Contrôle des moyens de production
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Roseau
Fraternité
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Contrôle des moyens de production
Bonjour,
C'est mon premier post sur ce forum et j'aimerais le créer sur le contrôle des moyens de productions.
Cela fait des mois que je parcoure ce forum et je sais que je peux compter sur vous pour avoir une question à mes réponses.
On sait que l'on est dans une période de crise, de mutation et beaucoup de gens se sentent déçus par le système. Au lieu de se tourner vers la gauche anti-capitaliste, nombreux sont ceux qui se tournent vers l'extrème-droite.
Je cherche des munitions pour convaincre certains amis proches qui se tournent vers l'extrème-droite (issus de l'immigration , ils ont pourtant pas grande raison de le faire).
Une des manières de les convaincre est pour moi de les convaincre que l'extrème droite n'est pas anti-système car elle ne mentionne à aucun moment la loi de la plus value et le contrôle des moyens de production par une minorité. Je suis sur que je pourrais compter sur mon aide pour m'offrir les munitions dont j'ai besoin.
Ma question est la suivante :
Dans le secteur tertiaire, comment se manifeste le contrôle des moyens de production ?
Par exemple dans un cabinet d'audit, les moyens de production c'est quoi ?
Si ce n'est qu'un ordinateur et l'életricité qui va avec, comment se fait-il qu'un simple travailleur ne puisse faire cela lui même et que les grands capitalistes contrôle le secteur des services ?
C'est mon premier post sur ce forum et j'aimerais le créer sur le contrôle des moyens de productions.
Cela fait des mois que je parcoure ce forum et je sais que je peux compter sur vous pour avoir une question à mes réponses.
On sait que l'on est dans une période de crise, de mutation et beaucoup de gens se sentent déçus par le système. Au lieu de se tourner vers la gauche anti-capitaliste, nombreux sont ceux qui se tournent vers l'extrème-droite.
Je cherche des munitions pour convaincre certains amis proches qui se tournent vers l'extrème-droite (issus de l'immigration , ils ont pourtant pas grande raison de le faire).
Une des manières de les convaincre est pour moi de les convaincre que l'extrème droite n'est pas anti-système car elle ne mentionne à aucun moment la loi de la plus value et le contrôle des moyens de production par une minorité. Je suis sur que je pourrais compter sur mon aide pour m'offrir les munitions dont j'ai besoin.
Ma question est la suivante :
Dans le secteur tertiaire, comment se manifeste le contrôle des moyens de production ?
Par exemple dans un cabinet d'audit, les moyens de production c'est quoi ?
Si ce n'est qu'un ordinateur et l'életricité qui va avec, comment se fait-il qu'un simple travailleur ne puisse faire cela lui même et que les grands capitalistes contrôle le secteur des services ?
Fraternité- Messages : 2
Date d'inscription : 08/01/2015
Re: Contrôle des moyens de production
Bonjour et bienvenue!
En fait, le secteur des services a beaucoup changé,
tout comme le secteur dit "productif", avec les progrès techniques
et l'accumulation de capital qui l'accompagne.
Prenons l'exemple des transports.
Certes, le taxi peut être propriétaire de son équipement,
tout comme le coiffeur ou le cordonnier.
Mais l'essentiel des transports, sur terre, mer et air,
relève de grandes sociétés capitalistes.
On voit la même chose dans les (télé)communications,
qui ne rélèvent plus vraiment des pigeons ou diligences...
Il n'empêche que toute activité ne fait pas l'objet d'une socialisation avancée justifiant socialisation
et d'une autogestion généralisée.
La conclusion, c'est qu'il faut réduire de règne de la marchandise
en imposant par une révolution sociale le pouvoir des producteurs, et non du capital,
mais que certains produits et services continueront à être des marchandises.
Sur le sujet, et quelques autres aussi importants,
il est très stimulant de lire ce livre d'un camarade économiste,
et pourtant compréhensible, dont les réference sont ici,
ainsi qu'un chapitre:
http://www.contretemps.eu/lectures/bonnes-feuilles-r%C3%A9volution-selon-karl-marx-isaac-johsua
En fait, le secteur des services a beaucoup changé,
tout comme le secteur dit "productif", avec les progrès techniques
et l'accumulation de capital qui l'accompagne.
