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Un nouveau cycle de luttes dans le monde

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Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Empty Un nouveau cycle de luttes dans le monde

Message  Roseau Sam 20 Juil - 2:07

Dossier, première partie
http://www.avanti4.be/debats-theorie-histoire/article/dossier-un-nouveau-cycle-de-luttes-dans-le
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Message  Copas Sam 20 Juil - 8:13

Il se passe effectivement quelque chose depuis, disons, l'élection présidentielle de 2009 en Iran.

1) De quoi s'agit-il

C'est plus qu'un nouveau cycle de luttes, dire ce que cela est porte à controverses mais nous assistons à d'énormes soulèvements de masse. Pour le moins. Ces soulèvements de masse ne viennent pas du désert mais sont souvent précédés d'une montée des luttes, des fois pendant des années.

2) Comment définir les couches et classes y participant ?


le mythe des classes moyennes


D'abord en tordant le cou de certains médias et quelques personnes de gauche qui parlent de classes moyennes, là où, d'un point de vue marxiste, il n'y a que le prolétariat urbain (et des fois des campagnes). On peut discuter du type de couches du prolétariat qui sont impliquées mais la nature de l'essentiel des classes en mouvement ne fait pas de doute.

Il n'y a plus de façon significative de factions petites-bourgeoises (au sens de classe primaire), de factions bourgeoises dans ces tourmentes, sauf embusquées mais pas comme représentant des masses significatives des mouvements. Ou bien, si elles apparaissent, elles ne le font qu'au tout début avant d'être submergées par des masses considérables.

Ce qui semble être la plupart du temps au centre de ces soulèvements c'est le prolétariat urbain dans toute sa largeur et ses couches internes (avec des différences logiques entre elles dans la mise en mouvement).

Mais pour en arriver là, il faut prendre en considération un phénomène qui vient de loin, de dizaines d'années en arrière et qui arrive à maturité maintenant, ce phénomène conjugue conjugue plusieurs choses y compris des inégalités violentes entre la bourgeoisie et les autres classes, les modes de commandement spécifiques de la bourgeoisie, leurs bases sociales peaux de chagrin, dans des pays dictatoriaux ou de sorties de dictature.

Une croissance d'un prolétariat urbain qui vient de loin, indices


D'abord une énorme croissance des populations urbaines, l'écroulement du monde rural dans les pays en développement.
Les changements  que nous montrent l'urbanisation et l'écroulement rapide du monde rural dans le monde, nous donnent des indications profondes sur ce qui s'est passé en profondeur ces 40-50 dernières années .

Bien que cela soit caricatural, la zone qui a connu la bascule la plus profonde du monde rural vers le monde des villes est l'Amérique latine, mais on peut aussi prendre les pays qui ont connu des secousses importantes ces dernières années :

Iran-2009
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist11

Chine
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist17

Tunisie
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist13

Egypte
Seul cas de stagnation
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist15

Syrie
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist14

Indonésie
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist16

Brésil :
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist10

Turquie
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist12

En Europe ???
pour les pays ayant connu de grosses secousses sociales

Espagne
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist18

Portugal
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist19

Grèce
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist20

Bulgarie
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist21

France
pour comparaison et surprise
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Bmhist22


Cette urbanisation si elle est aussi passée parfois aussi par  des petits commerces de rue, a essentiellement consisté en un gonflement du prolétariat des villes. Certaines structures géographiques et sociales ont fait aussi s’interpénétrer des communautés paysannes denses, une urbanisation galopantes et des prolétaires industriels (représentatif le Guangdong en Chine et ses 110-130 millions d'habitants, peut-être la plus grosse région industrielle du monde).

Le prolétariat urbain est au centre de cette croissance, il est la classe ouvrière au sens large du terme allant au delà même de cette urbanisation apparente (dans certaines régions du monde des personnes habitant encore en zones rurales vont à l'usine qui est en ville ou en zone rurale).

On regardera ensuite donc les types de main d’œuvre suivant les régions du monde.
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Message  Copas Sam 20 Juil - 20:45

Pour apprécier les poussées puissantes/soulèvements populaires/révolutions qui se sont déroulées ces dernières années dans une série de pays (démarrage Iran 2009), il faut comprendre le chemin parcouru de ces pays qui connaissent ou ont connu tous des dictatures qui ont induits des héritages de tensions énormes et d'inégalités difficiles à accepter.
Les plus grosses tensions en Europe se sont situées dans les 3 dernières dictatures.

Les chiffres montrent une ascension de la classe ouvrière au sens large, une grande montée des niveaux d'instruction, une croissance au pas de charge des moyens de communication numériques du prolétariat.
Le prolétariat industriel est en décroissance dans une série de pays industrialisés et en croissance dans d'autres. Globalement le prolétariat industriel a probablement commencé de décroitre.
La bataille mondiale de l'alphabétisation est gagnée pour l'essentiel, et même celle de l'accès à des niveaux de scolarisation du secondaire.

Les tableaux ci-dessous servent à apprécier les classes en présence . Et les changements en cours .
Tous ces chiffres ne sont pas exclusifs aux pays qui se sont soulevés ou qui ont connu de très grandes batailles sociales et politiques.
Mais ils montrent un chamboulement du monde même en Europe.


Poussée de la classe ouvrière au sens large,
les stats des pays qui ont fortement bougé :


Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Tablea10

Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Captur13

Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Tablea12

Il y a probablement un bémol en Algérie sur le nombre d'internautes annoncés dans le tableau, puisque :


http://www.maghrebemergent.com/actualite/breves/fil-maghreb/item/26069-algerie-72-d-internautes-ages-entre-15-et-19-ans-etude-2013.html
Les Algériens âgés entre 15 et 19 ans sont les plus grands utilisateurs d’Internet en Algérie, ce qui représente un taux de 72% des internautes à l’échelle nationale, selon une étude réalisée en 2013 par la société IMMAR Research & Consultancy.

La tranche d’âge 20/29 ans représente, pour sa part, un taux de 60% d’utilisateurs d’Internet, suivie de celles 30/39 ans (39%) et 40/49 ans (20%), indique cette étude effectuée en face à face auprès d’un échantillon de 1.975 individus, âgés de 15 ans et plus, représentatif de la population algérienne (urbaine et rurale).

Les personnes âgées de 50 ans et plus ne représentent, pour leur part, que 10% des usagers du web.


Dernière édition par Copas le Jeu 1 Aoû - 19:25, édité 1 fois
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Message  Copas Sam 20 Juil - 21:33

Effets de contamination, la connaissance du monde
les actes 1 des révolutions arabes créent un choc sur la planète, surtout l’Égypte par le poids historique, politique, culturel qu'elle a dans le monde


2011 Le mouvement du Wisconsin, plus gros mouvement social américain depuis 75 ans,  avait connu beaucoup de référence à la révolution égyptienne, drapeaux égyptiens, images de pharaons, etc...
Ce mouvement social très puissant à l'échelle de cet état des USA dura des mois et il y eut une longue occupation du siège du gouvernement, le capitole de Madison :

Ce mouvement très puissant dans un état de 5 millions d'habitants fut finalement défait malgré une mobilisation d'un  niveau rare, avec des défilés de soutiens des paysans et des boites privées.
L'importance de la bureaucratie syndicale qui a riposté mais n'avait pas de stratégie pour monter la mise face au gouverneur républicain explique la défaite.

D'abord l'ambiance :


Une occupation massive du capitole






Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Wiscon10Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Wiscon11
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  1b10Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Egypt_10

Voir là : https://fr.wikipedia.org/wiki/Manifestations_du_Wisconsin_de_2011
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Message  Copas Sam 20 Juil - 22:38

Le soulèvement postélectoral en Iran de 2009
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Iran-p10
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Irania11

Le soulèvement en Iran après les fraudes électorales de 2009, marque le premier d'une série de soulèvements qui vont embraser une série de pays dans le monde un peu plus d'un an après.

