Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?
4 participants
Page 1 sur 1
Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?
Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?
Par Partigiano :: 08/07/2010 à 12:08 :: Textes divers
Les militants révolutionnaires prolétariens ont deux gros boulets à affronter : la bourgeoisie, et les appareils politiques et syndicaux issus du réformisme social-démocrate et du stalinisme. La tâche est particulièrement rude face à ces derniers car ils s’affichent comme des représentants de la classe laborieuse. De plus ils jouissent encore d’une certaine confiance aveugle de beaucoup de travailleurs.
Les militants qui veulent pousser les masses à la révolution prolétarienne mondiale se heurtent à la collaboration de classe des centrales syndicales. La Charte d’Amiens fait désormais parti des archives tabous de la CGT :
« Le Congrès confédéral d'Amiens confirme l'article 2, constitutif de la CGT : " La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat ". Le Congrès considère que cette déclaration est une reconnaissance de la lutte de classe, qui oppose sur le terrain économique, les travailleurs en révolte contre toutes les formes d'exploitation et d'oppression, tant matérielles que morales, mises en œuvre par la classe capitaliste contre la classe ouvrière. » XVe Congrès national corporatif - IXe de la CGT - Amiens, 8-16 octobre 1906.
Les syndicats sont désormais des intermédiaires entre le salariat et le patronat. Les délégués syndicaux sont les négociateurs de la condition ouvrière. Les récupérations par les IIème et IIIème Internationales tout au long du 20ème siècle ont complètement bureaucratisé le fonctionnement et les programmes syndicaux. La perspective révolutionnaire a été remplacée par une adaptation aux conditions d’exploitations capitalistes.
Les centrales syndicales emploient des centaines de salariés, qu’on appelle communément permanent, délégués ou trésoriers. Les syndicats sont de véritables entreprises. Et le but d’une entreprise est de prospérer et non de s’auto-dissoudre à cause d’une révolution victorieuse pour le prolétariat. Les syndicats ont un pouvoir énorme sur les travailleurs. Si ils appelaient à la grève générale demain, beaucoup de mes camarades descendrait dans la rue avec la rage. Mais tel n’est pas leur objectif. Ils ont leurs places bien au chaud et le jeu de la négociation avec les patrons et l’Etat les valorisent dans leurs actions. Ils sont donc cloitrés dans le cadre de la société de classe et du capitalisme.
Il existe donc une différence entre la classe ouvrière et les syndicats. La classe ouvrière doit regarder au-delà du capitalisme, tandis que le syndicalisme est entièrement confiné dans les limites du système capitaliste. Le syndicalisme ne peut représenter qu’une part, nécessaire mais infime, de la lutte des classes. En se développant, il doit nécessairement entrer en conflit avec la classe ouvrière, qui, elle, veut aller plus loin. Anton Pannekoek, Le syndicalisme, 1936.
Dans l’analyse des syndicats, il existe une forme de compréhension abstraite qui associe leurs caractéristiques aux attributs qu’ils avaient lors de la création au siècle dernier. Dans cette interprétation, les syndicats sont considérés séparément de leur processus d’évolution. Ils sont considérés seulement comme des outils défensifs pour les travailleurs dans la défense de leur niveau de vie, de leur situation économique et dans leurs conditions de travail. Pourtant, toute analyse des syndicats doit prendre en considération les points suivants :
- L’évolution historique des syndicats en sections ouvrières des partis bourgeois sociaux-démocrates et réformistes.
- L’évolution d’une bureaucratie conservatrice dans les syndicats et le contrôle des travailleurs par le biais de cette bureaucratie.
- L’installation des syndicats au sein des structures dirigeantes de la bourgeoisie en Europe comme organes pour contrôler les protestations ouvrières, pour prévenir la radicalisation des travailleurs, pour imposer des compromis dans les négociations collectives, pour les assujettir aux mesures d’austérité, à la hausse du chômage et ainsi de suite.
- Dans les périodes révolutionnaires, les syndicats se confrontent aux organisations radicales des travailleurs, comme les conseils et les comités d’usine, particulièrement sous le prétexte d’être les représentants exclusifs et « indépendants » de la classe en ce qui concerne les questions économiques et sociales. De toutes les organisations de travailleurs, dans les périodes révolutionnaires, les syndicats sont du côté de la faction conservatrice (…) Mansoor Hekmat, Conseils ouvriers et syndicats, 1986.