Prenons l'exemple des transports.
Certes, le taxi peut être propriétaire de son équipement,
tout comme le coiffeur ou le cordonnier.
Mais l'essentiel des transports, sur terre, mer et air,
relève de grandes sociétés capitalistes.
On voit la même chose dans les (télé)communications,
qui ne rélèvent plus vraiment des pigeons ou diligences...
Il n'empêche que toute activité ne fait pas l'objet d'une socialisation avancée justifiant socialisation
et d'une autogestion généralisée.
La conclusion, c'est qu'il faut réduire de règne de la marchandise
en imposant par une révolution sociale le pouvoir des producteurs, et non du capital,
mais que certains produits et services continueront à être des marchandises.
Sur le sujet, et quelques autres aussi importants,
il est très stimulant de lire ce livre d'un camarade économiste,
et pourtant compréhensible, dont les réference sont ici,
ainsi qu'un chapitre:
http://www.contretemps.eu/lectures/bonnes-feuilles-r%C3%A9volution-selon-karl-marx-isaac-johsua
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Contrôle des moyens de production
Salut Fraternité,
Je trouve ta question intéressante et très concrète.
Ce que j'en dirai, c'est que la question de la socialisation ne porte pas tellement sur le caractère matériel ou non du capital.
Pour s'en convaincre, un petit détour théorique peut s'avérer utile en reprenant la définition du capital de Marx. Pour Marx, le capital ce n'est ni un ensemble de marchandises hétérogènes utilisés dans le processus de production (comme le pensaient les économistes classiques) ; pas plus qu'il ne s'agit d'une somme d'argent permettant la production (comme l'avancent les économistes néo-classiques). Marx a une position unique et singulière sur le capital : il s'agit d'un rapport social car le processus de production n'est pas simplement un processus de production de marchandises, c'est aussi et surtout un processus de reproduction des rapports sociaux qui sous-tendent cette production (avec la domination du capital sur le travailleur).
Dès lors la question de la socialisation des moyens de production (et pas simplement leur contrôle!) concerne la remise en cause des rapports sociaux qui sous-tendent la production dans un régime capitaliste. L'enjeu n'est donc pas tellement de s'approprier les éléments qui composent physiquement le capital (ce serait le cas si notre définition du capital était celle des classiques) : l'enjeu, c'est de remettre en cause l'organisation du travail sur laquelle repose l'exploitation, c'est-à-dire le salariat. Concrètement, cela veut dire que dans le secteur tertiaire, la socialisation ne se traduit pas vraiment par l'appropriation matérielle des éléments qui composent le capital physique (l'équipement du taxi, le local du restaurant, etc...), mais plutôt par le fait que les travailleurs ont la maitrise du processus de production : ils ne sont plus simplement des exécutants, mais décident de la nature de leur production, des procédés utilisés, ainsi que de sa quantité. Mais aussi, ils possèdent la maitrise de leur temps et cadence de travail.
Pour résumer, dans le secteur tertiaire, la socialisation des moyens de production signifie l'abolition du salariat.
Je trouve ta question intéressante et très concrète.
Ce que j'en dirai, c'est que la question de la socialisation ne porte pas tellement sur le caractère matériel ou non du capital.
Pour s'en convaincre, un petit détour théorique peut s'avérer utile en reprenant la définition du capital de Marx. Pour Marx, le capital ce n'est ni un ensemble de marchandises hétérogènes utilisés dans le processus de production (comme le pensaient les économistes classiques) ; pas plus qu'il ne s'agit d'une somme d'argent permettant la production (comme l'avancent les économistes néo-classiques). Marx a une position unique et singulière sur le capital : il s'agit d'un rapport social car le processus de production n'est pas simplement un processus de production de marchandises, c'est aussi et surtout un processus de reproduction des rapports sociaux qui sous-tendent cette production (avec la domination du capital sur le travailleur).
