Coupes budgétaires = destruction du Samu Social + fermetures d'hébergements=mères&enfants à la rue !
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Coupes budgétaires = destruction du Samu Social + fermetures d'hébergements=mères&enfants à la rue !
Sans-abri: les associations dénoncent les "coupes budgétaires" et les fermetures d'hébergement
AP – mer. 29 juin 2011
PARIS (AP) — "Trois ans après l'annonce par François Fillon d'un grand 'Chantier national prioritaire pour le logement', l'accès au logement des personnes sans-abri et mal-logées n'est toujours pas une priorité", déclarent une trentaine d'associations d'aide aux plus démunis. Dans un communiqué diffusé mercredi, elles dénoncent des dizaines de suppressions de places d'hébergement "conséquence de réductions budgétaires inacceptables en 2011", et parlent de "mépris" de la part des "plus hautes instances de l'Etat".
"Le Premier ministre s'était engagé à revoir les associations (...) suite à leur mobilisation sur le Pont des Arts (à Paris) en novembre 2010. A la veille de l'été, elles n'ont pas été reçues", affirment les associations -parmi lesquelles la Fondation Abbé Pierre, Emmaüs, Médecins du Monde ou encore le Secours catholique et la FNARS- regroupées au sein d'un collectif. Elles déplorent aussi, le "silence du Président de la République, qui n'a guère donné suite à notre demande de rencontre en janvier 2011".
"Face au mépris des plus hautes instances de l'Etat envers toutes les situations d'exclusion et de détresse sociale qui ne sont pas prises en charge, les associations veulent exprimer leur colère!", poursuit le communiqué.
Les associations disent avoir "vu se multiplier, ces dernières semaines, des mesures d'une grande brutalité", en premier lieu la "fermeture de places d'hébergement et d'hôtel, sans qu'aucune solution ne soit proposée aux personnes. Ces fermetures sont la conséquence de réductions budgétaires inacceptables en 2011 (-41 millions d'euros) et qui pourraient se poursuivre en 2012 (annonce d'une diminution de 64 millions d'euros)".
"Ces coupes budgétaires exposent les associations à des difficultés croissantes pour venir en aide aux personnes qu'elles accueillent", avec notamment "la multiplication sur tout le territoire des annonces de licenciements et/ou de fermetures de structures", situation qui "montre qu'une nouvelle étape est franchie".
Le collectif dénonce aussi "les décisions discriminatoires de certaines préfectures (Calvados, Haut-Rhin, Vienne, Yonne, Moselle) qui demandent aux associations de remettre à la rue les personnes migrantes, qui sont pourtant parmi les plus vulnérables".
Le collectif "demande aujourd'hui au gouvernement un engagement extrêmement fort, à travers des moyens financiers suffisants pour faire face à la crise sociale majeure que nous traversons". Le 31 mars dernier, il avait appelé à des manifestations dans une quinzaine de villes de France pour protester contre la fermeture de centaines de places d'hébergement avec l'arrivée des beaux jours.
Le 1er juin, la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS, qui fédère 850 associations) avait annoncé que les associations qui s'occupent de l'hébergement des sans-abri en Ile-de-France allait devoir verser 131.000 euros d'agios aux banques en 2011, soit l'équivalent du financement de 200 places, en raison du retard de versement des fonds publics par le gouvernement.
AP
god/ll
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Re: Coupes budgétaires = destruction du Samu Social + fermetures d'hébergements=mères&enfants à la rue !
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/07/14/le-desengagement-massif-de-l-etat-pour-le-samu-social_1548732_3232.html#xtor=AL-32280184
Le désengagement massif de l'Etat pour le SAMU social
Point de vue | | 14.07.11 | 13h45 • Mis à jour le 14.07.11 | 14h05
par Bertrand Delanoë, maire (PS) de Paris
Dans sa tribune sur "L'accueil d'urgence en péril" (Le Monde du 13 juillet), Julia Peker en appelle à la Ville de Paris afin de venir compenser les effets désastreux des réductions de crédits décidées par l'Etat en matière d'hébergement d'urgence et qui obligeront le SAMU social à fermer environ 5 000 places d'accueil en hôtel au cours des prochains mois.
Mme Peker m'interpelle directement sur la fermeture par le SAMU social du centre d'hébergement d'urgence Yves-Garel - que le SAMU social a dû fermer pour raisons de sécurité. Elle me demande de "trouver un bâtiment pour accueillir ne serait-ce que quarante femmes".
Qu'elle soit rassurée : son voeu a été anticipé et même dépassé : toutes les places supprimées ont été compensées, grâce à la Ville de Paris, en lien avec le SAMU social et l'association Aurore : un centre de 58 places pour les femmes sera géré par le Centre d'action sociale protestant dans un immeuble mis à disposition par la Ville (52, rue Servan - 11e) dès septembre.
Le public qui était à Yves-Garel sera hébergé pendant l'été dans plusieurs centres grâce à la mobilisation du SAMU social. Un centre d'hébergement de 65 places pour les hommes géré par Aurore, dans un autre immeuble municipal (rue Oscar-Roty - 15e), est ouvert depuis le 1er juillet.
Reste le problème de fond, le désengagement massif de l'Etat dans un champ d'intervention qui relève de par la loi directement et principalement de sa responsabilité. Alors qu'il manque, en Ile-de-France, 13 000 places d'hébergement et de logement d'insertion, les réductions des crédits de l'Etat affectés au SAMU social auront des conséquences humaines tragiques : si l'Etat ne revient pas sur ces dispositions, 15 000 personnes se retrouveront à la rue dès le mois d'août.
