Algérie
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Re: Algérie
Roseau a écrit:L’Algérie : nouveau terrain de jeu des Français pour le gaz de schiste
« Les sous-sols algériens regorgent de promesses. Selon les estimations du département américain de l’Energie (DoE), le pays détiendrait les troisièmes plus importantes ressources de gaz de schiste au monde. Privées de fracturation hydraulique dans l’Hexagone, certaines compagnies françaises, GDF Suez en tête, ont déjà annoncé leur intention de s’y déployer. »
http://www.terraeco.net/L-Algerie-nouveau-terrain-de-jeu,55422.html
C'est une ruée d'alliances de conglomérats de trusts internationaux sur les concessions délivrées par le gouvernement. Ce type d'exploitation est très consommatrice d'eau dans des zones où la seule eau disponible est celle des aquifères.
Ca ne se passe pas simplement et une bataille contre ce type d'exploitation est engagée, comme ici à Adrar, à 1400km au sud d'Alger (60 000 habitants) :
L’inquiétude dans le sud algérien est importante et, après avoir servi de cobayes à une série d'expérimentations (dont les essais nucléaires français) la population qui dépend d'un système fragile d'irrigation, d'agriculture, pour nourrir et abreuver ses habitants, goute peu l'attitude du gouvernement.
Des discussions riches ont lieu sur le sujet et existe une opposition qui n'est pas seulement écologique mais aussi qui s'inquiète de la pénétration de grands trusts de l'impérialisme et la place accéssoire donnée à Sonatrach, et qui pense que le gouvernement a agit dans la précipitation pour donner des garanties à ses clients européens en fournitures de gaz. On saisit le signal politique et le coup de main donné dans le contexte de tension est-européen donné par le gouvernement algérien.
Plus techniquement et du point de vie de la maitrise locale des technologies il y a aussi ceux qui estiment que cette technique n'est réellement contrôlée que par les USA .
Sources :
http://www.algerie-focus.com/blog/2014/06/le-gaz-de-schiste-le-nouveau-cadeau-des-autorites-algeriennes-pour-les-multinationales/
http://www.maghrebemergent.info/contributions/opinions/item/36753-le-gaz-de-schiste-en-algerie-et-la-remise-aux-calendes-grecques-de-la-transition-energetique.html
http://www.elwatan.com/chroniques/analyseeco/comment-youssef-yousfi-est-reste-dans-les-lignes-rouges-de-chakib-khelil-09-06-2014-260491_174.php
Les élus de la Chambre basse du Parlement ont approuvé le plan d'action du gouvernement qui intégrait la question de l'exploitation du gaz de schiste (FLN et RND) , essentiellement les islamistes ont voté contre (MSP, Ennahda, El Isla et FJD), la "gauche" s'abstenant (FFS et PT). Le PT indiquant qu'il avait eu une abstention positive : «Sellal a répondu clairement à nos préoccupations et nous a rassurés sur un bon nombre de questions, notamment le maintient de la règle 51/49%, le renforcement du front interne, l’exploitation du gaz de schiste. Nous adhérons à la politique du logement»...
Principaux aquifères du sud algérien :
Les zones pour le gaz de schiste et concessions accordées
La ruée des trusts sur le sud algérien
L'humour algérien sur le sujet
(empreint d'une immense tristesse pour le 1er dessin)
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Algérie
Le Mouvement des «défenseurs de la nation» est né
http://www.elwatan.com/actualite/le-mouvement-des-defenseurs-de-la-nation-est-ne-08-06-2014-260386_109.php
La grande manifestation anti-gaz de schiste se tiendra le 14 juin 2014 à Ouargla.
Le rassemblement contre le gaz de schiste annoncé via les réseaux sociaux pour hier a finalement été reporté d’une semaine, soit pour le samedi 14 juin. Un communiqué rendu public par la même voie et qui a circulé toute la journée d’hier fait état d’une rencontre qui a regroupé une trentaine de militants des droits de l’homme et de la Protection de l’environnement de la wilaya de Ouargla, vendredi soir.
Le sud déterminé
Les animateurs de la campagne facebookienne anti-gaz de schiste, basés à Ouargla, viennent d’annoncer la création de Harakat Houmat Al Watan, le Mouvement des défenseurs de la nation avec une trentaine de membres fondateurs. Ce mouvement, qui marque le passage de ces militants du monde virtuel à l’action sur le terrain, a d’ores et déjà fait état de sa détermination à encadrer une action de sensibilisation de la société aux dangers du gaz de schiste par l’élaboration et une large diffusion de dépliants et documentaires, lancer une pétition pour récolter le maximum de signatures anti-gaz de schiste, organiser un congrès national sur la thématique dans une wilaya du Sud et préparer une grande manifestation populaire le 14 juin à Ouargla.
Cette mobilisation citoyenne tend à se généraliser au sud du pays, où les gens entendent peser sur la décision politique en matière d’exploitation du gaz de schiste, malgré les assurances du gouvernement. Une prise de conscience citoyenne quant aux risques encourus par les zones sahariennes, premières concernées par l’exploitation des énergies non conventionnelles, validée par le dernier Conseil des ministres et portée par le Premier ministre en personne et plusieurs personnalités politiques qui n’ont apparemment pas prévu de mettre à contribution les populations du sud du pays dans cette prise de décision et encore moins que ce mépris à l’avis des citoyens motive un passage à l’acte.
Ainsi retrouve-t-on parmi les membres fondateurs de Houmat El Watan des militants des droits de l’homme, des défenseurs des droits des chômeurs de longue date qui ont, semble-t-il, intégré la préservations de l’environnement et des ressources sahariennes dans leur programme d’action.
Le Sahara algérien, fragilisé par toute sorte d’essais et une surexploitation de ses ressources fossiles, notamment l’eau, mais aussi l’exploration et le forage pétrolier aux retombées néfastes sur l’environnement, entamera avec l’exploitation du gaz de schiste une dégradation irréversible de l’avis des experts. Cette cause commune à toutes les populations du Sahara, qui représente plus de 80% du territoire national et seulement 10% de sa population, a réussi à regrouper des citoyens de tous bords et obédiences, notamment à Adrar, qui a organisé le premier sit-in anti-gaz de schiste du pays, mais aussi Ouargla et Tindouf dont plusieurs militants ont enflammé la Toile durant les semaines précédentes et appelé à la signature de pétitions pour sensibiliser les pouvoirs publics.
Il est à rappeler, dans ce sillage, les assurances de Abdelmalek Sellal qui a défendu son projet d’exploitation d’énergies non conventionnelles dans le Sahara algérien, les déclarations de Noureddine Bedoui, ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, qui a annoncé jeudi, à l’APN, une réactualisation de la nomenclature des spécialités de la formation professionnelle dans les wilayas du Sud «adaptées à l’industrie d’exploitation du gaz de schiste». Des indicateurs qui semblent alerter la frange éclairée de la population des wilayas du Sud.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Algérie
L'anniversaire de l'assassinat de Matoub Lounès
Le directeur de la culture de Tizi Ouzou, Ould Ali El Hadi, qui conduisait, ce mercredi 25 juin, une délégation qui devait se rendre, au nom de l’État, à Taourirt Moussa, dans la région de Béni Douala, pour se recueillir à la mémoire de Matoub Lounès, assassiné le 25 juin 1998, a été hué par les nombreux présents.
Des milliers de personnes se sont recueillies, hier, sur la tombe du rebelle, à l’occasion de la commémoration du 16e anniversaire de son assassinat.
Cette journée a été marquée par l'hommage officiel pour la première fois de l'état algérien à Lounès Matoub, mais assorti a des interdictions de manifester .
Le directeur de la culture de Tizi Ouzou, Ould Ali El Hadi, qui conduisait, ce mercredi 25 juin, une délégation qui devait se rendre, au nom de l’État, à Taourirt Moussa, dans la région de Béni Douala, pour se recueillir à la mémoire de Matoub Lounès, assassiné le 25 juin 1998, a été hué par les nombreux présents.
Des milliers de personnes se sont recueillies, hier, sur la tombe du rebelle, à l’occasion de la commémoration du 16e anniversaire de son assassinat.
Cette journée a été marquée par l'hommage officiel pour la première fois de l'état algérien à Lounès Matoub, mais assorti a des interdictions de manifester .
Lounès Matoub (en kabyle : Lwennas At Lewnis écrit en tifingh, communément appelé Matoub Lounès, né le 24 janvier 1956 à Taourirt Moussa et assassiné le 25 juin 1998 à Thala Bounane, est un chanteur, parolier et compositeur kabyle. Il a été militant de la cause identitaire Amazigh en Algérie et son rôle a été immense dans la revendication et la popularisation de la culture Amazigh. Il a été aussi en première ligne du combat pour les libertés et la laïcité en Algérie.
Les textes de Lounès Matoub sont revendicatifs et se consacrent à la défense de la culture berbère.
