche. Seuls certains sites Internet (7) acquis à la cause mapuche relaient leurs témoignages et revendications.
Les semaines passant, la volonté des détenus ne faiblit pas. Leur santé, si. Des organisations reconnues ont fait part de leur inquiétude. Amnesty International a dénoncé le recours à la force pour nourrir les détenus : M. Piñera n’eut d’autre choix que de réagir.
Il appelle désormais à la « réouverture » d’un dialogue qui n’a jamais été engagé. Il promet une réforme imprécise des vestiges de la dictature. Les prisonniers, eux, souhaitent l’abrogation de la loi antiterroristes. Ils ont été rejoints, début septembre, par deux autres prisonniers. Tous se souviennent qu’en 2008, la Chepa ( (« la lionne »), militante mapuche, avait jeûné 112 jours avant d’obtenir quelque avancée.
Alain Devalpo
Journaliste, auteur de Voyage au pays des Mapuches, Cartouche, Paris, 2007.
Notes
(1) « Communiqué public des prisonniers politiques mapuche en grève de la faim à la prison d’El Manzano à Concepcion », Réseau d’information et de soutien au peuple mapuche.
(2) Voir le photoreportage de Fred Jacquemot et Alain Devalpo, « Résistance mapuche ».
(3) Lire Alain Devalpo, « Opposition pacifique des Mapuches chiliens », Le Monde diplomatique, février 2006.
(4) « Chile : Terror Law Violates Due Process for Mapuche », Human Rights Watch (HRW), 27 octobre 2004.
(5) « Informe del Relator Especial sobre la situación de los derechos humanos y las libertades fundamentales de los indígenas, James Anaya » (PDF), Assemblée générale des Nations Unies, Conseil des droits de l’homme, 5 octobre 2009.
(6) http://www.observatorio.cl
(7) Voir le site Mapuexpress.
( Lire « Portraits de femmes mapuches, prisonnières politiques », Réseau d’information et de soutien au peuple mapuche, décembre 2003.
Comité de soutien aux travailleurs coréens en lutte pour l’abolition de la loi sur le travail, DEVALPO Alain
* Paru dans La valise diplomatique, Le Monde diplomatique, mercredi 15 septembre 2010 :
http://www.monde-diplomatique.fr/ca...
Comité de soutien aux travailleurs coréens en lutte pour l’abolition de la loi sur le travail, DEVALPO Alain
15 septembre 2010
version imprimable n°22756
Ils sont chiliens. Ils sont une trentaine. Ils sont privés de liberté et en danger de mort, mais ce ne sont pas les mineurs bloqués dans une mine du nord du Chili dont les médias relatent le calvaire. Ce sont les « PPM » – les « prisonniers politiques mapuches », tels qu’ils se définissent eux-mêmes –, en grève de la faim depuis le 12 juillet dans les pénitenciers du sud du pays.
Le Chili renâcle à reconnaître sa composition multiculturelle et laisse peu d’espace d’expression à ses huit peuples autochtones. La convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), seul accord international relatif aux peuples indigènes, n’est entrée en vigueur qu’en septembre 2009. Le fait que Mme Michèle Bachelet, présidente du pays de 2006 à 2010, ait tenu cet engagement de campagne, ne peut occulter qu’elle en a oublié un autre : celui de ne plus appliquer la législation antiterroriste aux militants mapuches. A la veille de trois procès les concernant, les PPM ont lancé le plus important mouvement collectif de grève de la faim que ce pays ait connu. Ils dénoncent l’acharnement des autorités à qualifier de « terroristes (1) » des pratiques communes au reste du continent — occupations de propriétés d’entreprises ou de grands propriétaires par des groupes ethniques paupérisés (2).
Du zapatisme mexicain à l’indigénisme de M. Evo Morales en Bolivie, depuis les années 1990, les revendications des peuples autochtones gagnent du terrain dans toute l’Amérique latine. Reconnaissance, dignité et volonté de s’émanciper sont les points communs à toutes ces luttes qui privilégient une relation à la « terre-mère » inconcevable pour la pensée libérale. Cette philosophie, partagée par les « mapu-che » (« gens de la terre »), s’oppose souvent aux intérêts économiques des classes dirigeantes. C’est le cas au Chili.
La première grande bataille débute au tournant du millénaire. Dans la région du Haut Bio-bio, au cœur des Andes chiliennes, des Pehuenches (Mapuches de la Cordillère) contestent la construction du barrage hydroélectrique El Ralco par la compagnie espagnole ENDESA. Durant des années, Mmes Nicolasa et Berta Quintremán vont tenir tête à un mastodonte de la globalisation et au gouvernement chilien pour sauver leur territoire. Le combat des sœurs Quintremán a un retentissement national et international. Malgré le soutien de nombreux secteurs de la « société civile », les communautés Pehuenches ne parviennent pas à arrêter le projet. Elles obtiendront un dédommagement.
Cette lutte réveille le sentiment d’injustice au sein des communautés confrontées à la voracité de grands propriétaires, d’entreprises forestières ou d’industriels de la salmoniculture. Dans le sillon des deux « anciennes », les jeunes, victimes de discriminations quotidiennes, se mobilisent… de façon pacifique (3).
Pour enrayer cette menace, l’oligarchie chilienne sort casques, boucliers et matraques : la violence se fait étatique, à la hauteur des intérêts financiers en jeu. Elle profite d’un arsenal législatif qui provient directement de la dictature… et qui fut réactivé par la Concertation (coalition de centre-gauche qui s’installe au Palais de la Moneda, le palais présidentiel chilien, de 1989 à l’élection de M. Sebastián Piñera, en décembre 2009). Alors que certains de ses membres avaient fait les frais de cette législation anti-terroriste instaurée sous Pinochet, la coalition fait usage des mêmes lois pour bâillonner les populations indigènes, au grand dam des défenseurs des droits humains (4).
Depuis des années, ces derniers dénoncent des lois d’exceptions qui valident des détentions préventives à rallonge, le recours à des témoins « sans visages », anonymes, payés par la police pour dénoncer les militants les plus actifs, et qui condamnent à de lourdes peines des Mapuches accusés de banals incendies de véhicules. Ces protestations ont été relayées par l’Organisation des Nations unies (ONU). En 2007, le Comité des droits de l’homme, puis, en 2009, le rapporteur spécial sur la situation des droits et des libertés des autochtones, M. James Anaya (5), ont dénoncé les politiques de discrimination raciale en vigueur.
Mais l’impasse est d’autant plus avérée que, sur le plan politique, les Mapuches se heurtent au blocage des élites de Santiago, lesquelles verrouillent tous les chemins débouchant sur un espace de décision. L’arrivée au pouvoir d’une droite sans complexe, alliée aux barons de « l’ère Pinochet », ne pacifie pas la situation.
M. Piñera, le « Berlusconi chilien », ne se préoccupe pas plus du sort du peuple mapuche que ses prédécesseurs. En témoignent les suites du violent tremblement de terre de février 2010, dont l’épicentre se situe à la limite nord du pays mapuche. Alors que les communautés côtières ont été ravagées par les tsunamis postérieurs à la secousse tellurique, l’Observatoire citoyen (6), une organisation non gouvernementale (ONG) basée dans la ville de Temuco, observe qu’elles figurent au nombre des grands oubliés de la reconstruction.
Parallèlement, le gouvernement Piñera intensifie la répression. Les descentes musclées de bataillons de carabineros se multiplient dans les communautés. Depuis 2002, trois jeunes militants ont été tués par la police. Les arrestations sont légions et les autorités évoquent une « internationale du terrorisme » : le mouvement mapuche se voit mis sur le même plan que la guérilla colombienne.
De tout ceci, les grands médias – proches du pouvoir économique – ne parlent pas. Ni de la grève de la faim des militants mapuche. Seuls certains sites Internet (7) acquis à la cause mapuche relaient leurs témoignages et revendications.
Les semaines passant, la volonté des détenus ne faiblit pas. Leur santé, si. Des organisations reconnues ont fait part de leur inquiétude. Amnesty International a dénoncé le recours à la force pour nourrir les détenus : M. Piñera n’eut d’autre choix que de réagir.
Il appelle désormais à la « réouverture » d’un dialogue qui n’a jamais été engagé. Il promet une réforme imprécise des vestiges de la dictature. Les prisonniers, eux, souhaitent l’abrogation de la loi antiterroristes. Ils ont été rejoints, début septembre, par deux autres prisonniers. Tous se souviennent qu’en 2008, la Chepa ( (« la lionne »), militante mapuche, avait jeûné 112 jours avant d’obtenir quelque avancée.
Alain Devalpo
Journaliste, auteur de Voyage au pays des Mapuches, Cartouche, Paris, 2007.
Notes
(1) « Communiqué public des prisonniers politiques mapuche en grève de la faim à la prison d’El Manzano à Concepcion », Réseau d’information et de soutien au peuple mapuche.
(2) Voir le photoreportage de Fred Jacquemot et Alain Devalpo, « Résistance mapuche ».
(3) Lire Alain Devalpo, « Opposition pacifique des Mapuches chiliens », Le Monde diplomatique, février 2006.
(4) « Chile : Terror Law Violates Due Process for Mapuche », Human Rights Watch (HRW), 27 octobre 2004.
(5) « Informe del Relator Especial sobre la situación de los derechos humanos y las libertades fundamentales de los indígenas, James Anaya » (PDF), Assemblée générale des Nations Unies, Conseil des droits de l’homme, 5 octobre 2009.
(6) http://www.observatorio.cl
(7) Voir le site Mapuexpress.
( Lire « Portraits de femmes mapuches, prisonnières politiques », Réseau d’information et de soutien au peuple mapuche, décembre 2003.
Comité de soutien aux travailleurs coréens en lutte pour l’abolition de la loi sur le travail, DEVALPO Alain
* Paru dans La valise diplomatique, Le Monde diplomatique, mercredi 15 septembre 2010 :
http://www.monde-diplomatique.fr/ca...
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Un oublie??
http://www.larepublica.es/2011/09/11-de-septiembre-aniversario-del-golpe-de-estado-contra-allende-apoyado-por-eeuu/
La saloperie des États Unis d'Amérique. Celle là ils ne la célèbrent pas.
La saloperie des États Unis d'Amérique. Celle là ils ne la célèbrent pas.
irneh09218- Messages : 502
Date d'inscription : 18/07/2010
Age : 73
Localisation : L'Ametlla de mar
Re: Chili
Et sans vouloir faire l'épicier,le9/11 c'est 3000 morts pour 300 millions d'habitants, le Chili, c'est 3000 morts pour 15 millions.
Alors leurs minutes de silence, ils peuvent se les foutre...
Alors leurs minutes de silence, ils peuvent se les foutre...
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Chili
Le martyre du peuple chilien est sans comparaison.
Ce qu'il faut célébrer en septembre 2011, c'est ceci:
http://www.npa2009.org/content/chili-la-gr%C3%A8ve-nationale-de-la-cut-paralyse-le-pays
Ce qu'il faut célébrer en septembre 2011, c'est ceci:
http://www.npa2009.org/content/chili-la-gr%C3%A8ve-nationale-de-la-cut-paralyse-le-pays
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chili
Et pour célébrer le golpe décidé par les américains :
Carlos Mejia Godoy: "Pinocho".
Pinocho...
