Mort de Nelson Mandela
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Mort de Nelson Mandela
Nelson Mandela est mort aujourd'hui
un premier bilan était paru il y a quelques mois sur le journal du npa :
un premier bilan était paru il y a quelques mois sur le journal du npa :
Mandela : un héritage et des contradictions
Samedi 13 juillet 2013
Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 203 (11/07/13)
Bien des choses seront dites ou écrites sur l’héritage de Mandela. Et nous ferons de notre mieux pour lui rendre justice. Le plus dur sera d'aller au-delà du mythe et de saisir précisément la nature contradictoire de cet héritage car on ne peut mettre à l’actif des seuls Zuma ou Mbeki [les successeurs de Mandela à la tête du pays] les problèmes rencontrés par l’Afrique du Sud aujourd’hui.
Sans conteste, son plus grand acquis est le règlement négocié qui a permis l’existence d’une Afrique du Sud démocratique fondée sur le principe d’« une personne = une voix ». Comme l'a expliqué l’un de ses co-détenus de Robben Island, « son but a toujours été la dé-racialisation de la société sud-africaine et la création d'une démocratie libérale ».
Contradictions et divisions
C’est pourtant le compromis de la réconciliation qui est en train de se désagréger. Selon les propres mots de Thabo Mbeki, « les inégalités sociales ont entériné l’existence de deux nations en un seul pays : l'une blanche et relativement prospère, la deuxième noire et pauvre ».
Le bilan de Mandela ne peut occulter le fait que le pays est plus divisé que jamais. La nature même de la réconciliation rendait impossible toute véritable redistribution des richesses et se fit aux dépends de la vaste majorité de la population noire.
Cette politique signifiait l'abandon de la politique de l’ANC enracinée dans la Charte de la Liberté (1) dont Mandela disait en 1959 qu’« il est vrai qu’en demandant la nationalisation des banques, des mines d’or et de la terre, la Charte porte un coup fatal aux monopoles financiers et miniers et aux intérêts des fermiers qui pendant des siècles ont pillé ce pays et condamné son peuple à la servitude. Mais cela est impératif, car la réalisation de la Charte est inconcevable, en fait impossible si ces monopoles ne sont pas écrasés et si la richesse nationale n’est pas rendue au peuple. » Toutefois, il ajoutait : « Le démantèlement et la démocratisation de ces monopoles ouvriront la voie au développement d'une classe bourgeoise non-européenne prospère ». Cette contradiction fait partie intégrante de son héritage.
Réconciliation et adaptation
À sa sortie de prison, Mandela réitérait l'engagement de nationaliser. Mais les besoins de la réconciliation, tant avec le pouvoir blanc qu’avec le capitalisme mondial, dictèrent l’abandon de cette politique. Ses rencontres avec l'élite mondiale à Davos l'ont convaincu que des compromis avec les bailleurs de fonds étaient nécessaires. Ses rencontres avec des hommes d’affaires sud-africains renforcèrent sa conviction qu'il n'y avait pas d’alternative au capitalisme. En 1996, confronté à un effondrement financier, c’est bien volontiers qu’il adopta une politique néolibérale.
Pour Ronnie Kasrils, [un des membres de l’ANC], « C'est entre 1991 et 1996 que la bataille pour l'âme de l'ANC a été menée et perdue au profit du pouvoir et de l’influence des milieux d’affaires. Ce fut le tournant fatal. Ce fut notre moment faustien lorsque nous avons été pris au piège – certains clamant aujourd'hui que nous avons trahi notre peuple ».
Alors que nous poursuivons la tâche ardue d'unir notre peuple en une seule nation, le coût du compromis et de la politique de réconciliation pourrait bien revenir nous hanter. La renaissance et la reconnaissance croissante de l'autorité tribale sapent les bases de la démocratie et renforcent les divisions ethniques et tribales. Plutôt que d’en finir avec ces divisions, Mandela a utilisé tout le poids qu’il avait parmi les populations rurales pour donner une légitimité à ces structures largement discréditées.
Pour rendre justice à sa vie, à son dévouement et ses sacrifices pour l'égalité entre noirs et blancs, la lutte doit continuer. Cette lutte doit maintenant se focaliser sur l'élimination des inégalités sociales. Pour cela, nous aurons besoin de la grandeur et de la sagesse de nombreux Mandela. Nous aurons besoin d'une organisation dédiée à la mobilisation de tous les Sud-Africains, noirs et blancs, pour l’émancipation économique de ce pays. Nous aurons besoin d'un mouvement comme l'ANC de Mandela, un mouvement basé sur un leadership collectif avec les qualités combinées des grands noms qui ont mené notre lutte de libération nationale. Plus important encore, nous aurons besoin que le peuple prenne sa vie en main et devienne l’artisan de sa propre émancipation.
N'est-ce pas là ce pour quoi Nelson Mandela a vécu et combattu ?
Du Cap, Brian Ashley (2)
(traduit de l'anglais par Raymond Adams)
1- Charte de la liberté : déclaration de principes adoptée en 1955 par l'Alliance réunissant l’ANC, le PC sud-africain, le congrès des démocrates et leurs alliés.
2- Éditeur de la revue sud-africaine de gauche radicale Amandla !
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Mort de Nelson Mandela
Mandela nous a quitté
Vendredi 6 décembre 2013
Nelson Mandela n’est plus. Le NPA joint sa voix à celle de millions d’autres dans le monde rendant hommage à cet illustre disparu. Pour la grande majorité du peuple sud-africain et pour les progressistes du monde entier, il demeure le principal symbole de la lutte menée contre le régime criminel d’apartheid constitutionnel. Ce dernier a été imposé, pendant presque cinq décennies, par le capitalisme sud-africain blanc, aux populations noires, métisses et indiennes, avec la complicité des principales puissances impérialistes (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne). Son combat exemplaire n’a pu, hélas, aller jusqu’à remettre en cause l'orientation néolibérale du gouvernement sud-africain post-apartheid qui s’est développée pendant sa présidence. Le combat de sa vie ne sera achevé qu’avec la construction d’une société égalitaire débarrassée de l’exploitation capitaliste.