Nous agissons, avec nos moyens, comme le Val-de-Marne ou la Seine-Saint-Denis. Nous nous sommes engagés sur la mandature à financer 2 000 nouvelles places d'hébergement ou logements destinés aux sans-abri. Mais nous ne pouvons assumer toutes les responsabilités de l'Etat. Aussi, à nouveau, nous demandons avec solennité un moratoire sur les fermetures des places d'hébergement et le rétablissement des crédits du SAMU social.
Pour mener ce combat, Julia Peker et tous ceux qui, comme elle, luttent contre toutes les formes de discrimination sociale, nous trouveront toujours à leurs côtés.
Article paru dans l'édition du 15.07.11
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Re: Coupes budgétaires = destruction du Samu Social + fermetures d'hébergements=mères&enfants à la rue !
Hébergement d'urgence : rassemblement à Paris contre les coupes budgétaires
Par Miguel Medina | AFP – il y a 4 heures
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Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées samedi à Paris pour dénoncer …
Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées samedi à Paris pour dénoncer les restrictions budgétaires en matière d'hébergement d'urgence et la fermeture fin juin du dernier centre parisien du Samu social accueillant des femmes, a constaté une journaliste de l'AFP.
Réunis en début d'après-midi près du musée d'Orsay, salariés du Samu social de Paris et membres de l'association Droit au logement (DAL) se sont allongés symboliquement sur des couvertures de survie installées sur une passerelle au-dessus de la Seine, en scandant "Un toit c'est la loi" et tenant des pancartes sur lesquelles était inscrit : "La rue tue".
Ils se sont ensuite acheminés en métro vers un square du 7e arrondissement en face du "Bon Marché", le square Boucicaut, à l'intérieur duquel s'étaient installées des familles et des personnes sans logement.
Un important dispositif policier avait été déployé, mais n'est pas intervenu pour faire évacuer les protestataires. Le dispositif a été levé en début de soirée, alors que familles et manifestants s'apprêtaient à lever le camp, sous une pluie battante. Les militants prévoyaient de revenir dimanche matin.
L'Etat, qui finance à 92% le Samu social, a annoncé en mai des réductions drastiques des moyens alloués à l'hébergement d'urgence.
Un "dispositif d'urgence saturé" et des "crédits bloqués" ne permettent plus au Samu social de "mettre à l'abri des personnes en grande précarité", femmes et familles avec enfants, a estimé Maeva Espinas, salariée au "pôle famille" du 115 parisien.
"Nous sommes passés d'un hébergement presque garanti pour les familles à plus d'hébergement du tout pour les nouvelles familles. C'est une situation inadmissible (...). A quoi sert le Samu social de Paris (s'il) ne peut plus héberger" ces populations, a-t-elle déclaré.
Ces restrictions budgétaires sont "criminelles", a lancé le porte-parole du DAL, Jean-Baptiste Eyraud. Celui-ci demande à l'Etat "d'appliquer la loi d'accueil inconditionnel, l'application de la loi Dalo (droit au logement opposable, ndlr), alors que 20.000 familles sont reconnues prioritaires et ne sont pas relogées, et l'application de la loi de réquisition".
Présent à la manifestation, le secrétaire national du Parti de gauche (PG) et conseiller régional de Paris Eric Coquerel a appelé à "revenir à un Etat social pour protéger les plus démunis", à l'heure où "même les classes moyennes sont menacées (...) par l'absence de politique de logement".
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Le Samu social n'est "plus gérable", Emmanuelli démissionne
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/le-samu-social-n-est-plus-gerable-emmanuelli-demissionne_1013224.html#xtor=AL-447
Le Samu social n'est "plus gérable", Emmanuelli démissionne
Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 19/07/2011 à 13:22, mis à jour à 14:15
Xavier Emmanuelli le 04 avril 2008 à Paris
afp.com/Catherine Gugelmann
Dans un entretien à Charlie Hebdo, à paraître ce mercredi, le président du Samu social annonce qu'il compte démissionner à cause des coupes budgétaires imposées par l'Etat.
Il part, après 18 ans au service de l'aide d'urgence à Paris. Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu social de Paris, quitte la présidence de la structure d'aide d'urgence aux personnes sans abri. La raison? Une situation budgétaire qui "n'est plus gérable", annonce-t-il dans un entretien à Charlie Hebdo à paraître ce mercredi.
Sa démission intervient alors que l'Etat, qui finance l'organisation à 92%, a annoncé en mai des réductions drastiques des moyens alloués à l'hébergement d'urgence. Au Samu social, le financement de l'hébergement en hôtel a été amputé de 25%. Le 30 juin, il avait dû fermer le centre d'hébergement d'urgence parisien Yves Garrel, le seul à proposer des places spécifiquement aux femmes en situation d'hébergement d'urgence.
"L'urgence sociale, personne n'y croit"
"Ce n'est plus gérable", tranche Xavier Emmanuelli, 72 ans, qui fut secrétaire d'Etat à l'Action humanitaire d'urgence de 1995 à 1997. "L'urgence sociale, personne n'y croit, ça appartient aux petits hommes gris, comme disait Nietzsche. Les technos, les mecs qui pensent structure, budget, et pas souci de l'autre".
"C'est comme dans le dessin animé de Tex Avery, tout le monde se refile le bâton de dynamite avant qu'il pète. On est dans le 'c'est pas moi, c'est toi': c'est du ressort de l'État, non, c'est celui de la mairie. Ils se tirent dans les pattes, ils n'ont pas les mêmes objectifs, c'est à celui qui ne paiera pas ou, au contraire, qui se dira le plus généreux. Je me suis battu toute ma vie, je ne veux pas couvrir ça", justifie le Dr Emmanuelli.
