Edito de L'Etincelle
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Re: Edito de L'Etincelle
J'ai beau chercher dans l'édito de la Fraction (et sans volonté de polémique)....il n'y a pas de condamnation claire et nette des politiques de bousille des appareils syndicaux. Et c'est normal comme tu viens de le dire car c'est la ligne de la Fraction. Ce qui ne m'étonne pas non plus compte tenu de la politique développée par la Fraction et plus particulièrement durant le mouvement de 2010 .... en gros en schématisant "on construit la grève reconductible à la base tremplin possible pour la GG sans tenir compte de la politique de bousille des appareils - donc en ne les interpellant pas, etc....".....je pense que cette tactique pose problème car elle évacue la question essentielle de la bataille pour la centralisation de la classe couplée avec une tactique de front unique. A discuter tranquillement sur ce forum.
Re: Edito de L'Etincelle
La grève dans l'arsenal des travailleurs
Comme prévu, le pouvoir s'est offert un repoudrage, sous la forme d'un remaniement ministériel. Au final, quelques arrivées, départs et changements de postes. Bref, après plus de deux mois de mouvement contre la réforme des retraites, le train-train politicien reprendrait ses droits. Mais ce qui est sûr, c'est qu'avant d'être remanié, le gouvernement a bien été secoué par la grève.
Notre camp qui s'affirme
Secoué par ces millions d'entre nous qui, pendant deux mois, ont fait grève et sont descendus dans la rue. Et pas seulement contre la réforme des retraites. Preuve en sont les slogans des manifestations, dont un certain nombre attaquent plus généralement cette société qui tourne pour les capitalistes et les riches. Ou les revendications dans de nombreuses entreprises en grève, dont certaines raffineries, qui liaient les retraites aux salaires ou à l'emploi.
Secoué aussi par les travailleurs qui ont reconduit la grève, comme ceux de la SNCF ou des raffineries. Bien sûr, pour gagner, il aurait fallu que leur exemple fasse tache d’huile et que la grève devienne générale. Mais ils ont montré la voie par une grève « active », avec, partout en France, contacts, actions et assemblées générales entre grévistes de différents secteurs. Et à travers cela, des liens se sont noués entre travailleurs faisant partie d'entreprises différentes, mais faisant partie d'une même lutte.
Alors qu'en reste-t-il aujourd'hui, même si nous n’avons pas gagné ? Il en reste que nous ne nous sommes pas laissés faire et pouvons en être fiers. Après avoir subi les attaques pendant des années, une bonne partie de la classe ouvrière a pris conscience de la force sociale qu'elle représente. Il en reste l'expérience de la grève et les liens noués entre travailleurs de différentes entreprises, précieux pour les luttes de demain. Un premier tour de chauffe pour notre camp !
Les raisons de la colère restent
Car la réforme des retraites n'est qu'un épisode de la guerre que mènent le patronat et le gouvernement contre le monde du travail. Une guerre qui prend la forme des licenciements et de la précarité depuis des années.
Ou encore des salaires qui, contrairement aux prix, n'en finissent plus de stagner. A cette stagnation, on ne peut répondre que par la lutte, pour au moins 300 euros en plus sur toutes les fiches de paye.
Après les retraites, la sécu !
C'est aussi au nom de cette guerre pour les profits que le gouvernement, si généreux en exonérations de charges envers ses amis patrons, lance contre les salariés sa dernière attaque en date : la loi sur le budget de la sécu.
A la clé, entre autres, des déremboursements, dont certains touchent les personnes en maladie de longue durée. Avec pour conséquence l'augmentation des cotisations aux mutuelles.
Leurs solutions et les nôtres
La droite n'est pas la seule à remettre sur le devant de la scène les affaires politiciennes. A gauche, on a les yeux rivés sur 2012, en espérant capitaliser le récent mouvement dans les urnes. Ségolène Royal, par exemple, promet le retour au départ à la retraite à 60 ans... tout en étant d'accord avec la droite sur l'allongement de la durée de cotisations. Car, comme le dit si bien François Hollande, pour eux, « être à gauche ce n'est pas en promettre tant et plus ».
S'il y a une leçon à tirer du récent mouvement de grève, c'est bien que ceux qui préconisent la passivité et l'attente d'un « sauveur » électoral sont les pires conseilleurs qui soient.
C'est la grève qui a ébranlé le gouvernement et sa politique. Seul un mouvement massif, qui embrasserait l'ensemble de la classe ouvrière et non quelques secteurs-clés, est à même de le faire reculer. Les attaques du patronat et de son gouvernement continuent. La leçon peut resservir... peut-être plus tôt qu'il n'y paraît.
Lundi 15 novembre 2010
Comme prévu, le pouvoir s'est offert un repoudrage, sous la forme d'un remaniement ministériel. Au final, quelques arrivées, départs et changements de postes. Bref, après plus de deux mois de mouvement contre la réforme des retraites, le train-train politicien reprendrait ses droits. Mais ce qui est sûr, c'est qu'avant d'être remanié, le gouvernement a bien été secoué par la grève.
Notre camp qui s'affirme
Secoué par ces millions d'entre nous qui, pendant deux mois, ont fait grève et sont descendus dans la rue. Et pas seulement contre la réforme des retraites. Preuve en sont les slogans des manifestations, dont un certain nombre attaquent plus généralement cette société qui tourne pour les capitalistes et les riches. Ou les revendications dans de nombreuses entreprises en grève, dont certaines raffineries, qui liaient les retraites aux salaires ou à l'emploi.
Secoué aussi par les travailleurs qui ont reconduit la grève, comme ceux de la SNCF ou des raffineries. Bien sûr, pour gagner, il aurait fallu que leur exemple fasse tache d’huile et que la grève devienne générale. Mais ils ont montré la voie par une grève « active », avec, partout en France, contacts, actions et assemblées générales entre grévistes de différents secteurs. Et à travers cela, des liens se sont noués entre travailleurs faisant partie d'entreprises différentes, mais faisant partie d'une même lutte.
Alors qu'en reste-t-il aujourd'hui, même si nous n’avons pas gagné ? Il en reste que nous ne nous sommes pas laissés faire et pouvons en être fiers. Après avoir subi les attaques pendant des années, une bonne partie de la classe ouvrière a pris conscience de la force sociale qu'elle représente. Il en reste l'expérience de la grève et les liens noués entre travailleurs de différentes entreprises, précieux pour les luttes de demain. Un premier tour de chauffe pour notre camp !
Les raisons de la colère restent
Car la réforme des retraites n'est qu'un épisode de la guerre que mènent le patronat et le gouvernement contre le monde du travail. Une guerre qui prend la forme des licenciements et de la précarité depuis des années.
Ou encore des salaires qui, contrairement aux prix, n'en finissent plus de stagner. A cette stagnation, on ne peut répondre que par la lutte, pour au moins 300 euros en plus sur toutes les fiches de paye.
Après les retraites, la sécu !
C'est aussi au nom de cette guerre pour les profits que le gouvernement, si généreux en exonérations de charges envers ses amis patrons, lance contre les salariés sa dernière attaque en date : la loi sur le budget de la sécu.
A la clé, entre autres, des déremboursements, dont certains touchent les personnes en maladie de longue durée. Avec pour conséquence l'augmentation des cotisations aux mutuelles.
Leurs solutions et les nôtres
La droite n'est pas la seule à remettre sur le devant de la scène les affaires politiciennes. A gauche, on a les yeux rivés sur 2012, en espérant capitaliser le récent mouvement dans les urnes. Ségolène Royal, par exemple, promet le retour au départ à la retraite à 60 ans... tout en étant d'accord avec la droite sur l'allongement de la durée de cotisations. Car, comme le dit si bien François Hollande, pour eux, « être à gauche ce n'est pas en promettre tant et plus ».
S'il y a une leçon à tirer du récent mouvement de grève, c'est bien que ceux qui préconisent la passivité et l'attente d'un « sauveur » électoral sont les pires conseilleurs qui soient.
C'est la grève qui a ébranlé le gouvernement et sa politique. Seul un mouvement massif, qui embrasserait l'ensemble de la classe ouvrière et non quelques secteurs-clés, est à même de le faire reculer. Les attaques du patronat et de son gouvernement continuent. La leçon peut resservir... peut-être plus tôt qu'il n'y paraît.
Lundi 15 novembre 2010
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
Haïti au temps du choléra
L’épidémie de choléra sévit plus que jamais en Haïti. Hier le tremblement de terre, aujourd’hui un ouragan puis une épidémie. Le choléra est la maladie de l’eau sale et de la misère. Mais dans les décombres de Port-au-Prince comme dans le reste du pays, les gens sont trop pauvres pour se procurer eau potable et savon. Ils attendent toujours les dix milliards d’aide promis par les grandes puissances l’hiver dernier après le séisme.
Autre univers, autres secours : la semaine dernière, 4 500 passagers fortunés, bloqués sur un paquebot de croisière grand luxe au large du Mexique, ont été ravitaillés à partir d’un porte-avion de l’armée américaine en nourriture et eau potable. En quelques jours, ce fut la ronde des hélicoptères, un véritable pont aérien apportant tout le fret nécessaire. Mais rien pour Haïti, pourtant tout proche des Etats-Unis.
Il y a deux cents ans, les Noirs haïtiens s’étaient libérés de l'esclavage par la révolution, mais l’Etat français n’a reconnu en 1825 l’indépendance du pays qu’en échange d’une rançon colossale. La dette, et ses intérêts, contractée auprès des banques françaises et américaines étouffe encore aujourd’hui Haïti ! Depuis, les dictateurs successifs ruinent le pays. Quant aux forces de l’ONU sur place, elles protègent les quartiers riches et les affaires des capitalistes tout en réprimant manifestations et émeutes de la faim.
Selon l‘ONU, il ne faudrait que 184 millions de dollars pour combattre la maladie. 377 millions d’euros sont dépensés par les Etats-Unis chaque jour pour occuper l’Irak et l’Afghanistan. Le coût d’un seul mois de guerre suffirait à reconstruire Haïti avec des bâtiments salubres et instaurer un réseau d’assainissement des eaux pour tous ses habitants.
En France : l'État voyou
On a donc droit à un mauvais épisode d'OSS 117.
L'affaire Karachi s'est emballée ce week-end et vire au règlement de compte politique franco-français.
Rappelons les faits. La France, un des principaux vendeurs d'armes dans le monde, avait décroché un énorme contrat de vente de sous-marins au Pakistan dans les années 1990. En 1994, alors que tout est bouclé, 33 millions d'euros de commissions transitent par une société-écran luxembourgeoise tout juste créée, dénommé HEINE. Ces commissions sont destinées à des « intermédiaires » imposés à la dernière minute par le gouvernement Balladur, et exhalent un fort parfum de « rétrocommissions », ces sommes d'argent qui font le voyage en sens inverse, à destination d'un parti ou homme politique. Bref, des pots de vin ! Cela sentait suffisamment fort pour que Jacques Chirac fraîchement élu en 1995 mette son propre clan sur le coup, Villepin, Juppé, Millon et consorts,... et coupe le robinet au clan rival.
Sept ans plus tard, onze salariés des chantiers navals meurent au Pakistan dans un attentat bien vite attribué à Al Qaida. En fait, les services secrets pakistanais seraient impliqués, à titre de mise en demeure de paiement.
Arrive Villepin, dans son nouveau rôle de preux chevalier, qui balance à tout va. À l'époque, Sarkozy, son ennemi juré, était ministre du budget, donc impliqué dans la création de la société Heine, et porte-parole de campagne de Balladur. L'occasion pour Villepin de faire d'une pierre deux coups. Mais le clan des Hauts-de-Seine réplique en laissant entendre que les responsables seraient ceux ayant cessé de payer.
Tout ce petit monde mafieux se tient par la barbichette. Une affaire parmi bien d’autres qui lève un coin du voile sur le fonctionnement de l'appareil d'État. Au service des grands capitalistes, à commencer par les marchands d'armes, Dassault, Lagardère et consorts bien sûr, mais dont le petit personnel politique n'oublie pas de se servir au passage. Avec pour payer les pots cassés, des ouvriers ! Bref, la France, du moins celle d’en haut, terre d’accueil… de la corruption.
De quoi croire en la révolution, pas aux élections !
Lundi 22 novembre
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
De Londres à Paris, de Lisbonne à Dublin…
On nous disait, depuis des années, que l’Irlande était un pays modèle, un nouvel eldorado avec du travail pour tous et en particulier pour les jeunes. Patatras, on apprend qu’il s’agissait d’un boom à crédit, que personne n’a les sous pour habiter ces complexes immobiliers futuristes – et surtout pas les travailleurs dans la dèche. Bref, c’est la faillite des banques et de l’Etat qui les avait aidées. Il faudrait quelque 100 milliards d’euros, qu’un gang d’Etats et de banques – dont le FMI du socialiste Strauss-Kahn – vont prêter, contre des intérêts de près de 10 %. Un taux faramineux.
