Les vivants et les morts

[sylvestre]

La diffusion commence ce soir.


http://programmes-tv.blog.lemonde.fr/2010/10/05/les-vivants-et-les-morts/

Les vivants et les morts

FRANCE 2 20h35 - SERIE - GÉRARD MORDILLAT ADAPTE SON LIVRE ” LES VIVANTS ET LES MORTS “, UNE FRESQUE SOCIALE POIGNANTE SUR LA RÉVOLTE DES SALARIÉS D’UNE USINE PROMISE À LA FERMETURE. UNE SÉRIE EN HUIT ÉPISODES À SUIVRE DÈS LE 6 OCTOBRE

Gérard Mordillat l’a répété à l’envi, lors du tournage de la série ” Les Vivants et les morts “, adaptation de son roman (Calmann-Lévy, 2004) que France 2 diffuse à partir du 6 octobre : ” On n’est jamais assez révolté ! “ Ou encore : ” On n’est jamais assez à gauche ! “ Lapidaire, aussi, l’indication pour les scènes de manifestations des ouvriers en ville : ” Lève la tête et pense à Karl Marx ! “

Nul doute pour Gérard Mordillat, ancien ouvrier imprimeur, écrivain et réalisateur (notamment, avec Jérôme Prieur, de la collection sur l’origine du christianisme diffusée sur Arte) : les fermetures d’usines relèvent d’” une guerre qui ne dit pas son nom “. Une guerre dont les vivants sont ” ceux qui se battent, ne renoncent pas, au moins pour sauver leur histoire. Quelle que soit la situation, même si tout est perdu. Les morts, eux, sont ceux qui se résignent comme si les lois du marché ne laissaient d’autre choix que de s’y soumettre. “

Metaleurop, Continental, Samsonite, Molex… Cinq cents licenciements, trois cents, mille… Dans son roman Les Vivants et les morts, puis dans l’adaptation en huit épisodes qu’il vient de tourner pour la télévision, Gérard Mordillat donne vie à ceux que l’on n’évoque guère qu’à travers des chiffres. ” Le chiffre est un leurre extraordinaire, une arme idéologique meurtrière, explique-t-il. Ce que je veux, c’est montrer les réalités humaines qui vibrent derrière ces leurres, redonner leur histoire à ceux qui sont licenciés en masse et à qui l’on dit que leur histoire ne compte pour rien, une histoire qui ne compte pour rien maintenant, et même qui n’a jamais compté pour rien ! “

” SOCIAL TRAITE “, ” JAUNE “

On l’aura compris, ” Les Vivants et les morts ” a pour trame la lutte menée par les ouvriers d’une usine, la Kos, contre le groupe financier étranger qui en est propriétaire et qui, faute d’en retirer des bénéfices suffisants, décide tout d’abord de licencier une partie du personnel… avant de disparaître.

Pourtant, peu de temps auparavant, une inondation de l’usine due à des pluies torrentielles, puis sa remise en l’état en un temps record par l’équipe de maintenance emmenée par leur chef Lorquin (Luc Thuillier), avait amené la direction à promettre que l’usine ne fermerait pas, au moins avant cinq ans.

Dès les premières rumeurs de licenciement, chacun se retrouve contraint de faire des choix, de prendre des décisions inédites. Les deux principaux dirigeants de l’usine quittent immédiatement le navire pour se recaser ailleurs, ce qui amène le DRH, Format (Patrick Mille), à accepter d’en devenir le patron… et le délégué CFDT, Lamy (François Morel), à en assurer la direction technique. A eux de préparer le plan social exigé par le groupe étranger… puis de rendre l’usine bénéficiaire avec cent personnes en moins.

RÉFRACTAIRES, RÉSISTANTS

Si, du côté des ” vivants “, les ouvriers se mettent en grève, occupent le site et manifestent, si le délégué CGT, Pignard (Patrice Valota), et la déléguée FO, Mickie (Florence Thomassin), refusent au départ tout licenciement, que dire du DRH devenu patron ? Que dire du délégué CFDT passé à la direction, un ” social traître ” tendance FN ? Que dire de Serge, l’ouvrier qui, acceptant de seconder Lamy dans l’espoir de sauver la Kos, passe pour ” un jaune “ auprès de ses copains ? Font-ils partie des ” morts “, alors qu’ils sont eux aussi trompés et manipulés par le groupe, qu’ils croient pouvoir limiter la casse et rendre l’usine aussi rentable que possible ?

