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bilan du stalinisme

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Message  Duroc Michel Ven 27 Mai - 9:17

Charles Durieux a écrit:C'est tout à fait stupéfiant ces forums staliniens ont y trouve même des vidéos réhabilitant Staline

http://humaniterouge.alloforum.com/conferences-video-t3164-1.html

le lien est http://editions-proletariennes.org/Histoire/dvd/videos/videos.htm


Ce qui est stupéfiant Charles Durieux, c'est la façon très très simpliste de réduire ces forums en termes "staliniens, stalinoïdes".
Pour ce qui est des vidéos de Ludo Martens ou de Maria Mc Gavigan, j'aimerai plutôt avoir des arguments précis.

Duroc Michel

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Message  Invité Ven 27 Mai - 9:30

Staline comme Hitler étaient de braves types, ils avaient de jolis sourires.
Ludo Materns, "ex"-nationaliste flamand et maoiste est bien connu pour être un type sympa.
Le PTB : à bas le méchant capitalisme sauvage et vive le taf !

Si c'est ce que tu veux entendre...

A quand une conférence sur "Les mérites de Hitler" ?

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Message  Charles Durieux Ven 27 Mai - 11:12

gnl intellect a écrit:Staline comme Hitler étaient de braves types, ils avaient de jolis sourires.
Ludo Materns, "ex"-nationaliste flamand et maoiste est bien connu pour être un type sympa.
Le PTB : à bas le méchant capitalisme sauvage et vive le taf !

Si c'est ce que tu veux entendre...

A quand une conférence sur "Les mérites de Hitler" ?

Là je ne te suis pas gnl intellect car autant je ne suis pas stalinien (ce qui semble être le cas de Duroc), autant ton argumentaire mettant Hitler et Staline sur le même plan, relève de l'amalgame complet.

Charles Durieux

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Message  Duroc Michel Ven 27 Mai - 14:55

Charles Durieux a écrit:
gnl intellect a écrit:Staline comme Hitler étaient de braves types, ils avaient de jolis sourires.
Ludo Materns, "ex"-nationaliste flamand et maoiste est bien connu pour être un type sympa.
Le PTB : à bas le méchant capitalisme sauvage et vive le taf !

Si c'est ce que tu veux entendre...

A quand une conférence sur "Les mérites de Hitler" ?

Là je ne te suis pas gnl intellect car autant je ne suis pas stalinien (ce qui semble être le cas de Duroc), autant ton argumentaire mettant Hitler et Staline sur le même plan, relève de l'amalgame complet.

Pourtant c'est bien cet amalgame et ce glissement vers une banalisation du fascisme qui est le lot commun de tous ceux qui se serve du masque de l'antistalinisme.

Duroc Michel

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Message  Duroc Michel Ven 27 Mai - 15:04

gnl intellect a écrit:Staline comme Hitler étaient de braves types, ils avaient de jolis sourires.
Ludo Materns, "ex"-nationaliste flamand et maoiste est bien connu pour être un type sympa.
Le PTB : à bas le méchant capitalisme sauvage et vive le taf !

Si c'est ce que tu veux entendre...

A quand une conférence sur "Les mérites de Hitler" ?

Tu donnes dans la provocation facile, ridicule et totalement gratuite. L'amalgame que tu fais est généralement fait par l'extrême-droite qui depuis des années développe intentionnellement ce genre de propos. Il s'agit pour tous les anticommunistes de réécrire l'histoire en déformant systématiquement le rôle de l'URSS et de Staline.

Duroc Michel

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Message  Vérosa_2 Ven 27 Mai - 15:57

Je saisis assez mal l'intérêt de ce fil de discussion...

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Message  sylvestre Ven 27 Mai - 16:01

Effectivement c'est sans intérêt - à certains égards stalinisme et nazisme étaient des "étoiles jumelles" pour reprendre l'expression de Trotsky - à d'autres points de vue, les deux situations n'avaient pas grand choses à voir.
A quels points de vue, là est la question.

