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Prostitution/Travail du sexe

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Message  Toussaint Dim 8 Déc - 3:16

Si le texte de Lénine peut s'analyser, c'est en tout cas certainement pas avec le moindre rapport avec le mouvement féministe actuel. Lénine n'était pas féministe et il ne parle pas des féministes non plus. Faire le parallèle entre ce dont parle Lénine et ce qui se passe aujourd'hui relève de l'escroquerie intellectuelle. Mais c'est bel et bien le genre de pastiche des propos de Lénine pour essayer de l'utiliser contre le féminisme de la fin des années 60 (exactement ce que décrit Delphy dans l'Ennemi Principal) que l'on voit revenir ici parce qu'elles osent s'attaquer au droit du client à acheter du sexe. Ce n'est pas un hasard, et ce n'est donc pas étonnant. Décevant tout au plus, mais bon, aucune militant-e qui a participé à des débats sur la pénalisation des clients ou la pornographie ne sera surpris. Typique, classique, habituel... c'est la solidarité de genre, les mâles se rebiffent...
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Message  Toussaint Dim 8 Déc - 4:42

Un dernier point sur le fait que la pénalisation des clients va augmenter la violence. Rien, absolument rien ne le prouve et surtout pas le bilan de la Suède. D'autant que si on compte dans cette violence celle de la traite, que personne n'ose nier, même si le lobby proxi essaie de la faire sortir des radars, alors elle va diminuer radicalement, comme on le voit pour la Suède où la traite a pratiquement disparu. Dire qu'on va la retrouver intégralement aux frontières n'est ni prouvé ni sérieux d'ailleurs.

Et les prostituées qui sont dans la prostitution de luxe, elles vont aller dans des coins sombres? Very Happy  Je suis prêt à parier que non. Et pour elles, la loi est une farce, ou presque. Je ne vais pas détailler mais les trémolos des porte parole du lobby proxo qui se vantent de ne donner que dans les hôtels de standing, ne me semblent pas très crédibles. Pas seulement en regardant des exemples comme ce qu'on a découvert avec le cas DSK, décidément gommé des rétroviseurs des gauchistes pro-clients. Pas seulement en gardant la mémoire de Ulla et ses copines, cornaquées de très près par les proxos, de leur propre aveu, mais qui juraient leurs grands dieux qu'elles étaient libres comme le vent... avec les mêmes mots, les mêmes interpellations des élus... Mais parce que souvent ce ne sont même pas les "clients" qui payent ces femmes, mais des commanditaires qui les passent en frais commerciaux et qu'une ou deux amendes effraient d'autant peu que le délit ne sera jamais établi, puisque celui qui achète en ce cas n'est pas celui qui consomme. C'était souvent le cas pour DSK apparemment. On peut parler de DSK, ou cela gêne trop les pro-clients de se voir rappeler qu'ils protègent des gens comme DSK? Very Happy 

Quant à
Justement le NPA n'a pas tranché définitivement, ni sur la pénalisation des clients ni sur le fait qu'ils soient réglementariste de fait ou abolitionniste. Ce sera en février par le biais d'AG locales sur ces questions et conclue par une réunion nationale. Des camarades se battent contre le fait de militer avec le STRASS, ce que d'autres camarades (essentiellement de paris) veulent et essaient d'imposer.
Le dernier congrès a montré que beaucoup de camarades, lors des votes, n'ont pas pris en charge cette question en s'abstenant ou en votant NPPV. Mais qu'il y avait quand même une ligne abolitionniste qui se dégageait majoritairement. Dans cette situation, les votes de février permettront, espérons le, à tous les camarades de s'impliquer dans la définition de cette ligne.
Une ligne abolitionniste qui défendra les clients? Une ligne abolitionniste qui ne demandera pas de lutter contre la demande? C'était la ligne de la LCR pendant des années. On a vu ce qu'il en advint, et la polarisation dès que le gouvernement bourgeois a bougé. Le CNDF et la CADAC aujourd'hui ont repris la pénalisation des clients, et le NPA, avant de trancher, défile avec le STRASS. Le moins que l'on puisse en dire est que ce qui a été posé est un acte fort. Il participera à créer votre profil politique et il sera difficile de revenir dessus.

Ensuite, sur ce fil, c'est bon, la cause est entendue. La quasi-totalité des gens du NPA qui interviennent sont partisans de ne surtout pas toucher un poil des clients et de ne surtout mettre aucune entrave à la pratique de la prostitution, en reprenant telle quelle des pans entiers et souvent la totalité des arguments du lobby proxénète, en calomniant honteusement le Nid à partir des ragots colportés par AIDES et des présupposés bidons sur le christianisme du Nid (qui ne les gêne pas pour Gaillot), en tenant comme nestor, de vrais propos de "client" en raillant, como no, la notion de respect et de désir partagé comme une notion moraliste réac, en la soulignant comme telle avec indignation dans un texte du Nid. Les deux reculant ensuite, évidemment, les mains prises dans le pot de confiture, mais revenant promptement à la charge. Le même qui a des trémolos dans la voix sur les outrances et les insultes qu'il se plaint d'essuyer (et ne sont que le reflet de ses positions vues du point de vue de la lutte contre le système prostitutionnel, que des concepts et des termes utilisés depuis longtemps par le courant abolitionniste, comme on le voir dans les textes que j'ai postés) se lance dans des attaques de nouveau calomnieuses et méprisantes sur les féministes abolitionnistes. Tout en se disant aussi féministe, je suppose, como no... Very Happy J'oubliais, tout gauchiste est féministe, par définition et plus encore par autoproclamation, celle-ci lui donnant aussitôt le droit de juger de la qualité et la légitimité des discours des féministes. Pour les insulter si elles mordent sur les plates bandes de ses congénères.

Certes, les féministes abolitionnistes sont exagérées, simplistes, agressives, insultantes, et font des procès d'ntention... Il ne manquait que de rajouter leur nature politique grande et petite bourgeoise, pourquoi pas bigote au passage, en pastichant un texte de Lénine hors contexte. On y a eu droit aussi. En fait on a droit à l'injonction de laisser faire, laisser prostituer, puisque, n'est-ce pas, il faudra attendre la révolution et le socialisme qui transformeront avec leur baguette magique les mentalités masculines de droit au corps des femmes, d'autres hommes, et des enfants. Et donc ne toucher ni au racolage passif, ni au racolage actif, ni au droit des clients, ni au droit de vendre le sexe, ni au droit de l'acheter. En somme pour ne pas faire de tort aux prostituées, il convient de lever toute entrave à leur métier. Et on verra à la révolution... Car les lois n'empêchent rien, ne servent à rien, etc... En matière de prostitution, voici nos marxistes soudain ardents défenseurs du néolibéralisme et de la liberté du marché, celui-ci s'autorégulant... Connes de féministes qui ont obtenu la criminalisation du viol alors que cela n'a même pas aboli les viols... ni le patriarcat et même pas le capitalisme! Ttttt... Comment peut-on?

On se demande bien pourquoi on critique l'intervention en RCA. Vous avez pensé au nombre de gens qui mourront si la France n'y va pas? Cela vous fait rire, les menvussa, ou vous n'y avez pas pensé? Pourtant, en voyant les positions du NPA, on dirait qu'il vaut mieux laisser la Séléka massacrer que de soutenir une intervention française. C'est une analogie évidemment, mais elle fonctionne assez bien. Lorsqu'on oppose dans une situation comme celle de la RCA la thèse de la révolution à l'intervention impérialiste, on mise sur une logique alternative au processus qui a créé la violence et le chaos. On analyse que l'intevention française est celle du pompier pyromane. Et on appelle à un processus de libération, d'auto-organisation et de prise de conscience qui mettra du temps. Et aggravera sinistrement le sort des centrafricains dans l'immédiat. La solution de l'intervention en effet permettra de ne ren changer à la situation de domination de la RCA, et reproduira l'oppression qui a mené au désastre, mais arrêtera les massacres pour un certain temps. Mais il faut croire que le sort des centrafricains massacrés vous préoccupe moins que celui des prostituées qui refuseront de changer d'activité...

On n'est pas dans une situation de commentateurs de l'actualité spécialisés dans le pronostic à deux ou trois ans, pourquoi pas à faire des paris. On est dans une épreuve de force, dans une lutte. On est aussi dans un cadre de principes. Et de logiques fondamentales. Non, je ne soutiens pas la prostitution comme soupape et comme solution à la misère et la précarité des femmes, comme palliatif des reculs des droits sociaux, et du chômage, des faibles salaires. Je prétends même que le système prostitutionnel fait partie du rapport de force défavorable au genre féminin et à la classe ouvrière. Comme disait Voltaire, les femmes ont toujours soin d'elles mêmes, en somme elles peuvent toujours s'en sortir avec la vente de leurs charmes. Et nul besoin d'un bon salaire, elles trouveront bien l'appoint. Un des grands intérêts du capital se trouve dans cette vision des femmes qui peuvent toujours se vendre. C'est ce qu'on entend à présent et ce qu'on lit ici même. Eh bien, non. Encore une question de principes élémentaires de classe. Et de solidarité avec les femmes en lutte pour l'égalité des droits.

Surtout la prostitution, et a fortiori la prostitution légitimée renforce la hiérarchie des genres dans la conscience de la société dans son ensemble. Et participe grandement à la légitimation de la domination masculine et sa violence. Prétendre que la pénalisation rendra les clients encore plus dangereux qu'ils le sont aujourd'hui est quand même un raisonnement d'une grande perversité. D'abord parce que c'est la reconnaissance qu'ils sont violents et dangereux. Et dans le même temps l'affirmation que c'est une violence qu'il faut bien tolérer, admettre, et ne surtout pas réprimer. Autrement dit, on doit sévir contre les auteurs de violence conjugale, sexiste, sexuelle, sauf s'ils sont les clients d'une prostituée. On ne peut pas violenter une femme sans être puni, sauf si elle est une prostituée. On peut toujours compenser une violence sexuelle, un traumatisme sexuel par une compensation financière, modeste évidemment. Si une personne vous propose de lui faire du mal en la payant, vous en avez le droit... C'est cela, la lutte pour une société débarrassée de toute oppression de classe et de genre? C'est cela l'éducation donnée aux enfants? Parce que c'est aussi de cela qu'il s'agit.

Enfin, prétendre que l'on n'a pas manifesté pour protéger les clients de toute pénalisation ne me semble pas raisonnable. Cela me fait penser en effet au vote Chirac de 2002. Certes on a voté contre Le Pen... mais pour cela on a bel et bien appelé à voter Chirac, c'est un fait, le vote Chirac étant la seule façon de "battre Le Pen dans les urnes". Et c'est ce que tout le monde a vu. Aujourd'hui vous refusez la pénalisation et donc toute répression des clients. Certes, vous dites que c'est pour protéger les filles de ces salopards dont on sait tous ce qu'ils font et peuvent faire. Mais cela, c'est votre motivation exprimée, l'action, elle, c'est bel et bien de vous interposer entre les clients et la répression. Et cela a d'autres implications, comme ne pas définir explicitement la prostitution comme une violence faite aux femmes. Car sinon, vous ne pourriez refuser de punir les violenteurs. Et sur cet escamotage, vous pouvez ainsi vous allier au lobby proxénète. GM, tu peux me traiter de menteur, c'est ainsi que je vois les choses. Je dis cela non pour que tu cesses de dire que je mens, cela m'indiffère, mais pour montrer aux "copains", que je combats ce que je vois et comprends comme je le vois et le comprends, et que j'ai des raisons pour le voir et le comprendre ainsi.
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Message  sylvestre Dim 8 Déc - 10:52

Toussaint a écrit: Pas seulement en gardant la mémoire de Ulla et ses copines, cornaquées de très près par les proxos, de leur propre aveu, mais qui juraient leurs grands dieux qu'elles étaient libres comme le vent...
Au sujet d'Ulla : d'une part elle n'est pas la seule ex-prostituée de l'histoire du monde, beaucoup d'autres n'ont pas fait ce genre de déclarations. Mais surtout, tu passes sous silence d'autres choses pertinentes au débat qu'elle dit aujourd'hui...

Pourtant, elle espère toujours ce qu’elle réclamait hier : protection sociale et respect. "En 30 ans, rien n’a été fait, fulmine-t-elle. On revient à la case départ".

Faut-il, pour autant, légaliser ? Surtout pas, tranche-t-elle. Que faire, pénaliser le client ? "Cela va alimenter la clandestinité". Rouvrir les maisons closes ? "C’est le pire : de l’abattage en milieu fermé. Et ça entretient le proxénétisme". Le fléau, c’est le proxénète qui transforme la prostitution en esclavage : "qui nous maltraite comme du bétail", dit Ulla.
http://8mars.info/ulla
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Message  verié2 Dim 8 Déc - 11:18

Toussaint
en voyant les positions du NPA, on dirait qu'il vaut mieux laisser la Séléka massacrer que de soutenir une intervention française
C'est HS, mais on comprend en effet que Toussaint rejette Lénine... Toussaint prend pour argent comptant les discours impérialistes.  Au bon vieux temps des colonies, c'était plus simple évidemment : les colonialistes se vantaient d'agrandir leur empire et n'avançaient pas de prétextes humanitaires.
Si le texte de Lénine (sur la prostitution) peut s'analyser, c'est en tout cas certainement pas avec le moindre rapport avec le mouvement féministe actuel.
Lénine parle de "duchesses, de comtesses, d'évêques, de pasteurs, de rabbins, de fonctionnaires de la police et de philanthropes bourgeois de tout poil !"  Aujourd'hui les dames patronnesses sont un peu plus branchées, l'aristocratie est une espèce en voie de disparition, même si on trouve encore des duchesses parmi elles (genre Lady Di) et des curés et bonnes soeurs, comme ceux qui dirigent le Nid. Mais, bon, le "profil moyen" de ces bonnes âmes se rapproche plutôt de celui de ces féministes médiatiques et mondaines, genre Fourest et Belkacem, que tu exècres d'ordinaire quand elles prétendent dévoiler les femmes de force.

