Gaz de schiste, la grande escroquerie
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Gaz de schiste, la grande escroquerie
publié sur le site du "monde diplomatique"
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nergie bon marché contre pollution prolongée : aux Etats-Unis, le dilemme relatif à l’exploitation des gaz et pétrole de schiste n’a tourmenté ni les industriels ni les pouvoirs publics. En moins d’une décennie, ces nouvelles ressources auraient aiguillé l’Amérique sur les rails de la croissance, dopé l’emploi, rétabli la compétitivité. Et si cette « révolution » n’était qu’une bulle spéculative sur le point d’éclater ?
par Nafeez Mosaddeq Ahmed, mars 2013
A en croire les titres de la presse américaine prédisant un essor économique dû à la « révolution » des gaz et pétrole de schiste, le pays baignera bientôt dans l’or noir. Le rapport « Perspectives énergétiques mondiales 2012 » de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) annonce en effet qu’à l’horizon 2017 les Etats-Unis raviront à l’Arabie saoudite la place de premier producteur mondial de pétrole et accéderont à une « quasi autosuffisance » en matière énergétique. Selon l’AIE, la hausse programmée de la production d’hydrocarbures, qui passerait de quatre-vingt-quatre millions de barils par jour en 2011 à quatre-vingt-dix-sept en 2035, proviendrait « entièrement des gaz naturels liquides et des ressources non conventionnelles » (essentiellement le gaz et l’huile de schiste), tandis que la production conventionnelle amorcerait son déclin à partir de… 2013.
Extraites par fracturation hydraulique (injection sous pression d’un mélange d’eau, de sable et de détergents destinés à fissurer la roche pour en chasser le gaz), grâce à la technique du forage horizontal (qui permet de fouailler plus longuement la couche géologique voulue), ces ressources ne s’obtiennent qu’au prix d’une pollution massive de l’environnement. Mais leur exploitation aux Etats-Unis a entraîné la création de plusieurs centaines de milliers d’emplois et offre l’avantage d’une énergie abondante et bon marché. Selon le rapport 2013 « Les perspectives énergétiques : un regard vers 2040 » publié par le groupe ExxonMobil, les Américains deviendraient exportateurs nets d’hydrocarbures à partir de 2025 grâce aux gaz de schiste, dans un contexte de forte croissance de la demande gazière mondiale.
Et si la « révolution des gaz de schiste », loin de fortifier une économie mondiale convalescente, gonflait une bulle spéculative sur le point d’éclater ? La fragilité de la reprise autant que les expériences récentes devraient inciter à la prudence vis-à-vis de tels engouements. L’économie espagnole, par exemple, naguère si florissante — quatrième puissance de la zone euro en 2008 —, se délabre depuis que la bulle immobilière à laquelle elle s’accrochait aveuglément a éclaté sans prévenir. La classe politique a tiré peu d’enseignements de la crise de 2008 ; la voilà sur le point de répéter les mêmes erreurs dans le secteur des énergies fossiles.
Une enquête du New York Times de juin 2011 révélait déjà quelques fissures dans la construction médiatico-industrielle du « boom » des gaz de schiste, en ébruitant les doutes nourris par divers observateurs — géologues, avocats, analystes des marchés — quant aux effets d’annonce des compagnies pétrolières, soupçonnées de « surestimer délibérément, et même illégalement, le rendement de leurs exploitations et le volume de leurs gisements (1) ». « L’extraction du gaz depuis les schistes du sous-sol, écrivait le quotidien, pourrait se révéler moins facile et plus coûteuse que ce que prétendent les compagnies, comme l’indiquent des centaines de courriers électroniques et de documents échangés par les industriels à ce sujet, ainsi que les analyses des données recueillies sur plusieurs milliers de forages. »
Début 2012, deux consultants américains tirent la sonnette d’alarme dans Petroleum Review, la principale revue de l’industrie pétrolière britannique. Tout en s’interrogeant sur « la fiabilité et la durabilité des gisements de gaz de schiste américains », ils relèvent que les prévisions des industriels coïncident avec les nouvelles règles de la Securities and Exchange Commission (SEC), l’organisme fédéral de contrôle des marchés financiers. Adoptées en 2009, celles-ci autorisent en effet les compagnies à chiffrer le volume de leurs réserves comme bon leur semble, sans vérification par une autorité indépendante (2).