Une idée intéressante entendue récemment : on dit souvent que nous sommes encore menacés par la résurgence du stalinisme (en cas de révolution victorieuse) ou du fascisme. Mais si l'on comprend le stalinisme comme la dégénérescence d'un état ouvrier arriéré et encerclé par le monde capitaliste, et le fascisme comme le visage extrême de l'impérialisme, on comprend qu'au moins dans nos pays la menace du fascisme est toujours bien présente, mais celle du stalinisme n'est guère qu'un épouvantail.
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Message  Invité Ven 27 Mai - 22:12

@ Charles Durieux & Duroc Michel :

Si une valse des étiquettes vous enchante, régalez vous ! Révisionnisme, extrême-droite, amalgame, relativisme, "provocation", blablabla... J'ai pas à défendre ni à trouver des mérites à ces moustachus, j'ai pas à être indulgent envers des responsables de dizaines de millions d'exploités, enfournés, gazés, hachés, désossés, gelés, fondus, enterrés vivants, torturés, exilés...

Et c'est pas moi qui écrit des livres du genre "Staline mon copain", donc pour ce genre d'argumentaires réécrivant l'histoire adressez-vous aux experts du PTB.

Au royaume des pourritures historiques du XXe siècle Hitler et Staline sont rois, c'est tout ce que j'avais à dire.

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Message  Duroc Michel Sam 28 Mai - 7:35

Vérosa_2 a écrit:Je saisis assez mal l'intérêt de ce fil de discussion...

Si c'est pour remâcher les sempiternelles lieux communs concernant le "stalinisme" effectivement cela n'a aucun intérêt.
Par contre pour moi l'analyse, l'étude des expériences révolutionnaires dans le monde, ses victoire et ses échecs c'est importants. De ce point de vue les vidéos du PTB donnent des éléments intéressants qu'ils faut discuter.

Duroc Michel

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Message  Duroc Michel Sam 28 Mai - 7:48

gnl intellect a écrit:@ Charles Durieux & Duroc Michel :

Si une valse des étiquettes vous enchante, régalez vous ! Révisionnisme, extrême-droite, amalgame, relativisme, "provocation", blablabla... J'ai pas à défendre ni à trouver des mérites à ces moustachus, j'ai pas à être indulgent envers des responsables de dizaines de millions d'exploités, enfournés, gazés, hachés, désossés, gelés, fondus, enterrés vivants, torturés, exilés...

Et c'est pas moi qui écrit des livres du genre "Staline mon copain", donc pour ce genre d'argumentaires réécrivant l'histoire adressez-vous aux experts du PTB.

Au royaume des pourritures historiques du XXe siècle Hitler et Staline sont rois, c'est tout ce que j'avais à dire.

C'est le discours classique, admis et enseigné notamment en France que tu étales ici. Seulement ce discours n'était tenu il y a une trentaine d'années que par l'extrême droite et les fascistes. L'amalgame Hitler Staline n'est qu'un rideau de fumée permettant la banalisation du nazisme.
Sur le fond gnl intellect, tu ne dis absolument rien et tu ne donnes aucun argument sérieux.

Duroc Michel

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Message  Duroc Michel Sam 28 Mai - 7:56

sylvestre a écrit:Effectivement c'est sans intérêt - à certains égards stalinisme et nazisme étaient des "étoiles jumelles" pour reprendre l'expression de Trotsky - à d'autres points de vue, les deux situations n'avaient pas grand choses à voir.
A quels points de vue, là est la question.

Une idée intéressante entendue récemment : on dit souvent que nous sommes encore menacés par la résurgence du stalinisme (en cas de révolution victorieuse) ou du fascisme. Mais si l'on comprend le stalinisme comme la dégénérescence d'un état ouvrier arriéré et encerclé par le monde capitaliste, et le fascisme comme le visage extrême de l'impérialisme, on comprend qu'au moins dans nos pays la menace du fascisme est toujours bien présente, mais celle du stalinisme n'est guère qu'un épouvantail.

Je suis en désaccord avec l'expression de Trotski "étoiles jumelles". Je ne reprend pas non plus l'expression "stalinisme" sorte de fourre-tout bien pratique. Pour ce qui est de Trotski, Ludo Martens dans la vidéo "Trotski, l'URSS et le Mouvement Communiste International" avance des arguments très précis.

Duroc Michel

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Message  Charles Durieux Sam 28 Mai - 10:26

gnl intellect a écrit:@ Charles Durieux & Duroc Michel :

Si une valse des étiquettes vous enchante, régalez vous ! Révisionnisme, extrême-droite, amalgame, relativisme, "provocation", blablabla... J'ai pas à défendre ni à trouver des mérites à ces moustachus, j'ai pas à être indulgent envers des responsables de dizaines de millions d'exploités, enfournés, gazés, hachés, désossés, gelés, fondus, enterrés vivants, torturés, exilés....

