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Courant "Anticapitalisme et Révolution" du NPA

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Message  MO2014 Mar 30 Déc - 17:08

MO2014 a écrit:les bons vieux réflexes des années 30 :
Byrrh a écrit:"des libelles d'intellos. Les petits-bourgeois
Twisted Evil

Oui ça fait mal le factuel et le vérifiable. Tandis que les insultes d'un gauchiste blanc ça fait rire.
Car la différence entre nos organisations est simple. Nous n'avons pas la prétention de mener tous les combats nous n'en menons qu'un seul celui de émigrés post coloniaux contre l'état raciste.
Vous avez la prétention de les mener tous, ce qui est une tartufferie en particulier pour les luttes concernant les émigrés au vue de sa place dans votre résolution.

L'oppression et l'exploitation s'exerce avec le plus de force sur quelle couches du prolétariat ? Sur les émigrés et les descendant de l'émigration post coloniales les "nègres" et les "bougnoules". Ce sont eux qui ont les boulots de merde, les plus durs, les plus mal payés. Ce sont eux qui vivent dans les cités de la honte ou personne ne voudrait loger. Ce sont eux qui ne peuvent pas s'habiller comme ils le souhaitent. Ce sont eux qui sont tutoyés, discriminés, insultés, expulsés...etc. J'arrête il en faudrait des pages.
Et ce sont eux qui sont absents de ta résolution quand tu parles de manière abstraite et vide de sens de "travailleurs". Alors encadre autant que tu veux et continue de voir la lutte anti-raciste comme une "participation" (dans ton texte) et non pas comme l'axe central de la lutte contre l'exploitation et l'oppression de classe et de son instrument, l'état.

MO2014

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Message  verié2 Mar 30 Déc - 20:38

L'oppression et l'exploitation s'exerce avec le plus de force sur quelle couches du prolétariat ?
D'une part les prolétaires issus de l'immigration ne sont pas seuls à subir l'exploitation la plus dure : les conditions d'une partie des jeunes chômeurs d'autres origines et d'une partie des femmes prolétaires ne sont pas meilleures. Dans de grandes entreprises, de l'automobile par exemple, les conditions de travail sont les mêmes pour tous. D'autre part, une petite bourgeoisie s'est développée parmi ces catégories issus de l'immigration. C'est cette petite bourgeoisie qui peut avoir intérêt, ou croire avoir intérêt, à diviser les travailleurs en fonction de leurs origines, tout comme des politiciens peuvent inversement trouver un intérêt à cette division.

Nous devons certes prendre en compte les spécificités de l'oppression subie par certaines catégories, mais avec l'objectif d'obtenir l'unité du prolétariat contre le capital. Ce n'est pas défendre les véritables intérêts des couches les plus exploitées que de les opposer aux autres.

On ne peut refuser à qui que ce soit le droit de s'organiser comme il l'entend, avec qui il l'entend, mais les chances des prolétaires issus de l'immigration de changer leur sort sont très faibles sans l'unité avec les autres travailleurs, et vice versa d'ailleurs.

verié2

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Message  Toussaint Mar 30 Déc - 21:23

Nous devons certes prendre en compte les spécificités de l'oppression subie par certaines catégories, maiscontre le capital. Ce n'est pas défendre les véritables intérêts des couches les plus exploitées que de les opposer aux autres.

On ne peut refuser à qui que ce soit le droit de s'organiser comme il l'entend, avec qui il l'entend, mais les chances des prolétaires issus de l'immigration de changer leur sort sont très faibles sans l'unité avec les autres travailleurs, et vice versa d'ailleurs.

Pour la première affirmation, tout est dans le "certes" et le "mais" et résume bien l'antiracisme blanc. La simple analyse de la phrase est dévastatrice. Sans même insister sur le terme "prendre en compte", qui ne signifie en aucun cas une reconnaissance, mais une inclusion dans les considérations tactiques. Un peu comme la critique de l'ex-LCR à la loi raciste de 2004 condamnée car pouvant "apparaître comme discriminatoire" aux yeux des musulmans (et des seuls musulmans, évidemment, embrouillés par leur idéologie obscurantiste, cela va sans dire... Toute la tactique étant de les intégrer dans le front commun en relativisant leurs revendications pour ne pas choquer la majorité blanche. On a donné, et on ne nous y reprendra jamais plus.

"On ne peut refuser"... Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy  Heureusement les concernés ne vous demandent pas d'accepter ni de refuser, ils se constituent précisément en force indépendante pour se passer de votre approbation. Je me souviens des réactions haineuses à l'Appel des Indigènes, nous étions sur le FMR traités de communautaristes, ce bon concept policier républicain et colonial, d'être des marionnettes de Tariq Ramadan (le pauvre avait signé l'Appel tout en nous disant en "interne" que c'était une erreur, un peu avec les arguments de vérié, sauf qu'il parlait de constituer un front des opprimés, femmes, gays, lesbiennes, musulmans, indigènes, travailleurs, etc). Nous avons même été en conséquence été qualifiés par les loïstes de tout poil d'être les relais de l'intégrisme, pas moins, et par beaucoup de développer un racisme à l'envers. En parallèle, Rouge et LO publiait des articles élogieux sur Malcolm X...  Very Happy  C'était l'époque où ce cher Picquet parlait de racisme anti-blanc dans Marianne... Vous n'avez certes pas pu empêcher les Indigènes de se créer mais ce ne fut pas faute d'essayer.

"Les nègres vous emmerdent comme disait Aimé Césaire."


D'autre part, une petite bourgeoisie s'est développée parmi ces catégories issus de l'immigration. C'est cette petite bourgeoisie qui peut avoir intérêt, ou croire avoir intérêt, à diviser les travailleurs en fonction de leurs origines, tout comme des politiciens peuvent inversement trouver un intérêt à cette division.

Et cette petite-bourgeoisie, c'est quoi, au juste? et c'est qui? Le PIR? Les profs et les sociologues comme Said Bouamama? Ou carrément des petits patrons comme Barça, l'ancien chef de LO, la secte islamophobe?

Les petits-bourgeois du PIR


Byrrh, tu ne sais pas grand-chose du PIR, visiblement. Et c'est très précisément le genre de choses que l'on proférait dans les organisations très prolétariennes de l'EG française contre celles et ceux qui demandaient le droit ou le non-refus Very Happy  de construire un movement LGBT, ce fut aussi l'insute contre les féministes.


Dernière édition par Toussaint le Mar 30 Déc - 21:32, édité 2 fois
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Message  Dinky Mar 30 Déc - 21:26

verié2 a écrit:
L'oppression et l'exploitation s'exerce avec le plus de force sur quelle couches du prolétariat ?
D'une part les prolétaires issus de l'immigration ne sont pas seuls à subir l'exploitation la plus dure : les conditions d'une partie des jeunes chômeurs d'autres origines et d'une partie des femmes prolétaires ne sont pas meilleures. Dans de grandes entreprises, de l'automobile par exemple, les conditions de travail sont les mêmes pour tous. D'autre part, une petite bourgeoisie s'est développée parmi ces catégories issus de l'immigration. C'est cette petite bourgeoisie qui peut avoir intérêt, ou croire avoir intérêt, à diviser les travailleurs en fonction de leurs origines, tout comme des politiciens peuvent inversement trouver un intérêt à cette division.

Nous devons certes prendre en compte les spécificités de l'oppression subie par certaines catégories, mais avec l'objectif d'obtenir l'unité du prolétariat contre le capital. Ce n'est pas défendre les véritables intérêts des couches les plus exploitées que de les opposer aux autres.

On ne peut refuser à qui que ce soit le droit de s'organiser comme il l'entend, avec qui il l'entend, mais les chances des prolétaires issus de l'immigration de changer leur sort sont très faibles sans l'unité avec les autres travailleurs, et vice versa d'ailleurs.

On ne peut qu'être d'accord avec ce propos Vérié2, qui devra cependant continuer de s'excuser d'être un "gauchiste blanc".
Mais qu'un truc comme le PIR oblige, pour répondre aux provocations hargneuses, à énoncer de telles évidences, montre surtout qu'il n'y a rien à discuter avec ces gens là qui sont clairement dans un autre camp que celui des communistes et des travailleurs.

C'est cette petite bourgeoisie qui peut avoir intérêt, ou croire avoir intérêt, à diviser les travailleurs en fonction de leurs origines, tout comme des politiciens peuvent inversement trouver un intérêt à cette division.

C'est bien résumé même si, heureusement, leur capacité de nuisance est nulle dans le prolétariat et si, malheureusement, d'autres courants réacs, bien réels, eux, se chargent de véhiculer et renforcer les préjugés mortels de division qui affaiblissent le camp des travailleurs et des classes populaires face à leurs exploiteurs communs, blancs ou pas blancs.


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Message  Toussaint Mar 30 Déc - 21:37

ces gens là qui sont clairement dans un autre camp que celui des communistes et des travailleurs.

Very Happy Very Happy Very Happy
Il n'a pas fallu longtemps pour que le raciste islamophobe loïste de service reconnaisse cette fois son camarade vérié, je vous laisse entre militants blancs à vos embrassades émouvantes.

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Message  MO2014 Mer 31 Déc - 0:13

Pour compléter ce qu'a dit kouhia Toussaint  Wink  une excellente intervention de Sadri Khiari (tenue au Colloque « Penser l’émancipation »,  Lausanne, les 25 et 27 octobre 2012 :

Il y aurait beaucoup à dire – à apprécier et à critiquer – sur l’internationalisme tel qu’il a été porté par le mouvement ouvrier, et notamment par ses tendances les plus radicales, au cours du siècle dernier. Idéal généreux d’émancipation humaine, il a connu des moments glorieux dont il m’est difficile de parler sans émotion. Les deux exemples qui me viennent immédiatement à l’esprit sont l’extraordinaire mouvement de solidarité suscité par la révolution espagnole et, évidemment, puisque cela me concerne directement, le soutien apporté par de nombreux mouvements internationalistes, communistes ou anarchistes, aux luttes anticolonialistes.

Je pourrais évoquer quantité d’autres exemples. Il se trouve qu’un ami m’a envoyé récemment un court extrait d’un texte de Trotsky datant de mai 1938 que je mourrais d’envie de partager à mon tour sans en trouver l’occasion. Cette conférence me la fournit. Le voici, il est magnifique : « Supposons que, dans la colonie française d’Algérie, éclate demain une rébellion, sous la bannière de l’indépendance nationale et que le gouvernement italien, poussés par ses propres intérêts impérialistes, livre des armes aux insurgés. Quel devrait être dans ce cas, le comportement des ouvriers italiens ? J’ai délibérément pris l’exemple d’une révolte contre un impérialisme démocratique et d’ingérence en faveur de rebelles par un impérialisme fasciste. Les ouvriers italiens doivent-ils empêcher l’envoi d’un navire avec des armes pour les Algériens ? Supposons qu’un quelconque gauchiste réponde à cette question par l’affirmative. Tout révolutionnaire, de concert avec les ouvriers italiens et les Algériens rebelles, rejetterait avec indignation cette réponse. Même si dans l’Italie fasciste à ce moment éclate une grève générale des marins, dans ce cas les grévistes doivent faire une exception en faveur des navires qui apportent de l’aide aux esclaves coloniaux, sinon ils seraient des syndicalistes jaunes, et non des ouvriers révolutionnaires [1]. »

En ces temps de guerres impériales, d’interventions ou de menaces d’intervention impérialistes ici ou là, ces phrases pourraient être longuement commentées, tant du point de vue des militants de gauche agissant dans le cadre d’un Etat impérialiste que du point de vue des militants agissants dans un pays en révolution auxquels un Etat impérialiste, en fonction de ses propres calculs, fournit une aide militaire. Mais là n’est pas le sujet de cette communication. Je me bornerais ici à souligner une des idées fortes de ce paragraphe, en l’occurrence : la priorité absolue que devraient donner les ouvriers au soutien à la lutte anticoloniale menée dans un pays dominé y compris lorsque ce soutien se fait au détriment de leurs propres luttes et risquent de les diviser eux-mêmes. Bon, je m’arrête pour en venir à ce dont je voudrais parler ici et qui n’est pas nécessairement sans rapports.