Pour les industriels, la surestimation des gisements de gaz de schiste permet de faire passer au second plan les risques liés à leur exploitation. Or la fracturation hydraulique n’a pas seulement des effets délétères sur l’environnement : elle pose aussi un problème strictement économique, puisqu’elle génère une production à très faible durée de vie. Dans la revue Nature, un ancien conseiller scientifique du gouvernement britannique, David King, souligne que le rendement d’un puits de gaz de schiste décroche de 60 à 90 % au terme de sa première année d’exploitation (3).
Une chute aussi brutale rend évidemment illusoire tout objectif de rentabilité. Dès qu’un forage s’épuise, les opérateurs doivent à toute vitesse en creuser d’autres pour maintenir leur niveau de production et rembourser leurs dettes. Quand la conjoncture s’y prête, pareille course en avant peut faire illusion pendant quelques années. C’est ainsi que, combinée à une activité économique chétive, la production des puits de gaz de schiste — atone sur la durée, mais fulgurante à brève échéance — a provoqué une baisse spectaculaire des prix du gaz naturel aux Etats-Unis, passés de 7 à 8 dollars par million de BTU (British Thermal Unit) en 2008 à moins de 3 dollars en 2012.
Les spécialistes en placements financiers ne sont pas dupes. « L’économie de la fracturation est une économie destructrice, avertit le journaliste Wolf Richter dans Business Insider (4). L’extraction dévore le capital à une vitesse étonnante, laissant les exploitants sur une montagne de dettes lorsque la production s’écroule. Pour éviter que cette dégringolade n’entame leurs revenus, les compagnies doivent pomper encore et encore, en compensant les puits taris par d’autres qui le seront demain. Hélas, tôt ou tard, un tel schéma se heurte à un mur, celui de la réalité. »
Géologue ayant travaillé pour Amoco (avant sa fusion avec BP), M. Arthur Berman, se dit lui-même surpris par le rythme « incroyablement élevé » de l’épuisement des gisements. Evoquant le site d’Eagle Ford, au Texas — « la mère de tous les champs d’huile de schiste » —, il indique que « la baisse annuelle de la production dépasse les 42 % ». Pour s’assurer des résultats stables, les exploitants vont devoir forer « presque mille puits supplémentaires chaque année sur le même site. Soit une dépense de 10 à 12 milliards de dollars par an… Si on additionne tout cela, on en arrive au montant des sommes investies dans le sauvetage de l’industrie bancaire en 2008. Où est-ce qu’ils vont prendre tout cet argent ? (5) ».
La bulle gazière a déjà produit ses premiers effets sur quelques-unes des plus puissantes compagnies pétrolières de la planète. En juin dernier, le président-directeur général d’ExxonMobil, M. Rex Tillerson, criait famine en expliquant que la baisse des prix du gaz naturel aux Etats-Unis était certes une chance pour les consommateurs, mais une malédiction pour sa société, victime d’une diminution drastique de ses revenus. Alors que, devant ses actionnaires, ExxonMobil prétendait encore ne pas avoir perdu un seul centime à cause du gaz, M. Tillerson a tenu un discours presque larmoyant devant le Council on Foreign Relations (CFR), l’un des think tanks les plus influents du pays : « On est tous en train d’y laisser notre chemise. On ne gagne plus d’argent. Tout est dans le rouge (6). »
A peu près au même moment, la compagnie gazière britannique BG Group se voyait acculée à une « dépréciation de ses actifs dans le gaz naturel américain à hauteur de 1,3 milliard de dollars », synonyme de « baisse sensible de ses bénéfices intermédiaires » (7). Le 1er novembre 2012, après que la compagnie pétrolière Royal Dutch Shell eut enchaîné trois trimestres de résultats médiocres, avec une baisse cumulée de 24 % sur un an, le service d’information du Dow Jones rapporta cette funeste nouvelle en s’alarmant du « préjudice » causé par l’engouement pour les gaz de schiste à l’ensemble du secteur boursier.
De la panacée à la panique
Pourtant pionnière dans la course aux gaz de schiste, Chesapeake Energy n’échappe pas non plus à la bulle. Ecrasée sous le poids de ses dettes, l’entreprise américaine a dû mettre en vente une partie de ses actifs — des champs gaziers et des pipelines pour une valeur totale de 6,9 milliards de dollars — afin d’honorer les traites de ses créanciers. « La compagnie réduit un peu plus ses voiles, alors que son président-directeur général en avait fait l’un des leaders de la révolution des gaz de schiste », déplore le Washington Post (.
