Turquie
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Re: Turquie
Ainsi va l'idéologie, pas toujours cohérente....
A part ça, un rassemblement de solidarité est prévu mardi soir à Paris : http://www.demosphere.eu/rv/26715
A part ça, un rassemblement de solidarité est prévu mardi soir à Paris : http://www.demosphere.eu/rv/26715
Turquie : OccupyGezi
Rassemblement de soutien aux campeurs du Parc de Gezi à Taksim
Nous appelons à exprimer votre solidarité en participant au rassemblement le mardi 4 juin à de 19h à la Fontaine des Innocents.
Nous condamnons le recours excessif à la force contre des manifestants pacifiques à Taksim en Turquie.
Nous sommes préoccupés par l'usage excessif de la force, y compris spray de gaz poivré contre des manifestants pacifiques dans un parc au centre d'Istanbul.
Gezi Park à Taksim, Istanbul, est confronté à la démolition pour donner place à la construction d'un centre commercial. Des milliers de manifestants opposés à ce projet campent dans le parc depuis plusieurs jours. Depuis le début de l'occupation du parc, plusieurs milliers de personnes sont venues témoigner de leur soutien : des associations culturelles, des syndicats, des groupes d'artistes, d'étudiants, des défenseurs de la nature, des anticapitalistes…
Le vendredi 31 mai à l'aube, la police est intervenue pour détruire leurs tentes, et a utilisé du gaz poivré pour disperser les manifestants. Plus de 23 manifestants ont été grièvement blessés.
Les droits fondamentaux internationaux exigent que lors des dispersions, les policiers évitent l'utilisation de la force.
Nous appelons l'ouverture d'une enquête rapide, indépendante et impartiale sur les allégations d'excès et l'utilisation inutile de la force, et de veiller à ce que les fonctionnaires de la police responsable d'usage arbitraire ou abusif de la force soient poursuivis.
Nous exprimons notre solidarité avec ce mouvement et appelons à un rassemblement de soutien aux campeurs de Gezi Park à Taksim.
Le rassemblement de ce mardi à 19h se veut une manifestation de soutien à la lutte pour la sauvegarde de Gezi park et contre les violences faites par la police.
Par conséquent, l'objectif est d'informer l'opinion publique française et de sensibiliser la société française (syndicats, partis politique, citoyen,...) pour que de tels comportements policiers ne se produisent plus ni en Turquie ni dans d'autres pays.
Il ne s'agit pas d'une lutte "nationale" mais bien d'une lutte internationale pour un autre monde. Aussi, nous ne permettrons pas les banderoles des organisations politique turque, ni la présence des drapeaux, ni le portrait de qui que ce soit. Tout les nationalistes de tous bords sont priés de ne pas venir déranger notre manifestation.
Nous essayons d'organiser une prise de paroles des organisations et des partis politiques français pour soutenir notre lutte. Parce ce que un autre monde, sans drapeau, sans étiquette, international et de solidarités entre les peuples est possible.
Les premiers signataires:
L'ACORT -L'Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie
Ligue des droits de l'Homme - LDH
Assemblée européenne des citoyens (AEC-HCA France)
CEDETIM - Centre d'études et d'initiatives de solidarité internationale
Réseau IPAM - Initiatives pour un autre monde
FTCR- Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rive
ATMF- Association des Travailleurs Maghrébins de France
Comité pour le Respect des libertés et des Droits de l'Homme en Tunisie
FASE (Fédération pour une Alternative Sociale et écologique)
Lien : http://www.demosphere.eu/rv/26715
Source : https://www.facebook.com/events/1265593742168
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Turquie
Turquie: manifestation d’ampleur et répression très dure
(article de Médiapart)
http://npa2009.org/node/37490
Solidarité avec les mobilisations à Istanbul et dans toute la Turquie
http://npa2009.org/node/37493
(article de Médiapart)
http://npa2009.org/node/37490
Solidarité avec les mobilisations à Istanbul et dans toute la Turquie
http://npa2009.org/node/37493
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Turquie
la seule kémaliste que je connais personnellement est proche du NPA, ex Motivé-es, partisane des droits des kurdes, etc.
Sylvestre, je plussoie yannalan. A mon avis, elle est un peu myxomateuse, ta kemaliste.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Turquie
Réduire la mobilisation populaire actuelle au kémalisme me semble apparemment fortement à côté de la plaque...
Par contre je pense que si De Gaulle peut être cité dans l'affaire, c'est plus dans l'usure d'un régime démocratique autoritaire. Un peu comme ce qui a amené dans plusieurs pays d'Europe à compter de 68 à des soulèvements de la jeunesse, particulièrement en France. L'usure du régime de Erdogan ressemble à l'usure du gaullisme à l'orée de 68 en France.
La question de savoir si à un moment ça va déflagrer ou pas massivement dans la classe ouvrière se pose. Si le mvt ouvrier a subi de terribles reculs il n'en existe pas moins encore de façon importante en Turquie.
Ce qu'on peut remarquer c'est que des masses non négligeables se sont exprimées ces derniers jours, que l'influence conjuguée des révolutions "arabes" et des mouvements des indignés/occupy, etc en Europe du Sud, est évidente.