Président du Samu social de Paris depuis sa création, en 1993, Xavier Emmanuelli ne précise pas à quelle date sa démission sera effective, mais assure qu'il "continuera quand même le Samu International".
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Re: Coupes budgétaires = destruction du Samu Social + fermetures d'hébergements=mères&enfants à la rue !
http://www.lepost.fr/article/2011/07/20/2552714_hebergement-d-urgence-on-perd-de-vue-l-objectif-aider-les-plus-faibles.html
Hébergement d'urgence: "on perd de vue l'objectif, aider les plus faibles"
20/07/2011 à 15h04 - mis à jour le 20/07/2011 à 18h30
Les associations tirent la sonnette d'alarme depuis des mois, explique au Post le délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
"Tout le système est en danger, parce que l'urgence sociale est un concept que personne n'accepte". La déclaration est de Xavier Emmanuelli, avant sa démission de la présidence du Samu social, annoncée mercredi dans une interview à Charlie Hebdo.
"L’urgence sociale, personne n’y croit"
L'ancien secrétaire d'Etat à l'Action humanitaire d'urgence de 1995 à 1997 quittera son poste en octobre et la structure d'aide aux SDF devra lui trouver un successeur. Le docteur dénonce le "désengagement des pouvoirs publics et de l'Etat dans ce domaine très particulier qui est l'accueil d'urgence". Mercredi matin sur Europe 1, Xavier Emmanuelli a qualifié sa décision de "cri d'alarme parfaitement justifié". L’urgence sociale, personne n’y croit", dit-il.
En cause, les coupes budgétaires pour les associations qui prennent en charge l'hébergement d'urgence et le logement social. Au Samu social, financé à 92% par l'Etat, le budget est passé de 110 millions d'euros en 2010 à 90 millions en 2011. À Paris, le seul centre du Samu social pour femme de la capitale a fermé à la fin du mois de juin.
Une nouvelle politique à long terme
Au gouvernement, on justifie ces coupes budgétaires par la mise en place d'une nouvelle politique à long terme pour l'hébergement social des plus démunis : le "housing first". Littéralement "le logement d'abord" ou "chez soi d'abord".
L'idée : considérer que l'hébergement d'urgence ne doit être qu'une porte de sortie vers le logement et éviter les allers-retours entre la rue et les centres d’accueil. Ce principe est expérimenté depuis 2010 en France, à Marseille, Toulouse et Lille, pour des sans-abri ou précaires présentant des troubles psychiatriques. La même stratégie est déjà appliqué avec un relatif succès aux Etats-Unis, au Canada, ou dans certains pays du nord de l'Europe comme la Finlande.
"Une ligne politiquement correcte"
Une politique qui inquiète Xavier Emmanuelli : "Ils (le gouvernement, ndlr) sont sur une ligne politiquement correcte du 'housing first', (...) nous on est dans le 'caring first, housing then' (soigner d'abord, loger ensuite)".
Même son de cloche du côté de la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés.
Contacté par Le Post, Christophe Robert, délégué général de la fondation et porte-parole du Collectif des associations de lutte contre le mal-logement, rappelle qu'il est "du devoir de l'Etat de proposer des solutions d'urgence dignes".
"La logique est pertinente mais il faut être en capacité de proposer des logements...", regrette-t-il, affirmant que le gouvernement met la charrue avant les boeufs en diminuant les places d'hébergement plus vite qu'il ne propose de logements."Une totale déconnexion avec la réalité"
Il s'agit selon lui d'"une forme de régression" : "l'hôtel n'est pas la solution, mais qu'est-ce qu'on fait pour les plus précaires ? On laisse des personnes dormir dans leurs bagnoles, des parking, des caves ?".
"Cela fait des mois que les associations tirent la sonnette d'alarme", commente Christophe Robert à propos de la démission de Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social. "Il y a une totale déconnexion avec la réalité qui nous inquiète très fortement : on perd de vue l'objectif, qui est d'aider les plus faibles". "Le pouvoir doit intégrer à sa politique les effets de la crise économiques. C'est comme si depuis deux ans, rien ne s'était passé", conclut-il.
Fin juin, le collectif d'associations a refusé de prendre part à une réunion organisée par Benoist Apparu, le secrétaire d’État au logement, en craignant que "cette énième rencontre, après avoir dialogué pendant deux ans, soit en déconnexion totale avec les réalités de terrain que nous dénonçons".
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Re: Coupes budgétaires = destruction du Samu Social + fermetures d'hébergements=mères&enfants à la rue !
http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/07/21/a-saint-vincent-de-paul-le-travail-de-reinsertion-des-sdf-sera-jete-a-la-poubelle-en-octobre_1551355_3224.html
A Saint-Vincent-de-Paul, "le travail de réinsertion des SDF sera jeté à la poubelle en octobre"
Le Monde.fr | 21.07.11 | 17h05 • Mis à jour le 21.07.11 | 18h24
Dans le centre d'accueil de SDF, à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, dans le 14e arrondissement de Paris, le 20 juillet 2011.Le Monde / Vincent Barros
Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, 14e arrondissement de Paris. Dans l'un des bâtiments du fond de la cour, le pavillon Pasteur, 35 personnes sans domicile fixe vivotent depuis janvier. Que des hommes, de toutes nationalités, dont l'âge moyen dépasse la cinquantaine d'années. Faute de choix, ils y reviennent chaque jour, de 17 heures à 8 heures le lendemain, y préférant la promiscuité à l'enfer de la rue.