A chaque spectateur d’en décider, mais au moins n’est-on pas dans un manichéisme sec et froid. Nombre de personnages se révélant plus souvent déchirés ou ambivalents que ne pourrait le laisser penser l’opposition entre ” vivants ” et ” morts “. En réalité, chaque personnage ou presque, ” réaliste “ à sa manière, versera, ne serait-ce que par moments, du côté des révoltés, des réfractaires ou des résistants.

Entre en tout cas dans le camp des ” vivants ” le jeune couple que forment Rudi (Robinson Stévenin), ouvrier à la tête plutôt bien faite mais qu’une enfance difficile rend imprévisible voire violent, et sa femme Dallas (Marie Denarnaud), débordée par sa vie de jeune mère et d’ouvrière, avant que l’évolution tragique des événements ne la fasse passer des pleurs à la lutte. Et dont l’amitié avec une autre ouvrière, Varda (Priscilla Attal), est une des plus belles relations mises en scène dans cette série.

Pour rare et originale que soit, en France, une fiction sur le monde ouvrier à la télévision, cette série, à la réalisation classique, exige de ne pas être jugée sur son premier volet (le moins réussi). Parce que Gérard Mordillat n’utilise que trop peu, au départ, la voix off de la journaliste commentant ce qui se passe, parce que certains traits de caractère des personnages ne seront compréhensibles que tardivement (Rudi tapant sa femme alors qu’il l’aime ; Lorquin, chef de la maintenance devenu encore plus charismatique après l’inondation de l’usine, une scène sans véritable force dramatique, contrairement à celle du livre), certains passages du premier volet sont confus. Sans compter des costumes et décors qui ne convainquent pas. Mais ” Les Vivants et les morts ” (production d’Archipel 33) monte en puissance, compte de superbes scènes, et, surtout, s’appuie sur le jeu d’acteurs tous excellents, qu’ils appartiennent au monde des ouvriers ou à celui du patronat.

Pour ceux qui ne pourraient suivre toute la série sur France 2 alors même qu’il faut la voir dans son entier, Arte, coproducteur, la lance en un coffret de 3 DVD le 3 novembre, avec des bonus (Arte Editions).

Martine Delahaye

” Les Vivants et les morts “, sur France 2

(8 × 52 min), les 6, 13 et 20 octobre à partir de 20 h 35 (plusieurs épisodes par soirée),

Télérama, Samedi 2 octobre 2010

[quote]

[gérard menvussa]

Lorquin, chef de la maintenance devenu encore plus charismatique après l’inondation de l’usine, une scène sans véritable force dramatique, contrairement à celle du livre

Moi je ne trouve pas : la scène de l'innondation est une des plus forte de la série télée...

Sinon, le camarade mordillat était a l'université d'été, ou il a fait un débat sur "politique et engagement politique" (je ne me souviens pas du titre exact, je n'y était pas) et projeté en exclusivité les premiers épisodes de la série (y'avait encore le time line sur le DVD)

[Gauvain]

Bon, j'ai regardé mercredi dernier les trois premiers épisodes, et ce soir les trois suivants. Eh ben c'est pas mal, même s'il y a des longueurs et que certains personnages sont joués parfois de façon un tantinet caricaturale (pour ceux qui ont vu la série : Mme Format qui découpe les photos, par exemple...). Même c'est très cool de voir une série comme ça en prime time sur la 2...


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SPOILER
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A un moment, ce soir, j'ai cru que Rudy allait proposer à ses camarades de reprendre l'outil de travail et de redémarrer la production... las ! il ne s'agissait "que" de séquestrer les patrons, maire et député. Espérons que l'autogestion, ce sera pour mercredi prochain !

[Vals]

A un moment, ce soir, j'ai cru que Rudy allait proposer à ses camarades de reprendre l'outil de travail et de redémarrer la production... las ! il ne s'agissait "que" de séquestrer les patrons, maire et député. Espérons que l'autogestion, ce sera pour mercredi prochain !

Ca , c'est la politique régulière des stals, ou plutôt maintenant de la bureaucratie CGT (cf la lutte des Contis) , chercher des repreneurs ou faire tourner la boite en s'auto-exploitant ...
maintenir l'entreprise et le 'tissus industriel français" .
Les travailleurs doivent défendre leur beafteck et faire raquer les patrons et leur état, et pas vouloir jouer les "patrons meilleurs que les patrons dans ce système de merde".....

Le socialisme dans un seul pays, c'était déjà une sacrée connerie....mais à l'échelle d'une boite qui ferme et se casse la gueule, pour raison de profits insuffisants, c'est carrément suicidaire et le meilleur moyen d'emmener les prolos dans le mur à coup de plans sociaux successifs, à coup de réductions d'effectifs (et quand les travailleurs sont obligés eux-mêmes de décider un bon, juste et honnête plan de rationalisation et de licenciements ...c'est encore mieux.