On verra l'avenir de cette dynamique où le régime d'Erdogan s'est crispé .
Par contre je pense que si De Gaulle peut être cité dans l'affaire, c'est plus dans l'usure d'un régime démocratique autoritaire. Un peu comme ce qui a amené dans plusieurs pays d'Europe à compter de 68 à des soulèvements de la jeunesse, particulièrement en France. L'usure du régime de Erdogan ressemble à l'usure du gaullisme à l'orée de 68 en France.
La question de savoir si à un moment ça va déflagrer ou pas massivement dans la classe ouvrière se pose. Si le mvt ouvrier a subi de terribles reculs il n'en existe pas moins encore de façon importante en Turquie.
Ce qu'on peut remarquer c'est que des masses non négligeables se sont exprimées ces derniers jours, que l'influence conjuguée des révolutions "arabes" et des mouvements des indignés/occupy, etc en Europe du Sud, est évidente.
On verra l'avenir de cette dynamique où le régime d'Erdogan s'est crispé .
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Turquie
Le monde d'aujourd'hui
Signe de l'aggravation du mécontentement populaire, l'une des plus importantes centrales syndicales turques a appelé à une grève de deux jours à partir de mardi afin de dénoncer le recours à la "terreur" par l'Etat contre les contestataires. Marquée à gauche, la Confédération des syndicats du secteur public (KESK), qui revendique 240 000 adhérents regroupés dans 11 syndicats, a également estimé que la brutalité de la répression traduisait l'"hostilité envers la démocratie" du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir.
Pour la première fois depuis le début du mouvement, à Ankara, la police a dispersé lundi soir à l'aide de gaz lacrymogènes et de canons à eau des groupes hostiles au gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan. De son côté, le premier ministre turc a nié toute dérive autoritaire et rejeté l'idée d'un "printemps turc", assurant même du Maroc, où il était en déplacement, que la situation était en voie d'apaisement dans son pays.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Turquie
Réduire la mobilisation populaire actuelle au kémalisme me semble apparemment fortement à côté de la plaque...
Il ne s'agit pas de limiter à ça, c'est juste que voir ces gens-là manifester pour la démocratie, ça fait drôle... et il semblent d'ailleur sse faire mettre dehors par les manifestants, justement.
Pour analyser, il faudrait voir qui manifeste. Istanbul est assez divisé entre els "vieux habitants", plitôt libéraux, classes moyennes d'un côté, et de m'autre des couches populaires nombreuses, venues d'Anatolie et plus conservatrices dans les moeurs,méprisées par les premiers, ou l'AKP a trouvé beaucoup d'électeurs. Si ceux-ci basculent, ça devient intéressant.
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Turquie
Communiqué du DSIP (section turque de l'IST) en turc et en anglais.
D'autre part
D'autre part
Emeutes et violence policiere en Turquie
Par des militant-e-s de la Quatrieme Internationale en Turquie.
Le mouvement spontané qui s’est déclenché à İstanbul en Turquie a ensuite pris une dimension sans précédent dans l’histoire du pays et s’étend aux 67 villes du pays sur 85.
Tout a commencé quand un groupe de citoyens a décidé d’occuper pacifiquement, ne serait-ce que pour quelque jours, afin exprimer leur opposition au réaménagement du parc Gezi [promenade] sur la place de Taksim en pleine centre d’Istanbul et au déplacement des arbres dans le parc pour l’aménagement du terrain. Le parc Gezi, selon les déclarations explicites mêmes du Premier Ministre Erdogan, serait l’objet d’un projet de réaménagement comprenant également la reconstruction comme centre commercial de luxe d’une caserne ottomane d’artillerie qui avait été démoli à la suite d’un soulèvement restaurationiste en 1909 contre la Révolution des Jeunes Turques du 1908 et dont les ruines avaient été définitivement rasées en 1940. Ce projet est d’ailleurs dénoncé par de nombreux spécialistes parmi les quels se trouvent les urbanistes, architectes et écologistes.
Vendredi le 31 mai, le jour même où un tribunal administratif d’Istanbul a pris une décision de suspendre le projet de reconstruction de la caserne, la police a attaqué les occupants pacifique du parc Gezi et les a évacués. L’agression de la police a suscité une réaction massive de la part des habitants qui se sont solidarisés avec les occupants du parc et après les violents affrontements la police a enfin reculé et libéré les lieux le 1er et 2 juin et a perdu le contrôle de la place de Taksim. Les guerres de rue se sont poursuivies jour et nuit dans de plusieurs quartiers du centre d’Istanbul.
Le fait que le Parti de la justice et du développement (AKP) qui est au pouvoir depuis dix ans ait pris une tournure autoritaire et exclu tous ce qui ne sont pas dans son camp, les réactions surtout dans les larges segments de la jeunesse à ses politiques néolibérales, plusieurs sujets de conflits qui peuvent être considéré comme éléments d’une explosion spontanée, ainsi que l’intervention de la police qui est entrée dans le parc pour évacuer brutalement les gens avec leurs enfants et qui a incendié leurs tentes, tout cela a largement fournit l’étincelle qui était nécessaire pour déclencher l’explosion.