Le centre Pasteur, c'est du provisoire qui dure. Une solution de repli négociée par l'association Aurore après la fermeture, l'année dernière, du centre d'hébergement d'urgence de la chapelle de l'Agneau de Dieu (12e arrondissement). Dans le sous-sol de cette chapelle, une bonne centaine de sans-abri s'affalaient depuis des mois sur les lits de camp, les tables et les chaises pour leur comptant de sommeil. "On a dû partir", explique Bruno Berthelot, 51 ans, directeur du pôle Urgence de l'association Aurore. "Le voisinage se disait gêné et puis, question sécurité, on était en dehors."
Le personnel d'Aurore avait réussi malgré tout à remettre 22 personnes au travail, la plupart à temps partiel, certains en CDI, dans le bâtiment ou la restauration. Avec le soutien de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui l'incitait à poursuivre son travail d'accueil et de réinsertion, Aurore a donc été autorisé à investir dans l'urgence le refuge du centre Pasteur, doté d'un étage, d'un mobilier sans âme et de seulement 35 places. Toutes sont occupées depuis le premier soir. "Si on avait une capacité d'accueil de 100 places, on serait complet", affirme Alain Mesnoua, 54ans, responsable du centre, qui refuse du monde tous les soirs.
LEUR OFFRIR "LA DIGNITÉ"
La plus grande chambre du centre Pasteur, à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, dans le 14e arrondissement de Paris, le 20 juillet 2011.Le Monde / Vincent Barros
Les SDF arrivent de partout – du 115 du Samu social, des maraudes, du bouche-à-oreille… Mais les places sont chères. Ceux qui ont la chance d'être installés le sont pour quelques jours, quelques semaines, parfois des mois. "C'est le but de la structure, d'en faire un lieu plus humain. Les gens se connaissent, se tutoient, s'écoutent", relève Alain, qui leur offre un lit, un repas, une douche "et la dignité". Depuis janvier, neuf résidents ont trouvé du boulot. "Ils commencent par travailler deux heures par jour, puis quatre, puis six jusqu'à sept heures", précise Alain, qui dispose, après quinze ans de terrain, d'un bon réseau de partenariat avec les entreprises.
Le travail paye, mais pour combien de temps ? A l'origine, le centre Pasteur ne devait ouvrir que quinze jours, puis deux mois et demi… En comptant les subventions exclusives de l'Etat, en baisse cette année, le centre devrait pouvoir tenir jusqu'à octobre. "Après quoi, les sans abri regagneront la rue et tout le travail de réinsertion sera jeté à la poubelle. Car les gars qui travaillent, quand ils perdent leur logement, ils ne peuvent plus se raser, arriver propre au boulot, ils s'épuisent et donc ils perdent automatiquement leur emploi. Comme à chaque fois, on les retrouvera quelques semaines plus tard, à l'ouverture d'un centre, clochardisés", assène Alain, lucide mais pas résigné.
"JE RISQUE LA PRISON SI J'Y RETOURNE"
Dans l'exiguïté du centre Pasteur, on croise au hasard Mihai, 42 ans, Roumain. Souriant et avenant, malgré sept ans de galère en France. "Je cherche du travail dans le bâtiment, mais je ne trouve pas. Les patrons se méfient, les Roumains ont une réputation de voleurs, je suis victime des conneries des autres", lâche-t-il, dans un français plus qu'approximatif. "Je gagnais un peu plus de 100 euros par mois en Roumanie, je n'envisage pas d'y retourner, c'est encore plus la merde qu'ici."
Diniz, 40 ans, est considéré comme un déserteur en Turquie, qu'il a quittée avant d'y faire son service militaire. "Je risque la prison si j'y retourne", affirme-t-il. Il est arrivé en France en 2004 et a passé les six premiers mois dans la rue à Paris. Depuis, il écume les centres d'hébergement d'urgence. Son espoir est désormais de survivre encore trois ans, afin d'atteindre dix années de résidence en France, d'obtenir des papiers et de travailler dans la restauration.
Michel, 51 ans, chétif et apprécié de tous, est balloté entre les centres depuis qu'il a perdu la vue il y a dix ans. "J'ai fait cinq ou six ophtalmos à Paris, ils m'ont tous parlé d'une atrophie du nerf optique. Je ne vois rien dans la rue, certains en profitent, me volent ou me frappent, j'ai peur d'y retourner", confie-t-il, de sa petite voix. Quand il n'a plus le choix, il retourne immanquablement à la gare du Nord. "Je la connais comme ma poche", dit-il.
Leszek, Polonais, accuse une cinquantaine d'années tourmentées. Alcoolique, il tournait, quand il est arrivé il y a quatre mois, à huit litres de vin par jour. Aujourd'hui, plus rien. L'homme s'apprête à suivre une cure de désintoxication pendant trois semaines, avant de travailler deux heures par jour comme peintre en bâtiment.
Tous les résidents sont accueillis et gérés par Jean-Claude, 46 ans, gardien d'accueil et veilleur de nuit. Le Guadeloupéen, ancien SDF, est en CDI depuis huit ans à l'association Aurore, qui lui a "sauvé la vie". "Aujourd'hui, je suis bien dans ma peau car je me sens utile. Je gère les conflits de personnalité, car parfois, c'est vrai, il y en a. Mais globalement, les résidents d'ici s'entendent bien, c'est une petite famille."