Mais une chose n'a pas changé : les moyens envisagés.
Lénine
Quels étaient donc les moyens de lutte réclamés par les délégués bourgeois au congrès, ces gens délicats ? Deux moyens avant tout : la religion et la police.
La morale laïco-républicaine bourgeoise s'est ajoutée à la religion, sans l'éliminer (voyez Le Nid - bis), mais c'est toujours sur la police qu'on compte pour faire le boulot sur le terrain.

Mais c'est sans doute un moindre mal aux yeux de Toussaint qui, tout comme il soutient l'armée impérialiste en Afrique, soutient maintenant la police dans l'hexagone...

Le monde a beaucoup changé depuis Lénine, certes. Mais, l'hypocrisie des classes dominantes n'a pas diminué d'un iota, même si son discours s'est adapté...

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Message  Achille Dim 8 Déc - 12:22

verié2 a écrit:La discussion gagne en effet à être plus posée et débarrassée des outrances, insultes, falsifications et réductions de positions...
Voyons voir

verié2 a écrit:
...mais on comprend en effet que Toussaint rejette Lénine... Toussaint prend pour argent comptant les discours impérialistes.  
... Aujourd'hui les dames patronnesses sont un peu plus branchées, l'aristocratie est une espèce en voie de disparition,  même si on trouve encore des duchesses parmi elles (genre Lady Di) et des curés et bonnes soeurs, comme ceux qui dirigent le Nid.
...La morale laïco-républicaine bourgeoise s'est ajoutée à la religion, sans l'éliminer (voyez Le Nid - bis), mais c'est toujours sur la police qu'on compte pour faire le boulot sur le terrain.
...Toussaint qui, tout comme il soutient l'armée impérialiste en Afrique, soutient maintenant la police dans l'hexagone...
Vérié2 après avoir posé une déclaration contre les outrances, insultes, falsifications... etc. se livre, comme à chaque fois qu'il intervient, à des outrances, insultes, falsifications.

Verié2 n'a sans doute pas fait grand chose pour lutter contre le lobby proxénète, pour aider les personnes prostituées, ... . Ce n'est pas un drame car on ne peut pas mener tous les combats à condition de ne pas considérer comme de la merde les combats dont on est absent : Il débinait et débine sur le NID (liens avec l'église, absence de prévention, aristocratisme..)alors qu'il en ignorait l'existence il y a quelques jours. Il  bavait sur la loi qu'il n'avait pas lu affirmant que le délit de raccolage passif était maintenu... Ses positions et méthodes sont répugnantes le rangent  aux côtés des militants prostitueurs ardents défenseur de lobby proxénète.

La lutte politique ne se mène pas uniquement devant un clavier à coups de citations de Lénine, mais principalement dans l'action. Dans notre cas elle se mène dans les bois, les rues des faubourgs, les camionnettes, les caves... pour aider les prostituées contre les réseaux et la traite.
Elle se mène au niveau juridique par l'abolition du délit de racolage et la pénalisation du client prostitueur.
Elle se mène dans le combat contre les organisations et militants prostitueurs (STRASS)...
Elle continuera pour obtenir une véritable protection des personnes prostituées (statut de réfugié et réunification familial pour les victimes de la traite, aide financière, logement, formation...etc.). Elle luttera contre la traite le proxénétisme (peine ouvrant droit à dédommagement, expropriation des biens...)... etc.
Des organisations mènent ce combat il faut les soutenir et convaincre, si il n'est pas trop tard, le npa de le rejoindre.

Achille

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Message  Rougevert Dim 8 Déc - 12:35

Toussaint a écrit:Si le texte de Lénine peut s'analyser, c'est en tout cas certainement pas avec le moindre rapport avec le mouvement féministe actuel. Lénine n'était pas féministe et il ne parle pas des féministes non plus. Faire le parallèle entre ce dont parle Lénine et ce qui se passe aujourd'hui relève de l'escroquerie intellectuelle. Mais c'est bel et bien le genre de pastiche des propos de Lénine pour essayer de l'utiliser contre le féminisme de la fin des années 60 (exactement ce que décrit Delphy dans l'Ennemi Principal) que l'on voit revenir ici parce qu'elles osent s'attaquer au droit du client à acheter du sexe. Ce n'est pas un hasard, et ce n'est donc pas étonnant. Décevant tout au plus, mais bon, aucune militant-e qui a participé à des débats sur la pénalisation des clients ou la pornographie ne sera surpris. Typique, classique, habituel... c'est la solidarité de genre, les mâles se rebiffent...
Ben non voyons.
Tout ce qu'a écrit Lénine concerne un passé, emporté avec lui, et qui ne perdure pas.
Je ne sais pas si Lénine était féministe, mais je sais qu'il était communiste et que la révolution d'octobre a donné aux femmes des droits nouveaux et importants.
Je n'ai pas trouvé de texte signés de Lénine, ni de Trotsky, qui permettraient de répondre à cette question.
Je voulais simplement faire remarquer que Vérié2 n'avait fait que reprendre les mots "outranciers" de l'article de Lénine
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Message  nestor Dim 8 Déc - 13:19

On se demande bien pourquoi on critique l'intervention en RCA. Vous avez pensé au nombre de gens qui mourront si la France n'y va pas? Cela vous fait rire, les menvussa, ou vous n'y avez pas pensé? Pourtant, en voyant les positions du NPA, on dirait qu'il vaut mieux laisser la Séléka massacrer que de soutenir une intervention française
Tu as tendance a  un       peu tout mélanger Toussaint  , non?

Par contre j'ai vu que tu t'attaquai  a la "pornographie" ,  c'est prévisible quand on enfourche un   dualisme a  la bouche  pleine  de  "valeurs morales"  et  qu'on veut les  imposer  aux autres  .

comme pour le "désir" ,   c'est le  flou total ( si on pose  cette notion objectivement c'est qu'on on est un "client ",   .......)

Alors Toussaint où commence la "pornographie" ?
(tiens  je me rappelle  d'avoir été puni  "pour introduction de revue pornographique " au collége,  .....C'était "harakiri" ! )


Morceaux  choisis de litterature vaticanesque  
http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/pccs/documents/rc_pc_pccs_doc_07051989_pornography_fr.html

Donc des   notions communes  avec les positions des dualistes    sur la prostitution  . La principale étant d'affirmer , comme  dans le texte du  FdesN  que tu  as mis en ligne,  que   l'on posséde   la Vérité en matiére de "valeurs morales" et par conséquent  le droit de punir autrui si elles ne sont  pas respectées..(c'est aussi  a partir de cette position de "Vérité  morale "  le droit que tu t'adjuges  de  stigmatiser  tes contradicteurs )  

C'est grave quand même  ........

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Message  verié2 Dim 8 Déc - 13:26

Une remarque. Valls, à l'unisson avec (une partie de ?) la police s'est dit plutôt hostile à la suppression du délit de racolage et à la pénalisation des clients. Les flics en général redoutent de perdre des moyens de trouver des indicateurs (trices) grâces aux chantages sur les femmes qui opèrent dans la rue et (une partie de ceux ?) des "moeurs" de perdre une source de profits grâce au racket - on sait qu'une partie de ces flics sont de mèche avec les souteneurs quand ils ne sont pas souteneurs eux-mêmes...

Comment vont-ils s'adapter à cette nouvelle situation ? Probablement en exerçant le chantage suivant sur les prostitué(e)s : "Si tu n'es pas gentille avec nous, on va embarquer tes clients. Si tu veux qu'on les laisse tranquilles, tu sais ce qu'il te reste à faire..."

Rien de nouveau donc sous le soleil : les clients seront "tolérés" à certaines conditions, comme les femmes qui racolaient l'étaient jusqu'alors... sous condition.
La

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Message  verié2 Dim 8 Déc - 13:46

Alors Toussaint où commence la "pornographie" ? a écrit:
Toussain met en effet un peu tout dans le même sac. Il n'en reste pas moins que la pornographie "industrielle" a des liens de cousinage avec la prostitution. Des personnes sont payées pour des actes sexuels non désirés. C'est un peu moins dégradant et moins dangereux que de tapiner dans la rue et d'avoir des relations sexuelles avec des inconnus, mais ça peut, dans une partie des cas, s'apparenter à la prostitution.

Ce qui est condamnable à mon avis, ce n'est pas d'éprouver du plaisir à visionner des images sexuelles, d'éprouver une excitation en "matant" des rapports sexuels etc, le voyeurisme consenti n'est pas un délit, mais ce sont les conditions dans lesquelles les films (peut-être pas systématiquement) ont été tournés, la façon dont sont traités les "acteurs/trices" de ces film. Sans compter celles et ceux qui doivent aussi se prostituer - j'imagine que ça existe.

Après, il y a en effet le problème des limites entre pornographie et érotisme - la pornographie étant souvent "l'érotisme des autres". Où commence donc la pornographie?
Dans les années soixante, Mme de Gaulle (surnommée Tante Yvonne), avait envoyé un courrier de protestation à l'ORTF parce qu'on voyait le dos nu de Thérèse Paquin dans un film passé à la TV...

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Message  Toussaint Dim 8 Déc - 13:51


Marie-Victoire Louis

À propos de la pornographie

"Cette violence dont nous ne voulons plus"


date de rédaction : 01/09/1986

Nous avons signalé dans notre bulletin précédant, deux ouvrages canadiens 1qui traitent tous les deux un sujet qui ne fait pas, en France, l'objet de grandes recherches : la pornographie. Pourquoi se risquer à parler ici de pornographie ? Ne nous détournerions-nous pas de notre sujet spécifique - les violences au travail - dont on finit tout de même par accepter de débattre sur la place publique ?

Il nous est apparu au contraire, qu'une association créée contre les violences au travail, et qui, en particulier, dénonce le "harcèlement sexuel", ne pouvait pas ne pas retrouver dans ces ouvrages ses préoccupations, ses interrogations, une grille de lecture d'une société dont il lui est si difficile de se faire entendre.

La pornographie, c'est un thème que nous n'abordons pas, en France, semble-il, sans mauvaise conscience ni sans crainte du ridicule.

Voilà ces femmes libérées qui protestent ! Elles censurent "l'érotisme", elles s'offensent pour des affiches et des publicités qui ne leur conviennent pas etc...

Au nom de cette liberté d'expression que nous revendiquons en même temps que le droit au plaisir, il convient d'abord que nous nous taisions. On n'en finit plus de savoir s'il faut interdire d'interdire ou interdire d'interdire d'interdire ; même si ce n'est pas sans malaise qu'on se laisse ainsi piéger, le résultat est qu'on se détourne d'une réalité qui impose un modèle social et sexuel auquel nous devrions nous conformer.

Cécile Coderre et Richard Poulain enseignent au Département de Sociologie de l'Université d'Ottawa, ils ont conduit une très importante recherche à laquelle ont participé des étudiant-es de l'Université et qu'ont soutenue de nombreuses féministes ainsi que des groupes divers parmi lesquels le "Comité masculin contre le Sexisme " (Outaowais)

Ce travail fournit un rigoureux état des lieux.
Il apporte une somme d'informations sur "cette facette de la réalité quotidienne... omniprésente, ramifiée et envahissante" et propose une étude des "significations" qui retient l'attention.

Le texte de Micheline Carrier est un témoignage, un cri du coeur qu'on ne peut plus cesser d'entendre : "Il m'a fallu quelque six mois pour me remettre des quatre ans consacrés à une recherche" sur le terrain" dans le domaine de la pornographie... Aujourd'hui qu'on me traite de moraliste, de puritaine, de mal baisée ou de je ne sais trop quoi quand je dénonce l'exploitation des femmes dans l'industrie pornographique, cela m'effleure à peine. J'ai compris à force de les entendre et de n'entendre que ces arguments, qu'ils servent de faux-fuyants à des gens en mal de justification. "

C'est un ouvrage violent, violence non seulement de ce qu'il dénonce et révèle, mais violence aussi de l'analyse qu'il en présente : angoissante mais cohérente dénonciation d'un "système" d'idées et de comportements, ce qui justifie le sous-titre : "La pornographie, base idéologique de l'oppression des femmes".

La pornographie c'est avant tout une industrie florissante et lucrative. "Il ressort qu'aux États-Unis en 1979-1980, les revenus de la pornographie se chiffraient à $ 4 milliards avec quelque $ 60 millions de profits nets soit 400 % de plus que l'année précédente" (Poulain/Coderre). "Commerce masculin, la pornographie vise essentiellement un marché masculin : les hommes représentent 80 % des consommateurs de femmes, 90 % des spectateurs de clubs de danseuses nues, 95 % des acheteurs de revues". (Poulain/Coderre).

