Front national
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Re: Front national
Toussaint a écrit: Il se situe comme droite nationale et aujourd'hui il veut être droite nationale et sociale. Il estime que le reste des partis de gouvernement sont partie du système de l'anti-France... C'est tout bonnement un discours fascisant, pur jus, et on voit que les poussées de la droite surtout et de la gauche souvent vers leurs thèses ne fait que permettre au FN d'aller de plus en plus loin. La perméabilité de la droite "républicaine" aux thèses du FN est patente, lorsqu'on voit la trajectoire d'un Sarko et la composition de son groupe de conseillers. C'est très exactement la configuration politique rêvée pour un parti fasciste.
Je crois que le FN joue avec les mots. C'est avant tout un parti nationaliste car l'épithète national correspond juste à une délimitation territoriale. Ils ont enlevé un "iste"...
Le nationalisme et la République sont deux entités antinomiques, même si la droite pense le contraire...
Bon en tout cas même en jouant avec les mots, le FN est un parti national socialiste et un peu monarchiste sur les bords.
zée- Messages : 46
Date d'inscription : 20/02/2011
Re: Front national
Mais où donc as-tu été chercher une idée pareille, Zée ?
Zée
Le nationalisme et la République sont deux entités antinomiques, même si la droite pense le contraire.
Ca fait belle lurette que la bourgeoisie républicaine, de droite comme de gauche, est nationaliste ! Faut-il énumérer les exemples :
-Les conquêtes coloniales,
-La guerre de 14-18
-La Résistance nationaliste et la guerre jusqu'en 1945
-Les guerres de décolonisation.
Toutes ces guerres, menées au nom de la patrie, ont été faites par des gouvernements républicains de droite ou de gauche.
Certains républicains prétendent défendre depuis 1789 des "valeurs universelles", mais, comme par hasard, c'est la "France", avec un grand F, qui en est porteuse, et qui exporte ces valeurs à coups de canon.
Nous avons sous nos yeux deux prototypes de républicains de gauche nationalistes : Chevénement et Mélenchon, qui ne jurent que par le drapeau tricolore et la nation.
La "nation" a pu être une valeur progressiste à l'époque de la révolution bourgeoise, face aux tenants de l'ancien régime, mais elle ne l'est plus depuis un bail...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Front national
Pourquoi Marine Le Pen défend les femmes, les gays, les juifs… 20/12/2010
306 réactions
Par ERIC FASSIN sociologue, professeur à l’Ecole normale supérieure (ENS)
«Non, tu n’as pas changé !» C’est la chanson qu’entonnent en chœur journalistes et politiques quand Marine Le Pen s’en prend à ces musulmans que l’on voit prier, faute de lieux de culte, sur la voie publique : «Pour ceux qui aiment parler de la Seconde Guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler pour le coup.» Sans doute s’inquiète-t-on à grand bruit de ce retour fracassant ; mais l’agitation trahit aussi un soulagement. Quand les lignes politiques bougent, l’extrême droite serait «toujours la même» : on retrouve, s’exclame presque Libération en une, «le FN de papa» !
«Je suis très surpris de l’étonnement de certains, s’amuse Brice Hortefeux, il s’agit en réalité de propos très classiques tenus par son père. Elle s’inscrit dans la filiation.» On goûtera l’ironie d’un ministre, condamné pour propos racistes, qui s’apprête à lancer un Observatoire du racisme pour s’ériger sans rire en rempart improbable contre les idées du Front national. Quand chacun s’emploie aujourd’hui à dénoncer l’extrême droite, assurément infréquentable, la droite gouvernementale n’apparaît-elle pas, pour le coup, fréquentable ? Ce qui n’empêche pas Jean-François Copé de réclamer le retour du «grand débat sur l’identité nationale». Dans un souci non moins républicain de combattre le «danger électoral» du FN, le secrétaire général de l’UMP préconise la «fermeté» : «A nous d’être très offensifs, à l’image de ce que fait Brice Hortefeux dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre l’immigration clandestine.»
Sans doute Dominique Sopo, président de SOS Racisme, relève-t-il dans le Monde une incohérence apparente : Jean-Marie Le Pen avait lui fait scandale en son temps en parlant de l’Occupation nazie de la France, en la jugeant «pas si inhumaine que cela». Avec sa fille, «l’occupation» musulmane semble moins désirable : la référence change de signe. Et s’il fallait y lire, non pas une contradiction, mais une mutation ? A l’heure où, rejoignant le camp républicain, il embrasse la laïcité pour mieux stigmatiser l’islam, le Front national répudie l’héritage de la collaboration pour prendre ses distances avec sa tradition antisémite. Or, au même moment, la politique gouvernementale en matière d’immigration se révèle hantée par le spectre de la Seconde Guerre mondiale. D’un côté, pareille comparaison est proscrite, sous peine de poursuites judiciaires ; de l’autre, Brice Hortefeux justifiait l’organisation en 2008 d’un sommet européen sur l’intégration à Vichy : «On en a ras-le-bol, de cette histoire du passé !» Si la droite protestataire aspire au pouvoir en se plaçant sur le terrain de l’UMP, la droite braconne sur les terres FN pour y rester.
A quoi reconnaît-on encore aujourd’hui, en pleine progression des populismes européens, la droite de l’extrême droite ? Pour le sociologue néerlandais Paul Schnabel, la réponse est simple : sans doute Geert Wilders fait-il preuve aux Pays-Bas d’une islamophobie virulente qui nourrit son discours anti-immigrés, mais il ne saurait être d’extrême droite, car, dit le sociologue, il n’est «ni homophobe, ni sexiste, ni antisémite». Il est ainsi le digne successeur de Pim Fortuyn, dont l’homosexualité flamboyante fondait la xénophobie sur le rejet des imams, au motif que ceux-ci entravaient son goût pour les garçons marocains.
Quant à Marine Le Pen, n’est-elle plus d’extrême droite ? Elle ne s’est pas contentée de dénoncer «l’occupation» islamique ; elle déclarait à la même occasion : «Dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif, ni même français ou blanc.» Si les médias dominants ont ignoré cette phrase, les sites d’extrême droite, d’une part, et communautaires, d’autre part, n’ont pas manqué de la relever. Pour le FN nouveau, il ne s’agit plus seulement de poser la question nationale comme une question raciale, mais aussi d’en faire une question de genre et de sexualité. On se doutait déjà que le «Français de souche» était blanc ; mais ce qui la caractérise aujourd’hui, c’est la «blanchité sexuelle».
La blanchité est d’abord définie par ce «capital d’autochtonie» que, selon la fondation chevènementiste Res Publica, «la globalisation financière, et son impact en termes de délocalisations, est coupable d’avoir fait voler en éclats». C’est le prolongement, au sein même de l’espace français, de la «préférence nationale» à l’encontre des étrangers, puisque ce capital est constitué de «l’ensemble des ressources mobilisables par celui qui est né là où il vit et qui lui donnent un avantage social par rapport à celui qui vient d’ailleurs».
Cependant, la blanchité sexuelle vient ajouter une touche de modernité à ce tableau traditionnel. Au nom de la liberté et de l’égalité entre les sexes, voire entre les sexualités, on trace une frontière racialisée entre «eux» et «nous» : «nous» traiterions bien nos femmes, voire nos homosexuels, au contraire d’«eux». Au moment d’instituer l’identité nationale en ministère, le candidat Nicolas Sarkozy y insistait déjà en 2007 : «Chez nous, les femmes sont libres», «libres de se marier», «libres de divorcer», et même «libres d’avorter». De la polygamie au niqab, en passant par les mariages forcés, c’est toute la rhétorique de la «démocratie sexuelle» à laquelle se rallie désormais l’extrême droite, dans le sillage de la droite.
Quant au sexisme, à l’homophobie et à l’antisémitisme qui existent de fait dans les banlieues (mais qui peut croire qu’ils auraient disparu des villes et des campagnes ?), gageons que la nouvelle vertu démocratique des populistes de droite et d’extrême droite, qui se découvrent philosémites, féministes, voire «gay-friendly», ne fera que les alimenter. Les idéologues du ressentiment minoritaire, tels certains islamistes ou nationalistes noirs peu suspects de tolérance, ne peuvent qu’applaudir leurs alliés objectifs, idéologues du ressentiment majoritaire, qui leur garantissent un bel avenir. La convergence entre la droite et l’extrême droite célébrant une blanchité sexuelle revêtue d’oripeaux républicains n’est donc pas une bonne nouvelle pour la démocratie sexuelle.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Front national
Ah, et puis ça, franchement, on s'en passerait bien ! Non, les travailleurs ne sont pas des demeurés analphabètes. Y'a même plein d'ouvriers qui lisent plus que certains étudiants, le saviez-vous ?
Quel mépris...
Je n'ai aucun mépris pour personne, moi-même ça me fait franchement chier de recevoir des tracts kilométriques et rédigés n'importe comment, de manière à plaire plus au rédacteur qu'au lecteur visé. J'avoue même que je ne lis plus les tracts que je reçois les jours de manif.
Il ne s'agit pas d'être analphabète, mais simplement de rédiger des trucs de façon suffisamment intéressante et accrocheuse pour que les gens ouvriers ou pas aient envie de les lire.
C'est plus dur que de donner des leçons de morale....
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Front national
verié2 a écrit:Mais où donc as-tu été chercher une idée pareille, Zée ? .
Zée
Le nationalisme et la République sont deux entités antinomiques, même si la droite pense le contraire.
En réponse voici une petite citation :
"Je ne suis ni Athénien, ni Grec, mais un citoyen du monde." Socrate
Alors ça, ça reste a prouver car c'est la monarchie qui a inventé la nation.verié2 a écrit:
La "nation" a pu être une valeur progressiste à l'époque de la révolution bourgeoise, face aux tenants de l'ancien régime, mais elle ne l'est plus depuis un bail...
zée- Messages : 46
Date d'inscription : 20/02/2011
Re: Front national
zée a écrit:c'est la monarchie qui a inventé la nation.
Zée, je crois, sans vouloir faire preuve de paternalisme, qu'il faut que tu te penches un peu plus sérieusements sur l'histoire.
Voici quelques éléments :
-Fiche du Monde sur le concept de nation
http://soifdumonde.over-blog.com/article-10807620.html
-« En France, le concept de nation est hérité de la Révolution française.
On vit en effet apparaître, au début de la Révolution, une société, le Club de 1789, plutôt modéré, qui se réclamait du patriotisme. Une autre société, que François Perrault décrit comme beaucoup plus radicale, apparut par la suite (1792) : la société patriotique du Luxembourg.
Il en découle une politique dont les objectifs sont essentiellement l'indépendance, l'unité et la prospérité de sa propre nation et de son peuple. Le nationalisme base l'identité d'un individu sur son rapport à une nation. » Wikipedia
___
Sous l'ancien régime, on ne se battait pas pour la "nation", la "patrie", mais pour un roi, un prince, un empereur. D'ailleurs la nation n'existait pas : il n'y avait que des empires et des royaumes. Les soldats étaient pour une bonne part des mercenaires ou de pauvres gars enrôlés de force. Les alliances entre monarques se faisaient au travers des mariages princiers, de sorte que ces monarques étaient censés régner sur toutes sortes de territoires plus ou moins disparates et éloignés les uns des autres etc.
La Nation s'est vraiment imposée avec la révolution française. "Vive la nation !" était un de ses cris de ralliement face aux royalistes et armées des monarques. Dans ce sens, c'était alors une valeur progressiste et les autres révolutions européennes se sont faites au nom des droits des peuples à disposer d'eux mêmes. Mais c'est très vite devenu une valeur bourgeoise et réactionnaire face à la classe ouvrière dont les intérêts n'ont pas de frontière.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Front national
Un huissier au Front national Par JEAN-MICHEL DÉCUGIS ET CHRISTOPHE LABBÉ
Le Point.fr - Publié le 08/03/2011 à 17:57 - Modifié le 08/03/2011 à 18:35
EXCLUSIF. Si le parti de Marine Le Pen se porte bien côté sondages, ça va moins bien côté trésorerie.