Plans d’austérité, coupes budgétaires et suppressions d’emplois
Qui va payer ça ? Les classes populaires, par un plan d’austérité draconien qui comporterait quelque 20 milliards de dollars de compressions budgétaires, en particulier par la suppression de 25 000 emplois dans le secteur public, la réduction de 10% des dépenses sociales (baisse des allocations chômage et familiales, des retraites des fonctionnaires, du salaire minimum), une hausse des impôts directs et indirects… mais pas touche exonérations fiscales dont bénéficient les multinationales.
Ce sont les mêmes plans d’austérité partout : en Grèce, en Roumanie, en Espagne, au Portugal, en France ou en Angleterre… pour ne pas parler de l’Allemagne, des Etats-Unis et du reste du monde. Les trains de mesures se succèdent et en cachent toujours un autre. Tandis que les grandes entreprises et dans leur foulée les moyennes et petites qui leur sont pieds et poings liés, licencient, mettent au chômage partiel aux frais de l’Etat, réduisent les effectifs à tour de bras et contribuent à la précarisation et à l’appauvrissement général.
De la révolte généralisée dans l’air
Cela dit, le monde politique et économique de la bourgeoisie s’inquiète. Non seulement de sa propre folie, mais de la colère qui monte dans le monde du travail et sa jeunesse. Il y a effectivement de la révolte dans l’air… et dans les rues de nombreux pays, qui enfle au rythme des plans d’austérité successifs. C’est-à-dire à bon rythme. La machine à pressurer n’a nulle part encore été enrayée, mais elle est menacée. Et tout se passe comme si en Europe, les travailleurs et les jeunes en colère se passaient le relais, de pays en pays.
La jeunesse de Grèce a ouvert le feu à l’hiver 2008-2009. Plusieurs semaines de colère et de révolte. Puis il y a eu des journées de manifestations dans divers pays – dont la France au printemps 2009. Puis des manifestations massives de travailleurs en Grèce, du public et du privé, pendant plusieurs semaines au printemps 2010. Ensuite le mouvement important que nous venons de vivre en France. Puis presque aussitôt, des manifestations historiques quant au nombre de participants, en cette fin novembre, au Portugal et en Irlande. Sans parler de la révolte de la jeunesse estudiantine anglaise.
Signe d’espoir, dans ces différents pays, les réactions sont sorties de l’isolement. Les manifestations et les grèves ont réuni des travailleurs de toutes les branches, public et privé, contre des politiques gouvernementales. Parfois rejoints par les jeunes comme en France. Quand ce ne sont pas les jeunes, comme en Grèce et en Angleterre, qui encouragent les travailleurs !
Tout bouge. Alors, pourquoi pas, bien vite, une riposte généralisée de tous les travailleurs et jeunes d’Europe ? La seule chose que les classes dominantes n’auraient pas volée !
Lundi 29 novembre 2010
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
Excellent, mais attention, pour l'Irlande, c'est pas 10% mais 5,7% pour le prêt européen et autour de 3% pour celui du FMI.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
De Londres à Paris, de Lisbonne à Dublin…
On nous disait, depuis des années, que l’Irlande était un pays modèle, un nouvel eldorado avec du travail pour tous et en particulier pour les jeunes. Patatras, on apprend qu’il s’agissait d’un boom à crédit, que personne n’a les sous pour habiter ces complexes immobiliers futuristes.
Bref, c’est la faillite des banques et de l’Etat qui les avait aidées. Il faudrait quelque 100 milliards d’euros, qu’un gang d’Etats et de banques – dont le FMI du socialiste Strauss-Kahn – vont prêter, contre des intérêts à un taux usuraire.
Plans d’austérité, coupes budgétaires et suppressions d’emplois
Qui va payer ça ? Les classes populaires, par un plan d’austérité draconien qui comporterait quelque 20 milliards de dollars de compressions budgétaires, en particulier par la suppression de 25 000 emplois dans le secteur public, la réduction de 10 % des dépenses sociales (baisse des allocations chômage et familiales, des retraites des fonctionnaires, du salaire minimum), une hausse des impôts directs et indirects… mais pas touche aux exonérations fiscales dont bénéficient les multinationales.
Ce sont les mêmes plans d’austérité partout : en Grèce, en Roumanie, en Espagne, au Portugal, en France, en Angleterre, en Italie et ailleurs… Les trains de mesures se succèdent et en cachent toujours un autre. Tandis que les grandes entreprises et dans leur foulée les moyennes et petites qui leur sont pieds et poings liés, licencient, mettent au chômage partiel aux frais de l’Etat, réduisent les effectifs à tour de bras et contribuent à la précarisation et à l’appauvrissement général.
De la révolte généralisée dans l’air
Cela dit, le monde politique et économique de la bourgeoisie s’inquiète. Non seulement de sa propre folie, mais de la colère qui monte dans le monde du travail et sa jeunesse. Il y a effectivement de la révolte dans l’air… et dans les rues de nombreux pays, qui enfle au rythme des plans d’austérité successifs. La machine à pressurer n’a nulle part encore été enrayée, mais elle est menacée. Et tout se passe comme si en Europe, les travailleurs et les jeunes en colère se passaient le relais, de pays en pays.
La jeunesse de Grèce a ouvert le feu à l’hiver 2008-2009. Puis il y a eu des journées de manifestations dans divers pays – dont la France au printemps 2009. Puis des manifestations massives de travailleurs en Grèce, du public et du privé, pendant plusieurs semaines au printemps 2010. Ensuite le mouvement important que nous venons de vivre en France. Puis presque aussitôt, des manifestations historiques quant au nombre de participants, en cette fin novembre, au Portugal et en Irlande. La semaine dernière, ça a été au tour des étudiants qui sont sortis dans les rues en Angleterre, contre l'augmentation des frais d'inscription universitaire. Puis aux étudiants en Italie, contre les coupes budgétaires et les suppressions de postes d'enseignants et de chercheurs.
Signe d’espoir, dans ces différents pays, les réactions sont sorties de l’isolement. Les manifestations et les grèves ont réuni des travailleurs de toutes les branches, public et privé, contre des politiques gouvernementales. Parfois rejoints par les jeunes comme en France. Quand ce ne sont pas les jeunes qui encouragent les travailleurs à la lutte!
Tout bouge. Alors, pourquoi pas, bien vite, une riposte généralisée de tous les travailleurs et jeunes d’Europe ? La seule chose que les classes dominantes n’auraient pas volée !
Lundi 6 décembre 2010
On nous disait, depuis des années, que l’Irlande était un pays modèle, un nouvel eldorado avec du travail pour tous et en particulier pour les jeunes. Patatras, on apprend qu’il s’agissait d’un boom à crédit, que personne n’a les sous pour habiter ces complexes immobiliers futuristes.
Bref, c’est la faillite des banques et de l’Etat qui les avait aidées. Il faudrait quelque 100 milliards d’euros, qu’un gang d’Etats et de banques – dont le FMI du socialiste Strauss-Kahn – vont prêter, contre des intérêts à un taux usuraire.
Plans d’austérité, coupes budgétaires et suppressions d’emplois
Qui va payer ça ? Les classes populaires, par un plan d’austérité draconien qui comporterait quelque 20 milliards de dollars de compressions budgétaires, en particulier par la suppression de 25 000 emplois dans le secteur public, la réduction de 10 % des dépenses sociales (baisse des allocations chômage et familiales, des retraites des fonctionnaires, du salaire minimum), une hausse des impôts directs et indirects… mais pas touche aux exonérations fiscales dont bénéficient les multinationales.
Ce sont les mêmes plans d’austérité partout : en Grèce, en Roumanie, en Espagne, au Portugal, en France, en Angleterre, en Italie et ailleurs… Les trains de mesures se succèdent et en cachent toujours un autre. Tandis que les grandes entreprises et dans leur foulée les moyennes et petites qui leur sont pieds et poings liés, licencient, mettent au chômage partiel aux frais de l’Etat, réduisent les effectifs à tour de bras et contribuent à la précarisation et à l’appauvrissement général.
De la révolte généralisée dans l’air
Cela dit, le monde politique et économique de la bourgeoisie s’inquiète. Non seulement de sa propre folie, mais de la colère qui monte dans le monde du travail et sa jeunesse. Il y a effectivement de la révolte dans l’air… et dans les rues de nombreux pays, qui enfle au rythme des plans d’austérité successifs. La machine à pressurer n’a nulle part encore été enrayée, mais elle est menacée. Et tout se passe comme si en Europe, les travailleurs et les jeunes en colère se passaient le relais, de pays en pays.
La jeunesse de Grèce a ouvert le feu à l’hiver 2008-2009. Puis il y a eu des journées de manifestations dans divers pays – dont la France au printemps 2009. Puis des manifestations massives de travailleurs en Grèce, du public et du privé, pendant plusieurs semaines au printemps 2010. Ensuite le mouvement important que nous venons de vivre en France. Puis presque aussitôt, des manifestations historiques quant au nombre de participants, en cette fin novembre, au Portugal et en Irlande. La semaine dernière, ça a été au tour des étudiants qui sont sortis dans les rues en Angleterre, contre l'augmentation des frais d'inscription universitaire. Puis aux étudiants en Italie, contre les coupes budgétaires et les suppressions de postes d'enseignants et de chercheurs.
Signe d’espoir, dans ces différents pays, les réactions sont sorties de l’isolement. Les manifestations et les grèves ont réuni des travailleurs de toutes les branches, public et privé, contre des politiques gouvernementales. Parfois rejoints par les jeunes comme en France. Quand ce ne sont pas les jeunes qui encouragent les travailleurs à la lutte!
Tout bouge. Alors, pourquoi pas, bien vite, une riposte généralisée de tous les travailleurs et jeunes d’Europe ? La seule chose que les classes dominantes n’auraient pas volée !
Lundi 6 décembre 2010
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
Petites révélations et gros linge sale
Voilà quinze jours que le site internet WikiLeaks révèle des notes confidentielles de la diplomatie américaine. Outre quelques gentillesses sur différents chefs d'Etat, on y trouve les vraies préoccupations des ambassades : guerres, alliances, affaires de corruption, etc.
Piqués au vif, les gouvernants des grandes puissances impérialistes se sont déchaînés contre les animateurs du site internet, sans pour autant pouvoir les accuser de mentir. Eric Besson propose – réflexe conditionné – d'expulser WikiLeaks de son hébergeur français. Quant au porte-parole du gouvernement français, François Baroin, il nous explique qu’« une société transparente, c'est une société totalitaire ». Le Parti socialiste n'est d'ailleurs pas en reste puisque Hubert Védrine, ex ministre des affaires étrangères, a exprimé une idée similaire. Bref, ils le revendiquent : leur société, qu'ils prétendent démocratique, fonctionne par le mensonge et la dissimulation !
Les sales secrets d'Etat font partie du fonctionnement général du système. Les révélations récentes ne représentent que la partie émergée de l'iceberg. On a appris dernièrement que Sarkozy avait très tôt envisagé d'intervenir en Irak aux côtés des Etats-Unis. Que l'armée française soit présente en Afghanistan, ce n’est pas un scoop. Mais on ne sait toujours pas ce qu'elle y fait exactement, hormis se faire haïr, comme les autres occupants, par tout un peuple. Les grandes puissances ont besoin de ces secrets pour défendre les intérêts des pilleurs de la planète. Soyons sûrs que les ambassades cachent encore bien pire que ce qui est révélé sur WikiLeaks.
Il y a près d'un siècle, les pays impérialistes ont d’ailleurs eu affaire à un adversaire bien plus sérieux que le site internet : les travailleurs de Russie qui, après avoir fait la révolution et pris le pouvoir, avaient rendu public l'ensemble des traités secrets scélérats signés par le gouvernement de leur propre pays.
Nos chefs d’Etat partent donc en guerre contre la transparence. Ils ont effectivement trop à cacher !
L'opacité des Etats n'est que le reflet de l'opacité des grandes entreprises, garantie par le secret industriel et commercial. A commencer par les banques, renflouées à coups de centaines de milliards d'euros ou de dollars, qui continuent à faire la pluie et le beau temps sans contrôle de la population.
Comment en finir avec la dictature des banques ?