Il commence par l'élection présidentielle iranienne du 12 juin 2009 de Mahmoud Ahmadinejad avec officiellement 62.6% contre Moussavi 33.7% où des soupçons de fraude vont occasionner de très grosses manifs de masse violemment attaquées par la police du régime et les Bassidj, milices para-policières fascistes du régime.

Le soulèvement prend très rapidement un tour qui se libère des limites du candidat battu pour déboucher sur une remise en cause multiforme du régime. L'existence d'un grand prolétariat industriel et d'un prolétariat urbain large, instruit, communicant, va donner lieu à un affrontement tenace qui durera longtemps avant d'être défait.

On trouvera plusieurs indications dans ce soulèvement :
- le régime ne tient plus que par les flics
- les premiers pas d'un prolétariat urbain devenu majoritaire jeune, bien formé, bien informé, communicant, qui ne supporte plus le régime du knout.
- Une partie de la base sociale du régime, la petite-bourgeoisie, et la paysannerie encadrée de près, sont des classes qui reculent dans la société iranienne.
- Les milices et l'appareil construit autour du régime sombre dans la corruption, les privatisations prédatrices.
- Une opposition populaire tenace qui affrontera longtemps le régime à un prix lourd .

Les soulèvements de 2011 feront ressortir du monde dans la rue et seront réprimés à nouveau .


Protestation dans la rue dés le 13 juin 2009


Le 8 Mars 2010 fut choisie par l'opposition pour la journée des femmes la chanson de Gisso Shakeri, Karzar (*)
Un nouveau cycle de luttes dans le monde  Irania10


Voir sur le site
http://npamenton.unblog.fr/2010/03/04/video-de-lorganisation-de-femmes-du-8-mars/


(*) Les oiseaux de la liberté volent au loin
Nous les voyons depuis les fenêtres à barreaux
Assises en silence plein de tristesse
Dans le coin de nos chambres !
L’avenir est de plus en plus flou chaque minute !
Prisonnières dans la plus sombre des nuits
Même la lune part au loin !

Debout et finissons-en
Quel est ce genre de monde ?
Nous ne pouvons plus attendre
C’est l’heure du combat !
C’est l’heure du combat !

Témoins de femmes condamnées à la mort par lapidation
Etre amoureuses est leur crime
Les liens du travail et du capital brisent le dos des ouvriers
Partout des enfants affamés, tristes et en larmes
Les rêves et l’imagination s’effritent et disparaissent

Debout et finissons-en
Quel est ce genre de monde ?
Nous ne pouvons plus attendre
C’est l’heure du combat !
C’est l’heure du combat !

A moins que nous ne brisions nos chaînes
L’ignorance, la religion et le capitalisme poussent l’humanité à sa perte !
Par nostalgie pour la libération et la liberté
Les corps de jeunes sont pendus sur les arbres des places publiques

Debout et finissons-en
Quel est ce genre de monde ?
Nous ne pouvons plus attendre
C’est l’heure du combat !
C’est l’heure du combat !
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Message  Copas Sam 20 Juil - 22:53

La fin du monde n'est plus ce qu'elle était..

Angoisses, l'auteur de la fin de l'histoire qui ne dura finalement que 10 ans estime que ma France n'est pas à l'abri d'une explosions sociale...

Invité au Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, Francis Fukuyama, auteur de La Fin de l'Histoire et le dernier homme (éd. Flammarion, 1992), livre son analyse sur les manifestations et les troubles survenus en Egypte, en Turquie et au Brésil ces dernières semaines.

D'après lui, de nombreux pays dans le monde sont susceptibles d'être touchés à leur tour par ces mouvements populaires : la Chine et la Russie, en premier lieu, mais aussi les vieilles démocraties d'Europe de l'Ouest – France y compris.

Pourquoi ? Le déclin des classes moyennes représente un danger pour les Etats, et en particulier pour les démocraties, explique Fukuyama. Découvrez son analyse ici :


Francis Fukuyama - Le déclin des classes... par courrierinternational
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Message  Copas Sam 20 Juil - 23:27

Sur le mouvement du Wisconsin de 2011 on notera plusieurs choses :
- occupation du siège d'un gouvernement
- Manifs de pompiers et de policiers en soutien au mouvement social :

Ci dessous les pompiers et flics venant en manif et rentrant dans le capitole orchestre en tête :


Discours d'un représentant d'un syndicat policier dans le capitole apportant son soutien :


- Le soutien de paysans
Tractorcade
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Message  Copas Dim 21 Juil - 8:19

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Message  Copas Mar 23 Juil - 21:29

Turquie : ce que Gezi est en train d’enseigner à la gauche
AYMAN I. Zekeriya


http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29331


La capacité de la gauche révolutionnaire turque à aider à mener une révolte de masse a été testée en juin au cours du mois de manifestations et d’actions de protestations nées autour de la question du parc Gezi d’Istambul.

Après ce qu’elle appelle désormais “la Grande Résistance de Juin”, la gauche se sent nettement plus légère, comme rafraîchie par ces événements. Son moral est plus élevé qu’il ne l’a été depuis des décennies. Et surtout, elle a une direction à saisir. Le chemin à suivre est clair.

Une lutte du peuple uni pour la révolution a été le rêve de la gauche turque depuis plus de quatre décennies. Et enfin, elle vient de connaître un véritable mouvement populaire de masse et uni.../...

.../... la suite : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29331
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Message  Copas Mar 23 Juil - 21:50

Retour sur l'Iran
Rien n'est réglé des raisons du soulèvement de 2009


Le mouvement de masse qui affronta le régime de 2009 à 2010, puis qui connut un bref resurgissement dans la foulée des révolutions "arabes" en 2011, court toujours sous la cendre.

Avant les dernières élections présidentielles en Iran, lors des funérailles d'un ayatollah pris, à tord ou à raison, pour moins flic que les autres, il y eut une démonstration imposante à Ispahan appelant à la mort des dirigeants, réclamant la libération des prisonniers politiques.


L'élection elle-même, et l'arrivée aux affaires d'un ayatollah présenté comme moins répressif donna lieu aussi à des démonstrations demandant plus de libertés et en faveur de la libération des prisonniers politiques.
L'importance du prolétariat industriel en Iran et du prolétariat dut de services, la détestation des forces de répression, les trouées de la crise mondiale, l'isolement économique, la rapacité des bourgeois aux affaires, créent une situation où, à tout moment, l'Iran peut se transformer en volcan, après les secousses de 2009 et 2010.
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Message  Copas Mer 31 Juil - 19:51

Gilbert Achcar :
Poursuite et difficultés des processus révolutionnaires au Maghreb et au Machrek


Mercredi 31 juillet 2013
Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 206 (01/08/13)
http://npa2009.org/node/38379

Entretien. Intellectuel marxiste originaire du Liban, Gilbert Achcar est enseignant à la School of Oriental and African Studies de l’Université de Londres. Il répond à nos questions sur la situation bouillonnante dans la région arabe.


Le processus révolutionnaire de la région arabe ne cesse de surprendre les medias. Comment analyses-tu les évènements récents en Egypte et en Tunisie ?
Il y a certes des changements qualitatifs qui surviennent, mais le fait même qu’il y ait des rebondissements ne saurait surprendre dès lors qu’on a compris que ce qui a démarré fin 2010-début 2011 est un processus révolutionnaire de longue durée.

L’idée que les victoires électorales de forces issues de l’intégrisme islamique en Tunisie et en Egypte allaient clôturer le processus s’est révélée complètement erronée. Ces forces étaient vouées à l’échec dans la mesure où, pas plus que les régimes auxquelles elles succèdent, elles n’ont pas de réponse aux très graves problèmes sociaux et économiques qui sont à l’origine des soulèvements.