La question coloniale, sous une forme renouvelée, se pose désormais au cœur des métropoles impériales. Elle s’était déjà posé de cette manière aux Etats-Unis à travers la question noire. A propos de l’esclavage et de la guerre de sécession Marx avait proposé, quant à lui, des réponses inspirées d’une approche internationaliste. Au XXème siècle, le Parti communiste américain et les organisations trotskistes avaient également abordé de front cette problématique. Les Afro-américains, hélas, ne sont toujours pas sortis de l’auberge. La domination raciale, ce colonialisme intérieur, est toujours omniprésente aux Etats-Unis. Elle se double de plus en plus d’une autre forme de conflictualité raciale engendré par l’afflux massif de populations immigrées, originaires notamment des pays d’Amérique Latine.



C’est cela la forme nouvelle de colonialisme surgie au cours de ces dernières décennies et qui interroge profondément l’internationalisme traditionnel : l’émigration massive de populations du sud vers les métropoles impériales, leur stabilisation et leur reproduction. J’aborderai plus particulièrement cette question à partir du cas de la France où la gauche radicale a une fâcheuse tendance à oublier dans ses réflexions stratégiques l’importance décisive de populations opprimées issues des anciennes colonies et de ses « territoires d’Outre-mer ».

La gauche radicale ne méconnait pas totalement le lien étroit qui associe l’oppression subies par les populations issues de l’immigration et la domination impérialiste néo-coloniale. Elle n’en retient cependant qu’une des facettes, occultant ce qu’expliquait pourtant le sociologue Abdelmalek Sayyed, en l’occurrence que l’immigré n’est jamais seulement un immigré. Il demeure un émigré, indissociablement émigré-immigré. Lorsqu’en outre, il est originaire d’un pays colonisé ou dépendant et qu’il s’installe dans un Etat impérial, comme la France, un Etat producteur, en son propre sein, de hiérarchies raciales, l’émigré-immigré se déplace, en fait, dans un même continuum de relations de pouvoir marquées par la colonialité. Alors même qu’il s’insère dans la trame du pouvoir capitaliste, il reste, dans son statut social, politique, culturel, symbolique, pris, enserré dans les rapports coloniaux ou néo-coloniaux de domination. En cela, il se distingue réellement des immigrations intra-européennes. En cela, contrairement à ces dernières, il transmet à sa descendance son propre mouvement d’émigration-immigration et le rapport colonial qui en est la matrice. Pour la gauche radicale, cependant, une fois en France, l’immigré n’est plus qu’immigré et les générations qui le prolongent des Français comme les autres, non pas soumis aux rapports impérialistes néo-colonialistes mais à un manque de droits, à des préjugés racistes et aux discriminations qui en seraient la conséquence.

A cette incompréhension de la spécificité de l’immigration issue des anciennes colonies s’ajoute une vision réductrice de la notion de racisme. L’une des dimensions du rapport néo-colonial qui échappe, en effet, à la gauche, c’est qu’il perpétue également le rapport racial produit par la colonisation. Cette dernière, identifiée généralement à une période révolue de l’expansion impériale, est comprise par la gauche comme occupation de territoire, comme une forme d’oppression nationale doublée d’une exploitation de type capitaliste. Or, c’est sous l’angle des rapports sociaux qu’elle a développés qu’il faut appréhender la colonisation. Et l’une des caractéristiques sinon la caractéristique fondamentale de ces rapports sociaux, c’est leur racialisation. Le colonialisme moderne, en effet, cette forme sociale qui a accompagné la modernité capitaliste et étatique, c’est la construction d’une hiérarchisation sociale mondiale basée sur la notion de race, c’est la constitution d’une stratification statutaire des pouvoirs, fondement de la suprématie blanche, à tous les niveaux du lien social. On peut l’appeler colonialité ou racialité des rapports de pouvoir, elle continue d’être reproduite à l’échelle internationale par les nouvelles formes de domination impérialiste, indépendamment de l’occupation de territoires.

Dans son écrasante majorité, cependant, la gauche persiste à interpréter le racisme d’un point de vue moral. Il serait une idéologie venant d’un passé pré-moderne, toujours vivace, l’expression de la haine de l’Autre, du rejet de la différence, d’une intolérance qui viendrait des âges les plus obscures, une disposition qu’attiseraient les forces les plus réactionnaires, relayées de manière démagogique par la bourgeoisie pour diviser les classes populaires.

L’incapacité à saisir le racisme dans la profondeur de ses rapports avec le capitalisme et l’impérialisme, n’est pas sans conséquences sur l’action que la gauche radicale mène sur le front de la lutte antiraciste. Elle se borne ainsi à une attitude pédagogique (« L’ennemi, c’est le banquier, pas l’immigré »), et agit contre les différents types de discriminations comme le ferait n’importe quelle association de défense des droits de l’homme, tout en l’accompagnant parfois d’un discours anticapitaliste. La démarche d’ensemble vise à favoriser l’intégration de tous dans la lutte considérée comme principale, en l’occurrence la lutte anticapitaliste.

Cette stratégie, finalement plus droitsdelhommiste qu’anticapitaliste ou internationaliste, a cependant lamentablement échoué. Les couches subalternes blanches sont de plus en plus sensibles à la rhétorique raciale, dans ses expressions nouvelles, tandis que les populations issues de l’immigration regardent la gauche, y compris la gauche radicale, avec méfiance. L’illusoire « Français, immigrés, même patron, même combat », version hexagonale du « prolétaires de tous les pays unissez-vous », ne fait recette ni chez les uns ni chez les autres. Ce n’est pas par hasard.

La gauche vitupère, donc, contre les forces politiques racistes, accusées d’opposer les travailleurs blancs aux travailleurs issus de l’immigration. Elle n’a pas tort. Ou seulement pour une part. Elle fait le même reproche aux mouvements qui, comme le Parti des indigènes de la république, affirment la nécessité de l’indépendance politique des populations issues de l’immigration. Elle a tort. Complètement. Elle ne perçoit pas, en effet, que, outre d’autres formes de hiérarchisations sociales propres notamment aux logiques capitalistes ou patriarcales, le monde du travail est déjà divisés, stratifiés, par les rapports raciaux et que les classes populaires blanches, en tant que groupe, que collectif, et non pas comme somme d’individus, ont des privilèges par rapport à l’ensemble des populations des anciennes colonies.

Ce sont ces privilèges, reposant sur la domination impériale et les rapports raciaux qui la prolongent en métropole, qui hiérarchisent les classes populaires et développent en leur sein des conflictualités qu’entretiennent à leur profit les classes dirigeantes. Dans l’entreprise comme dans les quartiers populaires, nous n’avons pas seulement les prolétaires, travailleurs, précaires ou chômeurs, qui s’opposent aux classes supérieures. Nous avons également les prolétaires blancs qui défendent leurs maigres privilèges de Blancs ou de « vrais Français » face aux prolétaires issus des colonies. La convergence entre les deux, induite par leur confrontation objective à un même système capitaliste, n’existe qu’à l’état de potentiel, un potentiel dont la réalisation se heurte à la barrière raciale qui structure l’ensemble du corps social. Loin d’être une vertu immanente aux rapports de production capitaliste, l’unité de classe ne saurait prendre forme autrement qu’en termes d’alliances conflictuelles qui dépendent pour exister de l’action stratégique, c’est-à-dire à la fois de la capacité des populations issues de l’immigration à s’organiser de manière indépendante autour de leurs propres enjeux et de la capacité des forces prolétariennes blanches à intégrer une démarche internationaliste.

Nous en sommes cependant encore loin. Car, l’internationalisme réclame à son tour d’être revisité.  La gauche française a tenté de prendre la mesure des mutations impliquées par la dernière mondialisation et par la construction de l’Union européenne pour concevoir de nouvelles politiques en France, intégrées dans un projet internationaliste renouvelé, dont elle a cru un temps trouver l’ébauche au sein de l’altermondialisme. Il est vrai que l’internationalisme doit revêtir une nouvelle formulation. Il ne peut plus être compris uniquement en termes de  solidarité entre les prolétariats par delà les frontières ni même en termes de convergence du prolétariat des Etats dominants avec les peuples colonisés et opprimés. On n’en trouvera pas cependant l’alternative si on fait l’impasse sur les transformations internes à l’Hexagone provoquées par l’afflux des populations originaires des anciennes colonies et leur enracinement en France. Cela peut sembler paradoxal mais les différentes mondialisations historiques, qui dans leurs logiques et dans leurs formes ne se sont sans doute pas succédées mais superposées, n’ont pas seulement développé des formes de globalisation de la lutte des classes dans un espace dépourvu pour partie de frontières, elles ont aussi juxtaposé des espaces et internalisé des frontières. Il est important, de ce point de vue là, de saisir les modalités et l’ampleur des bouleversements qu’implique l’internalisation des rapports coloniaux dans l’espace français. Non pas qu’ils en étaient complètement extérieurs à l’époque de l’Empire, mais, aujourd’hui, les rapports entre groupes racialisés, dominants et dominés (qu’autrefois, dans les territoires occupés, on appelait colons et colonisés), se tissent à la fois sur deux territoires – les pays dépendants et la puissance dominante – et sur un même territoire, le territoire français, lui-même reconfiguré, en fonction d’enjeux raciaux. Avec le territoire, c’est l’ensemble des relations sociales, des conflictualités et des enjeux politiques au sein de l’Hexagone, qui est profondément remodelé.

Autrement dit, une stratégie de classe dans les limites de l’espace politique français ne peut se concevoir qu’internationaliste et un internationalisme revu et corrigé doit intégrer nécessairement une nouvelle dimension, à savoir le déplacement partiel de l’espace de la lutte décoloniale et anti-impérialiste sur le territoire français où il se superpose et croise l’espace de la lutte des classes. Il faut désormais substituer à un internationalisme, conçu comme un rapport au-delà des frontières, un internationalisme domestique dont la question raciale, dans toutes ses dimensions, serait centrale. En un mot, un internationalisme décolonial.

Or, penser un internationalisme décolonial implique de rompre avec l’économisme profond qui caractérise l’acception du capitalisme qui me semble hégémonique encore au sein de la gauche radicale française. Une telle rupture aurait des conséquences importantes et positives sur sa manière de concevoir la lutte anticapitaliste. Le capitalisme est en effet principalement saisi, en France, à travers ses modalités économiques d’exploitation et la lutte politique anticapitaliste est principalement appréhendée comme une lutte contre l’exploitation capitaliste. Les rapports immédiats de production qui, selon Marx, détermineraient « en dernière instance » l’ensemble d’une formation sociale donnée, tendent ainsi à devenir la première instance de la politique. On le sait, pourtant, et Marx lui-même ne s’est pas privé de le répéter, que le Capital n’est pas qu’un rapport de production. C’est beaucoup d’autres choses. Et la lutte contre le capitalisme, si elle doit briser le rapport d’exploitation, doit briser ou démanteler aussi beaucoup d’autres choses. Plus encore, je dirais que la lutte politique a d’abord pour objet le pouvoir d’Etat et non pas le pouvoir dans l’usine.