Un huissier s'est présenté la semaine dernière au nouveau siège du Front national, rue des Suisses, à Nanterre. Motif : le parti de Marine Le Pen doit 200 000 euros de cotisations Urssaf. Après cette saisie conservatoire, comme on dit dans le jargon, le FN a un mois pour s'acquitter de ses dettes auprès de son débiteur. Contacté par Le Point, Me Wallerand de Saint-Just, avocat et trésorier du FN, confirme l'information avec cette précision : "L'huissier doit revenir le 10 avril, nous nous acquitterons alors d'une partie des 200 000 euros réclamés. Le FN tient à régler sa dette sociale." Dans le cas contraire, les biens du parti seront saisis.
En fait, c'est la cinquième fois qu'un huissier toque à la porte du FN. Les ennuis financiers ont commencé en 2007, après la désastreuse campagne des législatives. Le FN avait alors dû mettre en vente le "Paquebot", son siège historique à Saint-Cloud. Le 24 février 2010, Jean-Marie Le Pen avait reçu la visite chez lui, dans sa propriété de Montretout à Saint-Cloud, d'un huissier pour un inventaire de ses biens personnels avant saisie.
Le parti est aujourd'hui au régime sec, il n'emploie plus que 20 salariés contre 120 du temps de Bruno Mégret. Pour se renflouer, le FN compte sur les nouvelles adhésions, qui, selon Me Wallerand de Saint-Just, auraient doublé depuis que Marine Le Pen a remplacé son père.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Front national
> Études de cas > Racismes > La lepénisation des esprits
La lepénisation des esprits
Eléments pour une grille d’analyse du racisme en France
par Pierre Tevanian, Sylvie Tissot, 6 mars
La présence de Jean-Marie Le Pen au second tour à l’élection présidentielle en 2002, l’existence d’une profonde discrimination selon l’origine réelle ou supposée, les profanations de lieux religieux (synagogues, mosquées, cimetières) : tous ces phénomènes et bien d’autres témoignent de la persistance d’un profond racisme en France. Depuis longtemps, philosophes, historiens, sociologues, mais aussi militants anti-racistes se sont efforcés d’expliquer ce phénomène, et en 2002 une explication semble s’être s’imposée : le racisme se nourrit des effets de la crise économique - chômage, précarité, détérioration des liens sociaux et des conditions de vie dans les quartiers populaires. Une explication insuffisante, voire pernicieuse, que le concept de "lepénisation" permet de contester.
Cette explication, que semble étayer le fort taux de vote pour le candidat du Front national parmi les ouvriers, présente un intérêt certain : plutôt que de renvoyer à des processus psychologiques, voire à une nature humaine invariablement méfiante par rapport à l’étranger, elle souligne l’impact de processus sociaux et économiques. Le racisme est ainsi appréhendé comme une production sociale. Pourtant, en le ramenant à un simple comportement de protestation, ce schéma ne prend pas en compte les opinions racistes comme des phénomènes autonomes, non réductibles à l’expression d’une colère sociale. Il tend également à passer sous silence les conséquences concrètes du racisme pour les populations qui le subissent. Enfin, il repose sur un certain nombre de présupposés qu’Annie Collovald s’est récemment attachée à réfuter.
Dans ce livre important, Le « populisme du FN », un dangereux contresens, l’auteure montre, à l’aide de données électorales précises, le caractère erroné des analyses qui voient dans les classes populaires les principaux soutiens du Front national. Intégrer l’abstention et la non inscription sur les listes électorales, beaucoup plus importantes chez les classes populaires, permet de donner une plus juste mesure du pourcentage d’électeurs FN au sein de cette population. Les commerçants et professions indépendantes apparaissent alors comme les premiers soutiens du parti d’extrême droite. Dans son livre, Annie Collovald retrace la genèse de ce sens devenu commun chez les spécialistes du commentaire politique, et surtout, elle invite à s’interroger sur ses effets sociaux. Avec cette analyse, en effet, s’impose « la figure fantasmatique d’un peuple menaçant pour la stabilité de la démocratie », « délégitimant tous ceux pour qui le “peuple“ est une cause à défendre au profit de la légitimation de ceux qui pour qui le “peuple“ est un problème à résoudre » [1]. Le peuple porterait ainsi une responsabilité, compréhensible mais écrasante, dans la persistance du racisme en France.
Centrant l’explication de la crise de la démocratie et de la représentation politique sur les classes populaires, cette analyse a aussi pour effet d’exonérer les élites politiques et médiatiques de toute responsabilité. Or c’est précisément le rôle joué par la classe politique et les médias dans la montée du Front national que nous voudrions souligner, ouvrant ainsi à une autre approche du racisme. Le racisme, comme nous avons voulu l’expliquer dans notre Dictionnaire de la lepénisation des esprits [2], n’est pas, ou pas spécialement, une caractéristique de la « France d’en bas » ; il est même, à beaucoup d’égards, une production de la « France d’en haut », et le résultat de la réappropriation dans ses discours de grilles d’analyse, d’arguments, de schémas de pensée d’extrême droite. À quelle réalité renvoie ce que le ministre socialiste Robert Badinter avait, le premier, qualifié de « lepénisation des esprits » ? Quelle forme a t-elle prise et jusqu’où s’est-elle étendue ?
Cette histoire n’est pas linéaire, mais deux épisodes marquants s’en dégagent : la politisation, à partir de la fin des années 1980, de la question de l’immigration et la focalisation des débats politiques autour du « problème de l’immigration » ; la montée en force, dans la seconde moitié des années 1990, des discours sécuritaires centrés sur les jeunes des classes populaires.
Le "problème de l’immigration"
Longtemps confinée au sein de l’administration [3], la question de l’immigration a fait l’objet, à partir de la fin des années 1970, d’une politisation croissante. Investie par les associations, les médias, la classe politique, elle est devenue un des objets de clivages politiques et de débats publics. Mais, loin d’être posée de façon « neutre », cette question a été problématisée d’une certaine manière. Alors que les mouvements et les associations de gauche et d’extrême gauche engagés dans cette cause voyaient leur influence décliner, l’analyse a été recadrée à la fin des années 1980 sur les problèmes que poseraient les immigrés (et non plus ceux qu’ils subissent), que ce soit à la France, à la situation de l’emploi, aux déficits publics ou encore au niveau de délinquance [4].
Outre les médias, cette évolution doit beaucoup à un certain nombre de déclarations politiques prenant pour cible les immigrés. Si des personnalités de gauche (comme le Président François Mitterrand ou le Premier Ministre Michel Rocard [5]) ont pu participer à la désignation des immigrés comme menace, la lepénisation des esprits est d’abord le fait de la droite. Jusqu’au début des années 1990, le Parti socialiste cherche à éviter la question de l’immigration, ou alors met l’accent sur le premier volet du diptyque sur lequel va reposer la politique d’immigration en France, quels que soient les gouvernements successifs : l’« intégration » des immigrés ayant vocation à rester sur le territoire français et l’éloignement des irréguliers. Au Parti communiste, les amalgames entretenus entre drogue, délinquance et immigration sont régulièrement repris par certains maires (notamment ceux de Vitry et de Montigny-lès-Cormeilles). La direction nationale, qui initialement leur apporte son soutien, évolue toutefois, à partir de la fin des années 1980, vers d’autres positions sur la question de l’immigration, soulignant la négation des droits de l’homme et l’exploitation économique des sans papiers.
C’est donc avant tout à droite, et depuis la décision de fermer les frontières en 1974, que se développent les discours les plus répressifs à l’encontre de l’immigration, d’abord en vue d’encourager les retours d’immigrés installés en France, ensuite, devant l’échec de cette politique, pour lutter contre les arrivées régulières et irrégulières. En 1986, le ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, s’illustre en procédant à l’expulsion collective de « 101 Maliens ». Des pratiques et un discours répressifs s’imposent, toujours plus médiatisés et progressivement banalisés en dépit des protestations qui peuvent s’exprimer.
L’orientation répressive se renforce au fur et à mesure que l’échec de la politique économique libérale « dure » menée par le gouvernement Chirac en 1986 apparaît patent. La question de l’immigration va devenir, après 1988, un vrai cheval de bataille. Un angle d’attaque privilégié est ainsi trouvé pour attaquer la gestion de la gauche. Mais l’objectif consiste aussi, en multipliant les déclarations de « fermeté » à l’encontre des immigrés, à récupérer les voix du Front national, dans les années où ce parti se développe considérablement, jusqu’à conquérir plusieurs sièges à l’Assemblée nationale et dans les conseils régionaux, ainsi que quelques mairies.
Au sein du discours qui se développe ainsi, deux idées, directement issues de la rhétorique d’extrême droite, reviennent sans cesse, pour gagner un caractère d’évidence de plus en plus partagée. La thématique de la menace va d’abord s’incarner dans la dénonciation d’une « invasion ».
Invasion
« Nous sommes victimes d’une invasion apparemment pacifique mais qui, évidemment, nous menace mortellement dans notre identité et notre sécurité », Jean-Marie Le Pen « Le type de problèmes auxquels nous allons être confrontés n’est plus l’immigration, mais l’invasion », Valérie Giscard d’Estaing, UDF
« Intrusion, occupation, invasion. Les trois mots sont exacts. Pour invasion, je suis reparti consulter le dictionnaire qui donne deux définitions : action de pénétrer et de se répandre dangereusement. Et il n’est pas innocent de le comprendre. Un million de clandestins, c’est l’effectif de cent divisions, non armées certes, mais qui pèsent lourdement sur les conditions de notre existence et de notre identité nationale », Michel Poniatowski, UDF
« Ce qui était une immigration de renfort démographique devient une immigration de substitution de peuplement », Jean-Louis Debré, RPR
« Je suis maire d’une commune dans laquelle se trouvent des écoles où il y a 60 de non francophones. Je le dis calmement avec sérénité. Cela pose des problèmes aux élus locaux et cela posera dans l’avenir aux Français des problèmes considérables (...) Dans les Bouches-du-Rhône, si l’évolution actuelle se poursuit, s’il n’y a pas de diminution de la communauté étrangère, dans quelques années (probablement avant la fin du siècle), il y aura plus d’étrangers que de Français de souche », François Léotard, UDF
« Osons avancer une hypothèse : si 10% des 500 millions de jeunes Africains que l’Afrique comptera en 2025 venaient tenter leur chance en Europe chaque année, ce sont entre 30 et 50 millions de jeunes Africains qui arriveraient, soit la population d’un pays comme l’Espagne, c’est dire l’ampleur du problème que nous avons à gérer », Daniel Colin, RPR
« Les nations existent. Chacun défend son existence légitimement », Jean-Pierre Chevènement, MDC [6]
Ce vieux thème de l’extrême droite française, très prisé par Jean-Marie Le Pen, a été repris explicitement par la droite parlementaire au début des années 1980. « Il faut arrêter cette invasion », pouvait-on lire en 1983 dans un trac de Roger Chinaud et Jean-Pierre Bloch (UDF) en faveur du candidat Alain Juppé (RPR). Il est revenu en force au début des années 1990 et l’on a pu entendre le député RPR Jacques Myard prophétiser « la guerre civile » si rien n’était fait pour contenir les « hordes qui déferlent sous la pression démographique du Sud ». Ce discours fait apparaître les immigrés, non plus seulement comme des parasites ou comme un « problème » à régler, mais aussi comme des agresseurs, justifiant ainsi la violence qui leur est faite en la faisant passer pour un acte de légitime défense. Basé sur des analyses erronées (et maintes fois réfutées, notamment sur le lien entre immigration et chômage, immigration et déficits de la sécurité sociale, immigration et délinquance [7]), ce discours occulte en outre l’histoire d’une autre « migration », celle des colonisateurs français dans les pays du Maghreb et de l’Afrique noire, des violences qu’ils ont perpétrées et de la déstructuration de ces sociétés qui est aussi un des facteurs des migrations actuelles.