Elles se situent dans la continuité des recettes néolibérales et ne sauraient donc résoudre ces problèmes qui ne font que s’aggraver. Le processus révolutionnaire peut prendre des formes surprenantes, mais on va continuer à passer longtemps de bouleversement en bouleversement à l’échelle régionale avant une stabilisation de la situation qui supposerait, dans une hypothèse positive, un changement profond de la nature sociale des gouvernements vers des politiques axées sur les intérêts des travailleurs et des travailleuses.

Comment vois-tu l’affrontement en cours aujourd’hui en Égypte ?

En Egypte aujourd’hui, il faut distinguer entre deux niveaux : les manœuvres et conflits autour du pouvoir, et la lame de fond populaire. Celle-ci connaît un deuxième déferlement depuis celui de 2011, mais qui débouche, comme le précédent, sur une intervention de l’armée. Moubarak, déjà, avait été écarté en février 2011 par les militaires qui ont alors pris directement le pouvoir, le Conseil supérieur des forces armées s’emparant du sommet de l’exécutif.

Cette fois-ci, ils se sont gardés de répéter la même opération s’étant brûlé les doigts à essayer de gouverner le pays dans une situation de bouleversement telle qu’elle entraîne une usure très rapide de n’importe quel gouvernement qui se cantonnerait à l’horizon des politiques néolibérales.

Mais les civils désignés à la tête de l’exécutif ne peuvent cacher le fait que c’est l’armée qui exerce le pouvoir. Cela dit, l’argument selon lequel, cette fois-ci, l’armée est intervenue contre un gouvernement démocratiquement élu relève d’une conception très droitière de la démocratie, selon laquelle les élus ont carte blanche pour faire ce qu’ils veulent pendant la durée de leur mandat, même s’ils trahissent de manière flagrante les attentes de leurs électeurs et électrices.

Une conception radicale de la démocratie implique le droit à la révocation des élus. C’est cette forme que le mouvement a pris en Egypte avec la pétition pour le départ de Morsi et de nouvelles élections qu’ont lancée les jeunes du mouvement « Tamarrod » (Rébellion), qui ont réuni en quelques mois un nombre impressionnant de signatures, bien supérieur au nombre de voix qu’avait obtenues Morsi pour son élection à la présidentielle. De ce point de vue, sa révocation était tout à fait légitime.

Par contre, le gros problème, c’est que plutôt que d’organiser le mouvement de masse afin de renverser Morsi par les moyens de la lutte de masse – la grève générale, la désobéissance civile ­­­– on a vu les dirigeants de l’opposition libérale et de gauche s’accorder avec les militaires et applaudir leur coup d’état dont la logique ultime est de capter le potentiel de mobilisation populaire et de le détourner en faveur du retour à un ordre musclé, comme le confirment aujourd’hui les agissements des militaires.

Cela est extrêmement grave, et à ce niveau là il y a une carence forte de la gauche égyptienne dans ses composantes majoritaires. Elle a redoré le blason de l’armée, et encensé l’ho le commandant en chef de l’armée. Ce dernier est l’homme fort du nouveau-ancien régime. Bien que ministre de la défense, il s’est permis d’appeler la population à manifester en soutien à l’armée en ignorant totalement le nouveau gouvernement.

Aujourd’hui, même les jeunes de Tamarrod commencent à s’inquiéter, mais un peu tard, de l’engrenage dans lequel ils se sont fait prendre eux-mêmes.
Le coup d’Etat permet aux Frères musulmans de se refaire une jeunesse politique en se présentant en martyrs, victimes d’un putsch militaire. Ils ont reconsolidé leur base sociale, certes minoritaire – c’est maintenant clair – mais néanmoins importante. L’action des militaires redore leur blason.

Donc, il y a eu une usure très rapide des mouvements islamistes ayant occupé la place des anciens régimes en Tunisie et en Egypte, mais la faiblesse de la gauche pose maintenant un gros problème ?

En dehors de la gauche révolutionnaire qui reste marginale en Egypte, le gros de la gauche s’est investi dans le Front du salut national.
Les courants issus du mouvement communiste traditionnel ainsi que le courant nassérien qui reste le plus important au niveau de l’influence populaire ont participé à l’entreprise de mystification des gens sur le rôle de l’armée.

C’est d’autant plus déplorable que ces mêmes forces étaient dans la rue contre l’armée dans les mois qui ont précédé l’élection de Morsi ! Quand Sabahi, le leader nassérien, expliquait quelques jours avant le 30 juin que c’était une erreur d’avoir crié un an auparavant « à bas le gouvernement des militaires », il tirait les mauvaises leçons de l’histoire. Ce qui est une erreur, c’est de s’en repentir et de penser qu’il faut de nouveau applaudir l’armée.

Que penses-tu des dispositifs qu’essaient de se donner les Tunisiens pour mettre fin au pouvoir d’En-Nahda ?

Malheureusement, on risque d’avoir en Tunisie un scénario semblable à celui que connaît l’Egypte : une gauche qui n’a pas la lucidité politique de se battre sur un programme de gauche, et qui s’apprête à nouer des alliances même avec les pans de l’ancien régime présents dans Nidaa Tounès.
Ce type de démarche profite finalement aux forces islamistes qui ont beau jeu de dénoncer la compromission de la gauche avec les restes de l’ancien régime. Cela permet aux Frères musulmans ou à Ennahdha de se présenter comme porteurs de la légitimité et de la continuité de la révolution.

Il y a donc un problème de représentation politique des couches populaires en révolution ?

Oui, le problème c’est qu’au lieu de chercher à conquérir l’hégémonie dans le mouvement de masse en se battant en premier lieu sur la question sociale, quitte à faire l’unité contre elle des partisans du néolibéralisme qui vont des intégristes aux hommes de l’ancien régime en passant par les libéraux, la gauche s’inscrit dans des alliances à courte vue avec des pans de l’ancien régime. Dans un pays comme la Tunisie, à mon sens, la centrale syndicale UGTT est une force socialement hégémonique et qui peut facilement le devenir politiquement. Or une muraille est dressée entre le syndical et le politique.
La gauche tunisienne aujourd’hui à la tête de l’UGTT, plutôt que de lancer la centrale dans la bataille politique avec pour horizon un gouvernement des travailleurs, semble s’orienter vers des alliances contre-nature entre ses groupements politiques organisés dans le Front populaire, d’une part, et les libéraux et les restes de l’ancien régime, de l’autre.

Malgré ces difficultés de débouchés, les révoltes continuent dans de nombreux pays, on voit apparaître maintenant des mouvements « Tamarrod » en Libye, au Bahreïn…


Dans les six pays qui ont été les plus profondément touchés par les soulèvements de 2011, les mouvements de masse continuent.

En Libye, c’est le bouillonnement permanent.

Les médias ne le répercutent pas, mais il y a constamment des mobilisations populaires, notamment contre les intégristes ; les institutions élues sont soumises à des pressions diverses de la base populaire. Au Yémen, le mouvement continue, même s’il a été affaibli par le compromis dans lequel se sont engouffrées une partie des forces d’opposition.
Des forces radicales, en particulier jeunes et de gauche, continuent à se battre contre ce simulacre de changement. Au Bahreïn, le mouvement populaire se poursuit contre la monarchie.

Et en Syrie, la guerre civile bat son plein, elle atteint un niveau hautement tragique avec aujourd’hui une contre-offensive féroce du régime soutenu par la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais. La Syrie est un cas flagrant de cynisme des grandes puissances, qui laissent massacrer un peuple qui ne leur inspire que la méfiance.

Donc, deux ans et demi après le début du processus, celui-ci continue de plus belle ?

Une dynamique révolutionnaire s’est enclenchée en 2011, un processus de longue durée qui va connaître des hauts et des bas, des épisodes de réaction, de contre-révolution et des rebonds révolutionnaires.
Mais pour une issue positive à ce processus, il faudra que se dégagent des forces porteuses de réponses progressistes aux problèmes posés sur le plan social et économique.

