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L'Amérique latine et la révolution arabe

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Message  sylvestre Jeu 3 Mar - 18:16

http://www.npa2009.org/content/lam%C3%A9rique-latine-et-la-r%C3%A9volution-arabe

L'Amérique latine et la révolution arabe
lundi 28 février 2011

En Europe, les gouvernements tentent d'empêcher la contagion et la solidarité entre les travailleurs européens et les masses arabes en révolte en agitant l'épouvantail de l'islamisme. En Amérique latine, ce sont les dirigeants progressistes vénézuéliens et cubains eux-mêmes qui tentent d'isoler ces révolutions montantes en agitant le caractère prétendument « anti-impérialiste » des régimes despotiques libyen, syrien ou iranien, eux aussi déstabilisés par la lame de fond des peuples en lutte.

La révolution arabe constitue une épreuve de vérité pour l'impérialisme, mais aussi pour les directions cubaine et chaviste. Or, si celles-ci ont également été totalement prises au dépourvu par l'irruption des masses arabes, elles semblent actuellement toujours incapables de saisir la nature, la profondeur et l'unité du processus révolutionnaire en cours dans toute la région. Elle ne semblent nullement comprendre la puissante soif de réelle démocratie, de justice sociale, d'indépendance et de souveraineté qui animent les masses arabes et la formidable opportunité que leurs luttes offrent afin de modifier en profondeur les rapports de force à l'échelle planétaire entre le capital et le travail, et face à l'impérialisme.

L'attitude de Fidel Castro et d'Hugo Chavez par rapport aux événements en Libye est particulièrement choquante. De manière moins affirmée dans le cas du premier et plutôt assumée dans le cas du second, on laisse entendre que la révolte du peuple libyen serait le fruit d'une manipulation, d'un complot impérialiste visant à renverser un régime ennemi. Curieusement, cette « thèse » ne reprend pas la version officielle du régime libyen lui-même, selon laquelle c'est au contraire Al-Qaeda qui se trouve derrière les « émeutes » ! Or, loin de toutes ces thèses conspirationnistes délirantes, il n'y a rien de « singulier » ou de « particulier » dans la révolution en Libye, nul complot étranger ourdi par la CIA ou par Ben Laden; elle s'intègre au contraire pleinement dans le processus de la révolution arabe qui déferle dans toute la région. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, puisque le régime dictatorial libyen se trouve précisément géographiquement coincé entre la révolution tunisienne et la révolution égyptienne.

Malgré tout, Fidel Castro a déclaré qu’il «faudra attendre le temps nécessaire pour connaître vraiment ce qu’il y a de vrai et de mensonges ou de semi-vérités dans ce qu’on nous dit de la situation chaotique (sic) en Libye». Il en tire pourtant une conclusion immédiate: «Le pire serait maintenant de faire silence sur le crime que l’OTAN s’apprête à commettre contre le peuple libyen. Pour les chefs de cette organisation belliciste, il y a urgence. Il faut le dénoncer.» Le hic c'est que, comme le soulignent Santiago Alba Rico et Alma Allende, ce ne sont pas des avions de l'OTAN qui mitraillent aujourd'hui le peuple libyen, mais bien ceux du régime de Kadhafi! Ainsi, selon Fidel, l’urgence n’est pas à dénoncer le carnage de Kadhafi contre son peuple et de choisir le camp du soulèvement populaire, c'est de manifester contre l’intervention future et hypothétique de l’OTAN. Au nom de la menace d'un crime à peine esquissé, il faudrait donc « faire silence » sur un crime actuel bien réel.