Comment les héros de cette « révolution » ont-ils pu tomber aussi bas ? L’analyste John Dizard observait dans le Financial Times du 6 mai 2012 que les producteurs de gaz de schiste avaient dépensé des montants « deux, trois, quatre, voire cinq fois supérieurs à leurs fonds propres afin d’acquérir des terres, de forer des puits et de mener à bien leurs programmes ». Pour financer la ruée vers l’or, il a fallu emprunter des sommes astronomiques « à des conditions complexes et exigeantes », Wall Street ne dérogeant pas à ses règles de conduite habituelles. Selon Dizard, la bulle gazière devrait pourtant continuer de croître, en raison de la dépendance des Etats-Unis à cette ressource économiquement explosive. « Compte tenu du rendement éphémère des puits de gaz de schiste, les forages vont devoir se poursuivre. Les prix finiront par s’ajuster à un niveau élevé, et même très élevé, pour couvrir non seulement les dettes passées, mais aussi des coûts de production réalistes. »
Il n’est pas exclu néanmoins que plusieurs grosses compagnies pétrolières se retrouvent confrontées simultanément à une même débâcle financière. Si cette hypothèse se confirmait, dit M. Berman, « on assisterait à deux ou trois faillites ou opérations de rachat retentissantes, en vertu de quoi chacun reprendrait ses billes et les capitaux s’évaporeraient. Ce serait le pire des scénarios ».
En d’autres termes, l’argument selon lequel les gaz de schiste prémuniraient les Etats-Unis ou l’humanité tout entière contre le « pic pétrolier » — niveau à partir duquel la combinaison des contraintes géologiques et économiques rendra l’extraction du brut insupportablement difficile et onéreuse — relèverait du conte de fées. Plusieurs rapports scientifiques indépendants parus récemment confirment que la « révolution » gazière n’apportera pas de sursis dans ce domaine.
Dans une étude publiée par la revue Energy Policy, l’équipe de King parvient à la conclusion que l’industrie pétrolière a surévalué d’un tiers les réserves mondiales d’énergies fossiles. Les gisements encore disponibles n’excéderaient pas huit cent cinquante milliards de barils, alors que les estimations officielles parlent de quelque mille trois cents milliards. Selon les auteurs, « si d’immenses quantités de ressources fossiles restent certainement nichées dans les profondeurs de la Terre, le volume de pétrole exploitable aux tarifs que l’économie mondiale a l’habitude de supporter est limité et voué à décliner à court terme (9) ».
En dépit des trésors de gaz arrachés aux sous-sols par fracturation hydraulique, la diminution des réserves existantes se poursuit à un rythme annuel estimé entre 4,5 et 6,7 % par an. King et ses collègues récusent donc catégoriquement l’idée selon laquelle l’exploitation des gaz de schiste pourrait résoudre la crise énergétique. De son côté, l’analyste financier Gail Tverberg rappelle que la production mondiale d’énergies fossiles conventionnelles a cessé de progresser en 2005. Cette stagnation, dans laquelle il voit l’une des causes majeures de la crise de 2008 et 2009, annoncerait un déclin susceptible d’aggraver encore la récession actuelle — avec ou sans gaz de schiste (10). Ce n’est pas tout : dans une recherche publiée dans la foulée du rapport de l’AIE, la New Economics Foundation (NEW) prévoit l’émergence du pic pétrolier pour 2014 ou 2015, lorsque les coûts d’extraction et d’approvisionnement « dépasseront le coût que les économies mondiales peuvent assumer sans porter un dommage irréparable à leurs activités (11) ».
Ces travaux n’ont retenu l’attention ni des médias ni des milieux politiques, submergés par la rhétorique publicitaire des lobbyistes de l’énergie. C’est regrettable, car leur conclusion se comprend facilement : loin de restaurer une quelconque prospérité, les gaz de schiste gonflent une bulle artificielle qui camoufle temporairement une profonde instabilité structurelle. Lorsqu’elle éclatera, elle occasionnera une crise de l’approvisionnement et une envolée des prix qui risquent d’affecter douloureusement l’économie mondiale.