N’importe quel militant appartenant à la gauche radicale me reprochera de formuler ainsi des évidences et, certes, on trouvera dans la littérature et dans la pratique des différents mouvements de la gauche radicale une certaine attention à d’autres dimensions de la société bourgeoise. Elles demeurent cependant subordonnées à la question du capitalisme comme rapport d’exploitation et n’acquièrent de réelles légitimités qu’après avoir subi une mise en forme qui les « articulerait » à ce rapport d’exploitation. Le féminisme, pour donner cet exemple, a en gros trouvé les moyens de cette mise en forme, aidé par la puissance des mouvements de femmes dans les années 1970 et par les nombreuses femmes présentes dans les organisations de gauche. La lutte antiraciste, non. Elle y parvient d’autant moins que, bien que victimes directes des rapports de production capitalistes, les populations issues de l’immigration semblent n’en n’avoir rien à battre. Le principal de leur combat est ailleurs. Il se développe autour de questions dont la gauche radicale ne saisit pas toujours le rapport avec la domination du capital ou qui lui paraissent sinon négligeables du moins secondes. Elles se résument en trois mots : dignité, respect, honneur. Que signifient politiquement ces trois mots ? Ils expriment la volonté d’en finir avec un statut ; un statut non-dit mais furieusement actif ; un statut qui n’est pas immédiatement lié à l’exploitation économique mais à toutes les dimensions du lien social ; le statut de race inférieure. Alors qu’un militant blanc anticapitaliste devrait y voir une mise en cause du Capital et de l’Etat bourgeois impérial à partir d’une autre perspective, il y voit une inversion dommageable des priorités, quand il n’aperçoit pas dans certaines revendications des populations immigrées (ainsi du droit de pratiquer leurs cultes comme ils l’entendent), une menace contre les acquis du mouvement ouvrier ou, dans les revendications culturelles, une entreprise de diversion encouragée par la bourgeoisie.

La conséquence d’une telle myopie, on en a eu un exemple ahurissant, il y a quelques années lorsque la majorité de la gauche radicale s’est alliée de fait aux partis bourgeois pour interdire le port du voile musulman à l’école. Plus généralement, ce qu’il faut noter pour le regretter, c’est l’impasse stratégique que révèle l’indifférence dramatique de la gauche radicale à l’égard d’une fraction importante du prolétariat des quartiers populaires, en l’occurrence les non-blancs.

Certes depuis la révolte de novembre 2005, la gauche radicale, à l’instar de tous les partis, semblent s’y intéresser plus que ce n’était le cas auparavant. Il n’en demeure pas moins qu’elle n’est pas prête à prendre en compte ce qui fait sa spécificité en tant que groupe dominé racialement, c’est-à-dire notamment ses revendications les plus importantes telles qu’il les exprime lui-même, sa culture de résistance dans ce qu’elle a de particulier, les formes et les contenus à travers lesquels il se politise et se radicalise, enfin sa volonté affirmée d’autonomie politique. Tout cela, qu’un internationalisme décolonial permettrait d’appréhender et de reconnaître, est perçu comme infra-politique, non-anticapitaliste, régressif voire parfois réactionnaire par la majorité de la gauche radicale.

Plutôt que de procéder aux révisions qui s’imposent, cette dernière fait généralement le choix conservateur de l’entre-soi blanc où l’on est sûr de parler le même langage, d’avoir les mêmes valeurs et de partager les mêmes enjeux. A la recomposition stratégique, peut-être douloureuse, qui permettrait de construire des passerelles entre le prolétariat blanc et le prolétariat non-blanc, elle ne cesse de préférer la recomposition tactique entre Blancs. Que d’exemples pourrais-je donner, en effet, de tentatives de recomposition qui ont vu, ces dernières années, se regrouper, se séparer, se rassembler à nouveau, différentes composantes de la « gauche de la gauche », sacrifiant systématiquement la question raciale et anti-impérialiste sur l’autel de l’unité, pour finalement se retrouver bon gré mal gré contraintes de s’allier au sein d’un Front de gauche, charpenté par des forces antilibérales, certes, mais également nationales-républicaines !

Si, comme je le crois, l’objectif politique de la gauche radicale est de prendre le pouvoir pour démanteler les mécanismes du capital, alors elle n’a pas d’autres choix, quitte à perdre certains alliés au sein du monde blanc, que de se tourner vers les catégories à la fois les plus exploitées et les plus opprimées que sont les masses prolétariennes issues des anciennes colonies et aux conditions que fixeront celles-ci. C’est la condition d’un nouveau bloc social révolutionnaire qui, pour continuer à parler comme on le faisait dans les années 60, sera décolonial ou ne sera point !

Sadri Khiari, intervention au colloque « Penser l’émancipation » – Lausanne, 25-27 octobre 2012

MO2014

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Message  Byrrh Mer 31 Déc - 3:42

Toussaint a écrit:
Les petits-bourgeois du PIR

Byrrh, tu ne sais pas grand-chose du PIR, visiblement. Et c'est très précisément le genre de choses que l'on proférait dans les organisations très prolétariennes de l'EG française contre celles et ceux qui demandaient le droit ou le non-refus Very Happy  de construire un movement LGBT, ce fut aussi l'insute contre les féministes.
Je sais bien assez de choses du PIR, des intellos démagogues qui l'animent et qui se voient comme les futurs stratèges de masses "indigènes" sur lesquelles ils s'assiéraient comme on chevauche une mule. Quitte à se montrer complaisants à l'égard de certaines idées réacs qu'ils croient faire partie de l'identité "indigène", ce qui n'est cette fois-ci plus seulement de la démagogie, mais également du préjugé de classe. En fin de compte, le PIR aurait-il en partie la même vision des Arabes et des musulmans que Riposte Laïque ?... Ce serait assez ironique.

Par ailleurs, ta remarque sur l'extrême gauche française des années 70 était prévisible. Ma réponse sera plus inattendue : si le mouvement ouvrier français d'alors, affligé de préjugés staliniens et bourgeois, était effectivement incapable d'assumer le combat contre les idéologies anti-homosexuelles, et si un mouvement "autonome" (selon la phraséologie Ligue) s'en trouvait du même coup légitimé (faute de mieux !), il serait cependant difficile de prétendre que le mouvement homo n'était pas sous le leadership de la petite-bourgeoisie. Ce qui est toujours le cas aujourd'hui, le mouvement ouvrier français ayant largement depuis cette époque dépassé le stade de ce qu'on appelle une "crise de direction"...

Ce champ de ruines qu'est le mouvement ouvrier, c'est d'ailleurs le contexte favorable dans lequel peuvent proliférer des groupes petits-bourgeois qui rêvent de devenir la direction de tel ou tel secteur opprimé. Quitte à se faire les adversaires acharnés de tout ce qui peut ressembler à une cause allant au-delà de leur pré carré identitaire, en l'occurrence l'unité des prolétaires de tous pays, "sans distinction de sexe ni de race" (ni de confession, ni d'orientation sexuelle, etc.).

La réponse de Verié est très complète, et j'y souscris entièrement. Notamment ce passage : "On ne peut refuser à qui que ce soit le droit de s'organiser comme il l'entend, avec qui il l'entend, mais les chances des prolétaires issus de l'immigration de changer leur sort sont très faibles sans l'unité avec les autres travailleurs, et vice versa d'ailleurs." Je pense exactement la même chose concernant les prolétaires homosexuels, qui se fourvoieraient en considérant leur sort indépendamment des luttes de l'ensemble du prolétariat, seules à même de rendre possibles les conditions de leur émancipation.

Je parlais plus haut d'un "champ de ruines" : ce mouvement ouvrier dévasté, plus que dégénéré, permet à certains de contester aisément tout espoir venant de cette direction. Moi, je sais ce que dont fut capable le mouvement ouvrier d'avant "minuit dans le siècle", et les ruines, elles peuvent et doivent être relevées.

Byrrh

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Message  verié2 Mer 31 Déc - 11:25


Trotsky cité par MO2014
"Supposons que, dans la colonie française d’Algérie, éclate demain une rébellion, sous la bannière de l’indépendance nationale et que le gouvernement italien, poussés par ses propres intérêts impérialistes, livre des armes aux insurgés".
Quel rapport avec le PIR et la situation des classes populaires en France aujourd'hui ? Shocked

Essaierais-tu de nous dire que la situation des habitants "d'origine coloniale" serait la même que celle des peuples colonisés, qui vivaient sous la botte de l'impérialisme, sans droit d'aucune sorte ?Auquel cas, il ne te resterais plus, non pas qu'à rejoindre le PIR, mais qu'à lancer une lutte de libération nationale armée...

C'est tout bonnement ridicule, il y a toujours eu des hiérarchisations, des divisions et des privilèges, entretenus d'ailleurs savamment par la bourgeoisie, entre les diverses couches du prolétariat. Ton point de vue rejoint en quelque sorte celui des maoïstes qui, dans les années soixante-dix, faisaient de l'aristocratie ouvrière - réelle ou imaginaire - l'ennemie des OS. Pour vaincre ces divisions, il faut avancer des revendications et mots d'ordre qui concernent toutes les couches, toutes les catégories, par exemple des augmentations égales pour tous et non en pourcentage. Les préjugés racistes d'une partie des travailleurs reculent dans des luttes côte à côte et certainement pas en s'en prenant à eux parce qu'ils sont "blancs" ou un peu plus qualifiés et payés.
Byrrh
des intellos démagogues qui l'animent et qui se voient comme les futurs stratèges de masses "indigènes" sur lesquelles ils s'assiéraient comme on chevauche une mule
C'est en effet très bien vu. C'est le cas d'ailleurs de tous les dirigeants nationalistes : on voit ce que cela donne une fois l'indépendance obtenue. Ce n'est pas pour autant que nous ne devons pas soutenir les luttes de libération nationale. Ou celles de catégories particulières de travailleurs s'ils décident de s'organiser séparément. Mais, de même que nous sommes partisans que le prolétariat prenne la tête des luttes de libération nationale, sans en laisser la direction à la petite bourgeoisie, nous sommes pour que les prolétaires, quelles que soient leurs origines, s'organisent et luttent sur des bases de classe sans se laisser manipuler par des gens intéressés, qui cherchent à les utiliser comme tremplin pour leur propre carrière politique ou sociale.

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Message  MO2014 Mer 31 Déc - 14:16

Aucune réponse sur le fond juste un pirouette sur la lutte armée ou manifestement tu fais semblant de la prendre au premier degré sans en saisir le sens. Un blabla pédant et creux pour justifier ce que vous considérez comme secondaire : la lutte contre le racisme structurel de l'état pour maintenir les privilèges idéologiques de nos groupuscules blancs où les colonisés sont marginalisés dans vos rangs et leurs luttes absentes de vos résolutions.

Vous n'avez aucune volonté de vous tourner vers les catégories à la fois les plus exploitées et les plus opprimées que sont les masses prolétariennes issues des anciennes colonies et à leurs conditions. Vous avez renoncé depuis longtemps à intervenir dans les quartiers. Vous limitez votre activité anti raciste à une "participation" comme dit a résolution ci-dessus. Vous placerez toujours les racialisés et la luttes contre les discriminations post coloniales derrière votre incantation à l’unité. L'unité au profit de qui ?  Votre unique but c'est d''instrumentaliser les luttes la la colère des indigènes au profit des aristocraties ouvrières blanches, au profit des profs "laïques"qui pèsent beaucoup plus sur vos organisations que les émigrés, au profit des hiérarchies syndicales et politique blanches. Vous êtes dans l'incapacité d'intégrer qu'il n'y aura jamais plus de mobilisations, de révolution sociale sans une lutte impitoyable contre tous les privilèges blancs, sans l'auto-organisation, sur leurs mots d'ordre, des travailleurs issus de l'immigration post coloniale et des émigrés.

