Résistance au gouvernement bourgeois
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Re: Résistance au gouvernement bourgeois
Non, le npa a proposé une alliance a l'ensemble des forces a gauche de la gauche "gouvernementale".la réalité est bien que la direction du NPA a proposé une alliance de merde au Front de gauche
le NPA ne fait pas campagne en mettant au centre la nécessité d'exproprier les patrons. C'est tout simplement faux.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Festival des Résistances et Alternatives (FRAP)
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-anselme/200514/le-festival-des-resistances-et-des-alternatives
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Solferino occupé !
Communiqué de presse de SUD Activités Postales 92 du 23 mai
Les postiers grévistes du 92 occupent le Siège du PS aux côtés des intermittents, intérimaires et précaires
Cinquante postiers accompagné d'intermittents/intérimaires et précaires en lutte occupent le Siège du Parti Socialiste rue de Solférino à Paris. Après 115 jours de grève, ils exigent que le gouvernement et l'Etat, actionnaire majoritaire de La Poste agissent pour qu'une solution négociée soit enfin trouvé à ce conflit. La Poste doit arrêter de chercher à licencier les représentants des grévistes. Leur place n'est pas en garde à vue comme mercredi dernier : La Poste doit au contraire entendre les revendications des grévistes.
Ils demandent l'embauche en CDI des postiers précaires et l'arrêt des suppressions d'emploi.
Le gouvernement doit également entendre raison en ce qui concerne les intermittents, des chômeurs, précaires et précaires sur l'UNEDIC : il faut cesser de faire payer les chômeurs et les précaires et garantir des droits sociaux à tous !
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
"Comment reprendre la main ?"
Avec Eric Fassin et Luc Boltanski.
Société Louis Michel
Jeudi 26 Juin 2014
A 19heures au Lieu-dit. 6, rue Sorbier, Paris XXe (M°Ménilmontant ou Gambetta).
http://www.societelouisemichel.org/
Société Louis Michel
Jeudi 26 Juin 2014
A 19heures au Lieu-dit. 6, rue Sorbier, Paris XXe (M°Ménilmontant ou Gambetta).
http://www.societelouisemichel.org/
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Visite mouvementée pour François Hollande à Rodez
Médiapart ce jour:
La police a fait usage de gaz lacrymogène, vendredi, pour éloigner des manifestants lors de la visite chahutée de François Hollande à Rodez où il inaugurait le musée Pierre Soulages. Un conseiller du président Hollande a été séquestré quelques heures avant d'être relâché.
Vendredi noir pour François Hollande, à l’occasion de sa visite à Rodez pour l’inauguration du musée Pierre Soulages 3 qui ouvre ses portes au public ce samedi. Les policiers ont fait usage de lacrymogènes pour tenir à distance quelque 300 manifestants qui voulaient s’inviter à la cérémonie en fin de matinée. Des intermittents et précaires vent debout contre la réforme de l’assurance-chômage, auxquels s'étaient joints des agriculteurs et des métallurgistes.
Durant quatre heures, le conseiller agricole du président, Philippe Vinçon, a été séquestré par la Confédération paysanne, qui réclame la libération sans condition de quatre de ses militants et de son porte-parole, placés mercredi en garde à vue, après le démontage d'un bâtiment de la ferme des Mille vaches, à Drucat dans la Somme.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Combattre l’ED, affronter ce gouvernement
http://npa2009.org/content/combattre-lextreme-droite-affronter-ce-gouvernement-et-le-patronat
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Ici aussi, "Podemos", nous pouvons !
http://www.npa2009.org/content/ici-aussi-podemos-nous-pouvons
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Résistance au gouvernement bourgeois
Sortie le jeudi 5 juin 2014
Premier plan :
A la Une. Stoppons l'offensive PS-Medef ! (Yvan Lemaitre)
UMP : Copé coulé, "triumvirat" et crise... (Jean-Philippe Divès)
Égypte : un président mal élu et fragile (Du Caire et d'Alexandrie, correspondantEs NPA)
Édito. Ici aussi, "Podemos", nous pouvons ! (Roseline Vachetta)
Un monde à changer : Oppression des femmes.
+ Bien dit, no comment, le chiffre, l'agenda
Actu politique :
Extrême droite : grandes manœuvres européennes (Bertold du Ryon)
FN : organisons vite la riposte ! (Alain Pojolat)
Collectif 12 avril : en route vers le 21 juin (Robert Pelletier)
Actu internationale :
Ukraine : conflit d'intérêts des classes dirigeantes, souffrance des gens ordinaires... (De Moscou, Ilya Boudraitskis. Traduction Jan Malewski)
Niger : l'accord délétère d'Areva (Paul Martial)
Le monde en bref. Algérie : exploitation des gaz de schiste, une nécessaire transparence démocratique (Cathy Billard) / Retrait des troupes US en Afghanistan : mission accomplie ? (Ross Harrold)
NPArguments :
Il y a 25 ans en Chine... Le massacre de Tian'anmen et la répression du "mouvement du 4 juin" 1989 (dossier réalisé par Pierre Rousset)
Actu sociale :
Fralib : "Notre lutte était celle du "pot de thé contre le pot de fer" et nous l'avons gagnée" (Entretien avec Olivier Leberquier. Propos recueillis par Jean-Marie Battini)
Intermittents : "Tant qu'un membre du gouvernement sera dans la salle, nous ne jouerons pas" (Entretien avec Samuel Churin. Propos recueillis par Olivier Neveux)
Électricité nucléaire : les coûts explosent... (CorrespondantEs Commission nationale écologie)
Gouvernement : haro sur les seuils sociaux ! (LD)
Seita Carquefou (44) : jusqu'au bout pour l'emploi et la dignité ! (Sandra Cormier)
"Mille vaches" (80) : monstrueuse ferme-usine... (CorrespondantEs Commission nationale écologie)
La Poste : vers une extension du conflit ? (Correspondant)
Actu du NPA :
Rencontre internationale de jeunes : une semaine internationaliste (Damien)
Débat : autour de l'offensive des extrêmes droites (Patrick Le Moal)
Culture :
Essai : "L'impératif de la formation n'est qu'un leurre qui sert à rendre le salarié responsable de son incapacité à accéder à l'emploi" (Entretien avec Jean-Marie Canu. Propos recueillis par Patrick Le Moal)
Littérature : Pascal Fautrier, du rouge vif au rose pâle (Gérard Delteil)
Bande dessinée : Panthers in the hole de Bruno et David Cénou (Sophie Coudray)
Cinéma : D'une vie à l'autre de Georg Maas (Sylvain Chardon)
La Der :
"La leçon de la Résistance, c'est que même quand on est au fond du fond du trou, il faut continuer à se battre" (Entretien avec Gilles Perrault. Propos recueillis par Pierre Baton)
+ Vu ailleurs et le strip de Faujour
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Collectif 12 avril : en route vers le 21 juin
http://www.npa2009.org/content/collectif-12-avril-en-route-vers-le-21-juin
Roseau- Messages : 17750
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Re: Résistance au gouvernement bourgeois
L'Anticapitaliste n°246 sommaire
Sortie le jeudi 12 juin 2014
La Une :
Pour un Mondial de la révolte sociale !
Premier plan :
A la Une.Brésil : et si la contestation sociale gagnait le Mondial ? (Olivier Besancenot)
Cérémonies du débarquement : la crise ukrainienne débarque en Normandie (Jean-Philippe Divès)
SNCF : en grève jusqu'au retrait ! (Correspondants)
Édito. Front national : bonnets bruns et bruns bonnets ! (Alain Pojolat)
Un monde à changer : Éthiopie.
+ Bien dit, no comment, le chiffre, l'agenda
Actu politique :
Réforme pénale Taubira : un grand pas en arrière ! (Roseline Vachetta)
Attentat de Bruxelles : un acte odieux, une campagne hypocrite (Yvan Lemaitre)
Millefeuille territorial : nouvelle claque électorale, nouvelle scène... (Daniel Minvielle)
Actu internationale :
Palestine : après l'union Hamas - Fatah (Marc Prunier)
Syrie : l'élection, "une comédie dans une mer de sang" (Ghayath Naisse)
Le monde en bref. Turquie : "l'esprit de Gezi", frayeur de l'AKP (D'Istanbul, Uraz Aydin) / État espagnol : rébellion et victoire populaires à Barcelone (Sylvie Favier)
NPArguments :
Brésil, le Mondial de la colère (Articles de Daniela Cobet / Entretien avec Fernando Silva du PSOL. Propos recueillis par Joao Machado)
Actu sociale :
La Poste : de nouvelles grèves, c'est le moment de se coordonner ! (Martin N.)
Marche des fiertés 2014 : dans la rue pour l'égalité réelle ! (CorrespondantEs)
Pays basque : dans la rue le 14 juin pour la résolution du conflit (Claude Larrieu)
Aubervilliers (93) : l'insalubrité tue (JMB)
Du 12 avril au 21 juin : construire une riposte globale (Robert Pelletier)
BNP : la déraison d’État (Ludovic Fiaschi)
Haribo (Uzès) : un confiseur voyou se sucre sur le dos de ses salariés ! (CorrespondantEs)
Actu du NPA :
Fête de LO : un dialogue de sourds (Sandra Demarcq)
Louviers (27) : sortie de route de l'Huma Dimanche (NPA Seine-Eure)
Les comités en action spécial manifestations antifascistes. Rouen (76) / Lisieux (14) / Le Pontet (84) / Strasbourg (67) / Dijon (21) / Auch (32).
Culture :
Gabriel Garcia Marquez, un parcours dans les veines de l'Amérique latine (Franck Gaudichaud)
Plus jamais cent dans de solitude ! (Luis Martin-Cabrera. Traduit par Helena)
"L'Amérique latine et sa volonté propre" (Extrait du discours à la réception du Prix Nobel de Littérature)
La Der :
État espagnol : "organiser le mouvement et le centrer sur l'exigence d'un référendum : pour la monarchie ou pour la république ?" (Entretien avec Raul Camargo d'Izquierda anticapitalista. Propos recueillis par Manu Bichindaritz et traduit par Jean-Philippe Divès)
+ Vu ailleurs et le strip de Faujour
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Programme de la rencontre du 21 juin 2014
Roseau a écrit:http://www.npa2009.org/content/collectif-12-avril-en-route-vers-le-21-juin
Grande rencontre nationale unitaire le 21 juin : "Sortir de l'austérité, Combattre les inégalités, Réinventer la démocratie"
www.fondation-copernic.org
Nous vous l’annoncions, la marche du 12 avril n’est pas restée sans suite et, depuis cette date, les réunions unitaires se sont succédé, chaque semaine, pour donner corps au large collectif constitué pour coordonner une résistance et des alternatives communes à l’austérité. Nouvelle étape du processus : une première rencontre nationale, ouverte à tou-tes, est organisée le 21 juin pour élaborer ensemble.
Chère amie, cher ami,
Nous étions plus de 200, divers-es par nos engagements, personnalités morales, du monde de la culture et des arts, responsables syndicaux, associatifs, politiques, à avoir lancé un appel pour dire le 12 avril : « Maintenant ça suffit, marchons contre l’austérité, pour l’égalité et le partage des richesses ! » .
Par le nombre des participantes et participants, la diversité de ses couleurs, son caractère inédit, sa combativité, la marche du 12 avril a dépassé nos propres espérances et marqué bien des observateurs. Elle a mis un peu de neuf et d’espoir dans le paysage désolant de la séquence électorale qui a vu la poussée de la droite et de l’extrême droite.
Nous avions dit : « Cette marche ne restera pas sans lendemain ». Nous voulons écrire ce lendemain ensemble.
Nous voulions éviter la précipitation et surtout, nous sommes, pour la plupart, engagé-es dans diverses actions. Pour assurer le succès de l’entreprise, le respect de toutes et tous a imposé et impose de tenir compte d’un riche calendrier syndical, social et associatif.
C’est pourquoi nous avons proposé de nous retrouver, toutes et tous le samedi 21 juin pour une journée de travail au cours de laquelle nous déciderons comment continuer.
L’austérité qu’impose le gouvernement Valls va accélérer la casse de la protection sociale et des services publics, accroître le chômage, renforcer les inégalités de revenus, de retraites, entre les territoires, et les inégalités à l’encontre des femmes.
Dans l’esprit du 12 avril – porteur de colères contre le « Pacte de responsabilité », la politique répressive envers les étrangers et les militants syndicaux et associatifs, la montée de l’extrême droite..., mais aussi d’espoir dans des alternatives à l’austérité, pour le droit au logement, l’égalité des droits, la transition énergétique... –, quelques propositions ont déjà été émises :
* Travail d’élaboration collectif , au plus près des citoyennes et des citoyens, dans le monde du travail, pour des mesures alternatives à l’austérité et à la régression sociale (sorte de « plan ORSEC contre l’austérité »)
* Votation citoyenne pour se prononcer sur ces mesures
* Luttes et actions de solidarité
* Marche nationale ou journée de marches régionales à l’automne.
Ce ne sont là que de premières pistes, et il est essentiel de travailler pour que d’autres émergent et nous permettent de décider ensemble le 21 juin. Toutes les suggestions et contributions sont dès lors les bienvenues.
En espérant donc nous retrouver toutes et tous le :
SAMEDI 21 JUIN
DE 9H30 À 17H
À LA BOURSE DU TRAVAIL DE PARIS
3, rue du Château d’Eau
Paris 10e - M° République
Cette lettre est destinée à circuler le plus largement possible, n’hésitez pas à la relayer !
Programme de la journée :
RENCONTRE DU 21 JUIN 2014
SORTIR DE L’AUSTÉRITÉ, COMBATTRE LES INÉGALITÉS, RÉINVENTER LA DÉMOCRATIE
Cette réunion du 21 juin, dans l’esprit de la manifestation du 12 avril et face à la montée confirmée de l’extrême-droite, poursuivra trois objectifs principaux :
* Travailler à l’élaboration de mesures d’urgence et de propositions alternatives aux politiques d’austérité
* Impulser un processus d’actions inscrit dans la durée , sous les formes les plus diverses (dont manifestations, luttes et actions de solidarité, votation citoyenne...) pour résister, proposer et mobiliser
* Développer dans les territoires des collectifs associant citoyen-nes, personnalités, salarié-es, chômeur-ses, retraité-es, jeunes, représentant-es et militant-es d’associations, d’organisations syndicales, de partis politiques.
9h30 : ACCUEIL
10h- 10h15 : INTRODUCTION
Trois introductions de 5mn des trois composantes syndicaliste, associative et politique .
* Retour sur le succès de la marche du 12 avril ; rappel de la dimension et du caractère inédits de la marche du 12 avril : co-construction de la marche, travail en commun entre des personnalités, des militant-es d’associations, d’organisations syndicales, de partis politiques...
* Volonté, conformément au texte d’appel à la marche, de poursuivre en s’organisant dans les territoires, en proposant des mesures d’urgence et des mesures alternatives, en se mobilisant sous des formes variées, multiples, tant au niveau national que dans les territoires, au plus près et avec les citoyen-nes et les salarié-es
* Les objectifs : sortir de l’austérité, combattre les inégalités, réinventer la démocratie.
10h15- 11h : INTERVENTIONS DE MILITANT-E-S DE SECTEURS EN LUTTE
Fralib, Cheminots, Coordination des hôpitaux (maternité des Lilas),Alstom, Logement, Précaires, Notre-Dame-des-Landes, Sans-papiers, Sanofi, Intermittent-es.
11h–13h : TRAVAIL EN ATELIERS
Atelier n°1 : "Salarié-es, chômeur-ses, retraité-es : sortons de la précarité"
Atelier n°2 : "Reconquérir et développer la Sécurité sociale et les droits sociaux"
Atelier n°3 : "S’attaquer à la finance (banque, finances, dettes fiscalité...)"
Atelier n°4 : "Reconquérir et refonder l’action publique de l’État et des Collectivités territoriales au service de toutes et tous"
Atelier n°5 : "Donner le pouvoir aux travailleurs, aux citoyens dans la cité, les entreprises, les services publics"
Atelier n°6 : "Promouvoir la transition écologique et un nouveau développement industriel"
Atelier n°7 : "Défendre et développer les droits, les libertés"
Atelier n°8 : "Imposer le droit à l’’emploi"
L’animation des ateliers sera basée sur la règle des trois composantes : trois représentant-es pour assurer l’introduction (10 mn), la présidence, l’animation, le compte-rendu oral et écrit.
13h–14h : PAUSE DÉJEUNER
14h : TRAVAUX EN SÉANCE PLÉNIÈRE
Présidence et animation : assurées par trois représentant-es des trois composantes
14h– 14h45 : RESTITUTION DES TRAVAUX DES ATELIERS AVEC DES PROPOSITIONS
14h45–16h : DÉBATS EN SÉANCE PLÉNIÈRE
16h–16h30 : CONCLUSIONS présentées par des représentant-es des trois composantes
Cette rencontre est ouverte à tou-tes, venez donc nombreuses et nombreux vous exprimer et participer à ce grand mouvement unitaire.
Retrouvez le texte de l’Appel et les signataires du 12 avril .
ORGANISATIONS EN SOUTIEN
Formations politiques :
* Parti communiste français
* Parti de Gauche
* Ensemble
* Gauche Unitaire
* PCOF
* République et Socialisme
* NPA
* Alternative Libertaire
* Mouvement jeunes communistes
Associations :
* Acrimed
* Amicale Carmagnole-Liberté des anciens FTP-MOI
* Association pour l’emploi et la formation des chômeurs et des précaires (APEIS)
* Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (Attac)
* Association Nationale des Élus Communistes et Républicains (Anecr)
* Collectif des Associations Citoyennes
* Collectif Maternité Lilas
* Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception (CADAC)
* Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM-France)
* Collectif national pour les droits des femmes (CNDF)
* Collectif 37 notre santé en danger
* Convergence nationale de défense et développement des services publics
* Coordination des hôpitaux et maternité de proximité
* Droit au Logement (DAL)
* Faire front à gauche, Amis de l’Usine (FFG – ADU)
* Fédération des associations de travailleurs et de jeunes
* Femmes Égalité
* Fondation Copernic
* Initiative pour un autre monde (IPAM)
* Mrap 93 (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples)
* Réseau éducation sans Frontière (RESF)
* Résistance sociale
* Sortir du colonialisme
* L’Union des Familles Laïques (UFAL)
* Union Nationale des Retraités et des Personnes âgées (UNRPA)
Syndicats :
* CGT Caisse des dépôts et consignations
* Ecole Emancipée FSU
* Fédération CGT de l’Agroalimentaire
* Fédération CGT Equipement Environnement
* Fédération CGT des Industries Chimiques
* Fédération CGT des Organismes sociaux
* Fédération CGT Services publics
* Fédération CGT des Ports et Docks
* Fédération des Finances CGT
* Fédération CGT des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication (FILPAC)
* Sections Départementales FSU 75, 77, 78, 93, 94
* Sections académiques du SNES FSU Paris, Versailles
* Sud Énergie
* Syndicat Français des Artistes Interprètes (SFA CGT)
* Syndicat national des journalistes (SNJ CGT)
* Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESUP FSU)
* Syndicat national FSU territoriaux SNUCLIAS
* Syndicat ASSO-Solidaires (Action des Salariés du Secteur Associatif)
* Syndicat national de la Météorologie – CGT
* Syndicat national FSU de la caisse des dépôts SNUP-CDC FSU
* Syndicat national FSU territoires agriculture et de la mer SNUITAM
* Syndicat national FSU personnels de l’éducation et du social SNPES PJJ
* Unef - AGE de Clermont
* Unions départementales CGT 31, 37, 51,56, 66, 75, 77, 78, 82, 91, 92, 93, 94, 95
* Union générale des Fédérations Fonctionnaires CGT
* Union régionale d’Île-de-France CGT
* Union syndicale Solidaires
* Union Locale CGT du Havre
* Union nationale des syndicats de l’Éducation nationale (UNSEN CGT)
* Union syndicale de l’Intérim USI CGT
www.fondation-copernic.org
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Résistance au gouvernement bourgeois
La colère sociale chemine à la surface (Libération 16/06/2014)
http://www.npa2009.org/content/la-colere-sociale-chemine-la-surface-liberation-16062014
http://www.npa2009.org/content/la-colere-sociale-chemine-la-surface-liberation-16062014
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Résistance au gouvernement bourgeois
Sortie le jeudi 19 juin 2014
La Une :
Leurs luttes sont les nôtres. Vive les grèves ! Solidarité !
Premier plan :
A la Une. Vive les grèves ! (Christine Poupin)
SNCF : la grève, c'est notre arme (CorrespondantEs en grève)
Brésil : "la Coupe des troupes" (De São Paulo, João Machado)
Édito. Les mauvais génies... (Côme Pierron)
Un monde à changer : la nouvelle mort de Jaurès.
+ Bien dit, no comment, le chiffre, l'agenda
Actu politique :
Front national : propos "diaboliques" et dédiabolisation, les deux carburants... (Alain Pojolat)
UMP : affaires, psychodrame et guerre des chefs (Yvan Lemaitre)
"Majorité alternative" : les grandes manœuvres ont débuté (Sandra Demarcq)
Actu internationale :
Afrique du Sud : après cinq mois, la grève des mineurs continuent (A.D.)
Irak : l'offensive de l'EIIL (Saïd Karim)
Présidence de la commission européenne : piteux ralliements (Henri Wilno)
NPArguments :
Les cheminotEs ouvrent la voie (dossier réalisé par le secteur cheminot du NPA + article de Frédéric Lemaire d'Acrimed)
Actu sociale :
Notre-Dame-des-Landes : l'abandon, c'est maintenant ! (Sandra Cormier et Bertrand Achel)
IntermittentEs : extension du domaine de la grève... (Olivier Neveux)
Poste du 92 : le conflit dure et s'élargit (Correspondant)
Perte d'autonomie : des mesurettes financées par les retraités eux-mêmes (Jean-Claude Delavigne)
Hôtellerie : dans les palaces, on lutte aussi et on gagne ! (Jacques Capet)
Urgences des hôpitaux : l'austérité comme remède ! (S. Bernard)
Rencontre du samedi 21 juin : "sortir de l'austérité, combattre les inégalités, réinventer la démocratie" (Programme)
Actu du NPA :
Conseil politique national : sous le signe de la grève (Yvan Lemaitre)
Les comités en action. Forum écologie radicale : ce n'est qu'un début (CorrespondantEs commission nationale écologie)
Culture :
Tenir la rue. L'autodéfense socialiste 1929-1938 de Matthias Bouchenot (Gérard Delteil)
Vers l'extrême. Extension des domaines de la droite de Luc Boltanski et Arnaud Esquerre (Alain Pojolat)
En finir avec les idées fausses propagées par l'extrême droite de Pierre-Yves Bulteau (Sophie Coudray)
Le Front national de 1972 à nos jours. Le parti, les hommes, les idées de Valérie Igounet (Jean-Paul Gautier)
La Der :
Après le congrès de Solidaires (tribune de l'union syndicale Solidaires)
+ Vu ailleurs et le strip de Faujour
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Vivent les grèves !
Malgré la Coupe du monde de football, les mobilisations font enfin la Une de l’actualité. Certes, le plus souvent pour désigner les grévistes comme des nantis et des preneurs d’otages, mais la réalité est là : avec la grève des cheminotEs et celle des artistes et technicienEs, les luttes collectives réoccupent le haut du pavé.
Parce que ces luttes sont visibles, incontournables, qu’elles bloquent, arrêtent, empêchent... elles parviennent à briser le silence qui étouffe tant d’autres résistances. Elles changent l’air du temps.
Sur le fond, elles s’opposent frontalement à la politique menée par ce gouvernement PS-Medef. Les premiers refusent la réforme ferroviaire qui organise le dépeçage de la SNCF pour mieux privatiser les activités rentables dans la droite ligne des politiques libérales imposées partout en Europe. Les seconds ne veulent pas voir ratifier l’accord du 22 mars sur l’assurance chômage qui, sous prétexte d’alignement, détruit purement et simplement le statut des intermittentEs et fragilise plus encore les précaires et les intérimaires.
Dans les deux cas, la destruction des services publics et de la protection sociale, qui sont au cœur des politiques austéritaires, sont contestées. Elles et ils se défendent face au rouleau compresseur qui détruit leurs conditions de travail et de vie, mais en même temps défendent une autre idée du service public pour répondre aux besoins des usagerEs, une autre idée de la culture qui ne doit être ni un privilège ni une marchandise.
Des luttes pour gagner !
Autre point commun, la volonté de gagner, pas de négocier un moindre mal ou des contre-parties : les cheminotEs veulent le retrait de la réforme, les intermittentEs exigent du ministre qu’il n’agrée pas l’accord signé entre le Medef, la CFDT et FO. Pour gagner, pour faire céder le gouvernement et le patronat, il faut un rapport de forces et celui-ci ne s’établit pas avec une journée d’action de temps en temps : il se construit, se prépare, il a besoin de démocratie, d’auto-organisation.
À la SNCF, la grève est reconductible, massive, unitaire, radicale, débattue dans les assemblées générales. Ce sont aussi des assemblées générales qui prennent la douloureuse décision de faire annuler les festivals les uns après les autres, au risque pour les grévistes de se retrouver au RSA. Elles et ils ont contre eux les syndicats « partenaires », ceux qui pensent qu’ils savent mieux que les premiers concernéEs ce qui est bon pour eux, ceux qui prétendent parler au nom des salariéEs dans un tête-à-tête quasi permanent avec le Medef ou la direction de la SNCF.
Plus ferme avec les grévistes qu’avec la finance...
Ces grèves nationales, ainsi que d’autres plus partielles comme à La Poste, agissent comme un révélateur. Hollande qui n’a raté aucune occasion de reculer, sur la PMA devant les réacs de la « manif pour tous », sur le droit de vote pour les étrangers, devant les patrons grands et petits... fait aujourd’hui la leçon aux grévistes. Il choisit la principauté d’Andorre, principauté sans droit de grève où il a été reçu en « co-prince » (!), pour assener : « Il y a un moment où il faut savoir arrêter un mouvement et être conscient des intérêts de tous »...
Aussitôt, Manuel Valls a renchéri sans surprise : « Il n’y a aucune raison que la grève continue ». Mais il a été obligé de dire plus dans son allocution devant le conseil national du Parti socialiste samedi 14 juin : « Il nous faut tenir. Tenir. Y compris face à la radicalité de certains mouvements sociaux ». Car aujourd’hui, ce n’est pas la pression de la droite ou de l’extrême droite qui s’exerce sur ce gouvernement complètement discrédité, mais celle de mouvements sociaux déterminés. Elle oblige députés, partis, courants et sous-courants à se positionner par rapport à leurs revendications, et pose sans échappatoire possible la question : soit soutenir le gouvernement et s’opposer aux grévistes, soit soutenir les grévistes et s’opposer au gouvernement.
La gauche sociale, syndicale, associative, et politique (Front de gauche, NPA, LO, AL...) doit parler d’une même voix pour dire, avec conviction, sa solidarité avec les grévistes. Et, dans la continuité de la manifestation du 12 avril, au-delà des débats publics comme ceux du 21 juin qui sont utiles, nous pouvons planter dans le décor la perspective d’une mobilisation d’ensemble nécessaire, combinant manifestations, grèves et occupations de places...
Christine Poupin
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Résistance au gouvernement bourgeois
La Une :
Contre le gouvernement PS-Medef, les cheminots ont ouvert la voie, les intermittents continuent !
Premier plan :
A la Une. Les cheminotEs ont ouvert la voie, les intermittentEs continuent ! (Yvan Lemaitre)
CGT : l'homme malade du syndicalisme ? (Robert Pelletier)
USA - Irak : qui sème le vent récolte la tempête (Julien Salingue)
Édito. "L’État stratège"... de la finance ! (Cathy Billard)
Un monde à changer : to PIB or not to PIB.
+ Bien dit, no comment, le chiffre, l'agenda
Actu politique :
Transition énergétique : un enfumage royal (CorrespondantEs de la Commission nationale écologie)
SNCF : le parleMENT (Sandra Demarcq)
Cour des comptes : un "arbitre" juge et partie au service des exploiteurs (Gaston Lefranc)
Actu internationale :
Palestine : punition collective (Mireille Court)
Grèce : contre la casse, les résistances se poursuivent (d'Athènes, A. Sartzekis)
Le monde en bref. Tunisie : grève de la faim de salariées licenciées / Afghanistan : fraude, corruption et chaos.
NPArguments :
SNCF, intermittentEs, santé... Un pas vers un mouvement d'ensemble ? (dossier écrit par Robert Pelletier, Samaël Steiner, S. Bernard et des correspondantEs)
Actu sociale :
"Si les gaz de couche étaient exploités en France, cela ouvrirait la porte à l'expérimentation sur la fracturation hydraulique et donc aussi à l'exploitation des gaz de schiste" (Entretien avec Christine Poilly. Propos recueillis par Alain Jacques)
Hôpitaux : un outil pour la lutte se construit (CorrespondantEs)
Pierrefitte (93) : les salauds et ceux qui les arment (JMB)
Collectif 12 avril : bilan d'étape (Robert Pelletier)
Amazon : vent de révolte (LD)
Paris 20e. Violences policières : un jugement honteux (Ross Harrold)
Snecma Vernon (27) : toujours plus dur pour les prestataires (Correspondant)
Actu du NPA :
Université d'été : au NPA, on sait recevoir... (Commission Université d'été)
Les comités en action. Angoulême (16) : des rassemblements de soutien aux grévistes de la SNCF / Cenon (33) : une motion de soutien à la grève des cheminotEs au conseil municipal
Les Nôtres : Philippe Guinault / Francis Labbé
Culture :
Spécial Première Guerre mondiale
La grande guerre. Carnet du centenaire de André Loez et Nicolas Offenstadt (Robert Pelletier)
Le mouvement ouvrier pendant la Première Guerre mondiale de Alfred Rosmer (Ross Harrold)
Le pacifisme et la révolution. Écrits politiques (1914-1918) de Bertrand Russel (Yvan Lemaitre)
"L'ennemi principal est dans notre propre pays". L'opposition à la guerre impérialiste. Textes de 1914-1916 (annonce)
La Der :
Libre expression. "Annuler la totalité de la dette jugée illégitime" (Entretien avec Patrick Saurin. Propos recueillis par Henri Wilno)
+ Vu ailleurs et le strip de Faujour
Contre le gouvernement PS-Medef, les cheminots ont ouvert la voie, les intermittents continuent !
Premier plan :
A la Une. Les cheminotEs ont ouvert la voie, les intermittentEs continuent ! (Yvan Lemaitre)
CGT : l'homme malade du syndicalisme ? (Robert Pelletier)
USA - Irak : qui sème le vent récolte la tempête (Julien Salingue)
Édito. "L’État stratège"... de la finance ! (Cathy Billard)
Un monde à changer : to PIB or not to PIB.
+ Bien dit, no comment, le chiffre, l'agenda
Actu politique :
Transition énergétique : un enfumage royal (CorrespondantEs de la Commission nationale écologie)
SNCF : le parleMENT (Sandra Demarcq)
Cour des comptes : un "arbitre" juge et partie au service des exploiteurs (Gaston Lefranc)
Actu internationale :
Palestine : punition collective (Mireille Court)
Grèce : contre la casse, les résistances se poursuivent (d'Athènes, A. Sartzekis)
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Actu sociale :
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Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Résistance au gouvernement bourgeois
Vers une nouvelle situation en France ?
Après deux ans de brouillard et de dialogue social pro-patronal, la classe ouvrière revient sur le devant de la scène et commence à se recomposer
Comité de rédaction
Source: http://www.ccr4.org/Vers-une-nouvelle-situation-en-France
Ce vendredi soir, la situation est en train de se clarifier dans le sens d’une dynamique de reprise qui devrait toucher une large majorité de gares et de sites ce week-end. La politique de la CGT, qui dirige et parvient à se subordonner Sud, a été d’indexer la grève sur le débat parlementaire, et de se servir du prétexte des amendements passés par le FdG pour crier victoire et appeler à la reprise.
Toulouse, Lyon Part-Dieu, Lille, Caen, Rennes et d’autres plus petites villes ont repris aujourd’hui, dans le cadre d’un plan en deux étapes : ces fins de grève localisées serviront demain d’argument aux bureaucrates des gares et sites plus combatifs pour justifier la consigne de ne pas reconduire.
Dans le même temps et de manière contradictoire, la manifestation de jeudi à Paris, d’abord contrôlée puis sauvage, a continué de signer l’existence de très fortes aspirations à la convergence, à ce que ça « pête », et une reprise de confiance de secteurs significatifs de notre classe à même d’en entraîner d’autres. La grève des intermittent-e-s se poursuit et pourrait encore se durcir. La reprise à la SNCF se fait sans grosse démoralisation, et une nouvelle génération de cheminot-e-s a fait l’expérience de sa force – et du gaspillage qui consiste à ne pas l’organiser et à la laisser dévier. Tout en restant attentifs aux queues de grèves qui passeront le WE, de même qu’aux mouvements qui touchent d’autres secteurs (GDF, Pôle Emploi, etc.), nous devons avancer dans la compréhension du début de recomposition dont témoigne cette grande grève à la SNCF, et des enjeux que cela pose pour notre classe.
La grève à la SNCF, entrée jeudi dans son 9e jour avec des taux encore hauts chez les conducteurs, conjointement à la radicalisation de la lutte des intermittents mais aussi à un début de multiplication des conflits sectoriels notamment dans les secteurs publics soumis à privatisation /flexibilisation, a d’ores et déjà modifié le climat politique hexagonal. A une polarisation autour du FN dans le cadre électoral, est en train de succéder une autre polarisation, autour d’un secteur ouvrier combatif et sur le terrain de la lutte des classes. Cela ne signifie pas que les tendances fondamentales de la situation (attaques déterminées de la part de la bourgeoisie, exaspération sociale des classes populaires, effritement du centre politique et des médiations réformistes), qui se sont traduites dans les résultats des européennes, aient disparues. Mais la nouveauté est que ces tendances pourraient commencer à s’exprimer dans la prochaine période sous des formes très différentes, dans des coordonnées idéologiques nouvelles, à travers le débouché d’une lutte des classes renouvelée et avec comme fer de lance les secteurs ouvriers les plus combatifs.
La grève à la SNCF et le retour des luttes ouvrières sur la scène politique, sur fond d’extrême faiblesse du gouvernement
La grève en cours à la SNCF est la plus importante depuis 2010, avec des proportions de grévistes chez les cheminot-e-s qui la placent dans la catégorie des grandes mobilisations de type 1986, 1995, 2003, 2007 ou 2010. Si le scénario le plus probable est que la majorité des grévistes reprennent le travail ce week-end, c’est à dire avant le vote de la loi ce mardi, et que le mouvement s’essouffle ensuite, il faut souligner qu’il a pris une ampleur que les directions syndicales CGT cheminots (première force) et SUD-Rail (troisième) n’avait ni souhaitée, ni prévue. Le fait que la grève ait brillamment traversé le week-end dernier, de même que l’activité déployée lors de l’ouverture du débat parlementaire ce mardi, montre que le cadre d’un mouvement de pression qu’elles voulaient imposer a été largement – mais temporairement, et superficiellement – débordé du fait de la colère et de la combativité de la base cheminote.
La radicalisation du mouvement des intermittent-e-s et précaires, de son côté, depuis une dizaine de jours, à travers la multiplication des grèves lors des premiers festivals de l’année (Montpellier, Toulouse, Lyon, La Villette, etc.) et des actions coups de poing, façonne elle aussi le climat politique. Sans avoir un poids économique et une place stratégique comparable à ceux des cheminot-e-s, le secteur de la culture, continuum qui regroupe des travailleur-se-s surexploité-e-s jusqu’au milieux artistiques très favorisés, a d’autant plus d’importance symbolique qu’il participait de la base sociale et politique du parti socialiste, cooptée à travers les politiques culturelles après les années 68. Son lien direct avec la population à travers les spectacles donne d’emblée une grosse visibilité à la lutte. Dans la continuité des premières coordinations d’intermittents dans les années 90, puis dans leur résistance à la première grande attaque de leur profession en 2003, dont la convention du 22 avril est un prolongement, mais avec un crescendo dans le degré de politisation, la colère est à la hauteur des promesses non tenues, et une radicalisation politique encore plus poussée d’une frange du mouvement des intermittent-e-s et précaires n’est pas à exclure dans un proche avenir. Par ailleurs sa plasticité, cette visibilité et sa ténacité peuvent faire du mouvement des intermittent-e-s et précaires un catalyseur de radicalité pour des secteurs ouvriers d’avant-garde.
Cette semaine a vu émerger, enfin, des mobilisations de moindre ampleur mais significatives chez GDF, Pôle emploi, les contrôleurs de piste de Roissy, les hospitalier-ère-s ou encore La Poste où deux bureaux parisiens importants sont en mouvement et tissent des liens avec les grévistes du 92, l’un d’eux fêtant son premier mois de grève ce vendredi. Il faut noter qu’il s’agit de secteurs qui se ressemblent : publics ou anciennement publics privatisés ou en cours de privatisation, avec les problématiques du sous-effectif, de la casse des statuts, de la précarité, ainsi que de la destruction du service rendu aux usagers. Il s’agit d’un secteur clé du prolétariat hexagonal, dont la spécificité vis-à-vis du privé, encore très marquée en 1995, a été beaucoup atténuée par deux décennies de libéralisation, ce qui rend plus facile les convergences.
Le gouvernement qui est confronté à ce renouveau des luttes et à cette radicalisation de certaines franges de travailleurs est dans une situation particulière. Le PS a subi deux catastrophes électorales et se dessine toujours plus pour lui un processus de pasokisation (sur le modèle du PS grec, le PASOK, qui s’est effondré comme appareil de domination pour la bourgeoisie grecque après avoir mis en place les mémorandums). Hollande est à 15% d’opinions favorables, et le remaniement n’a pas suffi à rendre plus légitime le gouvernement, Valls chutant à 30% cette semaine. Les européennes signaient, en France comme ailleurs, un saut dans l’effritement du centre politique bourgeois au profit d’une polarisation qui ici s’est exprimée par le gros succès du FN, alors que la crise de décomposition de l’UMP s’ajoute à celle du PS. Néanmoins, la bourgeoisie hexagonale est aux abois et ne peut pas se permettre de perdre du temps dans le calendrier des réformes, ce qui la pousse à imposer une politique de fermeté au gouvernement pour n’ouvrir aucune brèche dans l’agenda.
Sous la pression de la situation, l’aile gauche du PS cherche à se rendre plus audible et des propositions de type gauche plurielle se sont fait jour (ainsi le club des « socialistes affligés »). Cela est venu accentuer les contradictions du Front de Gauche, qui résultent une fois de plus des pressions de droite qui pèsent sur la coalition réformiste. Le PCF répond présent aux appels du pied des parlementaires PS, pendant que Mélenchon refuse de soumettre son projet à leurs aspirations. La solution qu’il porte se situe plutôt sur le terrain d’une gauche réformiste radicale, dont le couple médiatique formé avec O. Besancenot autour du 12 avril pourrait être une préfiguration. L’échec des européennes a néanmoins montré le peu d’espace qui existait désormais pour une telle solution. La vague de grèves actuelles, dans sa reprise des aspirations et thématiques de 1995 dans un contexte bien plus dur et d’affaiblissement des médiations, pose au contraire la nécessité d’une gauche révolutionnaire capable de s’ancrer dans la lutte des classes, de fusionner avec les nouveaux secteurs d’ouvriers radicalisés, et de prendre part aux recompositions nécessaires au sein du mouvement ouvrier, notamment contre une bureaucratie réactionnaire sur toute la ligne.
Vers une remise en cause du Pacte de responsabilité et du dialogue social ?
Par plusieurs de ses caractéristiques, la vague de grèves qui est en cours se place en rupture par rapport à la méthode du « dialogue social » que préconisait Hollande pour faire passer les réformes, après l’essoufflement de la méthode dure tentée par Sarkozy. Et cela pas seulement parce qu’elle démontre que le « dialogue » et les « pactes » sont incapables d’empêcher l’émergence de mobilisations d’ampleur nationale.
Chez les cheminot-e-s, on assiste à une tendance au débordement du cadre imposé par les directions syndicales, c’est à dire celui du dialogue et des négociations entamées il y a plus d’un an. La radicalité des jeunes cheminot-e-s expriment un ras-le-bol des « enfumages » et une volonté de passer à l’action. Sous cette pression, les directions de la CGT et de Sud ont dû bien malgré elles rompre le dialogue (officiel) pendant le temps de la grève, et la direction de la SNCF a signé un accord de fin de conflit...avec les centrales qui ne sont pas engagées dans la grève ! Les intermittent-e-s exigent que le gouvernement n’agrée pas l’accord issu de la concertation des partenaires sociaux le 22 mars, et disposent de l’argument de la paralysie des activités culturelles cet été. Médef et CFDT / FO crient à la mise à mort du dialogue social, jouant sur les contradictions du gouvernement qui aimerait pouvoir être souple avec les intermittent-e-s sans se désavouer.
C’est le Pacte de responsabilité qui est indirectement mis en cause par cette dynamique. Le projet du gouvernement autour de ce pacte était de fixer un agenda de contre-réformes, insuffisantes car trop superficielles, mais à même de fixer les cadres du compromis entre « partenaires » pour les prochains mois. La dynamique de la situation est au contraire à la polarisation sociale, si bien que le patronat laisse échapper des signes de remise en cause, de lui-même, du pacte, et qu’une grosse crise pourrait s’ouvrir à la CFDT, dont le pacte était la démonstration la plus marquante de son rôle dans le paysage syndical hexagonal.
La grève des cheminot-e-s pourrait bien ouvrir un nouveau cycle de luttes à la SNCF et ailleurs
Le poids des bureaucraties syndicales à la SNCF, à commencer par celle de la CGT dont les positions sont toujours plus droitières, rend probable un scenario de reprise du travail relativement rapide. Néanmoins, les contradictions profondes exprimées par la grève vont continuer à s’exprimer, les secteurs de cheminot-e-s qui les ont portées ne sortant pas démoralisées. Une bataille s’achève, mais il ne s’agit que d’une bataille. Les taux de grèves observés tout au long de la grève placent le mouvement dans la série des grosses mobilisations cheminot-e-s de type 1986 ou 1995, et si la CGT n’était pas en train d’organiser la reprise et se positionnait de manière plus radicale, comme elle l’avait fait en 1995, il est très probable que la grève passerait le week-end, et que la radicalisation en cours permette la multiplication des éléments actifs, l’amélioration de l’auto-organisation et de la coordination.
Sans que ce dernier aspect ne soit en rien comparable en terme de niveau de développement à 1986, le mouvement en cours a un point commun avec ce dernier en ce qui concerne les difficultés de la bureaucratie à encadrer le mouvement du fait de la radicalité de secteurs significatifs des grévistes. Le manque de maturité de ces secteurs de la base, ainsi que la faiblesse de l’extrême gauche, n’ont pas permis que cette tendance s’exprime par la positive, en générant des embryons d’auto-organisation. C’est que les conséquences de la période de restauration bourgeoise et d’offensive contre les travailleur-se-s des dernières décennies impriment encore leurs marques sur ce début de recomposition de la classe ouvrière française, à la différence de la subjectivité qui était celle de 1986, encore marquée par les échos, bien que lointains, des années 1968.
Le discrédit du gouvernement et des institutions, le peu d’acquis sectoriels restant à défendre, ou encore le niveau de tension sociale après 7 ans de crise, expliquent certainement en bonne partie cet état d’esprit des secteurs les plus combatifs de la base, qui adoptent souvent une expression très politique, anti-gouvernement ou anti-politiciens. Tout le problème est qu’en l’absence de cadres d’auto-organisation, d’AG participatives et décisionnelles sur la marche de la grève, de participation active des grévistes à la construction du mouvement – vers les autres cheminot-e-s, les autres secteurs, les usagers – cette base radicalisée reste l’instrument des directions, qui cherchent à adopter un discours et des méthodes formellement radicaux pour conserver sa légitimité, tout en refusant toute limitation de son pouvoir sur la conduite des opérations. En ce sens, les expériences communes faites par les cheminot-e-s ce mardi et ce jeudi ne sont pas suffisantes pour empêcher la reprise programmée ce vendredi et ce week-end. L’« AG des AGs » qui s’est tenue jeudi à Paris appelle à la poursuite du mouvement, par la reconduite de la grève là où c’est possible et l’organisation d’une action nationale à Paris mardi prochain, suivie d’une nouvelle AG de coordination. Il faudra voir si cette initiative tardive provoque une dynamique à même d’organiser au moins un petit secteur.
Depuis plusieurs années, Sud a cherché à canaliser la radicalité de la nouvelle génération cheminote, en apparaissant comme le syndicat qui ne négocie pas (alors qu’il passe son temps à la faire), qui ne fait pas de concessions, notamment en médiatisant beaucoup son refus de participer aux discussions sur la libéralisation des TER. Le résultat de ce positionnement réussi est visible au sein de la grève, la base de Sud Rail étant composée des nombreux-ses jeunes cheminot-e-s radicaux qui se sont mis-es à la tête des actions les plus avancées du mouvement. Néanmoins, la politique de Sud tout au long de ce mouvement a été de se positionner sur les questions centrales de la grève comme gauche suiviste de la CGT, ce dont témoigne la similarité des discours en ce qui concerne la stratégie (grève de pression) dans la grande majorité des AGs. L’aile libertaire de Sud Rail n’a pas cherché à être une alternative, et globalement Sud entretient une différence seulement en termes de méthodes de mobilisation. Il faudra voir si ses adhérent-e-s lui feront payer à l’heure des bilans. Dans l’immédiat, des contradictions sont d’ores et déjà apparues à la CGT au sujet des méthodes et des objectifs de la grève. A Austerlitz, les dirigeants de la CGT ont été mis en minorité par les adhérents sur la question de la participation au rassemblement rendu illégal mardi dernier devant l’assemblée (celui-ci a finalement été légalisée et déplacé à Invalides). Il en va de même à St-Lazare sur la question de la fraternisation avec Gare de l’Est ou de la présence des chefs en AG.
Si d’autres batailles sont à prévoir, ce n’est pas seulement parce que les secteurs en pointe du mouvement ne sont pas, jusque là, démoralisés après une première expérience de leur force et de son insuffisance à l’état purement spontané. Le rail est un secteur en crise, qui doit connaître dans un futur proche des restructurations importantes s’il veut répondre aux nécessités de la rentabilité capitaliste. La réforme de 1997, qui a séparé la SNCF de RFF (le gestionnaire du réseau) a poursuivi et amplifié les déséquilibres d’investissements entre le TGV et les trains régionaux ou de banlieue, avec pour conséquence 1) la détérioration progressive d’une part significative du réseau ferré (3000 km sont dans un état inquiétant, forçant les trains à y rouler doucement, et multipliant les accidents) et 2) l’explosion de la dette de la SNCF, qui a été utilisée pour porter (et par son intermédiaire faire porter aux cheminot-e-s) des grands travaux d’aménagement public comme ceux du TGV. Le train est par ailleurs largement concurrencé commercialement par la route et l’aérien, si bien que la dynamique de privatisation implique de réduire drastiquement les coûts de la SNCF pour la rendre concurrentielle. Des attaques encore plus dures sont donc à venir, amplifiée par le retard pris à la SNCF – retard en grande partie dû aux résistances antérieures – dans la restructuration vis à vis d’autre secteurs comme les hôpitaux, la Poste ou l’ESR, et alors que le prolétariat cheminot amorce une nouvelle séquence combative.
Enfin, un fait à noter tient à la faiblesse relative de l’impact de la campagne bourgeoise contre les cheminots tout au long de la grève. Malgré un matraquage permanent et obscène, alliant mensonges sur les avantages matériels acquis par les cheminots et instrumentalisation de la question du bac (finalement, il y a eu moins d’élèves en retard cette année qu’en 2013 !), très peu d’expressions un peu organisées d’hostilité de la part d’usagers ont été recensées. Cela tient aussi à l’absence de projet visant à structurer de telles expressions de la part du FN et de ses réseaux, ce dernier ayant pris position contre la réforme et contre les syndicats « alliés de Bruxelles », expression peut-être la plus aboutie jusque là de son projet politique populiste. Le vice-président du Front national lui même, Florian Philippot, a déclaré mercredi qu’il « comprenait » les cheminots qui protestent contre la réforme ferroviaire, refusant de « criminaliser » leur grève, même si cesser le travail n’est pas « la solution ».
Une solidarité sourde s’est même exprimée au quotidien chez des secteurs de travailleur-se-s qui se reconnaissent dans les cheminot-e-s, et voient leur grève comme le meilleur outil disponible depuis plus de deux ans pour s’opposer à ce gouvernement anti-populaire. Cet élément donne à la grève actuelle un petit air de 1995, bien qu’à une échelle bien plus restreinte. La limite à ce phénomène a tenue en l’absence d’une politique hégémonique de la part des secteurs radicaux des grévistes, qui ne se sont pas dotés d’un programme tourné vers les usagers (prix des billets, sécurité, questions qui permettent de toucher les couches moyennes prenant le train au quotidien), vers les travailleurs du privé (contre la précarité et les plans de compétitivité, dont la réforme ferroviaire est un copier-coller pour le public), ni d’une caisse de grève permettant à la solidarité de s’incarner et de devenir un moyen de la lutte. Cette sympathie au contenu classiste, qui exprime à une échelle de masse les aspirations au « tous ensemble », est un élément subjectif à noter pour comprendre l’état d’esprit actuel de notre classe.
L’émergence, dans la lutte, d’une nouvelle couche d’ouvriers radicalisés : un défi stratégique pour l’extrême gauche révolutionnaire
Une grève de cette ampleur constitue un test acide pour les révolutionnaires. S’y exprime de manière extrêmement intense la contradiction entre les aspirations de la pointe avancée des cheminot-e-s et le programme imposé par la bureaucratie, contradiction qui pourrait déboucher sur l’organisation indépendante des grévistes sous la direction des secteurs les plus radicaux, mais ne le pourrait qu’à travers l’activité décidée, consciente et coordonnée de révolutionnaires organisés. Ici les faiblesses de l’extrême gauche hexagonale sont frappantes, entre LO qui se satisfait de l’occupation d’espaces à gauche de la bureaucratie sans jamais s’affronter à elle et un NPA dont la majorité est trop peu intéressée à l’intervention dans la lutte des classes.
la grève est poussée par l’entrée en scène d’une nouvelle couche d’ouvriers, jeunes, venus des quartiers populaires et ségrégués, avec des caractéristiques distinctes de celles du mouvement ouvrier organisé actuel et qui font leur première expérience de lutte. Nécessairement, ces jeunes cheminot-e-s radicalisé-e-s sont confus politiquement, et ne sont pas à même de constituer spontanément une alternative à la bureaucratie. La responsabilité des révolutionnaire est donc de réussir à fusionner avec eux, à partager avec eux les éléments clés d’un programme hégémonique, en partant de l’opposition à la réforme mais comprenant aussi la réaffirmation du monopole public du rail sous le contrôle des cheminot-e-s et des usagers, la revendication de l’égalisation par le haut des statuts, de l’arrêt de toute suppression d’emploi et flexibilisation (ce qui permet de faire le lien avec les plans de compétitivité dans le privé), de la baisse du prix des billets et d’investissements d’infrastructure et de sécurité. L’enjeu est de réussir à activer le potentiel de ce secteur, à l’organiser pour en faire un élément de recomposition pour le mouvement ouvrier à commencer par le secteur du rail.
De manière très inquiétante, certaines franges de l’extrême-gauche entretiennent une méfiance vis à vis de ce secteur du fait de sa confusion actuelle, qui se traduit notamment par le recours à la Marseillaise comme chant de lutte ou au geste de la quenelle inventé par Dieudonné. Ils y voient l’influence de l’extrême droite sur ce secteur. Ce dernier point constitue, d’une part, une erreur d’analyse : pour bien lutter contre ces références non ouvrières, nous devons comprendre les limites qu’elles expriment : sentiment antisystème confus et aclassiste pour la quenelle, revendication d’appartenance à la « nation » et forte illusion sur la nature de classe de l’Etat pour la Marseillaise. D’autre part cette vision est de nature à paralyser totalement les militants d’extrême gauche vis à vis d’un secteur en pointe d’un grand conflit de classe, et est l’expression de l’hégémonisation d’une bonne part de l’extrême gauche par une conception campiste de type « gauche contre droite », qui reste totalement aveugle aux dynamiques qui traversent notre classe et aux contradictions qu’elles génèrent. On peut prendre l’exemple d’un parti comme le PTS qui a émergé comme force capable d’organiser des secteurs d’avant-garde ouvrière en Argentine, contre le patronat et la bureaucratie, précisément parce qu’il a su fusionner avec une nouvelle couche d’ouvrier-ère-s radicale, jeune, banlieusarde et dans un premier temps éloignée du mouvement ouvrier organisé.
Démocratie ouvrière et ferments d’une recomposition subjective du mouvement ouvrier
Alors qu’une partie de l’extrême-gauche, désarmée face à la radicalité et aux contrastes de cette grève, voit avant tout dans la confusion politique relative qui s’y exprime – notamment chez les secteurs en pointe de la contestation – des éléments supplémentaires d’une décomposition de la conscience de classe, emboitant le pas à la séquence électorale récente, nous y voyons au contraire les ferments d’une recomposition subjective très ouverte : la grève à la SNCF, son ampleur, sa durée, ses limites, constitue une bataille, peut-être la première d’une nouvelle séquence combative après quatre ans de relative apathie. Elle incarne par les possibilités qu’elle a commencé à faire surgir la tâche stratégique qui consiste à préparer une fraction de notre classe à la lutte pour une politique indépendante des travailleur-se-s, contre la bureaucratie et son programme réactionnaire. Cette fraction pourrait bien émerger à partir des secteurs du type de ces jeunes cheminot-e-s qui ont irrigué le mouvement de leur combativité. C’est à cette tâche que les militants révolutionnaires doivent se consacrer pleinement, et de ce point de vue, là défense de la démocratie ouvrière va constituer une de ses priorités fondamentales.
Mais pour que cette recomposition puisse être effective, il faudra non seulement que les couches aujourd’hui radicalisées s’approprient un programme de défense sans concessions de leurs intérêts mais aussi des usager-ère-s et des secteurs opprimé-e-s, mais aussi qu’elles soient en mesure de se doter des moyens organisationnels permettant leur expression indépendante. La lutte pour la démocratie ouvrière apparaît alors comme une tâche stratégique, puisqu’il s’agit de rendre possible l’émergence d’une avant-garde consciente d’elle-même et à même d’entamer les recompositions nécessaires au sein du mouvement ouvrier organisé. Ce sont les assemblées générales qui sont le lieu de la véritable démocratie ouvrière, et qui devraient être les seules souveraines pour décider de la conduite du mouvement. C’est là où chaque gréviste peut exprimer son point de vue, faire des propositions, sans être censuré par avance au prétexte que des divergences seraient nuisibles aux accords préparés en amont par les directions. La préservation à tout prix de l’unité syndicale incarne tout particulièrement le type d’argument au nom duquel la volonté de la base est brimée, étouffée, ou en tous cas canalisée, et finalement anesthésiée, surtout lorsque le défaitisme est simultanément construit et instillé afin qu’en aucun cas les syndicats ne soient réellement débordés, et plus profondément, que les prolétaires ne puissent se radicaliser au point de mettre en péril l’ordre bourgeois dont les bureaucraties sont un rempart structurel.
Quand de jeunes générations de prolétaires peu ou pas politisé-e-s, dynamisé-e-s par la colère et la volonté de combattre, se retrouvent face à des délégués syndicaux rodés à encadrer leurs troupes et à imposer bureaucratiquement leur routine, faute d’expérience propre, de confiance suffisante en leurs propres forces, et de perspectives alternatives, ils leur accordent malgré tout le crédit, et même si c’est en grognant, se plient à leur légitimité apparente. Nombre d’AGs ont ainsi procédé pendant cette grève de la SNCF (à la différence des AGs des intermittents, frange de travailleurs où la bureaucratisation syndicale, quant il y a syndicat, est moins marquée) selon un schéma profondément anti-démocratique conduisant à aligner la spontanéité et la détermination de la base sur les rythmes, qui consistaient à la CGT en l’occurrence à suivre celui du débat parlementaire. On a vu des délégués syndicaux aller jusqu’à s’accaparer purement et simplement le processus de décision en disant aux grévistes qu’ils n’avaient qu’à se syndiquer pour avoir voix au chapitre, ou, plus simplement, à n’organiser des AGs qui étaient pour eux de simples tribunes, sans accès de la base à la parole. Maîtrisant le plus clair du temps l’ensemble du processus de délibération, ceux-ci ont purement et simplement empêché la tenue de véritables comités de grève, c’est-à-dire de cadres d’auto-organisation où les grévistes auraient été en capacité de réellement mener leur propre grève.
Subordonner les syndicats à l’auto-organisation des travailleurs en lutte, voilà le cœur d’une lutte pour une véritable stratégie soviétique (au sens propre du terme « soviet », celui de conseil, d’assemblée ouvrière). Pour les militants révolutionnaires, il est dès maintenant fondamental de soutenir cette auto-organisation en y défendant des perspectives politiques et un programme de revendications clairement en rupture avec les illusions populistes, réformistes ou purement activistes encore parfois prégnantes. C’est à travers elle que de cette jeune et emblématique génération de prolétaires, pourra surgir un nouveau mouvement ouvrier français politiquement conscient de ses intérêts de classe et de ses forces, forces dont les bureaucraties syndicales sont en réalité les premières à savoir l’ampleur et le potentiel explosif, et dont elles veulent à tout prix – même si elles y arrivent de plus en plus difficilement – empêcher qu’elles ne prennent directement en main leur combat.
20/06/2014
Après deux ans de brouillard et de dialogue social pro-patronal, la classe ouvrière revient sur le devant de la scène et commence à se recomposer
Comité de rédaction
Source: http://www.ccr4.org/Vers-une-nouvelle-situation-en-France
Ce vendredi soir, la situation est en train de se clarifier dans le sens d’une dynamique de reprise qui devrait toucher une large majorité de gares et de sites ce week-end. La politique de la CGT, qui dirige et parvient à se subordonner Sud, a été d’indexer la grève sur le débat parlementaire, et de se servir du prétexte des amendements passés par le FdG pour crier victoire et appeler à la reprise.
Toulouse, Lyon Part-Dieu, Lille, Caen, Rennes et d’autres plus petites villes ont repris aujourd’hui, dans le cadre d’un plan en deux étapes : ces fins de grève localisées serviront demain d’argument aux bureaucrates des gares et sites plus combatifs pour justifier la consigne de ne pas reconduire.
Dans le même temps et de manière contradictoire, la manifestation de jeudi à Paris, d’abord contrôlée puis sauvage, a continué de signer l’existence de très fortes aspirations à la convergence, à ce que ça « pête », et une reprise de confiance de secteurs significatifs de notre classe à même d’en entraîner d’autres. La grève des intermittent-e-s se poursuit et pourrait encore se durcir. La reprise à la SNCF se fait sans grosse démoralisation, et une nouvelle génération de cheminot-e-s a fait l’expérience de sa force – et du gaspillage qui consiste à ne pas l’organiser et à la laisser dévier. Tout en restant attentifs aux queues de grèves qui passeront le WE, de même qu’aux mouvements qui touchent d’autres secteurs (GDF, Pôle Emploi, etc.), nous devons avancer dans la compréhension du début de recomposition dont témoigne cette grande grève à la SNCF, et des enjeux que cela pose pour notre classe.
La grève à la SNCF, entrée jeudi dans son 9e jour avec des taux encore hauts chez les conducteurs, conjointement à la radicalisation de la lutte des intermittents mais aussi à un début de multiplication des conflits sectoriels notamment dans les secteurs publics soumis à privatisation /flexibilisation, a d’ores et déjà modifié le climat politique hexagonal. A une polarisation autour du FN dans le cadre électoral, est en train de succéder une autre polarisation, autour d’un secteur ouvrier combatif et sur le terrain de la lutte des classes. Cela ne signifie pas que les tendances fondamentales de la situation (attaques déterminées de la part de la bourgeoisie, exaspération sociale des classes populaires, effritement du centre politique et des médiations réformistes), qui se sont traduites dans les résultats des européennes, aient disparues. Mais la nouveauté est que ces tendances pourraient commencer à s’exprimer dans la prochaine période sous des formes très différentes, dans des coordonnées idéologiques nouvelles, à travers le débouché d’une lutte des classes renouvelée et avec comme fer de lance les secteurs ouvriers les plus combatifs.
La grève à la SNCF et le retour des luttes ouvrières sur la scène politique, sur fond d’extrême faiblesse du gouvernement
La grève en cours à la SNCF est la plus importante depuis 2010, avec des proportions de grévistes chez les cheminot-e-s qui la placent dans la catégorie des grandes mobilisations de type 1986, 1995, 2003, 2007 ou 2010. Si le scénario le plus probable est que la majorité des grévistes reprennent le travail ce week-end, c’est à dire avant le vote de la loi ce mardi, et que le mouvement s’essouffle ensuite, il faut souligner qu’il a pris une ampleur que les directions syndicales CGT cheminots (première force) et SUD-Rail (troisième) n’avait ni souhaitée, ni prévue. Le fait que la grève ait brillamment traversé le week-end dernier, de même que l’activité déployée lors de l’ouverture du débat parlementaire ce mardi, montre que le cadre d’un mouvement de pression qu’elles voulaient imposer a été largement – mais temporairement, et superficiellement – débordé du fait de la colère et de la combativité de la base cheminote.
La radicalisation du mouvement des intermittent-e-s et précaires, de son côté, depuis une dizaine de jours, à travers la multiplication des grèves lors des premiers festivals de l’année (Montpellier, Toulouse, Lyon, La Villette, etc.) et des actions coups de poing, façonne elle aussi le climat politique. Sans avoir un poids économique et une place stratégique comparable à ceux des cheminot-e-s, le secteur de la culture, continuum qui regroupe des travailleur-se-s surexploité-e-s jusqu’au milieux artistiques très favorisés, a d’autant plus d’importance symbolique qu’il participait de la base sociale et politique du parti socialiste, cooptée à travers les politiques culturelles après les années 68. Son lien direct avec la population à travers les spectacles donne d’emblée une grosse visibilité à la lutte. Dans la continuité des premières coordinations d’intermittents dans les années 90, puis dans leur résistance à la première grande attaque de leur profession en 2003, dont la convention du 22 avril est un prolongement, mais avec un crescendo dans le degré de politisation, la colère est à la hauteur des promesses non tenues, et une radicalisation politique encore plus poussée d’une frange du mouvement des intermittent-e-s et précaires n’est pas à exclure dans un proche avenir. Par ailleurs sa plasticité, cette visibilité et sa ténacité peuvent faire du mouvement des intermittent-e-s et précaires un catalyseur de radicalité pour des secteurs ouvriers d’avant-garde.
Cette semaine a vu émerger, enfin, des mobilisations de moindre ampleur mais significatives chez GDF, Pôle emploi, les contrôleurs de piste de Roissy, les hospitalier-ère-s ou encore La Poste où deux bureaux parisiens importants sont en mouvement et tissent des liens avec les grévistes du 92, l’un d’eux fêtant son premier mois de grève ce vendredi. Il faut noter qu’il s’agit de secteurs qui se ressemblent : publics ou anciennement publics privatisés ou en cours de privatisation, avec les problématiques du sous-effectif, de la casse des statuts, de la précarité, ainsi que de la destruction du service rendu aux usagers. Il s’agit d’un secteur clé du prolétariat hexagonal, dont la spécificité vis-à-vis du privé, encore très marquée en 1995, a été beaucoup atténuée par deux décennies de libéralisation, ce qui rend plus facile les convergences.
Le gouvernement qui est confronté à ce renouveau des luttes et à cette radicalisation de certaines franges de travailleurs est dans une situation particulière. Le PS a subi deux catastrophes électorales et se dessine toujours plus pour lui un processus de pasokisation (sur le modèle du PS grec, le PASOK, qui s’est effondré comme appareil de domination pour la bourgeoisie grecque après avoir mis en place les mémorandums). Hollande est à 15% d’opinions favorables, et le remaniement n’a pas suffi à rendre plus légitime le gouvernement, Valls chutant à 30% cette semaine. Les européennes signaient, en France comme ailleurs, un saut dans l’effritement du centre politique bourgeois au profit d’une polarisation qui ici s’est exprimée par le gros succès du FN, alors que la crise de décomposition de l’UMP s’ajoute à celle du PS. Néanmoins, la bourgeoisie hexagonale est aux abois et ne peut pas se permettre de perdre du temps dans le calendrier des réformes, ce qui la pousse à imposer une politique de fermeté au gouvernement pour n’ouvrir aucune brèche dans l’agenda.
Sous la pression de la situation, l’aile gauche du PS cherche à se rendre plus audible et des propositions de type gauche plurielle se sont fait jour (ainsi le club des « socialistes affligés »). Cela est venu accentuer les contradictions du Front de Gauche, qui résultent une fois de plus des pressions de droite qui pèsent sur la coalition réformiste. Le PCF répond présent aux appels du pied des parlementaires PS, pendant que Mélenchon refuse de soumettre son projet à leurs aspirations. La solution qu’il porte se situe plutôt sur le terrain d’une gauche réformiste radicale, dont le couple médiatique formé avec O. Besancenot autour du 12 avril pourrait être une préfiguration. L’échec des européennes a néanmoins montré le peu d’espace qui existait désormais pour une telle solution. La vague de grèves actuelles, dans sa reprise des aspirations et thématiques de 1995 dans un contexte bien plus dur et d’affaiblissement des médiations, pose au contraire la nécessité d’une gauche révolutionnaire capable de s’ancrer dans la lutte des classes, de fusionner avec les nouveaux secteurs d’ouvriers radicalisés, et de prendre part aux recompositions nécessaires au sein du mouvement ouvrier, notamment contre une bureaucratie réactionnaire sur toute la ligne.
Vers une remise en cause du Pacte de responsabilité et du dialogue social ?
Par plusieurs de ses caractéristiques, la vague de grèves qui est en cours se place en rupture par rapport à la méthode du « dialogue social » que préconisait Hollande pour faire passer les réformes, après l’essoufflement de la méthode dure tentée par Sarkozy. Et cela pas seulement parce qu’elle démontre que le « dialogue » et les « pactes » sont incapables d’empêcher l’émergence de mobilisations d’ampleur nationale.
Chez les cheminot-e-s, on assiste à une tendance au débordement du cadre imposé par les directions syndicales, c’est à dire celui du dialogue et des négociations entamées il y a plus d’un an. La radicalité des jeunes cheminot-e-s expriment un ras-le-bol des « enfumages » et une volonté de passer à l’action. Sous cette pression, les directions de la CGT et de Sud ont dû bien malgré elles rompre le dialogue (officiel) pendant le temps de la grève, et la direction de la SNCF a signé un accord de fin de conflit...avec les centrales qui ne sont pas engagées dans la grève ! Les intermittent-e-s exigent que le gouvernement n’agrée pas l’accord issu de la concertation des partenaires sociaux le 22 mars, et disposent de l’argument de la paralysie des activités culturelles cet été. Médef et CFDT / FO crient à la mise à mort du dialogue social, jouant sur les contradictions du gouvernement qui aimerait pouvoir être souple avec les intermittent-e-s sans se désavouer.
C’est le Pacte de responsabilité qui est indirectement mis en cause par cette dynamique. Le projet du gouvernement autour de ce pacte était de fixer un agenda de contre-réformes, insuffisantes car trop superficielles, mais à même de fixer les cadres du compromis entre « partenaires » pour les prochains mois. La dynamique de la situation est au contraire à la polarisation sociale, si bien que le patronat laisse échapper des signes de remise en cause, de lui-même, du pacte, et qu’une grosse crise pourrait s’ouvrir à la CFDT, dont le pacte était la démonstration la plus marquante de son rôle dans le paysage syndical hexagonal.
La grève des cheminot-e-s pourrait bien ouvrir un nouveau cycle de luttes à la SNCF et ailleurs
Le poids des bureaucraties syndicales à la SNCF, à commencer par celle de la CGT dont les positions sont toujours plus droitières, rend probable un scenario de reprise du travail relativement rapide. Néanmoins, les contradictions profondes exprimées par la grève vont continuer à s’exprimer, les secteurs de cheminot-e-s qui les ont portées ne sortant pas démoralisées. Une bataille s’achève, mais il ne s’agit que d’une bataille. Les taux de grèves observés tout au long de la grève placent le mouvement dans la série des grosses mobilisations cheminot-e-s de type 1986 ou 1995, et si la CGT n’était pas en train d’organiser la reprise et se positionnait de manière plus radicale, comme elle l’avait fait en 1995, il est très probable que la grève passerait le week-end, et que la radicalisation en cours permette la multiplication des éléments actifs, l’amélioration de l’auto-organisation et de la coordination.
Sans que ce dernier aspect ne soit en rien comparable en terme de niveau de développement à 1986, le mouvement en cours a un point commun avec ce dernier en ce qui concerne les difficultés de la bureaucratie à encadrer le mouvement du fait de la radicalité de secteurs significatifs des grévistes. Le manque de maturité de ces secteurs de la base, ainsi que la faiblesse de l’extrême gauche, n’ont pas permis que cette tendance s’exprime par la positive, en générant des embryons d’auto-organisation. C’est que les conséquences de la période de restauration bourgeoise et d’offensive contre les travailleur-se-s des dernières décennies impriment encore leurs marques sur ce début de recomposition de la classe ouvrière française, à la différence de la subjectivité qui était celle de 1986, encore marquée par les échos, bien que lointains, des années 1968.
Le discrédit du gouvernement et des institutions, le peu d’acquis sectoriels restant à défendre, ou encore le niveau de tension sociale après 7 ans de crise, expliquent certainement en bonne partie cet état d’esprit des secteurs les plus combatifs de la base, qui adoptent souvent une expression très politique, anti-gouvernement ou anti-politiciens. Tout le problème est qu’en l’absence de cadres d’auto-organisation, d’AG participatives et décisionnelles sur la marche de la grève, de participation active des grévistes à la construction du mouvement – vers les autres cheminot-e-s, les autres secteurs, les usagers – cette base radicalisée reste l’instrument des directions, qui cherchent à adopter un discours et des méthodes formellement radicaux pour conserver sa légitimité, tout en refusant toute limitation de son pouvoir sur la conduite des opérations. En ce sens, les expériences communes faites par les cheminot-e-s ce mardi et ce jeudi ne sont pas suffisantes pour empêcher la reprise programmée ce vendredi et ce week-end. L’« AG des AGs » qui s’est tenue jeudi à Paris appelle à la poursuite du mouvement, par la reconduite de la grève là où c’est possible et l’organisation d’une action nationale à Paris mardi prochain, suivie d’une nouvelle AG de coordination. Il faudra voir si cette initiative tardive provoque une dynamique à même d’organiser au moins un petit secteur.
Depuis plusieurs années, Sud a cherché à canaliser la radicalité de la nouvelle génération cheminote, en apparaissant comme le syndicat qui ne négocie pas (alors qu’il passe son temps à la faire), qui ne fait pas de concessions, notamment en médiatisant beaucoup son refus de participer aux discussions sur la libéralisation des TER. Le résultat de ce positionnement réussi est visible au sein de la grève, la base de Sud Rail étant composée des nombreux-ses jeunes cheminot-e-s radicaux qui se sont mis-es à la tête des actions les plus avancées du mouvement. Néanmoins, la politique de Sud tout au long de ce mouvement a été de se positionner sur les questions centrales de la grève comme gauche suiviste de la CGT, ce dont témoigne la similarité des discours en ce qui concerne la stratégie (grève de pression) dans la grande majorité des AGs. L’aile libertaire de Sud Rail n’a pas cherché à être une alternative, et globalement Sud entretient une différence seulement en termes de méthodes de mobilisation. Il faudra voir si ses adhérent-e-s lui feront payer à l’heure des bilans. Dans l’immédiat, des contradictions sont d’ores et déjà apparues à la CGT au sujet des méthodes et des objectifs de la grève. A Austerlitz, les dirigeants de la CGT ont été mis en minorité par les adhérents sur la question de la participation au rassemblement rendu illégal mardi dernier devant l’assemblée (celui-ci a finalement été légalisée et déplacé à Invalides). Il en va de même à St-Lazare sur la question de la fraternisation avec Gare de l’Est ou de la présence des chefs en AG.
Si d’autres batailles sont à prévoir, ce n’est pas seulement parce que les secteurs en pointe du mouvement ne sont pas, jusque là, démoralisés après une première expérience de leur force et de son insuffisance à l’état purement spontané. Le rail est un secteur en crise, qui doit connaître dans un futur proche des restructurations importantes s’il veut répondre aux nécessités de la rentabilité capitaliste. La réforme de 1997, qui a séparé la SNCF de RFF (le gestionnaire du réseau) a poursuivi et amplifié les déséquilibres d’investissements entre le TGV et les trains régionaux ou de banlieue, avec pour conséquence 1) la détérioration progressive d’une part significative du réseau ferré (3000 km sont dans un état inquiétant, forçant les trains à y rouler doucement, et multipliant les accidents) et 2) l’explosion de la dette de la SNCF, qui a été utilisée pour porter (et par son intermédiaire faire porter aux cheminot-e-s) des grands travaux d’aménagement public comme ceux du TGV. Le train est par ailleurs largement concurrencé commercialement par la route et l’aérien, si bien que la dynamique de privatisation implique de réduire drastiquement les coûts de la SNCF pour la rendre concurrentielle. Des attaques encore plus dures sont donc à venir, amplifiée par le retard pris à la SNCF – retard en grande partie dû aux résistances antérieures – dans la restructuration vis à vis d’autre secteurs comme les hôpitaux, la Poste ou l’ESR, et alors que le prolétariat cheminot amorce une nouvelle séquence combative.
Enfin, un fait à noter tient à la faiblesse relative de l’impact de la campagne bourgeoise contre les cheminots tout au long de la grève. Malgré un matraquage permanent et obscène, alliant mensonges sur les avantages matériels acquis par les cheminots et instrumentalisation de la question du bac (finalement, il y a eu moins d’élèves en retard cette année qu’en 2013 !), très peu d’expressions un peu organisées d’hostilité de la part d’usagers ont été recensées. Cela tient aussi à l’absence de projet visant à structurer de telles expressions de la part du FN et de ses réseaux, ce dernier ayant pris position contre la réforme et contre les syndicats « alliés de Bruxelles », expression peut-être la plus aboutie jusque là de son projet politique populiste. Le vice-président du Front national lui même, Florian Philippot, a déclaré mercredi qu’il « comprenait » les cheminots qui protestent contre la réforme ferroviaire, refusant de « criminaliser » leur grève, même si cesser le travail n’est pas « la solution ».