L’AKP qui a une base électorale confortable de cinquante pour cent et qui est au pouvoir depuis dix ans a subi une toute première défaite et cela dans la rue. L’AKP qui est considéré comme parti qui a réalisé d’importants changements pour la moitié de la population venait juste de se mettre à table avec les kurdes pour les négociations pour trouver une solution pacifique a la questione national et ses politiques n’étaient jusqu’alors contestées que par des milieux de gauche militants mais peu influents quand un ensemble de gens hétérogène et difficilement définissable a conquis le centre de la ville après s’être affrontés courageusement avec la police.
Malgré l’importance de la participation aux manifestations des milieux kémalistes laïques, mécontents du pouvoir de l’AKP, la majorité des manifestants ont été, aussi bien que des groupes de gauche, des gens de 20-30 ans qui ont pris place, pour la première fois dans une lutte politique. Il faudrait d’ailleurs souligner le fait que c’étaient des jeunes femmes qui occupaient les premiers rangs pendant les affrontements avec la police. Les quartiers de pauvres à proximité du centre a facilité la participation aux manifestations de jeunes habitants de ces quartiers. Les gens de partout se sont orientés vers le centre-ville. À l’aube un important convoi de gens a traversé le pont du Bosphore à pied et joint les autres manifestants. Même si cela restait limité, certaines membres du parti d’extrême-droite MHP ont participé aux manifestations, mais la direction du parti a leur tout de suite donné l’ordre de quitter les rangs. Il y a un mélange de jeunes filles qui portaient de foulard, de « musulmans anticapitalistes », de fans de clubs de foot, de groupes LGBT, de kurdes, de kémalistes et surtout de ce qui disaient contre Tayyip Erdoğan « nous aussi nous sommes là, nous existons ». Les mots d’ordre importants étaient « Tayyip démissionne », « au coude à coude contre le fascisme », « Ce n’est qu’un début, la lutte continue », pourtant aucune revendication nette s’est exprimée par la foule. Même si l’Initiative de Taksim a formulé la revendication de la démission du ministre de l’intérieur, cette revendication ne s’est pas encore très répandue dans la masse. Ce qui est plus important des discussions au sujet de l’apparition éventuelle d’une opposition qui pourrait s’étendre de « Nous sommes » à « Nous serons », est le fait que, pour la première fois, de centaines de milliers de gens se rendent d’une façon indépendante aux places publiques sans qu’ils soient orientés par un centre connu (parti, syndicat ou Etat) afin de s’opposer aux politiques du gouvernement qui prend de plus en plus une tournure autoritaire. Même si les revendications sociales n’ont pas encore vu le jour, il est bien évident que la mise en œuvre des politiques néolibérale provoque l’indignation des masses.
La revanche du 1er mai ou les guerres de mémoire
Le gouvernement avait, le 1er mai dernier, fermé aux manifestations la place de Taksim qui a une importance symbolique, sous prétexte de travaux en cours, paralysé la transportation maritime et routière afin d’empêcher les manifestations du 1er mai et déployé des policiers partout. Suite à l’adoption par le gouvernement d’une méthode à la Putin afin d’étouffer la souffle de l’opposition sociale la ville avait été paralysée.
Il y a une guerre de mémoire entre la gauche et le gouvernement au sujet de la place de Taksim qui est connue comme place du 1er mai. Face à une gauche qui souhaiterait perpétuer la mémoire de 42 personnes qui sont tombés dans cette place au 1er mai de 1977, ainsi que les idéaux de la classe ouvrière, le gouvernement voudrait, en reconstruisant la caserne d’artillerie, à la fois « revivifier l’histoire » et, en transformant le caserne en centre commercial, créer sa propre légitimité historique.
En humiliant les manifestants qu’il stigmatise de « marauder » et de provocateur, Erdogan a révélé à quel point il était « consistant » quand il s’opposait à la répression israélienne à Gaza ou quand il critiquait Asad en Syrie. Les deux prochaines années auront lieu les élections municipales et législatives, ainsi que l’élection présidentielle. Selon de nombreux analystes, il est presque certain que Erdogan soit élu comme président. Erdogan voudrait réaliser un amendement constitutionnel qui lui permettrait de constituer un régime présidentiel à la Putin.
Cependant ces derniers évènements ont était une défaite inattendue pour lui.
Dorénavant ce dont nous avons besoin, c’est de nouvelles expériences massives.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Turquie
bretons à la manif
Ils sont partout... (bagad Penhars, le quartier un peu turc de Quimper d'ailleurs)
Et une analyse intéressante :
http://www.lorientlejour.com/article/817613/la-majorite-cest-toujours-erdogan.html
Ils sont partout... (bagad Penhars, le quartier un peu turc de Quimper d'ailleurs)
Et une analyse intéressante :
http://www.lorientlejour.com/article/817613/la-majorite-cest-toujours-erdogan.html
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Turquie
yannalan a écrit:Réduire la mobilisation populaire actuelle au kémalisme me semble apparemment fortement à côté de la plaque...
Il ne s'agit pas de limiter à ça, c'est juste que voir ces gens-là manifester pour la démocratie, ça fait drôle... et il semblent d'ailleur sse faire mettre dehors par les manifestants, justement.