NE PAS BRÛLER LES ETAPES
"Vous avez discuté avec les résidents ? Vous avez vu ?", interroge Bruno Berthelot, à la sortie du centre. "Vous pensez vraiment que ces gars-là sont prêts à intégrer un logement seuls, comme l'espère le ministre ? Mettez-les entre quatre murs et vous verrez, au bout d'un moment, face au silence, aux responsabilités, ils craqueront." L'homme de terrain appelle à ne pas brûler les étapes. Pour lui, l'accompagnement social et le travail éducatif sont indispensables. "Ici, avec nos règles de vie, on leur apprend à mettre de l'ordre dans leur maison, et donc au fur et à mesure, ils en mettent dans leur tête."
M. Berthelot, qui assure que l'activité d'Aurore sera réduite de 20 % dès octobre suite aux restrictions budgétaires de l'Etat, reste sceptique face à la politique du "logement d'abord" défendue par Benoist Apparu, le secrétaire d'Etat au logement. "On a eu un exemple flagrant en 2007. Après que les SDF ont investi les berges du canal Saint-Martin avec les Don Quichotte, on leur a proposé une place en logement, avec l'offre du 'Logement pour tous'. Ça a marché pour certains, mais la moitié en est revenue de ces logements. Ils n'arrivaient pas à vivre seuls, ils étaient dépités et culpabilisaient…"
Vincent Barros
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Femmes avec enfants à la rue : les chiffres !
http://www.elle.fr/Societe/News/Femmes-avec-enfants-a-la-rue-les-chiffres-1664066
Femmes avec enfants à la rue : les chiffres
Branle bas de combat après les propos polémiques de Benoist Apparu. Le 20 juillet dernier, le secrétaire d’Etat chargé au Logement affirmait haut et fort : « Il est hors de question qu'une seule famille se retrouve à la rue. Un enfant ne dort pas dehors, en France, en 2011 ». La Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS) a pris au mot le ministre et revient à la charge, chiffres à l’appui. Ces données concernent 34 départements. Paris n’est pas comptabilisé, mais on peut imaginer que les chiffres y seraient encore plus conséquents.
60% des femmes avec enfants laissées sans solution
Côté méthode, la FNARS a donc analysé sur la seule journée du 20 juillet les réponses apportées aux personnes sans abri qui sont à la recherche d’un hébergement d’urgence. Et ces chiffres font froid dans le dos. On s’aperçoit que seule une demande sur trois aboutit : sur 1701 demandes, seules 596 personnes ont eu un toit au-dessus de la tête pour la nuit. Encore plus inquiétant : la majorité des familles ont effectivement été laissées sans hébergement. Le 20 juillet, si 780 personnes avec enfants ont appelé le 115, 576 d’entre elles n’ont pu être prises en charge. La cause ? Pas de place disponible. Les femmes seules avec enfants sont ainsi 60% à ne pas avoir obtenu de solution d’hébergement. Il y a donc en France, en 2011, des enfants qui dorment à la rue. Si certaines femmes ont trouvé refuge dans les services d’urgence des hôpitaux, comment font les autres ?
Depuis fin mai, des coupes drastiques ont été réalisées par le gouvernement dans le budget du Samu Social. La semaine dernière, son fondateur, Xavier Emmanuelli, démissionnait. Si la mairie de Paris a décidé lundi une aide exceptionnelle au Samu Social, on peut s’interroger : quelle sera la réponse de Benoist Apparu ?
Emilie Poyard Le 26/07/2011
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Amputation de l'enveloppe du Samu Social d'1/4 = mères et bébés SDF !
http://www.elle.fr/Societe/Interviews/Reforme-du-115-Quelle-est-la-vie-de-ces-bebes-et-de-ces-meres-SDF-1629854
Mères et bébés SDF ! C'est encore pire qu'on pensait !
Tandis que les mères et leurs bébés sont jetés à la rue, Apparu se frotte les mains : effectivement il fait tout pour enrichir les riches propriétaires : hausse des loyers, hausse des prix des logements, expulsions manu-militari de tous ceux qui ne payent pas assez vite, etc !
RÉFORME DU 115 : « QUELLE EST LA VIE DE CES BÉBÉS ET DE CES MÈRES SDF ? »
Sarah Stern est psychiatre à l’hôpital de La Fontaine à Saint-Denis (93) et elle a été témoin le 11 juin dernier de l’incroyable galère d’une jeune femme de 23 ans qui s’est retrouvée à la rue avec son bébé de un mois.
Presqu’incognito, le 20 mai dernier, le gouvernement a en effet annoncé une réforme du budget des centres d’hébergement. Ainsi, l’enveloppe du Samu social pour les nuitées d’hôtel est réduite d’un quart. Sarah Stern nous raconte le quotidien de ces mères et de leurs bébés SDF.
Qui sont les femmes qui se retrouvent à la rue ?
Aujourd’hui, il y a beaucoup de sans papiers parmi les SDF mais également des personnes qui sont en rupture sociale et familiale, par exemple de jeunes femmes enceintes qui se font mettre à la porte lorsqu’elles annoncent leur grossesse, mais aussi des femmes qui ont des troubles psychopathologiques. Il y a également un phénomène assez nouveau : celui des mères isolées qui sont tellement endettées qu’elles se retrouvent à la rue. On voit aussi des femmes battues qui sortent du foyer pour échapper à la violence de leur conjoint, et qui après un passage à SOS Femmes, appellent le 115.
Quelles sont les conséquences de cette réduction de budget pour ces femmes ?
Les professionnels ont beaucoup travaillé depuis un an pour que les femmes restent le plus longtemps possible avec leurs jeunes enfants dans les foyers sociaux. Les femmes peuvent y passer la journée, des couches et du lait leur sont fournis. Désormais, elles risquent de passer 3 ou 4 jours dans ces foyers avant d’être dirigées vers des hôtels sociaux, parfois miteux. Dans ces hôtels, elles ont juste une chambre où il n’y a même pas de lit pour le bébé. Ils n’ont aucune intimité. Pour l’enfant, même s’il n’y a pas de père, le berceau et l’odeur d’un doudou créent un contexte de sécurité.