Ce discours sur l’invasion a été d’autant plus efficace qu’il est venu se greffer - deuxième thématique sur laquelle nous voudrions insister ici - sur une certaine conception de la nation française. L’immigration ne peut en effet être présentée comme un danger pour la France que parce que celle-ci est conçue comme une entité basée sur une « identité » homogène et immuable à travers des siècles. Cette nation, garantie par l’existence d’un socle de populations « de souche », héritière de valeurs communes, ne pourrait par conséquent se perpétuer qu’en limitant l’arrivant de corps « étrangers ». Cette conception nationaliste, construite sur un modèle « organiciste », nie l’histoire déjà longue de l’immigration en France, mais aussi les conditions sociales et économiques de l’intégration des immigrés. Cette vision se traduit surtout par une série de déclarations sur le « seuil de tolérance » et d’appels répétés à la mise en œuvre de « quotas ».
Seuil de tolérance
« C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité ; sinon la France ne serait plus la France. (...) Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? (...) Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-deux-Eglises, mais Colombey les deux Mosquées ! », Charles de Gaulle
« Il y a une overdose d’immigration », Jacques Chirac, RPR
« Le seuil de tolérance est franchi », Alain Juppé, RPR
« Le seuil de tolérance est dépassé depuis les années 1970 », François Mitterrand
« L’immigration est absorbable à petites doses », Jean-Pierre Chevènement [8]
La compilation de ces citations ne vise pas, ou pas seulement, à susciter l’indignation. L’étendue du spectre politique, mais aussi des univers sociaux au sein desquelles de tels schémas de pensée sont à l’œuvre, donne à réfléchir sur le consensus qui s’est installé à propos du « problème de l’immigration ». Ces citations ne sont pas, en effet, de simples anecdotes ; elles révèlent un climat plus général qui s’est instauré dans les années 1980, et qui repose sur une série de mots, d’idées, de schémas de pensée progressivement devenus des évidences. Certes, une partie du monde associatif et politique de gauche a toujours exprimé son indignation à chaque fois que la « préférence nationale », le « bruit et de l’odeur » [9] ou l’« invasion » étaient évoqués. Mais l’absence de sanction à droite contre les déclarations les plus ouvertement racistes, ainsi que la culpabilisation à laquelle a cédé la gauche, accusée de ne pas répondre aux « peurs » supposément exprimées par les électeurs du Front national, ont eu des effets dévastateurs. Ils ont en effet rendu dicibles, légitimement dicibles voire « courageux », des discours que l’on ne pouvait autrefois entendre qu’à l’extrême droite. C’est ainsi que les thématiques et le vocabulaire du Front national se sont diffusés, légitimés finalement par la classe politique « républicaine ».
L’insécurité et les "nouvelles classes dangereuses"
La stratégie adoptée par la droite, supposée « couper l’herbe sous le pied » du Front national, s’avèrera particulièrement désastreuse. Comme l’explique Jean-Marie Le Pen lui-même, et ce en quoi il a raison, les électeurs préfèrent souvent l’original à la copie. En témoigne le score réalisé par le leader du Front national du premier tour des élections présidentielles le 21 avril 2002, qui dépasse alors le candidat socialiste Lionel Jospin.
Ce séisme dont a beaucoup parlé la classe politique n’avait en effet rien que de très prévisible au regard de l’avancée des idées réactionnaires, sécuritaires et racistes qui a marqué les années 1997-2002. Certes, la manière de parler de l’immigration a connu, durant cette période, un changement important. Sans doute en raison de la légitimité acquise par les luttes de sans-papiers et l’impossibilité de les ériger en figure de la menace, le « problème de l’immigration » a laissé la place à une autre question, celle de l’« insécurité ». À la rhétorique d’une invasion venue de l’extérieur, se sont substituées des mises en garde contre la délinquance, l’insécurité, l’incivilité, son expansion, son explosion inexorable, exponentielle, irrésistible, l’évocation de mineurs de plus en plus jeunes et de plus en plus violents, la désignation de zones de non droit et de quartiers sensibles menacés par une crise de l’autorité, des normes, des repères et de la morale. De cette situation, l’angélisme et le laxisme seraient responsables, comme on nous l’a continuellement répété à partir de 1997. Il faudrait mettre fin de toute urgence à cette culture de l’excuse et restaurer l’ordre républicain.
La généralisation de cette analyse intervient dès le début des années 1990. La politique de la ville mise en œuvre par la gauche sur les quartiers dits sensibles et axée sur la participation des habitants et la restauration du lien social fait l’objet de critiques virulentes : Gérard Larcher explique par exemple dans un rapport parlementaire que cette politique, trop sociale à son goût, occulte la responsabilité des habitants, et notamment des jeunes, dans les problèmes de ces quartiers. 1997 et le retour de la gauche au pouvoir marquent toutefois un véritable tournant. C’est le gouvernement Jospin, en effet, qui va opérer le ralliement de la gauche gouvernementale à un nouveau cadre de pensée sécuritaire.
Ce ralliement n’efface certes pas les différences entre gauche et droite ; la première restera plus attachée aux politiques de prévention et de développement social. Il n’en reste pas moins que la question de « l’insécurité » n’a pas été imposée initialement par Jaques Chirac lors de la campagne présidentielle de 2002 : la gauche se l’est imposé elle-même quelques années auparavant. En juillet 1997, en effet, le Parti socialiste remporte les élections sur la base d’un programme énonçant « trois priorités : l’emploi, la santé et l’éducation » ; quelques semaines plus tard, le premier ministre Lionel Jospin, dans son discours d’orientation générale, annonce finalement « deux priorités : l’emploi et la sécurité ». La délinquance n’arrive alors qu’au cinquième rang des « préoccupations des Français », derrière le chômage, la pauvreté, la maladie ou les accidents de la route. Et elle ne devient la première préoccupation qu’après plusieurs années d’une intense campagne médiatique et politique [10].
Il faut donc insister sur le caractère délibéré de ce tournant sécuritaire : rien, ni dans les sondages, ni dans le champ politique (après la défaite cuisante subie par la droite lors des élections provoquées par le gouvernement Juppé en 1997 et alors que le Front national connaît une crise profonde en raison de la scission entre le FN et le MNR) ne poussait la gauche à adopter une telle politique.
Cette position n’en a pas moins été clairement affichée et assumée, initialement au colloque de Villepinte en octobre 1997. À cette occasion, Lionel Jospin et son ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement évoquent le « droit à la sûreté » de la Déclaration des Droits de l’Homme, et déclarent que « la sécurité est une valeur de gauche ». Cette évolution sera légitimée par une série de rapports, de textes et d’expertises : rapport sur les mineurs délinquants des députés socialistes Christine Lazerges et Jean-Pierre Balduyck publié en avril 1998 et proposant d’instaurer un couvre-feu et de « responsabiliser » les « parents de délinquants » par la suppression des allocations familiales ; manifeste lancé en septembre 1998 par neuf intellectuels, intitulé « Républicains n’ayant plus peur ! » appelant à refonder la République en « restaurant » l’autorité et en instaurant la « tolérance zéro des petites infractions » pour les mineurs des « quartiers sensibles » ; Que sais-je ? publié en 1999 Alain Bauer et Xavier Rauffer, Violences et insécurités urbaines, dans lequel les auteurs expliquent que, « au-delà de toutes les théories d’inspiration sociologique, l’origine la plus certaine du crime, c’est le criminel lui-même ».
Plusieurs ouvrages ont déjà mis en cause la pertinence du diagnostic avancé par le gouvernement Jospin pour justifier le virage sécuritaire [11]. On voudrait souligner ici ses conséquences. Car ce tournant sécuritaire ne se limite pas à des discours ; il s’est traduit par des pratiques policières, judiciaires et par une législation [12]. La loi sur la sécurité quotidienne, votée à la quasi unanimité en 2001, crée un nouveau délit : la « fraude habituelle ». Les personnes interpellées dix fois pour fraude dans les transports en commun sont désormais passibles de six mois de prison et de 7500 euros d’amendes. La même loi autorise également les forces de police à déloger les jeunes qui se regroupent dans les halls d’immeuble, même si aucun délit n’a été commis.
Ce tournant sécuritaire entretient également la lepénisation des esprits, dans la mesure où il perpétue le processus de stigmatisation de populations vivant en France, appartenant aux classes populaires, immigrées ou issues de l’immigration, dont la présence et les comportements sont présentés comme la cause des « problèmes ». Certes, contrairement aux discours sur l’immigration des années 1980-1990, cette menace ne semble plus provenir de l’extérieur du pays. Néanmoins, et de manière encore plus pernicieuse, le discours sécuritaire souligne constamment le caractère « étranger » de ces populations, dont les origines sont présentées comme un élément crucial des problèmes sociaux.
Le rapport Bénisiti, rédigé par un député de droite en 2004, apparaît comme l’aboutissement de ce processus : consacré aux problèmes de délinquance, il pointe du doigt le bilinguisme des enfants issus de l’immigration, et appelle à stopper l’apprentissage, au sein de ces familles, de tout « patois ». La volonté exprimée par Sarkozy en novembre 2005 d’expulser les émeutiers étrangers hors de France procède d’une même grille de lecture : il entérine l’idée que les jeunes des quartiers ne sont pas à part entière des Français, et consacre un fonctionnement républicain qui loin de l’indifférence aux origines dont se prévaut la République, ne cesse de créer et d’institutionnaliser des catégories ethnicisées et essentialisées. Des « sauvageons » dont parlait le ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement aux « racailles » évoqués par son homologue du gouvernement Raffarin, on retrouve ce double processus de stigmatisation caractéristique des « nouvelles classes dangereuses » [13] : l’insistance sur la délinquance et la focalisation sur les origines étrangères.
La montée en force des grilles de lecture sécuritaires ont ainsi directement conforté l’analyse de Jean-Marie Le Pen selon laquelle les problèmes sociaux renverraient aux comportements déviants d’une population « étrangère » mal intégrée. Cette lepénisation des esprits, qui a rendu possible la présence du leader du Front national au second tour des élections présidentielles sans d’ailleurs qu’il ait besoin de faire campagne, a eu des effets redoutables pour la gauche, et pas seulement lors de cette élection en 2002. La légitimation des approches racistes et culturalistes de problèmes sociaux discrédite dans le même temps les grilles d’analyse traditionnelles de la gauche et de fait, dès la fin des années 1980, il est devenu quasiment impossible, au sein de la classe politique française, d’aborder la question de l’immigration sans partir du constat d’un « problème » posé par l’immigration à la France [14].
C’est aussi toute son identité anti-raciste et sociale à laquelle le Parti socialiste semble avoir renoncé, en se faisant le porte-parole du tout sécuritaire. En effet, tout se passe comment si les dirigeants de ce parti avaient renoncé à voir, dans les immigrés et leurs descendants, des victimes à défendre, que ce soit du chômage ou du racisme, pour les présenter, avant tout, comme des fauteurs de troubles. La lutte contre les discriminations, malgré la création de l’éphémère Groupe d’études et de lutte contre les discriminations par Martine Aubry, ne sera jamais une priorité politique alors même que plusieurs études témoignent d’une discrimination massive, à l’embauche, dans le logement ou de la part des forces de police. Enfin, avec le tournant sécuritaire, la gauche semble également avoir renoncé à un des fondements de son identité depuis le XIXème siècle : l’idée que les déviances sociales ne relèvent pas de comportements individuels à réprimer, mais qu’elles renvoient à des causes socio-économiques, sur lesquelles seule une action collective, nécessitant notamment une intervention forte de l’Etat, peut jouer.
