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Décès du camarade Aguirre

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Décès du camarade Aguirre Empty Décès du camarade Aguirre

Message  fée clochette Jeu 29 Sep - 18:14

Le camarade Aguirre est décédé aujourd'hui.

http://www.npa2009.org/content/disparition-de-notre-camarade-l%C3%A9once-aguirre

Notre camarade Léonce Aguirre vient d'être brutalement emporté par une méningite foudroyante.
Léonce Aguirre était membre du Comité exécutif et du Conseil politique national du NPA.

C'était un militant inflexible qui a commencé dès le plus jeune âge en Suisse dans les années 1970, à lutter contre toutes les injustices. Installé à Paris en 1976, il a été longtemps dirigeant de la Ligue communiste révolutionnaire et a participé activement à la fondation du NPA pour en faire un parti anticapitaliste large et ouvert.

Aguirre était joyeux et déterminé à la fois. Ses qualités humaines et son enthousiasme militant, même dans les moments difficiles, vont nous manquer.

Nous reviendrons sur son histoire militante plus longuement dans les jours qui viennent.
Nos premières pensées vont aussi évidemment à sa compagne, à ses enfants, à leur mère, à sa famille, à ses amis.

En attendant, nous faisons ce qu'il aurait avant tout aimé que nous fassions, continuer le combat.
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Message  gérard menvussa Ven 30 Sep - 8:54

La camarde tourne beaucoup trop autour de nous ces derniers temps. Aguirre était le modèle même du militant, dévoué, courageux, décidé... Je ne trouve pas les mots pour décrire les sentiments qui m'agitent, puisque Aguirre était aussi un camarade avec lequel je me suis amusé, engueulé (en fait surtout engueulé) Mais c'était la aussi dans les désacords qu'on sentait le mieux sa tolérance (qui voisinait avec une rigueur militante rarement rencontrée à la lcr) et j'espére qu'il nous donnera a tous un modèle de comportement. En tout cas, je vais essayer.
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Message  sylvestre Ven 30 Sep - 10:48

Très triste aussi.
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Message  Marco Pagot Ven 30 Sep - 13:35

En désaccord sur beaucoup, je suis aussi obligé de m'incliner...
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Message  Gauvain Ven 30 Sep - 13:48

gérard menvussa a écrit:La camarde tourne beaucoup trop autour de nous ces derniers temps. Aguirre était le modèle même du militant, dévoué, courageux, décidé... Je ne trouve pas les mots pour décrire les sentiments qui m'agitent, puisque Aguirre était aussi un camarade avec lequel je me suis amusé, engueulé (en fait surtout engueulé) Mais c'était la aussi dans les désacords qu'on sentait le mieux sa tolérance (qui voisinait avec une rigueur militante rarement rencontrée à la lcr) et j'espére qu'il nous donnera a tous un modèle de comportement. En tout cas, je vais essayer.
Pas mieux... Je ne l'ai pas beaucoup connu personnellement, mais je l'ai un peu fréquenté dans quelques réunions, et on sentait que c'était un type sympa, cordial, intelligent et ouvert.
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Message  yannalan Ven 30 Sep - 16:17

C'est marrant,je n'en ai aucun souvenir.C'était quoi son pseudo en 76 ?

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Message  GGrun Ven 30 Sep - 16:32

Léonce Aguirre depuis longtemps surement 1976

Grosse perte pour le NPA et la IV. Il était la cheville ouvrière, rigoureuse et fraternelle des camps de jeunes.

Pensées à ses familles perso et politique.

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Message  tristana Ven 30 Sep - 17:53

Un mec bien, terriblement humain, calme, reposant, sincère et bosseur. Une terrible perte, l'un des meilleurs d'entre nous nous quitte en ces temps tourmentés.
Ton combat continue camarade!
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Message  Gaston Lefranc Sam 1 Oct - 13:08

Déclaration de la Tendance CLAIRE :

Celles et ceux qui ont connu Léonce Aguirre ne peuvent qu’éprouver une grande peine en apprenant sa mort brutale. Léonce était un camarade chaleureux, enthousiaste et passionné. Même dans les discussions les plus virulentes, il se montrait toujours particulièrement attentionné et respectueux de chacun-e. Son souci de la démocratie dépassait les divergences politiques. Les militant-e-s de la Tendance CLAIRE le savent bien : malgré nos désaccords, Léonce a toujours combattu publiquement les mesures visant à nous exclure, avec la détermination et l’ardeur que tout-e-s lui connaissaient. Il va nous manquer.