[gérard menvussa]

Et tu leur propose quoi aux travailleurs, quand ils sont dans une boite qui représente le seul bassin d'emploi dans la région ? Crever la gueule ouverte ?

J'ai été dans plusieurs boites (pas toutes "industrielles" d'ailleurs) ou le processus de liquidation s'est passé exactement comme dans le bouquin ! Et il n'y a pas tant que ça de livres (et je ne parle même pas de séries télé) qui décrivent de façon si fine ce genre de processus : la liguidation, les "décideurs" inaccessibles, l'impuissance des syndicats et des organisations politiques (le npa ou lo étant une nouvelle fois à égalité, malheureusement)

Si depuis 30 ans que ce processus se développe l'extrême gauche avait trouvé une solution, ça se saurait ! Demande a tes camarades Jean Louis Gaillard et Armonie Borde, pour voir...

[ottokar]

On peut aussi demander à un ancien dirigeant de la LCR qui est resté dans la même usine (ex-Roussel Uclaf, aujourd'hui Aventis) avec Jean Louis Gaillard et Armonie Bordes mais je ne sais pas ce qu'il est devenu, celui-là.

"Crever la gueule ouverte" n'est jamais la bonne solution, et ce n'est jamais ce qui est proposé dans LO. Mais des bonnes solutions, il n'y en a guère dans le cadre du système. Tout ce qu'ont fait les "Conti" par exemple, c'est avoir des indemnités de licenciements. Mais la boîte a fermé. A Roussel Uclaf, des CGT très staliniens vieille époque et des CFDT très mous-mous, dans une banlieue très PC et PS, ont mis en avant des "solutions industrielles", avec l'aide des pouvoirs publics. Même s'il n'y a pas eu de lutte radicale, il y a eu des indemnités conséquentes car le groupe est très riche, mais la boîte est tombée de 2000 à 200.

En ce moment, d'après ce que raconte LO, après leur avoir promis monts et merveilles, une unité performante, un avenir industriel, une pépinière d'entreprises qui ne sont jamais venues, rebelote, on ferme et les 200 derniers devraient être liquidés à leur tour. Que proposent les syndicats et partis de gauche ? Même chose à 200 qu'à 2000, un plan industriel, etc.

Ce qu'on peut faire, c'est ne pas crever, assurer qu'en cas de fermeture, on arrache suffisamment d'argent pour voir venir, déménager, changer d'activité, attendre la retraite sans perdre d'argent.. Au-delà, on n'a jamais vu de succès.

[sylvestre]

J'ai regardé une heure environ du premier épisode, ça m'a carrément soûlé : c'est filmé dans le grand style "téléfilm français" - personnages sans relief, musique bien académique, dialogues en clichés. Ken Loach, viens leur dire !

[gérard menvussa]

Sykvestre, tu sais, les gouts et les couleurs...

Pour Ottokars : Alain Bobbio (plus connu sous le nom de "Lourson" pour les plus anciens) n'est plus a la lcr depuis le milieu des années 90 et n'est pas plus au NPA mais reste actif dans la lutte des victimes de l'amiante (il est secrétaire général de l'Andeva)

J'ai pris Roussel Uclaf parce que je connais "un peu", et que c'était un "bastion" de l'intervention LO... Là comme ailleurs, il n'y a pas de "solution magique"...

Sur la question de "demander du fric", je n'ai rien contre ! Dans le roman, ce n'est pas possible, les patrons se sont sauvé, ont liquidé la boite, etc De plus, c'est une solution pas vraiment satisfaisante quand on est dans un "bassin d'emploi sinistré". Même si la somme est "relativement" importante, on la claque, et après ?

Le roman montre bien tous ces aspects, mélangés avec les destins personnels, les amours, etc.

En bref, c'est un trés bon roman. Et la série est une trés bonne série.... Ce n'est pas si souvent qu'on parle de la CO avec une telle justesse...

[Vals]

Sykvestre, tu sais, les gouts et les couleurs...

Sur la question de "demander du fric", je n'ai rien contre ! Dans le roman, ce n'est pas possible, les patrons se sont sauvé, ont liquidé la boite, etc De plus, c'est une solution pas vraiment satisfaisante quand on est dans un "bassin d'emploi sinistré". Même si la somme est "relativement" importante, on la claque, et après ?