Dès lors la question de la socialisation des moyens de production (et pas simplement leur contrôle!) concerne la remise en cause des rapports sociaux qui sous-tendent la production dans un régime capitaliste. L'enjeu n'est donc pas tellement de s'approprier les éléments qui composent physiquement le capital (ce serait le cas si notre définition du capital était celle des classiques) : l'enjeu, c'est de remettre en cause l'organisation du travail sur laquelle repose l'exploitation, c'est-à-dire le salariat. Concrètement, cela veut dire que dans le secteur tertiaire, la socialisation ne se traduit pas vraiment par l'appropriation matérielle des éléments qui composent le capital physique (l'équipement du taxi, le local du restaurant, etc...), mais plutôt par le fait que les travailleurs ont la maitrise du processus de production : ils ne sont plus simplement des exécutants, mais décident de la nature de leur production, des procédés utilisés, ainsi que de sa quantité. Mais aussi, ils possèdent la maitrise de leur temps et cadence de travail.
Pour résumer, dans le secteur tertiaire, la socialisation des moyens de production signifie l'abolition du salariat.
irving- Messages : 150
Date d'inscription : 23/11/2011
Re: Contrôle des moyens de production
Bonne explication, Irving. Je me permets d'ajouter que cela suppose le pouvoir des travailleurs, au niveau central et au niveau local, et la mise en route d'un processus pour remettre en cause la division sociale du travail (pas la division technique inévitable), en particulier entre travail intellectuel et travail manuel.
Si l'on prend l'exemple de la révolution russe, l'impossibilité (vu le contexte) de remettre en cause cette division du travail et en particulier le "processus de reproduction des rapports sociaux" et au contraire le développement d'une organisation du travail prenant modèle sur le capitalisme le plus avancé (Taylorisme par exemple) a été une des causes fondamentales de l'échec.
La propriété d'Etat des moyens de production, alors que l'Etat est totalement séparé des travailleurs et non contrôlé par eux, ne représente en aucune façon l'appropriation sociale des moyens de production.
Si l'on prend l'exemple de la révolution russe, l'impossibilité (vu le contexte) de remettre en cause cette division du travail et en particulier le "processus de reproduction des rapports sociaux" et au contraire le développement d'une organisation du travail prenant modèle sur le capitalisme le plus avancé (Taylorisme par exemple) a été une des causes fondamentales de l'échec.
La propriété d'Etat des moyens de production, alors que l'Etat est totalement séparé des travailleurs et non contrôlé par eux, ne représente en aucune façon l'appropriation sociale des moyens de production.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Contrôle des moyens de production
Le communisme n'est pas un contrôle des moyens de production existant mais plus que cela encore la transformation radicale des moyens de production. Un cabinet d'audit ou une usine d'armement n'auraient pas leur place dans une société communiste. Les travailleurs ont à saisir l'ensemble de l'activité sociale il ne s'agit donc pas de contrôler des unités de production séparées mais bien de les abolir. Les unités de production capitalistes qui sont à la base de la concurrence entre capitalistes dans le procès de valorisation du capital -et donc des travailleurs- sont dépassées par l'organisation sociale des travailleurs qui n'est alors ni un centralisme ni un fédéralisme. Le communisme est une activité humaine totale, rien n'est au-dessus de celle-ci, les rapports sociaux de production sont modifiés car le producteur, non pas qu'il ait un contrôle sur les objets qu'il produit (ce serait pour en faire quoi ? les mettre en concurrence avec d'autres ?) mais il a un contrôle sur l'ensemble de l'activité sociale, il n'y a plus d'extériorité (par exemple la dictature du marché) à la production sociale.
Bien entendu le capitalisme est un rapport social, cependant au coeur du capitalisme se trouve la marchandise. Pour Marx au stade d'une production marchande pleinement développée, la marchandise ne peut être que capitaliste, là où se forme sa valeur et son irrationalité. Conserver la marchandise, même marginalement, la marchandise ce serait alors conserver sous une forme réduite toutes les catégories fétichistes de l'économie bourgeoise : marchandise, argent, capital, salariat, rentabilité, crédit, etc. Dire qu'on peut conserver un secteur marchand c'est signifier que l'on conserve ce qui rend la marchandise possible, même à une échelle marginale. C'est donc retourner à un stade pré-capitaliste puis donc revenir au capitalisme. Dans le communisme réalisé la marchandise est inutile et l'autogestion généralisée indispensable car seule la planification totale d'un monde communiste par des producteurs librement associés rend possible l'émancipation sociale.