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Message  gérard menvussa Mer 5 Oct - 20:58

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Message  fée clochette Mer 5 Oct - 21:24

http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-corcuff/031011/marxistes-et-libertaires-hommage-leonce-aguirre

Marxistes et libertaires: hommage à Léonce Aguirre

03 Octobre 2011 Par Philippe Corcuff

Léonce Aguirre 11 février 2011 (photo Michel Soudais)
En hommage à Léonce Aguirre, militant de la LCR, puis du NPA récemment décédé, une contribution sur un de ses sujets de prédilection : les convergences entre marxistes et anarchistes, par-delà les déchirements des XIXème et XXème siècles...


Ce billet d'hommage au regretté Léonce Aguirre (voir aussi le communiqué du NPA et les informations sur l'enterrement et l'hommage politique qui lui sera rendu le mardi 4 octobre 2011 à Montreuil sous bois), tournant autour des débats entre marxistes et libertaires qu'il affectionnait, se décomposera en trois temps : un hommage buissonnier à notre compañero, un article sur les rapports marxistes/libertaires et quelques compléments sur les idées libertaires et le NPA.



I - Hommage buissonnier au compañero Léonce Aguirre



Cher-e-s camarades,



Léonce Aguirre vient de nous quitter. Nous n'étions pas des amis proches, mais nous nous croisions en camarades, avec quelque chose comme une curiosité réciproque vis-à-vis de l'étrange animal que nous avions en face de nous, depuis que je m'étais rapproché de la LCR en décembre 1997.



Chez lui le respect n'interdisait pas la franchise, voire l'appelait. Ainsi dans le dernier courriel privé qu'il m'a envoyé, il tenait à souligner, à l'encontre de ce qu'il appelait l'« anti-intellectualisme primaire » de certains camarades, le caractère « stimulant » de mes travaux de recherche pour le NPA, tout en regrettant narquois le n'importe quoi de mes positionnements récents au sein du NPA. Il faut dire que nos prises de position internes avaient quelque peu bougé depuis le temps où il observait sourcilleux l'entrée à la LCR d'un ancien « social-dém' » comme moi qui aurait pu malencontreusement faire un peu trop pencher la balance « à droite ». Ces derniers temps, il s'inquiétait plutôt avec amusement de mon « gauchisme », davantage soucieux qu'il était d'ouverture et de pragmatisme. Mais les légitimes divergences chez lui, si éloigné des robocops du militantisme, n'annulaient pas l'estime et la convivialité. Á moins de prétendre à des vues quasi-divines sur la supposée nécessité de ce qui devrait arriver historiquement - ce que n'hésitent pas à faire les sectaires et autres dogmatiques les plus athées - ne faisons-nous pas tous au mieux des paris raisonnés en situation d'incertitude à l'aide de nos boussoles éthiques et politiques ? Cela mérite un minimum d'indulgence pour les autres et pour soi face aux erreurs inévitablement commises. Comme la reconnaissance de notre humaine fragilité devant une histoire qui est à faire et qui n'est point écrite par avance dans un quelconque livre (fût-il écrit par Marx, Lénine, Trotsky...ou leurs saints laïcs !). Le dernier courriel d'Aguirre m'invitait alors à privilégier « la création ».



Si nous nous sommes retrouvés il y a quelques mois dans le récent Réseau de réflexions et de pratiques autogestionnaires et libertaires dans le NPA, c'est qu'il a été un des premiers à donner une tonalité libertaire à son engagement trotskyste. C'est ainsi que, le 29 mars 2001, il consacrait une page dans l'hebdomadaire de la LCR, Rouge, à Cronstadt, intitulée : « Le mythe de la "tragique nécessité" ». Et il concluait cet article, iconoclaste et lucide, par un appel à rompre avec une « lecture religieuse de l'histoire, qui esquive les responsabilités, par les choix qu'ils ont faits, du parti bolchevique et de ses principaux dirigeants dans la dégénérescence de la Révolution russe ». N'ayant jamais été trotskyste, mais admirateur depuis de nombreuses années de Rosa Luxemburg, je ne pouvais être insensible à ce trotskysme auto-critique et libertaire.