Nafeez Mosaddeq Ahmed
Politiste, directeur de l’Institute for Policy Research and Development de Brighton (Royaume-Uni).
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Gaz de schiste, la grande escroquerie
Gaz de schiste: Le Conseil Constitutionnel valide l'interdiction de la fracturation hydraulique
Publié le 11-10-2013 à 09h42 - Mis à jour à 17h07
Challenges.fr
Par Challenges.fr
François Hollande a salué vendredi 11 octobre la décision du Conseil constitutionnel confirmant la loi interdisant la fracturation hydraulique pour exploiter les gaz de schiste, qui est désormais "incontestable".
Cette loi "avait été votée par la majorité précédente et j'avais toujours dit qu'elle devait continuer à être la règle qui devait prévaloir en matière de gaz de schiste", a déclaré le chef de l'Etat, au cours d'un déplacement dans une entreprise à Nanterre.
"Cette loi prévoit uniquement l'interdiction du gaz de schiste par fracturation hydraulique, elle n'empêche pas la recherche dans d'autres domaines", a poursuivi M. Hollande.
"Il était important que le Conseil constitutionnel lui donne maintenant toute sa place et toute son autorité. Cette loi était plusieurs fois contestée, elle est maintenant incontestable", a-t-il conclu.
Une technique critiquée pour son impact environnemental
Le Conseil constitutionnel a validé vendredi 11 octobre la loi interdisant la fracturation hydraulique, technique utilisée pour exploiter les gaz et pétrole de schiste.
La fracturation hydraulique, qui consiste à créer des fissures dans les roches riches en hydrocarbures en injectant à haute pression un mélange d'eau, de sable et d'adjuvants chimiques, est décriée en raison de son impact environnemental et ses risques de pollution et d'activité sismique.
La société texane Schuepbach, à l'origine de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soumise au Conseil constitutionnel, contestait la légalité de l'abrogation de ses deux permis de recherche de Nant et de Villeneuve-de-Berg, dans le sud de la France.
Les dispositions de la loi du 13 juillet 2011 visant à interdire la recherche et l'exploitation de ces hydrocarbures à partir de la fracturation hydraulique et à abroger les permis de recherche nécessitant le recours à cette technique "sont conformes à la Constitution", a estimé le Conseil constitutionnel.
A l'audience, le 24 septembre, l'avocat de la société texane avait notamment estimé que l'annulation des permis constituait une application "trop rigoureuse" du principe de précaution. "Il n'existe aucune étude démontrant que la fracturation hydraulique présente le moindre risque", avait affirmé Me Marc Fornacciari.
Pas de rupture du principe d'égalité
Dans sa décision, le Conseil constitutionnel estime que ce grief ne peut être retenu dans le cas d'une "interdiction pérenne" comme c'est le cas pour la fracturation hydraulique.
Schuepbach avait aussi pointé une éventuelle rupture du "principe d'égalité", en faisant valoir que la fracturation hydraulique était interdite pour l'exploitation du gaz de schiste mais restait autorisée pour la géothermie profonde.
Un motif là encore rejeté par le Conseil constitutionnel pour qui la fracturation hydraulique utilisée "pour stimuler la circulation de l'eau dans les réservoirs géothermiques ne présente pas les mêmes risques pour l'environnement". Le Conseil juge ainsi justifiée, du fait de "la différence de traitement entre les deux procédés de fracturation hydraulique de la roche", l'existence d'une loi propre aux hydrocarbures.
C'est la première fois que la Conseil constitutionnel était amené à se prononcer sur la loi du 13 juillet 2011, adoptée au terme de plusieurs mois de mobilisation en France contre les gaz et pétrole de schiste. Votée sous le gouvernement de droite, elle a été reprise à son compte par la gauche à son retour au pouvoir en 2012.
(Avec AFP)
Publié le 11-10-2013 à 09h42 - Mis à jour à 17h07
Challenges.fr
Par Challenges.fr
François Hollande a salué vendredi 11 octobre la décision du Conseil constitutionnel confirmant la loi interdisant la fracturation hydraulique pour exploiter les gaz de schiste, qui est désormais "incontestable".
Cette loi "avait été votée par la majorité précédente et j'avais toujours dit qu'elle devait continuer à être la règle qui devait prévaloir en matière de gaz de schiste", a déclaré le chef de l'Etat, au cours d'un déplacement dans une entreprise à Nanterre.