En les contrôlant par ceux et celles qui sont les mieux placés pour cela : les travailleurs du secteur bancaire qui font tourner chaque rouage de cette machine et qui, dûment organisés, seraient en mesure de révéler tous les comptes au reste du monde du travail.
C'est vrai pour les banques, et c'est vrai pour toutes les entreprises. De manière générale, ce sont les travailleurs qui font tourner l'économie, et chaque travailleur détient une partie de l'information sur le fonctionnement de l'entreprise.
Ensemble, nous sommes en situation de contrôler la production, bien plus que les patrons dont le « travail » consiste avant tout à s'assurer de la bonne santé de leurs profits. Les actionnaires ne sont en rien utiles socialement. La dictature des patrons dans les entreprises n'est pas une nécessité de l'organisation du travail, elle peut être remplacée par l'organisation des travailleurs pour contrôler l’organisation du travail.
Dans cette société, la « transparence » s'arrête aux portes des entreprises et de l'Etat. Décidément, ces bourgeois sont des gens bien louches, ayant toujours quelque chose à nous cacher, toujours un coup fourré d'avance. Il faudra bien les contraindre à jouer cartes sur table.
Lundi 13 décembre 2010
Voilà quinze jours que le site internet WikiLeaks révèle des notes confidentielles de la diplomatie américaine. Outre quelques gentillesses sur différents chefs d'Etat, on y trouve les vraies préoccupations des ambassades : guerres, alliances, affaires de corruption, etc.
Piqués au vif, les gouvernants des grandes puissances impérialistes se sont déchaînés contre les animateurs du site internet, sans pour autant pouvoir les accuser de mentir. Eric Besson propose – réflexe conditionné – d'expulser WikiLeaks de son hébergeur français. Quant au porte-parole du gouvernement français, François Baroin, il nous explique qu’« une société transparente, c'est une société totalitaire ». Le Parti socialiste n'est d'ailleurs pas en reste puisque Hubert Védrine, ex ministre des affaires étrangères, a exprimé une idée similaire. Bref, ils le revendiquent : leur société, qu'ils prétendent démocratique, fonctionne par le mensonge et la dissimulation !
Les sales secrets d'Etat font partie du fonctionnement général du système. Les révélations récentes ne représentent que la partie émergée de l'iceberg. On a appris dernièrement que Sarkozy avait très tôt envisagé d'intervenir en Irak aux côtés des Etats-Unis. Que l'armée française soit présente en Afghanistan, ce n’est pas un scoop. Mais on ne sait toujours pas ce qu'elle y fait exactement, hormis se faire haïr, comme les autres occupants, par tout un peuple. Les grandes puissances ont besoin de ces secrets pour défendre les intérêts des pilleurs de la planète. Soyons sûrs que les ambassades cachent encore bien pire que ce qui est révélé sur WikiLeaks.
Il y a près d'un siècle, les pays impérialistes ont d’ailleurs eu affaire à un adversaire bien plus sérieux que le site internet : les travailleurs de Russie qui, après avoir fait la révolution et pris le pouvoir, avaient rendu public l'ensemble des traités secrets scélérats signés par le gouvernement de leur propre pays.
Nos chefs d’Etat partent donc en guerre contre la transparence. Ils ont effectivement trop à cacher !
L'opacité des Etats n'est que le reflet de l'opacité des grandes entreprises, garantie par le secret industriel et commercial. A commencer par les banques, renflouées à coups de centaines de milliards d'euros ou de dollars, qui continuent à faire la pluie et le beau temps sans contrôle de la population.
Comment en finir avec la dictature des banques ?
En les contrôlant par ceux et celles qui sont les mieux placés pour cela : les travailleurs du secteur bancaire qui font tourner chaque rouage de cette machine et qui, dûment organisés, seraient en mesure de révéler tous les comptes au reste du monde du travail.
C'est vrai pour les banques, et c'est vrai pour toutes les entreprises. De manière générale, ce sont les travailleurs qui font tourner l'économie, et chaque travailleur détient une partie de l'information sur le fonctionnement de l'entreprise.
Ensemble, nous sommes en situation de contrôler la production, bien plus que les patrons dont le « travail » consiste avant tout à s'assurer de la bonne santé de leurs profits. Les actionnaires ne sont en rien utiles socialement. La dictature des patrons dans les entreprises n'est pas une nécessité de l'organisation du travail, elle peut être remplacée par l'organisation des travailleurs pour contrôler l’organisation du travail.
Dans cette société, la « transparence » s'arrête aux portes des entreprises et de l'Etat. Décidément, ces bourgeois sont des gens bien louches, ayant toujours quelque chose à nous cacher, toujours un coup fourré d'avance. Il faudra bien les contraindre à jouer cartes sur table.
Lundi 13 décembre 2010
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
Encore une fois, excellent!
"Les ouvriers savent comment faire boulot, les patrons savent pourquoi" (Coluche)
"Les ouvriers savent comment faire boulot, les patrons savent pourquoi" (Coluche)
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
En Côte d'Ivoire, deux présidents prêts à servir les intérêts des trusts français
Un nouveau bain de sang semble possible en Côte d'Ivoire. Les deux candidats à l'élection présidentielle se sont tous deux déclarés vainqueurs, ont chacun formé leur gouvernement et contribuent tous deux à dresser une partie de la population contre une autre. Mais quelle que soit l'issue de cette rivalité, les travailleurs ivoiriens ne peuvent être que perdants.
Laurent Gbagbo, président sortant, a été un loyal serviteur des intérêts des groupes français en Côte d’Ivoire et a bénéficié pendant des années du soutien de la France.
Aujourd’hui, l’ONU et Sarkozy préfèrent jouer la carte de Ouattara en reconnaissant son élection et en condamnant Gbagbo. Ouattara est lui aussi un serviteur des intérêts des trusts français. Premier ministre de l'ancien dictateur Houphouët-Boigny, de 1990 à 1993, il avait mené une politique d'austérité, licenciant des milliers de travailleurs de la fonction publique, diminuant les dépenses de l'État et privatisant des secteurs importants tels que l’eau et l’électricité au profit de groupes français comme Bolloré ou Bouygues.
De Ouattara à Gbagbo, les dirigeants ivoiriens n'ont eu pour préoccupation que de faire payer aux travailleurs la dette et les difficultés économiques.
Une ancienne colonie prospère
Pourtant la Côte d’Ivoire est longtemps apparue comme un des pays les plus prospères des anciennes colonies françaises. Des trusts français, Bolloré en tête, ont réalisé d’énormes profits sur des produits comme le cacao ou le café. Bien d’autres ont confortablement profité, comme Bouygues, Total, France Télécom, BNP Paribas et des centaines d’entreprises hexagonales exploitant directement des dizaines de milliers de travailleurs ivoiriens.
Mais si l'exploitation capitaliste a permis de faire participer cette ex-colonie à la prospérité de la bourgeoisie française, elle n’a pas pour autant développé une économie un tant soit peu solide en Côte d’Ivoire. À partir des années 1980, alors que les cours des matières premières s’effondraient, l’économie ivoirienne a commencé à couler.
Sur le terreau d’une misère croissante les dirigeants ivoiriens se sont lancés dans la culture d’une écœurante démagogie raciste. Ils ont inventé « l’ivoirité », une idéologie censée défendre les « vrais Ivoiriens » contre les « étrangers ». Une absurdité d’autant plus grande que sur le continent africain les frontières ont été taillées en fonction des intérêts diplomatiques des colonisateurs et renferment ou séparent les peuples de façon aléatoire. Mais ces fantasmes nationalistes ont eu des effets bien réels et dramatiques. L’ethnisme a empoisonné les esprits, tournant les populations du sud, majoritairement chrétiennes, contre celles du nord, musulmanes, aboutissant à de véritables pogroms contre les Burkinabés et autres « étrangers ».
À la fin 2002, une rébellion prétendant défendre les populations du nord a coupé la Côte d’Ivoire en deux, après que l'intervention militaire française sauve la dépouille de Gbagbo. Huit ans après, la division entre Gbagbo et Ouattara recoupe toujours la division entre le nord et le sud du pays, chacun s'accrochant à son pré carré, qu'il ne veut pas lâcher au profit de celui qui serait le nouveau président.
L'intérêt des travailleurs n'est pas celui des dirigeants du pays
Alors qu'ils soient du nord ou du sud, les travailleurs ivoiriens n'ont pas d'intérêt dans cette bataille, d'autant que le vainqueur sera toujours le même : l'impérialisme français. Les groupes français attendent le résultat final pour signer de nouveaux contrats. Bolloré s'apprête à signer le contrat de gestion du terminal de conteneurs du port d'Abidjan, Bouygues attend de construire un troisième pont sur la lagune d'Abidjan. Et ce quel que soit le président ivoirien qui signera au final.
Pour la population, ce sont d'autres luttes qui sont à l'ordre du jour : pour les salaires, bloqués depuis dix ans malgré la flambée des prix des denrées alimentaires, pour les hôpitaux, les écoles, les routes, l'assainissement des quartiers populaires laissés à l'abandon.
20/12/10
Un nouveau bain de sang semble possible en Côte d'Ivoire. Les deux candidats à l'élection présidentielle se sont tous deux déclarés vainqueurs, ont chacun formé leur gouvernement et contribuent tous deux à dresser une partie de la population contre une autre. Mais quelle que soit l'issue de cette rivalité, les travailleurs ivoiriens ne peuvent être que perdants.
Laurent Gbagbo, président sortant, a été un loyal serviteur des intérêts des groupes français en Côte d’Ivoire et a bénéficié pendant des années du soutien de la France.
Aujourd’hui, l’ONU et Sarkozy préfèrent jouer la carte de Ouattara en reconnaissant son élection et en condamnant Gbagbo. Ouattara est lui aussi un serviteur des intérêts des trusts français. Premier ministre de l'ancien dictateur Houphouët-Boigny, de 1990 à 1993, il avait mené une politique d'austérité, licenciant des milliers de travailleurs de la fonction publique, diminuant les dépenses de l'État et privatisant des secteurs importants tels que l’eau et l’électricité au profit de groupes français comme Bolloré ou Bouygues.
De Ouattara à Gbagbo, les dirigeants ivoiriens n'ont eu pour préoccupation que de faire payer aux travailleurs la dette et les difficultés économiques.
Une ancienne colonie prospère
Pourtant la Côte d’Ivoire est longtemps apparue comme un des pays les plus prospères des anciennes colonies françaises. Des trusts français, Bolloré en tête, ont réalisé d’énormes profits sur des produits comme le cacao ou le café. Bien d’autres ont confortablement profité, comme Bouygues, Total, France Télécom, BNP Paribas et des centaines d’entreprises hexagonales exploitant directement des dizaines de milliers de travailleurs ivoiriens.
Mais si l'exploitation capitaliste a permis de faire participer cette ex-colonie à la prospérité de la bourgeoisie française, elle n’a pas pour autant développé une économie un tant soit peu solide en Côte d’Ivoire. À partir des années 1980, alors que les cours des matières premières s’effondraient, l’économie ivoirienne a commencé à couler.
Sur le terreau d’une misère croissante les dirigeants ivoiriens se sont lancés dans la culture d’une écœurante démagogie raciste. Ils ont inventé « l’ivoirité », une idéologie censée défendre les « vrais Ivoiriens » contre les « étrangers ». Une absurdité d’autant plus grande que sur le continent africain les frontières ont été taillées en fonction des intérêts diplomatiques des colonisateurs et renferment ou séparent les peuples de façon aléatoire. Mais ces fantasmes nationalistes ont eu des effets bien réels et dramatiques. L’ethnisme a empoisonné les esprits, tournant les populations du sud, majoritairement chrétiennes, contre celles du nord, musulmanes, aboutissant à de véritables pogroms contre les Burkinabés et autres « étrangers ».
À la fin 2002, une rébellion prétendant défendre les populations du nord a coupé la Côte d’Ivoire en deux, après que l'intervention militaire française sauve la dépouille de Gbagbo. Huit ans après, la division entre Gbagbo et Ouattara recoupe toujours la division entre le nord et le sud du pays, chacun s'accrochant à son pré carré, qu'il ne veut pas lâcher au profit de celui qui serait le nouveau président.
L'intérêt des travailleurs n'est pas celui des dirigeants du pays
Alors qu'ils soient du nord ou du sud, les travailleurs ivoiriens n'ont pas d'intérêt dans cette bataille, d'autant que le vainqueur sera toujours le même : l'impérialisme français. Les groupes français attendent le résultat final pour signer de nouveaux contrats. Bolloré s'apprête à signer le contrat de gestion du terminal de conteneurs du port d'Abidjan, Bouygues attend de construire un troisième pont sur la lagune d'Abidjan. Et ce quel que soit le président ivoirien qui signera au final.