Dans sa logique de marché, la pornographie ne peut pas se confiner à un espace réservé - comme on voudrait nous le faire croire - où personne ne serait après tout, obligé de s'aventurer. Elle franchit les murs grâce à l'infinie puissance de la technologie moderne : la distribution par câbles de programmes télévisés permet aussi de nouvelles emprises. Elle les franchit aussi sans notre consentement quand elle imprègne chaque jour plus sûrement les messages publicitaires, paroles et timbres de voix de la radio et de la télévision, images de la télévision et des publicités de journaux.
Il est difficile - impossible - de ne pas consommer la pornographie.

Quant à l'espace public - territoire, il est vrai que les femmes ont toujours eu à " revendiquer" -, il propose de façon toujours plus obsédante, à propos de tout et de n'importe quoi, cette image de "la femme" qui vient sans qu'on y prenne garde de la pornographie : corps et parties du corps, mais aussi, un certain type de rapports entre les hommes et les femmes ou des hommes avec des femmes, la femme et son mode d'emploi. (Cf., affiche RATP )

Ce qui s'organise ce n'est pas simplement une réponse plus sophistiquée et plus satisfaisante à une demande existante. Véritable et monstrueux lavage de cerveau, la production pornographique organise et " informe" la demande elle-même - effet d'une cause sans doute, mais cause à son tour d'effets que l'on peut repérer. "Elle est fantasme et industrie. Elle est pourrait-on dire, au carrefour du libidinal, du social, du politique et de l'économique. Elle procède de tous les champs, car elle est à la confluence du patriarcat et du capitalisme. La pornographie appartient à l'histoire contemporaine... ". (Poulain/Coderre)

Ceux - et celles - pour qui la pornographie, étant avant tout du libidinal, est uniquement affaire de liberté individuelle - ne veulent pas connaître et assurément ont intérêt à négliger cette face de la question : phénomène d'exploitation de femmes - et d'enfants - qui est d'ici et de maintenant, la pornographie, "... quelle que soit sa forme, constitue une marchandise et une marchandisation d'êtres humains réels ". (Poulain/Coderre)

Mais de quelle image des femmes la pornographie est-elle porteuse ? Êtres de chair, êtres "naturels", êtres inférieurs, si proches de l'animalité, les femmes n'existent que par le sexe et pour le sexe.

Ce sont des femmes qui ne s'appartiennent plus et qui doivent se donner toutes entières aux hommes. Elles donnent en parure leur intimité, leur pudeur; elles s'offrent, passives, toujours disponibles, disparaissant ainsi littéralement dans le besoin d'autrui. Corps réceptacle, cible a priori conquise, corps morcelé - alors que l'homme conserve son intégrité - corps battu, utilisé, manipulé, accessoire masculin. Corps sans vie, en attente exclusive du pénis, corps à dominer, à soumettre.
L'image des femmes est celle de jouisseuses, de débauchées et d'allumeuses.
L’un des thèmes dominants est le désir secret de la victime d'être subjuguée, forcée de se soumettre et pourquoi pas violée.
Femmes sans défense, intégrité, ni protection qui se livrent toutes entières à la puissance et à la domination masculine.
Femmes sans identité ni conscience propre, que pourraient-elles refuser ?
Ainsi, celles qui refusent ne veulent au fond qu'exciter un peu plus que les autres.

Le mépris, la domination, la faculté d'user d'un bien dont on dispose est donc au coeur de la "jouissance" pornographique. Alors pourra-t-on enfermer les femmes, toutes les femmes, dans un état permanent d'infériorité, de soumission, d'infantilisation.

Chosifiées, marchandisées, les femmes n'ont aucune sexualité propre : cette harmonisation fictive de leurs désirs et des désirs des hommes (présumés dans les deux cas) permet ainsi la perpétuation d'une domination masculine agressive et exclusive.

La pornographie est donc une exploitation d'une pseudo activité sexuelle de "la femme" qui procède - comme le singulier le révèle - de son appropriation privée et collective. À faible coût, tant monétaire que relationnel, mais non sans avantages !
Combien d'hommes prennent leur revanche sur la vie en se délectant de l'avilissement des femmes qu'ils ont souvent eux-mêmes contribué à provoquer !
Combien d'hommes, grâce à cette faculté qui leur est donnée ainsi de disposer symboliquement du corps des femmes croient pouvoir les posséder toutes ! Combien d'hommes ont besoin de cette image de "la femme" pour pouvoir se sentir supérieurs à toutes les femmes !

Mais cette appropriation bien sûr ne saurait être exclusivement symbolique et fantasmatique ; elle doit s'inscrire dans des rapports sociaux concrets. Là aussi nous sommes toutes atteintes et toutes concernées par l'image des femmes qui est donnée.
Entre le fantasme et la réalité le fossé, en outre, est tel qu'il ne peut souvent être comblé que par l'obscénité, le harcèlement sexuel et le viol.

Citons ainsi le film SNUFF (Poulain/Coderre, p. 70) où l'on assiste à une vraie mise à mort d'une femme après diverses mutilations, des écrans de flippers qui sanctionnent la victoire du joueur par le droit au viol.

Mais aussi les publicités qui affichent sur tous les murs des femmes enchaînées, offertes à la sodomisation, noires si possible.
Le Bureau de Vérification de la Publicité, si prompt à réagir - à juste titre - par rapport à la publicité Benetton suspecte d'antisémitisme, s'est-il insurgé contre la " femme, mode d'emploi" affichée sur tous les murs du métro.

Comment ensuite nous regarderont nos collègues hommes ?

La pornographie est avant tout l'expression d'un rapport de force, d'un abus de pouvoir et l'exaltation de la domination d'un être humain sur un autre. C'est pourquoi les "matériaux de base" sont surtout constitués de femmes et d'enfants. Et qu'il existe aussi une pornographie homosexuelle n'enlève rien à la validité du modèle.

La pornographie censure les effets douloureux de la violence; elle banalise le mépris des femmes et l'abus sexuel. En ne décrivant que des comportements dégradants et opprimants, on les légitime et donc on les encourage.

De plus, cette réification du corps des femmes s'accompagne d'une dévalorisation de son physique réel.La femme ne plaît que par son physique, mais celui-ci s'avère toujours défectueux (il suffit d'écouter certains commentaires masculins dans les bureaux des secrétaires les lundis matin sur les playmates de Cocoricocoboy du samedi soir).

Et c'est ainsi que tant de femmes ont honte de leur corps et se refusent le droit au plaisir. L'acte sexuel détaché de toute forme de tendresse n'est plus - au mieux ! - qu'une performance technique dont les femmes connaissent si bien le vide comme la fatuité - à moins de considérer l'amour comme un plaisir solitaire.

Ainsi la pornographie ne glorifie pas les femmes comme on veut nous le faire croire ; elle les marchandise et les méprise. Comme pour les marchés d'esclaves, chaque homme peut évaluer, choisir, acheter le corps pornographique qu'il veut. Celui-ci subit donc "une triple aliénation ; comme fantasme, il disparaît dans le besoin d'autrui ; comme corps, il fait office de statue articulée, à foutre ; comme personne enfin, il est totalement instrumentalisé". (Poulain/Coderre)

Que ce marché s'appuie sur une misère sexuelle et affective masculine réelle ne saurait occulter le prix que, nous, femmes, payons.

Il faut du courage pour révéler le fonctionnement de l'institution pornographique en dévoilant l'image de "la femme" qu'elle véhicule.
Car celle-ci conforte tous les modèles réactionnaires et tous les pouvoirs, et notamment le pouvoir masculin au travail.

On est ainsi conduit à s'interroger sur la nature de tant d'acquis des luttes féministes. Les femmes des sociétés industrielles démocratiques occidentales qui ne veulent pas passer pour des hystériques en continuant d'affirmer certaines revendications, et déclarant révolu le temps des luttes, s'accordent sans doute de grandes gratifications. Mais elles ne parlent ni au nom des femmes, pas plus qu'elles ne peuvent se prétendre féministes.

Il faut savoir aussi que bien des femmes d'autres cultures et certainement plus opprimées, qui aimeraient, elles aussi, " rompre leurs chaînes" ne trouvent pas forcément enthousiasmants les rapports hommes/femmes dans nos sociétés dites "libérées".
À voir plus sérieusement pourquoi nous n'offrons pas un modèle aussi convaincant que nous le pensions, nous gagnerions peut-être en efficacité comme en qualité d'être.

Si nous n'étions pas aussi persuadées de la perfection de nos acquis - qu'il ne s'agit pas ici de nier - nous crierions peut-être davantage avec les femmes d'Iran, d'Afrique du Sud ou d'ailleurs pour dire que le pouvoir que tant d'hommes s'arrogent encore sur tant de femmes est intolérable.

On voudrait que les enjeux politiques - qui de toute façon nous concernent toutes et tous - nous fassent taire ; il y a des catégories dont le sort est ainsi toujours remis " à demain".

Et c'est aussi au nom du respect dû aux autres cultures que nous devrions nous taire. Mais qui oserait émettre de telles exigences par rapport à Médecins sans frontières ou Amnesty International ? .

Il faudrait plutôt que les femmes d'ici se fassent aussi de la fragilité de leur statut une idée plus juste et qu'elles refusent plus avant de se laisser enfermer dans l'amalgame antisexisme = censure.
Toussaint
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Message  Toussaint Dim 8 Déc - 13:53


Marie-Victoire Louis
La porno est entrée dans les mœurs

date de rédaction : 17/01/2005



Ce texte ne peut être que difficile, voire impossible à lire. Je le comprends. J’aimerais simplement suggérer aux personnes qui ne pourront/voudront pas en supporter la lecture, qu’elles pensent peut-être un instant que des millions d’autres femmes - moins sensibles qu’elles ? - vivent dans leur chair tous les jours ce qui est écrit ici.


Ce texte a été rédigé à partir de notes prises pendant deux jours et demi - sans accès à aucun site payant, en tapant sur les rubriques : « sexe » et « pornographie » - sur les premiers sites pornographiques qui me sont tombés sous les yeux. Il s’agit donc d’une goutte d’eau - aléatoire - sur les milliers de sites pornos, accessibles, pour pas un sou, à n’importe qui est connecté.


Chaque ligne de ce texte est - de manière édulcorée - soit la retranscription, soit la description de ce que j’ai vu et lu sur ces sites : lorsqu’il s’agissait d’écrits, ils étaient toujours accompagnés de photos, extraites ou non de films ou de vidéos, représentant des femmes concrètes et des hommes concrets.


Il importe aussi de savoir que sur ces sites, les vidéos peuvent être proposées « par tonnes », les photos, « par milliers » ; les « filles », « par centaines » ou : « tous les jours renouvelées »2.


Au terme de ce travail, j’éprouve le besoin de clarifier pourquoi je l’ai écrit et ce que son écriture m’a apporté.


Ce texte trouve son origine et s’explique par plusieurs colères :


* La première fut provoquée par la lecture de l’article du Monde sus-cité, le 4 novembre 2004.


* La seconde le fut par la découverte de la loi du 18 mars 2003 « pour la Sécurité intérieure », qui modifie le droit pénal français et pose qu’il est désormais plus grave de violenter, violer, agresser une personne du fait de son ’orientation sexuelle’ que du fait de son ’sexe’ 3.


* La troisième, dans la suite de la précédente, trouve son expression dans le vote de la loi du 30 décembre 2004 « portant création de la haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité », qui, dans son titre III, intitulé : « Renforcement de la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste ou homophobe » :

- fait du discours de violence et de haine un sous-produit de « discriminations »

- traite à équivalence « le sexe » et « l’orientation sexuelle »

- ne concerne que la « provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes » et non pas l’expression même de cette violence et de cette haine

- ne fait aucun lien entre la « provocation à la haine ou à la violence » et la mise en oeuvre de cette haine et de cette violence.


* Ces colères ont encore été renforcées par la lecture de deux articles du « dossier Prostitution » constitué par Afrik.com : « Les nouvelles formes de pornographie africaine » 4et « Lolita : Son calvaire commence à Benin City »5 .


Que m’a apporté l’écriture de ce texte ?


Grâce à elle, j’ai mieux compris deux choses :

- Que ce que je décrivais ici s’inscrivait et dans une pensée - car c’en est bien une - du monde et concomitamment le construisait.

- Que l’abandon - revendiqué comme un titre de gloire et une preuve de progressisme, notamment par une fraction importante de la ’gauche’, - de toute référence aux « principes », aux « valeurs », à la « morale »,à l’ « éthique » était aussi un impératif imposé par la défense des intérêts du système proxénète et de la pornographie.


Que les Etats, les proxénètes, les institutions internationales, la presse se taisent sur la gravité de la pornographie, ne la critiquent que concernant ses supposés « excès », ne la dénoncent que si elle concerne les enfants, ne l’analysent qu’en termes de « vice », de « perversion », d’« obscénité », de « déviation », d’« indécence », de « moeurs » et, dorénavant, la légitiment, sans état d’âme, est compréhensible : ils défendent leurs intérêts. Mais je ne comprends toujours pas comment et pourquoi tant d’hommes et des femmes se targuent de défendre, de vanter le bien- fondé de cette abjection.


Quoi qu’il en soit, le monde aujourd’hui, le monde de demain est aussi celui qui est, ici, vanté, vécu, mis en oeuvre : le monde de « la porno ».