"Cette loi prévoit uniquement l'interdiction du gaz de schiste par fracturation hydraulique, elle n'empêche pas la recherche dans d'autres domaines", a poursuivi M. Hollande.
"Il était important que le Conseil constitutionnel lui donne maintenant toute sa place et toute son autorité. Cette loi était plusieurs fois contestée, elle est maintenant incontestable", a-t-il conclu.
Une technique critiquée pour son impact environnemental
Le Conseil constitutionnel a validé vendredi 11 octobre la loi interdisant la fracturation hydraulique, technique utilisée pour exploiter les gaz et pétrole de schiste.
La fracturation hydraulique, qui consiste à créer des fissures dans les roches riches en hydrocarbures en injectant à haute pression un mélange d'eau, de sable et d'adjuvants chimiques, est décriée en raison de son impact environnemental et ses risques de pollution et d'activité sismique.
La société texane Schuepbach, à l'origine de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soumise au Conseil constitutionnel, contestait la légalité de l'abrogation de ses deux permis de recherche de Nant et de Villeneuve-de-Berg, dans le sud de la France.
Les dispositions de la loi du 13 juillet 2011 visant à interdire la recherche et l'exploitation de ces hydrocarbures à partir de la fracturation hydraulique et à abroger les permis de recherche nécessitant le recours à cette technique "sont conformes à la Constitution", a estimé le Conseil constitutionnel.
A l'audience, le 24 septembre, l'avocat de la société texane avait notamment estimé que l'annulation des permis constituait une application "trop rigoureuse" du principe de précaution. "Il n'existe aucune étude démontrant que la fracturation hydraulique présente le moindre risque", avait affirmé Me Marc Fornacciari.
Pas de rupture du principe d'égalité
Dans sa décision, le Conseil constitutionnel estime que ce grief ne peut être retenu dans le cas d'une "interdiction pérenne" comme c'est le cas pour la fracturation hydraulique.
Schuepbach avait aussi pointé une éventuelle rupture du "principe d'égalité", en faisant valoir que la fracturation hydraulique était interdite pour l'exploitation du gaz de schiste mais restait autorisée pour la géothermie profonde.
Un motif là encore rejeté par le Conseil constitutionnel pour qui la fracturation hydraulique utilisée "pour stimuler la circulation de l'eau dans les réservoirs géothermiques ne présente pas les mêmes risques pour l'environnement". Le Conseil juge ainsi justifiée, du fait de "la différence de traitement entre les deux procédés de fracturation hydraulique de la roche", l'existence d'une loi propre aux hydrocarbures.
C'est la première fois que la Conseil constitutionnel était amené à se prononcer sur la loi du 13 juillet 2011, adoptée au terme de plusieurs mois de mobilisation en France contre les gaz et pétrole de schiste. Votée sous le gouvernement de droite, elle a été reprise à son compte par la gauche à son retour au pouvoir en 2012.
(Avec AFP)
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Gaz de schiste, la grande escroquerie
Gaz de schiste : l'exploitation intensive aux Etats-Unis sujette à controverse
Une onde de choc » : ainsi la très sérieuse Agence internationale de l’énergie (AIE) qualifiait-elle cet été la révolution des gaz de schiste aux États-Unis. Depuis qu’ils se sont lancés massivement, il y a cinq ans, dans l’exploitation de ces ressources « non conventionnelles » de gaz et de pétrole, les Américains se croient revenus un siècle en arrière, lorsqu’ils inventaient l’industrie pétrolière, caracolaient en tête de la production mondiale et menaient la seconde révolution industrielle.
Selon les prévisions de l’AIE, les États-Unis pourraient détrôner l’Arabie saoudite et la Russie sur le podium des producteurs de brut dès 2017, et devenir exportateurs nets dans quinze ans. À Riyad, on s’inquiète et on parle de « menace pour l’économie saoudienne », laquelle dépend à plus de 90 % des exportations de pétrole. Car les États-Unis, hier ultra-dépendants des pétromonarchies pour leur approvisionnement, sont en train de réduire leurs importations en provenance du golfe Arabo-Persique, et la baisse pourrait atteindre près de 40 % dans cinq ans.