Pour la population, ce sont d'autres luttes qui sont à l'ordre du jour : pour les salaires, bloqués depuis dix ans malgré la flambée des prix des denrées alimentaires, pour les hôpitaux, les écoles, les routes, l'assainissement des quartiers populaires laissés à l'abandon.
20/12/10
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
2011 : qui l’emportera, de leur crise ou de nos révoltes ?
C’est la nouvelle année, bonne santé, meilleurs vœux… mais poursuite de l’austérité par ceux qui profitent et gouvernent. Sarkozy prépare 2012, sacro-sainte année électorale. Même chose pour les leaders de la gauche qui épinglent des « injustices » sans dire qu’elles sont les éléments d’une bataille rangée contre les classes populaires… menée en France par Sarkozy mais en Espagne, Portugal ou Grèce par leurs amis socialistes. Et tant pis pour les ravages. Tant pis pour les hausses de prix tandis que les salaires patinent. Tant pis pour les économies de personnels sur le dos des enfants dans les écoles, des patients dans les hôpitaux, des usagers dans les transports. Tant pis pour les travailleurs et les pauvres qui n’ont pas les moyens de payer, et au bonheur des riches !
Les ravages irradient dans le monde, en particulier pour ce qui nous concerne de près en Côte d’Ivoire. Ni Sarkozy ni Aubry n’en disent long. Mais dans cette ancienne colonie, la France maintient ses réseaux politiques voire mafieux, sa base militaire, ses trusts, banques et hommes d’affaires qui exploitent sur place les services d’eau et d’électricité (Bouygues), le port d’Abidjan (Bolloré, auquel Gbagbo a récemment offert la concession), la commercialisation des richesses du pays, dont le cacao et le café. Elle y maintient bec et ongles une présence qui assure le contrôle et le drainage d’une vaste zone incluant le Mali et le Burkina Faso, pays enclavés dont la Côte d’Ivoire est la principale porte de sortie.
Or là-bas en ce moment, les deux principaux rivaux de l’élection présidentielle se proclament tous deux élus : d’un côté Alassane Ouattara avec la bénédiction de l’ONU, des USA, d’une coalition d’Etat africains à la solde des premiers, et derrière de Sarkozy ; de l’autre Laurent Gbagbo, président sortant en place depuis 10 ans, étiqueté socialiste, avec son propre culot et l’appui de militaires, officiels ou mercenaires, qui autant qu’on puisse en juger gardent la main sur le sud du pays et la capitale Abidjan.
Le suspens entre les deux camps tiendrait de la farce : ultimatums et rodomontades des caïds rivaux, gesticulations de leurs protecteurs impérialistes. Sans parler des embrouilles au PS entre les anciens et les toujours amis de Laurent Gbagbo… dont ce Roland Dumas, vieil ami de Mitterrand qui fait l’estafette auprès du président sortant. Mais la farce est sinistre car la menace pèse que la confrontation entre Ouattara et Gbagbo, sortis du même tonneau, serviteurs des mêmes intérêts impérialistes, ne déclenche des affrontements ethniques sanglants.
Depuis la mort en 1993 d’Houphouet Boigny, vieux dictateur et ami des impérialistes français qui a régné sur les 30 premières années d’indépendance du pays, les candidats à la succession ont choisi pour asseoir leur pouvoir d’aviver les divisions ethniques. Pour mieux pourfendre un Ouattara et lui interdire d’être candidat en 1995 (lui qui fut premier ministre de Houphouet et vice-président du FMI), ses concurrents Bédié puis Gbagbo ont créé le mythe de l’« ivoirité »… Identité nationale et patriotisme !
D’où une crise de près de 20 ans, ponctuée de ratonnades contre les « gens du nord » prétendus étrangers peuplant les quartiers pauvres d’Abidjan, d’une guerre entre clans militaires du Nord et du Sud au début des années 2000, exacerbée par la crise mondiale qui a fait chuter les prix du cacao et du café. Les 27 % de travailleurs burkinabés, maliens, guinéens, nigériens, ghanéens, exploités depuis longtemps dans les plantations, les usines, les chantiers et les ports, sont devenus des boucs émissaires potentiels. La Côte d’Ivoire pourrait-elle se transformer en un nouveau Rwanda où les machettes scintilleraient ? Les travailleurs et eux seuls pourraient l’empêcher, unis tous ensemble pour leurs intérêts communs.
Car la crise aujourd’hui dans le monde n’a pas fini de susciter des révoltes. Certaines ont éclaté en 2008, dites « de la faim », entre autres au Burkina, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Elles ont essaimé dans le monde. Les coups de colère ouvrière et estudiantine, les grèves, ont gagné aussi l’Europe. Contre les politiques d’austérité.
Faisons en sorte que le petit calendrier 2011 des affameurs de la planète, en particulier de nos petits affameurs français préparant 2012, soit vite dépassé !
Lundi 3 janvier 2011
C’est la nouvelle année, bonne santé, meilleurs vœux… mais poursuite de l’austérité par ceux qui profitent et gouvernent. Sarkozy prépare 2012, sacro-sainte année électorale. Même chose pour les leaders de la gauche qui épinglent des « injustices » sans dire qu’elles sont les éléments d’une bataille rangée contre les classes populaires… menée en France par Sarkozy mais en Espagne, Portugal ou Grèce par leurs amis socialistes. Et tant pis pour les ravages. Tant pis pour les hausses de prix tandis que les salaires patinent. Tant pis pour les économies de personnels sur le dos des enfants dans les écoles, des patients dans les hôpitaux, des usagers dans les transports. Tant pis pour les travailleurs et les pauvres qui n’ont pas les moyens de payer, et au bonheur des riches !
Les ravages irradient dans le monde, en particulier pour ce qui nous concerne de près en Côte d’Ivoire. Ni Sarkozy ni Aubry n’en disent long. Mais dans cette ancienne colonie, la France maintient ses réseaux politiques voire mafieux, sa base militaire, ses trusts, banques et hommes d’affaires qui exploitent sur place les services d’eau et d’électricité (Bouygues), le port d’Abidjan (Bolloré, auquel Gbagbo a récemment offert la concession), la commercialisation des richesses du pays, dont le cacao et le café. Elle y maintient bec et ongles une présence qui assure le contrôle et le drainage d’une vaste zone incluant le Mali et le Burkina Faso, pays enclavés dont la Côte d’Ivoire est la principale porte de sortie.
Or là-bas en ce moment, les deux principaux rivaux de l’élection présidentielle se proclament tous deux élus : d’un côté Alassane Ouattara avec la bénédiction de l’ONU, des USA, d’une coalition d’Etat africains à la solde des premiers, et derrière de Sarkozy ; de l’autre Laurent Gbagbo, président sortant en place depuis 10 ans, étiqueté socialiste, avec son propre culot et l’appui de militaires, officiels ou mercenaires, qui autant qu’on puisse en juger gardent la main sur le sud du pays et la capitale Abidjan.
Le suspens entre les deux camps tiendrait de la farce : ultimatums et rodomontades des caïds rivaux, gesticulations de leurs protecteurs impérialistes. Sans parler des embrouilles au PS entre les anciens et les toujours amis de Laurent Gbagbo… dont ce Roland Dumas, vieil ami de Mitterrand qui fait l’estafette auprès du président sortant. Mais la farce est sinistre car la menace pèse que la confrontation entre Ouattara et Gbagbo, sortis du même tonneau, serviteurs des mêmes intérêts impérialistes, ne déclenche des affrontements ethniques sanglants.
Depuis la mort en 1993 d’Houphouet Boigny, vieux dictateur et ami des impérialistes français qui a régné sur les 30 premières années d’indépendance du pays, les candidats à la succession ont choisi pour asseoir leur pouvoir d’aviver les divisions ethniques. Pour mieux pourfendre un Ouattara et lui interdire d’être candidat en 1995 (lui qui fut premier ministre de Houphouet et vice-président du FMI), ses concurrents Bédié puis Gbagbo ont créé le mythe de l’« ivoirité »… Identité nationale et patriotisme !
D’où une crise de près de 20 ans, ponctuée de ratonnades contre les « gens du nord » prétendus étrangers peuplant les quartiers pauvres d’Abidjan, d’une guerre entre clans militaires du Nord et du Sud au début des années 2000, exacerbée par la crise mondiale qui a fait chuter les prix du cacao et du café. Les 27 % de travailleurs burkinabés, maliens, guinéens, nigériens, ghanéens, exploités depuis longtemps dans les plantations, les usines, les chantiers et les ports, sont devenus des boucs émissaires potentiels. La Côte d’Ivoire pourrait-elle se transformer en un nouveau Rwanda où les machettes scintilleraient ? Les travailleurs et eux seuls pourraient l’empêcher, unis tous ensemble pour leurs intérêts communs.
Car la crise aujourd’hui dans le monde n’a pas fini de susciter des révoltes. Certaines ont éclaté en 2008, dites « de la faim », entre autres au Burkina, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Elles ont essaimé dans le monde. Les coups de colère ouvrière et estudiantine, les grèves, ont gagné aussi l’Europe. Contre les politiques d’austérité.
Faisons en sorte que le petit calendrier 2011 des affameurs de la planète, en particulier de nos petits affameurs français préparant 2012, soit vite dépassé !
Lundi 3 janvier 2011
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
Après la Tunisie et l’Algérie :
Travailleurs de tous les pays unissons-nous
Alors que depuis trois semaines les manifestations se succèdent en Tunisie, les jeunes se révoltent aussi maintenant en Algérie. Les gouvernements répondent par une répression sauvage ayant déjà fait au moins 3 morts en Algérie, 14 en Tunisie. (Le nombre réel serait même deux à trois fois plus élevé selon l’opposition). S’y ajoutent des centaines de blessés et des milliers d’arrestations.
En Tunisie, l’explosion sociale a débuté suite au suicide d’un jeune diplômé au chômage, vendeur de légumes ambulant. Elle s’étend de villes en villes et à des couches de plus en plus larges d’une population qui souffre de la pauvreté, de l’injustice et de la corruption que fait régner le régime du dictateur Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans. L’envers du « miracle économique », avec les délocalisations en Tunisie de l’industrie textile ou des centres d’appel, avec les stations touristiques paradisiaques. Le taux de chômage de 15,7 % laisse sans débouché même les jeunes titulaires d’un diplôme universitaire. Mais il a valu à Ben Ali les félicitations de Sarkozy, et celles du socialiste Strauss-Kahn, directeur du FMI, jugeant que ses «réformes» ont «permis au pays de réduire l'impact de la crise financière et économique internationale».
La mobilisation de la jeunesse tunisienne a entraîné des travailleurs, reçu le soutien de militants syndicaux et politiques, dans un pays qui a connu ces dernières années une montée du mécontentement, avec notamment la grève dans le bassin minier de Gafsa en 2008 : un an de grève, des dizaines de militants syndicaux jetés en prison.
En Algérie, il a suffi de la récente hausse des prix des produits de première nécessité comme l’huile ou le sucre (respectivement de 20 et 80 % en moins de 3 mois !) et de l’exemple de la révolte des jeunes de Tunisie pour que la colère y explose à son tour. Comme en Tunisie le mécontentement social est général et ses causes semblables. Sur consignes du FMI, depuis 1994, l’Etat algérien a divisé la valeur du dinar par 20, pour offrir des ouvriers algériens presque gratuits aux investisseurs français et occidentaux pendant que les prix continuent de flamber.
Il y a un an, presque jour pour jour, les travailleurs de l’usine automobile de Rouiba (qui fabrique bus et camions) en banlieue d’Alger, se mettaient en grève contre l’allongement des cotisations de retraites et une « revalorisation » jugée totalement dérisoire du Smic algérien, qui ne se monte qu’à 15 000 dinars, soit 157 €. Elle a été suivie de grèves d’enseignants, de médecins, d’ouvriers du complexe sidérurgique Arcelor-Mittal d’El Hadjar ou, tout récemment, de dockers du port d’Alger. Des manifestations et blocages de routes éclatent spontanément à cause des pénuries de lait ou de pain, des coupures d’électricité, des manques de logements, ou des distributions de HLM grevés par la corruption.
Pour l’Etat et le patronat algériens, c’est pourtant l’opulence financière grâce aux revenus du pétrole et du gaz. Mais elle ne profite qu’à une toute petite minorité de riches parasites.
Cette révolte des jeunes qui sortent dans la rue spontanément et s’attaquent à tout ce qui peut représenter l’Etat de près ou de loin, reste encore désorganisée et manque d’objectifs précis. C’est la classe ouvrière (débordant des directions syndicales progouvernementales en Algérie comme en Tunisie) qui pourrait lui donner des perspectives.