Internationaliste, hérétique et explorateur, Aguirre le fut aussi sur d'autres terrains, sur lesquels le NPA a peu avancé depuis, et par exemple :



- Il signait l'Appel des Indigènes de la Républiques de janvier 2005, conscient de l‘existence d'une oppression post-coloniale spécifique dans les quartiers populaires, accompagnée d'islamophobie, en interaction avec le capitalisme mais irréductible à lui, à la manière de l'oppression des femmes.



- Il réalisait une page autour de l'économie solidaire et du mouvement coopératif dans le numéro de Rouge du 28 juillet 2005, qui visait une réévaluation de telles initiatives : « si le mouvement coopératif ne saurait se suffire lui-même pour définir une stratégie conséquente de lutte pour le renversement du capitalisme, son apport ne doit pas être sous-estimé ». Sa fréquentation assidue du mouvement altermondialiste lui avait fait mieux comprendre l'importance des expérimentations alternatives ici et maintenant dans la réémergence d'une politique d'émancipation.



Outre ses apports à la réflexion politique, j'ai apprécié à plusieurs occasions un militant doté d'humour et de sensibilité, ce qui n'est pas si courant que cela. Il savait prendre au sérieux le combat pour l'émancipation, sans se prendre lui-même au sérieux. L'inverse des hâbleurs de la révolution en paroles. Quelque chose comme un trotskyste entré chez les Pieds Nickelés ! Rieur, il n'hésitait pas, non plus, à montrer ses émotions. Avec lui la caricature viriliste du révolutionnaire qui croit qu'avant tout être révolutionnaire s'est se blinder et montrer qu'on a « des couilles » s'effondrait. Et si l'ironie, la sensibilité et la fragilité participaient d'une nouvelle éthique révolutionnaire, semblait-il dire et surtout faire ?



Peut-être que les paroles d'Anne Sylvestre dans sa chanson Les gens qui doutent (1977) nous aident alors à le cerner un peu mieux :



« J'aime les gens qui passent

Moitié dans leurs godasses

Et moitié à côté

J'aime leur petite chanson

Même s'ils passent pour des cons... »



Ou encore :



« Ceux qui sont assez poires

Pour que jamais l'Histoire

Leur rende les honneurs

J'aime leur petite chanson

Même s'ils passent pour des cons... »



Pour finir par :



« Qu'on leur dise que l'âme

Fait de plus belles flammes

Que tous ces tristes culs

Et qu'on les remercie

Qu'on leur dise, on leur crie

Merci d'avoir vécu

Merci pour la tendresse

Et tant pis pour vos fesses

Qui ont fait ce qu'elles ont pu... »



Merci Aguirre et ciao compañero !

Un abrazo



Philippe Corcuff

Nîmes, le 2 octobre 2011
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Message  gérard menvussa Jeu 6 Oct - 10:23

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Message  gérard menvussa Jeu 6 Oct - 10:27

Léonce Aguirre
mardi 4 octobre 2011 par Gérard Filoche

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Impossible de se résigner à cette disparition soudaine, terrible, brutale de ce vieil ami, de ce camarade : je vois encore Aguirre, observateur fin, subtil, regarder des réunions tendues du Comité central de la LCR à Guéménée, à Nation ou au Bureau politique à Montreuil. Je le vois plus calme, réfléchi, apaisant ce qui pouvait l’être, mais défendant aussi ses convictions, celles de la majorité de la LCR, pendant tant d’années, avant de commencer à prendre, avec tant d’autres, des distances théoriques et pratiques. C’est le propre de tout militant trotskiste, conscient, honnête comme il l’était, d’avoir du recul, de s’interroger, tout en agissant. Il y avait chez lui, à la fois une détermination et une ouverture avisées.

Il était venu chez moi il y a quelque mois et nous avions donc repris contact, discuté jusque très tard, du passé, du présent, du futur : moi, je parlais encore « front unique » à ma façon entêtée comme depuis quarante ans, lui, cherchait aussi à lui donner contenu en refusant d’adhérer à l’idée de rejoindre le Parti socialiste. Mais nous étions contents tous deux des liens renoués.