A défaut, il y a d’autres scénarios possibles, de régression, de réaction, d’alliances répressives contre les populations entre ceux qui aujourd’hui semblent opposés, militaires et intégristes. Il n’y a aucune fatalité dans un sens ou dans l’autre, c’est une situation ouverte, en plein bouillonnement.

La gauche doit urgemment affirmer une troisième voie indépendante, contre les anciens régimes et contre les intégristes, pour la satisfaction des revendications sociales de celles et ceux qui ont porté ces soulèvements.
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Message  Copas Mer 31 Juil - 21:08

2009-2013, du soulèvement iranien jusqu'au soulèvement brésilien
Un cycle de soulèvements, révoltes, mobilisations et révolutions dans une série de pays du monde.

Le soulèvement populaire du Yemen
Janvier 2011-2013, le bouillonnement est toujours en cours


Ce soulèvement a une place à part par le fait que c'est le pays le moins développé et qui conjuguait des aspects paraissant plus réactionnaires que d'autres pays du monde dit "arabo-musulman", une place des femmes plus difficile encore qu'ailleurs, un machisme et un culte des symboles de la violence pour les hommes, des mouvements liés à Al Qaïda, et pourtant...

Un nouveau cycle de luttes dans le monde  12892110

Je repasse l'article que j'avais écrit en janvier 2011, là :
Sanaa, l'affolement des boussoles
27 Janvier 2011
27 janvier 2011
http://npamenton.unblog.fr/2011/01/27/sanaa-yemen-laffolement-des-boussoles/   
http://npamenton.unblog.fr/2011/01/27/sanaa-yemen-laffolement-des-boussoles/
pauvreté, corruption, capitalisme, soumission aux USA, atteintes aux libertés


les causes alimentent le brasier


La capitale du Yemen, Sanaa, connait depuis plusieurs semaines des protestations populaires de plus en plus importantes pour des revendications sociales et démocratiques. le soulèvement tunisien a accéléré les protestations et mis en avant un curieux attelage entre socialistes et islamistes, au travers d’une coalition dite « rencontre commune » (**) (marché de dupes comme à l’arrivée de Khomeiny en Iran ou réelle inflexion ?)

De quelconque façon, la dynamique de soulèvement populaire est enclenchée et va aller jusqu’à son terme, défaite ou bien recul du pouvoir, voir éjection de la camarilla du dictateur.

aujourd’hui

A la suite des manifestations de ces dernières semaines, Tawakel Karman (*) qui dirige l’organisation locale « Femmes journalistes sans chaînes » a été interpellée dans la nuit de samedi à dimanche à Sanaa.
Tawakel Karman avait conduit ces derniers jours des manifestations de soutien à la révolte populaire en Tunisie et à des changements au Yémen.

Elle se trouvait dimanche dans la prison de la capitale

Cette femme, dirigeante d’un parti islamiste, se retrouvant également en première ligne d’un mouvement pour les libertés d’expression, contre la corruption, contre la pauvreté, pour la chute de la dictature yéménite et faisant chanter l’hymne national tunisien à la foule, montre un affolement évident des boussoles de la propagande des médias de l’Union Européenne

Cette nouvelle montre la multiplicité des soulèvements et les contradictions dans l’onde de la révolution tunisienne

C’est qu’en fait, le souffle de la révolution tunisienne parcourt et révèle d’innombrables lignes de fracture entre les intérêts de la classe populaire, libertés, pouvoir populaire, etc,  et les assemblages préalablement construits entre dictateurs, pouvoirs autoritaires et des factions religieuses dans l’ombre du pouvoir.

Le Yémen est un des pays les plus pauvres du monde dit arabe, malgré une production quotidienne de quelque 300 000 barils de pétrole.

40% des 23 millions de Yéménites vivent avec moins de deux dollars par jour.  L’inflation y atteint 12% et le taux de chômage 35%. La dictature est confrontée à un front sécessionniste du Sud et à une rébellion chiite au nord. Elle dispose du soutien des USA pour faire la chasse à al-Qaïda et de l’Arabie Saoudite pour mater sa population.

La faille entre les classes s’élargit :

D’un côté une bourgeoisie corrompue, dictatoriale, meurtrière,  sous quelques oripeaux qu’elle soit (royauté, ethnique, bureaucratie militaire, présidence à vie, théocratie , féodaux) , installée en Iran, en Arabie Saoudite, au Yemen, en Israel, en Jordanie, en Egypte, en Tunisie, en Lybie, en Algérie, au Maroc, etc, ayant dans la totalité des cas des liens incestueux avec des interets capitalistes internationaux (même en Iran, où les interets croisés des trusts européens, japonais, russes et chinois sont puissants), ayant de multiples liens avec les appareils d’états des états capitalistes dominants de la planète

 et de l’autre côté un prolétariat souvent urbain de plus en plus important, plus éduqué et formé, aspirant à prendre en mains les rênes de l’avenir et bataillant pour les libertés individuelles et collectives. Ce prolétariat urbain au sens moderne du terme, reçoit chaque joue le renfort des déclassés d’autres couches sociales, sous le choc de la crise internationale du capitalisme

L’ensemble des partis et courants politiques, confessionnels, ethniques, explose ou est aimanté, par un camp ou l’autre, sur la planète, quelque soit les continents

Les présents propos ne valent pas blanc seing au parti islamiste Yémenite Al-Islah, même de la plus infime façon, mais révèlent la volonté de classes populaires, de plus en plus éduquées, qui pousse tous les courants à se situer par rapport à elles.

Les revendications démocratiques et sociales de la classe populaire sont ce qu’il y a à soutenir.

(*)Tawakel Karman est membre du Comité central du parti islamiste yéménite Al-Islah

(**)  l’alliance dite « Rencontre commune »

l’alliance « Rencontre commune » est une coordination entre « socialistes » et « islamistes »
les socialistes yéménites sont les successeurs pour partie du parti au pouvoir de l’ancienne république démocratique du Yemen du Sud
Les islamistes de al-Islah ont un parti qui a une activité sociale très intense, notamment dans la jeunesse (sous forme d’aides caritatives, etc), mais profondément marquée à l’origine par une implantation chez les commerçants. Toutefois, l’approfondissement de la crise, la pauvreté, les atteintes aux libertés, la prolétarisation de couches sociales de plus en plus nombreuses et l’ouverture numérique sur le monde produit d’intenses contradictions et une poussée continue de révolte.

L’alliance « rencontre commune », qui était déjà en pleine ascension,  se trouve propulsée en avant par les tensions de la société yéménite et l’impact de la révolution tunisienne

Tawakel Karman depuis a eu le prix nobel de la paix et a suscité une immense fierté dans une population qui a l'habitude de cacher visages, corps et expressions des femmes.
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Le  soulèvement yemenite part des étudiants puis s'étendra au reste de la population. Le soulèvement arrive à écarter le dictateur pro-américain mais l'armée continue de tirer les ficelles du pouvoir. Pour autant la situation est métamorphosée, l'ensemble des contradictions et tensions, frustrations et revendications s'expriment toujours. Rien n'est réglé et se qui continue de caractériser la situation ce sont des manifs de masse qui continuent de se produire. Au sud Yémen les anciennes revendications de l'ancien état du sud, "socialiste" ré-ermergent avec force.
...et il y a du monde comme ici à Aden en Mai 2013 où la demande d'autonomie et d'indépendance bat son plein :

Le point de vue d'un militant qui fait partie du mouvement Al Harak pour l'indépendance du Yemen du Sud:
la lutte a trois aspects, manifestations, désobéissance civile, et action syndicale.


http://fajr-aljanoob.blogspot.ch/2013/05/south-yemen-gives-you-clear-picture-of.html

ou on se reportera là :
https://forummarxiste.forum-actif.net/t889p210-le-point-sur-les-revolutions-dans-les-pays-arabes#68171

Actuellement il existe une conférence de dialogue national (NDC) au Yémen qui regroupe l'essentiel des groupes et partis. Cette conférence est plus construite sur des rounds de négociation interminable que sous la forme d'une constituante.
La question du Yemen du Sud a été ré-abordée ces derniers temps.
Deux écoles de pensée se font jour dans cette conférence sur l'organisation future du Yemen.