A lire également :
Les principes fondamentaux de la production et de la distribution communistes
Bien entendu le capitalisme est un rapport social, cependant au coeur du capitalisme se trouve la marchandise. Pour Marx au stade d'une production marchande pleinement développée, la marchandise ne peut être que capitaliste, là où se forme sa valeur et son irrationalité. Conserver la marchandise, même marginalement, la marchandise ce serait alors conserver sous une forme réduite toutes les catégories fétichistes de l'économie bourgeoise : marchandise, argent, capital, salariat, rentabilité, crédit, etc. Dire qu'on peut conserver un secteur marchand c'est signifier que l'on conserve ce qui rend la marchandise possible, même à une échelle marginale. C'est donc retourner à un stade pré-capitaliste puis donc revenir au capitalisme. Dans le communisme réalisé la marchandise est inutile et l'autogestion généralisée indispensable car seule la planification totale d'un monde communiste par des producteurs librement associés rend possible l'émancipation sociale.
A lire également :
Les principes fondamentaux de la production et de la distribution communistes
Carlo Rubeo- Messages : 249
Date d'inscription : 03/06/2012
Re: Contrôle des moyens de production
Un petit détail :
L'appropriation par les travailleurs des moyens de production ne ressort pas d'une abstraction ni d'un tableau noir.
Elle est prise de pouvoir concrète des entreprises par les travailleurs, elle ne ressort pas d'une abstraction où la centralisation confisque le pouvoir réel et concret des travailleurs, au profit d'une caste qui dit ainsi construire un communisme propre sur lui.
La phase autogestionnaire est très importante et, oui, elle passe d'abord par le contrôle des travailleurs des unités de production. Les moyens de production ne sont pas des abstractions ni des terrains de jeu pour confisquer le pouvoir aux travailleurs une fois qu'ils l'ont conquis.
Les travailleurs ne sont pas des abstractions et ils seront certainement prêts à botter le cul, une fois dirigeant les entreprises, de ceux qui chercheraient à les déposséder au profit de processus qu'on ne contrôlerait pas, pas à pas.
Les contradictions et les secousses d'une société socialiste seront énormes et pas résorbables par des oukases du dessus contre les travailleurs au profit d'une nouvelle bureaucratie qui n'a d'autre objet historique que de devenir à nouveau bourgeoisie elle-même.
Et non plus un système global ne s'établira pas par l'imposition des mains et l'opération du saint esprit.
L'appropriation par les travailleurs des moyens de production ne ressort pas d'une abstraction ni d'un tableau noir.
Elle est prise de pouvoir concrète des entreprises par les travailleurs, elle ne ressort pas d'une abstraction où la centralisation confisque le pouvoir réel et concret des travailleurs, au profit d'une caste qui dit ainsi construire un communisme propre sur lui.
La phase autogestionnaire est très importante et, oui, elle passe d'abord par le contrôle des travailleurs des unités de production. Les moyens de production ne sont pas des abstractions ni des terrains de jeu pour confisquer le pouvoir aux travailleurs une fois qu'ils l'ont conquis.
Les travailleurs ne sont pas des abstractions et ils seront certainement prêts à botter le cul, une fois dirigeant les entreprises, de ceux qui chercheraient à les déposséder au profit de processus qu'on ne contrôlerait pas, pas à pas.
Les contradictions et les secousses d'une société socialiste seront énormes et pas résorbables par des oukases du dessus contre les travailleurs au profit d'une nouvelle bureaucratie qui n'a d'autre objet historique que de devenir à nouveau bourgeoisie elle-même.
Et non plus un système global ne s'établira pas par l'imposition des mains et l'opération du saint esprit.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
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