Pour analyser, il faudrait voir qui manifeste. Istanbul est assez divisé entre els "vieux habitants", plutôt libéraux, classes moyennes d'un côté, et de l'autre des couches populaires nombreuses, venues d'Anatolie et plus conservatrices dans les moeurs,méprisées par les premiers, ou l'AKP a trouvé beaucoup d'électeurs. Si ceux-ci basculent, ça devient intéressant.
Oui un peu comme certains péronistes en Argentine quand les généraux ou des tendances differentes ont été aux affaires, les voir crier pour les libertés c'est toujours savoureux.
Apparemment il ne semble pas y avoir de courant dominant et orientant cette mobilisation. Ce qui semble être c'est qu'elle draine pas mal de monde. Savoir si la sympathie est majoritaire c'est autre chose. Mais il me semble logique de penser qu'il vaut mieux cela que rien et que cette mobilisation ouvre une nouvelle phase en Turquie.
La transcription électorale de tout cela ? Bof, la manif gaulliste du 30 mai 68 et les élections législatives allaient marqué en France l'arrête du mvt mais les rapports de force resteront marqué plusieurs années, ...
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Turquie
Il me semble avoir publié qu'il y avait l'intervention du mouvement ouvrier dans cette mobilisation (avec gréve générale à la clé) C'est visiblement d'une certaine importance pour l'orientation du combat à mener,...
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Turquie
Pour l'instant, tu as parlé de KESK, le syndicat des fonctionnaires. 240 000 adhérents pour un bled de près de 75 millions d'habitants au bas mot, c'est pas rien, mais c'est pas la CGT non plus. Enfin tant mieux.
Et si un forumeur sympa pouvait faire un point sur les forces syndicales là-bas et les organisations ouvrières (ou non, d'ailleurs), ce serait sympa.
Et si un forumeur sympa pouvait faire un point sur les forces syndicales là-bas et les organisations ouvrières (ou non, d'ailleurs), ce serait sympa.
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Turquie
Oui, ça ressemble plus à sud, si on veut ramener à des références franco-françaises. Cela dit, c'est pas inintéressant. Je ne connais pas le paysage syndical turc en détail non plus. Tu peux nous faire un topo, si tu t'y connais.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Turquie
Pas une réponse, mais quelques rappels, par Charles-André Udry
Turquie: le nouveau et l’ancien. Une opportunité pour la gauche radicale de Turquie?
http://alencontre.org/asie/turquie/turquie-le-nouveau-et-lancien-une-opportunite-pour-la-gauche-radicale-de-turquie.html
Turquie: le nouveau et l’ancien. Une opportunité pour la gauche radicale de Turquie?
http://alencontre.org/asie/turquie/turquie-le-nouveau-et-lancien-une-opportunite-pour-la-gauche-radicale-de-turquie.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Turquie
Pour suivre ce qui se passe là-bas: http://turkishspring.nadir.org/ (je vous conseille d'aller sur le live en anglais plus fourni que celui en français).
Il semblerait effectivement que la composition des manifestations soit très hétéroclite. Pas mal de jeunes (notamment des étudiants) mais aussi des darons, à première vue peut-être plus de présence des couches pas trop défavorisées du prolétariat, mais quand même des membres des couches très populaires...
Au niveau politique, c'est très varié.
- on y trouve les partisans du CHP (parti kémaliste, 1er parti de l'opposition, accessoirement membre de l'internationale socialiste)
- je ne sais pas trop qui sont les jeunes musulmans anticapitalistes ni ce qu'ils pèsent vraiment, mais ils bénéficient en France d'une sacré couverture médiatique depuis 2j
- le tkp (parti communiste turc, petit, environ 0.2% aux dernières législatives) semble très présent au vu des vidéos que j'ai vu
- L'ÖDP (parti membre fondateur de la Gauche Anticapitaliste Européenne , 1 député et un maire) est présent et à l'initiative dans certaines villes
- les maoistes sont pas mal présents mais là, j'aurai trop peur de dire des bêtises entre les mao-nationalistes, les maos pro kurdes, le tkp-ml... je ne sais pas trop qui pèse quoi et qui participe ou non
- les anars sont relativement bien implantés dans la jeunesse urbaine turque. Sur certaines vidéos de manifs stambouliotes on a ainsi pu voir des groupes d'anarchistes arborant les couleurs des carsi (supporters du club de foot du besiktas).
- au niveau syndical, je n'ai pas vu la mention d'une implication des autres syndicats que le KESK
Sur les mots d'ordres, chacun appuie évidemment sur son truc, les kémalistes sur la notion de lutte contre l'islamisation de la turquie, d'autres sur la démocratie, certains plus sur l'aspect social... La démission de Erdogan sert de mot d'ordre commun à beaucoup. Cela traduit à la fois l'aspect général du ras-le-bol mais à la fois son aspect un peu dépolitisé (il ne semble pas que les slogans sur le système économique fassent florès) et sur le manque de perspectives et de cohésion idéologique. Enfin, semblerait que la forte répression du 1er mai (20000 flics pour empêcher la manif d’Istanbul d'avoir lieu!) ait pas mal avivé la colère.