Et pas seulement au Maghreb.
La mobilisation en Tunisie et en Algérie suit de près le bouillonnement social en Grèce, au Portugal, en France, en Angleterre, en Italie. Elle montre que partout, contre la crise et contre ceux qui veulent nous la faire payer, la lutte des travailleurs est à l’ordre du jour. Elle se propagerait par delà les frontières, pour en finir avec ce système capitaliste qui est en train de conduire le monde à la misère.
Lundi 10 janvier 2011
Travailleurs de tous les pays unissons-nous
Alors que depuis trois semaines les manifestations se succèdent en Tunisie, les jeunes se révoltent aussi maintenant en Algérie. Les gouvernements répondent par une répression sauvage ayant déjà fait au moins 3 morts en Algérie, 14 en Tunisie. (Le nombre réel serait même deux à trois fois plus élevé selon l’opposition). S’y ajoutent des centaines de blessés et des milliers d’arrestations.
En Tunisie, l’explosion sociale a débuté suite au suicide d’un jeune diplômé au chômage, vendeur de légumes ambulant. Elle s’étend de villes en villes et à des couches de plus en plus larges d’une population qui souffre de la pauvreté, de l’injustice et de la corruption que fait régner le régime du dictateur Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans. L’envers du « miracle économique », avec les délocalisations en Tunisie de l’industrie textile ou des centres d’appel, avec les stations touristiques paradisiaques. Le taux de chômage de 15,7 % laisse sans débouché même les jeunes titulaires d’un diplôme universitaire. Mais il a valu à Ben Ali les félicitations de Sarkozy, et celles du socialiste Strauss-Kahn, directeur du FMI, jugeant que ses «réformes» ont «permis au pays de réduire l'impact de la crise financière et économique internationale».
La mobilisation de la jeunesse tunisienne a entraîné des travailleurs, reçu le soutien de militants syndicaux et politiques, dans un pays qui a connu ces dernières années une montée du mécontentement, avec notamment la grève dans le bassin minier de Gafsa en 2008 : un an de grève, des dizaines de militants syndicaux jetés en prison.
En Algérie, il a suffi de la récente hausse des prix des produits de première nécessité comme l’huile ou le sucre (respectivement de 20 et 80 % en moins de 3 mois !) et de l’exemple de la révolte des jeunes de Tunisie pour que la colère y explose à son tour. Comme en Tunisie le mécontentement social est général et ses causes semblables. Sur consignes du FMI, depuis 1994, l’Etat algérien a divisé la valeur du dinar par 20, pour offrir des ouvriers algériens presque gratuits aux investisseurs français et occidentaux pendant que les prix continuent de flamber.
Il y a un an, presque jour pour jour, les travailleurs de l’usine automobile de Rouiba (qui fabrique bus et camions) en banlieue d’Alger, se mettaient en grève contre l’allongement des cotisations de retraites et une « revalorisation » jugée totalement dérisoire du Smic algérien, qui ne se monte qu’à 15 000 dinars, soit 157 €. Elle a été suivie de grèves d’enseignants, de médecins, d’ouvriers du complexe sidérurgique Arcelor-Mittal d’El Hadjar ou, tout récemment, de dockers du port d’Alger. Des manifestations et blocages de routes éclatent spontanément à cause des pénuries de lait ou de pain, des coupures d’électricité, des manques de logements, ou des distributions de HLM grevés par la corruption.
Pour l’Etat et le patronat algériens, c’est pourtant l’opulence financière grâce aux revenus du pétrole et du gaz. Mais elle ne profite qu’à une toute petite minorité de riches parasites.
Cette révolte des jeunes qui sortent dans la rue spontanément et s’attaquent à tout ce qui peut représenter l’Etat de près ou de loin, reste encore désorganisée et manque d’objectifs précis. C’est la classe ouvrière (débordant des directions syndicales progouvernementales en Algérie comme en Tunisie) qui pourrait lui donner des perspectives.
Et pas seulement au Maghreb.
La mobilisation en Tunisie et en Algérie suit de près le bouillonnement social en Grèce, au Portugal, en France, en Angleterre, en Italie. Elle montre que partout, contre la crise et contre ceux qui veulent nous la faire payer, la lutte des travailleurs est à l’ordre du jour. Elle se propagerait par delà les frontières, pour en finir avec ce système capitaliste qui est en train de conduire le monde à la misère.
Lundi 10 janvier 2011
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
Vive la révolution des jeunes et des travailleurs tunisiens
La fuite du dictateur Ben Ali est une première victoire des travailleurs et de la jeunesse de Tunisie. La révolte qui embrase le pays depuis près d’un mois face au chômage, à la misère et à la dictature féroce qui pèsent sur les classes populaires, a tourné à la révolution. Profonde. Qui a déjà emporté un tyran réputé indéboulonnable il y a peu de temps. C’est cela la force des classes populaires.
L’immense courage de ceux qui se sont soulevés malgré une répression qui a fait au moins 70 morts et des arrestations et tortures en masse, a donc mis un terme à 23 ans de règne de Ben Ali et de son clan. Le puissant élan populaire pour du pain, du travail, une vie digne, a chassé celui qui symbolisait la misère et l’oppression.
Les amis du dictateur
Ben Ali n’était pas seul, pourtant. Derrière lui et avec lui, il y avait bien sûr tous les profiteurs et corrompus du régime. Mais pas seulement. Jusqu’à hier, il y avait aussi nos prétendues démocraties occidentales, à commencer par l’impérialisme français, dont le dictateur tunisien a joui de toutes les faveurs et de tous les appuis, de Mitterrand, Chirac puis Sarkozy. Il y a quelques jours encore, Michèle Alliot-Marie proposait à Ben Ali de lui apporter le « savoir faire » des forces de répression françaises… Et pour cause. Cet ancien « protectorat », ou colonie de la France, reste une manne pour une multitude d’entreprises et de banques françaises. En particulier un réservoir de main-d’œuvre à bas prix, exploitée sur place, ou ici en France où travaillent 600 000 immigrés tunisiens – dont des ouvriers d’usines ou de chantiers, mais aussi des jeunes médecins ou profs qui n’ont pas trouvé de boulot là-bas.
Ceux qui voudraient faire rentrer la colère dans son lit
Ben Ali, c’est fini. C’est la « révolution du jasmin », nous dit-on, mais néanmoins écrite en lettres de sang par la férocité des classes dominantes, qui cherchent à temporiser et à leurrer les insurgés populaires. Dans l’affolement de la fuite de Ben Ali, les anciens de son régime comme les chefs de partis dits d’opposition promettent une « transition démocratique », ne jurent que par l’ « unité nationale » - façon de dire aux plus exploités et opprimés que ce n’est pas le moment de mettre en avant leurs propres revendications. Ils aimeraient surtout faire rentrer la colère dans son lit. Mais leur pilier n’en reste pas moins l’armée, quand ce ne sont pas ces bandes de policiers qui continuent à terroriser les quartiers populaires contre lesquels se sont créés des comités d’auto-défense. Promesse de bulletins de vote ou matraques sont utilisées pour que tout rentre dans l’ordre, avant que l’explosion sociale n’embrase aussi les travailleurs et les pauvres des pays proches, Algérie, Egypte, Libye, Jordanie. Sans compter l’Europe où les classes populaires ont, elles aussi, commencé à riposter aux effets catastrophiques de la crise.
De la révolte à la contagion révolutionnaire
Il n’y a pas qu’une proximité géographique entre l’Europe et le Maghreb. Grands patrons et banquiers (souvent les mêmes de part et d’autre de la Méditerranée) cherchent à faire payer leur crise aux classes populaires. Ce qui veut dire que celles-ci ont un même programme et une même riposte à préparer, face aux immenses fortunes et indices boursiers arrogants du camp adverse. C’est ce qui explique que les événements de Tunisie et d’Algérie aient été suivis ici, depuis quinze jours, avec une grande émotion, ressentis comme un début de vengeance, et pas seulement dans les milieux maghrébins. Toute la question est de savoir si les travailleurs et les jeunes de Tunisie vont l’emporter au bout du compte, et comment.
Nous, travailleurs de France, de toutes origines, sommes évidemment concernés de très près par ce qu’il advient à nos frères et sœurs de classe sur l’autre rive de la Méditerranée. En Tunisie la lutte pour arracher des libertés élémentaires ne doit pas faire lâcher le programme de revendications sociales. Une révolution a commencé, espérons qu’elle continue jusqu’à la victoire des masses populaires prenant elles-mêmes les rênes de l’économie et de la société. Une telle tempête changerait le climat social et politique bien au-delà de la seule Tunisie.
17 janvier 2011 à 11H09
La fuite du dictateur Ben Ali est une première victoire des travailleurs et de la jeunesse de Tunisie. La révolte qui embrase le pays depuis près d’un mois face au chômage, à la misère et à la dictature féroce qui pèsent sur les classes populaires, a tourné à la révolution. Profonde. Qui a déjà emporté un tyran réputé indéboulonnable il y a peu de temps. C’est cela la force des classes populaires.
L’immense courage de ceux qui se sont soulevés malgré une répression qui a fait au moins 70 morts et des arrestations et tortures en masse, a donc mis un terme à 23 ans de règne de Ben Ali et de son clan. Le puissant élan populaire pour du pain, du travail, une vie digne, a chassé celui qui symbolisait la misère et l’oppression.
Les amis du dictateur
Ben Ali n’était pas seul, pourtant. Derrière lui et avec lui, il y avait bien sûr tous les profiteurs et corrompus du régime. Mais pas seulement. Jusqu’à hier, il y avait aussi nos prétendues démocraties occidentales, à commencer par l’impérialisme français, dont le dictateur tunisien a joui de toutes les faveurs et de tous les appuis, de Mitterrand, Chirac puis Sarkozy. Il y a quelques jours encore, Michèle Alliot-Marie proposait à Ben Ali de lui apporter le « savoir faire » des forces de répression françaises… Et pour cause. Cet ancien « protectorat », ou colonie de la France, reste une manne pour une multitude d’entreprises et de banques françaises. En particulier un réservoir de main-d’œuvre à bas prix, exploitée sur place, ou ici en France où travaillent 600 000 immigrés tunisiens – dont des ouvriers d’usines ou de chantiers, mais aussi des jeunes médecins ou profs qui n’ont pas trouvé de boulot là-bas.
Ceux qui voudraient faire rentrer la colère dans son lit
Ben Ali, c’est fini. C’est la « révolution du jasmin », nous dit-on, mais néanmoins écrite en lettres de sang par la férocité des classes dominantes, qui cherchent à temporiser et à leurrer les insurgés populaires. Dans l’affolement de la fuite de Ben Ali, les anciens de son régime comme les chefs de partis dits d’opposition promettent une « transition démocratique », ne jurent que par l’ « unité nationale » - façon de dire aux plus exploités et opprimés que ce n’est pas le moment de mettre en avant leurs propres revendications. Ils aimeraient surtout faire rentrer la colère dans son lit. Mais leur pilier n’en reste pas moins l’armée, quand ce ne sont pas ces bandes de policiers qui continuent à terroriser les quartiers populaires contre lesquels se sont créés des comités d’auto-défense. Promesse de bulletins de vote ou matraques sont utilisées pour que tout rentre dans l’ordre, avant que l’explosion sociale n’embrase aussi les travailleurs et les pauvres des pays proches, Algérie, Egypte, Libye, Jordanie. Sans compter l’Europe où les classes populaires ont, elles aussi, commencé à riposter aux effets catastrophiques de la crise.
De la révolte à la contagion révolutionnaire
Il n’y a pas qu’une proximité géographique entre l’Europe et le Maghreb. Grands patrons et banquiers (souvent les mêmes de part et d’autre de la Méditerranée) cherchent à faire payer leur crise aux classes populaires. Ce qui veut dire que celles-ci ont un même programme et une même riposte à préparer, face aux immenses fortunes et indices boursiers arrogants du camp adverse. C’est ce qui explique que les événements de Tunisie et d’Algérie aient été suivis ici, depuis quinze jours, avec une grande émotion, ressentis comme un début de vengeance, et pas seulement dans les milieux maghrébins. Toute la question est de savoir si les travailleurs et les jeunes de Tunisie vont l’emporter au bout du compte, et comment.