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Message  verié2 Mer 31 Déc - 16:10

MO2014
Vous n'avez aucune volonté de vous tourner vers les catégories à la fois les plus exploitées et les plus opprimées que sont les masses prolétariennes issues des anciennes colonies et à leurs conditions.
Je n'aime pas trop avancer mes états de service comme argument, mais je peux t'affirmer que, en ce qui me concerne, comme en ce qui concerne des organisations auxquelles j'ai participé, c'est totalement faux. Une partie de ma jeunesse a été consacrée à lutter contre la guerre d'Algérie, à tenter d'entrer en contact avec des Algériens. Ensuite à LO puis à Combat Communiste, nous avons mené une lutte systématique pour aider des habitants d'hôtels meublés - en majorité d'origine maghrébine - à s'organiser pour lutter contre les expulsions dans le 15ème arrondissement. A cette occasion nous avons noué des liens fraternels, jamais paternalistes, avec des travailleurs de ces milieux, parfois anciens militants du FLN.
Puis, à Combat Communiste, nous avons participé, aux 4000 de La Courneuve, à la mise sur pied d'un comité Justice pour Abdel Ben Yaya, un jeune assassiné par un policier ivre. Ce comité est parvenu à organiser des manifestations allant jusqu'à 2000 personnes. La majorité des membres de ce comité étaient aussi des jeunes du coin. Nous avons d'ailleurs obtenu un relatif succès, puisque le flic en question a été condamné à 7 ans fermes, ce qui est rare. Nous avons participé à divers comités du même genre.

A Argenteuil, après les agressions islamophobes, dans les mobilisations très importantes qui ont eu lieu, les habitants "d'origine européenne" n'ont jamais été écartés et n'ont fait l'objet d'aucun ostracisme. Et le PIR n'a pas joué le moindre rôle. Il est vrai en revanche que certaines organisations, comme le Front de gauche local (mais pas le NPA) ont boycotté ces mobilisations ou les ont soutenues sans se mobiliser elles-mêmes comme LO.

Bref, j'ignore ce que tu fais et ce que tu as fais, mais je me sens tout à fait en droit de parler avec qui que ce soit de ces questions en toute égalité et tes sorties sur les "gauchistes blancs" me feraient rigoler si elles n'exprimaient pas un racisme qui n'a pas sa place sur ce forum, doublé d'une démagogie pitoyable. Au cours des diverses expériences citées et de quelques autres, j'ai d'ailleurs rencontré des Maoïstes qui se livraient à une démagogie du même genre, allant parfois jusqu'à suggérer de demander des salles de prières dans des foyers, quand les habitants concernés n'en demandaient pas...
MO2014
il n'y aura jamais plus de mobilisations, de révolution sociale sans une lutte impitoyable contre tous les privilèges blancs, sans l'auto-organisation, sur leurs mots d'ordre, des travailleurs issus de l'immigration post coloniale et des émigrés.
On verra si une fraction significative de travailleurs estime cette organisation nécessaire.
Si c'est le cas, il faudra éventuellement combattre pour qu'elle se donne des objectifs de classe, dont l'unité avec les autres travailleurs fait partie, et qu'elle ne tombe pas entre les mains de communautaristes et nationalistes qui, par démagogie et intérêts personnels, tenteraient de la dresser contre les autres travailleurs.

Pour le moment, sauf erreur de ma part, aucune organisation de ce genre n'a vu le jour nulle part, pas plus en France que dans d'autres Etats impérialistes. Les seuls qui cherchent à organiser des travailleurs sur des bases communautaires sont pour le moment des islamistes, comme c'était le cas à Citroën Aulnay, où ils s'appliquaient à dresser ceux qu'ils influençaient contre les syndicalistes. Ceux-ci, et ce n'est pas un hasard, ne se revendiquent d'ailleurs pas de la classe ouvrière.

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Message  gérard menvussa Mer 31 Déc - 19:29

Je prend la disussion en cours de route. Elle m'apparait quand même "légèrement" surréaliste. Et c'est un euphémisme...

Tous d'abord disons que je ne fais pas partie des deux parties en tain de s'étriper : ni "la fraction", ni "le PIR"... D'ailleurs je m'engueule réguliérement avec les deux "camps", qui me semblent avoir tous deux une démarche commune qui est de prendre "une" vision unique de la réalité, et de tout analyser en fonction de ça "les travailleurs" pour l'un, "les populations néocoloniale" pour l'autre (enfin, une petite partie des populations néocoloniales) Tout ça créé des positions d'un diualisme tout a fait ridicule, chacun se faisant le champion de "sa" catégorie, en vertu de quoi la fraction est accusée sinon de racisme, du moins de mépris néo colonial, et le parti des indigéne de "déviation petite bourgeois" ou de néo maoisme (l'un n'empéchant pas l'autre d'ailleurs)

Prenons la base : le probléme du "néo colonialisme" et de ce que ça signifie dans notre situation actuelle : la France est un pays impérialiste avec une longue histoire coloniale. Ca a forcément des conséquences, et des conséquences importante. Le pir est une tentative de prendre en compte cette réalité, a partir du vécu de ses membres. C'est a dire a partir du vécu d'une partie privilégiée de la jeunesse "issue du passé colonial". Ce qui produit forcément un point de vue légérement biaisé... Déja parce que toute la jeunesse des quartiers est loin d'etre forcément concernée de la même façon, même si elle partage le même vécu (fait d'humiliations quotidiennes, de problémes avec les flics, de boulot difficile ou impossible à trouver, etc) Il ne s'agit de toute façon que d'une partie tout a fait minoritaire de cette jeunesse, puisque sauf preuve du contraire, le pir ne s'intéresse qu'a la jeunesse issue des colonies ou tout ou partie de la population est marquée culturellement ou cultuellement par l'islam. C'est a dire par une partie minoritaire de cette jeunesse (une partie de l'afrique, en oubliant l'asie ou les amériques tout aussi importante dans notre passé colonial) Et une partie là aussi minoritaire de cette jeunesse dans la mesure ou il faut avoir au moins bac plus cinq pour comprendre

Aprés, au niveau du pir, on peut également s'intéresser à sa représentativité dans les quartiers. Qui ne semble pas si fantastique que ça, et je me demande vraiment ce qui permet de fanfaronner ainsi. Quoiqu'on peut tout autant se poser la même question pour la fraction.

Ensuite, la référence à Trotsky me semble mal choisi ! Personnellement, Trotsky ne m'a jamais semblé une autorité telle qu'on devait révérer tout ce qu'il écrivait (il a d'ailleurs écrit pas mal de conneries) mais si on veut vraiment le prendre pour une référence, c'est vis a vis des noirs américains et de leurs revendications "démocratiques" qu'il faudrait y regarder de plus pret . c'est ici que ça se passe : https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1933/02/lt19330228.htm Et c'est un point de vue quand même tout autant éloigné du point de vue de Byrrh et de Vérié que de leur adversaire.... En tout cas lui ne prone pas que les noirs américains "autolimitent" leurs revendications à la question de l'unité avec "les prolétaires blanc" : bien au contraire il défend un mot d'ordre de fonder un "état noir" dans le sud des états unis ! C'est quand même autre chose...

Ensuite la question des "petits bourgeois" : si on prend la question de l'homosexualité, on ne peut que constater que si les homosexuels ici disposent de quelques droits et ont pu lutter avec succés contre les préjugés, la haine et la violence dont ils ont été victimes (même si bien entendu beaucoup reste encore à faire) c'est bien parce que des "organisations petites bourgeoises spécifiques" se sont mobilisées, ont organisées la lutte, ont fixé des objectifs etc. Bien plus qu'elles n'ont bénéficiées de l'aide d'organisations ouvriéres au mieux indifférentes, au pire hostiles à leurs revendications. Byrrh le sait d'ailleurs fort bien. En quoi la question "néo coloniale" serait elle différente.

Une organisation communiste se bat pour la prise du pouvoir par la classe ouvriére, vers une société sans classes et sans oppressions. Or toutes les oppressions ne sont pas forcément des oppressions de classe ! Et elle doit se battre contre toutes les oppressions ! Meme quand elles ne concernent pas directement les travailleurs "en tant que tel".
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Message  Toussaint Jeu 1 Jan - 7:02

To d'abord un certain nombre de choses pour mon camarade MO2014. Ici, on parle du NPA, c'est à dire d'une organisation en grande partie héritière de feue la LCR, sur laquelle il y a long à dire sur son bilan dans la lutte contre l'islamophobie  Very Happy ...
Ensuite c'est de toute façon une organisation du champ politique blanc et dont l'internationalisme est depuis longtemps réduit plus aux commentaires de l'actualité internationale qu'à une pratique et une conscience militantes internationalistes. Qu'attendais-tu de mieux au juste que les failles béantes que tu mets à jour et les réponses que tu reçois de mépris condescendant tellement typiques des organisations qui s'arrogent la fonction d'incarner les soi disants intérêts historiques de la classe ouvrière française et le temps d'un meeting et ses suites bien arrosées, de la classe ouvrière mondiale? De plus il s'agit d'un texte sur la question homosexuelle et chacun sait que cela ne concerne pas les indigènes et que la racialisation de pans entiers de la classe ouvrière n'a pas de conséquences sur la question de la discrimination double, voire triple des homosexuelles ou des trans racialisés. Tu penses vraiment qu'ils auraient pu y réfléchir? Franchement je ne vois pas comment tu pouvais t'y attendre, tout simplement ils ne calculent pas les indigènes. Et s'il en était autrement, crois-tu que Sadri les aurait plantés là?

Ceci dit, tu as permis de préciser quelques profils politiques et je t'en remercie.

Alors allons-y...
Je suis en partie d'accord avec ce que dit Menvussa, sauf qu'il schématise le PIR et le MIB. Et ce qu'il dit sur le PIR et la jeunesse des quartiers populaires vaut aussi, et il le dit très bien pour la fraction et pour les organisations politiques d'EG dans leur rapport à la classe ouvrière. Y compris dans leurs directions historiques; ensuite non le PIR n'est pas fait que de gens privilégiés, il y a aussi de véritables héros de la classe ouvrière et pas mal de gens qui ont sévèrement galéré dans les quartiers de Lyon et Paris. Quant à caractériser des gens comme Bouamama d'intellectuels petits-bourgeois, pardon, cela me fait bien rire. Je dois dire aussi que non, le PIR n'est pas coupé de la classe ouvrière et de ses mouvements, ni des quartiers, ni du mouvement des sans papiers, et que non, il n'est pas constitué que d'arabo-musulmans, qu'il compte certainement plus de militants asiatiques et africains noirs que LO et le NPA réunis? Ce qui n'infirme nullement la place des militants arabo-musulmans dans le PIR et ses conséquences comme le poids des enseignants dans les orgas gauchistes blanches comme LO ou le NPA... Mais il ne s'agit pas nécessairement du tout d'une volonté ou d'un intérêt ou désintérêt du PIR, plutôt d'une structuration différente des immigrations en France et d'un rapport différent à l'action syndicale et politique.

Ensuite, hélas vérié... D'abord sur les états de service, vérié, c'est pathétique. Krivine en 2003 dans un meeting à Lens disait "les quartiers, c'est compliqué parce qu'il y a les beurs qui dealent comme des fous et de l'autre les français qui demandent de la sécurité". Il défendait les exclusions des élèves voilées dans le sillage de PF Grond... Et quelques mois plus tard il parlait de racisme anti-blanc et faisait barrage de tout son poids pour que sa section refuse l'adhésion d'une militante JCR voilée, et y parvenait. Qu'est-ce qu'on a à foutre des états de service d'ancien combattant du Krivine qui prend de telles positions? Et je dois dire que par ailleurs j'ai un certain respect et de l'affection pour la persone que je connais un peu... Qu'est-ce que tu nous sors tes états de service et que veux-tu qu'on te dise? Merci bwana? Eh bien d'accord, merci bwana. Content? Mais si tu crois une seconde que cela t'autorise à nous marquer les clous dans lesquels nous devons marcher sous peine de nous voir accuser de trahir les intérêts historiques de la classe ouvrière mondiale par ta haute autorité privée, tu peux te gratter très fort. Dès qu'un blanc se voit accuser d'arrogance blanche, ce qui est exactement ton cas, il se lance aussitôt dans une liste de ses actions passées en tout genre dont les racialisés doivent lui être reconaissants et qui lui valent blanchiment ( Very Happy ) à vie de toute remise en cause sous l'angle de l'antiracisme. Ta jolie notice biographique est une illustration de ce cliché que l'on ne se lasse pas de retrouver systématiquement dans le champ politique blanc.