El tío Sam-Gepeto
el viejo titiritero
dispuso hacer un muñeco
que lo acompañe en su senectud.
El tío Sam-Gepeto
ese viejo tan morocho
dispuso hacer un pinocho
que le obedezca con exactitud.
L’oncle Sam-Gepeto /
Le vieux marionnettiste/
voulut faire un automate/
pour accompagne ses vieux jours./
L'oncle Sam-Gepeto, ce vieux/
voulut faire une marionnette qui lui obéisse au doigt et à l’oeil/
Este pinocho... pino, pinochet
es un buen chico, como lo véis
amaestrado, bien alienado
habla español, pero piensa en inglés
¡OH YES!
Este pinocho, pino, pinochet
todo lo aprende en un dos por tres,
sabe tan bien las poses gorilistas
que le enseñó su tío imperialista
que ya parece todo un chimpancé.
C’est Pinocho, pino, Pinochet/
C’est un bon gars, comme vous le voyez/
Bien dressé, bien soumis/
Il parle espagnol, mais il pense en anglais/
Oh Yes!/
Ce Pinocho, pino, Pinochet/
Il apprend tout en moins de deux/
Il sait si bien faire les singeries/
Que lui a enseigné son oncle impérialiste/
Qu’il a tout du chimpanzé./
El tío le dió al muñeco
una lujosa guerrera,
dos flamantes charreteras
y el presuntuoso quepís oficial.
Le dió condecoraciones,
medallas hasta los dientes
y en los hombros relucientes
las cinco estrellas de la iniquidad.
l'oncle donna à la marionnette
un uniforme flambant neuf
deux galons brillants
et le fameux képi officiel.
Il lui donna des décorations,
des médailles des pieds à la tête
et sur ses larges épaules
les cinq étoiles de l'iniquité.
Este pinocho...
Pero a todo muñequito,
aún siendo un juguete fino
le llega su cruel destino...
la cuerda al fin tiene que reventar.
Y ahora que venga el cambio
¡Al diablo tanta locura!
y al cajón de la basura
la marioneta tendrá que ir a dar.
Mais comme toute les poupées
même si c'est un jouet recherché
son destin cruel le rattrape...
à la fin la corde doit céder.
Et maintenant, que vienne le changement,
au diable tant de folies!
Et dans la benne à ordure
atterrira la marionnette
Este pinocho...
Colorín, colorado...
El pinocho está acabado.
Colorin colorado (formule traditionnelle qui clôt un conte et difficile à rendre en français)
la marionnette disparaît
Je n'ai (malheureusement) pas de vidéo de cette chanson. Mais pour les nostalgique, le même en train d'interpréter "Nicaragua nicaraguita" pour ceux qui ont fait les cons dans les champs de canne a sucre du Nicaragua, dans les années 80
Carlos Mejia Godoy: "Pinocho".
Pinocho...
El tío Sam-Gepeto
el viejo titiritero
dispuso hacer un muñeco
que lo acompañe en su senectud.
El tío Sam-Gepeto
ese viejo tan morocho
dispuso hacer un pinocho
que le obedezca con exactitud.
L’oncle Sam-Gepeto /
Le vieux marionnettiste/
voulut faire un automate/
pour accompagne ses vieux jours./
L'oncle Sam-Gepeto, ce vieux/
voulut faire une marionnette qui lui obéisse au doigt et à l’oeil/
Este pinocho... pino, pinochet
es un buen chico, como lo véis
amaestrado, bien alienado
habla español, pero piensa en inglés
¡OH YES!
Este pinocho, pino, pinochet
todo lo aprende en un dos por tres,
sabe tan bien las poses gorilistas
que le enseñó su tío imperialista
que ya parece todo un chimpancé.
C’est Pinocho, pino, Pinochet/
C’est un bon gars, comme vous le voyez/
Bien dressé, bien soumis/
Il parle espagnol, mais il pense en anglais/
Oh Yes!/
Ce Pinocho, pino, Pinochet/
Il apprend tout en moins de deux/
Il sait si bien faire les singeries/
Que lui a enseigné son oncle impérialiste/
Qu’il a tout du chimpanzé./
El tío le dió al muñeco
una lujosa guerrera,
dos flamantes charreteras
y el presuntuoso quepís oficial.
Le dió condecoraciones,
medallas hasta los dientes
y en los hombros relucientes
las cinco estrellas de la iniquidad.
l'oncle donna à la marionnette
un uniforme flambant neuf
deux galons brillants
et le fameux képi officiel.
Il lui donna des décorations,
des médailles des pieds à la tête
et sur ses larges épaules
les cinq étoiles de l'iniquité.
Este pinocho...
Pero a todo muñequito,
aún siendo un juguete fino
le llega su cruel destino...
la cuerda al fin tiene que reventar.
Y ahora que venga el cambio
¡Al diablo tanta locura!
y al cajón de la basura
la marioneta tendrá que ir a dar.
Mais comme toute les poupées
même si c'est un jouet recherché
son destin cruel le rattrape...
à la fin la corde doit céder.
Et maintenant, que vienne le changement,
au diable tant de folies!
Et dans la benne à ordure
atterrira la marionnette
Este pinocho...
Colorín, colorado...
El pinocho está acabado.
Colorin colorado (formule traditionnelle qui clôt un conte et difficile à rendre en français)
la marionnette disparaît
Je n'ai (malheureusement) pas de vidéo de cette chanson. Mais pour les nostalgique, le même en train d'interpréter "Nicaragua nicaraguita" pour ceux qui ont fait les cons dans les champs de canne a sucre du Nicaragua, dans les années 80
gérard menvussa- Messages : 6658
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Les Indignados Chiliens
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La rentrée [de la lutte] des classes au Chili
La rentrée [de la lutte] des classes au Chili
L’hiver austral chilien a été chaud. En dépit de l’ouverture de négociations entre le gouvernement de droite de Sebastián Piñera et la direction bureaucratique du mouvement étudiant et enseignant, la jeunesse chilienne n’a pas baissé les bras et continue à réclamer le droit à une éducation gratuite, publique, laïque et de qualité. Elle continue à protester contre un des piliers du régime post-Pinochet qui fait de l’enseignement un secteur qui, plus que dans n’importe quel autre pays, est étroitement lié aux intérêts du patronat et du privé qui fait sur le dos de la jeunesse de juteux profits.
A la différence du mouvement lycéen de 2006, la « révolte des pingouins » comme sont appelés au Chili les lycéens en raison de leur uniforme, le mouvement de la jeunesse de 2011 n’a pas seulement joui au cours de ces trois derniers mois d’un soutien encore plus important de l’ensemble de l’opinion publique et des classes populaires. Les 24 et 25 août le pays s’est retrouvé paralysé par une grève générale de 48 heures en appui à la jeunesse. Face à la pression existante à sa base et bien qu’ayant tout fait pour que le secteur privé ne soit pas pleinement en capacité de se joindre à l’appel, la Centrale Unique des Travailleurs, codirigée par le centre-gauche (la « Concertation [1] ») et le PC a été contrainte d’appeler à la grève.
Les violences policières ont redoublé d’intensité tout comme la combativité de la jeunesse étudiante à laquelle se sont joints les lycéens des établissements généraux, techniques et professionnels. C’est ainsi que le meurtre du jeune Manuel Gutiérrez le 25 août par les carabiniers, loin d’entamer la détermination du mouvement, a fait vaciller un peu plus Piñera et son gouvernement. Après avoir eu recours, sans succès, à la répression et à l’instauration de l’état d’urgence le 4 août, il ne restait plus à la droite chilienne que d’essayer d’ouvrir des négociations avec les étudiants, lycéens et enseignants. Tirant parti d’une des plus grandes faiblesses du mouvement, à savoir l’absence de coordination par en bas apte ne serait-ce qu’à contrôler la direction réformiste des syndicats étudiants en enseignants, aux mains des Jeunesses Communistes, du PC et de la Concertation, Piñera a réussi à remporter une première victoire partielle après trois mois de grandes difficultés.
Rien n’a été négocié puisque le gouvernement ne veut rien lâcher si ce n’est de vagues promesses de réformes législatives visant à faire de l’éducation gratuite un droit. La direction de la Confédération des Etudiants du Chili (CONFECH), dirigée par les JC et Camilla Vallejo, ainsi que le syndicat enseignant (Colegio de Profesores) ont néanmoins accepté le dialogue pourri offert par Piñera afin de lui redonner un peu d’oxygène. Pire encore, la base même de la discussion avec le gouvernement qu’ont acceptée ces dirigeants ne fixe même pas comme seuil minimal de négociation l’instauration du droit à l’éducation publique, gratuite, laïque et de qualité immédiatement (ce qui reviendrait à revenir sur la Loi Générale d’Education (LGE) de 2009, héritière de la vieille Loi Organique Constitutionnel sur l’Enseignement (LOCE) instaurée par Pinochet trois jours avant de quitter le pouvoir en 1990 et qui fixe le cadre de l’éducation capitaliste néolibérale qui est en place au Chili). C’est dans cette même logique que Camila Vallejo a tenté de décommander au dernier moment la manifestation du 8 septembre en raison du décès, sur l’île de Juan Fernández, de plusieurs personnalités populaires du monde du spectacle et de la télévision. Elle a dû revenir sur ses propos et la jeunesse est à nouveau descendue dans la rue, notamment le 8 au soir à Santiago, la capitale. Trois jours plus tard, le 11 septembre, une date qui au Chili est synonyme du coup d’Etat fascisant lancé par l’Armée sous la houlette des Etats-Unis contre le mouvement ouvrier et populaire et le gouvernement de gauche d’Allende en 1973, les rues du pays ont à nouveau été le théâtre de manifestations.
Par-delà les manœuvres du gouvernement qui compte bien bénéficier du soutien de la bureaucratie étudiante et enseignante afin de canaliser la colère de la jeunesse, par-delà une certaine lassitude qui se fait sentir dans certaines universités et sur laquelle les médias insistent pour en appeler à la fin des mobilisations, le mouvement chilien est riche en enseignements.
A court terme, le conflit initié il y a trois mois par les étudiants et les lycéens est un véritable casse-tête pour le gouvernement autant que pour les directions majoritaires du mouvement de jeunesse. Se rendre en rase campagne en négociant a minima avec le gouvernement pourrait en effet coûter très cher à la CONFECH, ouvrant une brèche sur sa gauche, ce que le PC cherche à éviter à tout prix.
Pour ce qui est de l’impact plus global du mouvement, il faut avant tout tenir compte du fait que l’on a souvent présenté le Chili « démocratique » de l’après-Pinochet comme l’exemple même de l’économie de marché à suivre en Amérique latine. Avec des taux de croissance importants (pour le plus grands bénéfice des multinationales européennes très présentes dans le pays), une stabilité politique supérieure au reste de ses voisins, un gouvernement de centre-gauche ayant gouverné sans interruption de 1990 à 2010, on voulait faire passer le Chili comme le modèle à suivre où, après les années noires du pinochétisme, le centre-gauche administrait « démocratiquement » l’héritage néolibéral et le modèle économique mis en place sous la dictature. Mieux encore avec l’élection de Piñera en 2010, bénéficiant jusqu’à il y a peu d’un soutien apparemment sans faille dans l’opinion, il semblait que les Chiliens eux-mêmes avaient réhabilité une droite qui disait avoir rompu avec son passé fascisant.