Certaines parties ont appuyé l'idée de donner sud le droit à l'autodétermination, et un vote sur s'ils veulent se séparer.

D'autres groupes ont proposé la création d'un gouvernement fédéral. Le Congrès général du peuple (GPC), le parti de l'ancien président Ali Abdullah Saleh (l'ex-dictateur), et ​​la Congrégation yéménite pour la réforme islamique (al-Islah) appuient la proposition de l'Etat fédéral.
Le Parti socialiste yéménite (PSY) a déclaré que le problème ne pouvait être résolu qu'avec une deuxième conférence où les délégués seraient répartis également entre le nord et le sud.

La proposition de Al-Islah a été basée sur un Etat fédéral, composé de plusieurs régions divisées sur les aspects nationaux, politiques, géographiques, démographiques et économiques.

Le parti islamiste a plaidé pour la création de deux conseils législatifs distincts. Le premier des deux conseils serait la Chambre des représentants, qui est directement élu par un système proportionnel de liste, tandis que la seconde serait le Conseil de la Fédération qui serait basé sur des représentants de chaque région.
Le GPC a présenté une proposition similaire, avec des États qui  gèrent leurs affaires internes, y compris un système judiciaire indépendant. Il a ajouté que chaque région devrait avoir un gouvernement local  responsable de la gestion des affaires quotidiennes.

Ce parti a également déclaré que la région d'Aden devrait être la capitale financière du Yémen.
YSP dit que la question du Sud ne pourrait être résolu avec une seconde période de transition, où les représentants des deux parties sont également représentés. Le parti a fixé un délai de trois ans pour un tel débat. En attendant, le groupe socialiste a exigé la formation d'un gouvernement de transition répartis à parts égales entre le nord et le sud.
Les représentants du Mouvement du Yémen du Sud a exigé que les populations du sud sont informés de leur droit à l'autodétermination approfondie d'un référendum.
Les suggestions seront analysées par un comité qui serait ensuite chargé de se mettre d'accord sur un plan d'action avant la fin du dialogue, le 18 Septembre.
La décision finale devrait faire partie du projet de constitution, qui sera soumise au peuple par voie de référendum l'année prochaine.
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Message  Copas Mer 31 Juil - 22:52

Dans les révolutions et soulèvements la place des femmes est souvent importante, au Yemen se produisit une situation extrème.
Le pays le plus pauvre, le moins scolarisé, avec une place des femmes la plus difficile, au milieu d'un univers de violences a aboutit à des processus surprenants et des trajectoires nous permettant de comprendre plein de choses.

La révolution yéménité toujours en cours est un des épisodes des soulèvements du monde à prendre en considération.
Dans ce processus la question des femmes prit une tournure particulière au travers de la trajectoire d'une femme islamiste.

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Tawakel Karman fut ce symbole extrêmement puissant au Yemen, source d'admiration et de fierté d'un peuple méprisé du monde, sous les menaces des grands prédateurs du monde, au travers du sexe le plus opprimé et exploité.

La question des droits des femmes et de la place des femmes dans cette société est extrème. Voir comment les lignes ont commencé à changer, fait en sorte que des cortèges au début du soulèvement yéménite ont défilé derrière des portraits géants d'une femme emprisonnée dans un pays où on cache le visage des femmes, dirigeante islamiste, membre également d'un groupe s'appelant Femmes journalistes sans chaines amène à interrogation.

Donc  advint Tawakel Karman , elle fut prix nobel, et un jour il n'est pas impossible qu'elle soit dirigeante de ce pays. Mais il faut indiquer également que, depuis, un certain nombre de femmes yéménites ont été distinguées dans les domaines des sciences, des arts et des lettres (mais aussi du bisness), au delà des frontières. Foi du bouillonnement qui secoue cette société.


Sur Tawakel Karman on peut lire ceci dans une des sociétés qui couvrent complétement le visage des femmes, comment elle a décidé de se "dévoiler" :



Tawakol Karman : l’héroïne du Yémen

par RandaAchmawi @ vendredi, oct.. 07, 2011 – 12:51:52
L’Activisme et le voile
http://randaachmawi.blog.fr/2011/10/07/tawakol-karman-l-heroine-du-yemen-11978778/
En tant que membre du principal parti Islamique d’opposition, l’Islah, Tawakol Karman a toujours utilisé le voile qui couvre son visage, le niqab. En cela est courant au Yémen ou la grande majorité des femmes, indépendamment de leurs positions dans la société ou de la profession qu’elles exercent se couvrent entièrement, ne laissant voir parfois que leurs yeux.

Mais a cause de son activisme politique, elle a décidé avec le temps, que le niqab, ne l’aidait pas à avoir une communication efficace avec les gens, comme elle souhaitait d’en avoir.

Mais un jour, lorsqu’elle était en train de participer d’une conférence, en 2004, pour faire une présentation sur le Droit de l’Homme, avant de monter au podium, elle a simplement décidé de découvrir son visage. Un moment où, pour la première fois, depuis qu’elle était devenue adulte, son visage était montré en public.

« J’ai découvert que le fait de se couvrir le visage, n’était pas approprié pour une femme que veut travailler dans l’activisme et le domaine publique. Les gens ont besoin de voir mon visage lorsque je parle, autrement le contact réel n’est pas possible. De plus le fait de se couvrir le visage, n’est pas prescrit par l’Islam. Le port du niqab est uniquement une tradition,  alors j’ai décidé de l’enlever » Expliquait Tawakol.
En ajoutant que même si elle a admit que celle-là fut une décision difficile, elle ne la regrette pas. Et depuis, elle va même jusqu'à encourager d’autres femmes activistes de l’imiter.

On découvre qu’il il y a, dans la société Yemenite des nombreuses femmes actives dans les sphères politiques et publiques, et selon Tawakol, elles sont plus sincères que les hommes car elles doivent être deux fois meilleures, plus efficaces, productives, etc.., car elles vivent dans une société patriarcale. « Le problème chez nous c’est que, les femmes activistes sont deux fois plus sous pression, en tant que femme et en tant qu’activistes, car notre société n’accepte pas une femme qui est visible ou qui mène une vie publique » dit en ajoutant « faire partie du processus démocratique est extrêmement difficile aussi bien pour les hommes que pour les femmes, spécialement si la position de ces activistes se trouvent en lutte contre des Etats, ou il y a des groupe d’intérêts puissants. Alors essayons d’imaginer ce que c’est cela lorsqu’on est femme et qu’est déjà né opprimée… »

Tawakol a pourtant su faire elle-même le parcours d’une femme opprimée par sa société, mais qui a été capable de surmonter sa peur et son manque de confiance en soi, pour pouvoir enfin exercer en plénitude, un rôle constructif dans sa société et son pays.

Il s’agit d’une démarche extrêmement longue et complexe. En faite, comme le dit très bien Tawakol, la femme, dans les sociétés musulmanes plus conservatrices, sont persuadées à croire, dès leurs très jeune âge, quelle représentent un problème, pour elle-même, pour leurs familles, pour leurs clan.

