Le ton est donné par Olivier, délégué CGT, samedi matin chez les Fralib à Gémenos (13). La veille, après avoir reçu leur lettre de licenciement, les salariés ont voté l’occupation complète de l’usine à la quasi unanimité en assemblée générale. « Bienvenue chez nous ! » lancent-ils aux militants venus les soutenir ce samedi à l’usine de la marque historique de thé « Eléphant ». L’ambiance est à la lutte, c’est bel et bien la rentrée sociale qui démarre ! Depuis le début de leur lutte en 2010 contre la décision de fermeture de l’usine par Unilever et la délocalisation en Pologne, les salariés se sont battus pied à pied pour prouver que leur usine est rentable, qu’il est possible d’augmenter les salaires et de maintenir l’activité sur le site avec les 182 salariés. Leur slogan : « le thé de l’éléphant continuera à vivre en Provence ! ». Le projet de reprise de l’usine par les salariés est possible : sur la période 2005-2009, la capacité de production est de 2900 tonnes par an, alors qu’il en suffit de mille pour assurer l’équilibre financier comme l’a démontré le rapport d’expert commandé par les ouvriers.
Les salariés demandent à ce que le groupe Unilever leur cède pour l’euro symbolique la marque Eléphant, qu’ils font vivre depuis 119 ans, les machines et qu’il leur rende les 300 millions d’euros volés au fisc et à la Sécurité sociale en installant le siège social en Suisse. Ces 300 millions d’euros leur permettraient de redémarrer l’usine. Pour avoir dénoncé ces magouilles 3 Fralibiens ont été traînés en correctionnelle ce mardi à Nanterre.
Pour pouvoir continuer la lutte et se réapproprier leur outil de travail, les salariés ont décidé d’accepter le plan de reclassement. Contrairement à ce que la direction essaie de faire croire, il ne s’agit pas d’une défaite mais de la stratégie des travailleurs pour gagner. « C’est pas un problème qu’on soit licenciés, on veut continuer sans eux » comme le dit Olivier. Les faits sont là : l’usine est rentable, la marque est reconnue et pourtant le gouvernement fait la sourde oreille, préférant laisser leurs amis bling bling continuer à sacrifier les salariés impunément. Mais avec cette politique le gouvernement allié au patronat nous envoie dans le mur. Plutôt que de faire en sorte de garantir des emplois et de maintenir l’outil de production, ils sont en train d’alimenter les rangs des chômeurs et par là même leur propre crise. Après on connaît bien la répression qui est menée contre les « assistés » qui seraient responsables du chômage et de la crise. Mais qui sont les vrais assistés sinon les patrons et les actionnaires que l’Etat soutient lorsqu’ils licencient au seul motif de vouloir multiplier leurs profits ?
Nous devons continuer à organiser la solidarité jusqu’à la victoire. Cela passe par l’appel au boycott des produits Lipton et particulièrement des sachets pyramides. Il faut populariser la lutte, organiser la solidarité de classe en construisant l’unité de toutes les forces syndicales et politiques autour de ce combat. C’est ce que le NPA 13 fait en proposant la tenue d’un meeting unitaire à la fin du mois de Septembre. Cette lutte est exemplaire, les salariés nous montrent une fois de plus qu’il est possible de résister et de proposer des alternatives à la course aux profits. Au lieu d’engraisser les actionnaires, Unilever doit payer et dégager ! Après un an de batailles acharnées, il est temps que les salariés reprennent la main. Personne n’est prêt à lâcher et les interventions médiatiques, meeting et autres actions vont s’enchaîner dans les prochaines semaines, dans l’objectif d’une manifestation nationale de soutien à Marseille le 3 octobre.
Une politique anticapitaliste consisterait à exproprier le groupe Unilever pour rendre l’usine aux salariés, à mettre en place une politique économique internationale en faveur des travailleurs ou encore à alimenter des fonds de soutien aux salariés alimentés par des charges patronales pour les aider à reprendre en main leur boîte… . Comme les Fralib le défendent dans leur plan de reprise, les salariés sont capable de gérer eux mêmes leur usine mais également de le faire dans le cadre de rapports Nord/Sud plus égaux. Des contacts ont déjà été pris avec des coopératives paysannes en Asie. Ce ne serait pas la première fois que des travailleurs géreraient eux-même ( et mieux que des capitalistes ) leur usine, la détermination des Fralib montrent une fois de plus que c’est possible !
Aujourd’hui c’est tout notre camp social qui est concerné par cette lutte qui pose la question d’une alternative tout en traçant la voie des résistances face à la crise. Les Fralib le disent eux-mêmes « c’est important que cette lutte on la gagne, pour nous, mais aussi pour l’ensemble des travailleurs ».
Samedi, 12h, la conférence de presse se conclue en chantant des slogans, plus déterminés que jamais. Pour sûr, demain matin, notre petit déjeuner aura un goût de lutte des classes.
Kevin Vay et Mim