La réalité était bien autre. Les grèves dans le secteur minier notamment avaient déjà montré les failles de ce consensus apparent. Le mouvement de la jeunesse a fait le reste. Les étudiants et les jeunes ont non seulement fait émerger le Chili des quartiers populaires, des « poblaciones », celui des enfants des classes populaires forcés de travailler et de s’endetter pour se payer le lycée et l’université. Il a également agi en caisse de résonnance des contradictions sociales et politiques du pays, battant en brèche la popularité de Piñera et permettant au mouvement ouvrier de commencer à revenir sur le devant de la scène en dépit de toutes les défaites subies depuis prés de quarante ans, à commencer par la tragédie du 11 septembre 1973.
Tout ceci donne un « argument » chilien de plus aux révolutionnaires et à une jeunesse qui, au niveau mondial, souffre directement des conséquences directes de la crise capitaliste. On l’a vue à l’œuvre au cours du printemps arabe et elle continue à être en première ligne, que ce soit en Tunisie dans les manifestations qui se poursuivent en province ou encore dernièrement devant l’ambassade israélienne au Caire, payant un lourd tribut. On l’a vue à l’œuvre dans les rues des grandes villes anglaises et leurs périphéries-ghettos cet été, lançant un coup de semonce, à sa manière et avec son niveau de conscience, à une bourgeoisie bien élevée qui n’a pas hésité à agir contre elle comme elle l’avait déjà fait contre les Irlandais et autour de laquelle a fait bloc la droite comme les libéraux et le parti travailliste. La jeunesse, comme dans toutes ces époques qui sont les prolégomènes à de grandes crises non pas seulement économiques mais également de classe, montre de quoi elle est capable. La jeunesse chilienne a relevé le défi donc. A nous, révolutionnaires, d’en tirer les enseignements afin de nous préparer.
Nous présentons ci-dessous deux articles extraits de Clase Contra Clase, le journal de nos camarades du Parti Révolutionnaire des Travailleurs (PTR), section chilienne de la Fraction Trotskyste-Quatrième Internationale. Son courant universitaire, Las Armas de la Crítica, a été particulièrement actif au cours des dernières semaines, en lien avec Abran Paso, courant révolutionnaire intervenant au sein de la jeunesse ouvrière, dans les services, l’agro-industrie et les mines ainsi que dans les lycées techniques et professionnels. Dans différentes villes, Santiago, mais aussi Antofagasta, Arica, Valparaiso et Temuco, les camarades ont été à l’avant-garde de la lutte pour défendre la perspective non négociable du droit à une éducation de qualité, gratuite et laïque, pour que le mouvement de la jeunesse se dote de ses propres organes de coordination et d’auto-organisation afin de battre en brèche la direction bureaucratique de la CONFECH, pour organiser dans la rue, dans les occupations de lycées et de facs et sur les barricades, la résistance face aux forces de répression et aux carabiniers, pour construire l’unité ouvrière-étudiante et pour défendre la perspective d’une Assemblée Constituante libre et souveraine basée sur la mobilisation en cours et son approfondissement pour en finir avec le terrible héritage de la dictature et de la « démocratie » qui lui a succédé et a maintenu l’essentiel de sa politique économique et sociale. L’ensemble de ces analyses ainsi que d’autres informations se trouvent sur la page web des camarades,
11/09/11
Il faut renforcer dans la rue l’alliance entre les travailleurs et les étudiants !
Pour une Assemblée Constituante libre et souveraine s’appuyant sur la mobilisation !
Par Nicolás Miranda
Le 25 août, le jour de grève générale à laquelle la Centrale Unique des Travailleurs (CUT) avait appelé, a été un succès. Il s’est transformé en une grande journée de mobilisation nationale où s’est développée l’alliance entre les travailleurs et les étudiants. 600 000 personnes se sont mobilisées dans tout le pays dont 400 000 à Santiago, 70 000 à Valparaíso, 70 000 à Concepción, 40 000 à Temuco. Dans presque chaque ville il y a eu des mobilisations massives. A la fin de la manifestation [à Santiago] entre 10 000 et 20 000 jeunes se sont opposés aux forces de répression, les gardiens de l’héritage pourri de la dictature. Partout à la fin des manifestations, c’étaient de grands concertes de casseroles (« caceroladas » et des barricades érigées dans la rue. Le coup a été porté contre Piñera bien entendu mais également contre la « Concertation »,, l’autre pilier du régime qui administre l’héritage de la dictature. Les travailleurs et les étudiants mobilisés affrontent ces deux partis car ils sont responsables de la cession de nos richesses aux monopoles impérialistes et nationaux, de l’exploitation et de l’impunité du patronat, des salaires de misère, du travail précaire à travers la sous-traitance, des pratiques antisyndicales, de l’autoritarisme (…) de la transformation de nos droits de base comme la santé, le logement et l’éducation en un busines, de la féroce répression, de l’oppression de la nation mapuche.
Ce nouvel affrontement avec le gouvernement a contribué à affaiblir Piñera mais n’a pas été suffisant pour le faire reculer. Alors que dans les rues certains scandaient « qu’ils s’en aillent tous ! » ou « Le successeur de Pinochet va bientôt être renversé ! », le gouvernement répondait avec une répression très dure. Cela a abouti à l’assassinat d’un jeune d’un lycée technique par la police, comme en témoignent des voisins et sa famille [2]. Le gouvernement en même temps ignorait les revendications des travailleurs et réaffirmait ses politiques pour l’éducation.
Le fait est que les directions majoritaires des mobilisations, le PS d’Arturo Martínez, principal dirigeant de la CUT, le PC de Camila Vallejos, dirigeante de la FECH et Jaime Gajardo qui est à la tête du syndicat enseignant (« Colegio de Profesores ») veulent canaliser la lutte vers des réformes cosmétiques du régime. La question qui est en réalité posée est celle de la fin du sale héritage de la dictature.
La force dans la rue de l’alliance des travailleurs et des étudiants contre l’héritage de la dictature et le régime de la droite et de la Concertation
Des milliers de personnes se sont mobilisées pendant plus de quatre heures dans les rues à travers tout le Chili. Des fédérations et Centres d’étudiants et de lycéens [organes locaux de représentation des étudiants et lycéens], des coordinations de base et nationales des étudiants en lutte, des dizaines de syndicats de base, etc. ont participé aux manifestations.
Ils ont défié les manœuvres d’intimidation du gouvernement qui menaçait d’appliquer la Loi de Sureté Intérieure de l’Etat ainsi que de ne pas payer les jours de grève. Le président Piñera en est même arrivé à menacer les médias et à évoquer le spectre du coup d’Etat de 1973.
Un autre défi a été posé aux manifestants : celui des directions officielles majoritaires des travailleurs. En effet la CUT liée au PS et le PC n’ont rien fait pour préparer la grève. Il n’y a pas eu d’assemblées, ni de bulletins de boite, ni bien évidemment, comme nous le défendions au Parti des Travailleurs Révolutionnaires – Classe contre Classe (PTR-CcC) un Comité de Grève central avec des délégués de base mandatés par les assemblées et ouvert à toutes les organisation des étudiants, des habitants des quartiers pauvres (« poblaciones ») et à la gauche radicale. Le résultat a été qu’une grande partie des travailleurs du secteur privé, de l’industrie et des services, n’a pas pu y participer. Il en est allé de même pour les travailleurs d’un secteur aussi stratégique que les mines.
Cette politique a eu un impact sur la mobilisation elle-même. En effet, il n’y a pas eu de point de rassemblement, les manifestants se retrouvaient ainsi à défiler sans parcours et aucun appel à l’approfondissement de la lutte n’a été fait. Et cela même alors que la mobilisation montrait sa force à travers les manifestations étudiantes antérieures, et avant cela encore, [avant le début du mouvement étudiant de cet hiver], par la grande participation aux mobilisations en défense de la diversité sexuelle.
C’est ainsi qu’on a vu apparaître à la fin de cette journée un secteur d’avant-garde de lutte d’environ 10 à 20.000 personnes. Ces manifestants se sont affrontés à la police, exprimant ainsi leur haine contre les forces de répression chiliennes qui défendent l’héritage de la dictature.
La force de cette alliance dans les rues entre les travailleurs et les étudiants est telle que le patronat a dû la prendre en considération. Ainsi Eliodoro Matte lui-même, l’un des hommes plus riches du Chili, a déclaré qu’il devait y avoir des négociations sur des réformes de la fiscalité, ce contre quoi le patronat se battait quelques jours plus tôt. Mais cela est en réalité une tentative d’apporter des réformes cosmétiques par en haut de façon à lâcher un peu de lest pour ne pas courir le risque que la situation ne s’envenime davantage.
Il ne s’agit pas là de la seule proposition de réformes à la marge. Les directions officielles du PS dans la CUT et du PC ont-elles aussi une politique de réformes cosmétiques.
La politique des directions du PS et du PC : faire pression pour pouvoir négocier des réformes cosmétiques par en haut
Lors de la conférence de presse à la fin de la journée du 25 les directions officielles majoritaires (Arturo Martínez de la CUT, Camila Vallejo du PC et de la FECH, Jaime Gajardo pour les enseignants, Lorena Pizarro (AFDD) pour les familles d’anciens prisonniers politiques et de disparus, l’écolo Sara Larraín, etc.) ont déclaré qu’elles continueraient la lutte. Mais, vers où veulent-ils l’amener ? Ils ont parlé d’une « deuxième transition vers la démocratie ». Si la première transition à la démocratie n’a impliqué que des réformes cosmétiques de la part de la Concertation que le PC a toujours soutenue, cette deuxième transition ne sera rien de plus qu’une deuxième vague de réformes cosmétiques. C’est pour cela qu’ils en appellent à une « démocratie sociale » avec des patrons petits et moyens, précisément ceux qui payent des salaires de misère, sous-traitent pour les grands groupes et qui sont les propriétaires des lycées privés subventionnés. C’est pour cela qu’ils parlent de plébiscite pour rendre « plus participative » cette démocratie pour les riches et ainsi la légitimer. C’est pour cela aussi qu’ils dénoncent le profit tiré de l’éducation mais ne parlent pas d’éducation gratuite et sans subventions pour l’enseignement privé (il en va de même pour le cahier de revendications de la CONFECH qui parle d’éducation gratuite seulement en tant que « perspective »). Ils parlent aussi de réformer le Code du Travail, mais rien n’est dit pour en finir avec la sous-traitance qui divise la classe ouvrière en travailleurs de première et de deuxième catégorie, [ceux qui sont en CDI et les précaires, CDD et intérimaires]. C’est pour cela aussi qu’ils n’organisent pas activement la lutte contre la répression.
Ils veulent négocier des réformes par en haut, appelant à des nouvelles mobilisations, mais uniquement pour faire pression en faveur de ces réformes à la marge. Ils veulent « dialoguer » avec le gouvernement plutôt que de développer l’unité entre les travailleurs et les étudiants sur la base d’organismes de démocratie directe dans chaque lieu de travail et d’étude pour approfondir et étendre la lutte.
Le gouvernement, affaibli et prenant en compte la mobilisation grandissante dans les rues, a relevé le défi qui lui a été posé.