Or ce que Tawakol très bien dit aux femmes de son pays, c’est qu’elles doivent arrêter de se voir comme étant un problème, mais plutôt commencer à se comprendre qu’elles font plutôt partie des solutions. « Nous avons été longtemps marginalisées et maintenant le temps est venu de devenir active sans espère d’être acceptée ou de devoir demander de permission »
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Message  Antonio Valledor Jeu 1 Aoû - 11:34

"il y a aussi des références communes, des connexions intimes, des va-et-vient réciproques et un même cadre : celui d’un capitalisme global en crise. Et un lieu : la ville, qui est, comme le dit David Harvey, « le lieu de la lutte anticapitaliste. »."

http://www.avanti4.be/debats-theorie-histoire/article/un-nouveau-cycle-de-luttes-dans-le-monde-ii

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Message  Copas Jeu 1 Aoû - 19:14

Antonio Valledor a écrit:"il y a aussi des références communes, des connexions intimes, des va-et-vient réciproques et un même cadre : celui d’un capitalisme global en crise. Et un lieu : la ville, qui est, comme le dit David Harvey, « le lieu de la lutte anticapitaliste. »."

http://www.avanti4.be/debats-theorie-histoire/article/un-nouveau-cycle-de-luttes-dans-le-monde-ii

Tout à fait, et quand on met ça en corrélation avec la chute de la petite-bourgeoisie et de la paysannerie, c'est une poussée numérique du prolétariat, de ses niveaux d'instruction, etc...
On laissera de côté les conneries racontées en boucle sur les classes moyennes, même à l'extrème gauche.

Cette poussée du prolétariat urbain par rapport aux autres catégories en activité est visible partout .
Voir tableaux là : https://forummarxiste.forum-actif.net/t352p75-analyse-de-la-crise-taux-de-profit-etc#72440

On constatera cette poussée prodigieuse du prolétariat industriel et du prolétariat dit de services.
Tous les pays d'Afrique du nord, TOUS, ont un prolétariat industriel supérieur en proportion au prolétariat industriel français.
On constatera également la poussée importante de l'effort d'instruction et de scolarisation, la poussée des moyens de communication numériques "horizontaux".
Ca ne fait pas en soi une révolution, ni des prolétariats conscient de leurs intérets historiques  mais ça tresse des contextes pour comprendre que l'essentiel des soulèvements quand ils ont pris une taille de masse ont été le fait de prolétariats urbains.

Mais j'ajouterai aussi quelque chose : ce qui se produit ne vient pas pour moi du capitalisme en crise dans plusieurs pays mais d'un processus qui vient de ces 40 dernières années. Les masses tentent de venir chercher les promesses et les rêves dont on les a abreuvé ces dernières décennies.
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Message  Copas Jeu 1 Aoû - 19:53


Egypte. Passer des conseils et de la propagande à une «politique de masse»
Par Jacques Chastaing

Une des difficultés pour des révolutionnaires socialistes face à la révolution égyptienne, mais aussi face à toutes les tentatives actuelles – à quelque niveau que ce soit – des classes exploitées et opprimées à entrer-monter sur la scène politique est leur capacité à rompre avec des décennies d’attitudes propagandistes, durant lesquelles ils s’adressaient à quelques-uns pour tenter, aujourd’hui, de répondre aux besoins, aux aspirations et à la conscience de «multitudes» en mouvement.

Cela implique des changements profonds de tous les points de vue. Le plus important de ceux-là est donc cette capacité à représenter les masses en mouvement pour traduire en programme et politique ce que ces dernières comprennent et veulent de la situation. Cela veut dire s’adresser à elles et non plus à quelques individus à qui on explique la totalité du programme socialiste, ni non plus à des partis progressistes sur lesquels on essaie de peser par des conseils.../...

La suite : http://alencontre.org/moyenorient/egypte/egypte-passer-des-conseils-et-de-la-propagande-a-une-politique-de-masse.html

Il parle de la gauche radicale européenne là ? ou des SR égyptiens ?
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Message  sylvestre Ven 2 Aoû - 10:12

Copas a écrit:

Il parle de la gauche radicale européenne là ? ou des SR égyptiens ?

Des SR pour ce que j'en comprends.
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Message  Copas Ven 2 Aoû - 18:00

sylvestre a écrit:
Copas a écrit:

Il parle de la gauche radicale européenne là ? ou des SR égyptiens ?

Des SR pour ce que j'en comprends.

Il y avait un brin d’ironie dans ma question... ceci dit je pense qu'il s'adresse aux SR sans excès, assaisonne carrément les autres à gauche en Egypte, mais s'adresse quand même à plus large aussi.

Dans l'état actuel je serai pour la question des retraites pour les camarades en France de lancer un comité de coordination national provisoire appelant évidemment aux premières initiatives mais appelant à tenir des AG et coordinations dans les entreprises, à envoyer des délégués nationalement, des AG et coords de ville, etc....avec des mathieux, Besancenots, mercier, poutous, etc...

Au moins tenter...

Mais revenons à nos moutons...

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Message  verié2 Ven 2 Aoû - 19:44


Copas
Dans l'état actuel je serai pour la question des retraites pour les camarades en France de lancer un comité de coordination national provisoire appelant évidemment aux premières initiatives mais appelant à tenir des AG et coordinations dans les entreprises, à envoyer des délégués nationalement, des AG et coords de ville, etc....avec des mathieux, Besancenots, mercier, poutous, etc...

Au moins tenter...
C'est un peu HS sur ce fil, mais tout à fait d'accord.

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Message  Roseau Ven 2 Aoû - 23:06

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Message  Copas Sam 3 Aoû - 8:06

La critique de Chastaing n'est pas bien loin de critiques que l'on pourait porter aux orgas d'extrème gauche en Europe.

Savoureux cela :


Cela implique des changements profonds de tous les points de vue. Le plus important de ceux-là est donc cette capacité à représenter les masses en mouvement pour traduire en programme et politique ce que ces dernières comprennent et veulent de la situation. Cela veut dire s’adresser à elles et non plus à quelques individus à qui on explique la totalité du programme socialiste, ni non plus à des partis progressistes sur lesquels on essaie de peser par des conseils.

.../... Cela signifie encore avoir suffisamment confiance dans ses idées, le programme socialiste en général et l’expérience du mouvement ouvrier passé, pour arriver à saisir des logiques sociales, des enchaînements politiques dans l’apparente confusion des événements.

Sans tout partager, il y a des aspects là dedans interessant largement au delà des frontières de l’Égypte. Aux masses ! et non seulement (comme en France) à des petits partis réformistes bureaucratisés qui ont été balayés des entreprises. On ne peut amener des ânes à l'abreuvoir quand ils n'ont pas soif. Le front unique là dedans c'est 1% s'adresser à ces petits partis excentrés, et 99% aux masses, à travailler concretement à leur organisation,  à résoudre les problèmes de mise en mouvement, d'organisation des masses, dans le cadre d'une stratégie de prise de pouvoir par les travailleurs.
Pour cela il faut un parti avec ses directions puissantes de secteur, ses organes centraux de propagande, et d'agitation, etc.

La gauche révolutionnaire en Europe est très fautive là dessus, mais on ne peut avoir le même reproche en Egypte où les SR partent de beaucoup plus bas, excentrés de la classe et leur présence est déjà tout à fait exceptionnelle.

Arriver à ce communiqué avec des syndicats et mvts politiques, à la mi-juin, se concluant à cela  n'était déjà pas mal :

.../...The workers of Egypt are the organised, productive force of this country. They alone are capable of shifting the balance of power on 30 June and afterwards. They can form the locomotive of revolution which will displace the Brotherhood, their government, ministers and provincial governors, in order to implement the demands of the revolution and its slogans of bread, freedom, social justice. We cannot leave the field open for other forces to steal our revolution and our campaign for change, as neither the revolution nor the people will triumph if we do not express our concerns and aspirations..../...

http://menasolidaritynetwork.com/2013/06/26/egypt-joint-statement-together-we-will-bring-down-the-regime/
Egyptian Federation of Independent Trade Unions, the Permanent Congress of Workers in Alexandria, the Revolutionary Socialists, Rebel Movement, the Egyptian Centre for Social and Economic Rights


Ou voir encore cela qui démontre au même moment que des collectifs de travailleurs se posent la question de prendre en main directement leurs entreprises :

..../...  So what now? We have a clear vision for the management of our company and a dedicated staff of engineers, technicians and workers across various departments. We don’t need the current corrupt management and we must strive to put our vision into action.

The Mahalla workers’ movement

http://menasolidaritynetwork.com/2013/06/28/egypt-mahalla-workers-join-rebellion-reject-privatisation-plans/


La matière existe donc de ci de là. Indiquer qu'il faut des comités populaires partout c'est important, les construire concretement en leur donnant d'emblée dans les gènes la centralisation c'est mieux, et on voit que la question du pouvoir est presque là dans certaines luttes.

Ça se dit parfois indirectement quand les révolutionnaires socialistes invoquent les comités populaires; il faudrait des comités partout. Certes mais les comités ne sont qu’une forme. La question est: avec quel programme, quelle politique? Et là aussi, silence, pour l’essentiel. Ce qui ne fait soit qu’entériner ce qui se fait, soit dire des généralités du genre, il «faut la révolution», «il faut renverser le capitalisme», «il faut une grève générale», etc. Les révolutionnaires socialistes en Égypte et ailleurs ne sont pas trop en avance sur les masses; ils sont, de fait, en retard.

Et ???
Plusieurs conclusions possibles de ce genre de remarque.

Mais un aparté:  la prise de pouvoir des travailleurs dans des pays à gros prolétariats, notamment industriels, ce qui est le cas de toute l'Afrique du Nord et de l'Europe, renvoie essentiellement à leurs outils organisationnels . Dans les poussées des masses on perd et on gagne souvent là dessus. Aucun programme ne se conclue sans ces outils. En 2010 en France, les masses se battaient, mais elles n'avaient pas les outils organisationnels pour donner un autre sens, un sens concret, aux désirs de grève générale qui étaient assez populaires.
Et effectivement les révolutionnaires en France n'étaient pas en avance des masses, mais  dedans, sans plus et sans éclairer le chemin, sans avoir travailler en amont et pendant à quelque chose de concretement désagréable aux bureaucraties : une direction alternative expression d'une centralisation de coordinations de travailleurs.
En France actuellement il existe une belle résistance sociale de basse tension, mais pas popularisée, inconnue. Voir et encore là. pour le seul secteur de la santé, ou bien là pour le .seul secteur de la Poste.

Il existe donc des précurseurs, et pour le moins un potentiel alors que nous nous précipitons vers une bataille nationale des retraites. Et comme en 2010 un gros verrou sera la question de l'organisation des masses. Et evidemment pour les révolutionnaires de porter des coups même avec de très faibles forces pour pousser à l'autoorganisation centralisée de façon concrète. Il faut une direction centralisée de la colère des masses . Et il faut pour les révolutionnaires traiter sérieusement ces questions (et ils ne sont pas tant démunis là dessus historiquement pour la France) et tenter de porter un coup de boutoir là dessus sans être dans l'abstraction.... et enserrer ça dans une stratégie "légitime".

Sur la question égyptienne, la question de l'auto-organisation centralisée des masses se pose, alors qu'il y a de ci de là des phénomènes de fait très intéressants qui s'y sont déroulé et se déroulent dans les grandes régions industrielles surtout. Une stratégie révolutionnaire n'a pas de sens sans partir de cela et l'enrichir politiquement (apparemment cela a commencé à le faire car un collectif d'une grosse usine avait insister lourdement dans la fin d'un communiqué sur leur capacité à prendre en main l'usine).

Actuellement il existe à nouveau une poussée ouvrière de certains secteurs en Égypte, post-Morsi (notamment dans le textile), seulement après un mois de direction des militaires.
La classe ouvrière égyptienne malgré certains dirigeants prêts à aller à la soupe au triple galop pour reconstruire l'Egypte , ne semble pas avoir fait de trêve dans ses combats.

La matière existe donc pour continuer de développer les réponses révolutionnaires, construire les organes unitaires et centralisés de la classe.
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Message  Roseau Mer 7 Aoû - 8:59

http://npa2009.org/node/38413
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Message  Copas Sam 17 Aoû - 21:35

Un point qui interroge une série de remarques lues et entendues de ci de là .

Classe ouvrière en soi et classe ouvrière pour soi.
Une partie de la gauche révolutionnaire a tendance à minimiser l'importance de l’existence de très gros prolétariats urbains dans le monde au prétexte qu'ils ne seraient pas des prolétariats conscients de leurs intérets historiques, au point de mépriser et mésestimer radicalement les impacts de la poussée exceptionnelle de ces prolétariats.

D'un autre côté, ces camarades sont souvent pris à contrepied sur la réalité de ces prolétariats et leurs activité.

L'exemple des processus révolutionnaires arabes illustre bien des regards conservateurs d'une partie du gauchisme français :
D'abord la négation des processus révolutionnaires, le bof, puis les tentatives de n'y voir que des poussées tribales, puis des manipulations impérialistes (c'est vrai ça, ces peuples n'avaient aucune raison de se soulever...), le soulagement indicible devant l'arrivée de gouvernements islamistes (on vous l'avait bien dit), puis devant les luttes contre ces gouvernements qui n'ont rien résolu de la crise sociale et démocratique l'indifférence et le silence, enfin avec le coup d'état militaire un nouveau soulagement remettant en ordre les choses auxquelles le gauchisme habituel et gavé du regard colonial se complaisait.

Une grande partie du gauchisme français a semblé incapable d'avoir une analyse de classe des sociétés des pays dits en développement parce qu'elle refuse de quitter des lunettes du passé sur ces sociétés.

On a vu ainsi LO parler des "pauvres" en Égypte (LO peut parler de pauvres car c'est aussi un trait du prolétariat urbain égyptien), ce qui est insuffisant et ne permet pas de reconnaitre l'existence de très grosses classes ouvrières et donc de comprendre les processus à l’œuvre. C'est là un péché véniel de peu de poids car LO n'est pas tellement obnubilé par les questions internationales sauf dans deux ou trois cas où existe des groupes frères; Mais révélateur.

Par contre, c'est beaucoup plus grave dans une partie de la gauche ou de l'extrème gauche où la négation et l'ignorance de ces grosses classes ouvrières a frisé des relents pénibles.

A tel point que le silence par exemple sur la question des grèves ouvrières en Libye frise le mal-être sur un scénario qui accordait une dimension définitive à l'intervention de l'aviation impérialiste en aide au soulèvement contre le facho Kadhafi et une incompréhension totale de la nature de la Libye du point de vue des classes en présence (prolétariat industriel : 30%).

D'un point de vue général d'ailleurs, si il y a un trait caractéristique de l'Afrique du nord, c'est la grande poussée de l'activité de la classe ouvrière au sens large du terme depuis 2012, et dedans du prolétariat industriel qui est partout dans les 5 pays d'Afrique du nord méditerranéens supérieur numériquement au prolétariat industriel français ou plus encore espagnol. Cette activité a été au plus haut la première moitié de l'année et les reprises de feu qu'on voit actuellement en Algérie (la lutte des travailleurs de la poste est repartie par exemple) et en Égypte montrent que le processus continue.

Une partie du gauchisme a nié et n'a pas reconnu l'existence des ces prolétariats urbains en continuant de se crisper sur une vision datant de l'époque des colonies ou juste après les batailles de l'indépendance (et leurs prolétariats agricoles, leurs élevages de survie, leurs paysans, leurs structures "traditionnelles" habituelles pesant et bloquant, leurs petites-bourgeoises dirigeantes, etc).

Cette distorsion du regard et aussi ce regard tiers-mondiste est passé complétement à côté des processus qui allaient et vont amener à des secousses de plus en plus puissantes de ces sociétés, en  sur-déterminant une vision centrée sur les batailles paysannes pour l'Amérique latine, ou sur les tribus sur l'Afrique du nord (pour certains pays comme la Libye, c’est justement la distorsion entre une société moderne, ouvrière, industrielle, informée, communicante et le vieux règne tribal flatté par le régime qui était passé de petit bourgeois à bourgeoise en privatisant et pillant la société, qui a contribué fortement aux explosions).