Hola, hola !!! pourquoi tu fais l'amalgame entre moi et Duroc ??? Tu dois avoir des problèmes de compréhension.

gnl intellect a écrit:Et c'est pas moi qui écrit des livres du genre "Staline mon copain", donc pour ce genre d'argumentaires réécrivant l'histoire adressez-vous aux experts du PTB.

Au royaume des pourritures historiques du XXe siècle Hitler et Staline sont rois, c'est tout ce que j'avais à dire.

A aucun moment je ne t'ai parlé de livre du genre "Staline mon copain" ? Ton argument est stupide.

Charles Durieux

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Message  Invité Sam 28 Mai - 16:43

Duroc Michel a écrit:
gnl intellect a écrit:@ Charles Durieux & Duroc Michel :

Si une valse des étiquettes vous enchante, régalez vous ! Révisionnisme, extrême-droite, amalgame, relativisme, "provocation", blablabla... J'ai pas à défendre ni à trouver des mérites à ces moustachus, j'ai pas à être indulgent envers des responsables de dizaines de millions d'exploités, enfournés, gazés, hachés, désossés, gelés, fondus, enterrés vivants, torturés, exilés...

Et c'est pas moi qui écrit des livres du genre "Staline mon copain", donc pour ce genre d'argumentaires réécrivant l'histoire adressez-vous aux experts du PTB.

Au royaume des pourritures historiques du XXe siècle Hitler et Staline sont rois, c'est tout ce que j'avais à dire.

C'est le discours classique, admis et enseigné notamment en France que tu étales ici. Seulement ce discours n'était tenu il y a une trentaine d'années que par l'extrême droite et les fascistes. L'amalgame Hitler Staline n'est qu'un rideau de fumée permettant la banalisation du nazisme.
Sur le fond gnl intellect, tu ne dis absolument rien et tu ne donnes aucun argument sérieux.
Oui (pour "le discours classique"), et ? Faut encore argumenter sur des tas de fumier, à savoir le PTB, Ludo Materns, Staline et Hitler ? Quelle "banalisation" du nazisme ? Et pourquoi seule cette "banalisation" serait mauvaise ? Le stalinisme et ses 90 millions de morts ça te suffit pas ? Il te faut combien de milliards de victimes pour que cette pourriture de Staline t’apparaisse pour ce qu'elle est càd une pourriture du même merdier qu'Hitler ?


Dernière édition par gnl intellect le Sam 28 Mai - 16:52, édité 1 fois

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Message  Invité Sam 28 Mai - 16:48

Charles Durieux a écrit:
gnl intellect a écrit:@ Charles Durieux & Duroc Michel :

Si une valse des étiquettes vous enchante, régalez vous ! Révisionnisme, extrême-droite, amalgame, relativisme, "provocation", blablabla... J'ai pas à défendre ni à trouver des mérites à ces moustachus, j'ai pas à être indulgent envers des responsables de dizaines de millions d'exploités, enfournés, gazés, hachés, désossés, gelés, fondus, enterrés vivants, torturés, exilés....

Hola, hola !!! pourquoi tu fais l'amalgame entre moi et Duroc ??? Tu dois avoir des problèmes de compréhension.
Aucun amalgame.
gnl intellect a écrit:Et c'est pas moi qui écrit des livres du genre "Staline mon copain", donc pour ce genre d'argumentaires réécrivant l'histoire adressez-vous aux experts du PTB.

Au royaume des pourritures historiques du XXe siècle Hitler et Staline sont rois, c'est tout ce que j'avais à dire.

A aucun moment je ne t'ai parlé de livre du genre "Staline mon copain" ? Ton argument est stupide.
Pinailler sur des millions de victimes, les mérites de Staline, bref blablater sur une raclure à bidet responsable de massacres, libre à toi et au révisionnistes stalinophiles du PTB de le faire, ce sera sans moi.

Et ton racisme de l'intelligence va plutôt l'étaler sur un forum UMP, ou anarchiste ce qui revient au même.