Le gouvernement cherche à diviser le mouvement
Le gouvernement, faible et autiste, persiste dans ses politiques pour défendre l’héritage de la dictature qu’avait auparavant préservé la Concertation. Sa politique maintenant c’est de diviser, de faire reculer l’alliance dans les rues entre travailleurs et étudiants. C’est ainsi qu’il a ignoré les travailleurs en disant qu’il s’agissait de manifestations purement étudiantes, alors qu’au moins 50% des manifestants étaient des travailleurs. En même temps il a convoqué uniquement les étudiants à la table des négociations.
Camila Vallejo du PC s’est déjà déclarée au cours des derniers jours ouverte à la possibilité de négociations par en haut. Sa première réaction devant l’appel du Parlement pour des négociations a été d’accepter la proposition. Cependant, dans une réunion de la CONFECH cette orientation a été refusée, l’obligeant à faire machine arrière. Elle a également appelé à un référendum, ce qui ne peut avoir d’autre effet que de démobiliser alors que la rue a déjà voté : on veut l’éducation gratuite !
Face au nouvel appel au dialogue de la part du gouvernement, le PC, à travers Jaime Gajardo, a répondu qu’il a toujours été ouvert au dialogue si celui-ci se menait « avec tous les acteurs sociaux ». Ces « acteurs sociaux » sont eux-mêmes des « négociants d’en haut ». En effet la CONFECH se réunit à huis-clos avec une poignée de dirigeants. Il en va de même pour la CUT et le syndicat enseignant (« Colegio de Profesores »).
Ce n’est pas ainsi que l’on avance contre un gouvernement et une droite contraints tout de même à proposer l’ouevrture de négociations « par en haut » tout en réprimant durement, même après la mort de Manuel Gutiérrez.
De son côté Arturo Martínez du PS dans sa conférence de presse a attaqué durement ce qu’il appelle « l’ultragauche » en disant qu’elle fait le jeu de la droite. La réalité c’est que, comme nous le voyons, c’est cette politique de réformes cosmétiques, de négociations par en haut et d’accords patronaux qui représente une couverture du régime par la gauche, et donc aussi par la droite.
Cette politique cherche en même temps à diviser et à isoler l’avant-garde de la lutte et qui a clairement émergée lors de la journée du 25 montrant sa disposition à lutter contre l’héritage de la dictature et pour l’éducation gratuite pour les enfants de la classe ouvrière et des classes populaires. Continuer cette politique conduirait le mouvement dans une impasse et à sa défaite.
Il faut renforcer l’alliance dans la rue entre travailleurs et étudiants. Pour une Assemblée Constituante Libre et Souveraine appuyée sur la mobilisation !
Face aux réformes cosmétiques par en haut il faut appeler à mettre en place dans chaque lieu de travail et d’étude des organismes de démocratie directe pour la lutte, avec des délégués révocables et mandatés par les assemblées. En même temps, il faut que celles-ci soient coordonnées entre elles.
Nous devons lutter également pour le jugement et le jugement des assassins de Manuel Gutiérrez. On ne peut pas laisser passer ce crime sans que ses responsables soient jugés et punis. Nous devons préparer une nouvelle grève générale pour renforcer l’alliance entre travailleurs et étudiants jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites.
La question qui se pose en ce moment ce n’est pas seulement pour que l’éducation pinochetiste tombe, mais tout le régime. Non aux réformes cosmétiques de la « démocratie sociale » et de la « deuxième transition » ! Celles-ci visent à changer un peu pour ne rien changer de l’héritage de la dictature qui a été conservé et approfondi aussi bien par la droite que par les gouvernements de gauche successifs ! Non à la droite ni à la Concertation ! Que les travailleurs gouvernent ! C’est en ce sens que luttons pour une Assemblée Constituante Libre et Souveraine basée sur la mobilisation des travailleurs, de la jeunesse, des étudiants et des couches populaires pour en finir avec l’héritage de Pinochet ! Pour obtenir l’éducation publique gratuite et une Assemblée Constituante il faut renforcer et développer l’alliance entre travailleurs et étudiants !
26/08/2011
Les affrontements de rue contre la police et la lutte de la jeunesse chilienne
Par Juan Valenzuela [3]
La journée de mobilisation historique du 25 août a été l’occasion de rediscuter, au sein de la gauche radicale, du rôle des affrontements de rue dans le cadre d’un processus de mobilisations. (…). [A Santiago, au cours de la manifestation du 24], lorsqu’un large secteur de manifestants a commencé à jeter des pierres sur la police, les dirigeants syndicaux, les militants des Jeunesses Communistes et de la Concertation ont formé un cordon entre les manifestants et la police pour la protéger des pierres. Alors que tout un secteur dirigé par le PC et la Concertation se montrait réticent face aux affrontements avec les forces de répression, un autre secteur, composé principalement par des jeunes des lycées municipaux, professionnels et industriels, les « sopaipas » selon les médias chiliens réactionnaires et la droite, bientôt rejoints par des étudiants, ont montré qu’ils étaient disposés à s’affronter aux carabiniers et à la police et ont commencé à ériger des barricades. (…)
Arturo Martínez, dirigeant de la CUT, est revenu le lendemain dans La Nación sur ces jeunes qui se sont battus dans les rues : « le mouvement social a toujours eu quelques problèmes, la répression de la droite et des gouvernements d’un côté et l’extrême-gauche qui travaille pour la droite de l’autre. Ceux qui sont aujourd’hui sur les barricades, les voyous, ceux qui profitent de nos appels à la mobilisation, ce ne sont pas nos jeunes, nous ne sommes pas d’accord avec eux, ils agissent en accord avec la droite ».
Les paroles de Martinez font du mal au mouvement ouvrier et populaire. De notre point de vue, les affrontements de rue sont un des acquis du mouvement actuel, absents d’ailleurs de celui de 2006 [au cours de la « révolte des pingouins », le mouvement lycéen]. Arturo Martínez fait l’amalgame entre les jeunes manifestants et la droite. Mais est-ce que les milliers de jeunes qui se sont affrontés à la police le 4 août sont des casseurs qui répondent à la droite ? Que serait-il advenu si lorsque le gouvernement décrétait l’interdiction de manifester et ordonnait que les forces de répression mettent fin aux occupations nous n’avions pas répondu en construisant des barricades ? Si Piñera n’a pas réussi son coup le 4 août, c’est parce que des milliers de jeunes n’ont pas accepté la répression policière et ont combattu dans la rue. Et aussi parce que des milliers de personnes se sont solidarisées avec la lutte à travers des « caceroladas », les concerts de casseroles, dans les quartiers populaires. C’est en ce sens que les affrontements de rue avec les carabiniers et la police représentent un point d’ancrage dans la conscience des milliers de jeunes et de travailleurs.
Depuis cette date le PC a systématiquement acceptée l’interdiction promulguée par le gouvernement de manifester à partir de Plaza Italia [dans la capitale, à santiago]. Au cours de ce que l’on a appelé la manifestation des parapluies du 18 août (« Marcha de los paraguas ») grâce à son influence au sein du syndicat enseignant (« Colegio de profesores »), le PC s’est déclaré hostile à tout affrontement avec la police, et ce en accord avec la Mairie de Santiago. Après avoir désobéi au décret antidémocratique du 4 août le PC a effectué un virage à 180° vers l’obéissance afin d’éviter le plus possible les affrontements de rue entre la jeunesse et les forces de répression. Comment faire passer l’idée d’un « plébiscite » si les affrontements avec la police devenaient quotidiens ? Camilla Vallejo et Jaime Gajardo auraient-ils pu négocier avec le gouvernement et les députés au moment où des milliers de personnes affrontaient la police ? Pour eux les méthodes de manifestation ne doivent pas aller au-delà de la « norme » puisque le but est de canaliser ce processus dans le cadre des institutions.
Cependant, ils n’ont plus le contrôle. Durant la manifestation du 25 ils voulaient être plus « gardiens de la paix » que les carabiniers eux-mêmes mais dix à vingt mille jeunes se sont battus contre la police. Même les « collectifs populaires », [organisation populistes de gauche radicale] habitués aux accrochages avec la police mais déconnectés du mouvement réel sont passés à côté ce jour-là ainsi que lors des journées précédentes. Pour notre part, une commission d’autodéfense avait été élue à partir d’une proposition de « Armas de la Crítica » à la faculté de Philosophie de Santiago lors d’une assemblée le 24 au matin. Cette commission a préparé et dirigé le combat contre la police pendant plus de trois heures alors que les organisations « populaires », qui fétichisent habituellement les affrontements de rue sont restées à l’écart, en spectateurs. Au cours de ces affrontements ce qui était en jeu c’était la colère d’une grande partie de la jeunesse et non l’héroïsme stérile des petits groupes habitués aux escarmouches avec les carabiniers. La haine et la rage contre cette société qui n’offre que la misère et contre ce gouvernement de droite qui répond au patronat se font sentir à chaque affrontement. Une jeunesse combative et qui n’a plus peur commence à émerger. Le poids de la dictature, qui pèse beaucoup sur les générations précédentes, commence à s’estomper chez les jeunes qui se battent dans les rues et sur les barricades.
Il faut encore que la classe ouvrière se débarrasse de cette peur. Dans la manifestation du 25 août à Santiago, au moins la moitié des manifestants étaient des travailleurs du secteur public. Mais sur les barricades et les blocages de rues il n’y avait que des jeunes. Les travailleurs qui étaient présents regardaient avec sympathie. D’autre semblaient plus réticents. Le PC et la Concertation ont cherché à les utiliser pour mettre un frein aux affrontements de rue mais cela n’a pas été possible une fois la répression commencée.
Ce n’est pas un hasard si les dirigeants de la CUT n’ont pas cherché à préparer la grève de façon active dans des secteurs stratégiques et/ou précaires de la classe ouvrière. Si dans la manifestation il y avait eu des détachements d’ouvriers industriels, sous-traitants, mineurs, dockers ou routiers, cela aurait été beaucoup plus difficile d’arrêter les affrontements de rue. Ce sont effectivement les mineurs sous-traitants et les dockers qui ont été à l’origine du plus grand nombre d’affrontements avec la police lors des derniers mouvements sociaux.
En tant que marxistes révolutionnaires nous revendiquons les affrontements de rue et nous y participons dès qu’ils sont massifs, dès lors qu’ils dépassent le cadre des petits accrochages entre groupes populistes et la police. Ceci ne fait pas le jeu de la droite comme le soutient Martinez. Ce sont ces déclarations qui stigmatisent et criminalisent des milliers de jeunes qui font le jeu de la droite.
Même si les affrontements de rue ont une grande valeur morale et une capacité à interrompre la normalité routinière dans une ville, ils n’ont pas la même force que la grève générale qui frappe au cœur de la société capitaliste. La grève générale met en position de lutte des milliers ou des millions de travailleurs et elle affecte directement les bénéfices des capitalistes et désorganise les forces de l’ordre. La classe ouvrière chilienne n’a pas encore déployé toute sa force. Cependant l’intransigeance du gouvernement et la violence du patronat mettent cette question de plus en plus à l’ordre du jour.
Pour gagner sur la revendication d’une éducation gratuite et faire tomber le régime de la démocratie post-Pinochet, basé sur le système binominal [4], il est indispensable de combiner ces méthodes de lutte. Le pouvoir politique des patrons, à tous les niveaux, est lié aux institutions d’enseignement privé. C’est pour cela qu’ils défendent bec et ongles « l’éducation de marché ». Ils n’hésiteront pas à déployer de façon plus offensive encore leurs forces de répression si la lutte s’approfondissait.