Quant à accuser MO2014 de racisme anti-blanc, évidemment c'est une nouvelle illustration de ce qu'est le champ politique blanc. Tu sais pertinemment que la caractérisation de blanc ne renvoie pas à une race mais à un rapport de domination de même type que la notion de genre. Et Byrrh le sait parfaitement aussi, bien sûr.  Alors la phrase est bien tournée, et on parle de racisme sans préciser. Assume, vérié, tu as affirmé que MO2014 fait du racisme anti-blanc, je peux détailler l'analyse au besoin et c'est aussi ce que sous-entend Byrrh. Bravo, vraiment à MO2014 de faire tomber quelques masques... Avec un masque supplémentaire, celui de Pinocchio pour vérié qui annonce sans honte que LO soutenait le rassemblement d'Argenteuil sans pour autant y aller. Evidemment il n'en est rien et vérié le sait mieux que personne; 1 élu de LO a soutenu mais LO a gardé un silence complice des violences islamophobes jusqu'après le rasemblement et ensuite a balancé quelques propos vagues et ne mangeant pas de pain, en tout cas en ne l'engageant nullement à dévier de son islamophobie. Au passage, en voyant les photos et les vidéos, lorsque tu dis que le PIR n'a rien fait, je me marre, même longtemps après je suis encore capable de reconnaitre des gens. Tu vas bientôt nous dire que le PIR est absent des luttes des sans papiers, tu devrais te renseigner sur le CSP 59 dont je connais un peu l'histoire et les animateurs historiques, tu serais surpris, mais sur Youtube tu devrais avoir un aperçu, même si en effet tu ne verras pas les banderoles du PIR. En revanche si tu connais si bien le PIR, tu seras édifié.

On verra si une fraction significative de travailleurs estime cette organisation nécessaire.
Si c'est le cas, il faudra éventuellement combattre pour qu'elle se donne des objectifs de classe, dont l'unité avec les autres travailleurs fait partie, et qu'elle ne tombe pas entre les mains de communautaristes et nationalistes qui, par démagogie et intérêts personnels, tenteraient de la dresser contre les autres travailleurs.

Pour le moment, sauf erreur de ma part, aucune organisation de ce genre n'a vu le jour nulle part, pas plus en France que dans d'autres Etats impérialistes. Les seuls qui cherchent à organiser des travailleurs sur des bases communautaires sont pour le moment des islamistes, comme c'était le cas à Citroën Aulnay, où ils s'appliquaient à dresser ceux qu'ils influençaient contre les syndicalistes. Ceux-ci, et ce n'est pas un hasard, ne se revendiquent d'ailleurs pas de la classe ouvrière.

Remarquable exercice intellectuellement crapuleux.  
D'abord, que veut dire "fraction significative", et qui juge, à partir de quels critères, que cette fraction est devenue significative et de quoi elle est significative? En tout cas les premiers concernés n'auront pas leur mot à dire, ce sont les vérié, Byrrh et leurs pareils du champ politique blanc qui nous feront part de leur verdict, objectif évidemment. Ensuite, et sans avoir participé à sa création  et à son développement significatif on viendra "combattre pour qu'elle". Il ne s'agit pas de construire pour qu'elle... ni de se battre en son sein. Au contraire, il s'agit de l'empêcher de tomber entre de vilaines mains sans pour autant avoir participé à sa formation. Evidemment tout cela est de la tartufferie, lorsqu'on veut mettre une organisation ou une asso sur le droit chemin, il faut prendre part à sa construction. D'ailleurs vérié ne tarde pas à insinuer les vieilles insultes policières du champ politique blanc, puisque une organisation concrétisant "l'auto-organisation, sur leurs mots d'ordre, des travailleurs issus de l'immigration post coloniale et des émigrés" est définie par lui comme une orga cherchant "à organiser des travailleurs sur des bases communautaires ". Nous revoilà devant le concept policier républicain raciste du communautarisme, concept qui dissimule d'abord le communautarisme blanc colonial structurel de la Républiqe française. Pour vérié, le PIR, et ses dirigeants ont un projet comunautariste de même nature fondamentale que celui des islamistes, les seuls en Europe, etc...

Ensuite on voit poindre un argument redoutable: le projet du PIR serait unique en son genre en Europe, islamistes exceptés. Sauf que c'est faux, bien sûr. Les assos et groupes politiques cherchant à organiser les immigrations contre la domination racialisée en reprenant le fil de l'émancipation coloniale, elles sont légion. Ce qui est  nouveau chez le PIR, c'est ce que dit menvussa, en partie, c'est à dire que plusieurs ont voulu comprendre comment des pans entiers du mouvement ouvrier, révolutionnaire et féministe ont pris les musulman-e-s pour cibles dans la foulée de GW Bush et leur classe dominante. Et ils sont arrivés à une analyse celle de l'indigénat post-colonial et le champ politique blanc. Sur cette analyse je ne connais pas à ce jour de réponse sérieuse, car on ne peut prendre comme des réponses sérieuses les accusations de racisme anti-blanc des vérié, JF Kahn ou Gérin, bien sûr. Pas plus qu'on n'explique par le concept de petite-bourgeoisie les textes de Sadri ou de Saïd Bouamama, sans parler de la magnifique réponse de menvussa. Moi, je reconnais que voir des gens comme Raymond, dirigeant LCR (ex VDT) à Valenciennes dire qu'il ne fallait pas s"émouvoir de l'exclusion des élèves voilées parce que dans une révolution nous serions amenés à faire des choses bien plus dures... mettant ces jeunes femmes dans la catégorie de gens à combattre les armes à la main en d'autres temps... Ou entendre un membre de la Direction lilloise en 2004 expliquer que "lorsqu'une femme met le foulard, elle entame la guerre de conquête", ou entendre Maya Surduts dire que les lycéennes voilées étaient une menace pour le statut des femmes en France... Je n'ai compris qu'en lisant Sadri et Delphy, Bouamama, peu suspects de communautarisme islamiste...

Quant à être les seuls en Europe sur cette analyse, c'est bien sûr faux, et même si cela était, je ne vois pas bien la force de l'argument en creux, il faut bien que les choses commencent. Ils étaient combien à Zimmerwald? A part des analogies entre le PIR et les islamistes encore plus fausses que celles entre les Khmers Rouges et la LCR, ou des propos vagues et arrogants qui sont des attaques personnelles en réalité, le fond du discours de vérié est d'un vide sidéral.

Pathétique caricature, mais pas seulement, pas seulement un alignement sous couvert d'unité ouvrière sur LO mais aussi sur Marianne et bien d'autres. Maintenant je sais pourquoi vérié n'est pas en faveur de l'abrogation de la loi raciste de 2004 et comment il voit sans arrêt LO évoluer sur l'islamophobie. Parce que sur le fond il est convaincu que l'intégration est le chemin obligé pour l'unité ouvrière. Sauf que c'est faux bien sûr: dans un contexte hiérarchisé de caste, de genre et de classe, de racialisation de pans entiers de la classe ouvrière, avec des discriminations et des ghettoïsations en plein essor, cette injonction à l'intégration est évidemment une injonction à l'acceptation, y compris dans les mouvements ouvriers et populaires, d'une place subordonnée. Vous pouvez vous gratter, on a vu et on a donné, la fameuse diversité de la classe ouvrière, c'est aussi le refus de l'intégration dans un ordre social racialisé, c'est au contraire sa déconstruction. Et cela ne peut en aucun cas être du communautarisme ni du nationalisme (quelle communauté ? quel nationalisme chez les Indigènes?), c'est une revendication fondamentalement ouvrière et universaliste, anticoloniale, anti-impérialiste. Mais c'est une approche différente de l'ordre existant, à partir d'une situation et d'un point de vue de discriminés parmi les dominés.Si au passage cela gêne de s'entendre définir comme blancs des gens qui ne répugnent nullement à penser que les noirs et les organisations noires existent, tant mieux, ça leur fait mal au bide mais c'est bon pour la gueule.
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Message  Toussaint Jeu 1 Jan - 17:17

Deux ou trois choses encore.
Plus généralement, les Indigènes sont nés dans les années 2003-4 de la réaction de pas mal de militants liés aux luttes de l'immigration, des sans papiers, d'assos de quartier, culturelles, celles que je connais, dans la région lilloise, c'était des gens issus des luttes et animateurs de ces luttes, de grèves, de arches, plusieurs anciens de la marche de l'égalité ensevelie par la marée SOS, etc... Bien sür aussi la Palestine et les assos immigrées. Il y avait aussi des féministes, des antiracistes blancs, des militants révolutionnaires comme Sadri, etc.

Ce qui les a rassemblés, c'est la concomitance de l'attaque impérialiste en Irak, Jénine, la faiblesse de l'activité anti-guerre, la faiblesse de la solidarité avec la résistance palestinienne, la faiblesse de la solidarité avec les sans-papiers, la passivité des syndicats et partis de gauche devant la ghettoïsation et la discrimination frappant les quartiers populaires et les travailleurs issus de l'immigration. Mais pour moi, le catalyseur ce fut de découvrir la montée de l'islamophobie dans la gauche et l'extrême gauche avec sa participation flamboyante Aubervilliers, c'est LO-LCR (aiguillonnés et soutenus directement par la présidence Chirac qui a elle-même imposé l'exclusion conservatrice des filles Lévy dont le professeur principal était un membre du BP de la LCR) à la campagne initiée par Sarkozy (encore dolent du refus de Chirac d'accompagner Bush en Irak), reprise par le PS et l'ensemble de la droite et de l'extrême droite. La promotion par l'EG, le PS et la droite gouvernementale de NPNS sur une ligne clairement islamophobe allant plus loin que les textes originaux pour s'inscrire dans l'opération. Pour le PS, clair faire oublier leur passage au pouvoir, pour la droite, consolider son assise et faire oublier 2002, casser le mouvement anti-guerre alors que la France est en Afghanistan. Pour les sionistes dans l'affaire, évidemment développer l'islamophobie pour diminuer la sympathie pour les Palestiniens, et cela fut une pleine réussité, il n'est que de voir les débats sur la Palestine.Pour l'EG sceller l'union LO-LCR et gagner en soutien populaire après la défaite contre les lois Fillon, comme disait un dirigeant de la Ligue, c'était une bataille, le foulard à l'école, qu'"on" (oui, le même "on" employé par vérié, désignant les mêmes personnes et groupes) pouvait gagner (sic et sous-enendu contrairement à celle sur les retraites et la fonction publique). Bien sûr, c'est aussi les conditions qu'"on" a faites à celles et ceux, dont Siadri, qui ont mené la bataille au sein de l'EG, la LCR et le mouvement féministe, syndical enseignant, contre le virage islamophobe accompagnant l'invasion en Irak. Je ne vais pas revenir sur la violence et les humiliations, les sanctions, la censure, les comportements, j'en ai donné deux-trois exemples. Les cortèges LCR et les meetings Besancenot ont perdu leurs voiles et l'essentiel de leurs couleurs. Il y a eu la piqûre de rappel d'Ilhem, et la chose est entendue. Votre camarade Omar Slaouti dans son intervention au Printemps des Quartiers est clair, il y a une oppression spécifique au sein de la classe ouvrière qui touche essentiellement les noirs, les arabes et les musulmans; et qui compromet gravement toute unité réelle de la classe ouvrière. Pas du fait des populations discriminées mais du fait de la discrimination qui bénéficie clairement à d'autres couches de la classe, notamment lors des embauches et des licenciements, avec la complicité des appareils politiques et syndicaux dominants. Et Omar de conclure sur l'auto-organisation spécifique, après plusieurs années de militantisme NPA...