Enfin, d'un point de vue géographique, on reste évidemment sur un mouvement très urbain mais qui touchent maintenant quasiment toutes les villes importantes.
Il semblerait effectivement que la composition des manifestations soit très hétéroclite. Pas mal de jeunes (notamment des étudiants) mais aussi des darons, à première vue peut-être plus de présence des couches pas trop défavorisées du prolétariat, mais quand même des membres des couches très populaires...
Au niveau politique, c'est très varié.
- on y trouve les partisans du CHP (parti kémaliste, 1er parti de l'opposition, accessoirement membre de l'internationale socialiste)
- je ne sais pas trop qui sont les jeunes musulmans anticapitalistes ni ce qu'ils pèsent vraiment, mais ils bénéficient en France d'une sacré couverture médiatique depuis 2j
- le tkp (parti communiste turc, petit, environ 0.2% aux dernières législatives) semble très présent au vu des vidéos que j'ai vu
- L'ÖDP (parti membre fondateur de la Gauche Anticapitaliste Européenne , 1 député et un maire) est présent et à l'initiative dans certaines villes
- les maoistes sont pas mal présents mais là, j'aurai trop peur de dire des bêtises entre les mao-nationalistes, les maos pro kurdes, le tkp-ml... je ne sais pas trop qui pèse quoi et qui participe ou non
- les anars sont relativement bien implantés dans la jeunesse urbaine turque. Sur certaines vidéos de manifs stambouliotes on a ainsi pu voir des groupes d'anarchistes arborant les couleurs des carsi (supporters du club de foot du besiktas).
- au niveau syndical, je n'ai pas vu la mention d'une implication des autres syndicats que le KESK
Sur les mots d'ordres, chacun appuie évidemment sur son truc, les kémalistes sur la notion de lutte contre l'islamisation de la turquie, d'autres sur la démocratie, certains plus sur l'aspect social... La démission de Erdogan sert de mot d'ordre commun à beaucoup. Cela traduit à la fois l'aspect général du ras-le-bol mais à la fois son aspect un peu dépolitisé (il ne semble pas que les slogans sur le système économique fassent florès) et sur le manque de perspectives et de cohésion idéologique. Enfin, semblerait que la forte répression du 1er mai (20000 flics pour empêcher la manif d’Istanbul d'avoir lieu!) ait pas mal avivé la colère.
Enfin, d'un point de vue géographique, on reste évidemment sur un mouvement très urbain mais qui touchent maintenant quasiment toutes les villes importantes.
chejuanito- Messages : 566
Date d'inscription : 08/07/2010
Re: Turquie
72% de la population est urbanisée (niveau de la France du début des années 70). Là dedans les très grandes villes pèsent beaucoup.
C'est effectivement dans les villes que ça se joue.
Sur l'importance des organisations ouvrières.
Il me semble avoir compris qu'elles sont sous une répression non négligeable. Le 1er mai par exemple a été interdit et agressé par la police.
Dans ce cadre il faut relativiser les comparaisons en nombre d'adhérents entre des syndicats turcs et français.
Encore un complot de l'étranger ...
Décidément ça ne changera jamais, de Assad aux généraux algériens, aux ministres de l'intérieur français et italiens des années 60 et 70, ça ne peut être que des complots fourbis par l'étranger...
Le service de renseignement turc a averti que de nouvelles protestations pouvaient aboutir à la mort de participants suite à l'activité de provocateurs, annonce aujourd'hui le journal Yeni Safak.
L'analyse des enregistrements des derniers affrontements avec la police ont permis aux autorités de conclure que des provocateurs étrangers se trouvaient parmi les extrémistes turcs.
« Il s'agit de 750 à 1 000 agents dont l'activité est rémunérée par des services de renseignement étrangers. Il y a parmi eux de nombreux ressortissants étrangers qui ont pénétré dans les rangs des manifestants », écrit le quotidien.
http://french.ruvr.ru/news/2013_06_04/Des-centaines-dagents-etrangers-provoquent-des-desordres-en-Turquie-7314/
Le mouvement, une Movida stambouliote ?
Le CRIF en difficulté avec les faits : Le mouvement a gagné de nombreuses villes, Ankara au 1er chef. Porter l'attention sur la seule Istanbul n'est pas représentatif de ce qui se passe en Turquie.
Proportionnellement certaines autres villes semblent bouger comme Istanbul .
Sur le reste, intéressant.
http://www.crif.org/tribune/turquie-pourquoi-les-%C3%A9meutes-distanbul-n%E2%80%99ont-rien-%C3%A0-voir-avec-les-printemps-arabes-mais-quand-m%C3%AAme-un-peu%E2%80%A6/37286
la Turquie, pays béni par la croissance ?
Et socialement ?
La Turquie a connu une très forte croissance économique depuis un moment. La situation sociale est toutefois pas si bonne que cela et le chômage par exemple est légèrement supérieur à la France.
20 à 25% pour les jeunes de moins de 24 ans
12 à 14% de la main d’œuvre totale
Par ailleurs, de grandes vagues de privatisation sont en cours ou achevées (banque, chimie, gaz, autoroutes, compagnies aériennes, téléphonie, énergie, etc), mesures dont on connait bien ailleurs les effets indirects sur les inégalités sociales.