La « Federación de Instituciones de Educación Particular » [qui regroupe une partie des instituts d’enseignement privé], consciente du fait que le processus actuel remet en question ses bénéfices, a publié un communiqué où elle fait appel aux propriétaires des lycées subventionnés pour utiliser tous les mécanismes répressifs à leur disposition. Elle n’a pas hésité à menacer de sanctions les dirigeants syndicaux t à signaler que les personnels faisant grève subiront des retenues sur salaire. Elle fait appel à l’application de la loi 20.084 pour tous les mineurs de plus de 14 ans et à l’intervention de la police lorsqu’il y a des blocages. Ces gens-là n’ont aucune intention de céder de façon volontaire leurs propriétés, même si l’option « éducation gratuite » était majoritaire au plébiscite dont parle le PC. Tout ce qui devra leur être imposer ne pourra se faire que par la force des travailleurs et des étudiants.
Les politiciens bourgeois de la droite et de la Concertation cherchent et chercheront toujours à défendre les patrons de l’éducation, quel qu’en soit le prix. Notre combat est en ce sens étroitement lié à la lutte pour renverser les institutions de la démocratie post-Pinochet, le parlement binominal avec ses députés et ses sénateurs (…). La lutte contre « l’éducation de marché » est liée à la lutte contre le régime de la démocratie telle qu’on la connaît depuis 1990. Pour cela, il nous faut lutter avec les méthodes de la grève et des affrontements de rue. Pour que ces armes soient les plus efficaces possible il est nécessaire de construire des Assemblées ouvrières, étudiantes et populaires ainsi que des comités d’autodéfense dans le but de mettre en place une Assemblée constituante libre et souveraine basée sur la mobilisation des travailleurs.
27/08/2011
[1] La « Concertation » est un cartel de partis de centre-gauche modérés qui regroupe notamment la Démocratie Chrétienne et le Parti Socialiste. La Concertation a gouverné le Chili de 1990, au moment de la « Transition démocratique », jusqu’en 2010. L’ensemble des gouvernements de la Concertation, jusqu’à celui de Michelle Bachelet, a pris bien soin de ne pas bousculer l’agenda néolibéral qui a commencé à être mis en œuvre au Chili dès le lendemain du coup d’Etat de 1973 par les économistes de l’école de Chicago de Milton Friedman qui avaient trouvé dans le pays de Pinochet un terrain grandeur nature pour leurs expériences économiques férocement anti-ouvrières et antipopulaires.
[2] Au moment où l’article était écrit, le lendemain de l’assassinat de Manuel, les carabiniers niaient toute responsabilité dans la mort du jeune lycéen [NdT].
[3] Juan Valenzuelaest enseignant, membre de la direction du PTR.
[4] Le « système binominal » est un système de vote utilisé lors des élections parlementaires chiliennes. L’objectif est de générer une situation dans laquelle les deux blocs majoritaires emportent la même quantité de sièges au Parlement même s’il existe une grande différence dans le nombre de voix que ces deux blocs ont obtenu. Son utilisation a été imposée dans la Constitution chilienne pendant le régime de Pinochet [NdT].
L’hiver austral chilien a été chaud. En dépit de l’ouverture de négociations entre le gouvernement de droite de Sebastián Piñera et la direction bureaucratique du mouvement étudiant et enseignant, la jeunesse chilienne n’a pas baissé les bras et continue à réclamer le droit à une éducation gratuite, publique, laïque et de qualité. Elle continue à protester contre un des piliers du régime post-Pinochet qui fait de l’enseignement un secteur qui, plus que dans n’importe quel autre pays, est étroitement lié aux intérêts du patronat et du privé qui fait sur le dos de la jeunesse de juteux profits.
A la différence du mouvement lycéen de 2006, la « révolte des pingouins » comme sont appelés au Chili les lycéens en raison de leur uniforme, le mouvement de la jeunesse de 2011 n’a pas seulement joui au cours de ces trois derniers mois d’un soutien encore plus important de l’ensemble de l’opinion publique et des classes populaires. Les 24 et 25 août le pays s’est retrouvé paralysé par une grève générale de 48 heures en appui à la jeunesse. Face à la pression existante à sa base et bien qu’ayant tout fait pour que le secteur privé ne soit pas pleinement en capacité de se joindre à l’appel, la Centrale Unique des Travailleurs, codirigée par le centre-gauche (la « Concertation [1] ») et le PC a été contrainte d’appeler à la grève.
Les violences policières ont redoublé d’intensité tout comme la combativité de la jeunesse étudiante à laquelle se sont joints les lycéens des établissements généraux, techniques et professionnels. C’est ainsi que le meurtre du jeune Manuel Gutiérrez le 25 août par les carabiniers, loin d’entamer la détermination du mouvement, a fait vaciller un peu plus Piñera et son gouvernement. Après avoir eu recours, sans succès, à la répression et à l’instauration de l’état d’urgence le 4 août, il ne restait plus à la droite chilienne que d’essayer d’ouvrir des négociations avec les étudiants, lycéens et enseignants. Tirant parti d’une des plus grandes faiblesses du mouvement, à savoir l’absence de coordination par en bas apte ne serait-ce qu’à contrôler la direction réformiste des syndicats étudiants en enseignants, aux mains des Jeunesses Communistes, du PC et de la Concertation, Piñera a réussi à remporter une première victoire partielle après trois mois de grandes difficultés.
Rien n’a été négocié puisque le gouvernement ne veut rien lâcher si ce n’est de vagues promesses de réformes législatives visant à faire de l’éducation gratuite un droit. La direction de la Confédération des Etudiants du Chili (CONFECH), dirigée par les JC et Camilla Vallejo, ainsi que le syndicat enseignant (Colegio de Profesores) ont néanmoins accepté le dialogue pourri offert par Piñera afin de lui redonner un peu d’oxygène. Pire encore, la base même de la discussion avec le gouvernement qu’ont acceptée ces dirigeants ne fixe même pas comme seuil minimal de négociation l’instauration du droit à l’éducation publique, gratuite, laïque et de qualité immédiatement (ce qui reviendrait à revenir sur la Loi Générale d’Education (LGE) de 2009, héritière de la vieille Loi Organique Constitutionnel sur l’Enseignement (LOCE) instaurée par Pinochet trois jours avant de quitter le pouvoir en 1990 et qui fixe le cadre de l’éducation capitaliste néolibérale qui est en place au Chili). C’est dans cette même logique que Camila Vallejo a tenté de décommander au dernier moment la manifestation du 8 septembre en raison du décès, sur l’île de Juan Fernández, de plusieurs personnalités populaires du monde du spectacle et de la télévision. Elle a dû revenir sur ses propos et la jeunesse est à nouveau descendue dans la rue, notamment le 8 au soir à Santiago, la capitale. Trois jours plus tard, le 11 septembre, une date qui au Chili est synonyme du coup d’Etat fascisant lancé par l’Armée sous la houlette des Etats-Unis contre le mouvement ouvrier et populaire et le gouvernement de gauche d’Allende en 1973, les rues du pays ont à nouveau été le théâtre de manifestations.
Par-delà les manœuvres du gouvernement qui compte bien bénéficier du soutien de la bureaucratie étudiante et enseignante afin de canaliser la colère de la jeunesse, par-delà une certaine lassitude qui se fait sentir dans certaines universités et sur laquelle les médias insistent pour en appeler à la fin des mobilisations, le mouvement chilien est riche en enseignements.
A court terme, le conflit initié il y a trois mois par les étudiants et les lycéens est un véritable casse-tête pour le gouvernement autant que pour les directions majoritaires du mouvement de jeunesse. Se rendre en rase campagne en négociant a minima avec le gouvernement pourrait en effet coûter très cher à la CONFECH, ouvrant une brèche sur sa gauche, ce que le PC cherche à éviter à tout prix.
Pour ce qui est de l’impact plus global du mouvement, il faut avant tout tenir compte du fait que l’on a souvent présenté le Chili « démocratique » de l’après-Pinochet comme l’exemple même de l’économie de marché à suivre en Amérique latine. Avec des taux de croissance importants (pour le plus grands bénéfice des multinationales européennes très présentes dans le pays), une stabilité politique supérieure au reste de ses voisins, un gouvernement de centre-gauche ayant gouverné sans interruption de 1990 à 2010, on voulait faire passer le Chili comme le modèle à suivre où, après les années noires du pinochétisme, le centre-gauche administrait « démocratiquement » l’héritage néolibéral et le modèle économique mis en place sous la dictature. Mieux encore avec l’élection de Piñera en 2010, bénéficiant jusqu’à il y a peu d’un soutien apparemment sans faille dans l’opinion, il semblait que les Chiliens eux-mêmes avaient réhabilité une droite qui disait avoir rompu avec son passé fascisant.
La réalité était bien autre. Les grèves dans le secteur minier notamment avaient déjà montré les failles de ce consensus apparent. Le mouvement de la jeunesse a fait le reste. Les étudiants et les jeunes ont non seulement fait émerger le Chili des quartiers populaires, des « poblaciones », celui des enfants des classes populaires forcés de travailler et de s’endetter pour se payer le lycée et l’université. Il a également agi en caisse de résonnance des contradictions sociales et politiques du pays, battant en brèche la popularité de Piñera et permettant au mouvement ouvrier de commencer à revenir sur le devant de la scène en dépit de toutes les défaites subies depuis prés de quarante ans, à commencer par la tragédie du 11 septembre 1973.
Tout ceci donne un « argument » chilien de plus aux révolutionnaires et à une jeunesse qui, au niveau mondial, souffre directement des conséquences directes de la crise capitaliste. On l’a vue à l’œuvre au cours du printemps arabe et elle continue à être en première ligne, que ce soit en Tunisie dans les manifestations qui se poursuivent en province ou encore dernièrement devant l’ambassade israélienne au Caire, payant un lourd tribut. On l’a vue à l’œuvre dans les rues des grandes villes anglaises et leurs périphéries-ghettos cet été, lançant un coup de semonce, à sa manière et avec son niveau de conscience, à une bourgeoisie bien élevée qui n’a pas hésité à agir contre elle comme elle l’avait déjà fait contre les Irlandais et autour de laquelle a fait bloc la droite comme les libéraux et le parti travailliste. La jeunesse, comme dans toutes ces époques qui sont les prolégomènes à de grandes crises non pas seulement économiques mais également de classe, montre de quoi elle est capable. La jeunesse chilienne a relevé le défi donc. A nous, révolutionnaires, d’en tirer les enseignements afin de nous préparer.