Il s'oppose à la politique d'arabisation de l'Algérie. Il parle le kabyle, le français, et comprend l'arabe algérien sans l'employer. C'est un partisan de la laïcité et de la démocratie, et s'est fait le porte-parole des laissés-pour-compte et des femmes. Il se disait être un "Algérien autochtone de ce pays"
Opposé à l'islamisme et au terrorisme islamiste, il condamne l'assassinat d'intellectuels.
Il fut enlevé le 25 septembre 1994 par le GIA (Groupe Islamique Armé), puis libéré au terme d'une mobilisation de l'opinion publique de la communauté kabyle. La même année, il publie un ouvrage autobiographique, Rebelle, et reçoit le Prix de la mémoire des mains de Danielle Mitterrand.
En 1996, il participe à la marche des rameaux en Italie pour l'abolition de la peine de mort alors qu'en mars 1995, le S.C.I.J.(Canada) lui remet Le Prix de la Liberté d'expression.
En 1998, il sort les albums Tabratt i lḥukem et Ilḥeq-d zzher. Ces derniers sont de genre chaâbi. Il y dénonce la lâcheté et la stupidité du pouvoir algérien. Le morceau Tabratt i lḥukem de l'album éponyme, est construite en « kacide » (enchaînement de musiques différentes). Le dernier morceau est une parodie de Kassaman, l'hymne national algérien.
Le 25 juin 1998, il est assassiné sur la route menant de Tizi-Ouzou à At Douala en Kabylie à quelques kilomètres de son village natal (Taourirt Moussa). Les conditions de ce meurtre n'ont jamais été élucidées. Les funérailles du chanteur drainèrent des centaines de milliers de personnes, tandis que toute la région connut plusieurs semaines d'émeutes.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Algérie
Le PST rend public son mémorandum sur la révision constitutionnelle
«La démarche du pouvoir écarte le peuple algérien»
«La démarche du pouvoir écarte le peuple algérien»
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Algérie
Louisa Hanoune : “Touche pas à mon président” !
C’est là une étonnante et intrigante fonction que celle que s’est donnée Louisa Hanoune, ou qu’on lui a donnée : s’opposer… aux opposants.
Certes, l’on peut considérer que Hamrouche, ce n’est pas vraiment l’opposition. Et que ses divergences avec le régime en place relèvent du désaccord interne au système… Mais, la mauvaise gouvernance qui sévit depuis quinze ans, et qui confine à la maltraitance politique du pays, autorise tout citoyen à s’élever contre ce processus de destruction nationale.
Louisa Hanoune a pourtant fondé sa carrière sur un patriotisme économique hypertrophié. Ainsi n’aura-t-elle cessé de dénoncer bruyamment la politique économique du régime sans jamais en dénoncer le premier responsable : Bouteflika.
L’astuce est simple : elle accable tous les ministres successifs de l’Industrie pour pouvoir épargner le chef de l’Exécutif, dont ils appliquent le programme. Elle fait d’une pierre deux coups ; elle justifie son statut d’opposante en critiquant les ministres et préserve le vrai décideur.
En plus de faire la sentinelle aux frontières, pour parer, un jour, au débarquement des GI’s ou, un autre jour, au retour de l’armée coloniale, Louisa Hanoune monte aussi la garde devant le Palais d’El-Mouradia ! À peine sortie de sa rencontre avec le directeur de cabinet du Président, elle décoche une salve contre Mouloud Hamrouche, coupable d’être le dernier en date à s’être exprimé à nouveau sur le péril politique découlant de la reconduction, le 17 avril dernier, de ce régime.
La suite .../...
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Crash Air algérie
La fiabilité de la compagnie espagnole Swiftair mise en cause
Le Monde.fr
25.07.2014
Par Sandrine Morel
La compagnie aérienne espagnole Swiftair, qui assurait le vol d'Air Algérie qui s'est écrasé jeudi au Mali, offrait-elle des garanties de sécurité optimales ? Considérée comme « sérieuse » par les autorités françaises et espagnoles, en règle en matière d'autorisations de vol et d'inspection de sa flotte, elle a l'habitude de travailler avec des compagnies européennes reconnues, comme Air Europa, ou des organisations internationales, comme l'OTAN.
Mais des informations, connues au fil de la journée de vendredi, ont commencé à semer le doute sur la fiabilité de cette société spécialisée dans le wet lease : la location d'avions avec leur équipage à d'autres compagnies aériennes ou à des organisations diverses.
PRÉCARITÉ DES CONDITIONS DE TRAVAIL
Selon le site d'information espagnol El Economista, le 19 juillet, une semaine avant la catastrophe, le steward Miguel Angel Rueda, un des membres de l'équipage du vol AH 5017, qui s'est écrasé jeudi au Mali, avait envoyé un courriel au chef des stewards de la compagnie Swiftair, Daniel Maeso, dans lequel il prévenait de la « fatigue physique et psychologique généralisée » ou du « stress » dont souffraient les membres d'équipage sur la route Ouagadougou-Alger.
En cause : des plans de vol intensifs, avec sept jours de vol consécutifs. « Il est difficile de maintenir l'attention lors des décollages et des atterrissages durant les derniers jours de rotation », affirmait-il, selon le texte reproduit par le site d'El Economista, qui dit avoir obtenu ce courriel d'un membre de la compagnie. « Avec ce courriel, je ne veux pas porter préjudice aux compagnons qui sont payés par heure de vol, mais il faut être conscient que cela peut supposer un problème et qu'il peut se résoudre pour le bien de tous », ajoutait l'homme. Contactée pour réagir au contenu de ce courriel, la compagnie n'a pas souhaité faire de commentaire.
Disparition du vol AH5017 : silence radio du côté de la compagnie aérienne Swift Air
Après la disparition du vol Air Algérie AH5017, la compagnie aérienne Swift Air reste silencieuse. L'appareil disparu est un MD-83, affrété auprès de la compagnie espagnole. Les détails avec Bertrand Aguirre, correspondant LCI en Espagne.
Ce n'est pas la première fois que la compagnie est pointée du doigt pour la précarité des conditions de travail. Elle avait fait l'objet l'été dernier d'un article dans la revue du Syndicat des pilotes espagnols (Sepla), Mach 82, critiquant notamment les bas salaires offerts par la compagnie aux pilotes sur certains avions, atteignant à peine 12 000 euros par an. Toutefois, vendredi, le Sepla a exprimé dans un communiqué son refus de « lier la situation dénoncée dans cet article avec l'accident de jeudi ».
« La précarité des contrats de Swiftair est connue. C'est une compagnie qui embauche les pilotes et le personnel de bord en fonction de ses besoins, qui les paie mal et les envoie plusieurs mois dans des bases très éloignées, ce qui explique qu'il y ait une importante rotation des équipes, résume un pilote de la compagnie Iberia. Les commandants ont généralement de l'expérience, mais les copilotes pas toujours : ce sont souvent des jeunes diplômés qui veulent acquérir de l'expérience et y font leur premières heures de vol. »
DOUTES SUR LA QUALITÉ DES INSPECTIONS
Le pilote et le copilote de l'avion retrouvé au Mali étaient cependant deux professionnels espagnols expérimentés, anciens pilotes de l'ancienne compagnie Spanair, qui avaient été embauchés pour toute la période estivale.
Restent les doutes sur la qualité des inspections effectuées sur l'appareil. Plusieurs incidents ont en effet été recensés récemment, comme la panne de moteur d'un avion ATR le mois dernier, provoquant un atterrissage d'urgence à l'aéroport de Madrid-Barajas, l'explosion d'un moteur d'un MD83 à Majorque en 2013, ou encore un accident, léger, en Afghanistan en 2012, dû une manœuvre non autorisée ayant endommagé une aile.
Dans un communiqué, le Sepla a « demandé à l'AESA [l'Agence espagnole de sécurité aérienne] qu'elle soit particulièrement scrupuleuse dans la supervision faite à ce type de compagnies, surtout quand elles opèrent en dehors de l'Espagne, où la capacité d'action de l'AESA pourrait se voir limitée ».
AUCUNE DÉCLARATION DU GOUVERNEMENT ESPAGNOL
« Il est très difficile et coûteux de réaliser des inspections continues et approfondies de la flotte, mais aussi des opérations, de la gestion du personnel, des registres de bord des entreprises qui travaillent en wet lease, du fait de leur grande flexibilité aérienne, et que leur champ d'opération est le monde entier », souligne pour sa part Gustavo Barba, vice-doyen et expert en sécurité aérienne du Collège officiel des pilotes de l'aviation commerciale (Copac).
Ce dernier s'étonne par ailleurs qu'alors que « les institutions françaises ont montré leur confiance totale dans l'entreprise qui a réalisé la maintenance de l'avion à Marseille, le gouvernement espagnol n'ait fait aucune déclaration publique sur Swiftair ».
La numéro deux du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, s'est contentée de lire un communiqué de l'AESA, vendredi, au lendemain de l'accident, énumérant les contrôles faits dernièrement sur l'appareil et soulignant que la compagnie dispose de toutes les autorisations pour voler en règle.
Le Monde.fr
25.07.2014
Par Sandrine Morel
La compagnie aérienne espagnole Swiftair, qui assurait le vol d'Air Algérie qui s'est écrasé jeudi au Mali, offrait-elle des garanties de sécurité optimales ? Considérée comme « sérieuse » par les autorités françaises et espagnoles, en règle en matière d'autorisations de vol et d'inspection de sa flotte, elle a l'habitude de travailler avec des compagnies européennes reconnues, comme Air Europa, ou des organisations internationales, comme l'OTAN.
Mais des informations, connues au fil de la journée de vendredi, ont commencé à semer le doute sur la fiabilité de cette société spécialisée dans le wet lease : la location d'avions avec leur équipage à d'autres compagnies aériennes ou à des organisations diverses.
PRÉCARITÉ DES CONDITIONS DE TRAVAIL
Selon le site d'information espagnol El Economista, le 19 juillet, une semaine avant la catastrophe, le steward Miguel Angel Rueda, un des membres de l'équipage du vol AH 5017, qui s'est écrasé jeudi au Mali, avait envoyé un courriel au chef des stewards de la compagnie Swiftair, Daniel Maeso, dans lequel il prévenait de la « fatigue physique et psychologique généralisée » ou du « stress » dont souffraient les membres d'équipage sur la route Ouagadougou-Alger.
En cause : des plans de vol intensifs, avec sept jours de vol consécutifs. « Il est difficile de maintenir l'attention lors des décollages et des atterrissages durant les derniers jours de rotation », affirmait-il, selon le texte reproduit par le site d'El Economista, qui dit avoir obtenu ce courriel d'un membre de la compagnie. « Avec ce courriel, je ne veux pas porter préjudice aux compagnons qui sont payés par heure de vol, mais il faut être conscient que cela peut supposer un problème et qu'il peut se résoudre pour le bien de tous », ajoutait l'homme. Contactée pour réagir au contenu de ce courriel, la compagnie n'a pas souhaité faire de commentaire.
Disparition du vol AH5017 : silence radio du côté de la compagnie aérienne Swift Air
Après la disparition du vol Air Algérie AH5017, la compagnie aérienne Swift Air reste silencieuse. L'appareil disparu est un MD-83, affrété auprès de la compagnie espagnole. Les détails avec Bertrand Aguirre, correspondant LCI en Espagne.
Ce n'est pas la première fois que la compagnie est pointée du doigt pour la précarité des conditions de travail. Elle avait fait l'objet l'été dernier d'un article dans la revue du Syndicat des pilotes espagnols (Sepla), Mach 82, critiquant notamment les bas salaires offerts par la compagnie aux pilotes sur certains avions, atteignant à peine 12 000 euros par an. Toutefois, vendredi, le Sepla a exprimé dans un communiqué son refus de « lier la situation dénoncée dans cet article avec l'accident de jeudi ».
« La précarité des contrats de Swiftair est connue. C'est une compagnie qui embauche les pilotes et le personnel de bord en fonction de ses besoins, qui les paie mal et les envoie plusieurs mois dans des bases très éloignées, ce qui explique qu'il y ait une importante rotation des équipes, résume un pilote de la compagnie Iberia. Les commandants ont généralement de l'expérience, mais les copilotes pas toujours : ce sont souvent des jeunes diplômés qui veulent acquérir de l'expérience et y font leur premières heures de vol. »
DOUTES SUR LA QUALITÉ DES INSPECTIONS
Le pilote et le copilote de l'avion retrouvé au Mali étaient cependant deux professionnels espagnols expérimentés, anciens pilotes de l'ancienne compagnie Spanair, qui avaient été embauchés pour toute la période estivale.
Restent les doutes sur la qualité des inspections effectuées sur l'appareil. Plusieurs incidents ont en effet été recensés récemment, comme la panne de moteur d'un avion ATR le mois dernier, provoquant un atterrissage d'urgence à l'aéroport de Madrid-Barajas, l'explosion d'un moteur d'un MD83 à Majorque en 2013, ou encore un accident, léger, en Afghanistan en 2012, dû une manœuvre non autorisée ayant endommagé une aile.
Dans un communiqué, le Sepla a « demandé à l'AESA [l'Agence espagnole de sécurité aérienne] qu'elle soit particulièrement scrupuleuse dans la supervision faite à ce type de compagnies, surtout quand elles opèrent en dehors de l'Espagne, où la capacité d'action de l'AESA pourrait se voir limitée ».
AUCUNE DÉCLARATION DU GOUVERNEMENT ESPAGNOL
« Il est très difficile et coûteux de réaliser des inspections continues et approfondies de la flotte, mais aussi des opérations, de la gestion du personnel, des registres de bord des entreprises qui travaillent en wet lease, du fait de leur grande flexibilité aérienne, et que leur champ d'opération est le monde entier », souligne pour sa part Gustavo Barba, vice-doyen et expert en sécurité aérienne du Collège officiel des pilotes de l'aviation commerciale (Copac).
Ce dernier s'étonne par ailleurs qu'alors que « les institutions françaises ont montré leur confiance totale dans l'entreprise qui a réalisé la maintenance de l'avion à Marseille, le gouvernement espagnol n'ait fait aucune déclaration publique sur Swiftair ».
La numéro deux du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, s'est contentée de lire un communiqué de l'AESA, vendredi, au lendemain de l'accident, énumérant les contrôles faits dernièrement sur l'appareil et soulignant que la compagnie dispose de toutes les autorisations pour voler en règle.
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
A Alger, interdiction de la marche pour Gaza !
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article32626
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Algérie
Mort de Mustapha Negro (en 2013)
http://entente-internationale-des-travailleurs-eit-ilc.blogspirit.com/archive/2013/05/23/ze.html
http://entente-internationale-des-travailleurs-eit-ilc.blogspirit.com/archive/2013/05/23/ze.html
Mustapha Ben Mohamed (1926-2013)
Mustapha Ben Mohamed, décédé le 14 mai, a été enterré au cimetière El-Alia d’Alger, dans le carré des martyrs, en présence de plusieurs centaines de personnes.
Des responsables politiques et des représentants d’organisations et de partis algériens, de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) étaient présents, ainsi qu’une délégation de la IVe Internationale.
Un responsable du Parti des travailleurs lui a rendu hommage, des messages du monde entier ont salué cet internationaliste convaincu.
Dinky- Messages : 400
Date d'inscription : 02/12/2013
Re: Algérie
ainsi qu’une délégation de la IVe Internationale.
Celle des lambertistes, je suppose.
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Algérie
alexi a écrit:ainsi qu’une délégation de la IVe Internationale.
Celle des lambertistes, je suppose.
Oui, mais je pense que ce parcours politique, ces engagements, concernent tous les trotskistes .
Dinky- Messages : 400
Date d'inscription : 02/12/2013
Communiqué NPA
Indignation et colère après l’assassinat d’Hervé Gourdel
A lire aussi:
Otage assassiné : nous condamnons !
Union nationale indignée, c'est non !
http://npaherault.blogspot.fr/2014/09/otage-assassine-nous-condamnons.html#more
L’annonce de l’assassinat d’ Hervé Gourdel par un groupe se revendiquant des « Soldats du califat » provoque à juste titre tristesse, colère et indignation. Nous partageons celles des proches de ce guide de haute montagne, la révolte contre cet assassinat stupide, car il était bien évident que le chantage ne pouvait avoir d’autre issue. Nous partageons la colère contre ceux qui essaient à travers ce geste barbare de terroriser la population française mais aussi celle d’Algérie qui vit directement sous leur menace.
Mais nous ne croyons pas un mot de l'indignation du gouvernement Hollande-Valls, comme de celle de tous ces politiciens, qui après quelques mots de compassion à l’égard de la famille annoncent qu’il faut poursuivre et renforcer la politique d’intervention militaire française et de lutte contre le terrorisme au nom du droit à la sécurité des populations en France et dans le reste du monde.
Daesh et tous ses avatars sont avant tout le produit de 13 ans de politique de « lutte contre le terrorisme » par les grandes puissances. D’Afghanistan en Irak, ce sont les peuples qui ont payé le prix fort, celui de la guerre des bombardements, de la destruction de toutes les infrastructures, des massacres collatéraux. Les interventions militaires des grandes puissances, dont la France, ne défendent pas les droits des peuples. Quand elles se retirent, les auteurs de la barbarie sont toujours là, voire renforcés et plus nombreux. Elles ne font que généraliser le chaos.
Ce sont les populations locales qui peuvent par elles-mêmes se défendre, à condition d’en avoir les moyens humains et matériels, y compris militaires, avec la solidarité des peuples qui les soutiennent.
Montreuil, le 24 septembre 2014
A lire aussi:
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http://npaherault.blogspot.fr/2014/09/otage-assassine-nous-condamnons.html#more
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Les zones d'ombre de l'enlèvement d'Hervé Gourdel
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/algerie-les-zones-d-ombre-de-l-enlevement-d-herve-gourdel_1607490.html?xtor=EPR-5012-[20141003_40_camp_edito_lexpress_ombre_enlevement_gourdel_000SAY]-20141003-[__Lire_la_suite__002EJAW]-[RB2D106H001E8UXD]-20141003050300#TZI11llYKtK5QW7C.99
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Algérie
Manifestations de policiers dans plusieurs villes et à Alger
Des marches de centaines de policiers, parties de Ghardaïa et Berriane, ont convergé vers le palais présidentiel le 16 octobre à Alger. Ils réclamaient le limogeage du général Hamel dirigeant la police nationale, le doublement des salaires et un meilleur accès au logement social.
Des marches de centaines de policiers, parties de Ghardaïa et Berriane, ont convergé vers le palais présidentiel le 16 octobre à Alger. Ils réclamaient le limogeage du général Hamel dirigeant la police nationale, le doublement des salaires et un meilleur accès au logement social.
A Ghardaia des habitants les accompagnent :
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Algérie
Copas a écrit:Manifestations de policiers dans plusieurs villes et à Alger
Des marches de centaines de policiers, parties de Ghardaïa et Berriane, et ont convergé vers le palais présidentiel le 16 octobre à Alger. Ils réclament le limogeage du général Hamel dirigeant la police nationale, le doublement des salaires et un meilleur accès au logement social.
Les commentaires qui suivent dans les journaux sont très contradictoires. Entre le soutien et la détestation :
amarseille1313 le 17.10.14 | 14h23
Méfi comme on dit à Marseille...
Ce pouvoir diabolique est capable de tout,incarné par un mort vivant? qui n'a plus que deux neurones.
N'est-il pas en train de créer des revendications sectorielles,aujourd'hui la police,demain le derak watani,après demain les bidasses etc..et pour terminer les culs de jattes et manchots.En créant des revendications sectorielles,il conforte le clientélisme ce qui lui permet de diviser la société pour ne pas répondre a la demande globale de démocratie du peuple Algériens et en même temps de ne pas répondre aux vrais défit qui attendent l’Algérie,c'est la lutte contre chômage,l'éducation,le développement économique,et surtout éradiquer la corruption.
Méfiance mes frères...
said_la_folle le 17.10.14 | 14h46
5 leçons et 1 constat. .
L'échec sur toute la ligne du règne de bouteflika. Une catastrophe dans pratiquement tous les domaines..la prime donnée aux mafieux de tout poil et le pays plus que jamais otage de la France qui en profite pour nous refourguer sa camelotte achetée au prix fort..Il ne faut pas avoir une once d'amour pour le pays et pour le sacrifice des chouhadas pour diriger le pays de la sorte...nous sommes dans la république des hallabas...
rmilia le 17.10.14 | 13h54
Non !!!
je ne serai jamais solidaires avec eux, vous etes jeunes vous les journalistes, vous n'aviez jamais eu affaire a la police surtout hors capitale, mais quand même avez vous oublié comment ils tabassaient les gens qui manifestaient pacifiquement ???? SUR LES ORDRES DE HAMEL !!!!et aujourd'hui ils le déboutent ??????
Argou le 17.10.14 | 12h50
Demain
Ceux que vous soutenez aujourd'hui, n'hésiterons pas, demain, à vous tabasser si par malheur, vous,vous oserez marcher dans la rue, pour défendre vos droits.
et j'aime bien : http://www.liberte-algerie.com/dilem/dilem-du-14-octobre-2014
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Algérie
Oui les commentaires sont toujours extrêmement vifs sur les sites algériens sur à peu près tous les sujets. Ca flingue dans tous les sens, et, bien sur une partie du démarrage de ce mouvement semble être venu des unités impliquées dans les affrontements entre "kabyles" et "arabes" à Ghardaïa, avec des attitudes evidemment permettant de faire croitre les haines ethniques.
Ceci étant, ces unités n'ont pas l'air d'avoir été très choyées et semblent effectivement ne pas trouver drôle de réprimer sans des biscuits en échange. Pas d'illusions donc sur des crosses en l'air, mais des indications de la décomposition d'un régime qui sombre dans un océan de corruption.
Pour le reste, evidemment, il y a des attaques sanglantes (verbales) de certains parlant de complot pour faire basculer l'Algérie dans un scénario à la libyenne. Mais c'est un leitmotiv de certains quelque soit le sujet quand il y a des colères qui s'expriment en Algérie, c'est tout de suite un complot (de l'étranger bien sur).
Ceci étant, ces unités n'ont pas l'air d'avoir été très choyées et semblent effectivement ne pas trouver drôle de réprimer sans des biscuits en échange. Pas d'illusions donc sur des crosses en l'air, mais des indications de la décomposition d'un régime qui sombre dans un océan de corruption.
Pour le reste, evidemment, il y a des attaques sanglantes (verbales) de certains parlant de complot pour faire basculer l'Algérie dans un scénario à la libyenne. Mais c'est un leitmotiv de certains quelque soit le sujet quand il y a des colères qui s'expriment en Algérie, c'est tout de suite un complot (de l'étranger bien sur).
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Algérie
A propos de l'assassinat de Hervé Gourdel, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, s'est encore distinguée en émettant l'hypothèse que le MAK (et les américains, of course) serait derrière cet assassinat.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Algérie
Plus de 9 millions d'Algériens vivent avec moins d'un dollar par jour
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Algérie
Copas a écrit:A propos de l'assassinat de Hervé Gourdel, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, s'est encore distinguée en émettant l'hypothèse que le MAK (et les américains, of course) serait derrière cet assassinat.
Le MAK (Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie) répond à Louisa Hanoune :
http://www.algerie-focus.com/blog/2014/09/assassinat-dherve-gourdel-le-mak-repond-a-louisa-hanoune/
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Algérie
Contre le nouveau Code du travail, la Loi sanitaire, l’adhésion à l’OMC, pour une Assemblée constituante représentative des travailleurs et des opprimé·e·s
Par le Parti Socialiste des Travailleurs (PST)
http://alencontre.org/moyenorient/algerie/algerie-contre-le-nouveau-code-du-travail-la-loi-sanitaire-pour-une-assemblee-constituante-representative-des-travailleurs-et-des-opprime%c2%b7e%c2%b7s.html
Par le Parti Socialiste des Travailleurs (PST)
http://alencontre.org/moyenorient/algerie/algerie-contre-le-nouveau-code-du-travail-la-loi-sanitaire-pour-une-assemblee-constituante-representative-des-travailleurs-et-des-opprime%c2%b7e%c2%b7s.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Algérie
Indépendance menacée et négation de la Citoyenneté
Omar Benderra, Algeria-Watch, 1er novembre 2014
Loin d’être la célébration festive et unitaire d’une épopée héroïque et glorieuse vers la liberté, le soixantième anniversaire du 1er novembre 1954 se déroule dans l’atmosphère raréfiée d’une crise de régime et d’une sinistre fin de règne. La dégradation de l’état de santé du Chef de l’Etat, même si elle arrange les autres acteurs majeurs du pouvoir, augure de transactions complexes pour assurer une succession encore indéchiffrable. Pour autant, cette phase problématique sera-t-elle l’occasion d’un renouvellement du personnel et de mœurs politiques marquées par la violence et la corruption ? Ou de continuité dans la régression jusqu’à la désintégration de l’Etat, voire du pays ? Il s’agit en effet des enjeux et des implications des sourdes luttes en cours au sein du sérail. Des luttes généralement contenues dans les limites du pouvoir mais qui donnent lieu à de sporadiques éruptions publiques.
Economie informelle, pouvoir informel, Etat informel
Dans le dispositif actuel, le président de la République n’exerce qu’une autorité très relative, l’association de généraux et d’affairistes qui forment le vortex du régime se satisfait pleinement de ce chef d’état davantage affaibli par la maladie dont l’entourage assure la réalité des fonctions. Les arbitrages courants s’effectuent - pas toujours dans la sérénité - entre les principaux dirigeants, mais la préservation de la dictature étant la pierre angulaire d’une négociation permanente entre intérêts divergents, la cohésion d’ensemble du régime est jusqu’à présent respectée même si ses capacités de contrôle sont visiblement atteintes.
L’absence du chef de l’Etat met en lumière le vide politique sidéral qui mine l’Algérie depuis des décennies. Organisée de longue date par la police politique, cette vacuité n’est certainement pas comblé par les manipulations de façade orchestrée par la presse « indépendante » et une opposition, pour l’essentiel, préfabriquée et chargée de l’agitation de façade. Seules de rares personnalités indépendantes expriment des points de vue autonomes. Le moins que l’on puisse dire est que les citoyens manifestent un grand détachement devant les jeux de rôles organisés par la police secrète. Tout autant, l’opinion demeure complètement insensible au spectacle de bureaucrates d’une opposition télécommandée qui réinventent à l’infini les portes ouvertes d’une « transition » incantatoire, vide de contenu. A la différence de cette opposition de laboratoire, beaucoup d’Algériens n’ont pas oublié que les conditions d’une transition politique avaient été concrètement définies et articulées par le regretté Abdelhamid Mehri dans son Mémoire au chef de l’état du 5 mars 2004 (1). Du côté officiel, les poussives tentatives conduites par des fonctionnaires sans envergure de lancer un débat sur une énième révision constitutionnelle buttent également sur le même mur d’indifférence. Pour en avoir payé le prix du sang pendant la guerre civile vicieuse et oblique des années 1990 et assisté depuis au pillage effréné des ressources, les algériens connaissent le rôle des uns et des autres dans la mise en coupe réglée du pays.
La réalité des fractures algériennes est difficile à cacher. Selon la Ligue algérienne de Défense des Droits de l’Homme, 24% des 39 millions d’Algériens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Des millions d’algériens survivent entre indigence, précarité et chômage alors que s’étalent dans les journaux les acquisitions immobilières en Europe de la nouvelle bourgeoisie mafieuse. Malgré une aisance financière inédite et durable grâce aux seuls hydrocarbures, la croissance est dangereusement atone. Dans une fuite en avant pour calmer les bouffées de mécontentement le régime distribue massivement subventions et crédits sans contrepartie, alimentant l’économie informelle, l’inflation et une consommation outrancière. Sans cap ni pilotage économique, le pays dérive sur l’erre d’une rente qui s’amenuise irrémédiablement. Les dépenses publiques monumentales, plusieurs centaines de milliards de dollars depuis le début des années 2000, ont un impact tout à fait marginal dans la création de richesses et la croissance. L’Algérie ne produit presque rien et importe tout ce qu’elle consomme.
Les importations sont en effet la panacée d’un système incapable d’insuffler la moindre dynamique ni de susciter la moindre créativité. Mais à terme, l’épuisement des ressources pétrolières et le retournement durable du marché mondial de l’énergie menace frontalement l’Algérie (2). D’autant plus que les échecs répétés des appels d’offres pour des gisements d’hydrocarbures indiquent la réelle désaffection des opérateurs du secteur. Une nouvelle crise aux dimensions inédites se profile. Un prix du baril inférieur à 100 dollars est tout à fait insuffisant pour assurer les équilibres d’une économie improductive, exagérément ouverte sur les importations et structurellement minée par un niveau démesuré de subventions. Que faire lorsque les réserves seront consommées ? Les énormes difficultés provoquées par la chute des prix en 1986 passeraient pour d’aimables péripéties au regard de la crise qui vient…
Car au fil du temps de non-gestion et de prédation, le déficit de Droit, d’Etat et d’administration se creuse irrésistiblement. Comme ailleurs dans cette Afrique dévastée, l’administration complètement corrompue n’est plus qu’un centre d’activités informelles parmi d’autres. Point n’est besoin d’analyses savantes, il suffit de constater l’état de délabrement des services publics et la déchéance des villes algériennes.
La société violentée et livrée à elle-même est cependant fortement travaillée par des forces centrifuges et les courants extrémistes qui parcourent le monde musulman. Le salafisme dans ses déclinaisons les plus bigotes s’installe très visiblement, profitant de l’anomie généralisée. Le discours rigoriste, patriarcal et très manichéen asséné à longueur de journées par les chaines de télévision wahhabites est relayé par des imams incultes auprès d’une population en mal de repères et de points d’appui éthiques. Tant qu’ils ne contestent pas le régime et prônent l’obéissance au pouvoir, ces prédicateurs obscurantistes sont tout à fait acceptés par les diverses polices chargées d’encadrer et de surveiller la population.
Les généraux, les hommes d’affaires et leur politique étrangère
Car le maintien de l’ordre est bien la préoccupation exclusive du régime. Toute contestation, à l’image des initiatives du mouvement des chômeurs ou des syndicats autonomes, est étouffée dans l’œuf ou réprimée brutalement. Certes, les extrêmes sanguinaires des années 1990 et du début de la décennie suivante ne sont pas à l’ordre du jour, mais les forces qui les ont perpétrées, protégées par les amnisties et autoamnisties, sont toujours bien présentes, hors de portée de la Justice et de la Vérité. L’Etat d’urgence qui a prévalu pendant presque vingt ans a été formellement levé, mais il a été remplacé par une batterie de dispositifs légaux et réglementaires au moins aussi liberticides. L’objectif étant le maintien du statuquo quel qu’en soit le coût social ou humain.
La conjuration au pouvoir ne connaît évidemment ni Constitution ni Institutions, ni lois, ni règles, elle constitue la permanence d’un pouvoir informel qui ne rend compte à personne, sinon à ses protecteurs étrangers. Le discours idéologique de ce système se résume dans l’exaltation de la Nation et le mépris du peuple, en rupture radicale avec l’Appel de Novembre. Outre les intérêts bien compris, c’est ce système de représentation qui fonde l’association entre généraux et affairistes. Les oligarques installés au carrefour des importations de l’Algérie (céréales, médicaments, produits alimentaires, automobiles…) sont les gestionnaires de fortunes des dirigeants sécuritaires et politiques. Ils assurent l’interface avec les sociétés multinationales, les banques et les paradis fiscaux, gèrent les patrimoines des caciques du régime, et veillent à la redistribution des « rétro-commissions » aux insoupçonnables partenaires-protecteurs étrangers. Comme on a pu l’observer lors de l’affaire de corruption italienne d’un ministre du pétrole, ces intermédiaires chargés des prélèvements occultes et des recyclages, assurent de plus en plus les rapports officieux courants avec ces dirigeants politiques étrangers. Les hommes d’affaires autrefois partenaires secondaires, aisément remplaçables, des structures de blanchiment en sont aujourd’hui les éléments structurants. Les oligarques sont la garantie de la pérennité des réseaux. Le rapport de sujétion entre généraux et ces affairistes s’est objectivement renversé au profit de ces derniers. Les oligarques apparaissent au grand jour et recherchent à travers des élections dans des organisations patronales et dans divers sponsorings une légitimation de leur position sociale. Cette transformation qualitative explique que la diplomatie officielle de l’Algérie constitue la dimension la moins significative de relations internationales construites autour de la coopération entre services secrets et des réseaux de commissionnement avec les structures politiques de pouvoir en Occident.
Au plan externe, le fonctionnement opaque du système entretient l’incertitude quant à ses options réelles et à la nature de ses alliances. La dégradation de l’environnement sécuritaire immédiat de l’Algérie, avec la déstabilisation de la région sahélienne et la destruction de l’Etat Libyen, a suscité des pressions perceptibles des occidentaux pour une intervention militaire directe de l’Algérie. Mais, les dirigeants en sont conscients, les budgets d’armement ont beau atteindre des niveaux faramineux, l’armée algérienne est l’un des reflets de la société de laquelle elle est issue, il est difficile de croire que l’armée soit un îlot d’efficacité dans un océan de laisser-aller. Le piège de l’enlisement est patent et les dirigeants d’Alger, dont la survie du régime est le seul objectif, ont prudemment refusé de se laisser entraîner dans une aventure otanienne aux conséquences imprévisibles. D’autant que la situation sécuritaire intérieure du pays, entre mécontentement diffus, montée du « takfirisme », et contradictions internes du régime, limitent grandement les marges de manœuvre.
Ces limites sont particulièrement visibles sur les grandes questions internationales et au premier chef la question palestinienne, particulièrement chère au cœur des algériens, ou le régime s’est contenté du service diplomatique minimum. Muette et impotente, la politique extérieure du pays est ainsi le reflet de sa politique intérieure.
L’agonie du régime, l’effacement des mémoires et le contrat du 1er Novembre 1954
La conjonction de l’ensemble des facteurs de déstabilisation indique que l’Algérie se dirige vers une crise d’une ampleur inédite qui pourrait mettre à mal l’existence du pays lui-même. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que l’effondrement du régime pourrait, comme ailleurs, entrainer la dislocation d’un Etat fragilisé. Les exemples libyen et syrien, ou l’intervention extérieure a été permise par la faillite des régimes, sont présents dans tous les esprits. Le coût d’un changement brutal de régime qui apparaît ainsi totalement rédhibitoire aux yeux de nombreux citoyens est utilisé comme moyen de chantage par le régime pour justifier le maintien d’un statuquo suicidaire. Mais comme pour l’organisation coloniale à laquelle il s’est substitué, l’évolution de ce système est inévitable. La répression et la corruption, leviers du régime, perdent irrésistiblement de leur efficacité au fil de la dégradation de la situation générale du pays.
Frantz Fanon- décédé en décembre 1961 –, dans Les Damnés de la Terre, se référant aux régimes postcoloniaux, décrit précisément les dérives de ceux qui ont accaparé le pouvoir depuis la crise de l’été 1962, il effectue au chapitre trois intitulé « Les mésaventures de la conscience nationale », une saisissante peinture de mœurs. Dans l’anomie, la rapine et le désordre, le régime, confirme ce qu’anticipait l’Ambassadeur du FLN de la guerre de Libération, en célébrant à sa façon l’anniversaire d’une proclamation qui, au-delà de l’indépendance, prônait un Etat démocratique et social. A l’évidence du désastre actuel, l’objectif n’est toujours pas atteint. Certes, l’occupant colonial a formellement vidé les lieux et emporté dans ses bagages l’abject statut de l’indigénat. Mais le système du coup d’Etat et l’oppression militaro-mafieuse qu’il a laissé derrière lui n’est certainement pas le gouvernement envisagé par l’Appel du 1er Novembre.
Les Algériennes et les Algériens évaluent avec réalisme, mais non sans tristesse, les maigres résultats d’un effort prodigieux. La tragique disproportion entre les sacrifices consentis, les souffrances endurées et la réalité ne peut plus être masquée par la démagogie et la falsification. Cette posture lucide et respectueuse est à l’opposé de l’hymne au reniement entonné par certains « écrivains », sponsorisés par des maisons d’édition parisiennes révisionnistes, qui ne sont pas loin d’affirmer que l’indépendance fut une erreur. Ces intellectuels de la renégation et de la haine du peuple sont loin d’être les seuls imposteurs dans ce moment particulièrement morbide du temps politique. De fait, ils sont les relais de la direction effective du régime. L’idéologie du système putschiste qui magnifie la Nation pour mieux mépriser le peuple est construite sur l’effacement des mémoires et l’amnésie. Le régime, historiquement illégitime et juridiquement illégal, tente en permanence de dissoudre son effarante responsabilité en oblitérant l’histoire du pays, réduite, dans le meilleur des cas, à une succession de dates, en banalisant les évènements et par l’anonymisation des acteurs.
En ces temps troublés ou l’impérialisme tente de perpétuer sa domination par la destruction des Etats, la défense du patrimoine historique est l’axe fondateur de la communauté de destin des Algériennes et des Algériens. Par la transmission des faits et des valeurs, l’histoire contribue effectivement à la protection de la souveraineté. Cette responsabilité est aujourd’hui à la charge exclusive de ce peuple auquel le grand Larbi Ben M’hidi avait autrefois confié la Révolution.
Dans sa grande majorité, le peuple algérien reste fidèle au contrat du 1er Novembre 1954, il refuse l’arbitraire et entend que les termes de ce contrat passé il y a soixante ans soient intégralement respectés. La dignité citoyenne, l’exercice des libertés démocratiques demeurent un objectif concret dans un contexte particulièrement adverse ou l’héritage de la Révolution algérienne est ainsi mis en danger par le régime et des forces externes. Comme à chaque fois aux heures les plus sombres, il faut espérer que la maturité politique de ce peuple soit à la hauteur des menaces.
1 - (http://www.algeria-watch.org/fr/article/analyse/memoire_mehri.htm)
2 - cf. Article de Hocine Malti « Le début de la fin de la rente »
http://www.algeria-watch.org/fr/article/analyse/benderra_independance_menacee.htm
Omar Benderra, Algeria-Watch, 1er novembre 2014
Loin d’être la célébration festive et unitaire d’une épopée héroïque et glorieuse vers la liberté, le soixantième anniversaire du 1er novembre 1954 se déroule dans l’atmosphère raréfiée d’une crise de régime et d’une sinistre fin de règne. La dégradation de l’état de santé du Chef de l’Etat, même si elle arrange les autres acteurs majeurs du pouvoir, augure de transactions complexes pour assurer une succession encore indéchiffrable. Pour autant, cette phase problématique sera-t-elle l’occasion d’un renouvellement du personnel et de mœurs politiques marquées par la violence et la corruption ? Ou de continuité dans la régression jusqu’à la désintégration de l’Etat, voire du pays ? Il s’agit en effet des enjeux et des implications des sourdes luttes en cours au sein du sérail. Des luttes généralement contenues dans les limites du pouvoir mais qui donnent lieu à de sporadiques éruptions publiques.
Economie informelle, pouvoir informel, Etat informel
Dans le dispositif actuel, le président de la République n’exerce qu’une autorité très relative, l’association de généraux et d’affairistes qui forment le vortex du régime se satisfait pleinement de ce chef d’état davantage affaibli par la maladie dont l’entourage assure la réalité des fonctions. Les arbitrages courants s’effectuent - pas toujours dans la sérénité - entre les principaux dirigeants, mais la préservation de la dictature étant la pierre angulaire d’une négociation permanente entre intérêts divergents, la cohésion d’ensemble du régime est jusqu’à présent respectée même si ses capacités de contrôle sont visiblement atteintes.
L’absence du chef de l’Etat met en lumière le vide politique sidéral qui mine l’Algérie depuis des décennies. Organisée de longue date par la police politique, cette vacuité n’est certainement pas comblé par les manipulations de façade orchestrée par la presse « indépendante » et une opposition, pour l’essentiel, préfabriquée et chargée de l’agitation de façade. Seules de rares personnalités indépendantes expriment des points de vue autonomes. Le moins que l’on puisse dire est que les citoyens manifestent un grand détachement devant les jeux de rôles organisés par la police secrète. Tout autant, l’opinion demeure complètement insensible au spectacle de bureaucrates d’une opposition télécommandée qui réinventent à l’infini les portes ouvertes d’une « transition » incantatoire, vide de contenu. A la différence de cette opposition de laboratoire, beaucoup d’Algériens n’ont pas oublié que les conditions d’une transition politique avaient été concrètement définies et articulées par le regretté Abdelhamid Mehri dans son Mémoire au chef de l’état du 5 mars 2004 (1). Du côté officiel, les poussives tentatives conduites par des fonctionnaires sans envergure de lancer un débat sur une énième révision constitutionnelle buttent également sur le même mur d’indifférence. Pour en avoir payé le prix du sang pendant la guerre civile vicieuse et oblique des années 1990 et assisté depuis au pillage effréné des ressources, les algériens connaissent le rôle des uns et des autres dans la mise en coupe réglée du pays.
La réalité des fractures algériennes est difficile à cacher. Selon la Ligue algérienne de Défense des Droits de l’Homme, 24% des 39 millions d’Algériens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Des millions d’algériens survivent entre indigence, précarité et chômage alors que s’étalent dans les journaux les acquisitions immobilières en Europe de la nouvelle bourgeoisie mafieuse. Malgré une aisance financière inédite et durable grâce aux seuls hydrocarbures, la croissance est dangereusement atone. Dans une fuite en avant pour calmer les bouffées de mécontentement le régime distribue massivement subventions et crédits sans contrepartie, alimentant l’économie informelle, l’inflation et une consommation outrancière. Sans cap ni pilotage économique, le pays dérive sur l’erre d’une rente qui s’amenuise irrémédiablement. Les dépenses publiques monumentales, plusieurs centaines de milliards de dollars depuis le début des années 2000, ont un impact tout à fait marginal dans la création de richesses et la croissance. L’Algérie ne produit presque rien et importe tout ce qu’elle consomme.
Les importations sont en effet la panacée d’un système incapable d’insuffler la moindre dynamique ni de susciter la moindre créativité. Mais à terme, l’épuisement des ressources pétrolières et le retournement durable du marché mondial de l’énergie menace frontalement l’Algérie (2). D’autant plus que les échecs répétés des appels d’offres pour des gisements d’hydrocarbures indiquent la réelle désaffection des opérateurs du secteur. Une nouvelle crise aux dimensions inédites se profile. Un prix du baril inférieur à 100 dollars est tout à fait insuffisant pour assurer les équilibres d’une économie improductive, exagérément ouverte sur les importations et structurellement minée par un niveau démesuré de subventions. Que faire lorsque les réserves seront consommées ? Les énormes difficultés provoquées par la chute des prix en 1986 passeraient pour d’aimables péripéties au regard de la crise qui vient…
Car au fil du temps de non-gestion et de prédation, le déficit de Droit, d’Etat et d’administration se creuse irrésistiblement. Comme ailleurs dans cette Afrique dévastée, l’administration complètement corrompue n’est plus qu’un centre d’activités informelles parmi d’autres. Point n’est besoin d’analyses savantes, il suffit de constater l’état de délabrement des services publics et la déchéance des villes algériennes.
La société violentée et livrée à elle-même est cependant fortement travaillée par des forces centrifuges et les courants extrémistes qui parcourent le monde musulman. Le salafisme dans ses déclinaisons les plus bigotes s’installe très visiblement, profitant de l’anomie généralisée. Le discours rigoriste, patriarcal et très manichéen asséné à longueur de journées par les chaines de télévision wahhabites est relayé par des imams incultes auprès d’une population en mal de repères et de points d’appui éthiques. Tant qu’ils ne contestent pas le régime et prônent l’obéissance au pouvoir, ces prédicateurs obscurantistes sont tout à fait acceptés par les diverses polices chargées d’encadrer et de surveiller la population.
Les généraux, les hommes d’affaires et leur politique étrangère
Car le maintien de l’ordre est bien la préoccupation exclusive du régime. Toute contestation, à l’image des initiatives du mouvement des chômeurs ou des syndicats autonomes, est étouffée dans l’œuf ou réprimée brutalement. Certes, les extrêmes sanguinaires des années 1990 et du début de la décennie suivante ne sont pas à l’ordre du jour, mais les forces qui les ont perpétrées, protégées par les amnisties et autoamnisties, sont toujours bien présentes, hors de portée de la Justice et de la Vérité. L’Etat d’urgence qui a prévalu pendant presque vingt ans a été formellement levé, mais il a été remplacé par une batterie de dispositifs légaux et réglementaires au moins aussi liberticides. L’objectif étant le maintien du statuquo quel qu’en soit le coût social ou humain.
La conjuration au pouvoir ne connaît évidemment ni Constitution ni Institutions, ni lois, ni règles, elle constitue la permanence d’un pouvoir informel qui ne rend compte à personne, sinon à ses protecteurs étrangers. Le discours idéologique de ce système se résume dans l’exaltation de la Nation et le mépris du peuple, en rupture radicale avec l’Appel de Novembre. Outre les intérêts bien compris, c’est ce système de représentation qui fonde l’association entre généraux et affairistes. Les oligarques installés au carrefour des importations de l’Algérie (céréales, médicaments, produits alimentaires, automobiles…) sont les gestionnaires de fortunes des dirigeants sécuritaires et politiques. Ils assurent l’interface avec les sociétés multinationales, les banques et les paradis fiscaux, gèrent les patrimoines des caciques du régime, et veillent à la redistribution des « rétro-commissions » aux insoupçonnables partenaires-protecteurs étrangers. Comme on a pu l’observer lors de l’affaire de corruption italienne d’un ministre du pétrole, ces intermédiaires chargés des prélèvements occultes et des recyclages, assurent de plus en plus les rapports officieux courants avec ces dirigeants politiques étrangers. Les hommes d’affaires autrefois partenaires secondaires, aisément remplaçables, des structures de blanchiment en sont aujourd’hui les éléments structurants. Les oligarques sont la garantie de la pérennité des réseaux. Le rapport de sujétion entre généraux et ces affairistes s’est objectivement renversé au profit de ces derniers. Les oligarques apparaissent au grand jour et recherchent à travers des élections dans des organisations patronales et dans divers sponsorings une légitimation de leur position sociale. Cette transformation qualitative explique que la diplomatie officielle de l’Algérie constitue la dimension la moins significative de relations internationales construites autour de la coopération entre services secrets et des réseaux de commissionnement avec les structures politiques de pouvoir en Occident.
Au plan externe, le fonctionnement opaque du système entretient l’incertitude quant à ses options réelles et à la nature de ses alliances. La dégradation de l’environnement sécuritaire immédiat de l’Algérie, avec la déstabilisation de la région sahélienne et la destruction de l’Etat Libyen, a suscité des pressions perceptibles des occidentaux pour une intervention militaire directe de l’Algérie. Mais, les dirigeants en sont conscients, les budgets d’armement ont beau atteindre des niveaux faramineux, l’armée algérienne est l’un des reflets de la société de laquelle elle est issue, il est difficile de croire que l’armée soit un îlot d’efficacité dans un océan de laisser-aller. Le piège de l’enlisement est patent et les dirigeants d’Alger, dont la survie du régime est le seul objectif, ont prudemment refusé de se laisser entraîner dans une aventure otanienne aux conséquences imprévisibles. D’autant que la situation sécuritaire intérieure du pays, entre mécontentement diffus, montée du « takfirisme », et contradictions internes du régime, limitent grandement les marges de manœuvre.
Ces limites sont particulièrement visibles sur les grandes questions internationales et au premier chef la question palestinienne, particulièrement chère au cœur des algériens, ou le régime s’est contenté du service diplomatique minimum. Muette et impotente, la politique extérieure du pays est ainsi le reflet de sa politique intérieure.
L’agonie du régime, l’effacement des mémoires et le contrat du 1er Novembre 1954
La conjonction de l’ensemble des facteurs de déstabilisation indique que l’Algérie se dirige vers une crise d’une ampleur inédite qui pourrait mettre à mal l’existence du pays lui-même. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que l’effondrement du régime pourrait, comme ailleurs, entrainer la dislocation d’un Etat fragilisé. Les exemples libyen et syrien, ou l’intervention extérieure a été permise par la faillite des régimes, sont présents dans tous les esprits. Le coût d’un changement brutal de régime qui apparaît ainsi totalement rédhibitoire aux yeux de nombreux citoyens est utilisé comme moyen de chantage par le régime pour justifier le maintien d’un statuquo suicidaire. Mais comme pour l’organisation coloniale à laquelle il s’est substitué, l’évolution de ce système est inévitable. La répression et la corruption, leviers du régime, perdent irrésistiblement de leur efficacité au fil de la dégradation de la situation générale du pays.
Frantz Fanon- décédé en décembre 1961 –, dans Les Damnés de la Terre, se référant aux régimes postcoloniaux, décrit précisément les dérives de ceux qui ont accaparé le pouvoir depuis la crise de l’été 1962, il effectue au chapitre trois intitulé « Les mésaventures de la conscience nationale », une saisissante peinture de mœurs. Dans l’anomie, la rapine et le désordre, le régime, confirme ce qu’anticipait l’Ambassadeur du FLN de la guerre de Libération, en célébrant à sa façon l’anniversaire d’une proclamation qui, au-delà de l’indépendance, prônait un Etat démocratique et social. A l’évidence du désastre actuel, l’objectif n’est toujours pas atteint. Certes, l’occupant colonial a formellement vidé les lieux et emporté dans ses bagages l’abject statut de l’indigénat. Mais le système du coup d’Etat et l’oppression militaro-mafieuse qu’il a laissé derrière lui n’est certainement pas le gouvernement envisagé par l’Appel du 1er Novembre.
Les Algériennes et les Algériens évaluent avec réalisme, mais non sans tristesse, les maigres résultats d’un effort prodigieux. La tragique disproportion entre les sacrifices consentis, les souffrances endurées et la réalité ne peut plus être masquée par la démagogie et la falsification. Cette posture lucide et respectueuse est à l’opposé de l’hymne au reniement entonné par certains « écrivains », sponsorisés par des maisons d’édition parisiennes révisionnistes, qui ne sont pas loin d’affirmer que l’indépendance fut une erreur. Ces intellectuels de la renégation et de la haine du peuple sont loin d’être les seuls imposteurs dans ce moment particulièrement morbide du temps politique. De fait, ils sont les relais de la direction effective du régime. L’idéologie du système putschiste qui magnifie la Nation pour mieux mépriser le peuple est construite sur l’effacement des mémoires et l’amnésie. Le régime, historiquement illégitime et juridiquement illégal, tente en permanence de dissoudre son effarante responsabilité en oblitérant l’histoire du pays, réduite, dans le meilleur des cas, à une succession de dates, en banalisant les évènements et par l’anonymisation des acteurs.
En ces temps troublés ou l’impérialisme tente de perpétuer sa domination par la destruction des Etats, la défense du patrimoine historique est l’axe fondateur de la communauté de destin des Algériennes et des Algériens. Par la transmission des faits et des valeurs, l’histoire contribue effectivement à la protection de la souveraineté. Cette responsabilité est aujourd’hui à la charge exclusive de ce peuple auquel le grand Larbi Ben M’hidi avait autrefois confié la Révolution.
Dans sa grande majorité, le peuple algérien reste fidèle au contrat du 1er Novembre 1954, il refuse l’arbitraire et entend que les termes de ce contrat passé il y a soixante ans soient intégralement respectés. La dignité citoyenne, l’exercice des libertés démocratiques demeurent un objectif concret dans un contexte particulièrement adverse ou l’héritage de la Révolution algérienne est ainsi mis en danger par le régime et des forces externes. Comme à chaque fois aux heures les plus sombres, il faut espérer que la maturité politique de ce peuple soit à la hauteur des menaces.
1 - (http://www.algeria-watch.org/fr/article/analyse/memoire_mehri.htm)
2 - cf. Article de Hocine Malti « Le début de la fin de la rente »
http://www.algeria-watch.org/fr/article/analyse/benderra_independance_menacee.htm
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Cinéma : L’Oranais de Lyes Salem
http://npa2009.org/idees/cinema-loranais-de-lyes-salem
Roseau- Messages : 17750
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Re: Algérie
http://www.courrierinternational.com/article/2014/12/19/appel-au-meurtre-de-kamel-daoud-penser-sera-bientot-un-crime
L'appel au meurtre du pseudo-imam salafiste Hamadache contre l'écrivain et journaliste Kamel Daoud a créé une onde de choc dans la société, mais a aussi mis à nu l'indigence du régime face au fanatisme et les silences complices d'une certaine élite soupçonneuse et dépassée.
"L'enquête a été enclenchée le 17 décembre par le parquet, ici à Oran, et les services de sécurité m'ont indiqué que l'affaire était prise en charge", a déclaré le 18 décembre l'auteur et journaliste Kamel Daoud [finaliste du prix Goncourt 2014 pour son livre Meursault, contre-enquête (Actes Sud)] à El-Watan Week-end. Daoud compte aussi poursuivre la chaîne de télévision privée Ennahar TV après la diffusion en direct des appels au meurtre du salafiste Abdelfatah Hamadache.
"Un fou remet en cause mon droit à la vie"
Le chroniqueur du Quotidien d'Oran a indiqué aussi que plusieurs titres de la presse privée se sont constitués partie civile contre Hamadache. Par ailleurs, l'auteur de Meursault, contre-enquête se dit "déterminé à ne pas lâcher cette personne qui l'a menacé", car "il s'agit d'un test pour observer nos réactions, mais nous ne laisserons jamais passer cela". "C'est une occasion civique, une occasion unique, pour montrer que cela ne sera pas possible."
"Si je remets en cause la réconciliation nationale, je vais en prison. Mais quand un fou remet en cause mon droit à la vie, il bénéficie de l'impunité. La réconciliation le protège, mais ne me protège pas", s'indigne l'écrivain. [La charte pour la paix et la réconciliation nationale, lancée en 2005, s'inscrit dans le projet de loi portant sur la Concorde civile, soumis par le président Abdelaziz Bouteflika et plébiscité par voie référendaire en 1999. Il s'agit de tourner la page du conflit qui a opposé les Algériens pendant les années 1990, la décennie noire. La réconciliation nationale a notamment abouti à la libération de prisonniers islamistes et à amnistier et réintégrer dans la vie civile tous ceux qui ont manifesté leur volonté de renoncer à la violence.]
"Condamnés à un Moyen-Age sans fin ?"
"Et cet élan de solidarité, extraordinaire, que dire d'autre ? L'enjeu est nous tous, nos enfants. De nombreuses personnes ont compris que l'enjeu était énorme et que les années 1990 restent une menace permanente, une possibilité si on baisse les bras", poursuit Kamel Daoud. [Des pétitions en France et en Algérie, des réactions sur les réseaux sociaux et également des déclarations d'hommes politiques algériens ont rapidement émergé pour dénoncer l'appel au meurtre et soutenir Kamel Daoud.]
Est-ce que le journaliste craint pour sa vie ? "J'ai peur, mais je suis surtout en colère, atterré par tant de violence, de bêtise et de haine. Sommes-nous condamnés à un Moyen-Age sans fin ?"
EL-WATAN
Dinky- Messages : 400
Date d'inscription : 02/12/2013
Re: Algérie
L'agitation sociale permanente qui secoue l'Algérie depuis les printemps arabes montre que des recompositions sont en cours dans le mouvement ouvrier dans une situation qui a compté de très nombreuses batailles comme dans la santé.
A cela se rajoute les émeutes cycliques des régions déshéritées et réprimées par le régime qui joue sur les divisions ethniques.
A cela se rajoute les émeutes cycliques des régions déshéritées et réprimées par le régime qui joue sur les divisions ethniques.
http://www.courrierinternational.com/dessin/2014/12/09/algerie-sans-le-petrole-comment-acheter-la-paix-sociale
Algérie : sans le pétrole, comment acheter la paix sociale ?"La fin de l’année est en train de se présenter sous forme d’une série d’interrogations lancinantes, d’inquiétudes sur l’évolution des événements", constate le quotidien algérien El-Watan. "Pas seulement au sujet des cours du pétrole dont la chute brutale est le cauchemar permanent en Algérie depuis plusieurs décennies : aucun chantier politique, économique ou culturel n’est près d’être achevé".
Le 28 novembre, une manifestation a dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre, faisant au moins trois morts et des dizaines de blessés près de Touggourt. "Le pays est à nouveau gagné par les émeutes et les manifestations de rue", écrivait Algérie-Focus.
Si, "Pour apaiser les esprits, le wali [gouverneur] a tout de suite annoncé que les victimes bénéficieraient de logements sociaux", ajoute El-Watan dans un autre article, il ne fait pas de doute que le danger guette le pays. "Les autorités, dos au mur, tentent encore et toujours d’acheter la paix sociale", mais au vu de la colère grandissante de la population et de la chute effrénée des cours du pétrole, la question se pose : jusqu'à quand le pourront-elles ?
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Algérie
Kamel Daoud / Poursuivre en justice Abdelfatah Hamadache pour incitation au meurtre
Algérie
Nous, Algériennes et Algériens, condamnons avec force les appels au meurtre public de Abdelfetah Hamadache, autoproclamé chef salafiste algérien, contre l’auteur et journaliste Kamel Daoud.
Au regard de la démission de l’Etat algérien face aux aventuriers pseudo-religieux qui distillent la haine comme cela s’est passé à Ghardaïa et ailleurs, cette dérive n’est pas surprenante. Pire, elle était prévisible et en appellera d’autres dans un climat d’intolérance.
Nous appelons les ministres de la Justice et de l’Intérieur à enclencher des poursuites contre ces appels aux meurtres qui nous rappellent les pires moments de l’Algérie face au GIA et nous exprimons notre entière solidarité active avec l’écrivain Kamal Daoud.
-------
نحن الموقعون أدناه، مواطنون جزائريون و مواطنات جزائريات، نشجب بقوة الدعوات الى القتل العلنية التي يطلقها المدعو عبدالفتاح حمداش دون رادع أو وازع، مستهدفا الكاتب و الصحفي كمال داود. المدعو حمداش نصب نفسه ولياً سلفيا لأمر الجزائريين،
لم نتفاجىء بهذا الانحراف و بغيره بسبب حالة الاستقالة الفعلية للدولة الجزائرية في وجه هؤلاء المغامرين الدينيين الذين ينشرون الكراهية كما كان الحال في غرداية و غيرها. بل و الأذهى أن دعوات ارتكاب القتل قد أصبحت أمرا مقضيا و سينجر عنها انحرافات أخرى لا محال في جو من الحقد و اللاتسامح.
نطلب من وزيري العدل و الداخلية الى تحريك الدعوى العامة بالمتابعة القضائية لمرتكبي هذه الدعوات الى القتل التي تعيد تذكيرنا بأبشع صور ما عشناه عندما كانت الجزائر تواجه الجماعة الاسلامية المسلحة كما نجدد دعمنا الكامل و التام و الفعلي مع الكاتب كمال داود.
Adressée à
Ministère algérien de la Justice
Ministère algérien de l'Intérieur
https://www.change.org/p/minist%C3%A8re-alg%C3%A9rien-de-la-justice-kamel-daoud-poursuivre-en-justice-abdelfatah-hamadache-pour-incitation-au-meurtre?recruiter=198143546&utm_source=share_petition&utm_medium=facebook&utm_campaign=share_facebook_responsive&utm_term=mob-xs-share_petition-no_msg
Algérie
Nous, Algériennes et Algériens, condamnons avec force les appels au meurtre public de Abdelfetah Hamadache, autoproclamé chef salafiste algérien, contre l’auteur et journaliste Kamel Daoud.
Au regard de la démission de l’Etat algérien face aux aventuriers pseudo-religieux qui distillent la haine comme cela s’est passé à Ghardaïa et ailleurs, cette dérive n’est pas surprenante. Pire, elle était prévisible et en appellera d’autres dans un climat d’intolérance.
Nous appelons les ministres de la Justice et de l’Intérieur à enclencher des poursuites contre ces appels aux meurtres qui nous rappellent les pires moments de l’Algérie face au GIA et nous exprimons notre entière solidarité active avec l’écrivain Kamal Daoud.
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نحن الموقعون أدناه، مواطنون جزائريون و مواطنات جزائريات، نشجب بقوة الدعوات الى القتل العلنية التي يطلقها المدعو عبدالفتاح حمداش دون رادع أو وازع، مستهدفا الكاتب و الصحفي كمال داود. المدعو حمداش نصب نفسه ولياً سلفيا لأمر الجزائريين،
لم نتفاجىء بهذا الانحراف و بغيره بسبب حالة الاستقالة الفعلية للدولة الجزائرية في وجه هؤلاء المغامرين الدينيين الذين ينشرون الكراهية كما كان الحال في غرداية و غيرها. بل و الأذهى أن دعوات ارتكاب القتل قد أصبحت أمرا مقضيا و سينجر عنها انحرافات أخرى لا محال في جو من الحقد و اللاتسامح.
نطلب من وزيري العدل و الداخلية الى تحريك الدعوى العامة بالمتابعة القضائية لمرتكبي هذه الدعوات الى القتل التي تعيد تذكيرنا بأبشع صور ما عشناه عندما كانت الجزائر تواجه الجماعة الاسلامية المسلحة كما نجدد دعمنا الكامل و التام و الفعلي مع الكاتب كمال داود.
Adressée à
Ministère algérien de la Justice
Ministère algérien de l'Intérieur
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MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
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