Vous persistez et signez, c'est parfait, vous continuez dans l'injonction de l'intégration et dans les accusations d'islamisme, de communautarisme, le langage et les concepts de votre état policier raciste et colonialiste, c'est parfait, maintenant, nous, pas "on", soyons clairs et honnêtes, NOUS en tirons les conséquences et nous cherchons à comprendre la source de cette communauté idéologique entre VOUS et VOTRE classe dominante, que vous prétendez combattre et que vous combattez en effet réellement, courageusement, le débat n'est pas sur ce point. Et notre recherche à débouché sur des analyses, comme celle de l'indigénat post-colonial, du champ politique blanc. Le PIR est un mouvement en cours de constitution, qui tâtonne encore et qui travaille, pour le moment et en quelques années dans une situtation extrêmement défavorable, c'est plutôt encourageant. Et si les militants des groupuscules gauchistes et leurs directions plongés la main jusqu'à l'épaule dans leurs délires islamophobes et leurs pratiques arrogantes, calomniatrices, avaient eu une autre attitude envers les Indigènes en 2004, et dans les années qui ont suivi, les choses eussent évolué autrement, pas sur le fond, mais sur les alliances, et c'est fondemental, évidemment, l'alliance des opprimés, l'alliance de la classe ouvrière contre toutes les oppressions. Mais VOUS ne cherchez pas l'alliance, VOUS voulez la soumission à vos cadres et vos mots d'ordre, vos appareils et même vos codes vestimentaires. Et quel est votre bilan à vous, au fait du haut de vos multiples décennies d'exstence? Le bilan de vote stratégie antiraciste, de votre louvoiement entre SOS, NPNS et la franche islamophobie militante de la majorité de vos directions (le NPA je dois dire, évolue bien, après avoir passé Ilhem et d'autres au karcher, j'espère seulement que ce n'est pas une évolution de pure surface ou tactique comme chez Byrrh et vérié)?

Le PIR, et pas que lui, vous emmerde.
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Message  gérard menvussa Jeu 1 Jan - 18:33

Je continue sur la question du caractére largement "suréaliste" de la discussion.

Ce qui m'apparait quand même largement surréaliste la dessus, c'est la question de l'usage du "nous" et du "vous" qui est fait largement, et sans trop de précaution ! Quand toussaint (ou MO2014, ou Vérié, ou Byrrh) disent "vous", je me demande toujours qui ils vivent par ce "vous". Car si on suit la logique grammaticale, le "vous" implique une solidarité politique que je n'ai jamais ressenti avec des gens qui par exemple défendraient ou relativiseraient l'islamophobie. Ce n'est pas moi qui ai appelé à voter LO malgré ses appels islamophobes évident, c'est Toussaint... Quand à feue la lcr, celle ci a toujours dénoncée l'islamophobie, et condamnée la loi inique pour le voile ! Elle n'a pas participé à la manif contre la "loi inique", mais on ne peut pas dire que le PIR y était en force (en fait il y avait surtout des défenseurs de "l'islam politique", c'est a dire un tout autre camp que le PIR)

Donc, pour la rigueur militante sans laquelle la politique est une farce (même si ça peut l'etre aussi avec) il faut un peu rappeler qu'il y a des gens qui parlent en leur nom propre, et des organisations dont ils sont plus ou moins proche ! Et que même si ils sont trés proche d'une organisation, ils n'ont aucun mandat pour parler à sa place !

Pour en revenir aux organisations, feue la lcr et le npa ont toujours condamné l'islamophobie, et l'ont combattue (par exemple en participant aux mobilisations et au collectif "maman toutes égales", dont le npa est un des membres) De même ont ils participés aux mobilisations de la jeunesse des quartiers de leur point de vue d'organisation "anticapitaliste"

Aprés, il y a un autre probléme dans la discussion, c'est l'absence total de nuance dans certaines prises de positions ! Par exemple traiter une organisation d'"organisations blanche" n'a de sens que si celle ci défend les "priviléges blancs", et plus particuliérement quand MO ou Toussaint s'attaque à l'extréme gauche, quels sont les "priviléges blancs" défendu par Lo ou le npa (sans oublier le poi) ? Et la fraction qui est le sujet (ou le prétexte) de ce fil ?
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Message  Roseau Jeu 1 Jan - 19:03

Juste rappel. Evitons d'essentialiser.
Restons sur les tâches de l'heure, contre le racisme, le colonialisme et l'impérialisme.
Et je suggère à l'admin de déplacer ce débat vers le fil adéquat.
Ici, c'est un HS interminable qui rend le forum illisible.
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Message  MO2014 Jeu 1 Jan - 21:44

Merci à mon camarade Toussaint pour toutes ces précisions.
Rappelons que la discussion a débuté à propos de la quasi absence de toute référence au combat décolonial, contre les discriminations raciales et contre l'islamophobie du texte soumis au congrés du NPA par le courant "Anticapitalisme et révolution"

MO2014

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Message  Roseau Ven 2 Jan - 2:44

MO2014 a écrit: la quasi absence de toute référence au combat décolonial, contre les discriminations raciales et contre l'islamophobie du texte soumis au congrés du NPA par le courant "Anticapitalisme et révolution"
Heureusement que ce n'est pas le sujet des divergences d'orientation
dans le débat pour le Congrès du NPA !
Pas plus que la dénonciation de l'exploitation.
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Message  Toussaint Ven 2 Jan - 5:19

Pas plus que la dénonciation de l'exploitation.

Pas si sûr, justement. C'est justement le contraire.
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Message  Toussaint Ven 2 Jan - 6:50

Sur la résistance à la loi raciste de 2004 que LO a soutenue et la majorité de la direction de la Ligue, à commencer par son dirigeant PF Grond a largement contribué à légitimer avec les exclusions d'Aubervilliers.
La LCR n'a jamais caractérisé cette loi comme "inique" et toi à l'époque non plus.
La LCR disait que la loi serait "perçue" comme discriminatoire par les musulmans, pas qu'elle était discriminatoire, et en conséquence elle n'a pas demandé son abrogation et nombre de ses militants enseignants (j'ai des exemples très précis) l'ont appliquée avec enthousiasme. Pour la LCR, le foulard des élèves étaient une menace pour l'ensemble des lycéennes et collégiennes, c'est écrit très clairement dans la résolution. La seule objection à l'exclusion était que c'était "toujours un échec pédagogique". En fait la LCR considérait qu'il serait plus facile d'exclure sans loi comme l'avait fait PF Grond et ses copains de LO. La LCR non seulement n'a pas participé aux manifs contre la loi, mais elle a vigoureusement combattu et tenté de réduire au silence sa minorité antiraciste qui, elle, s'était regroupée dans foulard-mino, dont faisait partie Sadri Khiari.
Ensuite tu parles de choses que tu ignores, tu n'y étais pas, tu étais dans le "ni loi ni voile", donc pas dans le mouvement contre la loi. Oui, les actuels dirigeants et militants du PIR étaient évidemment présents en force dans le mouvement de protestation contre la loi raciste, et on peut les voir par exemple dans "Un racisme à peine voilé"; l'excellent film sur le sujet. Le lancement des Indigènes s'est fait dans la réunion à Paris pour faire le point de la lutte du Collectif Une Ecole Pour Toutes et Tous, et c'était bien les mêmes qui sont intervenus, alors que Tariq Ramadan se démarquait publiquement du projet comme je l'avais raconté à l'époque, et comme je l'ai rappelé hier. Sadri a quitté la LCR sur des bases encore floues et il a rejoint les Indigènes, et cela s'est décanté. Il a écrit un excellent livre sur le champ politique blanc. La violence des exclusions, de la loi et du soutien très majoritaire aux exclusions dans l'EG, cela a laissé des traces. Dans une réunion à Contretemps, Monique Crinon avait demandé à Maya si dans sa logique nous étions donc des ennemis, Josette Trat, Joshuah et elle avaient opiné du chef. Et les réactions à la candidature d'Ilhem avaient la même violence...  

Ceci étant le NPA a clairement évolué, mais pas totalement: je n'ai jamais rien lu de Lemaître ni de Galia Trépère ou de Raymond, Krivine ou Sabado quoi que ce soit qui montre une évolution et je remarque que le NPA ne demande toujours pas une abrogation de la loi, que sa militance enseignante ne supporterait pas. Alors, oui, très bonne évolution, les racistes sont minoritaires, clairement beaucoup sont partis, et il y a des choses intéressantes, mais auparavant on a karchérisé Ilhem.

Enfin sur la question du NPA blanc, c'est une caractérisation et pas une insulte, qui s'appuie sur la trajectoire du NPA, ce qu'est sa base militante, ses choix d'intervention et le fait que le gros des questions ne sont pas réglées sur le fond, tu le sais très bien. Sans parler de ce que révèlent ici les injonctions et les "analyses" de vérié et Byrrh, que je n'attendais pas dans ce registre, du tout. Si cela ce n'est pas une logique de parti et de militants blancs, désolé, constatons nos divergences. Mais il serait temps que les partis de masse que sont le NPA ou la fraction cessent de déformer grossièrement les analyses duPIR; lorsque de LO il s'agit, houla, on me reproche de caricaturer, lorsque du PIR il s'agit, on entend parler d'intellectuels petits bourgeois, démagos exploitant politiquement les indigènes (qui ont l'innocence des enfants, je suppose...), communautaristes, nationalistes, en fait pareils aux islamistes pour leur projet politique, donc des ennemis de classe. Rien que cela, et avec l'autorité de gens investis par le prolétariat mondial pour défendre ses intérêts historiques. Normal, c'est un militant blanc avec une bonne conscience inoxydable qui parle...

Ce n'est pas une insulte de parler de militant blanc (gauchiste en revanche est un terme inadéquat), et l'échange devrait faire réfléchir les deux. En particulier les alliances de fait dans le débat sont révélatrices.

Pour Byrrh, tu as répondu l'essentiel mieux que je ne le ferais, mais là aussi, tu t'étonnes de son oubli de choses pourtant fondamentales. Je ne crois pas qu'il oublie, mais il y a une différence, Byrrh est un militant du mouvement LGBT mais c'est un militant blanc (quelle que soit la couleur de sa peau ou son origine que j'ignore, la question ne se pose pas ainsi, nombre de personnes issues des immigrations ciloniales ou néo-coloniales militent dans des partis blancs, comme nombre d'ouvriers collent pour le FN et ils ne sont plus des militants ouvriers au dela de leur insertion professionnelle). Et l'explication de la contradiction que tu relèves est bien là. Une fois de plus, à mon avis.

Quant à la violence, je me souviens de Samary pleurant sur son clavier en lisant des déclarations de Krivine sur le racisme antiblanc, elle nous racontait cela à la première grande réunion publique des Indigènes. La réaction de Byrrh et de Vérié, on la connait, on l'entend depuis des siècles et tout le monde devrait le savoir, à commencer par eux, je n'aurais jamais pensé lire des choses pareilles sous ces deux signatures, c'est pour moi une énième confirmation des analyses de Sadri et Saïd.

Sujet clos pour moi sur ce fil comme le demande Roseau.
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Message  Byrrh Ven 2 Jan - 12:00

Toussaint a écrit:Byrrh est un militant du mouvement LGBT
Non, je suis communiste, ce qui d'un certain point de vue doit signifier : un adversaire de toutes les idéologies qui divisent les travailleurs et en oppriment certains.

Tiens sinon, j'ai passé au crible de la "recherche détaillée" Google le site du courant "Anticapitalisme & révolution" : les accusations du troll "MO2014" sont évidemment mensongères. D'ailleurs, dans la brochure intitulée Oppression, luttes et classes sociales, dont j'ai vanté l'utilité il y a quelques jours, chacune et chacun pourront notamment consulter la partie "Homophobie, mépris de classe et démagogie pseudo-sociale", et y lire une dénonciation de ceux qui présentent les "jeunes de banlieue", les Arabes, les musulmans ou plus généralement les immigrés comme intrinsèquement sexistes et homophobes.

Mais le but de ce trollage de plusieurs pages n'était pas de dénoncer de véritables supplétifs de l'esprit colonial et chauvin français : il était de flétrir des militants qui n'ont pas d'accointances particulières avec le pathos racialiste, nationaliste et démagogique du PIR, dont la couleur de la peau du cul de ses dirigeants ne change rien à sa nature petite-bourgeoise et réactionnaire.