Cette nouvelle manne énergétique, qui pourrait couvrir les besoins du pays pour le siècle en cours, ne devrait pourtant pas faire des États-Unis le nouveau gendarme énergétique du monde. « L’Opep va continuer à jouer un rôle majeur dans la géopolitique du pétrole car elle seule possède des marges de production mobilisables et la volonté politique pour peser sur le marché », observe Thomas Porcher, spécialiste du marché de l’énergie. Mais elle rend aux États-Unis des marges de manœuvre en réduisant sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur. On peut voir d’ailleurs dans la révolution des gaz de schiste une raison du désengagement américain au Proche-Orient, de la Libye à l’Irak en passant par la Syrie.
Régions réindustrialisées
Mais c’est surtout sur le plan domestique que les États-Unis engrangent des bénéfices. Déjà, l’Amérique est autosuffisante en gaz, dont la production a augmenté de 33 % depuis 2005 et dont elle est devenue premier producteur mondial grâce aux 500 000 forages réalisés à travers le pays. Dans ces grands espaces vides mais quadrillés de gazoducs et où les citoyens sont propriétaires de leur sous-sol, on fore à tour de bras du Texas à la Pennsylvanie en passant par l’Ohio. Et la nouvelle ruée vers l’or noir a permis, en créant des dizaines de milliers d’emplois, de réindustrialiser des régions sinistrées dans l’Hinterland américain frappé par la crise.
Pour le consommateur, l’irruption du « shale gas » est du pain bénit : en six ans, elle a divisé le prix du gaz par quatre. Les entreprises en profitent aussi : avec un prix du gaz inférieur d’un tiers à celui en vigueur en Europe, l’industrie états-unienne a regagné une compétitivité inestimable dans la lutte pour les parts de marché mondial. Les investissements repartent : à titre d’exemple, la société française Vallourec, leader mondial des tubes en acier sans soudure, investit 650 millions de dollars dans une usine à Youngstown (Ohio). Et, dans les villes, la conversion massive des flottes de bus urbains et transports scolaires au gaz naturel améliore la qualité de l’air.
Pollution et spéculation
Cependant, la pollution générée par le recours aux gaz de schiste commence à poser problème. Les énormes quantités d’eau nécessaires à la fracturation hydraulique des roches - seule technique praticable pour l’instant - provoquent des remontées d’eaux usées dans les nappes phréatiques salies par des sels corrosifs, du benzène ou du radium. Les forages sont aussi responsables de rejets de méthane dans l’atmosphère. Et les nuisances causées par les forages font baisser les prix de l’immobilier aux alentours de chaque puits.
Sur le plan économique, les bénéfices nets de la révolution du « shale gas » sont contestés. « Si les États-Unis créent autant d’emplois avec le gaz, c’est parce qu’ils forent en continu », avance Thomas Porcher. La plupart des puits s’épuisant vite, les compagnies gazières pratiquent la fuite en avant pour rentabiliser leurs investissements, maintenir leur production et rembourser leurs dettes dans un contexte de baisse du prix de l’énergie qui rend les nouveaux forages moins rentables. Du coup, des économistes dénoncent la création d’une bulle spéculative. Outre que le niveau réel des ressources pourrait être surestimé, certains attirent aussi l’attention sur le fait que l’extraction pourrait se révéler plus coûteuse et difficile qu’annoncé par les compagnies. Autant de bémols qui obligent à relativiser la portée de ce nouveau « miracle américain »…
Une onde de choc » : ainsi la très sérieuse Agence internationale de l’énergie (AIE) qualifiait-elle cet été la révolution des gaz de schiste aux États-Unis. Depuis qu’ils se sont lancés massivement, il y a cinq ans, dans l’exploitation de ces ressources « non conventionnelles » de gaz et de pétrole, les Américains se croient revenus un siècle en arrière, lorsqu’ils inventaient l’industrie pétrolière, caracolaient en tête de la production mondiale et menaient la seconde révolution industrielle.
Selon les prévisions de l’AIE, les États-Unis pourraient détrôner l’Arabie saoudite et la Russie sur le podium des producteurs de brut dès 2017, et devenir exportateurs nets dans quinze ans. À Riyad, on s’inquiète et on parle de « menace pour l’économie saoudienne », laquelle dépend à plus de 90 % des exportations de pétrole. Car les États-Unis, hier ultra-dépendants des pétromonarchies pour leur approvisionnement, sont en train de réduire leurs importations en provenance du golfe Arabo-Persique, et la baisse pourrait atteindre près de 40 % dans cinq ans.