Je pense que nous sommes tous d'accord pour considérer qu'il n'y a pas de "solution vraiment satisfaisante" quand les travailleurs se retrouvent le dos au mur et qu'ils essaient de payer le moins cher possible les saloperies des patrons, qu'on appelle ça, liquidation, restruturation, plan "social".....
.
La question se pose souvent de savoir s'il faut s'acharner pour "maintenir le site", sauver (temporairement) une partie des emplois, envisager une "reprise" par les travailleurs devenus gérants....ou taper le plus fort possible, tenter de sortir de l'isolement, d'étendre le mouvement, de développer des solidarités et foutre la trouille aux patrons et à leur état pour leur faire lâcher le maximum...

Quand on est encore 500 ou 1000 dans la boite, on peut encore se faire entendre et faire monter les "enchères" .
Si, de plans en plans, accompagnés de concessions, on se retrouve à 150 avec les effets sur le moral des "rescapés", on ne peut souvent plus défendre grand chose .

Je parlais donc des illusions que créent souvent les syndicats dans des perspectives de relance de la boite, de contre-propositions, de meilleure gestion que celle des patrons etc....le tout fondé sur la prétention de défendre et renforcer le tissus industriel, de "relocaliser", de montrer que la boite peut-être "rentable" etc...

C'est d'ailleurs une des raisons du lâchage de Continental par l'appareil CGT qui trouve "immoral" la bagarre pour des indemnités conséquentes, et à propos des Conti , j'ai pu souvent discuter avec des responsables d'UL ou d'UD qui affirmaient que "ce n'est pas la politique de la CGT....

Centrer tout sur le maintien du site et de l'emploi entraine souvent des concessions énormes , voire l'utilisation des économie des rescapés pour "s'associer" et ça aboutit seulement, au mieux, à retarder l'échéance en laissant, au cours de la période de survie , des travailleurs sur le carreau avec l'indemnité minimale et des plans bidons de reclassement ou reconversion...

Non, l'extreme-gauche n'a pas solutions miracles ou magiques, mais elle peut, quand elle est présente, au moins mettre les travailleurs en garde contre les illusions plus ou moins "autogestionnaires" ou co-gestionnaires de leur propre liquidation, et essayer d'élargir leur lutte, ce qui reste une des hantises des patrons et de leur état et qui peut les amener à lâcher plus que des miettes.

[gérard menvussa]

La question se pose souvent de savoir s'il faut s'acharner pour "maintenir le site", sauver (temporairement) une partie des emplois, envisager une "reprise" par les travailleurs devenus gérants....ou taper le plus fort possible, tenter de sortir de l'isolement, d'étendre le mouvement, de développer des solidarités et foutre la trouille aux patrons et à leur état pour leur faire lâcher le maximum...

On peut toujours se poser cette question, mais ce qui se discute, c'est d'opposer l'un (la bataille pour "maintenir le site) et l'autre (sortir de l'isolement, étendre le mouvement, développer des solidarités, etc) Aprés, il ne faut pas partir d'une discussion "théorique", mais de la véritable situation Par exemple, dans "les vivants et les morts", la question de la "reprise" et de la scop est montrée comme une solution pas vraiment possible (l'outil de production est vieux, les débouchés incertains, etc) et d'ailleurs, la bureaucratie cgt se bat (dans ce cas précis) pour la "prime de départ"...

Maintenant, tout ces débats sont retranscrit de façon vivante et vraie dans le bouquin... Et au final, ils vont toucher une petite somme, qui leur permettra de payer une partie de leurs dettes...

[Gauvain]

On peut toujours se poser cette question, mais ce qui se discute, c'est d'opposer l'un (la bataille pour "maintenir le site) et l'autre (sortir de l'isolement, étendre le mouvement, développer des solidarités, etc) Aprés, il ne faut pas partir d'une discussion "théorique", mais de la véritable situation Par exemple, dans "les vivants et les morts", la question de la "reprise" et de la scop est montrée comme une solution pas vraiment possible (l'outil de production est vieux, les débouchés incertains, etc) et d'ailleurs, la bureaucratie cgt se bat (dans ce cas précis) pour la "prime de départ"...

Dans le bouquin peut-être, mais dans la série (à moins qu'un truc m'ait échappé), la question de la "reprise" n'est pas vraiment abordée pour l'instant (peut-être dans les derniers épisodes ?)

Et au final, ils vont toucher une petite somme, qui leur permettra de payer une partie de leurs dettes...

CHUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUT !!!!!!! malheureux !!!!!!!!!!!

[gérard menvussa]

la question de la "reprise" n'est pas vraiment abordée pour l'instant

En fait le personnage qui est plus ou moins porteur de ce "réve" n'est pas présent dans la série... Mais même dans le roman, personne n'y croit tout a fait !

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