Sur le fond, aucun de nous deux, bien sûr, n’a prouvé qu’il avait raison, mais Aguirre a fait partie jusqu’au bout, jusqu’à sa tragique et injuste disparition, du meilleur combat que tout humain puisse mener : pour l’égalité, la fraternité, le socialisme. Il n’y a pas d’autre grande tâche, d’autre aspiration réelle que de résister à ce monde capitaliste impitoyable, inégal et féroce : Aguirre était du bon côté, de la bonne école, opiniâtre, fidèle au but, au salariat, à la recherche de la construction d’un monde meilleur. Pour cela je l’aime et lui rend de tout cœur hommage.

Gérard Filoche, le 4 octobre 2011
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Message  gérard menvussa Jeu 6 Oct - 10:30

Notre ami Léonce Aguirre est mort



par PIR





Aguirre s’en est allé. Une méningite foudroyante l’a emporté. Le destin lui a donné un coup de couteau dans le dos. Militant depuis des décennies, au sein de la LCR puis du NPA, il a consacré sa vie à la cause de l’émancipation et de la justice. Présent notamment sur le terrain des luttes anti-impérialistes et anti-racistes, il avait participé à toutes les mobilisations contre l’interdiction du voile à l’école. Dans le même esprit, il avait signé l’Appel des Indigènes de la république et n’avait jamais hésité à nous donner un coup de main lorsque nous le lui demandions. Nous regrettons en lui un frère de combat, un militant obstiné et efficace, modeste et sincère. Et puis, tout simplement, c’était un mec gentil.

A ses proches et à sa famille, nous tenons à exprimer notre chagrin.

Le Parti des indigènes de la république




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Message  Prado Sam 8 Oct - 10:32

Message envoyé par le MPS (Mouvement pour le socialisme) le 3 octobre 2001 au NPA à l’occasion de la disparition de Léonce Aguirre.

L’annonce du brutal décès du camarade Léonce Aguirre a suscité un choc – voisinant l’incrédulité – parmi les militant·e·s qui l’avaient connu, dès 1968-1969, à Lausanne (Suisse). En effet, c’est dans cette ville qu’il participa, en octobre 1969, à la création de la Ligue marxiste révolutionnaire (LMR), section suisse de la Quatrième Internationale. Une organisation qui rompait avec la quiétude du pays et de sa «paix sociale» quasi érigée en identité nationale.

Mai 1968 – avec sa grève générale – avait résonné en Suisse française dans un secteur significatif de la jeunesse. La Ligue communiste révolutionnaire (LCR), section française de la Quatrième Internationale, y symbolisait la volonté de donner une continuité à cette massive sédition étudiante et ouvrière. De plus, la LCR incarnait la rupture avec le stalinisme. Une rupture ressentie comme essentielle par ceux qui se revendiquaient du socialisme, du communisme et devaient faire face aux funestes contrecoups de l’intervention contre-révolutionnaire de l’URSS en Tchécoslovaquie, en août 1968.

C’est donc dans ce contexte que Léonce Aguirre – initialement proche du Parti communiste (Parti ouvrier populaire), dans la proche banlieue de Lausanne – participa à la création de la LMR et s’y engagea sans réserve, sans restriction.

Alors, les pseudonymes étaient de rigueur. Le sien était Stanislas. Mais tous l’appelaient «Nono». Un diminutif qui renvoyait à son nom de famille, mais qui faisait corps avec sa générosité. Cette dernière soudait la camaraderie quotidienne chez les plus jeunes militants et militantes, comme l’affection chez ceux que l’on peut se risquer à nommer: les aînés. Le caractère mutin, il l’avait pleinement. Et, peut-être, est-ce là l’origine de son nom d’adoption en France: Aguirre.

Il fut de toutes les activités militantes: la distribution régulière des tracts La Brèche sur les entreprises; les mobilisations de soutien à la lutte du peuple vietnamien contre l’intervention militaire des Etats-Unis; celles des jeunes pour l’accès gratuit aux salles de cinéma; l’animation des Cercles étudiants La Brèche; les manifestations devant l’ambassade de Pologne à Berne en décembre 1970, à l’occasion des émeutes de Gdansk; la solidarité avec les travailleurs de LIP en 1973 et la campagne de solidarité avec le peuple chilien suite au coup d’é de Pinochet le 11 septembre 1973.