L’après 11 septembre et le "péril islamique"
La lepénisation des esprits dont nous avons donné un rapide aperçu ici résulte d’une série de facteurs, sur lesquels il faudrait revenir plus longuement, et qui sont liés à l’évolution du champ politique (irruption du Front national, recomposition idéologique de la gauche suite aux politiques dites « de rigueur »), mais aussi au contexte économique (politiques dites de rigueur budgétaire, remise en cause des acquis sociaux et creusement des inégalités). C’est à la fois dans des contextes précis que la droite, mais aussi, dans une certaine mesure, une partie de la gauche, se sont ralliées à une vision politique et sociale dans laquelle les figures, soit du « problème » dans le meilleur des cas, soit de l’ennemi dans le pire, se sont incarnées dans l’immigré polygame puis dans le jeune de banlieue délinquant.
Depuis lors, on observe une certaine continuité. Au « sauvageon » incriminé par Jean-Pierre Chevènement fait écho la « racaille » dénoncée par Nicolas Sarkozy. Une différence de taille, pourtant, sépare les deux discours, et accrédite l’idée d’une lépénisation aggravée. Si le Ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin organise son propos autour d’une opposition entre la République porteuse de droit et d’égalité et les jeunes délinquants en perte de repères, Nicolas Sarkozy ne manque jamais l’occasion d’opposer aux jeunes à mater sa propre personne, seule à même de débarrasser la France de la « racaille », ou d’expulser les délinquants « hors de France ». À cet égard, ce ne sont plus seulement des relents racistes que l’on entend, mais une valorisation de la figureindividuelle du chef guerrier et viril (comme le sous-entend la figure phallique du kärcher) caractéristique du lepénisme, mais aussi de tous les mouvements fascistes.
Autre élément de différence enfin, ces figures plus ou moins fantasmées autour desquelles s’est organisé le débat public (au détriment du chômeur ou de l’ouvrier par exemple) n’ont cessé d’évoluer, pour intégrer progressivement la question de l’islam. En témoigne la focalisation sur les figures du « jeune arabo-musulman », de l’islamiste terroriste, ou de la jeune fille voilée [15].
La thèse culturaliste et à relents racistes d’un « choc des civilisations » fait ici sentir son influence, renforcée après le 11 septembre et la campagne bushienne contre l’Irak. Théorisée initialement par Samuel Huntington, cette thèse s’incarne aujourd’hui dans une doxa largement reprise en France et opposant une religion par essence dangereuse, obscurantiste, l’islam, et un Occident porteur des valeurs de laïcité, de liberté et d’égalité. Cette focalisation récente sur les populations maghrébines, d’origine maghrébine ou plus largement associées au « monde musulman » nous incite aujourd’hui à nous interroger, au-delà de l’influence de l’extrême droite française (ou en combinaison avec celle-ci), sur le rôle de l’idéologie coloniale (c’est-à-dire d’une idéologie qui a irrigué l’ensemble de la société et de la classe politique française) dans la persistance du racisme aujourd’hui [16].
P.-S.
Cet article est paru dans la revue La Pensée, numéro de mai 2006.. Sur ce même thème, cf. Un racisme qui vient d’en haut.
La lepénisation des esprits
Eléments pour une grille d’analyse du racisme en France
par Pierre Tevanian, Sylvie Tissot, 6 mars
La présence de Jean-Marie Le Pen au second tour à l’élection présidentielle en 2002, l’existence d’une profonde discrimination selon l’origine réelle ou supposée, les profanations de lieux religieux (synagogues, mosquées, cimetières) : tous ces phénomènes et bien d’autres témoignent de la persistance d’un profond racisme en France. Depuis longtemps, philosophes, historiens, sociologues, mais aussi militants anti-racistes se sont efforcés d’expliquer ce phénomène, et en 2002 une explication semble s’être s’imposée : le racisme se nourrit des effets de la crise économique - chômage, précarité, détérioration des liens sociaux et des conditions de vie dans les quartiers populaires. Une explication insuffisante, voire pernicieuse, que le concept de "lepénisation" permet de contester.
Cette explication, que semble étayer le fort taux de vote pour le candidat du Front national parmi les ouvriers, présente un intérêt certain : plutôt que de renvoyer à des processus psychologiques, voire à une nature humaine invariablement méfiante par rapport à l’étranger, elle souligne l’impact de processus sociaux et économiques. Le racisme est ainsi appréhendé comme une production sociale. Pourtant, en le ramenant à un simple comportement de protestation, ce schéma ne prend pas en compte les opinions racistes comme des phénomènes autonomes, non réductibles à l’expression d’une colère sociale. Il tend également à passer sous silence les conséquences concrètes du racisme pour les populations qui le subissent. Enfin, il repose sur un certain nombre de présupposés qu’Annie Collovald s’est récemment attachée à réfuter.
Dans ce livre important, Le « populisme du FN », un dangereux contresens, l’auteure montre, à l’aide de données électorales précises, le caractère erroné des analyses qui voient dans les classes populaires les principaux soutiens du Front national. Intégrer l’abstention et la non inscription sur les listes électorales, beaucoup plus importantes chez les classes populaires, permet de donner une plus juste mesure du pourcentage d’électeurs FN au sein de cette population. Les commerçants et professions indépendantes apparaissent alors comme les premiers soutiens du parti d’extrême droite. Dans son livre, Annie Collovald retrace la genèse de ce sens devenu commun chez les spécialistes du commentaire politique, et surtout, elle invite à s’interroger sur ses effets sociaux. Avec cette analyse, en effet, s’impose « la figure fantasmatique d’un peuple menaçant pour la stabilité de la démocratie », « délégitimant tous ceux pour qui le “peuple“ est une cause à défendre au profit de la légitimation de ceux qui pour qui le “peuple“ est un problème à résoudre » [1]. Le peuple porterait ainsi une responsabilité, compréhensible mais écrasante, dans la persistance du racisme en France.
Centrant l’explication de la crise de la démocratie et de la représentation politique sur les classes populaires, cette analyse a aussi pour effet d’exonérer les élites politiques et médiatiques de toute responsabilité. Or c’est précisément le rôle joué par la classe politique et les médias dans la montée du Front national que nous voudrions souligner, ouvrant ainsi à une autre approche du racisme. Le racisme, comme nous avons voulu l’expliquer dans notre Dictionnaire de la lepénisation des esprits [2], n’est pas, ou pas spécialement, une caractéristique de la « France d’en bas » ; il est même, à beaucoup d’égards, une production de la « France d’en haut », et le résultat de la réappropriation dans ses discours de grilles d’analyse, d’arguments, de schémas de pensée d’extrême droite. À quelle réalité renvoie ce que le ministre socialiste Robert Badinter avait, le premier, qualifié de « lepénisation des esprits » ? Quelle forme a t-elle prise et jusqu’où s’est-elle étendue ?
Cette histoire n’est pas linéaire, mais deux épisodes marquants s’en dégagent : la politisation, à partir de la fin des années 1980, de la question de l’immigration et la focalisation des débats politiques autour du « problème de l’immigration » ; la montée en force, dans la seconde moitié des années 1990, des discours sécuritaires centrés sur les jeunes des classes populaires.
Le "problème de l’immigration"
Longtemps confinée au sein de l’administration [3], la question de l’immigration a fait l’objet, à partir de la fin des années 1970, d’une politisation croissante. Investie par les associations, les médias, la classe politique, elle est devenue un des objets de clivages politiques et de débats publics. Mais, loin d’être posée de façon « neutre », cette question a été problématisée d’une certaine manière. Alors que les mouvements et les associations de gauche et d’extrême gauche engagés dans cette cause voyaient leur influence décliner, l’analyse a été recadrée à la fin des années 1980 sur les problèmes que poseraient les immigrés (et non plus ceux qu’ils subissent), que ce soit à la France, à la situation de l’emploi, aux déficits publics ou encore au niveau de délinquance [4].
Outre les médias, cette évolution doit beaucoup à un certain nombre de déclarations politiques prenant pour cible les immigrés. Si des personnalités de gauche (comme le Président François Mitterrand ou le Premier Ministre Michel Rocard [5]) ont pu participer à la désignation des immigrés comme menace, la lepénisation des esprits est d’abord le fait de la droite. Jusqu’au début des années 1990, le Parti socialiste cherche à éviter la question de l’immigration, ou alors met l’accent sur le premier volet du diptyque sur lequel va reposer la politique d’immigration en France, quels que soient les gouvernements successifs : l’« intégration » des immigrés ayant vocation à rester sur le territoire français et l’éloignement des irréguliers. Au Parti communiste, les amalgames entretenus entre drogue, délinquance et immigration sont régulièrement repris par certains maires (notamment ceux de Vitry et de Montigny-lès-Cormeilles). La direction nationale, qui initialement leur apporte son soutien, évolue toutefois, à partir de la fin des années 1980, vers d’autres positions sur la question de l’immigration, soulignant la négation des droits de l’homme et l’exploitation économique des sans papiers.
C’est donc avant tout à droite, et depuis la décision de fermer les frontières en 1974, que se développent les discours les plus répressifs à l’encontre de l’immigration, d’abord en vue d’encourager les retours d’immigrés installés en France, ensuite, devant l’échec de cette politique, pour lutter contre les arrivées régulières et irrégulières. En 1986, le ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, s’illustre en procédant à l’expulsion collective de « 101 Maliens ». Des pratiques et un discours répressifs s’imposent, toujours plus médiatisés et progressivement banalisés en dépit des protestations qui peuvent s’exprimer.
L’orientation répressive se renforce au fur et à mesure que l’échec de la politique économique libérale « dure » menée par le gouvernement Chirac en 1986 apparaît patent. La question de l’immigration va devenir, après 1988, un vrai cheval de bataille. Un angle d’attaque privilégié est ainsi trouvé pour attaquer la gestion de la gauche. Mais l’objectif consiste aussi, en multipliant les déclarations de « fermeté » à l’encontre des immigrés, à récupérer les voix du Front national, dans les années où ce parti se développe considérablement, jusqu’à conquérir plusieurs sièges à l’Assemblée nationale et dans les conseils régionaux, ainsi que quelques mairies.
Au sein du discours qui se développe ainsi, deux idées, directement issues de la rhétorique d’extrême droite, reviennent sans cesse, pour gagner un caractère d’évidence de plus en plus partagée. La thématique de la menace va d’abord s’incarner dans la dénonciation d’une « invasion ».