Nous présentons ci-dessous deux articles extraits de Clase Contra Clase, le journal de nos camarades du Parti Révolutionnaire des Travailleurs (PTR), section chilienne de la Fraction Trotskyste-Quatrième Internationale. Son courant universitaire, Las Armas de la Crítica, a été particulièrement actif au cours des dernières semaines, en lien avec Abran Paso, courant révolutionnaire intervenant au sein de la jeunesse ouvrière, dans les services, l’agro-industrie et les mines ainsi que dans les lycées techniques et professionnels. Dans différentes villes, Santiago, mais aussi Antofagasta, Arica, Valparaiso et Temuco, les camarades ont été à l’avant-garde de la lutte pour défendre la perspective non négociable du droit à une éducation de qualité, gratuite et laïque, pour que le mouvement de la jeunesse se dote de ses propres organes de coordination et d’auto-organisation afin de battre en brèche la direction bureaucratique de la CONFECH, pour organiser dans la rue, dans les occupations de lycées et de facs et sur les barricades, la résistance face aux forces de répression et aux carabiniers, pour construire l’unité ouvrière-étudiante et pour défendre la perspective d’une Assemblée Constituante libre et souveraine basée sur la mobilisation en cours et son approfondissement pour en finir avec le terrible héritage de la dictature et de la « démocratie » qui lui a succédé et a maintenu l’essentiel de sa politique économique et sociale. L’ensemble de ces analyses ainsi que d’autres informations se trouvent sur la page web des camarades,
11/09/11
Il faut renforcer dans la rue l’alliance entre les travailleurs et les étudiants !
Pour une Assemblée Constituante libre et souveraine s’appuyant sur la mobilisation !
Par Nicolás Miranda
Le 25 août, le jour de grève générale à laquelle la Centrale Unique des Travailleurs (CUT) avait appelé, a été un succès. Il s’est transformé en une grande journée de mobilisation nationale où s’est développée l’alliance entre les travailleurs et les étudiants. 600 000 personnes se sont mobilisées dans tout le pays dont 400 000 à Santiago, 70 000 à Valparaíso, 70 000 à Concepción, 40 000 à Temuco. Dans presque chaque ville il y a eu des mobilisations massives. A la fin de la manifestation [à Santiago] entre 10 000 et 20 000 jeunes se sont opposés aux forces de répression, les gardiens de l’héritage pourri de la dictature. Partout à la fin des manifestations, c’étaient de grands concertes de casseroles (« caceroladas » et des barricades érigées dans la rue. Le coup a été porté contre Piñera bien entendu mais également contre la « Concertation »,, l’autre pilier du régime qui administre l’héritage de la dictature. Les travailleurs et les étudiants mobilisés affrontent ces deux partis car ils sont responsables de la cession de nos richesses aux monopoles impérialistes et nationaux, de l’exploitation et de l’impunité du patronat, des salaires de misère, du travail précaire à travers la sous-traitance, des pratiques antisyndicales, de l’autoritarisme (…) de la transformation de nos droits de base comme la santé, le logement et l’éducation en un busines, de la féroce répression, de l’oppression de la nation mapuche.
Ce nouvel affrontement avec le gouvernement a contribué à affaiblir Piñera mais n’a pas été suffisant pour le faire reculer. Alors que dans les rues certains scandaient « qu’ils s’en aillent tous ! » ou « Le successeur de Pinochet va bientôt être renversé ! », le gouvernement répondait avec une répression très dure. Cela a abouti à l’assassinat d’un jeune d’un lycée technique par la police, comme en témoignent des voisins et sa famille [2]. Le gouvernement en même temps ignorait les revendications des travailleurs et réaffirmait ses politiques pour l’éducation.
Le fait est que les directions majoritaires des mobilisations, le PS d’Arturo Martínez, principal dirigeant de la CUT, le PC de Camila Vallejos, dirigeante de la FECH et Jaime Gajardo qui est à la tête du syndicat enseignant (« Colegio de Profesores ») veulent canaliser la lutte vers des réformes cosmétiques du régime. La question qui est en réalité posée est celle de la fin du sale héritage de la dictature.
La force dans la rue de l’alliance des travailleurs et des étudiants contre l’héritage de la dictature et le régime de la droite et de la Concertation
Des milliers de personnes se sont mobilisées pendant plus de quatre heures dans les rues à travers tout le Chili. Des fédérations et Centres d’étudiants et de lycéens [organes locaux de représentation des étudiants et lycéens], des coordinations de base et nationales des étudiants en lutte, des dizaines de syndicats de base, etc. ont participé aux manifestations.
Ils ont défié les manœuvres d’intimidation du gouvernement qui menaçait d’appliquer la Loi de Sureté Intérieure de l’Etat ainsi que de ne pas payer les jours de grève. Le président Piñera en est même arrivé à menacer les médias et à évoquer le spectre du coup d’Etat de 1973.
Un autre défi a été posé aux manifestants : celui des directions officielles majoritaires des travailleurs. En effet la CUT liée au PS et le PC n’ont rien fait pour préparer la grève. Il n’y a pas eu d’assemblées, ni de bulletins de boite, ni bien évidemment, comme nous le défendions au Parti des Travailleurs Révolutionnaires – Classe contre Classe (PTR-CcC) un Comité de Grève central avec des délégués de base mandatés par les assemblées et ouvert à toutes les organisation des étudiants, des habitants des quartiers pauvres (« poblaciones ») et à la gauche radicale. Le résultat a été qu’une grande partie des travailleurs du secteur privé, de l’industrie et des services, n’a pas pu y participer. Il en est allé de même pour les travailleurs d’un secteur aussi stratégique que les mines.
Cette politique a eu un impact sur la mobilisation elle-même. En effet, il n’y a pas eu de point de rassemblement, les manifestants se retrouvaient ainsi à défiler sans parcours et aucun appel à l’approfondissement de la lutte n’a été fait. Et cela même alors que la mobilisation montrait sa force à travers les manifestations étudiantes antérieures, et avant cela encore, [avant le début du mouvement étudiant de cet hiver], par la grande participation aux mobilisations en défense de la diversité sexuelle.
C’est ainsi qu’on a vu apparaître à la fin de cette journée un secteur d’avant-garde de lutte d’environ 10 à 20.000 personnes. Ces manifestants se sont affrontés à la police, exprimant ainsi leur haine contre les forces de répression chiliennes qui défendent l’héritage de la dictature.
La force de cette alliance dans les rues entre les travailleurs et les étudiants est telle que le patronat a dû la prendre en considération. Ainsi Eliodoro Matte lui-même, l’un des hommes plus riches du Chili, a déclaré qu’il devait y avoir des négociations sur des réformes de la fiscalité, ce contre quoi le patronat se battait quelques jours plus tôt. Mais cela est en réalité une tentative d’apporter des réformes cosmétiques par en haut de façon à lâcher un peu de lest pour ne pas courir le risque que la situation ne s’envenime davantage.
Il ne s’agit pas là de la seule proposition de réformes à la marge. Les directions officielles du PS dans la CUT et du PC ont-elles aussi une politique de réformes cosmétiques.
La politique des directions du PS et du PC : faire pression pour pouvoir négocier des réformes cosmétiques par en haut
Lors de la conférence de presse à la fin de la journée du 25 les directions officielles majoritaires (Arturo Martínez de la CUT, Camila Vallejo du PC et de la FECH, Jaime Gajardo pour les enseignants, Lorena Pizarro (AFDD) pour les familles d’anciens prisonniers politiques et de disparus, l’écolo Sara Larraín, etc.) ont déclaré qu’elles continueraient la lutte. Mais, vers où veulent-ils l’amener ? Ils ont parlé d’une « deuxième transition vers la démocratie ». Si la première transition à la démocratie n’a impliqué que des réformes cosmétiques de la part de la Concertation que le PC a toujours soutenue, cette deuxième transition ne sera rien de plus qu’une deuxième vague de réformes cosmétiques. C’est pour cela qu’ils en appellent à une « démocratie sociale » avec des patrons petits et moyens, précisément ceux qui payent des salaires de misère, sous-traitent pour les grands groupes et qui sont les propriétaires des lycées privés subventionnés. C’est pour cela qu’ils parlent de plébiscite pour rendre « plus participative » cette démocratie pour les riches et ainsi la légitimer. C’est pour cela aussi qu’ils dénoncent le profit tiré de l’éducation mais ne parlent pas d’éducation gratuite et sans subventions pour l’enseignement privé (il en va de même pour le cahier de revendications de la CONFECH qui parle d’éducation gratuite seulement en tant que « perspective »). Ils parlent aussi de réformer le Code du Travail, mais rien n’est dit pour en finir avec la sous-traitance qui divise la classe ouvrière en travailleurs de première et de deuxième catégorie, [ceux qui sont en CDI et les précaires, CDD et intérimaires]. C’est pour cela aussi qu’ils n’organisent pas activement la lutte contre la répression.
Ils veulent négocier des réformes par en haut, appelant à des nouvelles mobilisations, mais uniquement pour faire pression en faveur de ces réformes à la marge. Ils veulent « dialoguer » avec le gouvernement plutôt que de développer l’unité entre les travailleurs et les étudiants sur la base d’organismes de démocratie directe dans chaque lieu de travail et d’étude pour approfondir et étendre la lutte.
Le gouvernement, affaibli et prenant en compte la mobilisation grandissante dans les rues, a relevé le défi qui lui a été posé.
Le gouvernement cherche à diviser le mouvement
Le gouvernement, faible et autiste, persiste dans ses politiques pour défendre l’héritage de la dictature qu’avait auparavant préservé la Concertation. Sa politique maintenant c’est de diviser, de faire reculer l’alliance dans les rues entre travailleurs et étudiants. C’est ainsi qu’il a ignoré les travailleurs en disant qu’il s’agissait de manifestations purement étudiantes, alors qu’au moins 50% des manifestants étaient des travailleurs. En même temps il a convoqué uniquement les étudiants à la table des négociations.
Camila Vallejo du PC s’est déjà déclarée au cours des derniers jours ouverte à la possibilité de négociations par en haut. Sa première réaction devant l’appel du Parlement pour des négociations a été d’accepter la proposition. Cependant, dans une réunion de la CONFECH cette orientation a été refusée, l’obligeant à faire machine arrière. Elle a également appelé à un référendum, ce qui ne peut avoir d’autre effet que de démobiliser alors que la rue a déjà voté : on veut l’éducation gratuite !
Face au nouvel appel au dialogue de la part du gouvernement, le PC, à travers Jaime Gajardo, a répondu qu’il a toujours été ouvert au dialogue si celui-ci se menait « avec tous les acteurs sociaux ». Ces « acteurs sociaux » sont eux-mêmes des « négociants d’en haut ». En effet la CONFECH se réunit à huis-clos avec une poignée de dirigeants. Il en va de même pour la CUT et le syndicat enseignant (« Colegio de Profesores »).
Ce n’est pas ainsi que l’on avance contre un gouvernement et une droite contraints tout de même à proposer l’ouevrture de négociations « par en haut » tout en réprimant durement, même après la mort de Manuel Gutiérrez.
De son côté Arturo Martínez du PS dans sa conférence de presse a attaqué durement ce qu’il appelle « l’ultragauche » en disant qu’elle fait le jeu de la droite. La réalité c’est que, comme nous le voyons, c’est cette politique de réformes cosmétiques, de négociations par en haut et d’accords patronaux qui représente une couverture du régime par la gauche, et donc aussi par la droite.
Cette politique cherche en même temps à diviser et à isoler l’avant-garde de la lutte et qui a clairement émergée lors de la journée du 25 montrant sa disposition à lutter contre l’héritage de la dictature et pour l’éducation gratuite pour les enfants de la classe ouvrière et des classes populaires. Continuer cette politique conduirait le mouvement dans une impasse et à sa défaite.
Il faut renforcer l’alliance dans la rue entre travailleurs et étudiants. Pour une Assemblée Constituante Libre et Souveraine appuyée sur la mobilisation !