Tant qu’il sera légitime, tant qu’il sera légal, aucune lutte contre les propos et les actes violents n’aura de sens. M.-V. L.






Dans la pornographie


Les femmes avalent, les hommes décident
Les femmes ont mal, les hommes attaquent
Les femmes obéissent, les hommes recrutent
Les femmes trinquent, les hommes culbutent
Les femmes subissent, les hommes s’amusent
Les femmes attendent, les hommes choisissent
Les femmes gémissent, les hommes ordonnent
Les femmes étouffent, les hommes transpercent


Les femmes sont des trous, les hommes sont sans pitié
Les femmes ont tout de la salope, les hommes, des méga-bites
« La porno est entrée dans les mœurs »


Dans la pornographie


Les femmes sont soumises, les hommes sont les chefs
Les femmes se font mettre, les hommes se font plaisir
Les femmes sont foutues, les hommes y vont en force
Les femmes sont culbutées, les hommes sont bien servis
Les femmes sont très gentilles, les hommes sont honorés
Les femmes éveillent le mâle, les hommes en redemandent
Les femmes sont disponibles, les hommes doivent les mater
Les femmes sont toujours prêtes, les hommes toujours en rut


Les femmes sont des putains, les hommes, des saligauds
Les femmes ont des têtes de connes, les hommes ont des queues d’ânes
« La porno est entrée dans les mœurs »


Dans la pornographie


Les femmes acceptent tout, les hommes ont toujours plus
Les femmes doivent plaire, les hommes doivent les baiser
Les femmes doivent se coucher, les hommes, les bombarder
Les femmes donnent ce qu’elles ont, les hommes, leur dard à sucer
Les femmes sont prêtes à tout, les hommes, toujours prêts à l’attaque
Les femmes ont un corps de rêve, les hommes sont là pour être servis
Les femmes obéissent au regard, les hommes réalisent leurs fantasmes
Les femmes sont affamées de sexe, les hommes le leur donnent à bouffer


Les femmes sont des bonasses, les hommes, des brutes épaisses
Les femmes ont des vagins d’enfer, les hommes, des engins monstrueux
« La porno est entrée dans les mœurs »


Dans la pornographie


Les femmes sont des expertes, les hommes les auditionnent
Les femmes ignorent leur sort, les hommes décident de leur usage
Les femmes doivent être utiles, les hommes sont là pour les dresser
Les femmes font ce qu’elles ont à faire, les hommes ont à en décider
Les femmes se plient aux exigences, les hommes n’en ont jamais assez
Les femmes sont là pour eux, les hommes commandent tout ce qu’ils veulent
Les femmes doivent se montrer très gentilles, les hommes vont devoir les punir
Les femmes prennent une giclée, les hommes les prennent comme un pack de bière


Les femmes sont très dociles, les hommes, des pervers graves
Les femmes ont des grosses miches, les hommes, des matraques toujours dressées
« La porno est entrée dans les mœurs »


Dans la pornographie


Les femmes sont en manque, les hommes remplissent les trous
Les femmes vident les couilles, les hommes forcent les passages
Les femmes sont des garages à foutre, les hommes leur marchent dessus
Les femmes ont droit à être giflées, les hommes ne doivent rien à personne
Les femmes sont mises à quatre pattes, les hommes savent admirer le spectacle
Les femmes avalent ce qu’on leur donne, les hommes les souillent après usage
Les femmes sont traitées comme des bêtes, les hommes se font livrer des putes
Les femmes sentent le sexe, les hommes sentent tout de suite qu’elles aiment ça


Les femmes sont des fourre-tout, les hommes, des machines à baiser
Les femmes ont des langues de putes, les hommes, des gueules de vicieux
« La porno est entrée dans les mœurs »


Dans la pornographie


Les femmes se taisent, les hommes admirent leur harem
Les femmes ne discutent pas, les hommes hurlent pour être entendus
Les femmes pompent, avalent, en silence ; les hommes éjaculent sur elles
Les femmes n’ont rien à dire, les hommes n’ont qu’une parole : ’la ferme’
Les femmes sont des grandes filles, les hommes n’ont pas de compte à rendre
Les femmes lèchent sans broncher, les hommes aiment leur cracher à la gueule
Les femmes ne veulent pas se laisser faire, les hommes n’en ont vraiment rien à foutre
Les femmes ont des paroles de soumises, les hommes les traitent comme leurs esclaves


Les femmes sont des pouffiasses, les hommes, de vrais malades
Les femmes ont des têtes à claques, les hommes, du jus à revendre
« La porno est entrée dans les mœurs »


Dans la pornographie


Les femmes font tout pour du fric, les hommes n’ont peur de rien
Les femmes font des pipes à la chaîne, les hommes, collection d’anus éclatés
Les femmes sont fouillées à fond, les hommes se les échangent après services
Les femmes doivent sucer des pieux, les hommes leur enfoncent leurs engins
Les femmes sont des accros du sexe, les hommes toujours aptes à les satisfaire
Les femmes doivent être calmées après emploi, les hommes, les inonder de foutre
Les femmes avalent les sexes les plus gros, les hommes doivent leur boucher le nez
Les femmes sont prêtes à être défoncées, les hommes enfournent tout ce qu’ils trouvent


Les femmes sont des sales garces, les hommes, des gros cochons
Les femmes ont des gorges profondes, les hommes ont des marteaux piqueurs
« La porno est entrée dans les mœurs »


Dans la pornographie


Les femmes aiment la défonce, les hommes aiment leur faire mal
Les femmes se délectent de sperme, les hommes, de les voir avilies
Les femmes sont fières d’être déchirées, les hommes, de leur cheptel
Les femmes adorent être enfermées, les hommes, jouer les bourreaux
Les femmes séduisent tous les mecs, les hommes méprisent toutes les femmes
Les femmes aiment la brutalité, les hommes font tout ce qui leur passe par la tête
Les femmes raffolent des grosses bites, les hommes savent comment les contenter
Les femmes sont ravies qu’on leur crache dessus, les hommes satisfaits d’eux-mêmes


Les femmes sont des chiennes en chaleur, les hommes, des singes en rut
Les femmes ont des orifices, les hommes ont des fantasmes
« La porno est entrée dans les mœurs »


Dans la pornographie


Les femmes sont ravagées, les hommes rentrent partout
Les femmes bouffent de la merde, les hommes leur pissent dessus
Les femmes sont attachées, les hommes, libres de leurs mouvements
Les femmes sont torturées à sec, les hommes en terminent avec elles
Les femmes sont sans défense, les hommes n’en font qu’une bouchée
Les femmes découvrent leur douleur, les hommes font leur apprentissage
Les femmes ont des culs trop serrés, les hommes, des bâtons trop gros pour elles
Les femmes se tordent dans tous les sens, les hommes apprennent à serrer les liens


Les femmes sont des lécheuses d’anus, les hommes, des bouffeurs de cons
Les femmes ont des boules dans la gueule, les hommes, des instruments de tortures
« La porno est entrée dans les mœurs »


Dans la pornographie


Les femmes sont brûlées à la cire, les hommes les marquent au fer
Les femmes sont évanouies, les hommes continuent leurs ravages
Les femmes sont crucifiées, les hommes ont des désirs de meurtres
Les femmes hurlent de peur, les hommes se délectent de leur jouissance
Les femmes se tordent de douleur, les hommes savent bien les emballer
Les femmes ont les seins transpercés, les hommes enfoncent les aiguilles
Les femmes crient comme des folles, les hommes disent : ’on voit qu’elles aiment ça’
Les femmes sont des bombes, les hommes leur mettent des grenades dans leur vagin


Les femmes sont des déchets, les hommes, des psychopathes
Les femmes sont du sexe, les hommes sont le sexe
« La porno est entrée dans les mœurs »






Dans la pornographie


Les hommes ne perdent pas de temps en préliminaires, bousculent les femmes, histoire de les décider, les prennent, les agrippent, leur tirent les cheveux, les giflent, les frappent, les violent.


Les hommes baratinent, bâillonnent, n’entendent pas, ne répondent pas aux femmes, n’en ont rien à foutre de ce qu’elles pensent, disent, manifestent ou expriment.


Les hommes passent leur temps à leur mettre, leur enfoncer des sexes, des gods, toujours géants, monstrueux, dans tous les trous, toujours plus loin, toujours plus fort ; ils passent en force, martèlent, culbutent les femmes, rentrent partout où ils le peuvent, leur doigt, leur main dans le vagin, dans l’anus, à un, à deux et plus. Plus c’est violent, meilleur c’est.


Les hommes prennent, testent, inspectent, matent, vérifient, enfoncent, plantent, perforent, dilatent les femmes, seuls ou à plusieurs, ensemble, ou à tour de rôle. Plus ils sont nombreux à pénétrer une femme, plus celle-ci est satisfaite.


Les femmes sont clouées au sol, retenues par des chaînes, ont des harnais dans la bouche, sont coiffées de masques à gaz, ont des poids au bout des seins, des lèvres de leur sexe, sont flagellées, subissent toutes les ignominies.


Les femmes poussent des cris déchirants, crient, hurlent, gémissent de terreur, de douleur ou de plaisir, « Peu importe », là n’est pas le problème :« Elles adorent ça, les salopes », « C’est bon pour elles ».


Dans la pornographie


Les hommes attaquent, attachent, bombardent, défoncent, démolissent, détruisent, dressent, éclatent, endommagent, étouffent, explosent, humilient, noient, transpercent, ravagent, souillent les femmes. Jusqu’à ce qu’elles n’en puissent plus. Jusqu’à ce qu’elles soient finies.


Dans la pornographie


Les femmes sont achevées, détruites, massacrées, torturées, assassinées. Les hommes achèvent, détruisent, massacrent, torturent, assassinent les femmes.


Les hommes font faire par d’autres femmes ce qu’ils ne peuvent, ne veulent, n’osent pas faire eux-mêmes.


Dans la pornographie, l’amour, la bonté, la compassion, la culture, l’empathie, la grandeur, la pitié, la pudeur, le respect, la sensibilité, le sentiment, la tendresse, le scrupule n’existent pas.


Il n’y a ni conscience, ni esprit, ni libération, ni loi, ni morale, ni pensée, ni raison.


La pornographie, c’est la barbarie, la bestialité, la brutalité, la cruauté, la force, la grossièreté, la lâcheté, le mépris, la peur, le sadisme, la torture, la violence, la veulerie.


C’est l’expression, le sentiment, la jouissance, la réalité, la mise en œuvre du pouvoir. À la portée de tous. Ouvert aux femmes. Démocratisé.


Dans la pornographie, tout est permis.


La pornographie, c’est le droit du plus fort, c’est la domination du pénis fait arme, c’est la haine, c’est la guerre, c’est la mort 6.
Mises sur le marché.
« Entrées dans les mœurs ».

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Notes de bas de page



1 Cette phrase est le titre d’un article du "Monde" du 4 novembre 2004. Il est inséré dans la page Médias consacrée aux vingt ans de Canal Plus. Présenté sans guillemets ni sous titre, il confère à cette affirmation - reprise d’une citation de Brigitte Lahaie, « ex-star du porno, animatrice sur RMC-Info » reproduite dans le texte lui même - un statut de tranquille évidence.

2 Je me suis exclusivement centrée ici sur les relations entre hommes et femmes. Je n’ai donc traité dans ce texte ni de la pornographie homosexuelle, ni de celle concernant les enfants - sachant que la frontière entre la porno dite adulte et celle qui concerne les enfants est quasi impossible à établir - ni du racisme constitutif de la porno.


3 Cf. Marilyn Baldeck, Catherine Le Magueresse, Marie-Victoire Louis, « Le projet de loi du gouvernement Raffarin ’relatif à la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste et homophobe’ est indéfendable » sur les sites de l’AVFT, des Pénelopes, de Sisyphe, de Marie-Victoire Louis.

4 Texte de Arnold Sènou.

5 Propos recueillis par Amely-James Koh Bela, auteure de « La prostitution africaine en Occident ».


6 La première page d’un des sites montre trois photos de jeunes filles, l’une a un revolver dans la bouche, l’autre, un sur la nuque, la troisième en a un sur la tempe, et ce, accompagné de photos de viols et de jeunes filles terrorisées, en pleurs.
Toussaint
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Message  verié2 Dim 8 Déc - 13:53

Achille
Des organisations mènent ce combat il faut les soutenir et convaincre, si il n'est pas trop tard, le npa de le rejoindre.
Et si tu commençais par convaincre ton propre parti, le Front de Gauche, de lutter de façon conséquente contre le capitalisme, pour les droits des femmes et en particulier des femmes travailleuses, au lieu de remuer du vent et de s'enfoncer dans les combines électoralistes ?

verié2

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Message  Toussaint Dim 8 Déc - 13:56


mardi 17 avril 2012

Le véritable danger du proxénétisme tient à la légitimité qu’il a acquise

par Rebecca Mott, survivante et écrivaine



Je suis une écrivaine britannique, survivante d’abus sexuels dans l’enfance et de la prostitution. Une partie de la maltraitance que m’a infligée mon beau-père durant mon enfance a été la violence psychologique de me faire regarder de la pornographie hyperviolente. Combinées à la violence sexuelle qu’il m’infligeait, ces images me faisaient ressentir que je n’avais d’autre valeur que celle de servir d’objet sexuel à un homme et que le sexe était toujours associé à la violence et à la douleur. À 14 ans, je suis tombée dans la prostitution et elle était extrêmement sadique. Je ne m’en suis pas détournée pas car j’éprouvais trop de haine de moi-même pour y reconnaître de la violence et du viol - j’avais l’impression que c’était tout ce que je méritais. J’ai fait de la prostitution entre l’âge de 14 ans à 27 ans et, la majorité du temps, les hommes qui m’achetaient tenaient à m’infliger des rapports sexuels très sadiques. Je me suis habituée à des viols collectifs, du sexe oral et anal violent, et au fait de devoir jouer des scènes de porno dure - cela devint mon existence. J’ai failli être tuée à plusieurs reprises, et fait beaucoup de tentatives de suicide, mais j’ai survécu. Quand j’ai réussi à quitter le milieu, j’ai effacé durant 10 ans la plupart de mes expériences. Ce n’est qu’après avoir dépassé le souvenir des violences de mon beau-père que j’ai trouvé l’espace mental pour me souvenir. Se souvenir de la prostitution est terrible, et je souffre d’un lourd syndrome de stress post-traumatique (SSPT). J’ai créé mon blog pour explorer mon SSPT à titre de survivante à la prostitution, pour réclamer l’abolition du commerce du sexe et pour faire état des conditions terribles de la prostitution vécue à l’intérieur. J’essaie d’écrire de la prose poétique, mais je crois que mon travail est de nature politique.