En niant et ne prenant pas conscience de ces transformations de classe il était extrêmement difficile d'en reconnaitre l'activité corolaire montante.

Grâce à une longue bataille de l'information, lentement la gauche révolutionnaire française commence à prendre en compte le caractère extrêmement détonnant de la révolution en Afrique du Nord et ses fondamentaux. Le caractère extrêmement détonnant de la situation dans un grand nombre de régimes "autoritaires" et leurs fondamentaux communs : prolétariats urbains énormes (dont le prolétariat industriel constitue un des fers de lance éminent), qualification,  information,  scolarisation, moyens de com horizontaux.

En souhaitant que la bascule en cours d'une partie de la gauche révolutionnaire n'aboutisse pas à un regard  de hourra-révolution partout. Passant du coq à l'âne.

La poussée numérique énorme du prolétariat urbain dans un très grand nombre de pays du monde, l'accroissement énorme de son instruction, de sa connaissance du monde, de sa capacité d'utiliser des moyens de communication horizontaux, ça ne fait pas une révolution socialiste, mais confrontées à des régimes dictatoriaux, c'est comme des charges de dynamite qui s'accumulent. En saupoudrant tout cela d'une entrée dans la grande crise capitaliste internationale, des privatisations massives, ça devient carrément insupportable à ces grands prolétariats.

Et ça pète.

Fondamentalement c'est le développement indéniable des forces productives dans un grand nombre de pays dits en développement depuis 30 à 40 ans qui a amené cette situation, la grande crise capitaliste là dedans n'est que le dernier ingrédient détonnant.  Et cette remarque, conforme à ce qu'on peut constater, signifie que des pays dits en développement  ont pu se développer malgré les ponctions impérialistes sur leurs économies, alors qu'on a longtemps estimé que le développement de ces pays était strictement impossible à cause de la domination impériale.  

Ce à quoi on assiste dans le cycle qui semble avoir commencé en 2009 en Iran, ce sont des prolétariats qui arrivent à maturité par un processus ayant plusieurs dizaines d'années, qui passent à l'assaut souvent spontanément (ce qui n’empêche pas des exceptions ou des vieilles forces de tenter de rattraper les trains ), en se servant du moindre prétexte .

Les secondes lignes du gauchisme internationnal se sont mis à raconter que c'était les classes moyennes qui se soulevaient. Adieu marxisme, se privant ainsi de toute analyse sérieuse des processus en cours. Il était donc paradoxal de voir certains nier des prolétariats au prétexte qu'ils n'étaient pas pour soi, tout en niant qu'ils existaient . C'était tantôt des pauvres, tantôt des classes moyennes, des islamistes, des lumpens, des agents de la CIA, etc, jamais une classe.

Les lèvres se gerçaient de reconnaitre la simple existence d'une classe travailleuse urbaine. Et donc impossible de reconnaitre que cette classe qui n'existait pas était à la manœuvre, soulevée, faisant ses premiers pas dans l'affrontement au pouvoir et aspirant à la justice sociale.

Cette spontanéité des masses pour passer à l'assaut contre l'injustice sociale , pour les libertés, n'est pas discutable. Ces assauts se font immédiatement contre les appareils d'état à la difference des vieilles démocraties où une série de strates comportementales des régimes diluent et retardent les assauts policiers.  Les classes ouvrières se mettent en mouvement, avec ou sans parti, avec ou sans syndicats, quand les conditions sont mures. Par nature, par exemple, les quelques dizaines de milliers de luttes ouvrières en Chine sont auto-organisées.

Là aussi reconnaitre que la plus grosse classe ouvrière du monde utilisait dans des dizaines de milliers de grèves l'auto-organisation, ou ailleurs dans certains pays du monde était superbement ignoré et nié (voir l'analyse du dernier congrès du NPA sur la situation internationale comme invraisemblable tissu de contre-vérités ).

Dans le cas de l'Indonésie par contre ce sont des syndicats puissants qui se sont constitués et ont des plans très structurés, avec une milice ouvrière puissante, pour obtenir des conquêtes. Entre les deux nous avons toutes les panoplies de prolétariats urbains en matière organisationnelle. Très peu de partis ouvriers (mais des partis sont partout en construction, de diverses façons, là où le prolétariat urbain est passé à l'assaut contre les régimes dictatoriaux).Les pays où les coups de boutoirs des prolétariats urbains ont provoqué une crise politique profonde, même avec peu de conscience politique révolutionnaire, des espaces ont été dégagés pour avancer vers la construction de partis révolutionnaires.

Là aussi reconnaitre que le mouvement ouvrier progressait en organisation dans certains pays du monde était superbement ignoré et nié (voir l'analyse du dernier congrès du NPA sur la situation internationale comme invraisemblable tissu de contre-vérités).

En ce moment, en Amérique du sud, on voit également ces processus de constitution qui arrivent à maturité d'énormes prolétariats urbains. Depuis maintenant 10 à 15 ans l'ensemble de l'Amérique du sud est très urbanisée et a comme classe numériquement dominante, le prolétariat urbain. Cela a des conséquences à une série de niveaux, notamment une crise languissante des régimes, dont les aspects électoraux sont des indices importants du changement de donne, comme les développement de mouvements de masse impétueux dépassant largement les limites traditionnelles du mouvement ouvrier classique. Le prolétariat, la jeunesse, se mettent en mouvement contre des injustices sociales. La gauche est là...ou pas. Mais c'est le prolétariat qui est en mouvement... sans attendre.

Le Brésil a montré cette disponibilité au combat ces derniers mois et combien il était important pour les révolutionnaires d'être dans cette bataille justifiée du prolétariat urbain brésilien.

Brésil, Chili, Argentine, Bolivie, etc... Mais ne soyons pas surpris si le Venezuela a une population urbanisée à 94%, un prolétariat urbain représentant 92% de la main d’œuvre...

Ensuite il y a l'air du temps et les phénomènes de contaminations des révoltes sociales, leur impact politique. L'Amérique du sud est quant à elle à nouveau dans la tourmente de ce point de vue et la révolte brésilienne irradie et rejoint les mouvements tenaces de jeunes au Chili, cette pression n'est peut-être pas pour rien dans la poussée électorale des révolutionnaires en Argentine.
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Message  Roseau Lun 26 Aoû - 20:45

Un nouveau cycle de luttes dans le monde ? (III) — La révolution à marée basse
http://www.avanti4.be/debats-theorie-histoire/article/un-nouveau-cycle-de-luttes-dans-le-monde-iii-la
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Message  Copas Ven 6 Sep - 9:36

On rajoutera dans les soulèvements de masse dans le monde la Colombie où les mouvements de masse sont de plus en plus puissants et concernent toutes les classes et couches sociales (une des plus grosses paysanneries d'Amérique du Sud qui est à la bataille, avec les orgas de masse ouvrières, de la jeunesse, certains travailleurs indépendants, etc ).

La crise politique est là avec un appareil d'état extrêmement expérimenté en matière de violence. La base sociale du régime semble fortement érodée, la crise politique logique.

Tout cela est très bien documenté par Toussaint sur le fil Colombie :
https://forummarxiste.forum-actif.net/t350p240-colombie

Toujours est-il que la Colombie est à rajouter dans les nombreux états dans le monde qui voient des soulèvements, révolutions en cours, poussées importantes des masses.

Les mouvements de masse en Amérique du Sud ont cru d'une façon importante ces dernières années de tous points de vue.
Les bases sociales, l'accumulation des forces du prolétariat dans une série de combats percute la grande crise du capitalisme et les appétits de la bourgeoisie pour la résoudre.

La Colombie est à rajouter dans la longue liste des pays qui voient les mouvements de masse atteindre une grande importance et provoquer une crise politique.
Nous sommes maintenant à plusieurs dizaines d'états dans le monde qui ont vu des niveaux inédits des mouvements de masse contre les régimes en place, pour la justice sociale et les libertés politiques.
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