Nous, travailleurs de France, de toutes origines, sommes évidemment concernés de très près par ce qu’il advient à nos frères et sœurs de classe sur l’autre rive de la Méditerranée. En Tunisie la lutte pour arracher des libertés élémentaires ne doit pas faire lâcher le programme de revendications sociales. Une révolution a commencé, espérons qu’elle continue jusqu’à la victoire des masses populaires prenant elles-mêmes les rênes de l’économie et de la société. Une telle tempête changerait le climat social et politique bien au-delà de la seule Tunisie.
17 janvier 2011 à 11H09
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
Le vent révolutionnaire qui nous vient de Tunisie
En quelques semaines, par leur mobilisation crescendo, nos frères et sœurs de Tunisie ont sacrément balayé sur leur passage. Exit Ben Ali, dictateur féroce installé depuis 23 ans, chef d’un clan « bling-bling » qui a bâti ses fortunes sur l’exploitation et l’oppression forcenées. Exit l’arrogance des nombreux amis de Ben Ali dans le monde et en France, de Sarkozy à Strauss-Kahn, en passant par Alliot-Marie et Frédéric Mitterrand, sans oublier les noms du capitalisme français qui font du fric là-bas. Quelques-uns bredouillent des regrets d’avoir joui de leur villa à Carthage sans entendre les voix d’opposants livrés aux tortionnaires.
Mais Ben Ali, c’est fini. En quelques semaines, la colère populaire a explosé contre un régime qui ne donnait ni pain ni travail ni liberté et promettait pire avec la crise. Une colère qui n’a cessé de grandir et s’enhardir, malgré 100 morts et d’innombrables blessés sous les balles.
Jusqu’à présent, avec une conscience et une audace qui forcent l’admiration de tous les travailleurs et pauvres du monde arabe mais aussi d’Europe, les révoltés de Tunisie refusent les replâtrages et grosses ficelles du camp d’en face. Leur révolution, ils l’ont faite mais surtout ils la poursuivent et ne lâchent pas leurs propres armes, leur propre force mobilisée et organisée, dans la rue, les quartiers et les entreprises.
La révolution, pas question de se la faire confisquer !
Ben Ali parti ? Certes mais il en reste d’autres ! A commencer par ce « gouvernement provisoire d’union nationale », loin d’être tout beau et tout nouveau ! Il est formé d’anciens ministres de Ben Ali aux postes clés, avec le même premier ministre ! Sous la pression populaire, trois bureaucrates de l’UGTT (syndicat unique acoquiné au pouvoir sous Ben Ali) qui s’étaient engouffrés au gouvernement en sont ressortis. Sous la pression populaire encore, le premier ministre a démissionné du RCD (le parti unique de Ben Ali), puis dissout le RCD.
Mais maintenant la rue exige la démission du gouvernement. Des milliers de manifestants dont les rangs grossissent sous les fenêtres du Palais gouvernemental à Tunis, venus de tout le pays, bravent le couvre-feu et demandent son départ.
Ce n’est pas tout. Dans les quartiers, des comités de vigilance ou d’autodéfense se sont organisés, armes de fortune à la main, pour se protéger contre les exactions policières mais aussi pour parer aux urgences alimentaires. Dans un nombre croissant d’entreprises, dont des banques, des grands journaux ou chaînes de télé, des salariés se dressent ensemble, à l’initiative ou pas de militants locaux de l’UGTT, pour faire déguerpir les PDG liés à Ben Ali. Les travailleurs et les jeunes n’attendent pas que des droits démocratiques leur soient octroyés. Ils les prennent eux-mêmes. Ils installent des jalons pour leur propre pouvoir. C’est cela la révolution, venue de très profond et donc très large. Et ce n’est pas fini. Tandis que le gouvernement appelle au retour à une « vie normale », entre autres à la réouverture des écoles, les enseignants du primaire appellent à la grève !
Un petit événement symbolique : des librairies de Tunis étalent des livres hier interdits, devant des badauds ébahis. Mais ils coûtent 10 % des quelque 150 euros d’un Smic tunisien. Comme quoi les travailleurs et les jeunes, pour profiter de cette nouvelle liberté qu’ils viennent d’arracher, doivent imposer toutes leurs revendications : non seulement démocratiques mais économiques, de survie face au chômage et aux hausses de prix des carburants ou produits alimentaires de base. Et pour cela poursuivre dans la voie qu’ils ont spectaculairement empruntée, d’action et d’organisation sur leur terrain de classe. Souhaitons que les travailleurs de Tunisie qui ont derrière eux une riche tradition de luttes, même sous les pires dictatures, profitent de la liberté gagnée pour mettre en avant un programme d’urgence, tant sur le plan social que politique, pour tous les exploités et opprimés du pays, du monde arabe voire de l’Europe, auxquels exploiteurs et affameurs mènent la même guerre.
Pour l’heure en tout cas, la révolution tunisienne et sa contagion font que la peur change de camp.
Le 24 janvier 2011
En quelques semaines, par leur mobilisation crescendo, nos frères et sœurs de Tunisie ont sacrément balayé sur leur passage. Exit Ben Ali, dictateur féroce installé depuis 23 ans, chef d’un clan « bling-bling » qui a bâti ses fortunes sur l’exploitation et l’oppression forcenées. Exit l’arrogance des nombreux amis de Ben Ali dans le monde et en France, de Sarkozy à Strauss-Kahn, en passant par Alliot-Marie et Frédéric Mitterrand, sans oublier les noms du capitalisme français qui font du fric là-bas. Quelques-uns bredouillent des regrets d’avoir joui de leur villa à Carthage sans entendre les voix d’opposants livrés aux tortionnaires.
Mais Ben Ali, c’est fini. En quelques semaines, la colère populaire a explosé contre un régime qui ne donnait ni pain ni travail ni liberté et promettait pire avec la crise. Une colère qui n’a cessé de grandir et s’enhardir, malgré 100 morts et d’innombrables blessés sous les balles.
Jusqu’à présent, avec une conscience et une audace qui forcent l’admiration de tous les travailleurs et pauvres du monde arabe mais aussi d’Europe, les révoltés de Tunisie refusent les replâtrages et grosses ficelles du camp d’en face. Leur révolution, ils l’ont faite mais surtout ils la poursuivent et ne lâchent pas leurs propres armes, leur propre force mobilisée et organisée, dans la rue, les quartiers et les entreprises.
La révolution, pas question de se la faire confisquer !
Ben Ali parti ? Certes mais il en reste d’autres ! A commencer par ce « gouvernement provisoire d’union nationale », loin d’être tout beau et tout nouveau ! Il est formé d’anciens ministres de Ben Ali aux postes clés, avec le même premier ministre ! Sous la pression populaire, trois bureaucrates de l’UGTT (syndicat unique acoquiné au pouvoir sous Ben Ali) qui s’étaient engouffrés au gouvernement en sont ressortis. Sous la pression populaire encore, le premier ministre a démissionné du RCD (le parti unique de Ben Ali), puis dissout le RCD.
Mais maintenant la rue exige la démission du gouvernement. Des milliers de manifestants dont les rangs grossissent sous les fenêtres du Palais gouvernemental à Tunis, venus de tout le pays, bravent le couvre-feu et demandent son départ.
Ce n’est pas tout. Dans les quartiers, des comités de vigilance ou d’autodéfense se sont organisés, armes de fortune à la main, pour se protéger contre les exactions policières mais aussi pour parer aux urgences alimentaires. Dans un nombre croissant d’entreprises, dont des banques, des grands journaux ou chaînes de télé, des salariés se dressent ensemble, à l’initiative ou pas de militants locaux de l’UGTT, pour faire déguerpir les PDG liés à Ben Ali. Les travailleurs et les jeunes n’attendent pas que des droits démocratiques leur soient octroyés. Ils les prennent eux-mêmes. Ils installent des jalons pour leur propre pouvoir. C’est cela la révolution, venue de très profond et donc très large. Et ce n’est pas fini. Tandis que le gouvernement appelle au retour à une « vie normale », entre autres à la réouverture des écoles, les enseignants du primaire appellent à la grève !
Un petit événement symbolique : des librairies de Tunis étalent des livres hier interdits, devant des badauds ébahis. Mais ils coûtent 10 % des quelque 150 euros d’un Smic tunisien. Comme quoi les travailleurs et les jeunes, pour profiter de cette nouvelle liberté qu’ils viennent d’arracher, doivent imposer toutes leurs revendications : non seulement démocratiques mais économiques, de survie face au chômage et aux hausses de prix des carburants ou produits alimentaires de base. Et pour cela poursuivre dans la voie qu’ils ont spectaculairement empruntée, d’action et d’organisation sur leur terrain de classe. Souhaitons que les travailleurs de Tunisie qui ont derrière eux une riche tradition de luttes, même sous les pires dictatures, profitent de la liberté gagnée pour mettre en avant un programme d’urgence, tant sur le plan social que politique, pour tous les exploités et opprimés du pays, du monde arabe voire de l’Europe, auxquels exploiteurs et affameurs mènent la même guerre.
Pour l’heure en tout cas, la révolution tunisienne et sa contagion font que la peur change de camp.
Le 24 janvier 2011
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
Tunisie, Égypte… la révolution en marche !
L'onde choc de la révolution tunisienne n'a pas fini de secouer le monde arabe. En Algérie, les braises couvent toujours sous la cendre des émeutes de début janvier. En Jordanie des manifestations de 500, puis 3 000, puis 5 000 personnes ont pris à partie le roi Abdallah dans la capitale Amman. Au Yémen, 16 000 manifestants ont conspué le régime d'Ali Abdallah Saleh. Surtout, en Égypte, c’est le régime d'Hosni Moubarak qui vit peut-être ses dernières heures.
Ce Ben Ali égyptien, président jusque-là inamovible (60 % des Égyptiens, âgés de moins de 30 ans, n'ont connu que son règne), ne parvient pas à étouffer la colère. La police qui le premier jour, mardi 25 janvier, s’était montré prudente en modérant ses coups, a sorti matraques et fusils les jours suivants. Elle a été débordée. Vendredi 28 janvier, les chars de l'armée ont remplacé les cordons de police. Le bilan de la répression serait aujourd’hui d’une centaine de morts et 2 000 blessés, sans dissuader les manifestants. Et comme en Tunisie, la population s’organise dans les quartiers avec des armes de fortune.
La crainte des puissants, l’espoir des opprimés
L'armée, ultime recours pour éviter que Moubarak ne tombe ? C'est sans doute le souhait des dirigeants, non seulement égyptiens, mais aussi du reste du Moyen-Orient, et des puissances impérialistes, États-Unis et France en tête. Car les Égyptiens sont sept fois plus nombreux que les Tunisiens. Du Liban à l'Irak, de Gaza à la Syrie, leur soulèvement peut faire à son tour école dans tout le Proche-Orient, voire au-delà, dans le Golfe persique, via les émigrés travaillant dans l'industrie pétrolière.
Le joug unificateur de la mondialisation capitaliste rend le spectre d'une révolution arabe tout à fait crédible. Dès 2008, les mineurs de Gafsa, en Tunisie, luttaient contre le licenciement de 6 000 d'entre eux et préfiguraient la révolution de 2011. La même année, le 6 avril, la grève des ouvriers du textile de Mahalla el Koubra, dans le delta du Nil, en faisait autant pour l'Égypte. C'est d'ailleurs un noyau de militants baptisé « Mouvement du 6 avril » qui a lancé les manifestations de la semaine dernière.
Les islamistes égyptiens, les Frères Musulmans, se tiennent manifestement en retrait de cette contestation-là, car ils craignent eux aussi de stimuler la combativité ouvrière ! En cela, ils ressemblent à tous ces partis d'opposition qui voudraient bien pouvoir enfin participer au pouvoir, à condition que la population ne s’organise pas elle-même et que l'exploitation capitaliste continue.
Comment ne pas se faire voler la révolution
Les notables de l’opposition, prétendus démocrates, une fois le dictateur déchu, n’épousent la révolution... que pour mieux l'étouffer ! Les uns sous prétexte de « transition pacifique », les autres parce que le business l'exige. Comme on le voit en Tunisie avec ceux qui acceptent de participer au gouvernement provisoire ou de le soutenir. Peine perdue : des milliers de travailleurs et de paysans sont montés cette semaine à Tunis. Ils ont littéralement assiégé le gouvernement, et obtenu la mise à l'écart des ministres issus du parti de Ben Ali, mais restent tout aussi méfiants à l’encontre du nouveau gouvernement. Cette nouvelle victoire, les Tunisiens l'ont acquise par leur courage et en s'organisant. Des comités ont défendu les quartiers populaires, cibles des milices que Ben Ali a laissées derrière lui pour semer la mort et le chaos. Ils ont par endroit pris en charge le nettoyage des rues, le ravitaillement, tenté de résoudre les problèmes quotidiens. C'est là que vit la démocratie, et pas dans les coulisses d'un gouvernement « d'union » dont le but est surtout de rassembler les partisans du gel de la révolution.