Largement de quoi alimenter des secousses
Le vice-Premier ministre turc présente ses excuses aux "victimes de violences"
Bien regarder à qui exactement il présente ses excuses...
.../... En réaction aux violences, le vice-Premier ministre turc, Bülent Arinç, a invité la population à mettre immédiatement fin aux manifestations, tout en affirmant que le gouvernement avait "tiré la leçon" des événements de ces derniers jours.
Il s’est également excusé auprès des manifestants blessés.
"Je présente mes excuses à tous ceux qui ont été victimes de violences parce qu'ils sont sensibles à la défense de l'environnement", a déclaré Bülent Arinç, lors d'une conférence de presse à l'issue d'un entretien avec le président turc, Abdullah Gül..../...
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Turquie
Après le complot fomenté par 700 à 1000 activistes étrangers, le complot fomenté par les réseaux sociaux
Antioche en deuil manifeste contre la terreur policière
Là c'est dans le sur de la Syrie, à la frontière syrienne
(Pas de chance pour ceux qui parle d'un mvt stambouliote)
"Ces choses que l'on appelle les réseaux sociaux sont des fauteurs de troubles dans nos sociétés actuelles."
Recep Tayyip Erdogan.
Décidément la paranoïa des dirigeants bourgeois est toujours solidement établie, partout dans le monde. Ainsi que les tendances paranoïaques des médias verticalistes partout dans le monde qui ne cessent de faire des sujets sur les turpitudes et les dangers du net.
Là : http://www.radikal.com.tr/yazarlar/m_serdar_kuzuloglu/sosyal_medya_belasi-1136299
et http://mserdark.com/
Antioche en deuil manifeste contre la terreur policière
Là c'est dans le sur de la Syrie, à la frontière syrienne
(Pas de chance pour ceux qui parle d'un mvt stambouliote)
Antioche :
50.000 manifestants ce 4 juin pour l’enterrement de Abdullah Cömert assassiné lundi soir lors d’une manifestation par les flics. Les commerçants ont baissé leurs rideaux en signe de deuil et de protestation. Des slogans ont été scandés comme "Etat assassin"
.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Turquie
hier rassemblement très réussi à Paris en solidarité avec les manifestants en Turquie
La manifestation est également soutenue par des partis de gauche, du PS à Europe Ecologie-Les Verts en passant par le Front de gauche et le Nouveau Parti anticapitaliste. Roseline Vachetta est membre de la direction de ce parti et ancienne députée européenne. La raison de la participation du NPA est, pour elle, évidente : "Exprimer notre solidarité, cela nous paraît être le minimum face à la répression de ces manifestations qui nous révolte."
Elle voit dans ce mouvement turc des points communs avec des problématiques qui touchent la France. "Les manifestations ont commencé contre le projet de transformer un parc en centre commercial. Un combat contre un projet inutile qui ne sert qu’aux riches, et qui nous fait penser à Notre-Dame-des-Landes", le projet d'aéroport situé près de Nantes.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Turquie
A propos de l'économie, Michael Roberts propose une analyse nuancée : http://thenextrecession.wordpress.com/2013/06/03/turkey-cant-see-the-trees-for-the-woods/
In the last two years, the economy slowed, driven by weakening domestic demand. Turkey remains prone to boom-bust cycles driven by foreign capital flows. The health of global imperialism is still the overriding factor in Turkey’s own growth. The national saving rate has fallen dramatically over the last 15 years, from 25% of GDP in the late 1990s to less than 15% now. This decline has been larger than in any G-20 country over this period and stands in stark contrast to the experience in peer emerging economies. So Turkey is forced into making its labour force competitive to attract more FDI flows into the tradable sector. At around 2.0% of GDP, FDI inflows are still below the G–20 EM average , with most flows tilted toward unproductive sectors such as banking and real estate.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Turquie
Emre Öngün : « Taksim partout ! Résistance partout ! » : le mur de la peur est brisé en Turquie
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Turquie
Alain Gresh : Vent de fronde en Turquie
La grille de lecture qui voudrait voir dans ces actions un mouvement contre la réislamisation de la société ne correspond pas à la réalité. Levent Yilmaz note : « Nous avons bien entendu affaire à un gouvernement conservateur musulman, qui n’a pourtant pas exercé d’oppression confessionnelle. Erdogan présente un profil autoritaire. Il semble en voie de “poutinisation”. Il se mêle de tout et suscite la peur. Cette atmosphère de crainte, étouffante, a gagné des secteurs qui semblaient intellectuellement armés pour y résister : les médias, l’université…
Mais les grilles de lecture, en France ou ailleurs, poussent parfois à surinterpréter certains signes d’autoritarisme en en faisant des signaux religieux. L’exemple des récentes dispositions limitant le marché de l’alcool est symptomatique. L’affaire m’apparaît moins répressive que bien des ordonnances d’outre-Atlantique, par exemple, où la vente est souvent interdite aux moins de 21 ans. En Turquie, se fondant sur une législation déjà existante, le pouvoir veut entraver un tel commerce après 22 heures ou à proximité des écoles. J’y vois davantage la marque du conservatisme que de l’islamisme. »
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Turquie
Des images de la solidarité internationale
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Turquie
Internvention trés interessante glanée sur "contretemps"
« Ce n’est pas l’islamisme que les manifestants turcs rejettent, c’est le néolibéralisme »
Le 4 juin, Nadeen Shaker interviewait Ozan Tekin pour Ahram online (http://english.ahram.org.eg/ [3]). Ozan Tekin est un auteur turc, éditeur du site Marksist.org, « un site d’information turc ancré à gauche ».