Je me rends compte que rédiger ce blogue me fait peur.

Je me rends compte que le processus d’écrire amène mon organisme à se remémorer tous les actes de torture que les prostitueurs y ont inscrits.

Je me rends compte que je suis malade, alors que mon organisme ne présente aucun problème.

J’ai lu que la féministe Andrea Dworkin savait que l’écriture qui rend compte de la vérité est l’expérience la plus douloureuse que peut s’infliger une femme.

Je sais aussi, dans chaque cellule de mon corps, que de ne pas écrire me renverrait à l’expérience morbide d’avoir été prostituée.

Écrire pour rendre compte de la vérité n’est pas seulement mon travail, c’est une mission pour moi.

Je trouve sur Internet des chansons de Dusty Springfield – une musique que je connais par cœur – et je trouve l’énergie de parler du blocage de mes vérités.

Je le fais avec gratitude et émerveillement pour la fidélité et la générosité de toutes celles et ceux qui lisent ce blogue. Vous êtes trop nombreuses et nombreux pour que je puisse vous nommer, mais sachez que je vous porte dans mon cœur alors même que je vis autant de peur, de douleur et de chagrin.

Les attaques du lobby pro-prostitution

J’ai été renversée par le caractère insensible et implacable des attaques venues du lobby pro-prostitution.

Oui, j’en sortirai plus forte et je vais montrer qui sont réellement ces personnes.

Je dirai haut et fort – et d’une voix claire – que les personnes qui attaquent les survivantes du commerce du sexe sont des proxénètes, des prostitueurs et tous ceux et celles qui bénéficient du statu quo de l’industrie du sexe.

Arrêtez de penser qu’il s’agit simplement de « trolls » du Web, de simples individus qui s’ennuient – regardez clairement comment sont attaquées les femmes sorties de l’industrie.

Quand nous osons prendre la parole à plusieurs, si nous donnons même l’apparence d’avoir certains liens entre nous, le lobby du commerce du sexe s’abat sur nous comme une tonne de briques.

Regardez comment leurs arguments et leurs points de vue sont toujours les mêmes, comme si elles n’étaient que quelques personnes à les écrire, ou comme si elles s’en tenaient à un scénario pré-planifié.

Voyez comment leur lobbying est implacable, comme s’il était financé par, oh ! disons le commerce du sexe avec ses masses d’argent comptant, comme si ce commerce avait de quoi payer des gens pour repérer sur Internet tout ce que peuvent dire des femmes sorties de leurs filets, si légers que soient leurs propos.

Regardez comment leur langage est toujours cruel et insensible, comme si leurs propos pouvaient avoir été écrits par des proxénètes ou des prostitueurs.

Puis, dites-moi après un tel examen qu’il ne s’agit pas d’une attaque pré-planifiée, visant à faire taire l’ensemble des femmes ayant échappé au milieu.

Dites-moi que vous ne seriez pas effrayée ou ébranlée si vous étiez dans la peau d’une femme sortie de l’industrie.

Rappelez-vous que pour nous, il ne s’agit pas seulement de mots sur un écran.

Nous avons été frappées dans des chambres, dans la rue… des prostitueurs nous ont attaquées verbalement jusqu’à nous rendre incapables d’entendre leurs paroles plus longtemps.

Nous savons que lorsque les prostitueurs nous infligent de la violence affective, ils sont prêts à aller jusqu’à nous violer et à nous battre, ils peuvent impunément nous laisser à demi-mortes s’ils en ont envie.

Nous ne pouvons pas toujours rire des propos de ces prostitueurs parce que nos corps et nos esprits ont connu leur haine et leur violence.

Qui sont les proxénètes ?

Nous savons qui sont les proxénètes et ce qu’ils font.

Ils et elles peuvent bien emprunter l’étiquette qui leur convient : hommes d’affaires, gestionnaires d’escortes indépendantes, pourvoyeuses de sexe tantrique, chauffeurs, gardes du corps, amis des travailleuses du sexe, tenancières, ou toute autre appellation pour cacher le mot de « proxénète ».

Mais nous reconnaissons les proxénètes à leurs paroles, à leur manque de compassion, à leur désir de contrôler et de toujours avoir le dernier mot, à leur désir de semer la confusion chez nous et chez les personnes qui nous croient.

Nous savons que les proxénètes sont furieux face à toutes les femmes sorties du milieu : ils ne tolèrent pas notre initiative de dévoiler leur haine et leur violence, de montrer leur manipulation des faits et leurs mensonges.

Nous avons toutes les raisons de craindre les proxénètes sous toutes leurs formes – nous allons les combattre, mais un réel soutien nous serait bien utile.

Nous avons besoin que des femmes qui n’ont pas été prostituées, mais qui soutiennent l’abolition, comprennent qui sont les proxénètes et quelle est leur pratique.

Il ne s’agit pas des quelques hommes que l’on peut voir dans les rues avec leurs “filles”, affichant des costumes des années 1970, même si certains d’entre eux peuvent être des proxénètes.

Ce ne sont pas les clichés de bande dessinée repris dans certaines vidéos de musique pop, même si certains d’entre eux peuvent en être.

Non, le véritable danger du proxénétisme tient à sa faculté à se rendre invisible et à la légitimité qu’il a acquise.

Bon nombre d’entre eux sont des hommes d’affaires bien mis, installés derrière des bureaux et qui accumulent avec détachement l’argent issu de la destruction de femmes et de filles prostituées. Ces souteneurs ne se salissent pas les mains, ils veulent être considérés comme des gens d’affaires ordinaires, plus moraux qu’un banquier, par exemple.

Des femmes proxénètes

Les proxénètes peuvent également être des femmes qui vont jouer sur la culpabilité ou la confusion de la gauche et de certaines féministes en disant qu’elles ne sont qu’une escorte, en se présentant comme une “happy hooker”, une simple prostituée ordinaire.

Mais regardez-y de plus près et vous constaterez qu’elles gèrent peut-être un bordel ou contrôlent une entreprise d’escortes – ces femmes font partie de la classe des gestionnaires. Ce sont des proxénètes.

Parce qu’elles parlent la langue du proxénète.

Elles parlent aux femmes échappées de l’industrie comme s’il s’agissait de biens qui doivent être contrôlés.

Elles tentent de semer la confusion dans nos esprits, en disant que nous devons être dérangées ou malades mentales. Elles prétendent que nous avons simplement été malchanceuses et rejettent comme mensonges toutes nos paroles.

Fouillez un peu leur discours et vous découvrirez à quel point elles se contredisent rapidement.

Par exemple, ces personnes disent à quel point travailler pour elles serait sécuritaire, elles disent du bien des prostitueurs et minimisent l’importance du mieux-être des personnes prostituées. Elles diffusent de la camelote ésotérique sur la prostitution, comme activités de déesses et autres âneries pseudo-spirituelles, elles présentent sans la moindre preuve le passé sous un jour romantique et elles reviennent sans cesse au mythe de la “happy hooker”.

Fouillez un peu et vous découvrirez que leur cœur est fait de glace.

Elles et ils rejettent complètement les femmes sorties du milieu, les qualifiant de folles, de vicieuses, de menteuses, et les disant pleines de haine à l’égard des véritables prostituées.

Si vous choisissez de croire ces proxénètes, vous trahissez profondément l’ensemble des personnes prostituées.

C’est dans ces moments-là qu’il me devient si difficile d’écrire. Je me heurte à un bloc, le bloc du désespoir à voir encore une fois la classe prostituée abandonnée, et nous à nouveau forcées de lutter seules pour nos droits humains fondamentaux.

Je sais bien sûr – et j’en suis fière – que quelques femmes et hommes non prostitué-es comprennent la situation et se battent à nos côtés pour une vraie justice et pour l’abolition.

Réagir à la propagande haineuse du lobby de la prostitution

Mais nombreux sont ceux qui semblent comprendre, mais qui font très peu en pratique pour aider les personnes prostituées à résister à la propagande haineuse que diffuse constamment le lobby de la prostitution.

Ce discours de l’industrie s’affiche partout sur Facebook, ainsi que dans les commentaires apposés aux blogues de femmes sorties du milieu ; il est partout où ces femmes osent rendre compte de la vérité.

Contestez-vous ce discours haineux comme vous le feriez pour des commentaires racistes ou anti-gay, ou face à tout autre commentaire célébrant la violence à l’égard des femmes et des filles ? Ou est-ce que vous les laissez simplement passer, parce que vous avez décidé que les personnes prostituées ne sont pas blessées ou brisées par pareille haine, parce que nous sommes trop sous-humaines à vos yeux pour avoir des émotions humaines ordinaires ?

Me trouvez-vous trop sévère ? Eh bien, il se peut que, d’avoir aussi longtemps attendu que la gauche et la majorité du féminisme reconnaissent réellement qu’il s’agit là d’un discours de haine et d’attaques organisées par l’industrie du sexe, m’ait amenée à cesser d’être toujours gentille envers celles et ceux qui ne font rien d’autre que me dire « Oh que ce doit être pénible pour vous… ».

J’en deviens malade de toujours demeurer gentille, alors que mes sœurs et mes compagnes bien-aimées se font lentement réduire en poussière.

Le moins que vous puissiez faire est de remettre en cause le langage des proxénètes et des prostitueurs quand vous le croisez, que ce soit dans l’ordinateur que vous utilisez, dans les médias que vous consommez, dans les divertissements que vous achetez, ou dans la bouche des personnes dont vous pensiez que c’étaient vos proches.

Oui, c’est un processus pénible et il va déclencher beaucoup d’émotions en vous.

Mais vous n’êtes pas la personne à qui un proxénète ou un prostitueur va nier son humanité. Vous n’avez pas été violée, battue et forcée de vivre en présence de la mort comme l’a été une femme qui s’est arrachée à la prostitution.

Je vous en conjure, si vous croyez vraiment à l’abolition, tenez tête au lobby de l’industrie du sexe et à sa propagande haineuse.

Cela contribue à lever mon blocage.

- Version originale : « Why I Am Finding I Have Hit A Block »

Traduction : Martin Dufresne
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Message  Toussaint Dim 8 Déc - 13:58

jeudi 17 novembre 2011

Pornographie – La toile blanche

par Rebecca Mott, survivante et écrivaine



La violence que la pornographie inflige à des femmes et des jeunes filles réelles n’a rien de nouveau.

Il serait facile de croire que ce n’est que depuis l’invention de la caméra que des femmes et des jeunes filles réelles sont violentées dans la pornographie. Il serait facile de croire que la violence pornographique extrême n’existe que depuis l’invention du cinéma et d’Internet.

Ce n’est pas vrai : la violence infligée à des femmes et à des filles réelles par la porno est aussi ancienne que le premier dessin ou texte dépeignant la violence sexuelle sadique faite aux femmes et aux jeunes filles.

Ce n’est pas une nouvelle forme de violence ; c’est simplement que la violence de la pornographie a été et demeure principalement infligée à la classe prostituée, c’est-à-dire tenue à l’abri des regards.

Pour la classe prostituée, la porno ne consiste pas en idées ou en fantasmes mais en objets enfoncés de force en elles.

La porno est perçue comme inoffensive longtemps après la mort de toutes les femmes et jeunes filles qu’elle dépeint comme des prostituées.

Leurs voix sont réduites au silence, leurs souvenirs personnels sont éliminés.

Quand nous traitons la pornographie comme de l’art « haut de gamme » ou des artefacts historiques, ces femmes et ces jeunes filles prostituées deviennent des fantômes hurlants.

Regardez l’accumulation incessante de livres et de reportages photo sur les bordels romains. Voyez les scènes de violence sexuelle peintes sur les murs. Cela doit être de l’art, ça ne peut être réel…

Regardez les photos glamour de courtisanes de grande classe dans l’art occidental – on n’y trouve aucune suggestion qu’il s’agit de femmes jetables, désirées seulement le temps qu’elles peuvent être un objet sexuel.