Invasion
« Nous sommes victimes d’une invasion apparemment pacifique mais qui, évidemment, nous menace mortellement dans notre identité et notre sécurité », Jean-Marie Le Pen « Le type de problèmes auxquels nous allons être confrontés n’est plus l’immigration, mais l’invasion », Valérie Giscard d’Estaing, UDF
« Intrusion, occupation, invasion. Les trois mots sont exacts. Pour invasion, je suis reparti consulter le dictionnaire qui donne deux définitions : action de pénétrer et de se répandre dangereusement. Et il n’est pas innocent de le comprendre. Un million de clandestins, c’est l’effectif de cent divisions, non armées certes, mais qui pèsent lourdement sur les conditions de notre existence et de notre identité nationale », Michel Poniatowski, UDF
« Ce qui était une immigration de renfort démographique devient une immigration de substitution de peuplement », Jean-Louis Debré, RPR
« Je suis maire d’une commune dans laquelle se trouvent des écoles où il y a 60 de non francophones. Je le dis calmement avec sérénité. Cela pose des problèmes aux élus locaux et cela posera dans l’avenir aux Français des problèmes considérables (...) Dans les Bouches-du-Rhône, si l’évolution actuelle se poursuit, s’il n’y a pas de diminution de la communauté étrangère, dans quelques années (probablement avant la fin du siècle), il y aura plus d’étrangers que de Français de souche », François Léotard, UDF
« Osons avancer une hypothèse : si 10% des 500 millions de jeunes Africains que l’Afrique comptera en 2025 venaient tenter leur chance en Europe chaque année, ce sont entre 30 et 50 millions de jeunes Africains qui arriveraient, soit la population d’un pays comme l’Espagne, c’est dire l’ampleur du problème que nous avons à gérer », Daniel Colin, RPR
« Les nations existent. Chacun défend son existence légitimement », Jean-Pierre Chevènement, MDC [6]
Ce vieux thème de l’extrême droite française, très prisé par Jean-Marie Le Pen, a été repris explicitement par la droite parlementaire au début des années 1980. « Il faut arrêter cette invasion », pouvait-on lire en 1983 dans un trac de Roger Chinaud et Jean-Pierre Bloch (UDF) en faveur du candidat Alain Juppé (RPR). Il est revenu en force au début des années 1990 et l’on a pu entendre le député RPR Jacques Myard prophétiser « la guerre civile » si rien n’était fait pour contenir les « hordes qui déferlent sous la pression démographique du Sud ». Ce discours fait apparaître les immigrés, non plus seulement comme des parasites ou comme un « problème » à régler, mais aussi comme des agresseurs, justifiant ainsi la violence qui leur est faite en la faisant passer pour un acte de légitime défense. Basé sur des analyses erronées (et maintes fois réfutées, notamment sur le lien entre immigration et chômage, immigration et déficits de la sécurité sociale, immigration et délinquance [7]), ce discours occulte en outre l’histoire d’une autre « migration », celle des colonisateurs français dans les pays du Maghreb et de l’Afrique noire, des violences qu’ils ont perpétrées et de la déstructuration de ces sociétés qui est aussi un des facteurs des migrations actuelles.
Ce discours sur l’invasion a été d’autant plus efficace qu’il est venu se greffer - deuxième thématique sur laquelle nous voudrions insister ici - sur une certaine conception de la nation française. L’immigration ne peut en effet être présentée comme un danger pour la France que parce que celle-ci est conçue comme une entité basée sur une « identité » homogène et immuable à travers des siècles. Cette nation, garantie par l’existence d’un socle de populations « de souche », héritière de valeurs communes, ne pourrait par conséquent se perpétuer qu’en limitant l’arrivant de corps « étrangers ». Cette conception nationaliste, construite sur un modèle « organiciste », nie l’histoire déjà longue de l’immigration en France, mais aussi les conditions sociales et économiques de l’intégration des immigrés. Cette vision se traduit surtout par une série de déclarations sur le « seuil de tolérance » et d’appels répétés à la mise en œuvre de « quotas ».
Seuil de tolérance
« C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité ; sinon la France ne serait plus la France. (...) Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? (...) Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-deux-Eglises, mais Colombey les deux Mosquées ! », Charles de Gaulle
« Il y a une overdose d’immigration », Jacques Chirac, RPR
« Le seuil de tolérance est franchi », Alain Juppé, RPR
« Le seuil de tolérance est dépassé depuis les années 1970 », François Mitterrand
« L’immigration est absorbable à petites doses », Jean-Pierre Chevènement [8]
La compilation de ces citations ne vise pas, ou pas seulement, à susciter l’indignation. L’étendue du spectre politique, mais aussi des univers sociaux au sein desquelles de tels schémas de pensée sont à l’œuvre, donne à réfléchir sur le consensus qui s’est installé à propos du « problème de l’immigration ». Ces citations ne sont pas, en effet, de simples anecdotes ; elles révèlent un climat plus général qui s’est instauré dans les années 1980, et qui repose sur une série de mots, d’idées, de schémas de pensée progressivement devenus des évidences. Certes, une partie du monde associatif et politique de gauche a toujours exprimé son indignation à chaque fois que la « préférence nationale », le « bruit et de l’odeur » [9] ou l’« invasion » étaient évoqués. Mais l’absence de sanction à droite contre les déclarations les plus ouvertement racistes, ainsi que la culpabilisation à laquelle a cédé la gauche, accusée de ne pas répondre aux « peurs » supposément exprimées par les électeurs du Front national, ont eu des effets dévastateurs. Ils ont en effet rendu dicibles, légitimement dicibles voire « courageux », des discours que l’on ne pouvait autrefois entendre qu’à l’extrême droite. C’est ainsi que les thématiques et le vocabulaire du Front national se sont diffusés, légitimés finalement par la classe politique « républicaine ».
L’insécurité et les "nouvelles classes dangereuses"
La stratégie adoptée par la droite, supposée « couper l’herbe sous le pied » du Front national, s’avèrera particulièrement désastreuse. Comme l’explique Jean-Marie Le Pen lui-même, et ce en quoi il a raison, les électeurs préfèrent souvent l’original à la copie. En témoigne le score réalisé par le leader du Front national du premier tour des élections présidentielles le 21 avril 2002, qui dépasse alors le candidat socialiste Lionel Jospin.
Ce séisme dont a beaucoup parlé la classe politique n’avait en effet rien que de très prévisible au regard de l’avancée des idées réactionnaires, sécuritaires et racistes qui a marqué les années 1997-2002. Certes, la manière de parler de l’immigration a connu, durant cette période, un changement important. Sans doute en raison de la légitimité acquise par les luttes de sans-papiers et l’impossibilité de les ériger en figure de la menace, le « problème de l’immigration » a laissé la place à une autre question, celle de l’« insécurité ». À la rhétorique d’une invasion venue de l’extérieur, se sont substituées des mises en garde contre la délinquance, l’insécurité, l’incivilité, son expansion, son explosion inexorable, exponentielle, irrésistible, l’évocation de mineurs de plus en plus jeunes et de plus en plus violents, la désignation de zones de non droit et de quartiers sensibles menacés par une crise de l’autorité, des normes, des repères et de la morale. De cette situation, l’angélisme et le laxisme seraient responsables, comme on nous l’a continuellement répété à partir de 1997. Il faudrait mettre fin de toute urgence à cette culture de l’excuse et restaurer l’ordre républicain.
La généralisation de cette analyse intervient dès le début des années 1990. La politique de la ville mise en œuvre par la gauche sur les quartiers dits sensibles et axée sur la participation des habitants et la restauration du lien social fait l’objet de critiques virulentes : Gérard Larcher explique par exemple dans un rapport parlementaire que cette politique, trop sociale à son goût, occulte la responsabilité des habitants, et notamment des jeunes, dans les problèmes de ces quartiers. 1997 et le retour de la gauche au pouvoir marquent toutefois un véritable tournant. C’est le gouvernement Jospin, en effet, qui va opérer le ralliement de la gauche gouvernementale à un nouveau cadre de pensée sécuritaire.
Ce ralliement n’efface certes pas les différences entre gauche et droite ; la première restera plus attachée aux politiques de prévention et de développement social. Il n’en reste pas moins que la question de « l’insécurité » n’a pas été imposée initialement par Jaques Chirac lors de la campagne présidentielle de 2002 : la gauche se l’est imposé elle-même quelques années auparavant. En juillet 1997, en effet, le Parti socialiste remporte les élections sur la base d’un programme énonçant « trois priorités : l’emploi, la santé et l’éducation » ; quelques semaines plus tard, le premier ministre Lionel Jospin, dans son discours d’orientation générale, annonce finalement « deux priorités : l’emploi et la sécurité ». La délinquance n’arrive alors qu’au cinquième rang des « préoccupations des Français », derrière le chômage, la pauvreté, la maladie ou les accidents de la route. Et elle ne devient la première préoccupation qu’après plusieurs années d’une intense campagne médiatique et politique [10].
Il faut donc insister sur le caractère délibéré de ce tournant sécuritaire : rien, ni dans les sondages, ni dans le champ politique (après la défaite cuisante subie par la droite lors des élections provoquées par le gouvernement Juppé en 1997 et alors que le Front national connaît une crise profonde en raison de la scission entre le FN et le MNR) ne poussait la gauche à adopter une telle politique.
Cette position n’en a pas moins été clairement affichée et assumée, initialement au colloque de Villepinte en octobre 1997. À cette occasion, Lionel Jospin et son ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement évoquent le « droit à la sûreté » de la Déclaration des Droits de l’Homme, et déclarent que « la sécurité est une valeur de gauche ». Cette évolution sera légitimée par une série de rapports, de textes et d’expertises : rapport sur les mineurs délinquants des députés socialistes Christine Lazerges et Jean-Pierre Balduyck publié en avril 1998 et proposant d’instaurer un couvre-feu et de « responsabiliser » les « parents de délinquants » par la suppression des allocations familiales ; manifeste lancé en septembre 1998 par neuf intellectuels, intitulé « Républicains n’ayant plus peur ! » appelant à refonder la République en « restaurant » l’autorité et en instaurant la « tolérance zéro des petites infractions » pour les mineurs des « quartiers sensibles » ; Que sais-je ? publié en 1999 Alain Bauer et Xavier Rauffer, Violences et insécurités urbaines, dans lequel les auteurs expliquent que, « au-delà de toutes les théories d’inspiration sociologique, l’origine la plus certaine du crime, c’est le criminel lui-même ».
Plusieurs ouvrages ont déjà mis en cause la pertinence du diagnostic avancé par le gouvernement Jospin pour justifier le virage sécuritaire [11]. On voudrait souligner ici ses conséquences. Car ce tournant sécuritaire ne se limite pas à des discours ; il s’est traduit par des pratiques policières, judiciaires et par une législation [12]. La loi sur la sécurité quotidienne, votée à la quasi unanimité en 2001, crée un nouveau délit : la « fraude habituelle ». Les personnes interpellées dix fois pour fraude dans les transports en commun sont désormais passibles de six mois de prison et de 7500 euros d’amendes. La même loi autorise également les forces de police à déloger les jeunes qui se regroupent dans les halls d’immeuble, même si aucun délit n’a été commis.
Ce tournant sécuritaire entretient également la lepénisation des esprits, dans la mesure où il perpétue le processus de stigmatisation de populations vivant en France, appartenant aux classes populaires, immigrées ou issues de l’immigration, dont la présence et les comportements sont présentés comme la cause des « problèmes ». Certes, contrairement aux discours sur l’immigration des années 1980-1990, cette menace ne semble plus provenir de l’extérieur du pays. Néanmoins, et de manière encore plus pernicieuse, le discours sécuritaire souligne constamment le caractère « étranger » de ces populations, dont les origines sont présentées comme un élément crucial des problèmes sociaux.
Le rapport Bénisiti, rédigé par un député de droite en 2004, apparaît comme l’aboutissement de ce processus : consacré aux problèmes de délinquance, il pointe du doigt le bilinguisme des enfants issus de l’immigration, et appelle à stopper l’apprentissage, au sein de ces familles, de tout « patois ». La volonté exprimée par Sarkozy en novembre 2005 d’expulser les émeutiers étrangers hors de France procède d’une même grille de lecture : il entérine l’idée que les jeunes des quartiers ne sont pas à part entière des Français, et consacre un fonctionnement républicain qui loin de l’indifférence aux origines dont se prévaut la République, ne cesse de créer et d’institutionnaliser des catégories ethnicisées et essentialisées. Des « sauvageons » dont parlait le ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement aux « racailles » évoqués par son homologue du gouvernement Raffarin, on retrouve ce double processus de stigmatisation caractéristique des « nouvelles classes dangereuses » [13] : l’insistance sur la délinquance et la focalisation sur les origines étrangères.
La montée en force des grilles de lecture sécuritaires ont ainsi directement conforté l’analyse de Jean-Marie Le Pen selon laquelle les problèmes sociaux renverraient aux comportements déviants d’une population « étrangère » mal intégrée. Cette lepénisation des esprits, qui a rendu possible la présence du leader du Front national au second tour des élections présidentielles sans d’ailleurs qu’il ait besoin de faire campagne, a eu des effets redoutables pour la gauche, et pas seulement lors de cette élection en 2002. La légitimation des approches racistes et culturalistes de problèmes sociaux discrédite dans le même temps les grilles d’analyse traditionnelles de la gauche et de fait, dès la fin des années 1980, il est devenu quasiment impossible, au sein de la classe politique française, d’aborder la question de l’immigration sans partir du constat d’un « problème » posé par l’immigration à la France [14].