La lutte des peuples arabes est la nôtre. Parce que les capitalistes qui nous exploitent ici sont ceux qui contrôlent l'économie et soutiennent les dictatures là-bas. Parce que les peuples arabes, en balayant leurs oppresseurs, ripostent à la crise. Cette crise prétexte à faire les poches des travailleurs et des pauvres, que nous ne surmonterons qu'en prenant la rue tous ensemble, comme nos frères et sœurs de l'autre côté de la Méditerranée.
Lundi 31 janvier 2011
L'onde choc de la révolution tunisienne n'a pas fini de secouer le monde arabe. En Algérie, les braises couvent toujours sous la cendre des émeutes de début janvier. En Jordanie des manifestations de 500, puis 3 000, puis 5 000 personnes ont pris à partie le roi Abdallah dans la capitale Amman. Au Yémen, 16 000 manifestants ont conspué le régime d'Ali Abdallah Saleh. Surtout, en Égypte, c’est le régime d'Hosni Moubarak qui vit peut-être ses dernières heures.
Ce Ben Ali égyptien, président jusque-là inamovible (60 % des Égyptiens, âgés de moins de 30 ans, n'ont connu que son règne), ne parvient pas à étouffer la colère. La police qui le premier jour, mardi 25 janvier, s’était montré prudente en modérant ses coups, a sorti matraques et fusils les jours suivants. Elle a été débordée. Vendredi 28 janvier, les chars de l'armée ont remplacé les cordons de police. Le bilan de la répression serait aujourd’hui d’une centaine de morts et 2 000 blessés, sans dissuader les manifestants. Et comme en Tunisie, la population s’organise dans les quartiers avec des armes de fortune.
La crainte des puissants, l’espoir des opprimés
L'armée, ultime recours pour éviter que Moubarak ne tombe ? C'est sans doute le souhait des dirigeants, non seulement égyptiens, mais aussi du reste du Moyen-Orient, et des puissances impérialistes, États-Unis et France en tête. Car les Égyptiens sont sept fois plus nombreux que les Tunisiens. Du Liban à l'Irak, de Gaza à la Syrie, leur soulèvement peut faire à son tour école dans tout le Proche-Orient, voire au-delà, dans le Golfe persique, via les émigrés travaillant dans l'industrie pétrolière.
Le joug unificateur de la mondialisation capitaliste rend le spectre d'une révolution arabe tout à fait crédible. Dès 2008, les mineurs de Gafsa, en Tunisie, luttaient contre le licenciement de 6 000 d'entre eux et préfiguraient la révolution de 2011. La même année, le 6 avril, la grève des ouvriers du textile de Mahalla el Koubra, dans le delta du Nil, en faisait autant pour l'Égypte. C'est d'ailleurs un noyau de militants baptisé « Mouvement du 6 avril » qui a lancé les manifestations de la semaine dernière.
Les islamistes égyptiens, les Frères Musulmans, se tiennent manifestement en retrait de cette contestation-là, car ils craignent eux aussi de stimuler la combativité ouvrière ! En cela, ils ressemblent à tous ces partis d'opposition qui voudraient bien pouvoir enfin participer au pouvoir, à condition que la population ne s’organise pas elle-même et que l'exploitation capitaliste continue.
Comment ne pas se faire voler la révolution
Les notables de l’opposition, prétendus démocrates, une fois le dictateur déchu, n’épousent la révolution... que pour mieux l'étouffer ! Les uns sous prétexte de « transition pacifique », les autres parce que le business l'exige. Comme on le voit en Tunisie avec ceux qui acceptent de participer au gouvernement provisoire ou de le soutenir. Peine perdue : des milliers de travailleurs et de paysans sont montés cette semaine à Tunis. Ils ont littéralement assiégé le gouvernement, et obtenu la mise à l'écart des ministres issus du parti de Ben Ali, mais restent tout aussi méfiants à l’encontre du nouveau gouvernement. Cette nouvelle victoire, les Tunisiens l'ont acquise par leur courage et en s'organisant. Des comités ont défendu les quartiers populaires, cibles des milices que Ben Ali a laissées derrière lui pour semer la mort et le chaos. Ils ont par endroit pris en charge le nettoyage des rues, le ravitaillement, tenté de résoudre les problèmes quotidiens. C'est là que vit la démocratie, et pas dans les coulisses d'un gouvernement « d'union » dont le but est surtout de rassembler les partisans du gel de la révolution.
La lutte des peuples arabes est la nôtre. Parce que les capitalistes qui nous exploitent ici sont ceux qui contrôlent l'économie et soutiennent les dictatures là-bas. Parce que les peuples arabes, en balayant leurs oppresseurs, ripostent à la crise. Cette crise prétexte à faire les poches des travailleurs et des pauvres, que nous ne surmonterons qu'en prenant la rue tous ensemble, comme nos frères et sœurs de l'autre côté de la Méditerranée.
Lundi 31 janvier 2011
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Edito de L'Etincelle
La lutte des peuples arabes est aussi la nôtre
Après la Tunisie, la révolution arabe a atteint l’Egypte et menace sérieusement Moubarak. Au pouvoir depuis trente ans, régnant par la terreur d’un état d’urgence permanent, il semblait aussi inamovible que son jumeau tunisien. Mais la détermination des classes populaires et de la jeunesse a radicalement changé la donne en quelques jours.
Certes le dictateur s’accroche encore au pouvoir, en alternant carotte et bâton. Nomination d’un nouveau gouvernement et promesse de quitter la présidence en septembre prochain d’un côté. Coupure d’internet et des portables de l’autre. Peine perdue, mardi dernier, ils étaient plus de deux millions dans les rues de toutes les grandes villes du pays. Même sa tentative d’envoyer de véritables milices de flics en civils et de voyous rémunérés sur la place Tahrir a fait long feu. Ceux que certains médias ont complaisamment appelés les « pro-Moubarak », et que l’armée avait laissé passer avec des chevaux et des chameaux, ont dû battre en retraite. Depuis la mobilisation continue.
Fraternisation avec les soldats, défiance vis-à-vis des généraux
Devant sa profondeur et sa durée, l’état-major de l’armée a fait le choix de ne pas s’opposer frontalement au soulèvement. Une façon de garder du crédit aux yeux de la population, de préserver une position d’arbitre que le pouvoir utilisera demain contre la révolution. Mais les insurgés en ont profité pour fraterniser avec les militaires du rang : les tanks de la place Tahrir ont vite été recouverts de graffitis, utilisés comme tribunes ou pistes de danse. Pas sûr que les soldats, issus du peuple, soient disposés à tirer sur leurs frères si les généraux en donnaient l’ordre !
En haut les calculs des puissants, en bas ceux qui font l’histoire en accéléré
Face à une telle ténacité, la peur gagne les puissants de ce monde, et pas seulement les dictateurs arabes sur la sellette. Et pour cause. L’Egypte, avec ses 80 millions d’habitants dont une écrasante majorité de pauvres et une classe ouvrière qui a su mener de grandes grèves malgré la dictature, représente un énorme potentiel explosif. Les dirigeants de l’impérialisme américain eux-mêmes ont lâché le dictateur égyptien, leur allié dans la région pendant trente ans. S’ils sont si soudainement pressés de faire sauter le fusible Moubarak, c’est qu’ils craignent que la révolution engagée s’approfondisse comme en Tunisie : que les masses pauvres et parmi elles la classe ouvrière ne se satisfassent pas d’un simple changement de façade du régime et commencent à se battre pour leurs propres revendications.
Mais les calculs de ceux qui dirigent le monde peuvent tous être balayés par l’obstination de la rue. Depuis maintenant deux mois dans la région, ce sont les travailleurs et les pauvres mobilisés qui font l’histoire, à vitesse accélérée, et pas les manœuvres diplomatiques au sommet.
Le vent révolutionnaire, au-delà des frontières
Que Moubarak s’accroche ou qu’il s’en aille (le plus vite sera le mieux !), les masses égyptiennes ont intérêt à profiter de la liberté qu’elles ont d’ores et déjà conquise pour s’organiser à tous les niveaux. Pour ravitailler les quartiers pauvres, pour protéger les cortèges et se défendre contre les milices, la police et peut-être un jour pas si lointain contre l’armée. Mais aussi dans les entreprises, pour formuler et imposer les revendications de la classe ouvrière nombreuse et combattive du pays. Pour préserver la liberté de parole acquise et conquérir toutes les autres. Pour se forger de quoi prendre les rênes de la société.
Alors cette révolution, qui n’a que faire des frontières, aura la force de vaincre tous les obstacles sur son passage, de la répression la plus brutale aux pièges de la fausse « transition démocratique » ou des prétendus « gouvernements d’union nationale ». Elle s’étendra encore et mettra hors d’état de nuire non seulement les dictateurs du monde arabe et les dirigeants de l’impérialisme, mais aussi les capitalistes qui les soutiennent, les mêmes qui nous exploitent ici. La lutte des peuples arabes est aussi la nôtre !
7 février 2011
Après la Tunisie, la révolution arabe a atteint l’Egypte et menace sérieusement Moubarak. Au pouvoir depuis trente ans, régnant par la terreur d’un état d’urgence permanent, il semblait aussi inamovible que son jumeau tunisien. Mais la détermination des classes populaires et de la jeunesse a radicalement changé la donne en quelques jours.
Certes le dictateur s’accroche encore au pouvoir, en alternant carotte et bâton. Nomination d’un nouveau gouvernement et promesse de quitter la présidence en septembre prochain d’un côté. Coupure d’internet et des portables de l’autre. Peine perdue, mardi dernier, ils étaient plus de deux millions dans les rues de toutes les grandes villes du pays. Même sa tentative d’envoyer de véritables milices de flics en civils et de voyous rémunérés sur la place Tahrir a fait long feu. Ceux que certains médias ont complaisamment appelés les « pro-Moubarak », et que l’armée avait laissé passer avec des chevaux et des chameaux, ont dû battre en retraite. Depuis la mobilisation continue.
Fraternisation avec les soldats, défiance vis-à-vis des généraux
Devant sa profondeur et sa durée, l’état-major de l’armée a fait le choix de ne pas s’opposer frontalement au soulèvement. Une façon de garder du crédit aux yeux de la population, de préserver une position d’arbitre que le pouvoir utilisera demain contre la révolution. Mais les insurgés en ont profité pour fraterniser avec les militaires du rang : les tanks de la place Tahrir ont vite été recouverts de graffitis, utilisés comme tribunes ou pistes de danse. Pas sûr que les soldats, issus du peuple, soient disposés à tirer sur leurs frères si les généraux en donnaient l’ordre !
En haut les calculs des puissants, en bas ceux qui font l’histoire en accéléré
Face à une telle ténacité, la peur gagne les puissants de ce monde, et pas seulement les dictateurs arabes sur la sellette. Et pour cause. L’Egypte, avec ses 80 millions d’habitants dont une écrasante majorité de pauvres et une classe ouvrière qui a su mener de grandes grèves malgré la dictature, représente un énorme potentiel explosif. Les dirigeants de l’impérialisme américain eux-mêmes ont lâché le dictateur égyptien, leur allié dans la région pendant trente ans. S’ils sont si soudainement pressés de faire sauter le fusible Moubarak, c’est qu’ils craignent que la révolution engagée s’approfondisse comme en Tunisie : que les masses pauvres et parmi elles la classe ouvrière ne se satisfassent pas d’un simple changement de façade du régime et commencent à se battre pour leurs propres revendications.
Mais les calculs de ceux qui dirigent le monde peuvent tous être balayés par l’obstination de la rue. Depuis maintenant deux mois dans la région, ce sont les travailleurs et les pauvres mobilisés qui font l’histoire, à vitesse accélérée, et pas les manœuvres diplomatiques au sommet.
Le vent révolutionnaire, au-delà des frontières
Que Moubarak s’accroche ou qu’il s’en aille (le plus vite sera le mieux !), les masses égyptiennes ont intérêt à profiter de la liberté qu’elles ont d’ores et déjà conquise pour s’organiser à tous les niveaux. Pour ravitailler les quartiers pauvres, pour protéger les cortèges et se défendre contre les milices, la police et peut-être un jour pas si lointain contre l’armée. Mais aussi dans les entreprises, pour formuler et imposer les revendications de la classe ouvrière nombreuse et combattive du pays. Pour préserver la liberté de parole acquise et conquérir toutes les autres. Pour se forger de quoi prendre les rênes de la société.