Face aux réformes cosmétiques par en haut il faut appeler à mettre en place dans chaque lieu de travail et d’étude des organismes de démocratie directe pour la lutte, avec des délégués révocables et mandatés par les assemblées. En même temps, il faut que celles-ci soient coordonnées entre elles.
Nous devons lutter également pour le jugement et le jugement des assassins de Manuel Gutiérrez. On ne peut pas laisser passer ce crime sans que ses responsables soient jugés et punis. Nous devons préparer une nouvelle grève générale pour renforcer l’alliance entre travailleurs et étudiants jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites.
La question qui se pose en ce moment ce n’est pas seulement pour que l’éducation pinochetiste tombe, mais tout le régime. Non aux réformes cosmétiques de la « démocratie sociale » et de la « deuxième transition » ! Celles-ci visent à changer un peu pour ne rien changer de l’héritage de la dictature qui a été conservé et approfondi aussi bien par la droite que par les gouvernements de gauche successifs ! Non à la droite ni à la Concertation ! Que les travailleurs gouvernent ! C’est en ce sens que luttons pour une Assemblée Constituante Libre et Souveraine basée sur la mobilisation des travailleurs, de la jeunesse, des étudiants et des couches populaires pour en finir avec l’héritage de Pinochet ! Pour obtenir l’éducation publique gratuite et une Assemblée Constituante il faut renforcer et développer l’alliance entre travailleurs et étudiants !
26/08/2011
Les affrontements de rue contre la police et la lutte de la jeunesse chilienne
Par Juan Valenzuela [3]
La journée de mobilisation historique du 25 août a été l’occasion de rediscuter, au sein de la gauche radicale, du rôle des affrontements de rue dans le cadre d’un processus de mobilisations. (…). [A Santiago, au cours de la manifestation du 24], lorsqu’un large secteur de manifestants a commencé à jeter des pierres sur la police, les dirigeants syndicaux, les militants des Jeunesses Communistes et de la Concertation ont formé un cordon entre les manifestants et la police pour la protéger des pierres. Alors que tout un secteur dirigé par le PC et la Concertation se montrait réticent face aux affrontements avec les forces de répression, un autre secteur, composé principalement par des jeunes des lycées municipaux, professionnels et industriels, les « sopaipas » selon les médias chiliens réactionnaires et la droite, bientôt rejoints par des étudiants, ont montré qu’ils étaient disposés à s’affronter aux carabiniers et à la police et ont commencé à ériger des barricades. (…)
Arturo Martínez, dirigeant de la CUT, est revenu le lendemain dans La Nación sur ces jeunes qui se sont battus dans les rues : « le mouvement social a toujours eu quelques problèmes, la répression de la droite et des gouvernements d’un côté et l’extrême-gauche qui travaille pour la droite de l’autre. Ceux qui sont aujourd’hui sur les barricades, les voyous, ceux qui profitent de nos appels à la mobilisation, ce ne sont pas nos jeunes, nous ne sommes pas d’accord avec eux, ils agissent en accord avec la droite ».
Les paroles de Martinez font du mal au mouvement ouvrier et populaire. De notre point de vue, les affrontements de rue sont un des acquis du mouvement actuel, absents d’ailleurs de celui de 2006 [au cours de la « révolte des pingouins », le mouvement lycéen]. Arturo Martínez fait l’amalgame entre les jeunes manifestants et la droite. Mais est-ce que les milliers de jeunes qui se sont affrontés à la police le 4 août sont des casseurs qui répondent à la droite ? Que serait-il advenu si lorsque le gouvernement décrétait l’interdiction de manifester et ordonnait que les forces de répression mettent fin aux occupations nous n’avions pas répondu en construisant des barricades ? Si Piñera n’a pas réussi son coup le 4 août, c’est parce que des milliers de jeunes n’ont pas accepté la répression policière et ont combattu dans la rue. Et aussi parce que des milliers de personnes se sont solidarisées avec la lutte à travers des « caceroladas », les concerts de casseroles, dans les quartiers populaires. C’est en ce sens que les affrontements de rue avec les carabiniers et la police représentent un point d’ancrage dans la conscience des milliers de jeunes et de travailleurs.
Depuis cette date le PC a systématiquement acceptée l’interdiction promulguée par le gouvernement de manifester à partir de Plaza Italia [dans la capitale, à santiago]. Au cours de ce que l’on a appelé la manifestation des parapluies du 18 août (« Marcha de los paraguas ») grâce à son influence au sein du syndicat enseignant (« Colegio de profesores »), le PC s’est déclaré hostile à tout affrontement avec la police, et ce en accord avec la Mairie de Santiago. Après avoir désobéi au décret antidémocratique du 4 août le PC a effectué un virage à 180° vers l’obéissance afin d’éviter le plus possible les affrontements de rue entre la jeunesse et les forces de répression. Comment faire passer l’idée d’un « plébiscite » si les affrontements avec la police devenaient quotidiens ? Camilla Vallejo et Jaime Gajardo auraient-ils pu négocier avec le gouvernement et les députés au moment où des milliers de personnes affrontaient la police ? Pour eux les méthodes de manifestation ne doivent pas aller au-delà de la « norme » puisque le but est de canaliser ce processus dans le cadre des institutions.
Cependant, ils n’ont plus le contrôle. Durant la manifestation du 25 ils voulaient être plus « gardiens de la paix » que les carabiniers eux-mêmes mais dix à vingt mille jeunes se sont battus contre la police. Même les « collectifs populaires », [organisation populistes de gauche radicale] habitués aux accrochages avec la police mais déconnectés du mouvement réel sont passés à côté ce jour-là ainsi que lors des journées précédentes. Pour notre part, une commission d’autodéfense avait été élue à partir d’une proposition de « Armas de la Crítica » à la faculté de Philosophie de Santiago lors d’une assemblée le 24 au matin. Cette commission a préparé et dirigé le combat contre la police pendant plus de trois heures alors que les organisations « populaires », qui fétichisent habituellement les affrontements de rue sont restées à l’écart, en spectateurs. Au cours de ces affrontements ce qui était en jeu c’était la colère d’une grande partie de la jeunesse et non l’héroïsme stérile des petits groupes habitués aux escarmouches avec les carabiniers. La haine et la rage contre cette société qui n’offre que la misère et contre ce gouvernement de droite qui répond au patronat se font sentir à chaque affrontement. Une jeunesse combative et qui n’a plus peur commence à émerger. Le poids de la dictature, qui pèse beaucoup sur les générations précédentes, commence à s’estomper chez les jeunes qui se battent dans les rues et sur les barricades.
Il faut encore que la classe ouvrière se débarrasse de cette peur. Dans la manifestation du 25 août à Santiago, au moins la moitié des manifestants étaient des travailleurs du secteur public. Mais sur les barricades et les blocages de rues il n’y avait que des jeunes. Les travailleurs qui étaient présents regardaient avec sympathie. D’autre semblaient plus réticents. Le PC et la Concertation ont cherché à les utiliser pour mettre un frein aux affrontements de rue mais cela n’a pas été possible une fois la répression commencée.
Ce n’est pas un hasard si les dirigeants de la CUT n’ont pas cherché à préparer la grève de façon active dans des secteurs stratégiques et/ou précaires de la classe ouvrière. Si dans la manifestation il y avait eu des détachements d’ouvriers industriels, sous-traitants, mineurs, dockers ou routiers, cela aurait été beaucoup plus difficile d’arrêter les affrontements de rue. Ce sont effectivement les mineurs sous-traitants et les dockers qui ont été à l’origine du plus grand nombre d’affrontements avec la police lors des derniers mouvements sociaux.
En tant que marxistes révolutionnaires nous revendiquons les affrontements de rue et nous y participons dès qu’ils sont massifs, dès lors qu’ils dépassent le cadre des petits accrochages entre groupes populistes et la police. Ceci ne fait pas le jeu de la droite comme le soutient Martinez. Ce sont ces déclarations qui stigmatisent et criminalisent des milliers de jeunes qui font le jeu de la droite.
Même si les affrontements de rue ont une grande valeur morale et une capacité à interrompre la normalité routinière dans une ville, ils n’ont pas la même force que la grève générale qui frappe au cœur de la société capitaliste. La grève générale met en position de lutte des milliers ou des millions de travailleurs et elle affecte directement les bénéfices des capitalistes et désorganise les forces de l’ordre. La classe ouvrière chilienne n’a pas encore déployé toute sa force. Cependant l’intransigeance du gouvernement et la violence du patronat mettent cette question de plus en plus à l’ordre du jour.
Pour gagner sur la revendication d’une éducation gratuite et faire tomber le régime de la démocratie post-Pinochet, basé sur le système binominal [4], il est indispensable de combiner ces méthodes de lutte. Le pouvoir politique des patrons, à tous les niveaux, est lié aux institutions d’enseignement privé. C’est pour cela qu’ils défendent bec et ongles « l’éducation de marché ». Ils n’hésiteront pas à déployer de façon plus offensive encore leurs forces de répression si la lutte s’approfondissait.
La « Federación de Instituciones de Educación Particular » [qui regroupe une partie des instituts d’enseignement privé], consciente du fait que le processus actuel remet en question ses bénéfices, a publié un communiqué où elle fait appel aux propriétaires des lycées subventionnés pour utiliser tous les mécanismes répressifs à leur disposition. Elle n’a pas hésité à menacer de sanctions les dirigeants syndicaux t à signaler que les personnels faisant grève subiront des retenues sur salaire. Elle fait appel à l’application de la loi 20.084 pour tous les mineurs de plus de 14 ans et à l’intervention de la police lorsqu’il y a des blocages. Ces gens-là n’ont aucune intention de céder de façon volontaire leurs propriétés, même si l’option « éducation gratuite » était majoritaire au plébiscite dont parle le PC. Tout ce qui devra leur être imposer ne pourra se faire que par la force des travailleurs et des étudiants.
Les politiciens bourgeois de la droite et de la Concertation cherchent et chercheront toujours à défendre les patrons de l’éducation, quel qu’en soit le prix. Notre combat est en ce sens étroitement lié à la lutte pour renverser les institutions de la démocratie post-Pinochet, le parlement binominal avec ses députés et ses sénateurs (…). La lutte contre « l’éducation de marché » est liée à la lutte contre le régime de la démocratie telle qu’on la connaît depuis 1990. Pour cela, il nous faut lutter avec les méthodes de la grève et des affrontements de rue. Pour que ces armes soient les plus efficaces possible il est nécessaire de construire des Assemblées ouvrières, étudiantes et populaires ainsi que des comités d’autodéfense dans le but de mettre en place une Assemblée constituante libre et souveraine basée sur la mobilisation des travailleurs.
27/08/2011
[1] La « Concertation » est un cartel de partis de centre-gauche modérés qui regroupe notamment la Démocratie Chrétienne et le Parti Socialiste. La Concertation a gouverné le Chili de 1990, au moment de la « Transition démocratique », jusqu’en 2010. L’ensemble des gouvernements de la Concertation, jusqu’à celui de Michelle Bachelet, a pris bien soin de ne pas bousculer l’agenda néolibéral qui a commencé à être mis en œuvre au Chili dès le lendemain du coup d’Etat de 1973 par les économistes de l’école de Chicago de Milton Friedman qui avaient trouvé dans le pays de Pinochet un terrain grandeur nature pour leurs expériences économiques férocement anti-ouvrières et antipopulaires.
