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Message  alexi Jeu 30 Déc - 11:29

LIBERATION 29/12/2010

Appel au boycott de Lipton: «On veut sauvegarder nos emplois»

InterviewDepuis mardi, les salariés de l'usine Fralib, près de Marseille, appellent au boycott de leurs produits. Interview d'un syndicaliste CGT, qui explique ce moyen d'action peu commun.

RECUEILLI PAR ANGELA BOLIS

Des salariés de l'usine Fralib du groupe Unilever, dont la fermeture est annoncée fin avril, collent des affiches appelant au boycott des produits Lipton, à Gémenos près de Marseille. (© AFP Gerard Julien)

Fin septembre, le groupe Unilever annonce officiellement la fermeture de l'usine Fralib, qui produit des sachets de thé Lipton et L'Elephant près de Marseille. Les salariés, aguerris par deux mois de grève en mars dernier, ont opté pour un nouveau type de mobilisation: l'appel au boycott de Lipton. Olivier Leberquier, délégué CGT à Fralib, était, ce mercredi, en pleine mission de collage d'affiches dans le XIIIe arrondissement de Marseille.

Pourquoi cet appel au boycott?

La seul chose qui intéresse le groupe Unilever, c'est l'argent. Donc s'ils en perdent, ça pourra peut-être les faire réfléchir... On veut sensibiliser le consommateur: on est la dernière usine française qui conditionne des thés parfumés. Unilever veut la fermer, alors que la France est le premier marché de thé parfumé et d'infusion d'Europe de l'Ouest. Le groupe compte maintenir la même production, en s'appuyant uniquement sur ses trois autres usines européennes. Et faire traverser les camions depuis la Pologne pour approvisionner la France, alors qu'il se vante d'être une société soucieuse de l'environnement.

Pourquoi Unilever veut-elle fermer cette usine?

La direction justifie sa décision par des difficultés économiques. Mais ces problèmes ne sont pas réels. La totalité des salaires des 182 salariés et des dirigeants de l'usine équivaut à 15 centimes de chaque boîte de thé, mais Unilever veut faire encore plus de bénéfices. Pour nous, c'est une escroquerie intellectuelle: la direction compare notre usine avec les autres sites européens. Mais c'est elle qui a justement créé les conditions pour affaiblir notre production. Ces trois dernières années, le groupe a investi 97 millions d'euros en Pologne, en Belgique et en Angleterre, et seulement 6 millions en France. Depuis 2002, Fralib produit 600 millions de sachets de moins. Et on ne reçoit aucun investissement publicitaire et technologique.

Aujourd'hui, où en est votre campagne d'affichage pour le boycott des sachets de thé Lipton?

Olivier Leberquier: On ne s'attendait pas à autant de monde... Nous sommes une trentaine de collègues, un peu partout dans Marseille. On a imprimé 10.000 affiches. En deux jours, on en a collé la moitié. D'abord autour d'Aubagne, où se situe notre usine. Et aujourd'hui, on inonde les quartiers de Marseille. On pense relancer une commande, pour élargir la campagne à la région, puis à toute la France avec le soutien de la fédération CGT agroalimentaire.

Pourquoi une telle implication de votre part dans ce combat?

Cette usine a été créée il y a 118 ans. Au départ, elle était implantée dans le centre de Marseille, et comptait, il y encore une trentaine d'années, 450 salariés. Dans les années 1970, elle est passée aux mains du groupe multinational Unilever. Depuis, en 1997, ils ont fermé l'autre usine française de conditionnement de thé, qui était située au Havre. Ceux qui sont restés là-bas sont toujours en galère, ils ont des petits boulots, il y a eu des divorces, des suicides: on sait combien une fermeture d'usine est difficile. Comme 53 autres salariés de cette usine, je suis descendue à Marseille, à Fralib. Et maintenant, ils veulent aussi fermer celle-ci...

Après dix mois de conflit, avez-vous toujours espoir?

Oui! A Marseille, d'autres salariés ont réussi. Grâce à leur détermination, l'usine Nestlé de Saint-Menet est toujours ouverte. La raffinerie de sucre Saint-Louis produit trois fois plus qu'au moment où ils voulaient la fermer. Récemment encore, les chantiers navales du port de Marseille ont été sauvés, après une occupation de 500 jours par leurs salariés. Même s'ils ne sont pas encore assez nombreux, tous ces exemples nous encouragent à lutter et à tenir bon.

alexi

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Date d'inscription : 10/07/2010

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