Une solidarité sourde s’est même exprimée au quotidien chez des secteurs de travailleur-se-s qui se reconnaissent dans les cheminot-e-s, et voient leur grève comme le meilleur outil disponible depuis plus de deux ans pour s’opposer à ce gouvernement anti-populaire. Cet élément donne à la grève actuelle un petit air de 1995, bien qu’à une échelle bien plus restreinte. La limite à ce phénomène a tenue en l’absence d’une politique hégémonique de la part des secteurs radicaux des grévistes, qui ne se sont pas dotés d’un programme tourné vers les usagers (prix des billets, sécurité, questions qui permettent de toucher les couches moyennes prenant le train au quotidien), vers les travailleurs du privé (contre la précarité et les plans de compétitivité, dont la réforme ferroviaire est un copier-coller pour le public), ni d’une caisse de grève permettant à la solidarité de s’incarner et de devenir un moyen de la lutte. Cette sympathie au contenu classiste, qui exprime à une échelle de masse les aspirations au « tous ensemble », est un élément subjectif à noter pour comprendre l’état d’esprit actuel de notre classe.
L’émergence, dans la lutte, d’une nouvelle couche d’ouvriers radicalisés : un défi stratégique pour l’extrême gauche révolutionnaire
Une grève de cette ampleur constitue un test acide pour les révolutionnaires. S’y exprime de manière extrêmement intense la contradiction entre les aspirations de la pointe avancée des cheminot-e-s et le programme imposé par la bureaucratie, contradiction qui pourrait déboucher sur l’organisation indépendante des grévistes sous la direction des secteurs les plus radicaux, mais ne le pourrait qu’à travers l’activité décidée, consciente et coordonnée de révolutionnaires organisés. Ici les faiblesses de l’extrême gauche hexagonale sont frappantes, entre LO qui se satisfait de l’occupation d’espaces à gauche de la bureaucratie sans jamais s’affronter à elle et un NPA dont la majorité est trop peu intéressée à l’intervention dans la lutte des classes.
la grève est poussée par l’entrée en scène d’une nouvelle couche d’ouvriers, jeunes, venus des quartiers populaires et ségrégués, avec des caractéristiques distinctes de celles du mouvement ouvrier organisé actuel et qui font leur première expérience de lutte. Nécessairement, ces jeunes cheminot-e-s radicalisé-e-s sont confus politiquement, et ne sont pas à même de constituer spontanément une alternative à la bureaucratie. La responsabilité des révolutionnaire est donc de réussir à fusionner avec eux, à partager avec eux les éléments clés d’un programme hégémonique, en partant de l’opposition à la réforme mais comprenant aussi la réaffirmation du monopole public du rail sous le contrôle des cheminot-e-s et des usagers, la revendication de l’égalisation par le haut des statuts, de l’arrêt de toute suppression d’emploi et flexibilisation (ce qui permet de faire le lien avec les plans de compétitivité dans le privé), de la baisse du prix des billets et d’investissements d’infrastructure et de sécurité. L’enjeu est de réussir à activer le potentiel de ce secteur, à l’organiser pour en faire un élément de recomposition pour le mouvement ouvrier à commencer par le secteur du rail.
De manière très inquiétante, certaines franges de l’extrême-gauche entretiennent une méfiance vis à vis de ce secteur du fait de sa confusion actuelle, qui se traduit notamment par le recours à la Marseillaise comme chant de lutte ou au geste de la quenelle inventé par Dieudonné. Ils y voient l’influence de l’extrême droite sur ce secteur. Ce dernier point constitue, d’une part, une erreur d’analyse : pour bien lutter contre ces références non ouvrières, nous devons comprendre les limites qu’elles expriment : sentiment antisystème confus et aclassiste pour la quenelle, revendication d’appartenance à la « nation » et forte illusion sur la nature de classe de l’Etat pour la Marseillaise. D’autre part cette vision est de nature à paralyser totalement les militants d’extrême gauche vis à vis d’un secteur en pointe d’un grand conflit de classe, et est l’expression de l’hégémonisation d’une bonne part de l’extrême gauche par une conception campiste de type « gauche contre droite », qui reste totalement aveugle aux dynamiques qui traversent notre classe et aux contradictions qu’elles génèrent. On peut prendre l’exemple d’un parti comme le PTS qui a émergé comme force capable d’organiser des secteurs d’avant-garde ouvrière en Argentine, contre le patronat et la bureaucratie, précisément parce qu’il a su fusionner avec une nouvelle couche d’ouvrier-ère-s radicale, jeune, banlieusarde et dans un premier temps éloignée du mouvement ouvrier organisé.
Démocratie ouvrière et ferments d’une recomposition subjective du mouvement ouvrier
Alors qu’une partie de l’extrême-gauche, désarmée face à la radicalité et aux contrastes de cette grève, voit avant tout dans la confusion politique relative qui s’y exprime – notamment chez les secteurs en pointe de la contestation – des éléments supplémentaires d’une décomposition de la conscience de classe, emboitant le pas à la séquence électorale récente, nous y voyons au contraire les ferments d’une recomposition subjective très ouverte : la grève à la SNCF, son ampleur, sa durée, ses limites, constitue une bataille, peut-être la première d’une nouvelle séquence combative après quatre ans de relative apathie. Elle incarne par les possibilités qu’elle a commencé à faire surgir la tâche stratégique qui consiste à préparer une fraction de notre classe à la lutte pour une politique indépendante des travailleur-se-s, contre la bureaucratie et son programme réactionnaire. Cette fraction pourrait bien émerger à partir des secteurs du type de ces jeunes cheminot-e-s qui ont irrigué le mouvement de leur combativité. C’est à cette tâche que les militants révolutionnaires doivent se consacrer pleinement, et de ce point de vue, là défense de la démocratie ouvrière va constituer une de ses priorités fondamentales.
Mais pour que cette recomposition puisse être effective, il faudra non seulement que les couches aujourd’hui radicalisées s’approprient un programme de défense sans concessions de leurs intérêts mais aussi des usager-ère-s et des secteurs opprimé-e-s, mais aussi qu’elles soient en mesure de se doter des moyens organisationnels permettant leur expression indépendante. La lutte pour la démocratie ouvrière apparaît alors comme une tâche stratégique, puisqu’il s’agit de rendre possible l’émergence d’une avant-garde consciente d’elle-même et à même d’entamer les recompositions nécessaires au sein du mouvement ouvrier organisé. Ce sont les assemblées générales qui sont le lieu de la véritable démocratie ouvrière, et qui devraient être les seules souveraines pour décider de la conduite du mouvement. C’est là où chaque gréviste peut exprimer son point de vue, faire des propositions, sans être censuré par avance au prétexte que des divergences seraient nuisibles aux accords préparés en amont par les directions. La préservation à tout prix de l’unité syndicale incarne tout particulièrement le type d’argument au nom duquel la volonté de la base est brimée, étouffée, ou en tous cas canalisée, et finalement anesthésiée, surtout lorsque le défaitisme est simultanément construit et instillé afin qu’en aucun cas les syndicats ne soient réellement débordés, et plus profondément, que les prolétaires ne puissent se radicaliser au point de mettre en péril l’ordre bourgeois dont les bureaucraties sont un rempart structurel.
Quand de jeunes générations de prolétaires peu ou pas politisé-e-s, dynamisé-e-s par la colère et la volonté de combattre, se retrouvent face à des délégués syndicaux rodés à encadrer leurs troupes et à imposer bureaucratiquement leur routine, faute d’expérience propre, de confiance suffisante en leurs propres forces, et de perspectives alternatives, ils leur accordent malgré tout le crédit, et même si c’est en grognant, se plient à leur légitimité apparente. Nombre d’AGs ont ainsi procédé pendant cette grève de la SNCF (à la différence des AGs des intermittents, frange de travailleurs où la bureaucratisation syndicale, quant il y a syndicat, est moins marquée) selon un schéma profondément anti-démocratique conduisant à aligner la spontanéité et la détermination de la base sur les rythmes, qui consistaient à la CGT en l’occurrence à suivre celui du débat parlementaire. On a vu des délégués syndicaux aller jusqu’à s’accaparer purement et simplement le processus de décision en disant aux grévistes qu’ils n’avaient qu’à se syndiquer pour avoir voix au chapitre, ou, plus simplement, à n’organiser des AGs qui étaient pour eux de simples tribunes, sans accès de la base à la parole. Maîtrisant le plus clair du temps l’ensemble du processus de délibération, ceux-ci ont purement et simplement empêché la tenue de véritables comités de grève, c’est-à-dire de cadres d’auto-organisation où les grévistes auraient été en capacité de réellement mener leur propre grève.
Subordonner les syndicats à l’auto-organisation des travailleurs en lutte, voilà le cœur d’une lutte pour une véritable stratégie soviétique (au sens propre du terme « soviet », celui de conseil, d’assemblée ouvrière). Pour les militants révolutionnaires, il est dès maintenant fondamental de soutenir cette auto-organisation en y défendant des perspectives politiques et un programme de revendications clairement en rupture avec les illusions populistes, réformistes ou purement activistes encore parfois prégnantes. C’est à travers elle que de cette jeune et emblématique génération de prolétaires, pourra surgir un nouveau mouvement ouvrier français politiquement conscient de ses intérêts de classe et de ses forces, forces dont les bureaucraties syndicales sont en réalité les premières à savoir l’ampleur et le potentiel explosif, et dont elles veulent à tout prix – même si elles y arrivent de plus en plus difficilement – empêcher qu’elles ne prennent directement en main leur combat.
20/06/2014
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Re: Résistance au gouvernement bourgeois
Un éclair de lucidité de JLM dans son blog!
Le système n’a pas peur de la gauche ! Le système a peur du peuple. Voilà ce que nous avons appris de la période récente. Et la gauche à construire et à réhabiliter, c’est celle qui est fidèle au peuple et à ses demandes et besoins.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Conférence sociale: la grande arnaque
http://www.npa2009.org/actualite/conference-sociale-la-grande-arnaque
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Résistance au gouvernement bourgeois
"Nous voulons créer un « bouillonnement » d’idées et que les travailleurs prennent en main leurs propres affaires"
Entretien. Nous avons rencontré Olivier Mateu,
secrétaire de l’Union départementale CGT 13,
pour parler d’un intéressant processus de convergence de la gauche sociale et politique...
http://npa2009.org/actualite/nous-voulons-creer-un-bouillonnement-didees-et-que-les-travailleurs-prennent-en-main-leurs
Entretien. Nous avons rencontré Olivier Mateu,
secrétaire de l’Union départementale CGT 13,
pour parler d’un intéressant processus de convergence de la gauche sociale et politique...
http://npa2009.org/actualite/nous-voulons-creer-un-bouillonnement-didees-et-que-les-travailleurs-prennent-en-main-leurs
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
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