Ahram online (AO) : Pouvez-vous nous donner une idée de la façon dont des rassemblements qui ne réunissaient qu’une poignée de personnes mobilisées contre la destruction d’un parc ont pu se transformer en une vague de manifestations anti-gouvernementales à l’échelle nationale ?
Ozan Tekin (OT) : Dans la nuit de mardi dernier, une dizaine de militant•e•s ont accouru dans l’enceinte du Parc Gezi au moment où les bulldozers y pénétraient pour commencer l’arrachage des arbres. Quelques heures plus tard, les bulldozers ont dû se retirer et quelques milliers de personnes ont alors occupé le parc. La police a pris d’assaut le parc aux premières heures du jour afin de permettre aux bulldozers d’y pénétrer une nouvelle fois. Au troisième jour, on a pu assister à une véritable explosion de mécontentement, et des dizaines de milliers de personnes ont rejoint la lutte sur la place Taksim afin de préserver le parc et pour manifester contre la violence policière.
AO : Qu’est-ce qui peut expliquer un tel mécontentement vis-à-vis de la politique menée par Erdogan ?
OT : Les plans gouvernementaux de restructuration de la place Taksim participent d’un programme néolibéral plus vaste. Ils veulent transformer Taksim, le centre de la ville, en lieu dédié aux classes supérieures, et ce en chassant les gens ordinaires. Ce gouvernement est conservateur et néolibéral, et les gens en ont eu plus qu’assez non seulement de la restructuration de la place Taksim – qui a été imposée sans aucune concertation citoyenne – mais également d’un contexte général marqué par une vague de réformes néolibérales, de la prolifération absolument non régulée des centres commerciaux, de la loi datant du mois dernier qui vient interdire la vente d’alcool après 22h et de l’intervention musclée trop fréquente de la police à l’occasion de manifestations parfaitement démocratiques. L’arrogance du Premier ministre Erdogan et sa trop grande fermeté ont également attisé le mécontentement.
AO : Quelle est l’ampleur de la mobilisation ? Qui y prend part ?
OT : Les premier•e•s à être entré•e•s en résistance sont essentiellement des militant•e•s de gauche, des militant•e•s écologistes, des militant•e•s non-organisé•e•s, etc. La violence déployée par la police à leur encontre a suscité la mobilisation de plus larges secteurs de la société. Des milliers de jeunes militant•e•s non encarté•e•s – et qui, pour beaucoup, prenaient ici part à une activité politique pour la toute première fois – sont descendu•e•s dans les rues pris•e•s de colère. Tous les partis de gauche étaient mobilisés. Quelques syndicats – mais peut-être pas à grande échelle – ont également rejoint la lutte. Le principal parti d’opposition (CHP) et quelques autres groupes de droite nationalistes/pro-armée ont eux aussi rejoint les cortèges. Mais leur influence a été très limitée lors des journées de vendredi et samedi.
AO : En quoi consiste ce que certain•e•s appellent le « Printemps turc » ? Quelles sont ses implications au niveau régional ?
OT : Erdogan prétend soutenir les mouvements révolutionnaires au Moyen-Orient. Mais tandis qu’il fait face à une vague de révoltes à bien plus petite échelle, son gouvernement ne se prive pas de faire usage de la violence policière d’une manière brutale pendant des heures et des heures contre les manifestant•e•s. C’est de l’hypocrisie – cela montre combien le gouvernement turc ne peut en aucun cas servir de « modèle » aux attentes des masses égyptiennes ou syriennes.
Mais 50% de la société turque vote pour l’AKP (le Parti pour la justice et le développement, parti au pouvoir d’Erdogan) parce que les gens pensent qu’il réalise progressivement les avancées qui ont été obtenues par des mobilisations de masse au Moyen-Orient. La Turquie a une longue tradition d’intervention de l’armée dans la politique par des coups d’État militaires sanglants. Les généraux ont également comploté afin de renverser le gouvernement de l’AKP, prétextant qu’il voulait faire de la Turquie « une sorte d’Iran » en imposant la Charia.
De nombreuses sections de base de l’AKP veulent un changement et soutiennent Erdogan parce que ces gens sont convaincus qu’il résoudra tout cela – l’exclusion de l’armée de la sphère politique, une solution pacifique à la question kurde, une amélioration en terme de justice sociale. Cela met l’AKP dans une position contradictoire – un programme néolibéral de droite d’un côté, et des millions de votant•e•s au nom d’un « espoir » de liberté de l’autre. Même au plus fort de la contestation, la place Taksim était loin de Tahrir en terme de mobilisation, et son contenu politique ressemblait plus au « Tahrir contre Morsi » qu’au « Tahrir contre Moubarak ».