A quoi ressemble leur quotidien ?
Chaque jour, ces femmes doivent quitter leur chambre, elles se retrouvent donc dans le métro, dans les gares, les salles d’attente des urgences avec leurs bébés qu’il faut allaiter. Avec juste le porte-bébé et leur sac, elles passent du temps à circuler pour obtenir des couches gratuites ou des petits pots donnés par des associations contre des bons que leur auront remis les assistantes sociales. Si on n’a pas rattaché ces femmes à un service social, il n’y a pas d’assistante sociale pour les suivre et leur attribuer ces bons. Des bébés SDF qui sont changés dans le hall d’une gare, des mères qui ne savent pas ce qu’elles mangeront le soir, si elles auront un toit sur la tête, et qui lorsqu’elles se déplacent n’ont pas de ticket de transport : c’est vraiment une angoisse permanente. Ces mères peuvent donc développer des troubles anxio-dépressifs. Elles sont tout le temps avec leur enfant mais ne s’adressent pas à lui. C’est comme un collage, les deux font bloc. C’est comme si avec le porte-bébé, il était encore dans leur ventre. La séparation n’est pas opérée, il y a trop d’insécurité. Ces mamans ont très peu de lien social, et le fait d’être dans cette situation les désocialise encore plus. A force de bouger sans cesse, elles perdent les liens. Leur portable devient parfois leur seul lien. Certaines se prostituent, poussées par la misère.
Vous voyez de plus en plus de femmes dans cette situation ?
En 2010, plus d’une centaine de femmes sont sorties de la maternité de l’hôpital Delafontaine et ont fait appel au 115. Quelle est la vie de ces bébés et de ces mères ? Ces femmes sont également désorientées dans le temps et l’espace. Parfois, on leur propose un foyer, par exemple en province, mais cela les effraye, elles veulent rester dans le petit périmètre qu’elles connaissent. Un petit espace est plus sécurisant, elles sont terrifiées par un voyage lointain, elles sont traumatisées par des changements de lieu. Elles ont aussi peur des mauvaises rencontres : dans les foyers, les chambres ne ferment pas à clé, il y a souvent beaucoup d’hommes, de la drogue, de la violence.
Les femmes jusque-là n’étaient presque jamais à la rue, cette réforme va les précariser encore plus. Cela entraîne aussi une augmentation des problèmes de santé car l’accès aux soins devient encore plus difficile. Il n’y a pas de PMI de référence pour les patientes SDF, pas de psy référent. Un bébé et une mère sans soin, c’est de la folie !
Propos recueillis par Emilie Poyard Le 23/06/2011
Mères et bébés SDF ! C'est encore pire qu'on pensait !
Tandis que les mères et leurs bébés sont jetés à la rue, Apparu se frotte les mains : effectivement il fait tout pour enrichir les riches propriétaires : hausse des loyers, hausse des prix des logements, expulsions manu-militari de tous ceux qui ne payent pas assez vite, etc !
BouffonVert72- Messages : 1748
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Re: Coupes budgétaires = destruction du Samu Social + fermetures d'hébergements=mères&enfants à la rue !
http://www.elle.fr/Societe/Interviews/Samu-Social-le-gouvernement-a-mal-engage-la-reforme-1628686
SAMU SOCIAL : LE GOUVERNEMENT A MAL ENGAGÉ LA RÉFORME
Le 20 mai dernier, le gouvernement a annoncé très discrètement la réduction du budget des centres d’hébergement de 2,9%. Concrètement, cette diminution des financements se traduit déjà par une baisse de 24% des nuits d’hôtels dont dispose le Samu Social, destinées à pallier le manque de place en centres d’hébergement. La magistrate Nicole Maestracci, présidente de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS), nous explique l’impact de cette réforme sur les personnes en grande précarité.
Pouvez-vous nous expliquer les conséquences de cette réduction de budget ?
Le système d’accueil des sans abri a été largement critiqué, y compris par les associations de solidarité, car il privilégiait l’urgence sur l’insertion. Au fur et à mesure que les gens se trouvaient à la rue, les services sociaux louaient des chambres d’hôtel. Les femmes et les hommes en difficulté étaient mis à l’hôtel pour un temps limité, et retournaient à la rue. C’est la logique de la porte tournante : ceux qui rentrent dans le système n’en sortent pas mieux. La FNARS a organisé une conférence de consensus sur les sans abri en 2007 : la réforme proposée par les associations ne consiste pas juste en une mise à l’abri, il s’agit de propositions pour des solutions d’insertion durable. L’an dernier, le gouvernement a mis en place une réforme, mais le problème aujourd’hui c’est qu’il anticipe les résultats de cette réforme et supprime des places d’hôtel avant même d’avoir créé les solutions alternatives. Même si l’hébergement en hôtel pour les familles n’est pas la bonne solution, elles vont se retrouver à la rue.
Le gouvernement a pris une position qui consiste à dire : lorsqu’on a la possibilité de loger les gens, on n’est pas obligé de passer par la case hébergement. Nous sommes bien sûr d’accord, mais il faut que les personnes en difficultés bénéficient d’un accompagnement social si nécessaire et, surtout, qu’il y ait des logements. Or, dans plusieurs régions, dont l’Ile de France, il n’y a pas de logement ! Aujourd’hui, l’Etat délègue aux régions une enveloppe globale que chaque préfet va répartir selon les orientations du gouvernement. En Ile de France, le préfet a été trop rapide et il a supprimé des places d’hébergement : il a en fait anticipé les résultats d’une politique qui n’est pas mise en place.