A l’échelle nationale
Les confédérations syndicales sont dirigées par des anciens travailleurs qui sont devenus des gros traitres. Elles ne cessent d’appeler au calme et à la négociation avec leurs homologues du patronat et l’Etat. Elles sont clairement conservatrices et deviennent par conséquent des ennemies de classe pour tous les militants qui aspirent à la révolution.
En tant qu'organisation des couches supérieures du prolétariat, les syndicats, comme en témoigne toute l'expérience historique, y compris l'expérience toute fraîche des syndicats anarcho-syndicalistes d'Espagne, développent de puissantes tendances à la conciliation avec le régime démocratique bourgeois. Dans les périodes de luttes de classes aiguës, les appareils dirigeants des syndicats s'efforcent de se rendre maîtres du mouvement des masses pour le neutraliser. Cela se produit déjà lors de simples grèves, surtout lors des grèves de masse avec occupation des usines, qui ébranlent les principes de la propriété bourgeoise. En temps de guerre ou de révolution, quand la situation de la bourgeoisie devient particulièrement difficile, les dirigeants syndicaux deviennent ordinairement des ministres bourgeois. Léon Trotsky, Programme de transition, Les syndicats dans l'époque de transition, 1938.
Les fonctionnaires syndicaux, du fait de la spécialisation de leur activité professionnelle ainsi que de la mesquinerie de leur horizon, résultat du morcellement des luttes économiques en périodes de calme, deviennent les victimes du bureaucratisme et d'une certaine étroitesse de vues. Ces deux défauts se manifestent dans des tendances diverses qui peuvent devenir tout à fait fatales à l'avenir du mouvement syndical. Rosa Luxemburg : Grève de masse, parti et syndicat, VIII, 1906.
Dans l’entreprise
Les sections syndicales au sein des lieux d’exploitation peuvent être dirigées par des permanents ou des semi-permanents appartenant et influencés par diverses chapelles réformistes ou staliniennes. Certains collègues syndicalistes sont sûrement sincères dans leur volonté d’émanciper les prolétaires du joug capitaliste mais ils ne représentent pas la majorité des adhérents de la section. Les ordres, les outils de propagande et les positions politiques viennent des condéfédérations. Les sections qui veulent faire remonter un point de vue différent sont marginalisées voir exclues.
Les prolétaires peuvent obtenir certaines victoires ponctuelles face à leur patron. Ce n’est pas négligeable car ce sont souvent des périodes de conflit qui régénèrent la solidarité et la conscience de classe entre les collègues. Il faut cependant veiller à ne pas se faire freiner par les sbires peureux aux ordres des confédérations. Les travailleurs en lutte doivent décider par eux-mêmes et pour eux dans des comités de lutte autonomes. Attention aux délégués syndicaux qui vont jouer le jeu du soutien dans un premier temps pour mieux récupérer le mouvement pour ensuite l’endormir et l’anéantir dans des compromis.
Les prolétaires conscients et déterminés doivent toujours penser à la révolution comme objectif primaire à atteindre. Il est certain que chaque conflit dans une entreprise n’amène pas à la révolution mais la propagande faite aux collègues doit aller dans le sens de la remise en cause du système économique capitaliste et du pouvoir politique. Je pense que l’heure n’est plus aux négociations avec la bourgeoisie. Elle nous lamine de tous les côtés. L’heure est à l’affrontement classe contre classe. Et pour l’instant ce sont les bourgeois qui marquent des points.
Que faire ? Quelques idées à développer
Les syndicats sont pourris ; ils peuvent au mieux nous aider pour des luttes locales, ponctuelles et individuelles au Conseil des Prudhommes. Les prolétaires conscients et déterminés (certains peuvent être des syndiqués) doivent se rassembler en groupe autonome et informel sur leurs lieux d’exploitation. Pour arriver à cela, les premières actions doivent être la propagande subversive envers les collègues au quotidien (par exemple la dénonciation des méthodes et de la politique conservatrice des confédérations syndicales) ; et la radicalisation des assemblées générales face à la mollesse syndicale afin de déclencher des réactions chez les collègues.
Biensûr, il faut toujours agir en groupe, ne jamais ouvrir sa gueule tout seul. Les prolétaires qui agiront dans ce sens seront « grillés » par leurs collègues mais aussi par la hiérarchie et les syndicats. Veillez toujours à faire votre travail correctement pour éviter tout reproche ou angle d’attaque de la part des supérieurs. Les syndicats vont réagir de plusieurs façons, soit ils vont « gauchir » leurs discours sous la pression, soit ils vont essayer d’intimider par des pressions et des menaces ; soit les deux possibilités selon le poids des syndicats dans l’entreprise et l’état des luttes en cours.