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Message  Duroc Michel Dim 29 Mai - 8:05

Duroc Michel a écrit:C'est le discours classique, admis et enseigné notamment en France que tu étales ici. Seulement ce discours n'était tenu il y a une trentaine d'années que par l'extrême droite et les fascistes. L'amalgame Hitler Staline n'est qu'un rideau de fumée permettant la banalisation du nazisme.
Sur le fond gnl intellect, tu ne dis absolument rien et tu ne donnes aucun argument sérieux.

gnl intellect a écrit:Oui (pour "le discours classique"), et ? Faut encore argumenter sur des tas de fumier, à savoir le PTB, Ludo Materns, Staline et Hitler ? Quelle "banalisation" du nazisme ? Et pourquoi seule cette "banalisation" serait mauvaise ? Le stalinisme et ses 90 millions de morts ça te suffit pas ? Il te faut combien de milliards de victimes pour que cette pourriture de Staline t’apparaisse pour ce qu'elle est càd une pourriture du même merdier qu'Hitler ?

Dans ta vaine tentative de réponse tu ne fais que confirmer ce que je disais :
-reprise du discours de criminalisation de la période ou l'URSS était dirigée par Staline
-reprise de l'amalgame Staline = Hitler
-reprise des mensonges et de la propagande autour des millions de morts sous Staline
-confusion, amalgame qui amène à la banalisation du nazisme (tout en blanchissant l'impérialisme)

Libre à toi de reprendre les escroqueries historiques d'un Stéphane Courtois (acoquiné d'un Ernst Nolte), mais il faut quand même savoir et informer que la propagande et le mensonge autour des "millions de morts" vient de Mein Kampf ou Hitler parle de 30 millions de victimes du judéo-bolchevisme en 1926.

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Message  sylvestre Ven 3 Juin - 11:45

Perso, je suis trotskyste, considère que Staline a dirigé la contre-révolution en URSS, etc. Maintenant, sur l'affaire de comptabiliser les millions de morts du stalinisme, une chose est sûre, je ne le ferai pas comme Courtois (et le chiffre de 90 millions cité par gni intellect rappelle de façon assez claire le bandeau "100 millions de morts" apposé sur le "Livre noir du communisme", en fait correspondant à 85 millions d'après le contenu du livre).

Outre que ce chiffre correspond à des calculs sur des tas de régimes "communistes" (La chine sous Mao, le Cambodge sous les khmers rouges), il y a de toute façon quelque chose de très dépolitisant à ne pas préciser de quoi on parle (famines, purges, victimes de guerre). Sur le livre noir Bensaïd a écrit un bon texte.
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Message  Duroc Michel Sam 4 Juin - 8:29

Le bilan, c'est celui de l'URSS qui est passé d'un pays arriéré à une grande puissance industrielle, c'est celui d'une gigantesque révolution culturelle (au sens du développement de l'instruction, l'éducation, les sciences...), c'est celui d'une puissance qui fut capable (grâce à l'industrialisation et à la collectivisation) de résister et de battre la puissance impérialiste et militaire de l'Allemagne nazie ( voir la bataille de Stalingrad), d'envoyer le premier homme dans l'espace...

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Message  Vals Sam 4 Juin - 10:10

Duroc Michel a écrit:Le bilan, c'est celui de l'URSS qui est passé d'un pays arriéré à une grande puissance industrielle, c'est celui d'une gigantesque révolution culturelle (au sens du développement de l'instruction, l'éducation, les sciences...), c'est celui d'une puissance qui fut capable (grâce à l'industrialisation et à la collectivisation) de résister et de battre la puissance impérialiste et militaire de l'Allemagne nazie ( voir la bataille de Stalingrad), d'envoyer le premier homme dans l'espace...

Les progrès dont tu parles ce sont réalisés MALGRE la dégénérescence stalinienne, malgré la gabegie organisée par les bureaucrates, malgré les errements d'une politique en zig zag, malgré l'écrasement de toute démocratie ouvrière......
C'est la dynamique enclenchée par octobre, l'expropriation de la bourgeoisie, la centralisation des moyens de production, qui ont permis pendant quelques décennies à l'URSS de continuer à progresser économiquement, la bureaucratie étant contrainte de faire (mal ) fructifier les acquis de la révolution pour survivre et maintenir sa domination ....au prix de millions de morts et d'une politique internationale contre-révolutionnaire .
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Message  verié2 Sam 4 Juin - 10:27

Vals a écrit:
Duroc Michel a écrit:Le bilan, c'est celui de l'URSS qui est passé d'un pays arriéré à une grande puissance industrielle, c'est celui d'une gigantesque révolution culturelle (au sens du développement de l'instruction, l'éducation, les sciences...), c'est celui d'une puissance qui fut capable (grâce à l'industrialisation et à la collectivisation) de résister et de battre la puissance impérialiste et militaire de l'Allemagne nazie ( voir la bataille de Stalingrad), d'envoyer le premier homme dans l'espace...