C’est aussi toute son identité anti-raciste et sociale à laquelle le Parti socialiste semble avoir renoncé, en se faisant le porte-parole du tout sécuritaire. En effet, tout se passe comment si les dirigeants de ce parti avaient renoncé à voir, dans les immigrés et leurs descendants, des victimes à défendre, que ce soit du chômage ou du racisme, pour les présenter, avant tout, comme des fauteurs de troubles. La lutte contre les discriminations, malgré la création de l’éphémère Groupe d’études et de lutte contre les discriminations par Martine Aubry, ne sera jamais une priorité politique alors même que plusieurs études témoignent d’une discrimination massive, à l’embauche, dans le logement ou de la part des forces de police. Enfin, avec le tournant sécuritaire, la gauche semble également avoir renoncé à un des fondements de son identité depuis le XIXème siècle : l’idée que les déviances sociales ne relèvent pas de comportements individuels à réprimer, mais qu’elles renvoient à des causes socio-économiques, sur lesquelles seule une action collective, nécessitant notamment une intervention forte de l’Etat, peut jouer.
L’après 11 septembre et le "péril islamique"
La lepénisation des esprits dont nous avons donné un rapide aperçu ici résulte d’une série de facteurs, sur lesquels il faudrait revenir plus longuement, et qui sont liés à l’évolution du champ politique (irruption du Front national, recomposition idéologique de la gauche suite aux politiques dites « de rigueur »), mais aussi au contexte économique (politiques dites de rigueur budgétaire, remise en cause des acquis sociaux et creusement des inégalités). C’est à la fois dans des contextes précis que la droite, mais aussi, dans une certaine mesure, une partie de la gauche, se sont ralliées à une vision politique et sociale dans laquelle les figures, soit du « problème » dans le meilleur des cas, soit de l’ennemi dans le pire, se sont incarnées dans l’immigré polygame puis dans le jeune de banlieue délinquant.
Depuis lors, on observe une certaine continuité. Au « sauvageon » incriminé par Jean-Pierre Chevènement fait écho la « racaille » dénoncée par Nicolas Sarkozy. Une différence de taille, pourtant, sépare les deux discours, et accrédite l’idée d’une lépénisation aggravée. Si le Ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin organise son propos autour d’une opposition entre la République porteuse de droit et d’égalité et les jeunes délinquants en perte de repères, Nicolas Sarkozy ne manque jamais l’occasion d’opposer aux jeunes à mater sa propre personne, seule à même de débarrasser la France de la « racaille », ou d’expulser les délinquants « hors de France ». À cet égard, ce ne sont plus seulement des relents racistes que l’on entend, mais une valorisation de la figureindividuelle du chef guerrier et viril (comme le sous-entend la figure phallique du kärcher) caractéristique du lepénisme, mais aussi de tous les mouvements fascistes.
Autre élément de différence enfin, ces figures plus ou moins fantasmées autour desquelles s’est organisé le débat public (au détriment du chômeur ou de l’ouvrier par exemple) n’ont cessé d’évoluer, pour intégrer progressivement la question de l’islam. En témoigne la focalisation sur les figures du « jeune arabo-musulman », de l’islamiste terroriste, ou de la jeune fille voilée [15].
La thèse culturaliste et à relents racistes d’un « choc des civilisations » fait ici sentir son influence, renforcée après le 11 septembre et la campagne bushienne contre l’Irak. Théorisée initialement par Samuel Huntington, cette thèse s’incarne aujourd’hui dans une doxa largement reprise en France et opposant une religion par essence dangereuse, obscurantiste, l’islam, et un Occident porteur des valeurs de laïcité, de liberté et d’égalité. Cette focalisation récente sur les populations maghrébines, d’origine maghrébine ou plus largement associées au « monde musulman » nous incite aujourd’hui à nous interroger, au-delà de l’influence de l’extrême droite française (ou en combinaison avec celle-ci), sur le rôle de l’idéologie coloniale (c’est-à-dire d’une idéologie qui a irrigué l’ensemble de la société et de la classe politique française) dans la persistance du racisme aujourd’hui [16].
P.-S.
Cet article est paru dans la revue La Pensée, numéro de mai 2006.. Sur ce même thème, cf. Un racisme qui vient d’en haut.
oui oui oui oui oui- Messages : 15
Date d'inscription : 26/02/2011
Re: Front national
Sur République et nationalisme, ne plaisantons pas. La république française dans sa 3ème mouture, pour ne citer qu'elle, a glorifié le nationalisme jusqu'à un niveau de racisme républicain institutionnalisé et théorisé. On pourrait citer des pages de Michelet, de Ferry, et ne parlons pas des actes, de la propagande abjecte sur les peuples à asservir, sur les allemands, etc... Je ne comprends même pas comment on peut encore essayer de nous vendre de telles salades. La République a été en France la forme qu'a prise l'état bourgeois pour dominer la classe ouvrière et les peuples des colonies. Elle n'a strictement rien de plus progressiste qu'un autre régime dans lequel la classe ouvrière a pu faire reconnaître ses droits d'organisation, d'expression et de grève.
De même le mouvement révolutionnaire distingue traditionnellement le nationalisme des grandes puissances coloniales et impérialistes des mouvements d'émancipation nationale. En notant que la question de la lutte de classe traverse également ce "nationalisme"-là. Et que la question de son évolution est celle de la capacité des révolutionnaires à gagner l'hégémonie dans le mouvement, ce qui signifie leur indépendance organisationnelle et politique, etc... etc... Les mouvements nationaux dans leur confrontation avec l'impérialisme sont souvent portés à se radicaliser socialement mais celle-ci n'est ni automatique ni destinée à s'approfondir jusqu'à une politique révolutionnaire seule capable de garantir la libération nationale, comme disait Connelly, il ne peut y avoir d'indépendance réelle sans la révolution socialiste, l'hstoire de l'Irlande lui a donné raison. C'est la démonstration aussi de TKC en Chine. Trotsky disait que l'on peut s'allier avec le diable mais qu'il ne faut pas le prendre pour un saint et s'en garder en conséquence.
Mais dans le nationalisme qui sévit dans les grandes puissances impérialistes, il s'agit toujours d'une idéologie contre-révolutionnaire. Et il est en France lié au républicanisme. Certes il y a aussi un nationalisme fasciste ou même royaliste, mais en pratique ils se rejoignent pour taper sur les rouges et les travailleurs, les peuples. Quant aux révolutionnaires qui donnent dedans, ils s'écartent inexorablement de la lutte des classes, passent des notions de camarade ou de travailleur, prolétaire à celle de citoyen bien fourre-tout et brouillant les lignes de classe que nous cherchons au contraire à mettre en avant pour éviter que notre classe soit toujours le dindon de leur farce.
De même le mouvement révolutionnaire distingue traditionnellement le nationalisme des grandes puissances coloniales et impérialistes des mouvements d'émancipation nationale. En notant que la question de la lutte de classe traverse également ce "nationalisme"-là. Et que la question de son évolution est celle de la capacité des révolutionnaires à gagner l'hégémonie dans le mouvement, ce qui signifie leur indépendance organisationnelle et politique, etc... etc... Les mouvements nationaux dans leur confrontation avec l'impérialisme sont souvent portés à se radicaliser socialement mais celle-ci n'est ni automatique ni destinée à s'approfondir jusqu'à une politique révolutionnaire seule capable de garantir la libération nationale, comme disait Connelly, il ne peut y avoir d'indépendance réelle sans la révolution socialiste, l'hstoire de l'Irlande lui a donné raison. C'est la démonstration aussi de TKC en Chine. Trotsky disait que l'on peut s'allier avec le diable mais qu'il ne faut pas le prendre pour un saint et s'en garder en conséquence.
Mais dans le nationalisme qui sévit dans les grandes puissances impérialistes, il s'agit toujours d'une idéologie contre-révolutionnaire. Et il est en France lié au républicanisme. Certes il y a aussi un nationalisme fasciste ou même royaliste, mais en pratique ils se rejoignent pour taper sur les rouges et les travailleurs, les peuples. Quant aux révolutionnaires qui donnent dedans, ils s'écartent inexorablement de la lutte des classes, passent des notions de camarade ou de travailleur, prolétaire à celle de citoyen bien fourre-tout et brouillant les lignes de classe que nous cherchons au contraire à mettre en avant pour éviter que notre classe soit toujours le dindon de leur farce.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Front national
verié2 a écrit:zée a écrit:c'est la monarchie qui a inventé la nation.
Zée, je crois, sans vouloir faire preuve de paternalisme, qu'il faut que tu te penches un peu plus sérieusements sur l'histoire.
Dans le cas de la France, ce fut bien la classe de "la noblesse" qui structura l'identité nationale au fil des siècles, c'est une histoire commune d'un territoire.
Après pour les autres pays, ça dépend.
zée- Messages : 46
Date d'inscription : 20/02/2011
Re: Front national
Non, les notions de "patrie" et de "nations" indissolublement liées à cette "identité nationale" si équivoque ne se sont imposées que sous la République. Un de leur ciment (et aussi ciment du nationalisme), c'est l'école laïque, gratuite et obligatoire de Jules Ferry. Les instituteurs républicains - ces fameux "hussards noirs de la république" - ont été les principaux vecteurs du patriotisme/nationalisme qui a envoyé des millions de jeunes à la mort en 14-18 et qui a justifié idéologiquement les conquêtes et massacres coloniaux.Zée
Dans le cas de la France, ce fut bien la classe de "la noblesse" qui structura l'identité nationale au fil des siècles, c'est une histoire commune d'un territoire.
Le système monarchique a fini par aboutir à un Etat relativement centralisé - relativement, car il y avait encore d'innombrables disparités entre les provinces et les féodaux locaux conservaient une partie du pouvoir, leur soumission à la monarchie centrale restait aussi très relative. Ce n'était pas un Etat national, mais un royaume, qui s'appuyait sur des régiments de mercenaires payés par des grands seigneurs qui changeaient parfois de camp au grè des rapports de forces et de leurs intérêts. La révolution française a balayé tout cela et établi un véritable état "national".
Il faut que tu révises tes classiques, Zée, si tu en as quelques-uns dans ta bibliothèque. Tu ne devrais pas insister sur cette question, car il ne s'agit pas de divergences politiques mais de faits unanimement reconnus. Sauf peut-être par les monarchistes dont le slogan fut "Les rois ont fait la France, la République l'a défaite", alors que c'est exactement le contraire ou presque...
__
A noter : les fascistes ne sont pas "par nature", contrairement aux monarchistes, anti-républicains. Le dernier régime dirigé par Mussolini et soutenu par les baïonnettes allemandes fut... la république de Salo.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Front national
L'école laïque, gratuite et obligatoire fut le ciment des notions de patrie, nations et donc un vecteur du patriotisme qui envoya des millions de jeunes à la mort ?! Tiens faudrait que tu développes car à bien y regarder, il me semble que tu confonds le contenant, le contenu et celui qui le tient dans une joyeuse foire au n'importe quoi. Y eut-il eu uniquement des écoles non laïques, non gratuites, non obligatoires que les choses n'eussent pas changées d'un quart de pouce. De plus, tu sembles occulter pour les besoins de ta charge l'ENORME responsabilité des partis et syndicats se revendiquant de la classe ouvrière et là point de gratuité, point de laïcité, point d'obligation d'école républicaine !verié2 a écrit:Non, les notions de "patrie" et de "nations" indissolublement liées à cette "identité nationale" si équivoque ne se sont imposées que sous la République. Un de leur ciment (et aussi ciment du nationalisme), c'est l'école laïque, gratuite et obligatoire de Jules Ferry. Les instituteurs républicains - ces fameux "hussards noirs de la république" - ont été les principaux vecteurs du patriotisme/nationalisme qui a envoyé des millions de jeunes à la mort en 14-18 et qui a justifié idéologiquement les conquêtes et massacres coloniaux.Zée
Dans le cas de la France, ce fut bien la classe de "la noblesse" qui structura l'identité nationale au fil des siècles, c'est une histoire commune d'un territoire.