Son élan militant reposait sur un socle de convictions consolidées par une vive sensibilité à l’injustice sociale et par la volonté de comprendre la réalité socio-économique et politique dans laquelle il agissait.

Comme d’autres militants de Suisse française, il «émigra» politiquement en France et s’intégra, au même titre que divers amis et camarades, à la LCR. Un fort internationalisme complice existait au cours des années 1970. Hubert Krivine et Alain Krivine pourraient en témoigner.

Depuis lors, plusieurs d’entre nous le côtoyèrent à diverses reprises. Par exemple, lors du mouvement social de 1995 où nous avions organisé la solidarité politique, syndicale et matérielle avec les travailleurs d’EDF à Besançon; cette ville dont il avait la responsabilité, durant toute une période, pour la LCR. Nous le rencontrions aussi lors des Forums sociaux ou à l’occasion de conférences données, en Suisse, sur la situation politique en France. Ce qui nous permettait d’engager le débat avec lui. Il avait acquis une expérience politique dans un pays riche de luttes sociales et politiques; et dans la foulée de son engagement, il participa à la création du NPA. La discussion avec lui se menait sur un ton qui ne trompait pas: la reconnaissance mutuelle – liée à une histoire et à des histoires militantes – cadrait avec respect les échanges politiques, au-delà des accords ou des désaccords.

Pour ceux et celles qui l’ont connu dès 1969, sa disparition réveille des souvenirs marqués du sceau de l’émotion, mais aussi d’une volonté de poursuivre un engagement – le sien, le nôtre et celui de ses camarades – qui va bien au-delà de ce qui, aujourd’hui, est considéré comme «un agenda politique» par les médias.

Nous ne terminerons pas ce message et cet hommage par une formule convenue, si courante dans ces occasions. Mais simplement par l’expression de notre affliction et par l’affirmation de toute notre sympathie – au sens premier du terme – pour sa compagne Sophie et ses enfants.

Udry Charles-André pour le Mouvement pour le socialisme (MPS)

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Message  gérard menvussa Dim 9 Oct - 19:49

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Message  gérard menvussa Ven 14 Oct - 17:22

Hommage à Aguirre – 1 – « Aguirre était à la fois ce militant, et ce compagnon bouillonnant, chaleureux, désordonné et très romantique, et ce Suisse protestant empreint de rigueur, de discrétion et de sens du devoir »
ZAFARI Sophie
4 octobre 2011
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Hommage lu lors des obsèques de Léonce Aguirre, le 4 octobre 2011, au cimetière de Montreuil (93).

Il est Daniel pour sa maman ; pour Cynthia, sa dernière compagne, il est aussi Daniel (avec son joli accent luxembourgeois)

Pour moi il est Aguirre

Aguirre fut mon compagnon, mon camarade, un complice pour tous instants de la vie militante, amoureuse, familiale.

Aguirre : je l’ai toujours appelé ainsi, un nom si beau, qu’il s’était choisi à son arrivée en France. Il devait avoir un pseudo car sa situation en France n’était pas très régulière : un sans-papiers suisse.

Aguirre, je l’ai d’abord croisé dans une réunion pour le droit à l’avortement au fin fond du 93.

Il était beau (déjà le plus beau de l’Université de Lausanne selon Cynthia qui le connaissait dès cette époque). Il avait un charme fou avec ses yeux noirs pétillants – et un regard mutin et un peu fou - et son sourire tendre.

En septembre 79, il est mon prof de Ligue ( je décide de m’en rapprocher plus formellement, rentrant enthousiaste du Nicaragua après la révolution sandiniste).

J’ai raconté souvent que la première nuit je m’endormis dans les bras de celui que je pensais être un guérillero latino (Companero Aguirre !) et me suis réveillée dans les bras d’un trotskyste helvète.

Et Aguirre était à la fois ce militant, et ce compagnon bouillonnant, chaleureux, désordonné et très romantique, et ce Suisse protestant empreint de rigueur, de discrétion et de sens du devoir.