Cette nouvelle manne énergétique, qui pourrait couvrir les besoins du pays pour le siècle en cours, ne devrait pourtant pas faire des États-Unis le nouveau gendarme énergétique du monde. « L’Opep va continuer à jouer un rôle majeur dans la géopolitique du pétrole car elle seule possède des marges de production mobilisables et la volonté politique pour peser sur le marché », observe Thomas Porcher, spécialiste du marché de l’énergie. Mais elle rend aux États-Unis des marges de manœuvre en réduisant sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur. On peut voir d’ailleurs dans la révolution des gaz de schiste une raison du désengagement américain au Proche-Orient, de la Libye à l’Irak en passant par la Syrie.
Régions réindustrialisées
Mais c’est surtout sur le plan domestique que les États-Unis engrangent des bénéfices. Déjà, l’Amérique est autosuffisante en gaz, dont la production a augmenté de 33 % depuis 2005 et dont elle est devenue premier producteur mondial grâce aux 500 000 forages réalisés à travers le pays. Dans ces grands espaces vides mais quadrillés de gazoducs et où les citoyens sont propriétaires de leur sous-sol, on fore à tour de bras du Texas à la Pennsylvanie en passant par l’Ohio. Et la nouvelle ruée vers l’or noir a permis, en créant des dizaines de milliers d’emplois, de réindustrialiser des régions sinistrées dans l’Hinterland américain frappé par la crise.
Pour le consommateur, l’irruption du « shale gas » est du pain bénit : en six ans, elle a divisé le prix du gaz par quatre. Les entreprises en profitent aussi : avec un prix du gaz inférieur d’un tiers à celui en vigueur en Europe, l’industrie états-unienne a regagné une compétitivité inestimable dans la lutte pour les parts de marché mondial. Les investissements repartent : à titre d’exemple, la société française Vallourec, leader mondial des tubes en acier sans soudure, investit 650 millions de dollars dans une usine à Youngstown (Ohio). Et, dans les villes, la conversion massive des flottes de bus urbains et transports scolaires au gaz naturel améliore la qualité de l’air.
Pollution et spéculation
Cependant, la pollution générée par le recours aux gaz de schiste commence à poser problème. Les énormes quantités d’eau nécessaires à la fracturation hydraulique des roches - seule technique praticable pour l’instant - provoquent des remontées d’eaux usées dans les nappes phréatiques salies par des sels corrosifs, du benzène ou du radium. Les forages sont aussi responsables de rejets de méthane dans l’atmosphère. Et les nuisances causées par les forages font baisser les prix de l’immobilier aux alentours de chaque puits.
Sur le plan économique, les bénéfices nets de la révolution du « shale gas » sont contestés. « Si les États-Unis créent autant d’emplois avec le gaz, c’est parce qu’ils forent en continu », avance Thomas Porcher. La plupart des puits s’épuisant vite, les compagnies gazières pratiquent la fuite en avant pour rentabiliser leurs investissements, maintenir leur production et rembourser leurs dettes dans un contexte de baisse du prix de l’énergie qui rend les nouveaux forages moins rentables. Du coup, des économistes dénoncent la création d’une bulle spéculative. Outre que le niveau réel des ressources pourrait être surestimé, certains attirent aussi l’attention sur le fait que l’extraction pourrait se révéler plus coûteuse et difficile qu’annoncé par les compagnies. Autant de bémols qui obligent à relativiser la portée de ce nouveau « miracle américain »…
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Un jeu documentaire
http://www.reporterre.net/spip.php?article5052
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Au Dakota du Nord, les vaches perdent leur queue
L’exploitation du gaz et du pétrole de schiste aux Etats-Unis
provoque d’importants dégâts environnementaux.
Dans le Dakota du Nord, les autorités détournent le regard.
http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/ROBIN/49528
provoque d’importants dégâts environnementaux.
Dans le Dakota du Nord, les autorités détournent le regard.
http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/ROBIN/49528
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
La résistance internationale s'organise
http://www.reporterre.net/spip.php?article5551
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Le passage en douce des camions a échoué...
http://npaherault.blogspot.com/2014/07/aude-gaz-de-schiste-le-passage-en-douce.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
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