Je te conseillerai d'écouter les conseils que tu dispenses aux autres et de continuer à te former ...
Invité- Invité
Re: Front national
Loriot
tu sembles occulter pour les besoins de ta charge l'ENORME responsabilité des partis et syndicats se revendiquant de la classe ouvrière
Je n'ai pas rédigé un exposé exhaustif sur les causes de la capitulation des appareils syndicaux devant le militarisme et le nationalisme... républicain, mais seulement répondu à Zée qui, d'une part prétend que la nation remonterait à la monarchie, d'autre part accorde à l'idéologie républicaine des vertus "anti nationalistes" qu'elle n'a pas du tout. Le corps enseignant, nul ne l'ignore, a joué un rôle prépondérant dans la transmission de cette idéologie républicano-nationaliste, ce qui ne retire rien à la responsabilité des bureaucraties ouvrières, question hors sujet que je n'ai pas abordée.
Ta remarque est donc tout à fait hors sujet, Loriot. A moins que tu n'entendes toi aussi défendre la république et ses valeurs nationalistes ?
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Front national
Il suffit de situer la révolution française dans une analyse marxiste de l'histoire pour comprendre.
La classe bourgeoise n'a fait que se substituer à la classe de le noblesse en reproduisant à l'identique les rapports capitalistes du système économique. La différence principale entre la société d'ancien régime et celle de la première république bourgeoise est l'abolition du droit du sang ou tout du moins le changement des critères pour l'accession au pouvoir politique bien que le droit du sang a été rétabli par la suite temporairement et que le bonapartisme peut s'apparenter à une monarchie. Mais les nouveaux critères d'accessions aux pouvoirs ne sont que ceux du capitalisme à savoir que la classe possédante dirige puisque celui qui détient le pouvoir économique détient également le pouvoir politique, ce qui de facto rétablit le droit du sang quant à l'exercice du pouvoir puisque le lègue est légiféré. La bourgeoisie avait convoité des postes clefs au sein de l'armée royale pour faire ce petit tour de passe passe durant sa révolution.
On peut se demander quelle est la place du nationalisme dans ce petit manège. Il est clair que le nationalisme n'a servi à la bourgeoisie qu'à manipuler le prolétariat aussi appelé tiers état sous l'ancien régime pour se servir de ce sentiment d'appartenance dans le but de liguer le tiers états contre la monarchie. Sur le constat que la monarchie ne faisait que faire couler le sang de la nation, la bourgeoisie a pris la place de la classe de la noblesse mais a fait exactement la même chose une fois arrivée au pouvoir. Mais ce n'est pas la bourgeoisie qui a générer ce sentiment d'appartenance, car comment voulez vous que les rois dirigent s'il n'existe pas de nationalisme, à savoir que les rois se servaient déjà de ce sentiment d'appartenance pour faire les croisades et les guerres contres les autres rois. Pour générer ce sentiment d'appartenance qu'est le nationalisme, il a fallu liguer les seigneurs autour d'une identité nationale ce qui permit certes d'arrêter les guerres inter régionales mais ce qui a généré de nouvelles guerres. Aussi, l'histoire de la nation française, c'est avant tout l'histoire des rois de france et ce jusqu'à la première révolution française. Le nationalisme apparaît dès lors comme la valeur de la classe possédante , que ce soit la monarchie ou bien la bourgeoisie, lui permettant ainsi de fédérer le peuple contre des ennemis (les rois, les autres peuples...).
Mais bien sûr l'histoire du prolétariat de france est tout autre... Pour un petit exemple, combien de révoltes ont été matés par les seigneurs sans que nous le sachions aujourd'hui.
Quant à la République, je crois que pour comprendre, il faut lire son auteur, Platon et bien connaître la philosophie de tous les personnages. Tout le reste n'est qu'expropriation de la bourgeoisie qui agit au nom de la nation aux antipodes des intérêts du peuple. La nation n'est aujourd'hui que l'instrument de la bourgeoisie pour sa domination sur le prolétariat.
La classe bourgeoise n'a fait que se substituer à la classe de le noblesse en reproduisant à l'identique les rapports capitalistes du système économique. La différence principale entre la société d'ancien régime et celle de la première république bourgeoise est l'abolition du droit du sang ou tout du moins le changement des critères pour l'accession au pouvoir politique bien que le droit du sang a été rétabli par la suite temporairement et que le bonapartisme peut s'apparenter à une monarchie. Mais les nouveaux critères d'accessions aux pouvoirs ne sont que ceux du capitalisme à savoir que la classe possédante dirige puisque celui qui détient le pouvoir économique détient également le pouvoir politique, ce qui de facto rétablit le droit du sang quant à l'exercice du pouvoir puisque le lègue est légiféré. La bourgeoisie avait convoité des postes clefs au sein de l'armée royale pour faire ce petit tour de passe passe durant sa révolution.
On peut se demander quelle est la place du nationalisme dans ce petit manège. Il est clair que le nationalisme n'a servi à la bourgeoisie qu'à manipuler le prolétariat aussi appelé tiers état sous l'ancien régime pour se servir de ce sentiment d'appartenance dans le but de liguer le tiers états contre la monarchie. Sur le constat que la monarchie ne faisait que faire couler le sang de la nation, la bourgeoisie a pris la place de la classe de la noblesse mais a fait exactement la même chose une fois arrivée au pouvoir. Mais ce n'est pas la bourgeoisie qui a générer ce sentiment d'appartenance, car comment voulez vous que les rois dirigent s'il n'existe pas de nationalisme, à savoir que les rois se servaient déjà de ce sentiment d'appartenance pour faire les croisades et les guerres contres les autres rois. Pour générer ce sentiment d'appartenance qu'est le nationalisme, il a fallu liguer les seigneurs autour d'une identité nationale ce qui permit certes d'arrêter les guerres inter régionales mais ce qui a généré de nouvelles guerres. Aussi, l'histoire de la nation française, c'est avant tout l'histoire des rois de france et ce jusqu'à la première révolution française. Le nationalisme apparaît dès lors comme la valeur de la classe possédante , que ce soit la monarchie ou bien la bourgeoisie, lui permettant ainsi de fédérer le peuple contre des ennemis (les rois, les autres peuples...).
Mais bien sûr l'histoire du prolétariat de france est tout autre... Pour un petit exemple, combien de révoltes ont été matés par les seigneurs sans que nous le sachions aujourd'hui.
Quant à la République, je crois que pour comprendre, il faut lire son auteur, Platon et bien connaître la philosophie de tous les personnages. Tout le reste n'est qu'expropriation de la bourgeoisie qui agit au nom de la nation aux antipodes des intérêts du peuple. La nation n'est aujourd'hui que l'instrument de la bourgeoisie pour sa domination sur le prolétariat.
zée- Messages : 46
Date d'inscription : 20/02/2011
Re: Front national
Il est clair que le nationalisme n'a servi à la bourgeoisie qu'à manipuler le prolétariat aussi appelé tiers état sous l'ancien régime
Le Tiers Etat était la bourgeoisie, il suffit de voir comment étaient élus les représentants.
Pour le reste, tu confonds centralisation et nationalisme, je trouve.
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Front national
Non, les croisades n'ont pas été menées au nom de la patrie, mais de la religion - derrière laquelle il y avait souvent l'appât du gain.comment voulez vous que les rois dirigent s'il n'existe pas de nationalisme, à savoir que les rois se servaient déjà de ce sentiment d'appartenance pour faire les croisades et les guerres contres les autres rois.
Il n'y avait pas beaucoup de sentiments d'appartenance commune entre des gens de diverses régions, qui ne parlaient même pas la même langue ! Les gens appartenaient à un seigneur ou à un roi, pas à une nation. D'ailleurs, la fameuse chanson de marin dit :"Buvons un coup, buvons en deux, à la santé du roi de France, et merde pour le roi d'Angleterre" et non "Vive la France, à la santé de la France etc". Le sentiment vraiment national apparait en même temps que la citoyenneté apportée par la république.
Et tu sous-estimes beaucoup l'importance de la révolution bourgeoise, mais on ne va pas se lancer dans un interminable débat HS...
Zée
la République, je crois que pour comprendre, il faut lire son auteur, Platon et bien connaître la philosophie de tous les personnages
Nous avons tout de même pas mal d'autres moyens de "comprendre la République" depuis Platon. D'autant que la République a massacré des générations d'ouvriers et de peuples coloniaux depuis 1789.
L'opposition que tu entends faire à tout prix - j'ignore pourquoi ?- entre République et nationalisme est tout simplement absurde. Peut-être est-ce le fruit de tes réflexions après la lecture de Platon, mais ça ne correspond pas à la réalité de la République, telle qu'elle existe et a existé, non seulement en France mais dans d'innombrables pays.
Pour en revenir au sujet, le FN, il n'est pas du tout surprenant qu'un parti d'extrême-droite récupère plus ou moins habilement les valeurs dites "républicaines". Les fascistes savent s'adapter. Si ceux des années 30/40 étaient pour l'essentiel anti-républicains (la "Gueuse") et hostiles à la démocratie au nom de l'élitisme, et pas seulement les monarchistes, ceux d'aujourd'hui sont capables de se dire républicains, laïques, féministes, anti homophobes etc. Marine Le Pen se revendique même de la démocratie. Le monde évolue. Nous risquons d'avoir bien d'autres surprises dans l'avenir...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Front national
[quote="yannalan"]
La bourgeoisie avait déjà investi l'armée (en tout cas sa hiérarchie) à un tel point qu'elle peut s'apparenter à la classe de la noblesse. Quant à la petite bourgeoisie, c'est vrai qu'elle faisait parti du tiers état mais à l'époque on peut considérer qu'elle faisait partie du prolétariat puisque tout était au roi sous réserve de réquisition...donc tiers état = prolétariat
La centralisation territoriale s'est faite en relation avec l'identité nationale sous l'autorité du roi.
Le Tiers Etat était la bourgeoisie, il suffit de voir comment étaient élus les représentants.
Pour le reste, tu confonds centralisation et nationalisme, je trouve.
La bourgeoisie avait déjà investi l'armée (en tout cas sa hiérarchie) à un tel point qu'elle peut s'apparenter à la classe de la noblesse. Quant à la petite bourgeoisie, c'est vrai qu'elle faisait parti du tiers état mais à l'époque on peut considérer qu'elle faisait partie du prolétariat puisque tout était au roi sous réserve de réquisition...donc tiers état = prolétariat
La centralisation territoriale s'est faite en relation avec l'identité nationale sous l'autorité du roi.
zée- Messages : 46
Date d'inscription : 20/02/2011
Re: Front national
[quote="verié2"]
Comment peut on défendre le socialisme, le nationalisme, la république, le fascisme, la démocratie, le bonapartisme, le royalisme, le paternalisme, le féminisme dans ce même parti qu'est le FN. Quand même, le minimum c'est de les mettre devant leurs contradictions...il faut choisir
Ce qui est sur, c'est que le socialisme et le nationalisme sont antinomiques.(vive l'Internationale!)
Par contre la République et le socialisme s'accordent très bien.
Donc, la République et le nationalisme sont antinomiques.
Voilà la démonstration...