Les progrès dont tu parles ce sont réalisés MALGRE la dégénérescence stalinienne, malgré la gabegie organisée par les bureaucrates, malgré les errements d'une politique en zig zag, malgré l'écrasement de toute démocratie ouvrière......
C'est la dynamique enclenchée par octobre, l'expropriation de la bourgeoisie, la centralisation des moyens de production, qui ont permis pendant quelques décennies à l'URSS de continuer à progresser économiquement, la bureaucratie étant contrainte de faire (mal ) fructifier les acquis de la révolution pour survivre et maintenir sa domination ....au prix de millions de morts et d'une politique internationale contre-révolutionnaire .

Ca, c'est la mythologie stalinienne (version Duroc) et la mythologie trotskyste (version Vals). La réalité est que ce développement très relatif, inférieur à celui de nombreux autres pays à l'échelle historique, sur la période 1914-1991 (Chine, Brésil, Corée etc), qui s'est axé sur tout ce qui concerne la puissance militaire, ne s'est réalisé qu'au prix de la mise en esclavage d'une grande partie de la population, du goulag, de l'extermination des militants ouvriers et de la surexploitation de la classe ouvrière.

L'état de l'économie russe à la veille de son effondrement atteste du caractère très relatif de ce développement économique tant vanté par les staliniens et les trotskystes. Même sur le plan militaire, le seul secteur sur lequel l'URSS tentait d'être compétitive, on voit que la Russie en est réduite aujourd'hui à acheter des navires de guerre à la France, impérialisme de seconde zone !

Presque tous les pays capitalistes, après de graves crises économiques, se relèvent généralement assez rapidement (en l'absence de révolution). La Russie, elle, ne s'est toujours pas relevée de la crise qui a commencé sous le règne de Brejnev !

Les gigantesques succès de l'URSS stalinienne "malgré" ou non la bureaucratie exploiteuse, c'est l'escroquerie du siècle !

Il faut ajouter que depuis que les forces productives sont suffisamment développées à l'échelle mondiale pour permettre le socialisme, le développement industriel à outrance dans un pays isolé, sur le dos de la population, n'a plus aucun caractère "positif" ou "progressiste", pas davantage en URSS où l'on accumulait des engins de guerre qui rouillent aujourd'hui qu'en Chine où on produit des gadgets inutiles pour la planète entière.
__
Quant à la victoire sur l'Allemagne nazie, elle ne doit pas grand chose au stalinisme, même en laissant de côté les énormes conneries de Staline et sa collaboration avec le régime nazi jusqu'en 1941. Par le passé, la Russie a déjà remporté de grandes victoires militaires, par exemple sur Napoléon. La Russie, en dépit de son sous-développement, a toujours été une grande puissance militaire. Et la mobilisation, indiscutable, de la population au cours de la guerre de 1941-45 se fit sur des bases patriotiques, popes à l'appui. Pas sur des bases internationalistes. Ce chauvinisme exacerbé devait d'ailleurs déboucher sur des atrocités comme le viol généralisé des femmes allemandes à Berlin.

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Message  Charles Durieux Sam 4 Juin - 11:07

Duroc Michel a écrit:Le bilan, c'est celui de l'URSS qui est passé d'un pays arriéré à une grande puissance industrielle, c'est celui d'une gigantesque révolution culturelle (au sens du développement de l'instruction, l'éducation, les sciences...), c'est celui d'une puissance qui fut capable (grâce à l'industrialisation et à la collectivisation) de résister et de battre la puissance impérialiste et militaire de l'Allemagne nazie ( voir la bataille de Stalingrad), d'envoyer le premier homme dans l'espace...

Peut-être une sorte de mal nécessaire.

Charles Durieux

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Message  Vals Sam 4 Juin - 11:31

La situation dans l’ex-URSS (Conférence nationale de Lutte Ouvrière)


La désagrégation du pouvoir central a abouti à la disparition de l’Union soviétique en tant que telle.