[2] Au moment où l’article était écrit, le lendemain de l’assassinat de Manuel, les carabiniers niaient toute responsabilité dans la mort du jeune lycéen [NdT].
[3] Juan Valenzuelaest enseignant, membre de la direction du PTR.
[4] Le « système binominal » est un système de vote utilisé lors des élections parlementaires chiliennes. L’objectif est de générer une situation dans laquelle les deux blocs majoritaires emportent la même quantité de sièges au Parlement même s’il existe une grande différence dans le nombre de voix que ces deux blocs ont obtenu. Son utilisation a été imposée dans la Constitution chilienne pendant le régime de Pinochet [NdT].
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L’aube nouvelle des mouvements sociaux… et la mobilisation du 22 septembre
http://alencontre.org/ameriques/amelat/chili/chili-laube-nouvelle-des-mouvements-sociaux-et-la-mobilisation-du-22-septembre.html
Roseau- Messages : 17750
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Le mouvement étudiant au Chili
Version intégrale d’un entretien avec Sebastian Farfán Salinas, secrétaire général de la Fédération des étudiants de l’Université de Valparaiso (FEUV).
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article23108
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article23108
Roseau- Messages : 17750
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Re: Chili
Elle va tomber, elle va tomber l'éducation de Pinochet !
De fait le mouvement de la jeunesse en se politisant et restant très puissant veut revenir et éffacer PInochet.
Les drapeaux et banderoles rouge et noir resurgissent
Valparaiso ;
De fait le mouvement de la jeunesse en se politisant et restant très puissant veut revenir et éffacer PInochet.
Les drapeaux et banderoles rouge et noir resurgissent
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Copas- Messages : 7025
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Re: Chili
Chili: «Les étudiants expriment des revendications réprimées par 20 ans de politique néolibérale»
http://alencontre.org/ameriques/amelat/chili/chili-%c2%ables-etudiants-expriment-des-revendications-reprimees-par-20-ans-de-politique-neoliberale%c2%bb.html
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Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Etudiants et Mapuches frères de lutte
http://alencontre.org/ameriques/amelat/chili/chili-etudiants-mapuches-%c2%abfreres-dans-la-lutte%c2%bb.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Quand le néolibéralisme se fissure
http://ameriquelatineenlutte.blogspot.com/feeds/posts/default
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chili
Le ministère de l'éducation nationale, soutenu par le Président Pinera (droite), vient de faire remplacer dans les manuels scolaires le terme "dictature" par "Régime militaire" pour désigner la période Pinochet. Cette décision a suscité une violente polémique et les protestations de la gauche. Pinera a répondu aux critiques qu'il était prêt à reconnaître que le régime de Pinochet était bien une dictature, mais que le terme "régime militaire", plus général, convenait mieux à son avis.
(Sources El Mercurio)
Cette polémique a suscité des réactions dans de nombreux Etats d'Amérique latine, dont l'Argentine et la Bolivie. Elle est significative de l'influence des partisans de Pinochet au Chili, et même de la popularité du dictateur parmi la majeure partie de la bourgeoisie et une partie de la petite bourgeoisie. Un tel acte "négationniste" serait aujourd'hui inconcevable en Argentine où les lois d'amnistie protégeant les assassins et tortionnaires militaires et policiers ont été abolies.
(Sources El Mercurio)
Cette polémique a suscité des réactions dans de nombreux Etats d'Amérique latine, dont l'Argentine et la Bolivie. Elle est significative de l'influence des partisans de Pinochet au Chili, et même de la popularité du dictateur parmi la majeure partie de la bourgeoisie et une partie de la petite bourgeoisie. Un tel acte "négationniste" serait aujourd'hui inconcevable en Argentine où les lois d'amnistie protégeant les assassins et tortionnaires militaires et policiers ont été abolies.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Carabiniers arrêtent et brutalisent José Ancalao
http://alencontre.org/ameriques/amelat/chili/chili-les-carabiniers-arretent-et-brutalisent-jose-ancalao.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chili
je suis tombé sur le site du MIR :MIR, étant tres nul en langue hispanique et en partis politiques chilien, j'aimerai connaitre l'influence du Mir, son orientation, et celles des autres de gauche socialiste ....il y a un pc, je sais,comme le notre ?
j'avoue que le drapeau noir et rouge, je trouve ça beau
j'avoue que le drapeau noir et rouge, je trouve ça beau
tomaz- Messages : 302
Date d'inscription : 09/07/2010
Localisation : zonvier
Re: Chili
A ma connaissance, le MIR, qui a été décimé sous la dictature, est minuscule, à moins qu'il se soit regonflé ces dernières années, ce dont je doute. Le PC chilien reste beaucoup plus influent, même s'il n'est plus ce qu'il était sous Allende. Après le départ de Pinochet, les militants rescapés du MIR se sont divisés et un certain nombre se sont alliés à la coalition PS-démocratie chrétienne, aujourd'hui ils occupent des postes dans les ministères, les médias, un peu comme nombre de "soixante-huitards" reconvertis en France. Le phénomène est tout à fait comparable.tomaz a écrit: je suis tombé sur le site du MIR :MIR, étant tres nul en langue hispanique et en partis politiques chilien, j'aimerai connaitre l'influence du Mir, son orientation, et celles des autres de gauche socialiste ....il y a un pc, je sais,comme le notre ?
j'avoue que le drapeau noir et rouge, je trouve ça beau
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Chili
merci Vérié,
d'apres wikipedia, en 2003 le MIR s'est allié avec le pc, le parti humaniste et d'autres dans une coalition nommée Podemos. Un front de gauche antibéral, a vue de nez, je ne sais pas si le MIR en fait toujours parti.
d'apres wikipedia, en 2003 le MIR s'est allié avec le pc, le parti humaniste et d'autres dans une coalition nommée Podemos. Un front de gauche antibéral, a vue de nez, je ne sais pas si le MIR en fait toujours parti.
tomaz- Messages : 302
Date d'inscription : 09/07/2010
Localisation : zonvier
Re: Chili
Selon Camilla Vallejo, dirigeante de la Fédération des étudiants chiliens, dans un interview au Guardian, 117 étudiants ont été victimes de brutalités et même de tortures à l'occasion de la répression des mouvements récents par les carabiniers (police).
Source El Mercurio, quotidien de droite qui reproduit pourtant ces accusations.
Il faut rappeler que, contrairement à ce qui s'est passé en Argentine après la chute de la dictature, au Chili, les assassins et tortionnaires n'ont pratiquement pas été sanctionnés, à quelques exceptions près, et que nombre d'entre eux ont conservé leur poste et même obtenu des promotions dans l'armée et la police...
Source El Mercurio, quotidien de droite qui reproduit pourtant ces accusations.
Il faut rappeler que, contrairement à ce qui s'est passé en Argentine après la chute de la dictature, au Chili, les assassins et tortionnaires n'ont pratiquement pas été sanctionnés, à quelques exceptions près, et que nombre d'entre eux ont conservé leur poste et même obtenu des promotions dans l'armée et la police...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Chili
Au secours, Pinochet revient !
Le gouvernement veut faire passer une loi dite de "sécurité publique" qui prévoit une peine de 540 jours à 3 ans de prison pour toute participation à une occupation de bâtiment publique ou même un blocage de la circulation dans une rue. Ce projet a suscité de nombreuses manifs étudiantes récemment, dont certaines ont tourné à la bagarre avec les carabiniers. 22 étudiants ont été arrêtés ces jours-ci...
Le gouvernement veut faire passer une loi dite de "sécurité publique" qui prévoit une peine de 540 jours à 3 ans de prison pour toute participation à une occupation de bâtiment publique ou même un blocage de la circulation dans une rue. Ce projet a suscité de nombreuses manifs étudiantes récemment, dont certaines ont tourné à la bagarre avec les carabiniers. 22 étudiants ont été arrêtés ces jours-ci...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Chili
Sauvage assassinat d'un jeune homosexuel
Un jeune homosexuel, Daniel Zamudo, 24 ans, est mort hier dans un hôpital de Santiago du Chili. Il avait été séquestré, battu à mort et sauvagement torturé pendant près de 6 heures par un groupe de néo nazis. Ils lui avaient notamment taillé des croix gammées sur le corps à coups de couteau.
Trois de ces fachos ont été arrêtés et ce crime a soulevé une émotion considérable dans le pays, au moment où viennent d'avoir lieu des manifs pour appuyer la présentation d'une loi anti discrimination au parlement. Ce qui suscite la hargne, non seulement des fascistes, mais des ultra conservateurs, de l'Eglise etc.
Source Clarin
Rectification Daniel Zamudo n'est pas mort : il a été placé sous respirateur artificiel. Mais les médecins estiment que son état est irréversible. (J'avais lu un peu vite... en espagnol.)
___
Les néonazis ont toujours été très présents au Chili, bien avant même la dictature de Pinochet que les groupes fascistes, tel Patrie et liberté, ont aidé à mettre en place. Et l'Amérique latine reste globalement très homophobe, bien qu'une loi autorisant le mariage homosexuel ait été adoptée en Argentine. Au Chili, l'Eglise, très influente, est particulièrement réactionnaire sur tout ce qui touche à l'avortement, l'homosexualité et même le divorce qui n'a été autorisé légalement qu'en... 2004, malgré son opposition hystérique.
Un jeune homosexuel, Daniel Zamudo, 24 ans, est mort hier dans un hôpital de Santiago du Chili. Il avait été séquestré, battu à mort et sauvagement torturé pendant près de 6 heures par un groupe de néo nazis. Ils lui avaient notamment taillé des croix gammées sur le corps à coups de couteau.
Trois de ces fachos ont été arrêtés et ce crime a soulevé une émotion considérable dans le pays, au moment où viennent d'avoir lieu des manifs pour appuyer la présentation d'une loi anti discrimination au parlement. Ce qui suscite la hargne, non seulement des fascistes, mais des ultra conservateurs, de l'Eglise etc.
Source Clarin
Rectification Daniel Zamudo n'est pas mort : il a été placé sous respirateur artificiel. Mais les médecins estiment que son état est irréversible. (J'avais lu un peu vite... en espagnol.)
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Les néonazis ont toujours été très présents au Chili, bien avant même la dictature de Pinochet que les groupes fascistes, tel Patrie et liberté, ont aidé à mettre en place. Et l'Amérique latine reste globalement très homophobe, bien qu'une loi autorisant le mariage homosexuel ait été adoptée en Argentine. Au Chili, l'Eglise, très influente, est particulièrement réactionnaire sur tout ce qui touche à l'avortement, l'homosexualité et même le divorce qui n'a été autorisé légalement qu'en... 2004, malgré son opposition hystérique.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Chili
Daniel Zamudo est mort. Des milliers d'habitants de Santiago ont assisté à ses funérailles. A cette occasion, le président du Mouvement de libération des homosexuels a revendiqué, non seulement une loi anti discrimination mais le droit au mariage civil. Il a aussi violemment attaqué l'Eglise, en soulignant notamment que l'archevèque de Santiago n'a pas dit un mot à propos de l'assassinat de Daniel Zamudo, ni même de compassion pour ses proches, alors qu'il avait publiquement défendu un prêtre pédophile violeur, demandé l'indulgence pour ce prêtre et avait été lui rendre visite en prison...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Chili
Grosses manifs de jeunes au Chili agressées par la police du régime
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
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