Pour en revenir au sujet, le FN, il n'est pas du tout surprenant qu'un parti d'extrême-droite récupère plus ou moins habilement les valeurs dites "républicaines". Les fascistes savent s'adapter. Si ceux des années 30/40 étaient pour l'essentiel anti-républicains (la "Gueuse") et hostiles à la démocratie au nom de l'élitisme, et pas seulement les monarchistes, ceux d'aujourd'hui sont capables de se dire républicains, laïques, féministes, anti homophobes etc. Marine Le Pen se revendique même de la démocratie. Le monde évolue. Nous risquons d'avoir bien d'autres surprises dans l'avenir...
Comment peut on défendre le socialisme, le nationalisme, la république, le fascisme, la démocratie, le bonapartisme, le royalisme, le paternalisme, le féminisme dans ce même parti qu'est le FN. Quand même, le minimum c'est de les mettre devant leurs contradictions...il faut choisir
Ce qui est sur, c'est que le socialisme et le nationalisme sont antinomiques.(vive l'Internationale!)
Par contre la République et le socialisme s'accordent très bien.
Donc, la République et le nationalisme sont antinomiques.
Voilà la démonstration...
Dernière édition par zée le Lun 14 Mar - 22:13, édité 1 fois
zée- Messages : 46
Date d'inscription : 20/02/2011
Re: Front national
Zée
Comment peut on défendre le socialisme, le nationalisme, la république, le fascisme, la démocratie, le bonapartisme, le royalisme, le paternalisme, le féminisme dans ce même parti qu'est le FN. Quand même, le minimum c'est de les mettre devant leurs contradictions...il faut choisir
On ne convainc pas les fascistes et les racistes avec des arguments logiques. Et il ne faut pas chercher de cohérence systématique dans l'idéologie des partis fascistes ou fascisants. Il y a une excellente citation à ce propos de Gresh (?), mise en ligne par Sylvestre (je n'ai pas réussi à la retrouver.) Les fascistes se moquent de ces contradictions et de ta "démonstration".
Peut-être dans tête, mais pas la république bourgeoise telle qu'elle existe et a existé. Et surtout pas l'idéologie républicaine distillée par la droite et la gauche qui est un élément essentiel de l'idéologie bourgeoise nationaliste. Dans les faits, pas dans ton interprétation de Platon...République et socialisme s'accordent très bien.
Donc, République et nationalisme sont antinomiques
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Front national
A se tenir à l'exemple français (mais c'est valable pour d'autres Etats), la république et la nation ont toujours été étroitement liées, et ont un poids de classe. L'une et l'autre ont vu le jour de façon intimement mêlée avec la révolution bourgeoise de 1789. Mieux, la république et la nation françaises sont deux termes parfaitement interchangeables. Et de par leur acte de naissance en 1789, ce sont par excellence des notions bourgeoises (et par conséquent, capitalistes).Donc, République et nationalisme sont antinomiques.
C'est au nom de cette instance "d'unité nationale", dans la course à l'expansionnisme, au colonialisme et au profit que - exemple parmi d'autres - la France, l'Allemagne et d'autres nations ont envoyé de pauvres types se faire tuer par dizaines de millions durant la première guerre mondiale (y compris des tirailleurs sénégalais et des fantassins marocains, qui pour le coup, ô surprise, étaient "entièrement" français et plus du tout "Banania" ou "Sidi").
Comme l'a dit Vérié, une nation bourgeoise comme la France entretient une "idéologie", soit un système de pensée relayé par des médias à la botte des intérêts capitalistes, système de pensée qui véhicule la haine de tout ce qui est étranger à sa constitution initiale. C'est le nationalisme.
Au fil du temps et des opportunités ce nationalisme peut prendre des visages différents bien entendu, et les discours de l'UMP ou du FN de 2011 n'ont rien à voir avec celui des droites des années 1930, mais le "fonds de commerce" reste le même : la xénophobie en prétexte pour le compte du sacro-saint profit. De même que l'incitation à la haine raciale arabes/noirs propagée par le nationalisme français, au XIXme et XXme siècle, a été indissociable de la course au colonialisme, la haine similaire des puissances occidentales l'est aujourd'hui dans sa croisade au nom du pétrole, qui oppose le monde "libre" et chrétien à l'axe du mal islamique. Les nationalismes, toujours à la botte de l'expansionnisme et de l'impérialisme, sont polymorphes selon les contingences des époques.
Le seul moment historique ou la république/nation a eu un rôle progressiste et révolutionnaire en France fut pendant la courte période de la Convention de 1793.
Vérosa_2- Messages : 683
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: Front national
Appel de Le Pen aux électeurs UMP (AFP) 11/03/2011 | Mise à jour : 13:49
Marine Le Pen a ouvertement appelé les électeurs de l'UMP à rejoindre le Front national qu'elle préside, neuf jours avant le premier tour des cantonales. Mme Le Pen se disposait à lancer "un appel aux électeurs de l'UMP afin qu'ils nous rejoignent", a-t-elle dit devant la presse quelques heures avant une réunion publique programmée vendredi soir près de Perpignan.
Les électeurs de l'UMP "ont tous les éléments maintenant pour juger des reculades successives du mouvement à qui ils avaient fait confiance. Libéralisation, privatisations généralisées, reculade piteuse sur la déchéance de nationalité (...) Même ça, ils n'ont pas osé aller au bout. Reculade sur la maîtrise de l'immigration légale, et sur la maîtrise de l'immigration illégale", a-t-elle dit à Perpignan, où elle était venue soutenir son compagnon, Louis Aliot, candidat aux cantonales. "Tout cela me paraît justifier que les électeurs de l'UMP quittent un mouvement qui par ailleurs - on le voit - est en situation d'effondrement", a-t-elle dit.
Mme Le Pen a argué de la tendance très répandue des candidats de droite à ne pas afficher ouvertement leur appartenance à l'UMP: "Un candidat sur dix de l'UMP ose mettre l'étiquette UMP sur ses documents de vote, et encore: version timbre poste. Comme ça, avec un peu de chance, ceux qui ont une mauvaise vue le verront pas", a-t-elle ironisé.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Front national
A se tenir à l'exemple français (mais c'est valable pour d'autres Etats), la république et la nation ont toujours été étroitement liées, et ont un poids de classe. L'une et l'autre ont vu le jour de façon intimement mêlée avec la révolution bourgeoise de 1789. Mieux, la république et la nation françaises sont deux termes parfaitement interchangeables. Et de par leur acte de naissance en 1789, ce sont par excellence des notions bourgeoises (et par conséquent, capitalistes).
Je pense que ce qui est intimement lié, c'est l'état et la nation. La république est une forme d'organisation de l'état qui justement rompt ce lien et fait de l'état l'organisation des citoyens (les habitants du territoire). Pour moi, toutes les républiques instituées sont fausses car le nationalisme instaure le droit du sang ce qui est incompatible avec l'esprit de la république. Les états nations soit disant républicains ne sont qu'une vaste fumisterie.
zée- Messages : 46
Date d'inscription : 20/02/2011
Re: Front national
Marine Le Pen aux réfugiés de Lampedusa : "L'Europe ne peut pas vous accueillir" AFP - 14/03/2011 à 21:02
Marine Le Pen aux réfugiés de Lampedusa : "L'Europe ne peut pas vous accueillir"
ccueillie par le maire, mais aussi aux cris de "Dehors les racistes", la dirigeante de l'extrême droite française Marine Le Pen est venue dire lundi aux migrants qui accostent sur l'île italienne de Lampedusa que l'Europe n'a "pas la capacité de les accueillir".
photo : AFP
Au cours d'une visite éclair et très médiatisée de trois heures, la présidente du Front National a voulu "attirer l'attention sur les dangers très réels" de l'afflux d'immigrés illégaux en provenance d'Afrique du Nord qui, selon elle, pourraient "demain se compter en centaines de milliers".
Accueillie par le maire de Lampedusa, Bernardino de Rubeis, la dirigeante française a passé une petite heure dans le centre d'accueil des migrants, sans la presse, et s'est entretenue, a-t-elle affirmé ensuite, avec les autorités et "deux porte-parole de réfugiés".
"Je leur ai dit que si je n'écoutais que mon coeur, je les prendrais dans ma barque, mais ma barque va couler. Je préfère leur dire la vérité. Nous n'avons plus les moyens financiers d'accueillir ces personnes, en matière de santé comme de logement".
La "fermeté est plus humaine que le laxisme", a-t-elle encore dit.
Sur la petite route menant au centre, barrée par les carabiniers, la présidente du FN avait été huée au passage de sa voiture par plusieurs dizaines de manifestants criant "les racistes dehors!", a constaté une journaliste de l'AFP.
Dans ce rassemblement à l'appel d'une association de Lampedusa, Askavusa, un slogan en français "solidarité avec les sans-papiers" cotoyait des banderoles en italien proclamant "les racistes dehors", "Lampedusa n'est pas raciste" et "le monde est en couleurs, faites-vous en une raison".
Marine Le Pen, accompagnée du vice-président du FN, Louis Aliot, et du député européen italien de la Ligue du Nord (parti anti-immigrés), Mario Borghezio, a ensuite donné une conférence de presse improvisée devant les grilles du centre, devant une cinquantaine de journalistes français, italiens, britanniques ou allemands.
"Je suis venue exprimer sur le terrain ma très vive inquiétude. L'Union européenne n'a aucune solution à proposer. Nous allons assister à une véritable catastrophe et l'UE, cette grosse méduse molle, est impuissante", a déclaré la dirigeante.
"C'est le début d'une vague d'immigration qu'on ne mesure pas", a dit Mme Le Pen que les derniers sondages en France créditent de plus 20% des intentions de vote à la prochaine élection présidentielle de 2012.
Le FN propose d'"arraisonner les bateaux et de les faire convoyer vers leurs côtes d'origine" par les marines nationales. Il "faut aussi poursuivre les patrons de bateaux négriers", a ajouté Mme Le Pen qui veut également suspendre la libre circulation dans l'espace Schengen.
"Je suis dans mon rôle de député européenne. Gouverner, c'est prévoir", a-t-elle poursuivi, "je n'ai entendu aucune solution d'aucun parti politique en France. Je fais ce que les autres n'ont pas fait".
Le maire de Lampedusa a pour sa part invité "tous les députés européens à visiter le centre. L'Europe doit venir et comprendre la situation".
Depuis le début des insurrections en Tunisie, puis en Libye, près de 10.000 candidats à l'immigration ont débarqué sur ce confetti de 20 km2 perdu au sud de la Sicile. Soit plus du double du nombre d'immigrés arrivés pendant toute l'année 2010, a affirmé récemment le ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni.
Au point de traversée le plus court, Lampedusa est à 138 km de la Tunisie, alors que la Sicile est à 215 km.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Front national
nico37 a écrit:Marine Le Pen aux réfugiés de Lampedusa : "L'Europe ne peut pas vous accueillir" AFP - 14/03/2011 à 21:02
"Je leur ai dit que si je n'écoutais que mon coeur, je les prendrais dans ma barque, mais ma barque va couler. Je préfère leur dire la vérité. Nous n'avons plus les moyens financiers d'accueillir ces personnes, en matière de santé comme de logement".
A priori, plus d'habitants dans un même territoire induit une augmentation de la consommation globale ou des prétentions à la consommation de ce territoire. Ce qui peut permettre une augmentation de la production (et donc du PIB) à condition qu'elle soit bien planifiée sur ce même territoire et que les habitants disposent du revenu adéquat.
L'argument de MLP est donc caduque et ça elle aurait du le prévoir.
zée- Messages : 46
Date d'inscription : 20/02/2011
Re: Front national
??????????
Zée
L'argument de MLP est donc caduque et ça elle aurait du le prévoir.
Tu ne comprends donc pas que les fascistes et les démagogues de tout poil se moquent des arguments logiques et de la logique tout court ? Ils influencent une partie de la population en jouant sur les préjugés, les phobies, les pulsions malsaines etc, pas avec des raisonnements logiques.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
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