Que va-t-il se passer désormais ?
Concrètement, j’espère que l’Etat va se rendre compte de son erreur. La FNARS a déjà interpellé le gouvernement, la ville de Paris également. Nous devrions rencontrer Benoist Apparu, le ministre du Logement, la semaine prochaine. J’espère qu’il aura quelques réponses à nous donner. Les gens risquent de se retrouver en plus grande précarité, même s’il ne faudrait pas qu’on pense que le système précédent était idéal : donner un toit et un repas le soir, cela ne suffit pas ! Mais la réforme qui privilégie l’insertion ne peut se faire qu’à long terme. L’insertion est un travail de longue haleine, qui nécessite des travailleurs sociaux de qualité. Ce qu’on demande, c’est d’attendre que la réforme porte ses fruits avant de réduire le nombre de places d’hébergement. Pour l’instant, on en est seulement à la première étape, on met en place des structures d’orientation. Il faut instaurer un accueil physique des personnes et offrir un meilleur service aux gens. On ne peut plus se contenter d’appeler le 115, que les gens n’arrivent pas à joindre.
Propos recueillis par Emilie Poyard Le 22/06/2011
BouffonVert72- Messages : 1748
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Le pitoyable Apparu tente de se justifier...
http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/07/26/quand-benoist-apparu-minimise-les-manques-de-l-hebergement-d-urgence_1553076_823448.html#xtor=AL-32280184
Quand Benoist Apparu minimise les manques de l'hébergement d'urgence
LEMONDE.FR | 26.07.11 | 16h02 • Mis à jour le 26.07.11 | 17h34
Des tentes installées sur le pont des Arts, à Paris, par le collectif des associations de lutte contre le mal-logement, le 5 novembre 2010.AP/Thibault Camus
"Il est hors de question qu'une seule famille se retrouve à la rue. Un enfant ne dort pas dehors, en France, en 2011" déclarait au Monde.fr, le 20 juillet, Benoist Apparu, secrétaire d'Etat chargé du logement. Ce même jour, l'observatoire de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars) procédait à une enquête sur les réponses données aux personnes à la recherche d'un hébergement d'urgence. Les conclusions de cette étude, publiée mardi 26 juillet, révèlent que les trois quarts des parents avec enfants qui sollicitent le 115 reçoivent une réponse négative à leur demande, laissant sans hébergement plusieurs centaines d'enfants.
L'enquête de la Fnars a été réalisée à la suite du coup de gueule – accompagné de sa démission – du fondateur du Samu social, Xavier Emanuelli. Le 20 juillet, il annonçait qu'il quittait ses fonctions afin de dénoncer une situation budgétaire qui, selon lui, "n'est plus gérable". Déjà fin juin, un collectif de plus de 30 associations, parmi lesquelles Emmaüs et la Fnars, avait dénoncé le "mépris des plus hautes instances de l'Etat envers toutes les situations d'exclusion et de détresse sociale" laissées sans réponse. En effet, les crédits dévolus au Samu social ont été ramenés de 110 millions d'euros en 2010 à 90 millions cette année. Le financement de l'hébergement en hôtel a été amputé de 25 %, avec des conséquences immédiates pour les demandes d'hébergement d'urgence : 5 000 nuitées en moins en Ile-de-France chaque jour, dont 3 500 à Paris.
142 FEMMES SEULES AVEC ENFANTS SANS HÉBERGEMENT
Interrogé sur le nombre croissant de familles qui se retrouvent à la rue, Benoist Apparu minimise considérablement la situation. "Cela représente trois ou quatre familles" affirme alors le secrétaire d'Etat au Monde.fr. Pourtant, l'enquête de la Fnars révèle que sur un simple échantillon de 1 701 demandes sur une seule journée, 1 105 ont reçu une réponse négative (soit 65%). Parmi elles, 411 couples avec enfants, six hommes seuls avec enfants, 17 groupes avec enfants et enfin 142 femmes seules avec enfants. Au total, sur 780 demandes concernant des familles avec enfants, 576 ont été refusées, soit presque les trois quarts. "La principale raison invoquée pour expliquer les refus est le manque de places disponibles", résume la Fnars.
Trente-quatre départements – hors Paris – ont été retenus pour cette enquête. Au vu de la situation particulièrement tendue de l'hébergement en Ile-de-France, les chiffres seraient bien plus importants s'ils prenaient en compte la capitale.
Pourtant, selon le secrétaire d'Etat au logement, la situation n'est pas alarmante hors des régions Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le droit au logement opposable est appliqué à "100% dans 90 % des départements", affirme au Monde.fr Benoist Apparu. Selon le secrétariat d'Etat, les chiffres publiés par la Fnars ne sont pas encore "corroborés". Les demandes de logement doivent être "priorisées", explique-t-on au ministère, et "certaines personnes en demande ont des solutions de logement dans leur cadre familial ou amical, ou encore elles disposent de revenus suffisants pour ne pas être retenues en priorité."
"PARIS A AUSSI SES RESPONSABILITÉS"
Face à une situation particulièrement critique à Paris, Bertand Delanoë, maire socialiste de la capitale, a décidé d'accorder une "subvention exceptionnelle" au Samu social. La municipalité devrait débourser entre 300 000 et 450 000 euros, "en fonction des besoins" explique-t-on au cabinet du maire. Cette somme devrait permettre une "mise à l'abri humanitaire immédiate, le temps que la solution pérenne annoncée par M. Apparu soit effectivement mise en œuvre", annonce le maire de Paris.
Dans un entretien accordé au Parisien le 20 juillet, Benoist Apparu estimait que concernant le logement d'urgence, "la Ville de Paris a aussi ses responsabilités. C'est elle qui, au titre des compétences du conseil général, est en charge par exemple de trouver un toit pour les familles avec des enfants de moins de 3 ans ou les femmes enceintes."
Quelques heures plus tard, il assurait au Monde.fr que concernant les questions d'hébergement, il assumait "toutes les responsabilités, toutes les décisions sur le sujet" en précisant : "Ce n'est pas la compétence de la mairie de Paris, c'est la nôtre." Sur ce point, le ministère et la mairie s'accordent enfin : "La Ville de Paris ne devrait pas avoir à se substituer à l'Etat", conclut Bertrand Delanoë.
Eric Nunès
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Le Samu social en grève contre les coupes budgétaires
http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/08/02/le-samu-social-en-greve-contre-les-coupes-budgetaires_1555129_3224.html#xtor=AL-32280184
Le Samu social en grève contre les coupes budgétaires
LEMONDE.FR avec AFP | 02.08.11 | 07h19 • Mis à jour le 02.08.11 | 13h58
Le budget hébergement du Samu social a été amputé de 25 %.AFP / Joel Saget
Deux semaines après la démission du président du Samu social, Xavier Emmanuelli, des professionnels de l'urgence sociale sont en grève, mardi 2 août, pour dénoncer les restrictions budgétaires décidées par l'Etat et la méthode du gouvernement pour réformer le secteur.
L'appel à la grève et à manifester dans toute la France s'adresse aux personnels du numéro d'urgence 115 et aux équipes mobiles des associations qui vont à la rencontre des SDF. Il a été lancé par la Coordination nationale des professionnels de l'urgence sociale, soutenue par la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars). Selon la Coordination nationale des professionnels de l'urgence sociale, à l'origine du mouvement, une trentaine de départements sont concernés par cette grève.
A Paris, les manifestants sont attendus à 12 h 30 au square Boucicaut (7e arrondissement), où des familles sans logement campent depuis la mi-juillet. Ils marcheront ensuite jusqu'au ministère du logement, "avec l'espoir qu'une délégation soit reçue et entendue". A Lyon, les douze salariés du Samu social seront en grève jusqu'à 20 heures. Les professionnels réclament de l'argent, après que l'Etat a annoncé en mai une réduction des moyens alloués en 2011 à l'hébergement des personnes sans abri.
POUR LE GOUVERNEMENT, LE "LOGEMENT D'ABORD"
Places d'hébergement supprimées, Samu social et numéro 115 saturés, familles réfugiées aux urgences des hôpitaux, démission du président fondateur du Samu social, Xavier Emmanuelli, dénonçant le 19 juillet une situation budgétaire qui n'est "plus gérable"... La crise qui minait déjà le secteur s'aggrave, selon les associations. "Les services d'urgence sont amenés à trier les personnes sans abri, à refuser d'accueillir des familles et à réduire leurs services. Ces contraintes placent les travailleurs sociaux dans des contradictions insupportables", souligne la Fnars.
Dans une tribune publiée par Libération, des salariés et des équipes mobiles s'adressent directement à Nicolas Sarkozy, lui rappelant : "Vous aviez dit zéro SDF... Vous achevez votre mandat en diminuant de manière drastique les budgets alloués à l'hébergement. Pour nous, professionnels de l'urgence sociale, ç'en est trop."
Les crédits dévolus à l'association ont été ramenés de 110 millions d'euros en 2010 à 90 millions cette année. Le financement de l'hébergement en hôtel a été amputé de 25 %, avec des conséquences immédiates sur les demandes d'hébergement d'urgence : 5 000 nuitées en moins en Ile-de-France chaque jour, dont 3 500 à Paris.
La démission du président fondateur du Samu social, Xavier Emmanuelli, a précipité le mouvement social.AFP/NATALIA KOLESNIKOVA
Ces restrictions budgétaires sont réalisées sur fond de réorientation de la politique du gouvernement autour du concept du "Logement d'abord" : donner la priorité à un accès de long terme des personnes sans domicile à un véritable logement, sans passer par la case de l'hébergement d'urgence, très coûteux.
Mais les associations estiment que le gouvernement "met la charrue avant les bœufs" en commençant à réduire le nombre de places en hébergement sans veiller à ce que les logements soient disponibles en nombre suffisant. Le secrétaire d'Etat au logement, Benoist Apparu, répond qu'il existe 115 000 places d'hébergement d'urgence dans toute la France, et que si 4 500 doivent disparaître d'ici à la fin de 2011, 4 500 nouveaux logements seront créées dans le même temps, doublant ainsi leur nombre.
M. Apparu a également fait valoir mardi que les budgets finançant les places d'hébergement d'urgence avaient "augmenté en l'espace de quatre ans". "Sur l'Ile-de-France par exemple, entre 2007 et aujourd'hui, en l'espace de quatre ans, le budget [de l'ensemble des places d'hébergement que l'Etat finance] a augmenté de 65 %. Sur la France entière, le budget a augmenté de 30 %", a-t-il déclaré sur RMC.
Une étude, publiée le 26 juillet, montrait cependant que les trois quarts des parents avec enfants qui sollicitent le 115 reçoivent une réponse négative à leur demande, laissant sans hébergement plusieurs centaines d'enfants.
BouffonVert72- Messages : 1748
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