Montreuil, le 6 décembre 2013
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Mort de Nelson Mandela
Lutte ouvriére a écrit:Quand les représentants des grandes puissances rendent hommage à Mandela.
Après avoir été emprisonné pendant un quart de siècle pour avoir été un dirigeant de l’ANC et de la lutte des Noirs pauvres contre l’Apartheid, Nelson Mandela est mort. Il est encensé aujourd’hui par les représentants de pays qui n’avaient rien trouvé à redire à son emprisonnement, quand il croupissait dans les prisons d’Afrique du sud.
Devenu chef de l’État, il avait mis un terme à l’apartheid, tout en protégeant la frange de privilégiés noire ou blanche au nom de la « réconciliation ». C’est cela qui lui vaut aujourd’hui les hommages venus de toutes parts. L’élite privilégiée noire a pu accéder en partie à la mangeoire aux côtés de la minorité blanche, mais l’apartheid social lui n’a pas disparu. Les travailleurs Noirs continuent de subir des conditions de travail, de vie et de logement indignes.
Le combat des exploités contre tous leurs exploiteurs, noirs ou blancs, reste encore d’actualité en Afrique du sud.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Mort de Nelson Mandela
Salut camarades
Les qualités révolutionnaires qui ont fait de Nelson Mandela un combattant de la liberté exemplaire, mondialement respecté - son militantisme dans sa jeunesse, son sourire ardent, son regard hardi de volonté, et sa volonté de sacrifier sa vie pour ces idées - ces qualités sont aujourd'hui toutes présentes dans le prolétariat sud-africain.
Mais il faut en finir avec le capitalisme, aussi en Afrique du Sud ! Il faut chercher la voie de la lutte des classes aujourd'hui et encore. Le capitalisme en Afrique du Sud et à l'échelle mondiale est dans sa pire crise jamais connue. Il n'a rien à offrir ce capitalisme, à la classe ouvrière, sauf la pauvreté , la faim , la maladie... Aujourd'hui, la lutte pour la liberté et l'égalité réelle signifie la lutte pour le socialisme.
Il n'y a pas d'avenir non plus pour une réconciliation ou politique d'unité nationale avec la bourgeoisie en Afrique du sud ou ailleurs. Le présent et l'avenir seront déterminés par la lutte des classes. Mais pour les travailleurs sud - africains, il est d'abord nécessaire de construire une tendance marxiste forte à l'intérieur de toutes leurs organisations. C'est la tâche des communistes, des militants marxistes sur cette Terre, en Afrique du Sud aussi, pour changer le monde.
Fraternellement communiste,
GdM
Les qualités révolutionnaires qui ont fait de Nelson Mandela un combattant de la liberté exemplaire, mondialement respecté - son militantisme dans sa jeunesse, son sourire ardent, son regard hardi de volonté, et sa volonté de sacrifier sa vie pour ces idées - ces qualités sont aujourd'hui toutes présentes dans le prolétariat sud-africain.
Mais il faut en finir avec le capitalisme, aussi en Afrique du Sud ! Il faut chercher la voie de la lutte des classes aujourd'hui et encore. Le capitalisme en Afrique du Sud et à l'échelle mondiale est dans sa pire crise jamais connue. Il n'a rien à offrir ce capitalisme, à la classe ouvrière, sauf la pauvreté , la faim , la maladie... Aujourd'hui, la lutte pour la liberté et l'égalité réelle signifie la lutte pour le socialisme.
Il n'y a pas d'avenir non plus pour une réconciliation ou politique d'unité nationale avec la bourgeoisie en Afrique du sud ou ailleurs. Le présent et l'avenir seront déterminés par la lutte des classes. Mais pour les travailleurs sud - africains, il est d'abord nécessaire de construire une tendance marxiste forte à l'intérieur de toutes leurs organisations. C'est la tâche des communistes, des militants marxistes sur cette Terre, en Afrique du Sud aussi, pour changer le monde.
Fraternellement communiste,
GdM
Gayraud de Mazars- Messages : 545
Date d'inscription : 25/06/2010
Age : 57
Localisation : En Bourgogne
Mandela, Hollande, Netanyahou...Quel rapport ?
http://npaherault.blogspot.com/2013/12/mandela-hollande-netanyahouquel-rapport.html#more
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Hollande invite Sarko pour honorer Mandela
http://www.lefigaro.fr/politique/2013/12/08/01002-20131208ARTFIG00085-hollande-invite-sarkozy-dans-son-avion-pour-l-hommage-a-mandela.php
mykha- Messages : 1079
Date d'inscription : 19/06/2013
Les deux visages de Nelson Mandela
http://www.avanti4.be/analyses/article/les-deux-visages-de-nelson-mandela
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Mort de Nelson Mandela
Au delà des divergences réelles qu'on peut avoir avec l'ANC et Mendela , le voyage des deux pingouins du grand capital c'est l'hommage du vice à la vertu.mykha a écrit:http://www.lefigaro.fr/politique/2013/12/08/01002-20131208ARTFIG00085-hollande-invite-sarkozy-dans-son-avion-pour-l-hommage-a-mandela.php
Tant que les suppôts du grand capital rendent hommage aux nôtres, fussent des opportunistes face à l'ordre bourgeois, c'est quelque part que notre combat, notre légitimité porte un ordre moral supérieur aux maitres des forges, de la chimie, du pétrole et des mines, fussent des porcelets roses ou des maboules semi-bruns aux égos sur-dimensionnés.