Aguirre était doué de gentillesse.

Sa maman dont il disait avec amour « c’est une vieille dame très gentille » lui a légué sa profonde gentillesse.

Elle nous racontait encore ces derniers jours toutes ses frasques et 400 coups militants, dans une Suisse un peu étriquée et trop ordonnée (pour lui) : faire sonner les cloches durant quatre jours, tendre une banderole contre la guerre au Vietnam entre les tours de la cathédrale de Lausanne.

Elle raconte et répète tout cela avec amour et admiration (et rappelle qu’elle couvrait tout cela pour éviter les remontades paternelles).

Son fils unique était bien loin d’elle mais elle admirait son engagement (elle avait même pris un abonnement à Rouge quand il apparaissait sous son vrai nom comme directeur de publication) et recherchait les articles de son fils sous ce nom étrange d’Aguirre

Pour nos deux enfants, Simon et Léa, la vie était bousculée, envahie par tellement de réunions et de manifs mais il était un père chaleureux, attentif, très drôle (des blagues qui revenaient à épisode régulier...).

Il aimait par-dessus tout parler des heures d’eux et encore ces tous derniers temps, quand nous nous réjouissions de fêter leurs anniversaires.

Aguirre était aussi un père inquiet, il craignait de n’avoir pas donné assez de temps, de ne pas s’y être bien pris.

Il était réconforté et même fier que ces enfants soient, comme lui, tout en générosité, en gentillesse, sensibles aux autres. Il appréciait en Simon son approche du monde, il le trouvait toujours exact dans ces raisonnements (même quand Simon, lui n’hésite pas à nous railler sur certains aspects du militantisme).

Il reconnaissait en Léa un engagement bouillonnant comme le sien, son activisme et son sérieux (il avait aimé lutter sur le front de la Sorbonne, avec elle, contre les CRS, pendant le mouvement contre le CPE).

Aguirre aimait jouer avec ses enfants, jouer au foot où il se donnait sans compter, même avec sa démarche bancale, il aimait jouer aux cartes, jusqu’au bout de la nuit avec passion et rigolades.

Il aimait faire du vélo : dévaler les pentes, suer dans les montées.

Aguirre aimait boire et manger et aimait par-dessus tout les terrasses, les bistrots et les restos.

Il se passionnait pour la recherche du resto où nous allions manger ;

il continuait à manger la raclette après que tout le monde ait déclaré forfait.

Il mettait la barre très haut pour être un compagnon, un père et un militant qui cherche (au quotidien) à s’émanciper des règles, de la conformité, de l’ordre : il détestait l’ordre - qui le détestait en retour.

Il était, il faut le dire, bordélique (quel bazar ? disait-il étonné) et les histoires cocasses de clés perdues, de cartes perdues, de documents essentiels. « punaise, c’est diabolique »

ma batterie est déchargée, j’ai oublié mon téléphone, le mail s’est perdu.... « c’est redoutable »

Il chantait faux : rappelez-vous s’il était au micro en fin de meeting et devait lancer l’Internationale : personne ne la reconnaissait.

Il aimait la compagnie des excentriques, de celles et ceux qui refusent de rentrer dans le rang.

Il était pudique, taiseux – notamment sur ses préoccupations, sur ses inquiétudes ; il avait de longs moments de silence. je l’accusais de devoir faire seule les questions et les réponses pour essayer de comprendre ce qu’il ne pouvait pas dire.

Il nous a écrit parfois quand il le fallait.

Il voulait jusque dans ses relations amoureuses, ne pas se conformer et ne pas brider, ne pas subir le diktat du temps, de la routine, des convenances.

Il disait sa tristesse de n’avoir pu poursuivre notre relation qu’il disait singulière ;

nous sommes restés proches, tendres et complices et nous avons poursuivi sous une autre forme notre relation singulière

Cynthia lui a apporté un amour et des joies qui éclairaient sa vie.

Les belles et tendres photos de lui, à ses côtés en Crête, dans le jardin de Bridel en témoignent.

Aguirre était ce camarade et compagnon, précieux, indispensable, un noble cœur.

