Le Nobel Luc Montagnier embauché en Chine
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Le Nobel Luc Montagnier embauché en Chine
Le Nobel Luc Montagnier embauché en Chine
Luc Montagnier Le professeur Luc Montagnier, co-découvreur du virus du sida en 1983 et Prix Nobel de médecine 2008, a été recruté par une université chinoise. Laquelle s'est engagée à fonder un institut à son nom.
Le célèbre médecin, âgé de 78 ans, va ainsi diriger une équipe de chercheurs au sein du département des sciences de l'université Jiaotong de Shanghaï, qui publie chaque année un classement des universités mondiales. Comme la présence d'un Nobel dans ses locaux pèse très lourd dans le classement, l'université Jiaotong va ainsi faire un bond dans ce dernier. (photo AFP/THOMAS COEX)
Le président du comité du Parti communiste de l'université, Zhang Jie, a estimé que le recrutement du Prix Nobel témoignait du «rapide développement de l'économie, des sciences et technologies, de l'éducation – notamment de l'éducation supérieure – chinoises». A sa place, j'en serai moins certain. Et je m'orienterai vers d'autres signes, plus probants, de ce développement (voir cette note sur la production scientifique chinoise, et cette autre sur le rapport de l'Unesco 2010 sur la science et la technologie).
Le professeur Montagnier a été le co-lauréat du prix Nobel de médecine en 2008 avec la virologue Françoise Barré-Sinoussi pour avoir co-découvert le virus responsable du sida. Il a consacré vingt-cinq ans de sa vie à des travaux sur ce fléau. A l'âge de 65 ans, la loi française lui avait imposé de prendre sa retraite. «Une mesure scélérate, scandaleuse, qui risque de provoquer une fuite de cerveaux français», s'était-il indigné.
En réalité, personne ne lui interdisait de continuer à effectuer des travaux de recherche dans son laboratoire, un tel statut existe sous le nom d'éméritat, et il ne serait venu à l'idée de personne de le lui refuser. En revanche, la loi exige que, passé 65 ans, on ne puisse plus diriger un labo ou répondre en son nom à un appel d'offres. Place aux "jeunes" - restons calmes : les moins de 65 ans - pour les postes de direction. C'est plutôt pas bête comme système. Et tous les chercheurs à l'ego normal le vivent bien. Souvent même très bien, ils peuvent s'amuser comme à l'époque de leur jeunesse, en faisant de la science sans s'occuper de l'intendance.
Une autre raison de douter de l'apport décisif de Luc Montagnier à la puissance scientifique montante de la Chine se trouve dans ses activités récentes. Il s'est orienté vers des idées pour le moins bizarres en reprenant les thèses de Jacques Benveniste sur une «mémoire de l'eau» et carrément la transmission d'informations moléculaires par la voie de mystérieuses ondes électro-magnétiques. Où cela devient vraiment glauque, c'est lorsque ce discours arrive sur le terrain... du virus du sida ! Avec des articles publiées dans une revue scientifique peu connue... dont il préside le comité éditorial.
Mais Luc Montagnier ne s'arrête pas là, et s'attaque aussi au problème de l'autisme. Avec une démarche tout aussi étrange, à base de traitements d'antibiotiques, détaillée par mon confrère Declan Butler. Lire ici son article, paru hier dans la revue Nature. En fait, l'argumentaire de Luc Montagnier se résume ainsi : "j'avais raison contre tous en 1983 sur le virus du sida, donc j'ai raison aussi aujourd'hui". C'est un peu court. Et assez triste. J'aurais préféré n'avoir à écrire que du bien de ce scientifique qui a fait preuve de courage, mais qui termine plutôt mal sa carrière.
Par Sylvestre Huet, le 10 décembre 2010
Luc Montagnier Le professeur Luc Montagnier, co-découvreur du virus du sida en 1983 et Prix Nobel de médecine 2008, a été recruté par une université chinoise. Laquelle s'est engagée à fonder un institut à son nom.
Le célèbre médecin, âgé de 78 ans, va ainsi diriger une équipe de chercheurs au sein du département des sciences de l'université Jiaotong de Shanghaï, qui publie chaque année un classement des universités mondiales. Comme la présence d'un Nobel dans ses locaux pèse très lourd dans le classement, l'université Jiaotong va ainsi faire un bond dans ce dernier. (photo AFP/THOMAS COEX)
Le président du comité du Parti communiste de l'université, Zhang Jie, a estimé que le recrutement du Prix Nobel témoignait du «rapide développement de l'économie, des sciences et technologies, de l'éducation – notamment de l'éducation supérieure – chinoises». A sa place, j'en serai moins certain. Et je m'orienterai vers d'autres signes, plus probants, de ce développement (voir cette note sur la production scientifique chinoise, et cette autre sur le rapport de l'Unesco 2010 sur la science et la technologie).
Le professeur Montagnier a été le co-lauréat du prix Nobel de médecine en 2008 avec la virologue Françoise Barré-Sinoussi pour avoir co-découvert le virus responsable du sida. Il a consacré vingt-cinq ans de sa vie à des travaux sur ce fléau. A l'âge de 65 ans, la loi française lui avait imposé de prendre sa retraite. «Une mesure scélérate, scandaleuse, qui risque de provoquer une fuite de cerveaux français», s'était-il indigné.
En réalité, personne ne lui interdisait de continuer à effectuer des travaux de recherche dans son laboratoire, un tel statut existe sous le nom d'éméritat, et il ne serait venu à l'idée de personne de le lui refuser. En revanche, la loi exige que, passé 65 ans, on ne puisse plus diriger un labo ou répondre en son nom à un appel d'offres. Place aux "jeunes" - restons calmes : les moins de 65 ans - pour les postes de direction. C'est plutôt pas bête comme système. Et tous les chercheurs à l'ego normal le vivent bien. Souvent même très bien, ils peuvent s'amuser comme à l'époque de leur jeunesse, en faisant de la science sans s'occuper de l'intendance.
Une autre raison de douter de l'apport décisif de Luc Montagnier à la puissance scientifique montante de la Chine se trouve dans ses activités récentes. Il s'est orienté vers des idées pour le moins bizarres en reprenant les thèses de Jacques Benveniste sur une «mémoire de l'eau» et carrément la transmission d'informations moléculaires par la voie de mystérieuses ondes électro-magnétiques. Où cela devient vraiment glauque, c'est lorsque ce discours arrive sur le terrain... du virus du sida ! Avec des articles publiées dans une revue scientifique peu connue... dont il préside le comité éditorial.
Mais Luc Montagnier ne s'arrête pas là, et s'attaque aussi au problème de l'autisme. Avec une démarche tout aussi étrange, à base de traitements d'antibiotiques, détaillée par mon confrère Declan Butler. Lire ici son article, paru hier dans la revue Nature. En fait, l'argumentaire de Luc Montagnier se résume ainsi : "j'avais raison contre tous en 1983 sur le virus du sida, donc j'ai raison aussi aujourd'hui". C'est un peu court. Et assez triste. J'aurais préféré n'avoir à écrire que du bien de ce scientifique qui a fait preuve de courage, mais qui termine plutôt mal sa carrière.
Par Sylvestre Huet, le 10 décembre 2010
gérard menvussa- Messages : 6658
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