L'avenir nous appartient.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
un fier service
Mandela a rendu un fier service aux privilégiés d Afrique du sud en maintenant la paix sociale par sa politique d e'"réconciliation" . On comprend que les gouvernements bourgeois lui envoient un hommage aussi appuyé .....
spartacre- Messages : 4
Date d'inscription : 13/01/2012
Re: Mort de Nelson Mandela
Non, c'est un hommage reconnaissant à un politicien qui a su habilement opérer la transition en préservant le système, les intérêts des capitalistes sud-africains et impérialistes, les privilèges de la bourgeoisie locale (qui a fait une petite place à la bourgeoisie noire).Copas
Au delà des divergences réelles qu'on peut avoir avec l'ANC et Mendela , le voyage des deux pingouins du grand capital c'est l'hommage du vice à la vertu.
Tant que les suppôts du grand capital rendent hommage aux nôtres, fussent des opportunistes face à l'ordre bourgeois, c'est quelque part que notre combat, notre légitimité porte un ordre moral supérieur
Le communiqué de Lutte Ouvrière est parfait, rien de plus à dire.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Le révolutionnaire réticent
http://alencontre.org/laune/nelson-mandela-le-revolutionnaire-recalcitrant.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Mort de Nelson Mandela
En effet.verié2 a écrit:Non, c'est un hommage reconnaissant à un politicien qui a su habilement opérer la transition en préservant le système, les intérêts des capitalistes sud-africains et impérialistes, les privilèges de la bourgeoisie locale (qui a fait une petite place à la bourgeoisie noire).
Le communiqué de Lutte Ouvrière est parfait, rien de plus à dire.
Voici par ailleurs l'édito du bulletin "filière automobile" du NPA de Lorraine Nord (9 décembre 2013) :
Faire front contre le racisme !
Nelson Mandela, qui vient de mourir, était dans le monde entier le principal symbole de la lutte contre l’Apartheid, système de ségrégation raciale appliqué en Afrique du Sud de 1948 à 1991.
Contre tous les apartheids
Nombreux sont ceux qui se souviendront de Mandela et de sa longue lutte courageuse, et le combat contre le racisme et pour l’égalité reste d’une actualité brûlante. En Afrique du Sud, le racisme d’État a disparu, pas l’apartheid social : pour la majorité des Noirs du pays, la misère, l’exploitation et les logements indignes ont continué. Là-bas comme ici, la lutte est inachevée et doit être poursuivie, car l’égalité véritable ne peut être conquise tant que subsiste ce système capitaliste, inévitablement fondé sur l’inégalité.
Et si les politiciens français de tous bords encensent Mandela, devenu étrangement consensuel, ce n’est pas tellement le militant noir emprisonné pour ses idées qu’ils saluent : c’est le chef d’Etat qui, au nom de la réconciliation post-Apartheid, a permis aux classes possédantes blanches d’Afrique du Sud de trouver une issue politique. Celles-ci ont sauvé leurs privilèges en tolérant auprès d’elles une minuscule bourgeoisie noire.
Le bal des hypocrites
Mandela est loué aujourd’hui par les dirigeants de pays qui n’avaient rien trouvé à redire à sa captivité durant plus d’un quart de siècle. Pour rendre hommage au « résistant », à celui qui a « servi la paix », Hollande a fait mettre les drapeaux français en berne. Mais au même moment débutait en Centrafrique une intervention militaire française, dont le véritable objectif est de défendre la mainmise de la France sur cette région et les privilèges de multinationales françaises comme Areva, Bolloré ou Total.
Hollande salue Mandela, mais à l’approche des élections municipales, la surenchère raciste bat son plein. La droite et l’extrême-droite ne sont pas les seules à attiser la haine xénophobe. Si le gouvernement proteste aujourd’hui à juste titre contre les attaques racistes contre Taubira, nous ne pouvons que regretter son indignation sélective. Les migrants continuent d’être traités de façon ignoble, et Manuel Valls se lâche avec ses déclarations nauséabondes sur les Roms, ce qui ne fait qu’encourager la politique du bouc émissaire, dévoyant ainsi le mécontentement populaire. Les agressions contre des femmes musulmanes se multiplient, comme à Thionville récemment. 30 ans après la marche pour l’égalité et contre le racisme, les gouvernements passent, mais les discriminations restent.
L’égalité des droits et la solidarité contre le racisme et la division
L’égalité des droits, c’est évidemment le droit de vote à toutes les élections pour toutes celles et tous ceux qui résident ici. Celles et ceux qu’on appelle sans-papiers sont maintenus dans l’illégalité. Certains sont venus au péril de leur vie, fuyant la misère, ou la guerre. Leur situation ne profite qu’à ceux qui les exploitent, les sous-paient, les logent dans des taudis pour des loyers exorbitants. Leur régularisation serait une première mesure pour leur permettre de vivre dignement et sans crainte.
Le racisme divise « ceux d’en bas », les travailleurs et les classes populaires, alors qu’il y a urgence à nous unir contre « ceux d’en haut », le patronat et le gouvernement. Bien des démagogues cherchent à détourner notre colère contre les étrangers pour épargner les vrais responsables de la crise, ceux dont la soif de profit engendre les bas salaires, le chômage, la précarité, les plans de licenciements, l’aggravation de nos conditions de travail. Au quotidien, dans nos entreprises, nos quartiers et nos mobilisations, ce sont notre unité et notre solidarité qui sont nos meilleures armes.
Byrrh- Messages : 1009
Date d'inscription : 12/09/2012
Re: Mort de Nelson Mandela
Le tract du secteur automobile NPA est très bien !
Edito de L'Etincelle
[quote="Lundi 9 décembre 2013
Encenser Mandela pour couvrir une nouvelle guerre coloniale
Ce mardi, Sarkozy et Hollande seront main dans la main à Johannesburg en compagnie de tous les chefs d’États du monde capitaliste. Les deux présidents salueront le sens moral de Mandela, l'encenseront comme un homme de paix, au moment même où leur armée se déploie au Centrafrique. La troisième intervention militaire française sur ce continent en trois ans, après la Lybie et le Mali.
Prêcher la « réconciliation » aux opprimés...
La lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud a duré des dizaines d'années. Elle a été marquée par des révoltes de jeunes chômeurs cantonnés dans des ghettos noirs comme Soweto, et par les grèves politiques des ouvriers et des mineurs pour la chute du régime. La classe ouvrière et sa jeunesse voulaient renverser l'apartheid pour accéder à la dignité, à un emploi, à un logement décent, à la santé, à l'éducation. Le régime d'apartheid est tombé il y a vingt ans. Mais l’ordre capitaliste demeure. Et aujourd’hui en Afrique du Sud, le chômage est au plus haut, le Sida fait des ravages, et la population noire est la première victime de cette ségrégation sociale. L'exploitation ne s'est pas adoucie, comme l'a montré la répression féroce de la grève des mineurs de Marikana l'an dernier, où trente-neuf d'entre eux ont été assassinés par la police. C’est que les hommes de l'appareil d’État et du patronat Sud-Africain sont restés en place, même s'ils ont dû faire une petite place à l'élite noire privilégiée. Parce qu'il a croupi vingt-sept ans en prison sous l’œil indifférent des grandes puissances qui lui rendent aujourd'hui hommage, Mandela est devenu le symbole de la lutte contre l'oppression raciale. Mais ce combat des pauvres et des ouvriers, les dirigeants impérialistes voudraient l’ensevelir sous les chrysanthèmes. Ils ne saluent que la « transition pacifique » qui a marqué la fin de l’apartheid et la politique de « réconciliation » menée par Mandela et son parti, l'ANC, au pouvoir depuis vingt ans. Une politique qui a surtout réconcilié le pouvoir blanc allié au capitalisme mondial avec une mince couche dirigeante noire, aux dépens des masses pauvres d'Afrique du Sud. …
Et partir en guerre pour les intérêts des riches
Mais l'esprit de responsabilité et de conciliation n’est jamais tant vantés que lorsqu'il s'applique aux luttes des opprimés. Quand l’État français voit ses intérêts menacés par le chaos qu'il a lui-même créé en Centrafrique, il n'agit pour lui ni de compromis ni même de pondération : plus d'un millier de soldats dépêchés sur place en une soirée ! Ce pays, riche en ressources naturelles, est l'un des plus pauvres du monde. Ses dictateurs successifs depuis « l'empereur » Bokassa 1er jusqu'au président actuel ont toujours été en relations étroites avec l'impérialisme français. C'est qu'il y a de l'argent à se faire, même sur le dos d'une population misérable. En témoignent les visites, cet été, à Bangui de Claude Guéant ou de Jean-Christophe Mitterrand, venus négocier des contrats. A force de piller le pays en s'appuyant sur la corruption des élites locales et sans se soucier le moins du monde de développer les infrastructures et les services publics, la France a plongé la Centrafrique dans le chaos des groupes armés rivaux. A tel point qu'Areva ne peut plus exploiter depuis un an une mine d'uranium dont elle a pourtant obtenu la concession.
Cette nouvelle intervention militaire n'a rien d'humanitaire. C’est une guerre de pillage. Elle vise seulement à sécuriser les investissements de grands groupes français en Afrique – et les à-côtés d'affairistes mafieux que la bourgeoisie draine toujours dans son sillage. La guerre, le pillage des pays pauvres et le racisme sont dans la nature même du capitalisme. En finir réellement avec ces fléaux impose de renverser cet ordre social fondé sur l'exploitation des travailleurs et de tous les peuples de la planète par une petite minorité de privilégiés."][/quote]
Edito de L'Etincelle
[quote="Lundi 9 décembre 2013
Encenser Mandela pour couvrir une nouvelle guerre coloniale
Ce mardi, Sarkozy et Hollande seront main dans la main à Johannesburg en compagnie de tous les chefs d’États du monde capitaliste. Les deux présidents salueront le sens moral de Mandela, l'encenseront comme un homme de paix, au moment même où leur armée se déploie au Centrafrique. La troisième intervention militaire française sur ce continent en trois ans, après la Lybie et le Mali.
Prêcher la « réconciliation » aux opprimés...
La lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud a duré des dizaines d'années. Elle a été marquée par des révoltes de jeunes chômeurs cantonnés dans des ghettos noirs comme Soweto, et par les grèves politiques des ouvriers et des mineurs pour la chute du régime. La classe ouvrière et sa jeunesse voulaient renverser l'apartheid pour accéder à la dignité, à un emploi, à un logement décent, à la santé, à l'éducation. Le régime d'apartheid est tombé il y a vingt ans. Mais l’ordre capitaliste demeure. Et aujourd’hui en Afrique du Sud, le chômage est au plus haut, le Sida fait des ravages, et la population noire est la première victime de cette ségrégation sociale. L'exploitation ne s'est pas adoucie, comme l'a montré la répression féroce de la grève des mineurs de Marikana l'an dernier, où trente-neuf d'entre eux ont été assassinés par la police. C’est que les hommes de l'appareil d’État et du patronat Sud-Africain sont restés en place, même s'ils ont dû faire une petite place à l'élite noire privilégiée. Parce qu'il a croupi vingt-sept ans en prison sous l’œil indifférent des grandes puissances qui lui rendent aujourd'hui hommage, Mandela est devenu le symbole de la lutte contre l'oppression raciale. Mais ce combat des pauvres et des ouvriers, les dirigeants impérialistes voudraient l’ensevelir sous les chrysanthèmes. Ils ne saluent que la « transition pacifique » qui a marqué la fin de l’apartheid et la politique de « réconciliation » menée par Mandela et son parti, l'ANC, au pouvoir depuis vingt ans. Une politique qui a surtout réconcilié le pouvoir blanc allié au capitalisme mondial avec une mince couche dirigeante noire, aux dépens des masses pauvres d'Afrique du Sud. …
Et partir en guerre pour les intérêts des riches
Mais l'esprit de responsabilité et de conciliation n’est jamais tant vantés que lorsqu'il s'applique aux luttes des opprimés. Quand l’État français voit ses intérêts menacés par le chaos qu'il a lui-même créé en Centrafrique, il n'agit pour lui ni de compromis ni même de pondération : plus d'un millier de soldats dépêchés sur place en une soirée ! Ce pays, riche en ressources naturelles, est l'un des plus pauvres du monde. Ses dictateurs successifs depuis « l'empereur » Bokassa 1er jusqu'au président actuel ont toujours été en relations étroites avec l'impérialisme français. C'est qu'il y a de l'argent à se faire, même sur le dos d'une population misérable. En témoignent les visites, cet été, à Bangui de Claude Guéant ou de Jean-Christophe Mitterrand, venus négocier des contrats. A force de piller le pays en s'appuyant sur la corruption des élites locales et sans se soucier le moins du monde de développer les infrastructures et les services publics, la France a plongé la Centrafrique dans le chaos des groupes armés rivaux. A tel point qu'Areva ne peut plus exploiter depuis un an une mine d'uranium dont elle a pourtant obtenu la concession.
Cette nouvelle intervention militaire n'a rien d'humanitaire. C’est une guerre de pillage. Elle vise seulement à sécuriser les investissements de grands groupes français en Afrique – et les à-côtés d'affairistes mafieux que la bourgeoisie draine toujours dans son sillage. La guerre, le pillage des pays pauvres et le racisme sont dans la nature même du capitalisme. En finir réellement avec ces fléaux impose de renverser cet ordre social fondé sur l'exploitation des travailleurs et de tous les peuples de la planète par une petite minorité de privilégiés."][/quote]
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Obama, le discours de tous les culots
Obama, le discours de tous les culots
France Info vient de retransmettre et de traduire en entier ! le discours d'Obama au stade de Soweto. Le moins qu'on puisse dire est que le chef de l'Etat impérialiste le plus puissant du monde a eu tous les culots. Pas un mot pour dénoncer ceux, à commencer par les Etats, la Grande Bretagne et la France, qui ont soutenu le régime de l'apartheid. En revanche il a dénoncé des hypocrites qui se revendiquent de Mandela. Selon les commentateurs, il s'agirait... des dictateurs africains !
Au passage, brièvement certes, Obama a tout de même vendu la mèche. En substance, il a déclaré qu'un des mérites essentiels de Mandela était d'avoir assuré une transition pacifique et accepté pour cela de renoncer à certains de ses objectifs.
Pour le reste, de grandes envolées lyriques. Heureusement, pour une fois la radio avait invité deux commentateurs intelligents qui ont expliqué que Mandela n'avait pas mis fin ni même endigué l'inégalité sociale, et même que le gouvernement de Zuma, non seulement n'a pas tenu ses promesses de nationalisation des richesses minières, mais a fait récemment tirer sur les mineurs en grève. C'est assez rare d'entendre cela et ça fait plaisir dans ce concert de louanges...
France Info vient de retransmettre et de traduire en entier ! le discours d'Obama au stade de Soweto. Le moins qu'on puisse dire est que le chef de l'Etat impérialiste le plus puissant du monde a eu tous les culots. Pas un mot pour dénoncer ceux, à commencer par les Etats, la Grande Bretagne et la France, qui ont soutenu le régime de l'apartheid. En revanche il a dénoncé des hypocrites qui se revendiquent de Mandela. Selon les commentateurs, il s'agirait... des dictateurs africains !
Au passage, brièvement certes, Obama a tout de même vendu la mèche. En substance, il a déclaré qu'un des mérites essentiels de Mandela était d'avoir assuré une transition pacifique et accepté pour cela de renoncer à certains de ses objectifs.
Pour le reste, de grandes envolées lyriques. Heureusement, pour une fois la radio avait invité deux commentateurs intelligents qui ont expliqué que Mandela n'avait pas mis fin ni même endigué l'inégalité sociale, et même que le gouvernement de Zuma, non seulement n'a pas tenu ses promesses de nationalisation des richesses minières, mais a fait récemment tirer sur les mineurs en grève. C'est assez rare d'entendre cela et ça fait plaisir dans ce concert de louanges...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Mort de Nelson Mandela
CIA and Mandela: Can the Story Be Told Now?
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Mort de Nelson Mandela
verié2 a écrit:Le tract du secteur automobile NPA est très bien !
Disons qu'il ne répète pas les âneries consensuelles sur Mandela que le même NPA n'ose pas critiquer sur son site, en disant pudiquement qu'il "n'avait pas pu" changer l'Afrique du sud lorsque son rôle a été justement de faire en sorte que "tout change pour que rien ne change". C'est de cela que les puissants du monde lui sont reconnaissants.
C'est comme à la Samaritaine dans le temps, on trouve tout au NPA, il y en a pour tous les goûts, c'est bien pratique...
ottokar- Messages : 196
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Mort de Nelson Mandela
C’est évidemment faux. Le secteur automobile du NPA fait la même analyse que la direction du NPA.ottokar a écrit: le même NPA n'ose pas critiquer sur son site,
Extrait du premier communiqué, mis en ligne par Gérard,
donc qu’il aurait suffi à Ottokar de lire sur ce même fil…
Puis article signé Krivine sur le site du NPA, dont voici la conclusionSon combat exemplaire n’a pu, hélas, aller jusqu’à remettre en cause l'orientation néolibérale du gouvernement sud-africain post-apartheid qui s’est développée pendant sa présidence. Le combat de sa vie ne sera achevé qu’avec la construction d’une société égalitaire débarrassée de l’exploitation capitaliste.
http://npa2009.org/node/40024Mandela fut un militant anti-apartheid exemplaire, un militant courageux qui mérite tout notre respect. Homme du pardon, Mandela n’était pourtant pas un pacifiste et n’avait pas hésité à créer en 1961 la « Lance de la Nation », branche armée de l’ANC, mais il ne s’est jamais défini comme un révolutionnaire voulant se débarrasser du capitalisme après la fin de l’apartheid. C’est ce qui explique aujourd’hui l’immense rassemblement hypocrite autour de sa dépouille.
Issue de la fin de l’apartheid, l’alliance gouvernementale actuelle ANC-PC et Cosatu dirige aujourd’hui un apartheid de classe : 55 % de chômeurs chez les jeunes noirs, 52 % de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté et 26 % qui ne mange pas à sa faim, et quant à la promesse de redistribuer 30 % des terres, seulement 5 % a été réalisé. Avec l’ANC, c’est le règne de la corruption, du chômage, du sida, de la pauvreté et même de la répression, comme on a pu le voir il y a peu de temps contre les mineurs de Marikana.
Nous sommes au côté du peuple sud-africain, au côté de celles et ceux qui pleurent un militant courageux, qui veulent prolonger le combat contre l’apartheid par un combat anticapitaliste contre les bourgeoisies noire et blanche qui aujourd’hui asservissent la population. Et pour cela, nous ne marcherons dans aucune union nationale.
Notre façon de continuer son combat pour l’égalité.
Il aurait pu aussi éviter l'affabulation sectaire habituelle en lisant
aussi sur le site quantité d'article sur l'Afrique du Sud qui font tous le même constat.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Mort de Nelson Mandela
Si certains lisaient moins vite, ils remarqueraient qu'il ne s'agit pas de l'édito du "secteur automobile du NPA", mais celui du bulletin "filière automobile" du NPA de Lorraine Nord. C'est un bulletin de boîte distribué dans plusieurs usines automobiles du nord de la Lorraine (Renault SOVAB Batilly, PSA Trémery, PSA Borny). Bien sûr, comme les camarades qui animent des bulletins dans cette branche s'échangent des textes et des brèves, il est possible que l'édito soit repris ailleurs en France.
Par ailleurs, non, Roseau, le contenu du communiqué écrit par la majorité du NPA n'a pas grand-chose à voir avec ce que dit cet édito d'entreprises. Et contrairement à ce que feint de croire Ottokar, il ne s'agit pas d'une stratégie du NPA pour plaire à des milieux différents. La différence de fond entre ces deux textes donne simplement une idée de la confrontation, au sein du NPA, entre des conceptions politiques qui peuvent de moins en moins coexister.
Le communiqué national du NPA est tout à fait conforme à une vieille tradition opportuniste : celle qui consiste à repeindre en rouge les leaders nationalistes de pays plus ou moins lointains. Après Tito, Hô Chi Minh, Castro, Ben Bella ou encore Chavez, voici venu le tour de Mandela, dont on cherche peu ou prou à faire croire que ses idées allaient plus loin que la politique qu'il a menée réellement. Dommage que François Sabado n'ait pas pu obtenir un poste de conseiller auprès de Mandela, comme naguère Michel Pablo en Algérie...
Par ailleurs, non, Roseau, le contenu du communiqué écrit par la majorité du NPA n'a pas grand-chose à voir avec ce que dit cet édito d'entreprises. Et contrairement à ce que feint de croire Ottokar, il ne s'agit pas d'une stratégie du NPA pour plaire à des milieux différents. La différence de fond entre ces deux textes donne simplement une idée de la confrontation, au sein du NPA, entre des conceptions politiques qui peuvent de moins en moins coexister.
Le communiqué national du NPA est tout à fait conforme à une vieille tradition opportuniste : celle qui consiste à repeindre en rouge les leaders nationalistes de pays plus ou moins lointains. Après Tito, Hô Chi Minh, Castro, Ben Bella ou encore Chavez, voici venu le tour de Mandela, dont on cherche peu ou prou à faire croire que ses idées allaient plus loin que la politique qu'il a menée réellement. Dommage que François Sabado n'ait pas pu obtenir un poste de conseiller auprès de Mandela, comme naguère Michel Pablo en Algérie...
Dernière édition par Byrrh le Jeu 12 Déc - 2:17, édité 1 fois
Byrrh- Messages : 1009
Date d'inscription : 12/09/2012
Re: Mort de Nelson Mandela
Le communiqué du NPA comme l'article de Krivine,
ou ceux publiés précédement
n'ont rien à voir avec tout cela.
Ils n'appuient nullement la politique de collaboration de l'ANC.
ou ceux publiés précédement
n'ont rien à voir avec tout cela.
Ils n'appuient nullement la politique de collaboration de l'ANC.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Mort de Nelson Mandela
Nelson Mandela : de la lutte contre l'apartheid à l'accord avec la bourgeoisie blanche
Les funérailles de Nelson Mandela, regroupant nombre de chefs d'État, sont l'occasion d'un de ces concerts d'auto-satisfaction mêlée à une large dose d'hypocrisie que le monde des dirigeants bourgeois de la planète aime à mettre en scène. Ainsi Hollande, au nom de l'impérialisme français, rend hommage au militant anti-colonialiste que fut Nelson Mandela. Mais à l'époque de l'odieux régime d'apartheid, la France aussi opprimait bien des populations noires, et ses dirigeants étaient solidaires du régime sud-africain.
Nelson Mandela, né en 1918 au sein d'une famille importante de l'aristocratie tribale des Xhosas, faisait partie de cette toute petite élite noire ayant accès à une éducation universitaire lui ayant permis de devenir avocat. Mais l'avenir de cette couche sociale privilégiée par rapport à la masse des paysans et des mineurs noirs était bouché en Afrique du Sud par la volonté de la bourgeoisie blanche de masquer sa domination sur l'ensemble de la société par un racisme d'État.
L'apartheid, mode de domination de la bourgeoisie blanche
En créant un fossé presque infranchissable entre les Blancs (moins de 20 % de la population) et les Noirs ou les Indiens, le régime d'apartheid dirigé par le Parti national créait l'illusion d'une communauté d'intérêts entre tous les Blancs, qu'ils soient de riches propriétaires de mines ou bien simples employés ou ouvriers qualifiés.
Symétriquement, l'ANC (Congrès national africain), le parti auquel adhéra Mandela en 1944, défendait l'idée que tous les Noirs avaient les mêmes intérêts, qu'ils aspirent à diriger la société et à former une nouvelle bourgeoisie ou bien qu'ils soient ouvriers agricoles, mineurs manoeuvres, domestiques... Comme ses compagnons de l'ANC, Walter Sisulu et Oliver Tambo, Mandela était bien décidé à éviter que la classe ouvrière sud-africaine se mobilise sur sa propre politique et n'avait rien d'un communiste. Comme il l'a lui-même raconté dans son autobiographie : « J'ai même interrompu des meetings du Parti communiste en me précipitant à la tribune, en arrachant les banderoles et en prenant le micro ».
Le régime d'apartheid mis en place à partir de 1948 était particulièrement odieux. L'État divisait la population en quatre catégories : Blancs, Indiens, Métis et Noirs. Les Noirs, bien que les plus nombreux, n'avaient pratiquement aucun droit. Ils ne pouvaient habiter que dans des zones restreintes du pays, et ne pouvaient se rendre dans les zones « blanches » que durant la journée, pour y travailler, avant de retourner le soir dans les « townships », souvent de véritables taudis. Il leur fallait un passeport intérieur pour circuler dans le pays et ils étaient privés du droit de vote. L'inhumanité de ce racisme d'État s'exprimait aussi dans la loi sur la « moralité » qui interdisait les relations sexuelles et le mariage entre membres des différentes catégories.
L'ANC et la classe ouvrière
La classe ouvrière, de plus en plus nombreuse avec le développement de l'activité minière et industrielle, n'acceptait pas cette dictature de la minorité bourgeoise blanche. Dans les années 1950, il y eut bien des grèves et des manifestations contre l'apartheid dans son ensemble ou certaines de ses dispositions. Mandela se méfiait des masses ouvrières. Comme il l'a écrit, « je pensais que l'ANC ne devait participer qu'aux campagnes qu'elle dirigeait », et bien des fois les dirigeants de l'ANC sabotèrent des mouvements de grève qui leur échappaient. Toutefois leur influence sur les ouvriers noirs fut renforcée par le fait que les dirigeants staliniens du Parti communiste et de certains syndicats firent allégeance à l'ANC. Choisissant une politique nationaliste, ils tournèrent le dos à la perspective de voir la classe ouvrière se mettre à la tête du combat des masses contre l'apartheid.
L'ANC suppliait le régime blanc de discuter avec elle d'un partage du pouvoir. Mais l'État durcit au contraire son oppression et réprima durement tout mouvement, toute manifestation, comme celle de Sharpeville en 1960 où la police fit 69 morts et des centaines de blessés. L'ANC fut déclarée illégale. Après dix-sept mois de clandestinité, Mandela fût arrêté en 1962 et condamné à la prison à perpétuité avec cinq autres militants, dont un Blanc, au procès de Rivonia.
La classe ouvrière sud-africaine, la plus importante du continent, reprit de grandes luttes grévistes dans les années 1970. Elle entraîna la jeunesse scolarisée qui se souleva dans le township de Soweto en 1976. À nouveau la police mena la répression, faisant des dizaines de morts. Mais le massacre n'arrêta pas le mouvement. La fin des années 1970 et les années 1980 connurent bien des grèves ouvrières, contestant à la fois l'exploitation patronale et l'oppression politique. Les patrons commençaient à reculer et se voyaient obligés, sous la pression, de reconnaître les syndicats noirs et de négocier avec eux. Les townships devenaient ingouvernables pour les autorités blanches, d'autant plus qu'une partie de la jeunesse blanche commençait à refuser de participer à la répression contre les travailleurs noirs.
Vers la fin de l'apartheid
C'est cette situation de moins en moins maîtrisable pour l'État, et potentiellement périlleuse pour la domination des capitalistes, qui amena les multinationales minières et avec elles l'impérialisme américain à pousser le régime à répondre enfin favorablement à partir de 1985 aux demandes de négociations que Mandela adressait régulièrement aux ministres du fond de sa prison. Ces négociations eurent lieu dans le secret, sans que ni le gouvernement ni l'ANC n'en informent les travailleurs noirs bien que leurs luttes et leurs sacrifices en soient la cause. Dans le dos des masses noires, Mandela arriva à un compromis avec le président Frederick De Klerk, qui incarnait cette nouvelle politique de la bourgeoisie blanche. En 1990, il fut libéré de prison.
Il fallut encore attendre quatre années de grèves et de révoltes réprimées dans le sang pour que la population noire puisse officiellement s'exprimer par le vote. Le régime qui porta Mandela à la présidence en 1994 donnait toute garantie à la bourgeoisie : indépendamment du résultat des élections, les postes au futur gouvernement étaient attribués à l'avance d'un côté à l'ANC et à ses alliés du Parti communiste et des directions syndicales, et de l'autre au Parti national de De Klerk et à ses alliés noirs de l'Inkhata.
Mandela mit alors en scène toute une série de gestes destinés à faire accepter à la majorité noire que le parti de l'apartheid, le Parti national, reste au pouvoir après presque cinquante ans d'oppression féroce. Il eut l'appui des dirigeants des grandes puissances et, symboliquement, il reçut le prix Nobel conjointement avec De Klerk. Le Parti national finit d'ailleurs par intégrer les rangs de l'ANC, devenu le parti de toute la bourgeoisie sud-africaine, quelle que soit sa couleur.
Le nouveau visage de l'oppression
Le nouveau gouvernement, sous la présidence de Mandela, privatisa la poste et les télécoms. Son premier budget comportait une baisse de 6 % des salaires réels des fonctionnaires et de 10 % des crédits pour la santé. Les généraux, les chefs de la police, haïs par leurs victimes noires, restèrent en poste. Ils firent juste un peu de place pour intégrer dans leurs rangs des Noirs prêts eux aussi à tirer sur les travailleurs, comme ils l'ont fait en 2012 sur les mineurs de la mine Marikana. Quand Mandela, âgé de 81 ans, passa la main à un autre dirigeant de l'ANC, Thabo Mbeki, la transition entre un pouvoir blanc et un pouvoir « arc-en-ciel » avait été assurée sans que la propriété et les intérêts de la bourgeoisie sud-africaine aient été sérieusement menacés. C'est bien ce qui explique l'hommage des puissances impérialistes à l'ancien prisonnier politique.
Aujourd'hui, presque vingt ans après la fin de l'apartheid, une petite fraction de la population noire s'est enrichie au point de faire complètement partie de la grande bourgeoisie. Ces grands bourgeois noirs viennent d'ailleurs le plus souvent des rangs de l'ANC. C'est un succès pour la bourgeoisie noire. Mais les masses pauvres le restent tout autant qu'avant, bien que ce soient elles qui ont mené les combat pour faire disparaître l'apartheid. À présent elles sont opprimées par une police noire. Elles peuvent entendre des ministres noirs leur expliquer qu'il leur faut faire des sacrifices. Elles continuent de subir des conditions de travail, de vie et de logement indignes.
Si la couleur de peau n'est plus le critère principal, l'Afrique du Sud reste un pays toujours très inégalitaire. L'apartheid social n'a pas disparu. Le nationalisme de Mandela, même soutenu par le Parti communiste et les bureaucrates syndicaux, n'a pas changé le sort de la classe ouvrière, qui trime toujours pour le compte des capitalistes. En Afrique du Sud, le combat de l'avenir est celui des exploités contre tous leurs exploiteurs, noirs ou blancs.
LUTTE OUVRIERE
mykha- Messages : 1079
Date d'inscription : 19/06/2013
Le chemin de Mandela ou des mineurs de Marikana?
Suivre le chemin de Mandela ou celui tracé par les mineurs de Marikana ?
http://www.ccr4.org/Suivre-le-chemin-de-Mandela-ou-celui-trace-par-les-mineurs-de-Marikana
http://www.ccr4.org/Suivre-le-chemin-de-Mandela-ou-celui-trace-par-les-mineurs-de-Marikana
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Mort de Nelson Mandela
je ne sais pas s'il y a deux lignes qui s'affrontent dans le NPA car ce n'est pas le style de la maison qui est plutôt la pub mac Do : "Venez comme vous êtes"... et restez-le !. Le communiqué cité (et que je reproduis ci dessous) est faux-cul, je le maintiens. Relisez-le, il dédouane totalement Mandela de son orientation soulignée par la presse ("réconciliation") en disant qu'il "n'a pas pu" etc. Il n'a pas VOULU, ce qui est très différent
Mais n'étant pas membre du NPA, je vous laisse à vos débats (que personne ne tranchera comme d'habitude, car au NPA c'est aussi "bon, on fait comme on a dit"...)
Son combat exemplaire n’a pu, hélas, aller jusqu’à remettre en cause l'orientation néolibérale du gouvernement sud-africain post-apartheid qui s’est développée pendant sa présidence. Le combat de sa vie ne sera achevé qu’avec la construction d’une société égalitaire débarrassée de l’exploitation capitaliste.
Mais n'étant pas membre du NPA, je vous laisse à vos débats (que personne ne tranchera comme d'habitude, car au NPA c'est aussi "bon, on fait comme on a dit"...)
ottokar- Messages : 196
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Mort de Nelson Mandela
Le communiqué, en quelques lignes, destiné à saluer la lutte anti-apartheid,
constate toutefois les limites de son combat.
Il ne aller plus loin dans un texte de quelques lignes,
mais la critique de l'ANC et sa direction, dont Mandela,
telle que faite dans l'article de Krivine sur le site,
et dans quantité d'autres articles, ne fait pas objet de divergences.
constate toutefois les limites de son combat.
Il ne aller plus loin dans un texte de quelques lignes,
mais la critique de l'ANC et sa direction, dont Mandela,
telle que faite dans l'article de Krivine sur le site,
et dans quantité d'autres articles, ne fait pas objet de divergences.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
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