Il était de bien des combats : féministe pour de vrai, écologiste pour de vrai, contre l’islamophobie et cela fut y compris l’occasion de travailler sur le fond sur toutes ces questions, avec son regard propre. Et je me rappelle aussi de sa fougue pour la défense des droits des enfants (en plein Forum social européen, notamment) ;

C’était pour lui un vrai sujet politique insuffisamment traité dans nos milieux.

Il était souvent déconcertant mais avait une telle force de conviction qu’une idée farfelue devenait lumineuse.

Il donnait sans compter son temps pour les autres, pour assurer des tâches, toutes les tâches : en 90, il me disait mi-rigolard, mi-fatigué : « mais tu comprends à Roto il n’y a que moi qui connais le chemin de la poste » : envoi de courrier, suivi des abo, commissaires aux compte, gardien du trésor de la LCR c’est ce qu’avaient répondu les enfants aux questionnaires scolaires sur la profession du père.

Aguirre était rieur et avait l’autodérision facile, il ne se formalisait pas de mes moqueries : il affectionnait un T-shirt que je lui avais rapporté de Gênes en 2001 :

« je suis en train de travailler dur à préparer ma prochaine erreur ».

Il était respectueux, attentif, sensible, chaleureux, touchant, ce qui tranchait avec le style militant d’extrême gauche.

Il me manque, il nous manque déjà terriblement.

Aguirre, allait à toutes les obsèques, y compris de celles et ceux avec qui il n’avait partagé qu’un verre, une discussion, un moment de vie, des moments qui étaient tous pour lui des moments essentiels fussent-il courts et furtifs.

C’était aussi une de ses façons d’exprimer sa profonde humanité. Cela faisait partie de son engagement.

Selon ses souhaits, il est enterré :

Que la terre te garde bien Daniel, Aguirre, notre papa, notre compagnon, notre camarade, mon cher et tendre Aguirre

Ta chère et tendre Sophie
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Message  gérard menvussa Mar 25 Oct - 18:58

Aguirre : l’itinéraire d’un infatigable militant

6 octobre 2011


Bouleversé comme toute notre génération par l’extraordinaire richesse de mai-juin 1968, Aguirre n’a jamais cessé dès lors son engagement militant. Autant dire que son histoire se mêle étroitement à tous les événements politiques radicaux des années qui nous séparent de cet événement fondateur. Autant dire aussi avec émotion que dans nos souvenirs, nous le voyons à chaque étape, engagé concrètement dans les mobilisations et dans les débats, sans jamais se départir de sa colère contre les possédants et de sa tendresse à l’égard des humbles et des opprimés.

Il adhère à la Ligue marxiste révolutionnaire (LMR) en Suisse au début des années 70, en pleine effervescence mondiale : mobilisations de la jeunesse, grèves générales ou mai rampant, solidarité internationale avec le Vietnam. Tout semble possible alors et Aguirre, participe avec enthousiasme à tous les combats. Radical il l’est et il le restera durant toute sa vie militante notamment sur certains sujets qui lui hérissait le poil : l’école (des flics et des patrons disions-nous en 68), l’intolérance et le racisme, le féminisme, l’écologie.

Il monte à Paris au milieu des années soixante-dix. La France est l’un des pays d’Europe où les espoirs de 68 ont produit le plus de militants dans la IVe internationale à laquelle il appartient. La LCR est alors une organisation dynamique, jeune, ouverte à tous les mouvements sociaux et présente sur tous les fronts.

Il intègre le comité central au début des années 80. C’est une période où les lendemains qui chantent semblent irrémédiablement s’éloigner, tandis que l’Union de la Gauche met en œuvre la rigueur et couvre les plans de licenciements dans la sidérurgie et l’automobile. Aguirre anime à cette époque une tendance (ARA) qui prend ses distances avec le positionnement de la direction, laquelle se bat pour une recomposition politique à gauche de la gauche, et la redéfinition des conditions de construction d’un parti. C’est avec beaucoup de réserves que sa tendance soutiendra la campagne unitaire autour du candidat Juquin aux Présidentielles de 1988.

Il est alors responsable des sociétés de presse de la LCR notamment « La Brèche » et ne compte pas son temps pour développer notre système de presse, participer à la formation des militants et notamment des jeunes dans les camps internationaux. Il travaille également au comité de rédaction de Rouge dès le milieu des années 80.