Lisez les romans masculins qui présentent interminablement la vie de prostituée comme une affirmation de la vie et qui inventent le mythe de la « happy hooker ».

L’art cache la violence, l’art cache le désespoir total, l’art ment à propos de la classe prostituée.

Mais beaucoup d’œuvres d’art reconnaissent avec une clarté brutale que la classe des « putains » est ramenée à rien d’autre que des trous destinés aux fantasmes porno des hommes.

L’art grec et romain dépeignait constamment des images de ce qu’on appelle aujourd’hui la porno hardcore ou gonzo.

La double pénétration, la fellation profonde, l’enculage au poing, etc. ne sont pas des pratiques nouvelles ; elles n’ont jamais été nouvelles.

La porno est répétitive et, quand on est celle qui la reçoit, la porno est très lassante à cause de sa répétition.

Il n’existe qu’une quantité limitée de choses que l’on peut faire au corps d’une femme, et la porno a sans doute atteint cette limite il y a des siècles.

La seule chose qui change est ce qui est enfoncé dans le corps et la technologie utilisée pour produire la porno et l’envoyer aux consommateurs.

Mais la violence intrinsèque à la porno a toujours été extrême et a toujours menacé la vie des femmes et des jeunes filles maintenues à l’intérieur de la classe prostituée.

La porno a toujours empli de violence les corps et les esprits de la classe prostituée, parce que c’est la façon de prouver que ce ne sont pas de « vraies » femmes, parce que c’est leur « métier » d’éponger toute cette haine et cette violence.

La porno a toujours été violente à l’égard de la classe prostituée et elle a été banalisée parce que la plupart des cultures et des sociétés disent qu’il est naturel pour les hommes d’avoir des fantasmes porno, qu’il est naturel de prendre ensuite ce fantasme et d’en empoisonner la classe prostituée.

Qu’importe après tout, il s’agit simplement de femmes et de jeunes filles jetables.

Eh bien, si vous croyez ces excuses insensées et destructrices pour les femmes, vous devriez imaginer ce que c’est que d’être cette prostituée, à n’importe quelle époque et dans n’importe quel lieu.

Soyez cette femme, puisque ce que voit le prostitueur n’est pas vous mais une série d’orifices où se soulager des contenus pornographiques qu’il a gravés dans le cerveau.

Dites-moi que vous ne ressentez pas de frayeur, que vous ne ressentez pas de dégoût, et dites-moi que vous ne mourrez pas intérieurement.

Depuis qu’elle existe, la porno enseigne aux hommes qui l’achètent que la classe prostituée ne ressent pas de douleur, pas de véritable terreur, qu’elle aime les « jeux » de vie et de mort, qu’elle adore le sexe sadique, qu’elle adore la violence psychologique, et qu’il n’y a pas de racisme dans ce qu’elle vit.

La porno fait disparaître toute la haine, parce que la classe prostituée n’en a aucun souci, n’est-ce pas ?

Alors, soyez la prostituée qui est très probablement la cible de ce sexe alimenté par la porno.

Vous allez sourire et simuler le bonheur, vous allez flatter son ego, vous allez pousser tous les gémissements porno dont vous arriverez à vous souvenir… tout en cherchant constamment à vous rappeler comment rester en vie.

C’est la norme de la porno actualisée dans le corps de femmes et de jeunes filles véritables, mais rendue invisible parce qu’il s’agit « seulement » de femmes et de filles prostituées.

J’écris cela non seulement pour aujourd’hui, non seulement à cause de ma douleur et de mon chagrin personnels. Je l’écris pour les millions de femmes et de jeunes filles prostituées au fil des siècles, dans la plupart des pays, des femmes et des filles qui ont été réduites au rang de marchandises pornographiques.

J’écris pour dire que toutes ces femmes et ces filles ont vécu à l’intérieur de la torture, ont vécu une vie où l’espoir a été volé.

L’histoire humaine est entachée par le cri silencieux de leur destruction. La pornographie a assassiné leur avenir.

- Version originale : « Blank Canvass ».

Traduction : Martin Dufresne
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Message  Toussaint Dim 8 Déc - 14:18

Je n'ai pas trouvé de texte signés de Lénine, ni de Trotsky, qui permettraient de répondre à cette question.
La Révolution Trahie

Les mêmes entrefilets occasionnels des journaux, joints à la chronique judiciaire, apprennent au lecteur que la prostitution, dernière dégradation de la femme au profit de l'homme capable de payer, sévit en U.R.S.S. L'automne dernier, les Izvestia publièrent tout à coup que "près de mille femmes se livrant dans les rues de Moscou au commerce secret de leur chair" venaient d'être arrêtées. Parmi elles: cent soixante-dix-sept ouvrières, quatre-vingt douze employées, cinq étudiantes, etc. Qu'est-ce qui les avait jetées sur le trottoir? L'insuffisance du salaire, le besoin, la nécessité "de se procurer quelque supplément pour s'acheter des chaussures, une robe". Nous avons vainement essayé de connaître, ne fût-ce qu'approximativement, les proportions de ce mal social. La pudique bureaucratie soviétique prescrit le silence à la statistique. Mais ce silence contraint suffit à attester que la "classe" des prostituées soviétiques est nombreuse. Et il ne peut pas être question ici d'une survivance du passé puisque les prostituées se recrutent parmi les jeunes femmes. Personne ne songera à faire particulièrement grief au régime soviétique de cette plaie aussi vieille que la civilisation. Mais il est impardonnable de parler du triomphe du socialisme tant que subsiste la prostitution.
Les journaux affirment, dans la mesure où il leur est permis de toucher à ce sujet délicat, que la prostitution est en décroissance; il est possible que ce soit vrai en comparaison avec les années de famine et de désorganisation (1931-33). Mais le retour aux relations fondées sur l'argent entraîne inévitablement une nouvelle augmentation de la prostitution et de l'enfance abandonnée. Où il y a des privilégiés, il y à aussi des parias!

La prostitution n'est humiliante et pénible que dans les bas-fonds de la société soviétique; aux sommets de cette société, où le pouvoir s'unit au confort, elle revêt la forme élégante de menus services réciproques et même l'aspect de la "famille socialiste". Sosnovski nous a déjà fait connaître l'importance du facteur "auto-harem" dans la dégénérescence des dirigeants.

Le socialisme, s'il mérite son nom, signifie entre les hommes des rapports désintéressés, une amitié sans envie ni intrigue, l'amour sans calcul avilissant.

Les nouveaux groupements sociaux se subordonnent automatiquement le domaine des rapports personnels. Les vices engendrés par le pouvoir et l'argent autour des relations sexuelles fleurissent dans la bureaucratie soviétique comme si elle se donnait pour but à cet égard de rattraper la bourgeoisie d'Occident.

Les "vices"... Very Happy Boufre! Quel moraliste petit-bourgeois... Very Happy 
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Message  Toussaint Dim 8 Déc - 14:40

Toujours bien dans mon style de lélanger un peu tout, Very Happy , une dernière citation de Rebecca Mott. Je ne connaissais pas cette auteure, ses textes sont assez récents... et contrairement à beaucoup d'hommes ici, elle sait ce dont elle parle d'expérience. Et elle n'est pas une cliente de la prostitution, ni de la pornographie, ni leur avocate. Comme Andrea Dworkin, elle est une survivante. Quant au traducteur, Martin Dufresne, il déclare publiquement avoir été client de la pornographie et (je crois, cette fois, mais n'en suis pas certain), de la prostitution. C'est un militant pro-féministe (hélas, il n'a pas le culot de se dire féministe, lui, et encore moins de mépriser les féministes dans le même temps...)

Quant à faire de la Fourest le modèle des féministes abolitionnistes, il fallait oser, vérié l'a fait, illustrant bien le thème "calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose", comme pour le Nid... Il me semblait avoir cité des assos précises, des coalitions regroupant parfois presque la totalité des organisations syndicales, des féministes comme MV Louis, Christine Delphy (pas très Fourest, la Christine Very Happy ), des textes cosignés par Maya Surduts, mais voilà qu'on parle sans précision pour s'opposer à elles de "comtesses" et "dames patronnesses", ce qui est particulièrement risible concernant MV Louis, et en prétendant s'appuyer sur Lénine, qui, désolé, n'était pas du tout féministe politiquement, et ses textes avec Kollontaï le démontrent amplement. Lénine, n'en déplaise aux embaumeurs, et Trotsky, étaient aussi des hommes de leur temps. Et l'anachronisme n'est pas ma tasse de thé. Qu'ils aient eu par ailleurs des posititons remarquables, etc... qui en doute? que la Révolution d'Octobre ait fait avancer la condition féminine, qui en doute? Ce sont là des diversions, des hors sujet pour camoufler la défense des clients explicite de nestor, qui parle et pense comme un clientet celle de vérié tout à ses campagnes de ragots et de calomnies anti-féministes et pro-lobby proxénète.

Allez, un petit texte simplificateur pour les vérié et moralisateur poour le client nestor. Simplificateur, mélangeant tout, excessif, violent, déconsidérant pour son auteure et moi, et Dufresne évidemment...
Comment elle dit? Soyez maudits? Ttttt, encore une chrétienne, donc nestor va sauter de joie et nous opposer sa morale d'athée. Bon, je suis Toussaint, après tout, et je m'associe pleinement: soyez maudits en effet. Very Happy 

lundi 20 juin 2011

La porno m’a façonnée

par Rebecca Mott, survivante et écrivaine  

Je vais écrire à partir de mes tripes, de mon état de tumulte, je vais écrire la façon dont le porno est en moi, même alors que je passe ma vie à tenter de chasser tout le poison que la pornographie m’a forcée à assimiler.

Je dis qu’elle m’a imposé des balises : je le dis parce que si mon corps était étendu, chaque centimètre carré de mon être fourmillerait d’une pornographie qui me répugne.

La porno m’a façonnée, la porno m’a dépouillée de mon identité, la porno m’a déchirée, la pornographie est un endroit dont je me suis échappée de peine et de misère. Et aujourd’hui où je suis dans le monde extérieur à la porno, partout, je vois celle-ci célébrée, normalisée, j’entends partout qu’elle est amusante et ne cause de dommage à personne.

Je suis la preuve vivante de ce dommage, moi et des milliers d’autres femmes qui avons eu la chance de nous en sortir, et qui avons la force de parler.

Oui, nous en parlons, mais le vacarme des supporters de la porno enterre nos voix.


Nous parlons fort et d’une voix claire et cohérente, mais l’industrie du sexe et ses partisans font un véritable ouragan de leur propagande voulant que la porno soit amusante, sécuritaire, payante, librement choisie et contrôlée par les femmes, et cet ouragan balaie et disperse nos paroles.

Mais même si l’on nous censure constamment, nous ne nous tairons pas.

Nous ne pouvons pas être en repos, sachant que chaque minute de chaque jour un consommateur quelque part regarde des tortures sexuelles véritables, des blessures et de la douleur véritables, des viols véritables, des raclées véritables et de véritables « jeux » qui laissent des femmes entre la vie et la mort.

Nous ne pouvons pas être en repos quand notre corps hurle qu’il ne s’agit pas d’un fantasme ou d’actrices qui jouent, que ces femmes ne sont pas en plastique, mais qu’il s’agit de regarder une femme être brutalisée sexuellement comme divertissement ou pour se payer un orgasme.

Chaque fois qu’un consommateur a recours à de la porno ordinaire, il ou elle fait partie d’un marché qui tire d’énormes profits de la torture sexuelle. Même si ce matériel vous semble non violent, il fait habituellement partie d’une industrie qui détruit des femmes quotidiennement.

Je n’en peux plus d’entendre des adultes me servir des excuses pour la consommation de porno – aucun-e d’entre vous n’a le courage de dire la vérité : que vous vous en foutez parce que vous en faites des fantasmes et vous imaginez que ces femmes ne sont pas réelles, alors, hop ! presto, il n’y a aucun dommage.

Eh bien, je connais une foule de témoignages, d’essais, de poèmes, de discours et d’autres comptes rendus écrits par des femmes courageuses qui sont sorties du monde de la porno et qui vous apprendraient que ce n’était pas du fantasme pour elles.

Mais leurs voix ont été réduites au silence et rendues presque invisibles.


Ce que je vais écrire au sujet de mon expérience, je ne l’écris qu’à cause de son caractère commun aux survivantes. J’écris à nouveau ce qu’ont dit d’autres femmes sorties du milieu, j’écris dans l’espoir qu’à un moment donné, nos voix seront découvertes et placées à l’avant-plan chaque fois que l’on discutera de la porno.

Et non seulement traitées comme un post-scriptum.

On m’a montré de la porno dure alors que j’étais encore très jeune.

Le fait d’être placée dans un environnement pornographique, alors que j’étais trop jeune pour raisonner ou pour la resituer dans un contexte adulte, m’a fait voir la porno pour ce qu’elle est réellement, et non ce qu’elle prétend être.

J’ai vu que ce n’était pas du jeu, même s’il y avait mise en scène. J’ai vu de réelles douleurs, j’ai vu de la peur réelle, j’ai vu des blessures réelles, mais ce que j’ai vu de pire étaient des regards vraiment éteints.

J’ai vu, mais je n’avais peut-être pas les mots pour le dire, que c’étaient surtout des femmes et des enfants traités comme des déchets, surtout des femmes et des enfants endommagés par des objets, par des bouches, des poings et des pénis enfoncés dans tous les orifices de leur corps ; j’ai surtout vu des femmes et des enfants que l’on faisait poser de façon à simuler la joie, alors que je voyais et savais qu’elles et ils étaient en enfer.