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Message  MO2014 Ven 2 Jan - 12:18

Ma référence concernait, chacun peut le constater aisément, le texte du courant Anticapitalisme et Révolution  soumis au congrès et copié un peu avant dans le fil.

Après "petit bourgeois", maintenant c'est "troll", encore un petit effort et tu vas me traiter d'islamiste ou de bougnoule ?
Tu as choisi ta méthode, la caractérisation aboyée en lieu et place d'argumentation.

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Message  Copas Ven 2 Jan - 20:20

Effectivement on ne peut accuser A&R de faire des impasses inadmissibles, un texte est un texte et ne peut tout embrasser.
Il me souvient, il y a peu de temps, les reproches adressés à Ghayath Naisse lors d'un meeting du NPA d'avoir oublié la bataille de Kobané et la question kurde, effroi de certains... Ce que je veux dire c'est que non, on ne peut aborder toutes les questions, un texte d'orientation n'est pas un catalogue.
Je suis bien plus inquiet, malgré les positions qu'on me connait ici sur la question d'éléments de néo-colonialisme interne en France, par l'incompréhension globale des conséquences de la poussée numérique et culturelle de la classe ouvrière dans le monde, de l'internationalisation de la classe ouvrière, qui nécessite autre chose que la solidarité nécessaire : penser et construire un combat commun.

Pour être plus précis, lors des secousses et soulèvements populaires qui ont affecté TOUTES les côtes de la Méditerranée et pratiquement TOUS les pays de cette zone (sauf la France) : peu de choses de bien sérieuses ont été sorties pour comprendre ce qui se passait, et il se passait partout les mêmes choses, des soulèvements d'une seule classe, avec des niveaux d'instruction, d’information et de capacité de communication comparables, face à une diversité de régimes bourgeois.
Et dans ces secousses la voix de la réaction a été de tenter partout les divisions, l'ethnicisme, les divisions religieuses, etc, et quand ça tardait à diviser, les mitrailleuses lourdes contre les manifs comme ces bons Assad et Kadhafi.

La compréhension qu'il faille passer à une voix révolutionnaire unifiée dans cette région du monde, même petitement, n'a pas été bien loin, malheureusement. Une petite tentative vitement avortée. Les frontières encombrent quand même bien trop les têtes de nos révolutionnaires voir un patriotisme. Chacun est resté dans son pré-carré, et c'est bien dommage.
Mais il reste des traces profondes chez quelques milliers de révolutionnaires méditerranéens (non exclusif), des liens et des regards au delà des frontières, de ces gigantesques secousses populaires. Ca servira demain si on veut bien se donner la peine d'en comprendre les raisons.

Par contre, mais c'est valable très largement, comprendre la place des tentatives de division de la part du capital en couleurs, en origines, en cultures, savoir comment elles sont menées et combien sont importantes les batailles pour que les couches les plus opprimées et exploitées s'expriment, mènent leurs luttes, construisent les médiations organisationnelles nécessaires à leurs batailles et à leur émancipation afin de prendre toute leur place dans le combat pour la liberté, l'auto-organisation et le pouvoir des travailleurs.

Enfin A&R comprend l'importance et la chance unique que représente les possibilités d'être plus puissants dans la classe ouvrière dans la période actuelle. Ce courant n'est pas le seul à penser cela mais c'est bien quelque chose qui les turlupine fortement au point d'être brocardés des fois par d'autres sur cette question, d'être traités de syndicalistes, etc.
A & R a raison là dessus.
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Message  Copas Sam 3 Jan - 12:14

Pour préciser la nécessité d'un changement d'angle du travail politique et de la vision nécessaire du monde, et ça s'adresse à mes camarades de A & R ce texte de Pietro Basso, excellent pour comprendre le monde actuel et les mutations du prolétariat mondial :

Migrations et internationalisme prolétarien
http://alencontre.org/societe/migrations-et-internationalisme-proletarien.html

Cette compréhension des mutations dans le monde moderne doit irriguer la façon de concevoir le militantisme, le type et la taille des terrains de jeu, et le type de parti nécessaire qui doit commencer à être bien plus qu'internationaliste pour être global, comprendre la nécessité de construire des formes d’organisation révolutionnaire dans les masses et flux de prolétaires migrants.

La région euro-méditerranéenne vit de façon intense ces vagues migratoires. Ainsi des millions de syriens essayent de s'échapper des massacres orchestrés par le régime fasciste de Assad.
Des masses immenses éduquées, formées, au moins aussi informées du monde que les populations d'Europe, essayent d'échapper aux pièges des répressions politiques, des catastrophes économiques et écologiques et surtout tentent d'aller cueillir les fruits des promesses du capitalisme, visiter le monde pour certains, en vain.

Les conséquences de ces migrations sont ce qu'appelle Basso, des villes globales :


.../...

6.- La vitesse de cette transformation est très élevée. Il y a trente ou quarante ans, peu de métropoles européennes pouvaient se considérer comme des «villes globales». Aujourd’hui, même l’Italie, devenue depuis peu de décennies un pays d’immigration, est pleine de petites et moyennes «villes globales»: petites et moyennes villes dans lesquelles se condense le monde, composé par des dizaines et, pour certaines, des centaines de nationalités et de langues différentes, reliées par mille réseaux au monde entier.
Et dans un pays comme l’Allemagne, qui encore durant les années 1930 et 1940 pouvait s’enivrer du rêve malade de redevenir ethniquement pure, aujourd’hui 20% – je répète 20% – de sa population se caractérise par un Migrationshintergrund, à savoir un «arrière-fond migratoire», avec quelques ascendances immigrées. La réalité est donc celle-ci: dans tous les pays d’immigration se crée un brassage indéchiffrable de «races» et de nationalités, notamment dans les métropoles, lesquelles sont des véritables meules dans la création de nationalités différentes.

7.- Ce formidable processus de transformation lié aux migrations internationales est, à mon avis, riche de potentialités positives. L’axiome de telles potentialités réside dans le dépassement possible des inquiétudes et des antagonismes nationaux et «raciaux» qui ont frappé dans le passé le mouvement ouvrier et l’humanité tout entière.

En effet, avec les migrations internationales se forme à présent une masse de prolétaires – non seulement aux Etats-Unis, au Canada et en Europe, mais aussi dans la péninsule Arabique, en Afrique du Sud, au Brésil, et même au Japon – qui vivent leur existence sur un terrain directement mondial, étant donné que le marché lui-même les place au-delà des compartiments nationaux. Une masse composée «d’individus empiriquement universels», ces individus insérés dans «l’histoire universelle», de prolétaires insérés directement dans l’histoire universelle, identifiés par Marx et Engels, dans L’Idéologie allemande, comme le produit du développement universel des forces productives, œuvre du capitalisme.
.../...

Tout cela a des conséquences importantes dans la façon de concevoir la construction d'un parti .
Aux débuts de la résistance en France pendant la 2eme guerre mondiale, il y eut les FTP-MOI constitués de groupes de toutes nationalités (européennes à l'époque).
Sans jouer dans le militarisme il s'agit bien sur de concevoir en plus des groupes de travailleurs révolutionnaires dans les entreprises, des groupes révolutionnaires internationalistes qui agissent et rassemblent les travailleurs révolutionnaires migrants.

Dans le débat sur le congrès du NPA et des courants qui le constitue, il s'agit d'abord d'un réarmement politique de compréhension du monde, de compréhension que les distances ont raccourci même si on y meurt par milliers en chemin;

Le premier acte important de ce prolétariat global sur toutes les rives de la méditerranée a été de se soulever ou se secouer  massivement sur une période courte, partout : Espagne, Tunisie, Libye, Égypte, Palestine, Jordanie, Syrie, Turquie, Bosnie, Croatie, Albanie, et Grèce (j'ai dû oublier du monde).

Que ces soulèvements et mouvements massifs n'aient pas débouché sur une révolution socialiste, qu'il y ait eu pour l'instant un blocage à passer à un prolétariat qui agit pour disputer le pouvoir, n’empêche. Contrairement à une série d'affirmations pratiques, non la grande crise ne fut pas le seul catalyseur de ces crises, mais un développement d'un prolétariat moderne, éduqué, communicant, etc, ne supportant plus des régimes tortionnaires et corrompus, quel qu’ils soient. Une partie de ce prolétariat qui s'est soulevé est maintenant sur les routes de l'exil.
Proposer des solutions pour qu'il s'organise ne relève pas d'une question théorique mais d'une tâche immédiate.
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Message  Byrrh Ven 6 Fév - 13:58

Quelques-uns des textes mis récemment en ligne sur le blog du courant :

Inde : grève massive du charbon, article de Carlita Garl paru dans "L'Anticapitaliste" n°272 du 15/01/2015.

Oui à l'unité des travailleurs de toutes origines !  (édito des bulletins d'entreprises du 20/01/2015).

La Poste (92) : Yann, viré pour avoir osé prendre la parole (24/01/2015).

Grèce : communiqué de nos camarades d'OKDE-Spartakos sur le résultat des élections (26/01/2015).

Tribune de la plateforme 3 dans "L'Anticapitaliste" n°274 : Le congrès doit et peut rompre avec la politique de l'ancienne majorité (29/01/2015).

USA : tout va très bien, Monsieur le Président ?, article de Stan Miller paru dans "L'Anticapitaliste" n°274 du 29/01/2015.

La centralité de la lutte pour les droits reproductifs des femmes, article de Virginia de la Siega paru dans la revue "L'Anticapitaliste" n°61 (janvier 2015).

Ecole : non à leur morale rétrograde et stigmatisante !, article de Denise Sarraute paru dans "L'Anticapitaliste" n°274 du 29/01/2015.

Argentine : une crise politique grave... qui s'aggrave !, article de Marcelo N. paru dans "L'Anticapitaliste" n°274 du 29/01/2015.

Premier bilan du congrès du NPA : Une page tournée... mais pas encore d'orientation ni de direction alternatives, par l'équipe d'animation de la plateforme 3 (04/02/2015).

Le sionisme : du "rêve" nationaliste au cauchemar colonial, article de Yann Cézard paru dans la revue "L'Anticapitaliste" n°61 (janvier 2015).

Israël/Palestine : de 1948 à nos jours, la colonisation à tombeau ouvert, article de Yann Cézard paru dans la revue "L'Anticapitaliste" n°61 (janvier 2015).

Le Bund, un mouvement révolutionnaire contre l'oppression antisémite et le sionisme, article de Yann Cézard paru dans la revue "L'Anticapitaliste" n°61 (janvier 2015).

Essai d'interprétation de la situation grecque et de nos tâches, par Gérard Florenson (05/02/2015).

Le courant sur Facebook : https://www.facebook.com/Anticapitalisme.et.Revolution

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Message  Byrrh Lun 18 Mai - 16:36

La lettre n°15, qui vient de paraître :

On y trouve notamment un dossier sur le racisme, dont voici deux articles :
D'où vient le racisme ? Quelle stratégie pour le combattre ?

Le racisme n’est pas qu’une idéologie héritée du passé : il s’inscrit dans les rapports sociaux capitalistes. Ce combat contre une oppression spécifique est aussi un combat pour l’unification de la classe ouvrière.