Deux questions fondamentales le préoccupent dès lors : l’URSS et l’écologie. Il exprime à plusieurs reprises son désaccord avec les positions officielles, concernant l’analyse de l’URSS et des pays de l’Est comme « état ouvriers dégénérés ». Il ira plus loin encore par la suite en revisitant également Cronstadt et en contestant avec virulence la soi-disant « tragique nécessité » de la politique des bolcheviks pendant la révolution Russe.

Il considère également, la question de l’écologie comme fondamentale et à l’époque où la LCR reste sensible essentiellement aux grands mouvements de masse anti-nucléaire (Malville, Plogoff), il défend une conception plus généraliste de l’écologie comme contestation d’ensemble du système et fait la promotion de mobilisations comme celle en défense de la Loire fleuve sauvage.

Au début des années 90, il est cofondateur de la tendance Révolution ! qui défend la construction d’un parti révolutionnaire, contre ce qu’il considère comme les dérives de la direction dans le prolongement de la politique d’ouverture, la politique de l’alternative et de la recomposition Cette tendance défendra notamment l’alliance avec Lutte Ouvrière.

Il est cependant favorable à la construction naissante de syndicats lutte de classe issus des exclusions perpétrées par la direction recentrée de la CFDT, dès 1988 (naissance de SUD PTT et du CRC Santé sociaux), puis plus tard en 1995, par la FEN (création de la FSU). Ce renouveau syndical qui définit un autre rapport aux salariés, favorise l’auto-organisation, et met en œuvre directement son orientation, favorisera l’incroyable richesse et la force de mobilisation des grèves de novembre et décembre 1995. Le mouvement social se réinvite dans le paysage politique et percute alors les débats dans la LCR. Ses militants, très investis dans ce renouveau syndical, y jouent un rôle important.

C’est dans ce cadre politique et social profondément modifié qu’en 1998-99, Aguirre joue un rôle central pour la mise en place d’une nouvelle majorité dans la LCR, qui aboutira à la promotion de listes communes avec Lutte ouvrière pour les élections européennes, et permettra d’atteindre les 5% nécessaires, pour avoir pour la première fois, cinq élus, dont deux pour la LCR.

La place d’une contestation radicalement à gauche ne cesse alors de s’agrandir : grève générale de 1995, recomposition syndicale accélérée autour de la FSU, des SUD et de l’opposition CFDT, victoire de Jospin aux législatives de 1997 avec trahison immédiates de ses engagements (privatisation de France Télécom et d’Air France deux mois après son élection). La présidentielle de 2002 avec la candidature de Besancenot, son score qui dépasse celui du PCF, l’échec cuisant des socialistes et la mobilisation populaire contre Le Pen, feront le reste.

Seattle, Gênes, Porto Allegre, le mouvement altermondialiste commence alors et Aguirre s’y engage résolument, considérant ces nouvelles formes d’internationalisme, comme facteurs fondamentaux de renouveau de la vie politique, avec nouvelle génération et nouvelles formes d’organisation. Forums sociaux mondiaux et européens (Florence-Paris-Londres-Athènes), Aguirre ne ménage pas sa peine et participe souvent, pour la LCR, aux AG préparatoires qui se tiennent dans toutes les villes d’Europe, n’oubliant jamais de réunir durant un repas les camarades de la IV présents.

La campagne unitaire contre le Traité européen en 2005 en France et son succès, le convainquent qu’il y a bien place pour une bataille unitaire de tous ceux qui ne renoncent pas au combat anticapitaliste et se situent résolument contre toutes les dérives social-libérales. Ainsi s’engage t-il à fond dans le développement des comités unitaires anti-libéraux, se bat-il pour une candidature unitaire aux Présidentielles de 2007. Il rebondira tout naturellement l’année suivante en faveur de la construction d’un nouveau parti. Au sein du NPA il défendra jusqu’au bout des positions unitaires. Animateur de la position 3 lors du premier congrès du NPA, de la position B au cours de la dernière Conférence nationale de juin dernier, il n’a cessé de se battre ces derniers mois pour éviter ce qu’il pressentait comme une catastrophe : la perte de l’héritage, d’un courant original, issu de 68, ayant traversé tous les orages et toutes les tempêtes.

Hélène Adam
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