Une enfant voit clairement, mais n’a pas le pouvoir de parler ; elle ne peut que voir cette horreur, et savoir qu’elle en sera la prochaine victime.

J’ai été attristée d’apprendre le nombre de femmes que je connais ou dont j’ai entendu parler qui se sont retrouvées dans l’industrie du sexe après qu’on leur ait montré, dans l’enfance, de la porno dure (que l’on considère maintenant comme de la porno ordinaire).

Je tiens à dire haut et fort que le fait qu’on m’ait montré cette porno horrible a été mon apprentissage de la prostitution – plus que l’abus sexuel venu plus tard de mon beau-père – parce que cela m’a appris que la douleur et la haine étaient tout ce que mon corps méritait.

Quand mon beau-père a abusé de moi, il s’est montré habile, il y est allé « en douceur » – enfin en comparaison de ce que j’avais vu dans le magazine Hustler, de ce qu’il m’avait lu des écrits de Sade et des interminables tortures sexuelles qui ont continué à brûler dans mon esprit.

Parce que mon beau-père m’avait d’abord exposé à de la porno dure, lorsqu’il a fait de moi son esclave sexuelle, j’ai toujours pensé : « Eh bien, ce n’est pas aussi grave que ces images, au moins je ne suis pas morte. »

C’est ce que fait la porno quand elle est actualisée dans la vie, elle détruit toute confiance en soi, toute notion d’espoir, elle amène sa victime à penser qu’aussi longtemps qu’elle respire, les choses ne sont pas si graves.


Comment quiconque peut-il oser décrire la porno comme non dommageable, en refusant d’écouter les innombrables femmes et filles qui ont été brutalisées sexuellement au nom de la porno ? J’arrive maintenant à mon stade de fureur et de désespoir absolus, en pensant à la constante déconnexion pratiquée entre la prostitution et la porno, alors que ces pratiques vont toujours de pair.

Parlez à n’importe quelle femme qui a quitté la prostitution, après y avoir été longtemps. Vous l’entendrez dire, si vous ne lui coupez pas la parole, à quel point ce que les prostitueurs veulent et réclament est tout ce qui est à la mode dans la porno de masse.

Ils veulent du sexe qui endommage délibérément le corps d’une femme, ils veulent du sexe qui leur permet de déverser de la haine dans son corps, ils veulent que le sexe leur donne l’impression de la conquérir.

Ce n’est jamais du sexe, ce n’est que de la porno dans son essence.

Qui pensez-vous que sont les « actrices » dans la majorité de la porno, croyez-vous qu’il s’agit uniquement de femmes entrées au hasard de la rue et qui adorent l’amour « brutal » ? Ce sont plutôt des femmes si piégées dans l’industrie du sexe qu’elles sont désensibilisées à leur corps et ont lâché prise.

Les femmes prostituées sont sans cesse déplacées d’une niche à l’autre de l’industrie du sexe, et beaucoup de prostituées sont les « actrices » que vous choisissez de regarder en mode pornographique.

Cela peut leur être présenté comme plus sécuritaire que de travailler dans la rue, ou il peut s’agir de prostituées filmées au moment où des prostitueurs violents se servent d’elles.

Les pornocrates se serviront toujours d’abord de femmes qui sont déjà dans le commerce du sexe, puisqu’ils n’ont pas à les dompter – voilà la brutale réalité.


De plus, les producteurs de porno se servent souvent de femmes prostituées parce qu’elles sont tellement avariées par la violence et la dégradation continuelle du commerce du sexe qu’elles ne coûtent pas cher : elles n’ont pas la confiance en soi qui leur permettrait de savoir ce qu’elles valent et devraient obtenir comme salaire.

L’industrie de la porno utilise des femmes qui sont déjà prostituées parce qu’étant aussi aliénées de leur corps, elles s’acquitteront de tout acte sexuel brutal, sans avoir cure de leur bien-être sexuel, mental et physique.

En d’autres termes, elles sont la parfaite « vedette » pornographique.

Soyez maudit-es si vous croyez toujours que la porno peut être normalisée.

Est-ce que votre besoin égoïste de vous branler à regarder de la porno, ou d’imaginer un monde virtuel de porno inoffensive, est plus important que la destruction des femmes dans la porno ?

Je vous le dis encore, soyez maudit-es.


Pouvez-vous vivre en étant au courant des graves blessures internes qui représentent la norme pour les femmes qui sont dans la porno, à tel point que même celles d’entre nous qui avons eu la chance d’en sortir vivent avec la douleur comme une ombre ou sommes quotidiennement détruites ?

Souhaiteriez-vous vivre avec nos souvenirs, des souvenirs d’une violence qualifiée de plaisir et de libre choix, des souvenirs de ne pas savoir comment diable on est encore en vie, mais la nécessité de demeurer dans notre enfer ?

Nous n’avions aucune sécurité, aucun droit à la dignité, aucune voix, aucune idée de comment s’échapper – nous n’avions que la survie.

Et vous appelez la porno un divertissement.

C’est pire que de l’égoïsme – c’est affirmer que nous étions et demeurons des sous-hommes.

Voilà pourquoi, oui, nous sommes furieuses quand vous défendez la porno.


Traduction : Martin Dufresne
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Message  verié2 Dim 8 Déc - 15:28

Toussaint
Les "vices"... Very Happy Boufre! Quel moraliste petit-bourgeois... (Trotsky)
Comme tu le dis, Trotsky et Lénine étaient des hommes de leur temps. Les trotskystes (du moins une partie) comme les staliniens ont d'ailleurs pendant longtemps caractérisé l'homosexualité comme un "vice de la bourgeoisie".

Il ne s'agit pas d'être en adoration devant chaque ligne signée Lénine ou Trotsky, mais de comprendre que Lénine, quand il dénonçait l'hypocrisie des duchesses, des curés et des philanthropes bourgeois qui prétendaient abolir la prostitution grâce à la morale et à la police, était bien en avance sur ceux qui aujourd'hui applaudissent Belkacem et cie. Et nettement plus subversif ! Il comprenait nettement mieux qu'eux le fonctionnement de la société capitaliste...
__
Sur le porno, je n'aurais peut-être pas du lancer Toussaint qui, effectivement, a une fâcheuse tendance à mélanger beaucoup de choses, de l'intervention impérialiste en Centrafrique au porno. J'ai dit ce que j'en pensais, en gros.

Quelques remarques supplémentaires tout de même. Toussaint, comme un certain nombre de gens, semble classer les publicités sexistes, telle celle de Benetton (dont je ne me souviens pas) dans le porno. Par ailleurs les textes qu'il a mis en ligne semblent considérer que le porno serait un vecteur fondamental du sexisme. Ca ne me semble pas juste. Le porno ne fait que refléter de façon sans doute souvent caricaturale les conceptions sexistes qui dominent dans cette société. Tu trouveras une même vision de la domination masculine dans bien des films hyper soft et curetons des années cinquante. (Je pense par exemple au film Le grand Mc Lintock où John Wayne flanque une fessée à Maureen O'Hara. Tout le monde trouvait ça très bien à l'époque et je me souviens que ça m'avait choqué.)

Ce n'est donc pas le porno qui créée le sexisme, il reflète et exacerbe le sexisme ambiant. Toujours dans les années cinquante, plein de doctes commentateurs et de curetons racontaient que le polar poussait les ados à la violence - et pourtant les polars des années cinquante, c'était vraiment de l'eau de rose à côté des innombrables films gore ou même de serial killers... toujours de femmes que tout ado peut visionner aujourd'hui à la TV.

Alors, si tu veux faire la chasse aux films et aux pubs sexistes, tu vas avoir du boulot et il y a des places à prendre pour les chômeurs dans les commissions de censure. Il me semble encore une fois que, plutôt de compter sur la répression policière, la censure et les beaux discours (sauf sans doute pour l'apologie du viol, du racisme, de la pédophilie etc), il faut compter sur une transformation de la société et sur l'organisation des femmes et des travailleurs.

Ce discours ne te convient pas, je le sais, tu préfères ce que tu crois être le moindre mal, à savoir l'intervention des troupes françaises en centrafrique, comme tu viens de nous le dire (et celles des BAC dans les banlieues ?) Mais l'expérience a montré que le remède est généralement pire que le mal. Nous n'avons pas de solution immédiate et simple à chaque horreur engendrée par le capitalisme, c'est cela qu'il faut te mettre dans la tête. Alors "en attendant le grand soir", comme l'a dit quelqu'un avec mépris, eh bien il faut essayer de s'organiser et lutter. Je ne dis pas que les organisations spécialisées dans la prostitution, même religieuses comme Le Nid, ne font rien, mais leur intervention est dérisoire : elles sont l'équivalent, en ce qui concerne la misère, du Secours Catholique et des Restos du coeur, héritières directes des dames patronnesses, ou de Faim dans le monde et cie face aux catastrophes dans le tiers monde.

Il ne s'agit pas de cracher sur tous ces "braves gens", mais de comprendre à qui nous avons affaire :  nous ne pouvons pas les considérer comme des maîtres à penser, nous appuyer sur leurs conceptions et gober leurs discours, même s'ils sont sur le terrain.


Dernière édition par verié2 le Dim 8 Déc - 15:51, édité 3 fois

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Message  Rougevert Dim 8 Déc - 15:31

La Révolution Trahie

Les mêmes entrefilets occasionnels des journaux, joints à la chronique judiciaire, apprennent au lecteur que la prostitution, dernière dégradation de la femme au profit de l'homme capable de payer, sévit en U.R.S.S. L'automne dernier, les Izvestia publièrent tout à coup que "près de mille femmes se livrant dans les rues de Moscou au commerce secret de leur chair" venaient d'être arrêtées. Parmi elles: cent soixante-dix-sept ouvrières, quatre-vingt douze employées, cinq étudiantes, etc. Qu'est-ce qui les avait jetées sur le trottoir? L'insuffisance du salaire, le besoin, la nécessité "de se procurer quelque supplément pour s'acheter des chaussures, une robe". Nous avons vainement essayé de connaître, ne fût-ce qu'approximativement, les proportions de ce mal social. La pudique bureaucratie soviétique prescrit le silence à la statistique. Mais ce silence contraint suffit à attester que la "classe" des prostituées soviétiques est nombreuse. Et il ne peut pas être question ici d'une survivance du passé puisque les prostituées se recrutent parmi les jeunes femmes. Personne ne songera à faire particulièrement grief au régime soviétique de cette plaie aussi vieille que la civilisation. Mais il est impardonnable de parler du triomphe du socialisme tant que subsiste la prostitution.
Les journaux affirment, dans la mesure où il leur est permis de toucher à ce sujet délicat, que la prostitution est en décroissance; il est possible que ce soit vrai en comparaison avec les années de famine et de désorganisation (1931-33). Mais le retour aux relations fondées sur l'argent entraîne inévitablement une nouvelle augmentation de la prostitution et de l'enfance abandonnée. Où il y a des privilégiés, il y à aussi des parias!

La prostitution n'est humiliante et pénible que dans les bas-fonds de la société soviétique; aux sommets de cette société, où le pouvoir s'unit au confort, elle revêt la forme élégante de menus services réciproques et même l'aspect de la "famille socialiste". Sosnovski nous a déjà fait connaître l'importance du facteur "auto-harem" dans la dégénérescence des dirigeants.

Le socialisme, s'il mérite son nom, signifie entre les hommes des rapports désintéressés, une amitié sans envie ni intrigue, l'amour sans calcul avilissant.

Les nouveaux groupements sociaux se subordonnent automatiquement le domaine des rapports personnels. Les vices engendrés par le pouvoir et l'argent autour des relations sexuelles fleurissent dans la bureaucratie soviétique comme si elle se donnait pour but à cet égard de rattraper la bourgeoisie d'Occident.

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Message  verié2 Dim 8 Déc - 16:11

Trotsky
Mais le retour aux relations fondées sur l'argent entraîne inévitablement une nouvelle augmentation de la prostitution et de l'enfance abandonnée. Où il y a des privilégiés, il y à aussi des parias!
Nous voyons bien que la problèmatique de Trotsky est exactement ici la même que celle de Lénine. La prohibition et les arrestations ne feront pas reculer la prostitution, c'est contre les causes du mal qu'il faut lutter : les relations fondées sur l'argent. Les contre-révolutionnaires staliniens eux aussi se gargarisaient de grands discours moralisateurs alors qu'ils mettaient en place une société d'exploitation dans laquelle les privilégiés pouvaient s'offrir les "services" des laissés pour compte et où les pauvres étaient jetés dans la prostitution et la délinquance.

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Message  Achille Dim 8 Déc - 16:42

vendredi 14 avril 2006
"Les clients de la prostitution : l’enquête", de Claudine Legardinier et Saïd Bouamama

"C’est, fondamentalement, d’éducation qu’il s’agit et de la possibilité de sortir d’un rapport toujours inégalitaire entre les sexes..."

"Les prostituées sont partout, les clients nulle part."

C’est sur ce paradoxe que s’ouvre : "Les clients de la prostitution, l’enquête" de Claudine Legardinier et Saïd Bouamama, et c’est cette absence, du discours courant comme des représentations collectives et des média, qu’interroge l’enquête, tandis qu’elle donne, pour la première fois en France, la parole aux clients de la prostitution.