Toujours selon cette conception purement « campiste » (« les ennemis de mes ennemis sont mes amis »), ce 25 février le président Hugo Chavez vient officiellement quant à lui, à l'instar du président nicaraguayen Daniel Ortega, d'apporter son « soutien au gouvernement libyen », au moment même où ce dernier massacre son peuple à l'arme lourde. Certes, il ne fait pas de doute que l'impérialisme est à l'affût et souhaite profiter de la moindre occasion. Certes, il faut dénoncer la double morale de l'impérialisme, qui condamne les victimes civiles en Libye, mais pas en Irak, en Afghanistan ou en Palestine. Mais cela ne justifie aucunement pour autant le soutien à un tyran sanguinaire, qui donne justement une belle occasion à l'impérialisme de reprendre son équilibre et qui, en dépit de sa logorrhée sur la soi-disant "révolution verte", est à la tête d'un système d'exploitation et d'un régime corrompu qui font partie du dispositif impérialiste de pillage de la région et de ses ressources.

Au Venezuela, des organisations révolutionnaires telles que Marea Socialista ont clairement pris position en faveur du peuple libyen et contre le dictateur Kadhafi. Nous ne pouvons qu'éspérer que les travailleurs vénézuéliens et cubains feront preuve d'une meilleure capacité de discernement que leurs dirigeants. Mais, même en cas d'un sursaut et d'une rectification, il ne fait aucun doute que les déclarations catastrophiques de Chavez vont immédiatement et durablement ruiner le prestige immense dont il jouissait jusqu'à présent auprès des masses arabes. Cette popularité est née de son opposition déclarée à la guerre et à l'occupation de l'Afghanistan en 2001 et de Irak en 2003, ainsi qu'à l'agression contre le Liban par Israël en 2006. Elle a atteint son point culminant en janvier 2009, lorsqu'il décida l'expulsion de l'ambassadeur d'Israël et d'une partie du personnel de l'ambassade pour protester contre le massacre perpétré par l'État sioniste contre la population de Gaza, marquant ainsi sa « solidarité sans restriction avec le peuple palestinien héroïque ». Le plus grave étant que, à travers la figure de Chavez, c'est le prestige d'une alternative identifiée comme progressiste et voulant construire le « socialisme du XXIe siècle » qui risque d'être frappée d'un profond discrédit dans le monde arabe.

Cette attitude constitue un cadeau en or pour les forces réactionnaires et impérialistes qui, actuellement désorientées par l'ampleur des événements, cherchent coûte que coûte à reprendre la main, à contrôler ou à stopper la révolution arabe. En outre, en se rangeant honteusement au côté du tyran libyen, la direction chaviste se tire également une balle dans le pied en offrant des munitions à ses propres adversaires et détracteurs, qui ne cessent de l'accuser sans fondement d'être de nature « dictatoriale ».

En Europe, en Amérique latine, aux États-Unis ou en Asie, le peuple arabe — qui est aujourd'hui à l'avant-garde de la lutte anti-impérialiste — doit recevoir un appui sans réserve de la part de l'ensemble des forces progressistes du monde. Ce n'est qu'ainsi que l'on disputera efficacement à l'impérialisme sa prétention hypocrite à incarner les intérêts démocratiques des peuples et que l'on écartera effectivement toute menace, réelle ou agitée à dessein, d'une intervention militaire.

Ataulfo Riera (LCR-web Belgique), le 27 février 2011.
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Message  BouffonVert72 Jeu 3 Mar - 21:10

Aujourd'hui Kadhafi, demain Chavez & co ! Ouste !
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Message  Aura Sam 5 Mar - 22:46

La Libye met mal à l'aise la gauche latino-américaine
Paru le Mardi 01 Mars 2011
BERNARD PERRIN, LA PAZ

Solidarité ANALYSE - Le soulèvement contre Kadhafi, allié politique et économique du bloc de gauche, déboussole certains gouvernements «révolutionnaires».

Stupéfiant et inquiétant parallélisme. Alors que de nombreuses chancelleries européennes sont inquiètes à l'idée de voir le colonel Kadhafi, qui était il y a peu encore un «ami intime» (Silvio Berlusconi) ou tout du moins un partenaire économique vital (90% du pétrole libyen prenait le chemin de l'Europe), tomber sous la pression de son peuple, une autre peur s'empare des gouvernements de gauche «progressistes» d'Amérique du Sud: celle d'assister à la chute d'un... camarade révolutionnaire. Le premier cas de figure n'a au fond rien de très surprenant. L'Europe capitaliste préfère un partenaire fiable, même s'il fut longtemps en tête de liste des terroristes les plus infréquentables de la planète, même s'il fait aujourd'hui tirer sur son propre peuple. Le cynisme de la realpolitik.


Faiblesse idéologique

Le second cas de figure, lui, est plus intrigant. Que du Venezuela à la Bolivie en passant par Cuba, l'Equateur et le Nicaragua, certains pleurent la chute du «guide spirituel de la révolution» malgré le massacre du peuple libyen dont il se rend coupable, démontre une triste lecture de l'histoire en cours et un aveuglement dont la gauche a déjà été trop souvent coutumière au cours du siècle passé.

Derrière la façade discursive du «socialisme du XXIe siècle», se dessine malheureusement une autre réalité: l'absence d'une réelle boussole idéologique, de Caracas à La Paz. Comment le dictateur sanguinaire libyen peut-il être un «frère révolutionnaire»? Son opposition à l'impérialisme américain justifie-t-elle donc toutes ses exactions? Comment se tromper ainsi de révolution?

Pour l'Argentin Pablo Stefanoni, directeur de l'édition bolivienne du Monde diplomatique, et auteur avec le politologue français Hervé do Alto de Nous serons des millions, Evo Morales et la gauche au pouvoir en Bolivie, la réponse est simple: «Le socialisme sud-américain a été pris par surprise par les événements, et s'est retrouvé sans ressources politiques ni idéologiques pour déchiffrer les clés de ce qui se passe dans le monde arabe.»

En Amérique latine, au Venezuela, à Cuba, en Equateur, en Bolivie ou au Nicaragua, Kadhafi est encore et toujours considéré comme un «combattant révolutionnaire», malgré sa volte-face historique et son idylle nouée avec l'Occident, de Washington à Rome en passant par Londres et Paris. Hugo Chavez ne l'a pas caché: pour comprendre la révolution en cours dans les pays arabes, il avait personnellement appelé il y a quelques semaines... Tripoli! Quant au ministre des Affaires étrangères bolivien, David Choquehuanca, il avoue sa fascination pour le «Livre vert» du leader libyen, comme de nombreux autres dirigeants latino-américains.


«Soutenir les peuples»

Plus concrètement, le président nicaraguayen Daniel Ortega a ouvertement apporté son soutien au régime sanguinaire, estimant qu'il était victime d'un «lynchage médiatique afin de faire main basse sur ses richesses pétrolières». Une information, parmi d'autres, largement diffusée par Télésur, la chaîne d'information continentale basée à Caracas. Le journal cubain Granma, lui, a titré «Kadhafi dénonce un complot étranger contre la Libye». Aucune allusion à la sanglante répression. En Bolivie, Evo Morales s'est montré un peu plus prudent, appelant le colonel Kadhafi et le peuple libyen «à une résolution pacifique de la crise».

Heureusement, les gouvernements n'ont pas le monopole du socialisme latino-américain. Au Venezuela, le groupe Marea socialista (Marée socialiste, mouvance du Parti socialiste d'Hugo Chávez) appelle à la victoire du peuple libyen. Et dénonce «l'horreur dont sont capables les dictateurs, soumis ou non à l'impérialisme». Les militants vénézuéliens estiment que les événements démontrent qu'il s'agit «d'un soulèvement populaire qui fait partie du tremblement de terre démocratique qui secoue le monde arabe, de la lutte pour la liberté et la démocratie». Une lutte «qui ouvre la porte à la révolution mondiale contre le capitalisme et ses régimes d'oppression et de misère».

«La gauche, estime Pablo Stefanoni, doit soutenir les peuples, les luttes démocratiques et les aspirations à la liberté, et ne pas s'acoquiner avec des dictateurs pathétiques et corrompus sur la base de considérations purement géostratégiques.» Hervé do Alto abonde dans le même sens: «Aujourd'hui, le danger pour la gauche latino-américaine est de plaquer sa propre réalité – la lutte quotidienne contre l'impérialisme – sur celle d'autres continents. Par exemple, on peut voir dans l'instabilité politique en Libye un risque de démembrement similaire à celui que font planer les oppositions de Santa Cruz en Bolivie. Or, confondre la lutte anti-impérialiste et la lutte à mort des élites liées aux dictatures serait un recul majeur.»
Plus fondamentalement, «tant que la gauche déprécie la question du respect des droits de l'homme, considère que la realpolitik justifie tout, et qu'elle confond l'anti-impérialisme avec les intérêts bureaucratiques, il n'y a rien à attendre d'elle», tranche-t-il.

Mais si l'Europe capitaliste peut se permettre de mener des relations avec des partenaires douteux, pourquoi les pays d'Amérique latine devraient renoncer, eux, à cette realpolitik? «Tout d'abord, répond Hervé do Alto, toutes les dictatures ne massacrent pas leur peuple comme le fait actuellement le régime de Kadhafi. C'est donc un critère déterminant, si l'on considère que ces gouvernements ont justement l'ambition de développer une 'diplomatie des peuples'.»

«Ensuite, ajoute le politologue, c'est une chose d'entretenir des relations commerciales avec des régimes autoritaires, mais c'en est une autre de développer une solidarité politique à leur égard en confondant leur anti-impérialisme (qui n'est d'ailleurs en réalité souvent qu'une opposition aux USA) avec leur caractère progressiste.»


Partenaire mais pas «camarade»

Dès lors, oui, la Bolivie garde absolument le droit de commercer avec la République islamique d'Iran. «Mais personne n'oblige Evo Morales à lever le bras d'Ahmadinejad en l'appelant 'camarade'. Il faut savoir que ce régime mène une répression à l'encontre des mouvements sociaux que même la Bolivie des gouvernements de droite a été très loin d'égaler», tempère Hervé do Alto.

S'aligner sur un Ahmadinejad ou un Kadhafi au prétexte qu'il est un partenaire stratégique reviendrait donc à renoncer au «nouvel ordre mondial» progressiste, socialiste proclamé. Et renoncer à toute action dirigée vers un changement social, notamment dans le champ des relations internationales.

Mais si les luttes en cours sont loin d'être pro-occidentales, elles ne sont pas non plus fondamentalement socialistes. Comment la gauche latino devrait-elle se situer dès lors? «Karl Marx, qui ne perdait pas une occasion de critiquer la démocratie bourgeoise, considérait que cette démocratie formelle était un premier pas absolument nécessaire», répond Hervé do Alto. En d'autres termes, dans l'immédiat, le vent démocratique ouvre à nouveau (et enfin) la porte aux mouvements socialistes arabes, quarante ans après leur déroute.

La conclusion, elle, tombe de la plume de l'écrivain et militant uruguayen Raúl Zibechi: «Il faut regarder l'horreur en face. Parfois la gauche n'a pas voulu voir, pas voulu entendre, ni comprendre les douleurs des gens d'en bas, sacrifiés sur l'autel de la révolution. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas cette fois-ci.» Dénoncer de manière totalement justifiée les menaces d'intervention en Libye par l'entremise de l'OTAN ou des Etats-Unis et les tentatives d'ingérence occidentales ne doit d'aucune manière éclipser ce vrai débat.

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Message  BouffonVert72 Dim 6 Mar - 7:07

Les soi-disant "socialistes" sud-américains font honte au mouvement prolétaire. Mad
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Message  yannalan Dim 6 Mar - 11:55

Je crois me souvenir qu'en Août 68, il avait fallu expliquer et m^me à certaines sections sud-am' de la QI, que non, l'entrée de l'armée soviétique en Tchécoslovaquie n'était pas un évènement positif et une défaite de l'impérialisme.
En Amérique du Sud,n on a l'impression que la première question posée est : est ce que ça emmerde les USA ? Les positions découlent de là.

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