Alors cette révolution, qui n’a que faire des frontières, aura la force de vaincre tous les obstacles sur son passage, de la répression la plus brutale aux pièges de la fausse « transition démocratique » ou des prétendus « gouvernements d’union nationale ». Elle s’étendra encore et mettra hors d’état de nuire non seulement les dictateurs du monde arabe et les dirigeants de l’impérialisme, mais aussi les capitalistes qui les soutiennent, les mêmes qui nous exploitent ici. La lutte des peuples arabes est aussi la nôtre !
7 février 2011
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
Une révolution qui ne connaît pas de frontières
Scènes de joie dans les villes égyptiennes suite au départ de Moubarak. Jeudi, il avait annoncé rester tout en laissant le pouvoir à l’armée. Il en fallait plus pour endiguer la vague révolutionnaire. Il a fini par démissionner vendredi dernier sous la pression populaire. De leur côté, Obama, Merkel et Sarkozy n’ont pas rendu hommage aux insurgés mais au fuyard. Ils doivent certainement le trouver courageux d’avoir plié bagages en emportant avec lui entre 40 et 70 milliards de dollars.
La révolution continue par les grèves ouvrières
Les classes populaires d’Egypte ont viré leur dictateur moins d’un mois après que les Tunisiens eurent chassé le leur. Ben Ali déchu, les patrons de Tunisie appelaient au calme. C’était mal mesurer la puissance de cette révolution qui ne se satisfera pas d’un ravalement de façade. La population reste aujourd’hui sur le qui-vive. Le ministre des affaires étrangères tunisien en a fait les frais dimanche. Sa tentative de copinage avec Alliot-Marie est mal passée. Les fonctionnaires de son ministère l’ont chahuté jusqu’à sa démission. Les ministres n’ont pas été les seuls à déguerpir. Des gouverneurs à la tête des régions proches de l’ancien pouvoir ont déjà démissionné sous la pression de la rue. Dans la région de Gafsa, les mineurs, en grève depuis plus de deux semaines pour des embauches, viennent de destituer le nouveau gouverneur.
Pour la liberté et le pain, les embauches et les augmentations de salaires
La classe ouvrière égyptienne joue un rôle central dans la révolution. Des grèves ont éclaté dans toutes les branches de l’industrie : chez les travailleurs des télécom, les mécaniciens du secteur ferroviaire, dans les arsenaux de Port-Saïd, et aussi grèves de plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers d’usines de charbon, de coton, de textile, de médicaments, de ciment, etc. Depuis une semaine, ces grèves se sont répandues comme une traînée de poudre. Les revendications phares : la liberté mais aussi des embauches et des augmentations de salaire. L’entrée fracassante de la classe ouvrière dans la révolution a porté le coup fatal à Moubarak qui a démissionné trois jours plus tard.
Les insurgés, regroupés place Tahrir depuis trois semaines, ont décidé de rester pour contrôler l’armée désormais au pouvoir. L’état-major égyptien veut à présent faire place nette de la contestation afin d’en récupérer les fruits. Mais comme en Tunisie, à vouloir éteindre l’incendie révolutionnaire, le nouveau gouvernement risque de s’y brûler. Les classes populaires ne sont pas prêtes à se faire voler leur révolution.
Ben Ali, Moubarak… A qui le tour ?
Le président du Yémen, Ali Saleh, avait cru désamorcer la protestation en annonçant qu’il ne sera pas candidat aux prochaines élections. Le peuple yéménite n’a pas été dupe : « Après Moubarak, c’est le tour d’Ali !» scandaient des manifestants samedi dernier. En Algérie, Bouteflika a tenté de lâcher un peu de lest. Cela n’a pas empêché l’opposition algérienne d’organiser samedi une manifestation qui a eu lieu malgré des forces de répression suréquipées. Des appels à manifester la semaine prochaine sont déjà lancés.
Les dirigeants du monde arabe toujours au pouvoir ont du souci à se faire. Mais ce ne sont pas les seuls. En Egypte, l’impérialisme états-unien domine le marché. En Tunisie, les grandes entreprises françaises comme Orange et Carrefour se taillent la part du lion grâce aux liens privilégiées que l’Etat français a noués avec le clan Ben Ali.
Ceux qui exploitent les travailleurs là-bas sont les mêmes qui nous exploitent ici. Les révolutions arabes réclament des droits démocratiques mais aussi la fin du chômage et des bas salaires.
Devant ces aspirations communes à tous les peuples, les puissants et exploiteurs du monde entier peuvent craindre que le vent révolutionnaire ne souffle dans leur direction.
Lundi 14 février 2011
Scènes de joie dans les villes égyptiennes suite au départ de Moubarak. Jeudi, il avait annoncé rester tout en laissant le pouvoir à l’armée. Il en fallait plus pour endiguer la vague révolutionnaire. Il a fini par démissionner vendredi dernier sous la pression populaire. De leur côté, Obama, Merkel et Sarkozy n’ont pas rendu hommage aux insurgés mais au fuyard. Ils doivent certainement le trouver courageux d’avoir plié bagages en emportant avec lui entre 40 et 70 milliards de dollars.
La révolution continue par les grèves ouvrières
Les classes populaires d’Egypte ont viré leur dictateur moins d’un mois après que les Tunisiens eurent chassé le leur. Ben Ali déchu, les patrons de Tunisie appelaient au calme. C’était mal mesurer la puissance de cette révolution qui ne se satisfera pas d’un ravalement de façade. La population reste aujourd’hui sur le qui-vive. Le ministre des affaires étrangères tunisien en a fait les frais dimanche. Sa tentative de copinage avec Alliot-Marie est mal passée. Les fonctionnaires de son ministère l’ont chahuté jusqu’à sa démission. Les ministres n’ont pas été les seuls à déguerpir. Des gouverneurs à la tête des régions proches de l’ancien pouvoir ont déjà démissionné sous la pression de la rue. Dans la région de Gafsa, les mineurs, en grève depuis plus de deux semaines pour des embauches, viennent de destituer le nouveau gouverneur.
Pour la liberté et le pain, les embauches et les augmentations de salaires
La classe ouvrière égyptienne joue un rôle central dans la révolution. Des grèves ont éclaté dans toutes les branches de l’industrie : chez les travailleurs des télécom, les mécaniciens du secteur ferroviaire, dans les arsenaux de Port-Saïd, et aussi grèves de plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers d’usines de charbon, de coton, de textile, de médicaments, de ciment, etc. Depuis une semaine, ces grèves se sont répandues comme une traînée de poudre. Les revendications phares : la liberté mais aussi des embauches et des augmentations de salaire. L’entrée fracassante de la classe ouvrière dans la révolution a porté le coup fatal à Moubarak qui a démissionné trois jours plus tard.
Les insurgés, regroupés place Tahrir depuis trois semaines, ont décidé de rester pour contrôler l’armée désormais au pouvoir. L’état-major égyptien veut à présent faire place nette de la contestation afin d’en récupérer les fruits. Mais comme en Tunisie, à vouloir éteindre l’incendie révolutionnaire, le nouveau gouvernement risque de s’y brûler. Les classes populaires ne sont pas prêtes à se faire voler leur révolution.
Ben Ali, Moubarak… A qui le tour ?
Le président du Yémen, Ali Saleh, avait cru désamorcer la protestation en annonçant qu’il ne sera pas candidat aux prochaines élections. Le peuple yéménite n’a pas été dupe : « Après Moubarak, c’est le tour d’Ali !» scandaient des manifestants samedi dernier. En Algérie, Bouteflika a tenté de lâcher un peu de lest. Cela n’a pas empêché l’opposition algérienne d’organiser samedi une manifestation qui a eu lieu malgré des forces de répression suréquipées. Des appels à manifester la semaine prochaine sont déjà lancés.
Les dirigeants du monde arabe toujours au pouvoir ont du souci à se faire. Mais ce ne sont pas les seuls. En Egypte, l’impérialisme états-unien domine le marché. En Tunisie, les grandes entreprises françaises comme Orange et Carrefour se taillent la part du lion grâce aux liens privilégiées que l’Etat français a noués avec le clan Ben Ali.
Ceux qui exploitent les travailleurs là-bas sont les mêmes qui nous exploitent ici. Les révolutions arabes réclament des droits démocratiques mais aussi la fin du chômage et des bas salaires.
Devant ces aspirations communes à tous les peuples, les puissants et exploiteurs du monde entier peuvent craindre que le vent révolutionnaire ne souffle dans leur direction.
Lundi 14 février 2011
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Edito de L'Etincelle
Ici aussi, en France, la lutte de classe à l’ordre du jour
Depuis début février, tous les grands groupes du CAC 40, Total, BNP Paribas, Renault, Michelin (+ 909 % !) etc. annoncent leurs bénéfices mirifiques pour 2010. En tout, les bénéfices du club du CAC 40 pourraient atteindre 85 milliards d'euros.
La crise, bien là pour les travailleurs, ne pèse pas sur les comptes de ces grands groupes. C'est que les patrons ont été choyés par l'Etat : banques et constructeurs automobiles ont été renfloués à coups de milliards d'euros. Les actionnaires s'en mettent plein les poches, le temps des bonus est revenu et les Bourses se portent plutôt bien !
En même temps, les prix augmentent. Et côté salaires, c'est le plat, ou plutôt la baisse réelle du pouvoir d'achat. Ce week-end, Jean-Claude Trichet, directeur de la Banque centrale européenne, expliquait au G20 à Paris que, face à la hausse des prix, une hausse des salaires serait « la dernière des bêtises à faire ». Lui ne voit aucun mal à ce que les riches s’enrichissent. Il trouverait par contre tout à fait choquant que les salaires... suivent les prix !
Mais si Trichet, et tous les commis des patrons, s'inquiètent, c'est que des travailleurs exigent des hausses de salaires. Ici ou là, ces derniers jours, il y a eu des débrayages, des grèves ou des manifestations : employés des stations de ski, de journaux régionaux, salariés de L'Oréal, de la fonderie Messier près de Pau, des usines Tipiak, de Thalès, Citroën Rennes et bien d'autres ! Ils ont mille fois raison !
Pas question de laisser le patronat continuer à remplir ses caisses sur le dos des travailleurs. Pour rattraper les hausses de prix et le pouvoir d'achat perdu depuis des années, c'est une augmentation générale d'au moins 300 € pour tous qui s'impose. Et pour l'obtenir, la seule voie, c'est bien la lutte !
Révolutions sans frontières et persistantes
Après Ben Ali et Moubarak, à qui le tour ? L’incendie révolutionnaire s’est propagé à tous les pays arabes. C’est la panique du côté des dictateurs, pendant que la population redouble de courage et de confiance en elle, malgré la répression la plus féroce, comme en Libye.
En Algérie, au Yémen, au Bahreïn, en Libye, en Iran, ou au Maroc, à des degrés divers, les manifestations se multiplient. En Libye, les centaines de morts sur ordre du dictateur aux abois n’ont contribué qu’à survolter le courage des manifestants et propager la révolte dans tout le pays. En Algérie, Bouteflika fait mine de faire quelques concessions qui ne trompent personne et il risque bien de suivre le chemin de Ben Ali.
Même quand le dictateur a dégagé, rien n’est terminé, tout commence
En Tunisie, les manifestations continuent, pour ne « pas se faire voler la révolution ».
En Egypte, c’est l’entrée fracassante de la classe ouvrière dans la révolution qui a porté le coup fatal à Moubarak. La semaine précédant sa démission, une vague de grèves avait touché des dizaines de milliers de travailleurs des télécoms, du rail, des arsenaux, d’usines de charbon, de coton, de textile, de médicaments, de ciment, etc. Les revendications : la liberté mais aussi des embauches et des augmentations de salaire. L’objectif de l'armée égyptienne toujours au pouvoir est clair : le retour à l'ordre. Elle a annoncé qu'elle se chargeait d'organiser des élections mais qu'elle ne tolèrerait plus les grèves et manifestations. Pas certain pour autant que la classe ouvrière soit prête à disparaître de la scène. En tout cas, seules la poursuite de sa mobilisation et son organisation sur ses propres bases pourront permettre d’aller au-delà d’un simple ravalement de façade du régime, vers une véritable révolution sociale.
Ce qui se passe sur l’autre rive de la Méditerranée nous concerne de près. Là-bas comme ici, l’injustice sociale s’aggrave. Mais c’est de là-bas que nos frères de classe nous montrent l’exemple. Les révolutions qui enflamment le monde arabe pourraient bien être les premiers signes annonciateurs d’une révolution sociale et politique qui traverse les mers et les océans, pour enfin renverser l’ordre capitaliste mondial.
Lundi 21 février 2011
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
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