Le groupe autonome devra faire bloc face aux basses menaces. Plus on montrera de la détermination, plus ils auront peur.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?
Les syndicats sont pourris ; ils peuvent au mieux nous aider pour des luttes locales, ponctuelles et individuelles au Conseil des Prudhommes. Les prolétaires conscients et déterminés (certains peuvent être des syndiqués) doivent se rassembler en groupe autonome et informel sur leurs lieux d’exploitation. Pour arriver à cela, les premières actions doivent être la propagande subversive envers les collègues au quotidien (par exemple la dénonciation des méthodes et de la politique conservatrice des confédérations syndicales) ; et la radicalisation des assemblées générales face à la mollesse syndicale afin de déclencher des réactions chez les collègues.
Biensûr, il faut toujours agir en groupe, ne jamais ouvrir sa gueule tout seul. Les prolétaires qui agiront dans ce sens seront « grillés » par leurs collègues mais aussi par la hiérarchie et les syndicats. Veillez toujours à faire votre travail correctement pour éviter tout reproche ou angle d’attaque de la part des supérieurs. Les syndicats vont réagir de plusieurs façons, soit ils vont « gauchir » leurs discours sous la pression, soit ils vont essayer d’intimider par des pressions et des menaces ; soit les deux possibilités selon le poids des syndicats dans l’entreprise et l’état des luttes en cours.
Le groupe autonome devra faire bloc face aux basses menaces. Plus on montrera de la détermination, plus ils auront peur.
Concretement que propose tu de plus interessant que ce qui existe deja.
ulm- Messages : 385
Date d'inscription : 15/07/2010
Re: Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?
C'est pas à Nico qu'il faut poser la question, mais à l'auteur du texte (un certain Rémi si j'en crois le blog en lien).ulm a écrit:Concretement que propose tu de plus interessant que ce qui existe deja.
D'ailleurs il répond déjà à ta question dans le dernier paragaphe de l'article.
Même si je pense que c'est une connerie : il ne suffit pas de créer des "groupes autonomes et informels" pour mettre la pression sur les centrales syndicales. Et il est bien plus intéressant de s'en prendre à son patron qu'aux bureaucrates syndicaux. C'est dans l'action que les travailleurs peuvent déborder les bureaucrates syndicaux et que les mots d'ordres des révolutionnaires peuvent peser.
Sans oublier que la structure "syndicat" est avant tout un outil de lutte, qui utilise un certain nombre de droits acquis de haute lutte pour pouvoir fonctionner (notamment faire de la propagande sur le lieu de travail) et défendre les travailleurs au quotidien. Se couper de l'outil syndical, c'est simplement perdre toute efficacité pour lutter concrètement sur son lieu de travail.
Duzgun- Messages : 1629
Date d'inscription : 27/06/2010
Re: Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?
on sent dans ce texte l' influence des conseils ouvriers et de Pannekooks. La difference avec 2010 est la disparition de la conscience de classe dans le proletariat. Pannekooks pensait s' appuyer sur la fraction la plus consciente des ouvriers dans une societe ultra politisé. Aujourd' hui la tache n' est pas de s' attaquer aux syndicats, nous n' en avons pas la force mais de repolitiser la classe ouvriere la ou elle est y compris dans les syndicats. Sinon Duzgun je suis d' accord avec toi pour ça
Et il est bien plus intéressant de s'en prendre à son patron qu'aux bureaucrates syndicaux. C'est dans l'action que les travailleurs peuvent déborder les bureaucrates syndicaux et que les mots d'ordres des révolutionnaires peuvent peser.
Sans oublier que la structure "syndicat" est avant tout un outil de lutte, qui utilise un certain nombre de droits acquis de haute lutte pour pouvoir fonctionner (notamment faire de la propagande sur le lieu de travail) et défendre les travailleurs au quotidien. Se couper de l'outil syndical, c'est simplement perdre toute efficacité pour lutter concrètement sur son lieu de travail
ulm- Messages : 385
Date d'inscription : 15/07/2010
Reconstruire la confiance de classe
Par Sébastien Langlois
http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=645
http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=645
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Sujets similaires
» Lutte ouvrière
» Quelle stratégie pour la gauche de la gauche ?
» Quelle organisation ? Quelle forme ?
» Grèce
» Où va la crise ?
» Quelle stratégie pour la gauche de la gauche ?
» Quelle organisation ? Quelle forme ?
» Grèce
» Où va la crise ?
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum