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Lutte écologiste et luttes des classes

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Lutte écologiste et luttes des classes  Empty Lutte écologiste et luttes des classes

Message  gérard menvussa Lun 23 Juin - 19:44

L'écologie, ce n'est pas qu'une question de bobos consommant du bio. Ca peut être un enjeu important de la lutte de classe, dans la tradition de marx et d'engels ! A lire, un article passionnant de "contretemps" http://www.contretemps.eu/interventions/travailleurs-écologistes-tous-pays-unissez-vous


Travailleurs et écologistes de tous les pays, unissez-vous !

Les conflits sociaux et écologistes de la ville de Tarente (Italie) ont mis en lumière des tentatives pour dépasser les contradictions produites par le capitalisme entre besoins sociaux et environnementaux. Ils renouent ainsi avec des expériences plus anciennes qui ont su déjouer les apories de la majorité du mouvement ouvrier qui a souvent peiné à articuler ces deux dimensions. Ils dessinent également des enjeux plus généraux quant à la reformulation d’un projet d’émancipation sociale.

Stefania Barca est historienne de l'environnement au Center for Social Studies de l'Université de Coimbra, au Portugal. Elle a notamment publié de nombreuses recherches sur l'histoire des communs et sur l'environnementalisme du travail. Cet article a été publié initialement le 3 juin 2014 par Roar Magazine sous le titre « Workers and environmentalists of the world, unite! » [3].



Le conflit entre le travail et l'environnement est une construction du néolibéralisme. Nous devons désormais réunir des coalitions inclusives qui soient en mesure de transformer le système de production en profondeur.

De nos jours, le phénomène paraît si familier qu'il en est presque devenu naturel : l'exclusion réciproque et l'opposition apparente des revendications portées dans les programmes du mouvement ouvrier et du mouvement écologiste. Pourtant, cette division artificielle n'est pas autre chose qu'une stratégie décisive du néolibéralisme pour diviser deux des plus puissants mouvements de l'ère industrielle, dont l'alliance pourrait générer une liaison dangereuse en capacité d'incriminer l'essence même de « l'engrenage de production »1 capitaliste. Il est donc essentiel que les organisations syndicales et écologistes acquièrent une perspective historique sur l'origine de leur actuelle relation conflictuelle et qu'elles prennent conscience du potentiel révolutionnaire d'un projet politique commun.

Un lieu où ce potentiel a été mis en lumière au cours des dernières années est la ville italienne de Tarente (Apulie), où de nombreuses associations de résidents et des « comités » ont émergé en réponse à l'une des plus graves crises en matière d'environnement, de santé publique et de santé au travail de la dernière décennie. Ces organisations et comités ont commencé à mobiliser différentes ressources et formes d'action – du cyber-activisme2 et de la réalisation de films3 jusqu'à la manifestation de rue4 et la réalisation de campagnes publiques5 – pour combattre le chantage à l'emploi mené par l'employeur local. Lors des dernières manifestations du 1er Mai, ils sont parvenus à rassembler plus de 100 000 personnes pour un concert auto-organisé et auto-financé, tenu en concurrence assumée avec le rassemblement traditionnel organisé à Rome par les confédérations syndicales et la RAI, la télévision publique italienne.



Libérez Tarente !

Dans la mesure où elle est l'une des plus grandes et plus vieilles usines métallurgiques d'Europe – elle appartenait à l'ancienne entreprise nationalisée ILVA (désormais détenue par la famille Riva) – qu’elle comptait environ 20 000 employés en 2012, l'usine de Tarente fut l'objet d'une médiatisation nationale dès 2011. Une décision de justice avait reconnu l'entreprise coupable d'une scandaleuse violation des régulations environnementales et ordonné sa fermeture immédiate jusqu'à la réalisation d'une rénovation technique approfondie et la mise en place d'un plan de réhabilitation environnementale des espaces dégradés.

La réponse de l'entreprise fut une arrogante réaffirmation de l'incompatibilité entre la régulation environnementale et ses projets économiques, réactivant ainsi la stratégie du chantage à l'emploi qui a traditionnellement fonctionné comme un moyen structurel pour interrompre toute action contre les intérêts industriels. La direction poussa le vice à organiser activement des manifestations ouvrières contre la décision de justice, obtenant une large et complaisante couverture médiatique, en vue de convaincre l'opinion publique qu'il existait une opposition réelle dans la ville de Tarente – où ILVA est de loin le premier employeur – aux charges du procureur et aux associations environnementalistes locales.

Tarente n'est qu'un exemple frappant de la façon dont la population doit supporter l'insupportable contradiction de ce que Allan Schnaiberg a qualifié « d'engrenage de la production » (et de la consommation et des déchets) : la contradiction entre la production et la reproduction. On peut la représenter métaphoriquement sous les traits d'un monstre, d'une Hydre avec de nombreuses têtes : maladies professionnelles, accidents du travail, contamination environnementale et écocide, désastres sur la santé publique, anéantissement des possibilités d'une économie locale alternative ou autonome, et ainsi de suite. Au cours des cinquante dernières années, ce monstre a provoqué une insupportable aggravation des cancers,6 malformations et autres troubles sanitaires dans la baie de Tarente, un phénomène qui fut rendu d'autant plus insupportable par la faiblesse des infrastructures publiques de santé et par la carence de services médicaux adaptés. Comme les extra-terrestres d'un film de science-fiction, l'Hydre s'est désormais infiltrée dans l'espace local comme dans les corps des personnes, en prenant possession d'eux.

À bien des égards, le concert du 1er Mai à Tarente était une manifestation de mécontentement face à ce que les organisateurs (et beaucoup d'habitants de la ville) percevaient comme la politique des principales organisations syndicales en matière d'écologie : 1) elles sont vues comme largement complaisantes face au chantage à l'emploi mené par les entreprises ; 2) elles seraient insensibles aux menaces sur la santé publique qui accompagnent la contamination de l'environnement ; et 3) elles s'opposent souvent durement aux mobilisations environnementales de base, à l'échelle locale.

Toutefois, la vérité est qu'il est impossible de séparer ou d'aliéner la vie par rapport au travail – contrairement à ce que l'économie et la société industrielle ont essayé de faire depuis si longtemps. Un autre type d'économie doit être construit : une économie qui fasse fonctionner une activité humaine soutenable pour la vie, et dont tous les membres d'une communauté puissent partager les différentes formes à travers l'espace (la ville, la mer, l'arrière-pays rural et l'écosystème local), et même entre les espèces, dans le respect du travail quotidien accompli par la nature non-humaine pour soutenir la vie dans l'environnement local.

Un autre type d'économie est indéniablement nécessaire et urgent. Toute la rage, la frustration, la douleur et le conflit que les communautés ouvrières des villes industrielles ont incorporés dans leurs vies doivent mener vers un nouvel horizon de lutte, un nouveau et plus beau rêve que ceux façonnés aussi bien par le marché et l’État néolibéral que par les syndicats et les partis qui leurs sont liés. Ce rêve pourra finalement libérer la population locale de la contradiction insupportable de « l'engrenage de la production », comme de la créature qui sommeille en lui. Le slogan Taranto libera ! (« Libérez Tarente ! ») qui fut incessamment scandé pendant le concert, témoigne de cette aspiration.



Instruments de libération

Pour qu'un autre monde devienne possible, il doit être imaginé d'abord, non pas seulement par des individus ou des groupes militants, mais aussi sur le plan politique. Imaginer un nouveau monde devient crucial pour une lutte, afin de ne pas se renfermer sur elle-même et reproduire ainsi les contradictions de l'ancien monde, mais surtout pour être constructive et devenir une source d'espoir. La mémoire politique devient alors essentielle, puisqu'elle constitue un lieu de production d'un savoir militant qui s'implique dans la transformation du monde et ouvre la voie à de nouvelles possibilités de politisation. En prenant conscience de ce qui a déjà été réalisé lors d'autres luttes et mouvements, au passé comme au présent, aussi bien dans nos communautés qu'ailleurs, nous pourrons immédiatement disposer d'une perception plus claire des possibilités de réaliser non plus un seul autre monde, mais beaucoup d'autres mondes.

Observer l'accomplissement de ces possibles, en examinant leurs rêves et leurs défis, leurs victoires comme leurs contradictions, nous aidera à concevoir nos propres possibilités ici et maintenant et à mieux organiser nos propres luttes. C'est la contribution que cet article espère apporter à tous ceux qui luttent pour se libérer du carcan du chantage à l'emploi. Dans les lignes suivantes, je vais « déterrer » quelques histoires, avec l'espoir qu'elles puissent devenir des haches de guerre (au sens figuré), telles que l'entendait le collectif d'écrivains Wu Ming : des instruments de libération qui agissent sur l'imagination politique.

Les coalitions de salariés et d'environnementalistes fondées sur des déclarations communes en vue de luttes syndicales et politiques ne sont pas rares dans l'histoire du monde de l'après-guerre. Quand les routiers et les militants écologistes ont défilé ensemble dans les rues de Seattle pendant le contre-sommet de l'OMC en 1999 sous la bannière « Teamsters and Turtles »,7 cela ne constituait pas une nouveauté mais reflétait simplement une résurgence d'une stratégie politique qui avait déjà été expérimentée avec succès pendant l'ère fordiste, menant à d'importantes réformes des lois en matière de santé au travail, de santé publique et de protection de l'environnement. Ce fut la collaboration active entre le mouvement syndical, écologiste, étudiant et féministe qui permit l'adoption du Clean Air and Clean Water Acts8 (1972) aux États-Unis, fortement appuyé par la plus puissante confédération syndicale de l'époque, Oil Chemical and Atomic Workers9 (OCAW).

En Italie, la fondation même du Système Public de Santé (Sistema Sanitario Nazionale) en 1978 fut le résultat d'une décennie de luttes intenses et de deux grèves générales, soutenues par ceux qui furent connus sous le nom de « Club environnemental » à l'intérieur des confédérations syndicales : une coalition de médecins du travail, de sociologues et de responsables syndicaux qui avaient déjà été précédemment à l'origine d'un changement révolutionnaire dans la régulation de l'environnement de travail, en défendant le principe du contrôle direct des travailleurs (articles 4 et 9 du Statut des Travailleurs [italien], adopté en 1970).

D'autres exemples pertinents de coalitions stratégiques peuvent être identifiés dans des lieux et des secteurs économiques très différents, à commencer par la lutte victorieuse contre l'usage de pesticides, menée au milieu des années 1960 par le syndicat United Farm Workers constituée par les salariés latino-américains travaillant dans les vergers et vignobles de Californie, en vue d'obtenir des conditions de vie et de travail décentes, ainsi que la reconnaissance des droits syndicaux. Cette lutte se concentra sur les menaces sanitaires sérieuses que les produits chimiques faisaient peser non seulement sur les salariés agricoles et leurs familles, mais aussi sur les consommateurs américains et sur l'environnement dans son ensemble.

Toutefois, l'exemple qui est peut-être le plus frappant de l'environnementalisme des travailleurs survient au cœur de la forêt amazonienne du Brésil où, au milieu des années 1980, un syndicat de travailleurs de l'extraction de caoutchouc – les seringueiros10 – organisa victorieusement la défense de la forêt contre les attaques des puissantes compagnies forestières et les grands propriétaires, en défendant simultanément leur droit de vivre et de travailler dans la forêt, en formant des coopératives pour organiser la soutenabilité des activités extractives, tel que le caoutchouc, la collecte d'arachides ou la pêche. Malgré la violente opposition orchestrée par les puissants intérêts locaux, conduisant à de nombreux assassinats de syndicalistes et d'écologistes, la lutte des travailleurs du caoutchouc remporta un succès en obtenant la création de plusieurs « réserves extractives », où les sans-terres sont légalement reconnus et soutenus par l’État en tant que « propriétaires » légitimes et gardiens de la forêt.

Ce que ces histoires nous racontent, c'est bien qu'il est possible de construire des luttes sociales qui soient en même temps des luttes environnementales, et cela bien qu'elles émanent de l'expérience de la classe ouvrière et de sa vision de ce qu'est l'écologie.



Des fondements plus solides

Toutefois, le renouveau de l'alliance entre le mouvement ouvrier et écologiste doit se reconstruire sur des fondements plus solides que par le passé. L'idéologie de la croissance économique comme remède universel à tous les problèmes sociaux et comme seule voie vers le bien-être doit être minutieusement décortiquée et finalement abandonnée par le mouvement ouvrier, parce que l'injonction à la croissance constitue une puissante justification à l'indifférence et au mépris sans vergogne envers le bien-être de la population et des non-humains. La même opération s'applique à l'illusion d'un verdissement de l'économie (c'est-à-dire, du capitalisme) par les technologies éco-efficientes et les mécanismes du marché ; cette illusion est reproduite par de larges fractions du mouvement syndical et du mouvement écologiste, avec le soutien des gouvernements et des institutions financières.

Le processus de désindustrialisation dans les pays « développés » au cours des vingt dernières années démontre à quel point le verdissement de l'économie a simplement conduit à la délocalisation des risques industriels et leurs cortèges de morts vers les pays moins développés, agissant au travers de la féroce logique du régime de « double standard », par lequel les multinationales peuvent évacuer à l'étranger les productions et technologies qui sont interdites ou fortement régulées dans leurs pays d'origine. Le même mécanisme rend les communautés ouvrières des pays du Nord toujours plus vulnérables au chantage à l'emploi, sous la menace d'une délocalisation des activités industrielles.

De plus, nombre des actuelles technologies dites « vertes » ont en fait un impact très négatif sur l'environnement, sur les conditions de travail et plus largement sur la santé publique, en particulier lorsqu'elles sont réalisées à une vaste échelle – ce fait a été mis en lumière lors de luttes à la base (et grâce à la recherche engagée) contre quelques projets de cette « économie verte » au cours de la dernière décennie. Par exemple, les parcs éoliens ont suscité de fortes oppositions des communautés locales en Grèce et en Espagne, à cause de leur impact sur de vastes zones rurales, altérant les climats et les paysages locaux, tout en conditionnant les possibilités d’utilisation des terres.

Encore plus lourd est l'impact des grandes centrales solaires sur le sol, le climat local et les écosystèmes – qui est aussi un objet de contestation puisqu'elles causent de sérieux risques professionnels. Néanmoins, l'exemple le plus frappant est celui du commerce des biocarburants au Brésil (et à travers l'Amérique latine), où la monoculture extensive de cannes à sucre a remplacé des millions d'hectares de forêt, et dont l’exploitation se réalise sous un régime de semi-esclavage puisque le travail se déroule dans des conditions dures et comportant des risques sanitaires.

De toute évidence, il ne s'agit pas de rejeter cyniquement ces productions énergétiques alternatives comme si elles constituaient des menaces équivalentes sur l'environnement et la santé publique. Il ne fait aucun doute que les sources d'énergies renouvelables et non-fossiles doivent être développées car elles sont la seule issue possible à la crise climatique actuelle. Toutefois, le problème fondamental réside dans la dimension et dans l'échelle : les énergies alternatives peuvent et doivent être réalisées à une échelle modeste, en visant un approvisionnement autonome et décentralisé des foyers et des communautés locales. Les technologies des énergies renouvelables ne peuvent être vraiment soutenables qu'à condition d'être établies à cette échelle décentralisée et contrôlée localement, bien que ce niveau ne soit pas celui où se réalisent d'énormes concentrations de profits (et de pouvoir politique). Cela implique néanmoins une profonde transformation, non seulement de la structure et de la vie urbaine, mais aussi de l'organisation sociale du travail.

Rompre avec les multiples crises qui affectent le monde aujourd'hui – aussi bien dans le domaine de l'économie et du travail que dans le domaine de l'écologie et de la santé publique – ne requiert pas moins que d'abandonner complètement « l'engrenage de la production », incluant les politiques, l'économie et l'idéologie de la croissance illimitée. Cela implique une révolution écologique telle que l'a théorisée Carolyn Merchant : un changement complet de l'organisation sociale de la production, de la reproduction et de la conscience. Une autre manière de travailler et de vivre, de produire et de distribuer la richesse, ancrée dans un travail désaliéné, respectueux de la vie et de la communauté, doit constituer le programme politique sur lequel fonder ces nouvelles alliances. Travailleurs et écologistes de tous les pays, unissez-vous !



Traduit par Renaud Bécot.

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1. Note de traduction: le terme d'engrenage de la production (« treadmill of production ») renvoie à Allan Schnaiberg, The Environment: From Surplus to Scarcity, New York, Oxford University Press, 1980.
2. http://comitatopertaranto.blogspot.it/
3. http://www.buongiornotaranto.it/web/
4. http://www.tarantosociale.org/tarantosociale/a/39909.html
5. http://liberiepensanti.altervista.org/index.php/campagna-r-s-t.html
6. http://www.salute.gov.it/imgs/C_17_pubblicazioni_1833_allegato.pdf
7. http://articles.latimes.com/1999/dec/02/local/me-39707
8. Note de traduction. Réforme de la loi américaine en matière de régulation environnementale.
9. Note de traduction. Fédération membre de l'AFL-CIO, rassemblant notamment les salariés des industries chimiques, pétrolières et quelques secteurs des industries de l'énergie (dont le nucléaire).
10. http://www.culturalsurvival.org/publications/cultural-survival-quarterly/brazil/seringueiros-defend-rainforest-amazonia

date:
23/06/2014 - 09:57
Stefania Barca [4]
Source URL: http://www.contretemps.eu/interventions/travailleurs-%C3%A9cologistes-tous-pays-unissez-vous%C2%A0

Links:
[1] http://www.contretemps.eu/interventions
[2] http://www.contretemps.eu/interventions/travailleurs-%C3%A9cologistes-tous-pays-unissez-vous%C2%A0
[3] http://roarmag.org/2014/06/labor-environmental-movements-coalition/
[4] http://www.contretemps.eu/auteurs/stefania-barca
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Message  Roseau Mar 26 Aoû - 10:44

En France, une piètre qualité de vie environnementale
http://tre.emv3.com/HS?a=ENX7CkRXHB4c8SA9MOA_1LvnGHxKVJd0wvcStGb5lw8W0bBhOG5mpqVsje_HheCP6lMQ
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Lutte écologiste et luttes des classes  Empty La survie de l'espèce devenue une lutte sociale

Message  Roseau Mar 30 Sep - 19:25

Yves Dachy*

Un point de vue sur notre destinée collective

1. Des violences de la nature et de la chance

2. Écologie et politique

3. Difficile chez les anticapitalistes ?

« Il faut d’emblée poser la question : que voulons-nous ? Un capitalisme qui s’accommode des contraintes écologiques ou une révolution économique, sociale et culturelle qui abolit les contraintes du capitalisme et instaure un nouveau rapport des hommes à la collectivité, à leur environnement et à la nature ? Il vaut mieux tenter de définir, dès le départ, pour quoi on lutte et pas seulement contre quoi. »
André Gorz, Leur écologie et la nôtre. Mars 1974.

http://ks3260355.kimsufi.com/inprecor/article-inprecor?id=1653
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Message  Rougevert Mar 30 Sep - 19:49

Roseau a écrit:

3. Difficile chez les anticapitalistes ?
Oh que oui!
Roseau a écrit:
« Il faut d’emblée poser la question : que voulons-nous ? Un capitalisme qui s’accommode des contraintes écologiques ou une révolution économique, sociale et culturelle qui abolit les contraintes du capitalisme et instaure un nouveau rapport des hommes à la collectivité, à leur environnement et à la nature ? Il vaut mieux tenter de définir, dès le départ, pour quoi on lutte et pas seulement contre quoi. »
André Gorz, Leur écologie et la nôtre. Mars 1974.

http://ks3260355.kimsufi.com/inprecor/article-inprecor?id=1653
Bien entendu.
Mais dans la pratique ?
Je veux dire: les tâches actuelles...
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Message  Prado Sam 1 Nov - 7:58

CGT Ford Blanquefort – écolos : ce qu'ils ont à se dire



Xavier Ridon de Rue89 interroge Philippe Poutou, Gilles Lambersend et Pascal Bourgeois

sur le site:  http://www.npa32.fr/spip/spip.php?article967
dimanche 12 octobre 2014

Débuté ce vendredi, Alternatiba entame deux jours de débats place Sainte-Croix à Bordeaux. Rue89 Bordeaux en a profité pour organiser une rencontre atypique. D’un côté, les syndicalistes CGT, Philippe Poutou et Gilles Lambersend. De l’autre, Pascal Bourgois, porte-parole en Aquitaine d’Europe-Écologie Les-Verts et membre de Gironde en Transition, venu à titre personnel. Une discussion rouge et verte à l’image d’une gauche qui cherche à se remodeler.

Rue89Bordeaux : Le préfet est persuadé que les usines de Ford vont se développer, comment réagissez-vous ?
Philippe Poutou : Il y a bien une nouvelle boite de vitesse qui va arriver à Getrag mais que cela justifie une nouvelle aide de 8 millions d’euros, c’est inadmissible. Il y a deux mois, Ford a déchiré le contrat assurant les mille emplois, mais les millions d’euros (de subventions) continuent d’arriver. Les pouvoirs publics n’ont rien dit. Désormais le préfet dit qu’il donne 8 millions d’euros, c’est jouer avec l’argent public. Que ce soit Ford ou Getrag, ce sont en plus deux multinationales qui se portent très bien !

Gilles Lambersend : On reste dans l’incertitude par rapport aux emplois. On a une grosse crainte de désengagement de Ford à moyen terme.
Comme analyser cette annonce du côté d’Europe-Écologie Les-Verts et de Gironde en Transition ?
Pascal Bourgois : Il y a le problème social à court terme, de gens qui bossent et qui risquent de se retrouver au chômage. On est là confronté à un problème humain qui ne peut qu’interpeller. En même temps, de mon point de vue, cette situation est révélatrice de l’effondrement du système socio-économique. Ce système inventé après-guerre arrive à ses limites. Que ce soit Ford ou les multiples licenciements, c’est révélateur d’un système où les milliers d’objets sont fabriqués à moindre coût de l’autre côté de la planète. J’ai entendu que 190 millions d’enfants travaillent sur la planète. Ils le font pour maintenir notre niveau de vie.

Plus spécifiquement, sur l’automobile, la question de sa place dans notre société se pose. On peut légitimement s’interroger sur sa réduction, notamment en ville. Ça demande de se poser la question du transport en commun et pourquoi pas reconvertir Ford en usine de production de bus ou de train, des moyens de transports moins polluants, ou encore d’éoliennes…

GL : L’éolien, ça nous rappelle de mauvais souvenirs, quand Ford a voulu vendre son usine à un entrepreneur qui devait nous faire fabriquer des couronnes d’éoliennes. Mais ce repreneur était bidon. Les banquiers n’ont pas voulu suivre le projet. Avec notre bataille, on a imposé à Ford de racheter l’usine. Mais les projets éoliens, ça n’aboutit pas pour nous… En revanche, le parc automobile demande peut-être à être renouveler et s’orienter vers des véhicules hybrides, électriques.

PB : Il n’y a pas de voitures écologiques. Ça n’existe pas. Il faut beaucoup d’énergie pour produire une voiture, qu’elle soit électrique ou pas. N’imaginons pas qu’on puisse remplacer les voitures thermiques par de l’électrique, ça ne fonctionnera pas.

PP : Moi je suis pour le transport collectif et stopper le tout-voiture, le tout-camion. Ça veut dire discuter reconversion et des besoins. C’est là qu’on se heurte aux multinationales. Ford n’acceptera pas de fabriquer autre chose du jour au lendemain. Ce qui nous manque ce sont les lieux pour discuter de tout ça. Ces débats-là nous concernent : ce que l’on produit, pourquoi, comment. Mais les seuls débats entre salariés, c’est comment on se défend. Et on n’a pas le temps dans les réunions syndicales de discuter de ça.

Si on peut se débarrasser des bagnoles, allons-y ! On est des métallos. On travaille dans le métal. On fait de l’assemblage. Si ce n’est pas des bagnoles, il n’y a pas de soucis pour faire des bus électriques, des trains. Nous, ouvriers, on nous présente comme des anti-écolos car on bosse dans l’auto. C’est notre boulot, mais est-ce qu’on peut s’ouvrir à ces discussions ? Il n’y a rien de fait pour, mais on est d’accord !
On vous l’a aussi fait remarqué quand vous étiez candidat NPA à la présidentielle en 2012 ?
PP : C’était marquant ! Quand des sympathisants ont vu que j’étais ouvrier de l’automobile, j’ai pu être caricaturé comme un militant de base qui gueule et en plus qui n’était pas écolo. Mais on n’a pas tous que deux neurones. C’est comme l’ouvrier de l’armement. Il peut y avoir des débats houleux entre les décroissants ou les écolos et celui qui fabrique de la poudre. Ce n’est pas simple, mais il faut en discuter !

Dans le même temps, Europe-Écologie Les-Verts n’est-il pas trop loin du milieu ouvrier ?
PB : Le parti a la particularité d’avoir surtout des militants en Bac+5, des profs. Ce n’est pas une critique, mais une réalité. Il est vrai qu’il manque des représentants des minorités visibles et des représentants de classes populaires. Mais en analysant les votes, il y a un vote écologiste dans les quartiers défavorisés. Il y a des ouvriers qui votent écologistes et heureusement. Mais un des problèmes des partis, c’est que l’action est focalisée sur l’élection. Il n’y a finalement pas de débats de fonds sur ces questions.

En juin dernier, le porte-parole de Ford Aquitaine Industries dit qu’il est « hors de question de produire pour produire », vous auriez pu vous en saisir pour porter vos idées anti-productivistes ?
PB : C’est sûr. « Produire pour produire » réduit les disponibilités de ressources naturelles. Or il faut économiser les ressources. C’est donc une aberration.

GL : Le porte-parole répondait surtout à nos demandes de productions supplémentaires. Mais aujourd’hui, une usine en Chine produit un million de boites de vitesse. Et la même boite, chez nous, à Blanquefort, on en produit que 80 000. Ils préfèrent juste « produire pour produire » en Chine.

PP : Le dirigeant de Ford n’a pas dit une phrase philosophique mais polémique. Quand on a gagné notre bataille contre la fermeture, Ford a repiqué des bouts de production pour les faire en Gironde. De ce que l’on sait, ce bout de production chinoise devrait repartir là-bas. C’est du bricolage.

Sur le productivisme, on n’arrivera pas à en débattre avec les dirigeants de Ford. On a besoin d’en parler mais le syndicalisme ne le permet pas. Y compris la CGT ! On a tous les moyens pourtant, mais même une bonne part de la CGT ne défend pas d’idées progressistes. Pourtant, beaucoup de militants ne sont pas d’accord avec ça, sauf qu’on est tous dans ces situations de crise où ça licencie partout. Alors on se demande juste comment on se défend. On n’a pas le temps de débattre de questions collectives, de démocratie, d’autogestion. L’ordre de nos réunions ce sont les tracts à faire, le prochain comité d’entreprise, le collègue qui souffre… On n’a plus les moyens de s’aérer le cerveau pour réfléchir à autre chose…

PB : Je pense que ça passera par des moments comme Alternatiba. Je participe samedi matin à un débat avec une syndicaliste de Solidaires. C’est le début de quelque chose. Il faut espérer organiser une suite. Ce sera l’enjeu des prochaines semaines, des prochains mois pour parler du fond, du moyen et du long terme. Il faut réfléchir au-delà du court terme : critiquer toute la semaine les multinationales et remplir son chariot le week-end avec les produits des mêmes multinationales. Ce n’est pas simple de changer ses habitudes de consommations, mais il y a les AMAP avec ses produits locaux et bios. Il n’y aura pas de loi miracle venant du haut, pas de sauveur bienveillant. Les solutions reposent sur chacun d’entre nous pour inventer un nouveau modèle de société.

GL : Mais ça demande de l’énergie. On est ouvrier Ford. On travaille pendant 8 heures sur une machine. Et puis, il y a ce combat pour une société meilleure. Ça fait deux boulots ! Concernant les habitudes alimentaires, le pouvoir d’achat fait qu’on va au moins cher aussi. L’AMAP c’est bien mais on n’a pas le temps de fouiller ces possibilités…

PB : Le panier d’AMAP pour moi c’est 16 euros. Face à une pizza à dix euros, ce n’est pas si cher. Mais c’est vrai que c’est culturel. Quand on est débordé dans un couple, on achète des produits préparés, car les légumes demandent du temps et après le boulot ou avoir géré ses gamins, on n’a plus le temps pour le faire. Mais le changement de société, on va l’avoir. Soit on laisse faire et ce sera le pire, soit on sera actif pour avoir un système acceptable où chacun a sa place et une vie correcte.

PP : Comment on arrive à retrouver l’espoir, à se dégager de la propagande énorme, des experts qui savent mieux que nous, des guerres de boutiques syndicales ? On est englué. Les barrières ne sont pas si fortes. A travers, les intermittents, les chômeurs, les membres d’ATTAC, on se rend compte qu’il y a moyen de militer ensemble. La crise peut déboucher sur des choses bénéfiques.