95 clients ont accepté de parler : d’eux, de ce qui les pousse à recourir à la prostitution, des justifications qu’ils en donnent...

Cette parole libérée reprend, avec une bonne conscience et une constance effrayantes, tous les clichés véhiculés par la société patriarcale : besoins sexuels masculins jugés irrépressibles et "naturels", femmes commodément classées en "maman" respectable et frigide, et "putain" accessible et libérée.

Cette parole répétitive, où le client se pose souvent en victime - de carences affectives, de manque de confiance en soi, des femmes modernes "trop exigeantes" - fonctionne comme un masque.

Elle tente d’occulter la réalité de la violence prostitutionnelle - violence qui serait toujours le fait du proxénète et jamais du client "normal" ! - et de taire la souffrance de la personne prostituée, en un tour de passe-passe moral où elle devient la coupable de "mauvais services", de "manque de coeur" voire de brutalité !

Mais, ce qu’elle révèle, en creux, c’est l’incapacité du client, obsédé par les schémas de la normalité et de la virilité, à envisager toute relation égalitaire avec la femme.

Séduisante, redoutée, haïe parfois, la femme apparaît comme une "terra incognita" alors même que 70% des clients sont ou ont vécu en couple.

Dans cette perspective, le rapport marchand avec la personne prostituée est le miroir grossissant d’une impuissance masculine contemporaine à sortir d’un rapport dominant-dominé que des décennies de féminisme et d’avancée des droits de la femme en Occident, semblaient avoir fait reculer.

Cette permanence des rapports de domination est particulièrement lisible au fil des témoignages de personnes prostituées, recueillis par Claudine Legardinier, et qui viennent relativiser la parole des clients, aux moments-clés de l’ouvrage.

Mais l’ouvrage ne se borne pas à analyser, avec clarté et vivacité de plume, les discours de "déni" des clients, il évoque aussi les expériences pionnières, menées en Suède et aux États-Unis, afin de responsabiliser le client.

Celles-ci ne se contentent pas, comme les média le prétendent, de pénaliser les clients, mais mettent en place une vraie politique d’éducation, le plus souvent efficace.

Car c’est, fondamentalement, d’éducation qu’il s’agit et de la possibilité de sortir d’un rapport toujours inégalitaire entre les sexes, véritable "terreau" alimentant le recours à la prostitution, pour trouver une troisième voie.

Cette troisième voie "entre le puritanisme victorien qui interdit tout et le libéralisme qui autorise l’exploitation et la violence" est celle "d’une morale sexuelle responsable et respectueuse d’autrui".

C’est cette voie qu’indiquent les auteurs et c’est elle que le Mouvement du Nid trace quotidiennement.

Les clients de la prostitution, l’enquête
Paru aux Presses de la Renaissance, mars 2006.
De Claudine Legardinier et Saïd Bouamama.
19,50 euros
isbn : 2-7509-0205-3
http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2294

Achille

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Message  verié2 Dim 8 Déc - 17:13

Car c’est, fondamentalement, d’éducation qu’il s’agit et de la possibilité de sortir d’un rapport toujours inégalitaire entre les sexes, véritable "terreau" alimentant le recours à la prostitution, pour trouver une troisième voie.
L'éducation est certes un aspect important. Mais l'éducation ne flotte pas dans le vide, mais dans le cadre d'une société donnée. C'est vrai dans tous les domaines de l'éducation.
Or, dans le cadre d'une société en voie de décomposition, de pertes de repères, en raison - fondamentalement - de la crise économique, l'éducation ne peut pas s'améliorer, même avec des lois, des programmes et des enseignants bien intentionnés. Quand la société se dégrade, tout se dégrade, la morale comme le reste.

La divergence fondamentale est donc entre ceux qui veulent changer cette société par la voie révolutionnaire, et c'est dans la lutte que les mentalités changent aussi, en particulier vis à vis des femmes, qui croient cette transformation possible, et ceux qui n'y croyant pas ou plus cherchent des solutions immédiates ("le moindre mal" comme l'intervention en Centrafrique selon Toussaint.) Rechercher ces solutions immédiates, cela conduit inévitablement à se tourner vers l'Etat et sa police et/ou à créer des associations humanitaires qui ne soulagent qu'une infime partie de la misère mais permettent de donner bonne conscience à la bourgeoisie - je ne parle pas de donner bonne conscience aux militants de ces associations eux-mêmes.

C'est le langage de tous les humanitaires : "Votre grand soir, c'est bien beau, mais en attendant nous sommes efficaces et vous vous contentez de discours." Ce fossé entre humanitaires "réalistes" et "immédiatistes" et les révolutionnaires est au coeur du débat.
Nous disons qu'il faut lutter contre la société et ses inégalités pour lutter vraiment contre la prostitution, les humanitaires se félicitent de mesures qui ne changeront pas grand chose - et peuvent s'avérer négatives... on verra.

Alors, certains répondront que revendiquer des réformes, ce n'est pas incompatible avec la préparation de la révolution (sauf si bien sûr on oublie le but final...). C'est tout à fait vrai pour toutes sortes de lois sociales qui ont été obtenues par la lutte des travailleurs, comme l'interdiction du travail des enfants, une protection minimum contre les licenciements, le droit de grève etc. Mais ces mesures, justement, on été obtenues par la lutte, elles ont été le résultat d'un certain rapport de forces. Ce n'est pas du tout le cas aujourd'hui d'une mesure de prohibition de la prostitution, qui ne repose que sur la volonté du PS de distraire l'opinion et de quelques un(e)s de ses notables de plaire à leur clientèle en faisant du féminisme bon marché.

Les vraies réformes qu'on pourrait exiger et imposer par la lutte sur ce terrain, ce sont au contraire celles que n'a pas prise Belkacem : régularisation des sans-papiers, garanties de ressources, partage du travail entre tous contre le chômage etc. Alors, oui, de telles mesures si elles étaient imposées seraient de nature à faire reculer la prostitution, certainement pas la prostitution dite "de luxe" mais celle qui réduit à l'esclavage des milliers de femmes sans défense, en particulier celles qui sont victimes des réseaux, des passeurs etc

Le reste n'est qu'hypocrisie.

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Message  Achille Dim 8 Déc - 18:50

verié2 a écrit:
La divergence fondamentale est donc entre ceux qui veulent changer cette société par la voie révolutionnaire, et c'est dans la lutte que les mentalités changent aussi, en particulier vis à vis des femmes, qui croient cette transformation possible, et ceux qui n'y croyant pas ou plus cherchent des solutions immédiates ("le moindre mal" comme l'intervention en Centrafrique selon Toussaint.)
Tout ne serait donc qu'une histoire de "volonté" et de "croyance". Entre deux personnes menant la même lutte l'une serait "pure" car elle aurait la volonté de changer la société et l'autre serait "impure" pleine "d'illusions" "réformiste" "hypocrite" sans cette volonté. Il suffirait donc selon Vérié2 de "vouloir" être révolutionnaire pour "être" révolutionnaire, "croire" dans le but pour l'atteindre.
En voilà une bien curieuse conception mais pas si curieuse que cela car finalement cette conception est quasi religieuse en plaçant au centre de la différentiation entre réformistes et révolutionnaires la "croyance" dans la "voie révolutionnaire" que seul les seconds possèderaient. C'est beau comme du maoïsme et c'est surtout le moyen de s'auto-proclamer "révolutionnaire" avec une primauté de la "croyance" sur l'action.

verié2 a écrit:
Rechercher ces solutions immédiates, cela conduit inévitablement à se tourner vers l'Etat et sa police et/ou à créer des associations humanitaires qui ne soulagent qu'une infime partie de la misère mais permettent de donner bonne conscience à la bourgeoisie - je ne parle pas de donner bonne conscience aux militants de ces associations eux-mêmes.
Comme :
-aider  les femmes victimes de la violence conjugale à aller porter plainte.
-aider les femmes violées à déposer plainte.
-aider les personnes prostituées à demander à la justice réparation contre la spoliation du proxénétisme.
-demander à l'état de faire respecter  les lois pour les cliniques qui refusent la pratique de l'IVG.
...Les exemples sont nombreux et sont pour verié2 des actions "infimes" pour donner bonne conscience à la bourgeoisie et aux militants (les femmes battues, les femmes violées et/ou prostituées apprécieront...).
verié2 expliquerait à une femme violentée que ce n'est pas la peine de porter plainte cela ne la soulagera pas en totalité et en prime ça donnerait bonne conscience à la bourgeoisie. Réaction typique du militant du clavier qui n'a manifestement jamais été confronté à ces situations.

verié2 a écrit:
C'est le langage de tous les humanitaires : "Votre grand soir, c'est bien beau, mais en attendant nous sommes efficaces et vous vous contentez de discours." Ce fossé entre humanitaires "réalistes" et "immédiatistes" et les révolutionnaires est au coeur du débat.
Nous disons qu'il faut lutter contre la société et ses inégalités pour lutter vraiment contre la prostitution, les humanitaires se félicitent de mesures qui ne changeront pas grand chose - et peuvent s'avérer négatives... on verra.
Cette opposition est vaine lorsqu'en plus les révolutionnaires sont "auto-proclamés" sur la base d'une "croyance" (voir le point 1 de ce post)

verié2 a écrit:
Alors, certains répondront que revendiquer des réformes, ce n'est pas incompatible avec la préparation de la révolution ...Mais ces mesures, justement, on été obtenues par la lutte, elles ont été le résultat d'un certain rapport de forces.
Ce rapport de force il s'est en effet construit sur la base des luttes des féministes et des associations abolitionnistes depuis des dizaines d'années. Le nier est la conséquence de l'ignorance de ces combats ce qui est ton cas (tu ne connais le NID que depuis quelques jours, tu n'avais même pas lu la loi avant de poster tes diatribes sur son contenu...) et surtout une prise de position en tant que militant prostitueur (1) en salissant les militantes comme Delphy (la parabole sur les duchesse...), calomniant le NID (son "opposition" au préservatif, ses "liens" avec l'église catholique..etc.)

(1) qui n'a évidemment rien d'une insulte mais comme résultat d'un ensemble de prise de positions similaires à celle d'organisations défendant les intérêts du lobby proxénète -cela a déjà été longuement développé dans ce fil-


Dernière édition par Achille le Dim 8 Déc - 19:28, édité 2 fois

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Message  sylvestre Dim 8 Déc - 19:10

Des fils à papa mitraillaient des prostituées trans «pour s’amuser»
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Message  Roseau Dim 8 Déc - 19:15

Achille a écrit: militant prostitueur
Encore une fois l'insulte et attaque personnelle,
contre tous ceux qui ne se rallient pas à l'aménagement du capitalisme
est à mourir de rire et souligne le pétage de plomb,
faute d'arguments convainquants...
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Message  verié2 Dim 8 Déc - 19:17

Tout ne serait donc qu'une histoire de "volonté" et de "croyance". Entre deux personnes menant la même lutte l'une serait "pure" car elle aurait la volonté de changer la société et l'autre serait "impure" pleine "d'illusions" "réformiste" "hypocrite" sans cette volonté a écrit:

Au delà du ton méprisant, des insultes répétées et des falsifications, dont il est coutumier et qui n'ont strictement aucun intérêt, Achille ne comprend pas le raisonnement qui est celui de Lénine, Trotsky et des révolutionnaires en général (1). C'est parfaitement logique, puisqu'il a rejoint un bloc réformiste, le Front de Gauche, dont l'objectif est la gestion de l'Etat bourgeois.

Sans la volonté de changer radicalement la société et de s'attaquer aux causes de la prostitution - relations fondées sur l'argent, misère, chômage, inégalités -, les mesures de prohibition et même d'éducation d'un gouvernement sont en effet inefficaces et hypocrites. Et ceux qui les saluent avec enthousiasme se font des illusions. La "pureté" et la "croyance" n'ont rien à voir là-dedans.

Le premier axe de principe consiste donc, comme Lénine à propos des comtesses et philanthropes bourgeois et Trotsky à propos des bureaucrates staliniens qui ne valaient pas mieux, à dénoncer clairement cette hypocrisie et le caractère inefficace de mesures de prohibition que la police bourgeoise serait chargée d'appliquer.

Ensuite, oui, on peut dire qu'on ne va pas plaindre les clients qui vont se faire verbaliser et qu'il convient de condamner la consommation/location du corps d'autrui. Mais je dirais pas, comme l'écrit LO dans son dernier hebdo que "C'est la moindre des choses dans une société civilisée" C'est une expression que jamais ni Marx, Lénine ou Trotsky n'auraient employée. D'une part parce qu'ils ne considéraient pas la société capitaliste, même dans les pays riches et développés, comme "civilisée" mais comme relevant de la barbarie capitaliste. D'autre part parce qu'ils ne cherchaient pas de plus petit dénominateur commun d'accord avec la bourgeoisie, même sur des questions dites "de société".
____
1) Par définition, tous les "révolutionnaires" sont "auto-proclamés" tant qu'ils n'ont pas, participé à une révolution, ce qui est le cas d'un fort pourcentage d'entre eux dans le monde. Ce n'est pas une question de morale, de "pureté" ou de prétention mais une orientation politique qui se traduit évidemment dans l'intervention militante.

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