AO : En quoi la réponse d’Erdogan à la situation a-t-elle un impact sur le cours de la mobilisation ? D’autres grèves couvrant d’autres aspects du mécontentement sont-elles prévues ?
OT : Un porte-parole de l’AKP a reconnu que le mouvement avait seulement « réussi à rassembler de nombreux groupes disparates dans la rue. » L’arrogance d’Erdogan et son entêtement à ne jamais faire marche arrière aide la mobilisation à grossir. C’est là la véritable cause de sa première défaite sérieuse depuis onze ans – la police a dû se retirer de Taksim et des dizaines de milliers de personnes ont occupé le parc et l’ont transformé en scène de festival. Désormais le principal but du mouvement consiste à sauver le parc de la destruction et à s’opposer aux plans gouvernementaux de restructuration de Taksim comme un tout.
AO : Qu’en est-il de l’usage de la brutalité policière et de la récente revendication qui en appelle à la démission du ministre de l’Intérieur ?
OT : Le ministre de l’Intérieur a fait savoir que 1 730 personnes avaient été arrêtées pendant les manifestations. Des centaines ont été blessées par les assauts de la police qui s’est montrée vraiment brutale, et pas seulement à Istanbul mais dans tout le pays. Dès lors, la démission du ministre de l’Intérieur, comme celles du préfet d’Istanbul et du chef de la police constituent des revendications importantes.
AO : Qu’en est-il de votre propre expérience dans les manifestations ? Avez-vous vraiment appelé la place Taksim « Tahrir » ?
OT : Les manifestations de masse dans la rue ont vraiment été enivrantes pendant deux jours – vendredi et samedi. L’âme du mouvement était comme celle de Tahrir. De nombreux et nombreuses militant•e•s ont fait explicitement référence à la place Tahrir. Des dizaines de milliers ont résisté à la police sans crainte.
Quand le Parc Gezi a été repris, des tas de gens ordinaires ont célébré cela, puis ils et elles ont rejoint leurs maisons et leurs boulots. Puis est advenue l’influence grandissante des nationalistes pro-armée, pour la plupart des électeurs du CHP, qui ont tenté de transformer les manifestations en quelque chose qui puisse pousser l’armée à passer à l’action contre le pouvoir. Ces gens-là sont hostiles aux Kurdes et à la communauté arménienne, ils s’opposent aux négociations de paix engagées avec les Kurdes (ce qui constitue un point crucial dans l’histoire pour la démocratie en Turquie) et ils désignent le Premier ministre sous le terme de « traitre à la nation ».
En 1997, des manifestations massives emmenées par la gauche contre « l’État profond1 » ont été instrumentalisées par l’armée pour forcer le gouvernement islamiste de l’époque à prendre congé. Des groupes essaient aujourd’hui de faire la même chose – leur présence constitue une menace grandissante à l’encontre du mouvement de masse. Cela nous divise et nous affaiblit. Mais ils n’ont pas encore réussi à saboter le mouvement.
Il s’agit là d’une très sérieuse bataille idéologique que nous devons gagner. Nous ne sommes pas contre ce gouvernement parce qu’il est islamique, mais parce qu’il est conservateur et néolibéral. C’est un gouvernement élu et légitime, et nous ne voulons donc pas qu’il soit renversé par les forces armées qui, elles, ne sont pas élues. Nous voulons que ce gouvernement soit renversé par le mouvement de masse du peuple.
Traduit de l’anglais par Stella Magliani-Belkacem
Source : http://english.ahram.org.eg/News/73116.aspx [4]
Photographie: #occupygezi
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1. L’État profond ou « État dans l’État », désigne en Turquie l’idée qu’existe un réseau souterrain de relations entre personnel politique de haut rang, services de renseignement et pouvoirs mafieux, policier et militaire.
date:
05/06/2013 - 14:42
Ozan Tekin [5]
Source URL: http://www.contretemps.eu/interventions/%C2%AB-ce-n%E2%80%99est-pas-islamisme-que-manifestants-turcs-rejettent-c%E2%80%99est-n%C3%A9olib%C3%A9ralisme-%C2%BB
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Turquie
OT : Les plans gouvernementaux de restructuration de la place Taksim participent d’un programme néolibéral plus vaste. Ils veulent transformer Taksim, le centre de la ville, en lieu dédié aux classes supérieures, et ce en chassant les gens ordinaires. Ce gouvernement est conservateur et néolibéral, et les gens en ont eu plus qu’assez non seulement de la restructuration de la place Taksim – qui a été imposée sans aucune concertation citoyenne – mais également d’un contexte général marqué par une vague de réformes néolibérales, de la prolifération absolument non régulée des centres commerciaux, de la loi datant du mois dernier qui vient interdire la vente d’alcool après 22h et de l’intervention musclée trop fréquente de la police à l’occasion de manifestations parfaitement démocratiques. L’arrogance du Premier ministre Erdogan et sa trop grande fermeté ont également attisé le mécontentement.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Suivre la mobilisation des syndicats
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http://www.labourstart.org/cgi-bin/show_news.pl?country=Turkey&langcode=fr
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Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Turquie
A propos des mystères de l'idéologie, une photo de la manif d'aujourd'hui : Öcalan et Kemal Atatürk...
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
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