Et vous vous sentiriez légitimes lors d’un moment comme Alternatiba ?
PP : Bien sûr, toutes ces discussions, on en a besoin !

GL : La CGT Ford, depuis le début, cherche la convergence.

À Amiens, un tract s’adressant aux ouvriers de Goodyear annonçait comme « une bonne nouvelle qu’il faille moins d’hommes ou moins d’heures pour produire autant et que la consommation baisse ». Ecrit par la revue Fakir, le tract proposait que les ouvriers travaillent deux ou trois heures de moins ou que s’arrête le travail de nuit. La CGT Ford pourrait reprendre ces mots d’ordre ?

PP : Bien sûr ! Mais c’est plus facile de l’écrire à l’extérieur d’une usine. Nous, produire plus de bagnoles, on s’en fout. On veut juste garder notre boulot. C’est une question de partage du travail, du partage de richesse. Mais on en revient à l’urgence et c’est difficile de discuter de ça. Le pire, c’est que ce n’est même plus à la mode comme discussion à cause des dires des dirigeants. Des ouvriers sont persuadés qu’il faut travailler plus ! Même un responsable CGT comme (Thierry) Lepaon ne nous aide pas à penser autrement…

GL : Ce que je me demande c’est quel niveau de profit doit avoir une entreprise pour arrêter ce massacre. La santé financière de Ford est énorme mais l’entreprise demande encore des sacrifices. Elle n’en a jamais assez !

PP : Jamais un patron n’a dit « Là c’est bon ! On vous augmente ! On baisse le temps de travail ! On peut même assouplir le temps de travail et arrêter les nuits ! » Que ce soit la crise ou pas, que les marchés soient en baisse ou en hausse, ce sont toujours les mêmes discours. Ça s’aggrave juste, mais ce sont les mêmes !
GL : On sait qu’il y a de l’argent mais ça ne nous revient jamais…

Vous ressentez la résignation à Ford Blanquefort ?
GL : C’est une délégation de pouvoir : « Défendez-vous ! Débrouillez-vous ! » Aux dernières élections en mars dernier, la CGT a recueilli plus de 61 % des voix.

PP : Aussi bien que Alain Juppé aux municipales… (rires)

GL : Mais pour autant au Salon de l’auto, sur cent personnes, il y a cinquante collègues. Ils ont voté pour nous, mais pour changer les choses, on ne sera qu’une poignée…

PP : On voit qu’il y a de la résignation. Depuis qu’on est tout petit où on nous dit qu’il y a les experts, ceux qui doivent penser la société. Nous, on est ouvrier, des manuels donc penser ni notre travail ni notre société. Alors on résonne comme des opprimés. On adopte ça. On se tait. Prendre la parole, ce n’est pas fait pour nous. Des ouvriers, des arabes, des noirs, il n’y en a pas à la télé. C’est normal ! En plus de ça, il y a le mépris social comme quand (Emmanuel) Macron parle des illettrés.

PB : Aujourd’hui, la logique est défensive. Il faut des combats défensifs comme celui que vous menez, comme celui à Notre-Dame-Des-Landes… Des combats qui freinent la méga-machine. Il ne reste plus qu’à réfléchir à quel modèle on veut mettre en place sinon on est condamné à l’échec. Il y a une formule qui dit : « Pour un navire qui ne connait pas son port, il n’y a pas de vent favorable ». C’est ce à quoi on est confronté : on ne sait pas vers quelle direction aller.

Prendre la parole ou faire des pas de côtés, on le voit plus chez les écologistes ?
PB : Il y a pleins de projets collectifs qui grouillent de partout. Il y a une révolution invisible. Edgar Morin évoque les taupes aveugles de l’histoire qui labourent le sol sous nos pieds. Le sol qu’on croit stable va s’effondrer. Je connais beaucoup de jeunes qui sont Bac+5 et qui quittent le rail. Ils passent des CAP de menuisier, de boulanger, de maraichers. Ils ne veulent plus passer leur temps devant le clavier. Même si ça reste la petite bourgeoisie. Il faut retrouver de l’autonomie et trouver des solutions soi-même à ses problèmes. Il y a des choses à inventer.

PP : Il faut qu’on arrive à attiser tout ça ! Les aspirations fraternelles existent !

GL : J’en reviens aux 8 heures de machine. Il faudra de l’énergie !

Prado

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