Aux sources du racisme moderne, il y a la systématisation de l’esclavage dans le « Nouveau monde ». L’émergence du capitalisme comme système mondial est liée au recours massif à la main d’œuvre servile. Les premières théories racistes datent exactement de la période où l’importation d’un esclave africain a commencé à devenir rentable (fin du XVIIème siècle) et servent à justifier l’esclavage. La révolution industrielle en Angleterre, première véritable puissance capitaliste, est indissociable du développement de l’esclavage. La xénophobie des anciennes sociétés visait à rejeter l’étranger hors de la communauté : elle ne permet pas de s’accaparer sa force de travail. Le racisme résout la contradiction entre la reconnaissance que « tous les hommes sont libres et égaux » et la violente et nécessaire inégalité de traitement des travailleurs du peuple dominé. Le racisme ne produit donc pas l’esclavage : c’est l’inverse.[1]

Le racisme n’est donc pas essentiellement une idéologie. Les idées racistes sont indissociables de rapports sociaux capitalistes et colonialistes. Même l’Afrique du Sud actuelle, officiellement une « nation arc-en-ciel » dont le régime est issu d’une lutte antiraciste massive, est le théâtre de pogroms anti-immigrés… du fait de rapports sociaux générant inévitablement le racisme. La lutte contre le racisme ne se joue donc pas seulement sur le plan du combat idéologique – aussi important soit-il – mais suppose de s’attaquer à ses racines.

Le racisme n’est pas qu’une survivance idéologique de l’esclavage et de la colonisation. Dès sa naissance, le capitalisme industriel a eu besoin de déplacer de larges populations pour les concentrer vers les centres industriels. Les puissances impérialistes ne se sont pas constituées qu’en pillant des ressources matérielles, mais aussi en puisant dans le réservoir de main-d’œuvre des campagnes et des pays dominés. L’immigration n’est pas une invasion de hordes barbares venues menacer l’équilibre social des sociétés occidentales, c’est un phénomène propre au capitalisme, dont il dépend pour sa survie[2]. À la naissance du capitalisme, le racisme rationalisait la division de la force de travail entre esclaves et salariés. Le racisme contemporain est quant à lui fonctionnel pour la rationalisation de la relégation de secteurs entiers de la force de travail, et pas seulement des travailleurs immigrés, dans des emplois peu qualifiés… ou dans le chômage.

Impossible d’envisager « race » et « classe » indépendamment l’une de l’autre, ni de comprendre le racisme en le coupant du capitalisme comme système international organique hiérarchisé. L’État sud-africain, qui sous l’apartheid avait officiellement codifié l’existence de quatre « races » (Blancs, Bantous, Asiatiques et Métis), avait décidé dans ses vingt dernières années de considérer les businessmen japonais en visite comme… « Blancs honoraires » ![3]

Le capitalisme est d’emblée un système international qui forme une classe ouvrière à la fois de plus en plus mondialisée et profondément divisée. Les travailleurs ne sont en effet pas seulement des producteurs collectifs ayant un intérêt commun à prendre collectivement le contrôle de la production, ce sont aussi des vendeurs individuels de force de travail, mis en concurrence pour les emplois, les promotions, etc. Le capitalisme « pousse à l’union et tire à la désunion » chez les travailleurs. Comme vendeurs compétitifs de force de travail, les travailleurs sont sensibles à des projets politiques qui les dressent les uns contre les autres[4]. La concurrence entre travailleurs et la précarité de la condition prolétarienne expliquent que le capitalisme n’ait pas un effet unilatéral de dissolution de tous les liens traditionnels (familiaux, culturels…), sur lesquels les travailleurs sont contraints de s’appuyer pour s’en sortir.[5]

Les groupes directement frappés par le racisme occupent une position de surexploitation et d’oppression. Il est pourtant faux de voir les autres travailleurs comme des « privilégiés », car le racisme permet à la bourgeoisie d’asseoir son pouvoir sur l’ensemble de la classe ouvrière en nourrissant sa division. Une étude statistique des années 1970[6] démontre que dans le Sud des États-Unis, plus fortement marqué par la ségrégation, les inégalités sociales sont plus sévères qu’au Nord… mais elle montre aussi que les travailleurs blancs du Sud sont moins payés que les Noirs au Nord, où il y a davantage de syndiqués.

Quelques pistes stratégiques

Il est impossible de mettre fin au racisme sans abattre le capitalisme, projet pour lequel le rôle de la classe ouvrière est central. Pour nous, cela n’implique pas de reléguer la lutte contre le racisme à l’arrière-plan. Il faut au contraire placer le combat antiraciste et contre les oppressions au centre de notre orientation : impossible d’unifier la classe ouvrière sans se confronter au racisme.

La défense de l’auto-organisation de celles et ceux qui subissent le racisme est primordiale : il ne s’agit pas d’attendre que des travailleurs blancs, bénéficiant d’avantages certes limités et provisoires mais réels (dont l’accès facilité aux meilleurs emplois), prennent l’initiative de luttes antiracistes avant de commencer à s’organiser. Mais notre politique ne peut se résumer à la promotion de l’auto-organisation. Il est essentiel de défendre une orientation de lutte de classe, d’alliance avec les différents secteurs de la classe ouvrière, et de lutte de masse. « Ce n’est qu’au travers de l’expérience de l’activité de classe, collective, contre les employeurs, partant du lieu de travail, mais ne s’y limitant pas, que les salariés peuvent commencer à se penser comme une classe avec des intérêts communs, et opposés à ceux des capitalistes. Ceux qui font l’expérience au travail de leur force collective, de classe, sont beaucoup plus ouverts à des manières « classistes » de penser, à des attitudes antiracistes, antisexistes, anti-militaristes, et anti-xénophobes. »[7] Et c’est justement lorsque sous l’impulsion de militants lutte de classe, le mouvement ouvrier prend en charge le combat contre toutes oppressions – racisme, homophobie, sexisme –, qu’il est capable d’entraîner la majorité et d’avoir un impact révolutionnaire.

Dans cette optique, être connus comme celles et ceux qui se battent jusqu’au bout contre le patronat et l’État est une condition nécessaire pour que les secteurs opprimés qui sont aussi les plus exploités prennent au sérieux les révolutionnaires, surtout quand ceux-ci, en majorité, ne sont pas eux-mêmes frappés par le racisme. Il faut également faire la preuve d’une capacité à prendre des risques pour défendre les opprimés, à se mouiller en faveur d’intérêts spéciaux. Il ne s’agit pas d’être des militants qui prennent seulement le parti des « ouvriers en général », mais qui soutiennent les musulmans en tant que tels quand ils sont agressés, qui ne laissent passer aucune remarque antisémite, etc. Les militants doivent être éduqués dans la connaissance des traditions, de l’histoire des divers peuples opprimés, de leurs luttes et conditions actuelles d’existence. Un effort particulier devrait être fourni par les organisations ouvrières et révolutionnaires pour recruter dans les milieux touchés par le racisme – c’est-à-dire, dans la classe ouvrière, parmi les salariés d’exécution les plus exploités, où sont surreprésentés ceux qui subissent le racisme –, avec pour objectif la formation de cadres… et pourquoi pas de porte-paroles !

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[1] H. Zinn, Une histoire populaire des Etats-Unis, chapitre II, et A. Callinicos, Racisme et lutte de classes.
[2] Capitalisme et immigration, brochure de Lutte ouvrière (CLT).
[3] E. Balibar et I. Wallerstein, Race, nation, classe, p. 109.
[4] C. Post, « Le mythe de l’aristocratie ouvrière », article paru dans la revue suisse La Brèche de juin 2008.
[5] Une démonstration détaillée est exposée dans Post-Colonial Theory and the Specter of Capital, de V. Chibber, pp. 117-119 et pp. 143-145.
[6] A. Shawki, Black and Red, pp. 267-268.
[7] Cf. note 4.

Lutter contre l'islamophobie et l'antisémitisme

Un débat existe dans les milieux militants sur l’importance à accorder à la lutte contre les différentes formes de racisme. Si notre antiracisme « lutte de classe » implique de combattre frontalement tous les racismes par principe, comprendre leurs formes actuelles est indispensable pour ne pas être paralysés face à leurs nouveaux développements.


Une amplification de l’islamophobie dans le sillage de l’offensive impérialiste

L'islamophobie connaît un regain lié à l'offensive impérialiste qui a suivi la fin de l’URSS et le 11 septembre 2001. En France, elle s’appuie sur la position de cette grande puissance vis-à-vis des pays dominés, en particulier ses anciennes colonies.

Après les attentats de janvier, les actes islamophobes ont été multipliés par six. Valls a appelé les musulmans à faire leur « examen de conscience », et l’extrême droite mène campagne « contre l’islamisation » de la France. Fin avril, une collégienne musulmane a été exclue à cause d'une jupe longue censée être un « signe ostentatoire d’appartenance religieuse »... Cette discrimination est assumée au sommet de l’État : la ministre de l’Éducation nationale considère que « l’équipe pédagogique a fait preuve du discernement nécessaire » !

L’islamophobie donne une dimension « culturelle », plus acceptable, au vieux racisme anti-immigrés, anti-Noirs et anti-Arabes. Le fichage des écoliers de Béziers en fonction de leur prénom illustre la logique d’amalgame Arabe=musulman. Forme la plus courante du racisme, l’islamophobie est aussi, par le biais des institutions policière, judiciaire et scolaire, la plus relayée par l’Etat. Ce qui n’empêche pas celui-ci d’avoir recours à des responsables musulmans pour encadrer la jeunesse des quartiers populaires...

Les racines du renforcement de l’antisémitisme

Meurtre d’Ilan Halimi, tueries de l’école juive de Toulouse et de l’Hyper Cacher, slogans de la manifestation « Jour de colère », dégradations de sépultures, essor des courants « complotistes », succès des vidéos de Soral et des spectacles de Dieudonné, propos récurrents lors de discussions au travail : la recrudescence de l’antisémitisme est à prendre au sérieux. Il s’exprime aujourd’hui principalement parmi nos collègues ou voisins, et son renforcement correspond à des mécanismes en partie différents de ceux de l’islamophobie. Ce phénomène touche toute l’Europe – de manière très virulente en Hongrie, par exemple –, et loin d’être l’apanage des musulmans ou supposés tels, il concerne des milieux divers. Les classes dirigeantes ont une responsabilité notable : l’antisémitisme se nourrit de la politique pro-sioniste des principales puissances. L’Etat français, en légitimant le CRIF et l’Etat d’Israël, en réprimant la solidarité avec la Palestine, nourrit les amalgames entre Juifs et sionistes.

L’aggravation de la crise, de la précarité et du chômage offre un terrain propice à la renaissance d’un antisémitisme comme dérivatif à la colère sociale. Les reculs du mouvement ouvrier et la faiblesse relative des révolutionnaires laissent un espace à Dieudonné et Soral, qui ont su s’adresser aux franges populaires – en particulier à celles qui subissent l’islamophobie –, avec un discours soi-disant « anti-système » mais clairement antisémite, homophobe et nationaliste. Valls leur a facilité la tâche, en faisant de Dieudonné un « martyr ». Dénoncer, comme certains, un « philosémitisme d’État » ne peut que conduire à relativiser la lutte contre l’antisémitisme actuel.

Que faire ?

L’antiracisme sélectif est un piège, et un antiracisme « moral » serait comme un couteau sans lame. Il faut s’opposer au racisme chaque fois qu'il s'exprime, quelle que soit la forme qu’il prenne selon le contexte et le milieu, et dénoncer sa logique d’ensemble : c’est un obstacle à la lutte commune contre ceux qui exploitent et oppriment. Cela suppose de lutter tout à la fois contre ceux qui assimilent l’Arabe au musulman et le musulman au terroriste, contre ceux qui présentent les Juifs comme les « rois du monde », mais également contre le racisme anti-Roms ou anti-Asiatiques.

Combattre l’islamophobie d’État nécessite une campagne unitaire de masse (affiches, meetings, manifestations, luttes locales), avec le souci d’impliquer les syndicats et les associations musulmanes progressistes. Mais l’organisation d’une telle campagne est inséparable d’une politique explicite contre les préjugés antisémites et complotistes dans notre classe, d’une opération de « désintoxication » auprès de nos collègues, par exemple par le biais d’argumentaires ou de brochures.

Enfin, il faut garder à l’esprit que quand le patronat et ses politiciens paraissent hors d’atteinte, certains travailleurs sont tentés de faire de leur voisin un bouc émissaire : seules des luttes sociales victorieuses peuvent donner de la force à nos arguments antiracistes !

Byrrh

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