Le processus de désintégration ne semble cependant pas terminé pour autant. D’un côté, les multiples liens entre États successeurs, hérités du passé, n’ont été ni tous déchirés ni définitivement stabilisés. D’un autre côté, tous ces États continuent à être soumis à des forces centrifuges, à commencer par le principal d’entre eux, la Fédération russe, qui représente, sur le plan de la géographie comme sur celui de l’histoire, l’essentiel de ce que fut l’URSS. Quant à la tentative de contre-révolution sociale visant à transformer la société soviétique dans le sens capitaliste, elle est engagée de jure mais dans les faits loin d’être accomplie.

L’État ouvrier créé par la révolution du prolétariat russe en 1917 dans la perspective d’une extension internationale de la révolution mais qui est resté isolé dans un pays pauvre, est depuis près de soixante-dix ans dominé par la bureaucratie. Les dirigeants politiques de cette couche sociale parasitaire ont ouvertement rompu avec la perspective de la révolution prolétarienne internationale dès la consolidation de leur pouvoir politique dans les années 1924-25, et lui ont opposé le mensonge du « socialisme dans un seul pays ». La bureaucratie est devenue à la fois l’instrument et le bénéficiaire de la régression de l’État soviétique.

Cette couche sociale, qui a dominé politiquement, économiquement, socialement l’Union soviétique pendant trois quarts de siècle et qui la domine encore aujourd’hui, ne fonde pas sa puissance sociale sur la propriété privée des moyens de production, mais sur l’accaparement de l’appareil d’État et sur sa mainmise sur l’économie étatisée. L’instabilité de cette position sociale, au sens historique du terme, comme sa précarité au sens individuel - car subordonnée à l’occupation d’un poste d’autorité dans l’appareil d’État - sécrétait en permanence l’aspiration plus ou moins refoulée à la rendre définitive par le retour à la propriété privée, à la transmissibilité par héritage, à la possibilité d’accumulation de capital privé. Mais cela nécessitait un bouleversement des rapports sociaux issus de la révolution d’Octobre, à l’échelle d’un pays vaste, au risque de mettre en branle des forces sociales dépassant celles de la bureaucratie.

Un bouleversement social de cette ampleur aurait comporté le risque de réactions prolétariennes, voire d’une guerre sociale où la bourgeoisie risquait d’intervenir de son côté.

Les directions politiques successives de la bureaucratie, pénétrées de la conscience, plus ou moins aiguë suivant les circonstances, que cela comportait le risque que la couche sociale qu’elles représentaient puisse tout perdre, soit sous les coups du prolétariat, soit sous ceux de la bourgeoisie russe ou internationale, ont choisi pendant plusieurs décennies de conserver l’économie étatisée et, jusqu’à ces toutes dernières années, le vocabulaire formel de 1917 largement revu et corrigé cependant en fonction des intérêts et des privilèges de la bureaucratie (justifications des inégalités de revenus, privilèges, morale qui n’a rien à envier à la morale bourgeoise, etc.).

La dégénérescence de l’Union soviétique, l’émergence d’une bureaucratie privilégiée et parasitaire, ont fourni la démonstration qu’on ne peut pas construire le socialisme dans un seul pays. Sans même une contre-révolution bourgeoise ou une intervention étrangère allant dans le même sens, l’Union soviétique ne pouvait que régresser. Mais cette régression s’effectua finalement très lentement. Le premier État ouvrier, bien que dégénéré, a survécu plusieurs décennies durant à cette dégénérescence, comme un phénomène original, dominé par une bureaucratie monstrueuse qui écrasait le prolétariat mais qui barrait aussi le chemin à la bourgeoisie, bien que cela allait à l’encontre des aspirations d’un grand nombre de bureaucrates eux-mêmes.

En l’absence de menace d’une nouvelle révolution prolétarienne, ce sont les instruments et les possibilités hérités de la Révolution de 1917 qui ont permis à la bureaucratie de stabiliser son pouvoir, sa position sociale, et d’éviter d’être renversée par la bourgeoisie. C’est sur la base de l’étatisation quasi complète de l’économie et de la planification que l’Union soviétique, malgré le lourd handicap constitué par l’isolement économique par rapport au reste du monde, a pu se doter d’une industrie puissante sans qu’émerge et se renforce parallèlement une bourgeoisie en rapport avec la puissance de l’industrie. Depuis les années trente, jusqu’à la fin des années soixante-dix, pendant près d’un demi-siècle, le rythme de développement de la production industrielle, sans pouvoir sortir complètement le pays de son arriération antérieure, y fut cependant supérieur à celui de la plupart des grandes puissances capitalistes. C’est ce développement économique, réalisé dans le cadre des rapports sociaux qui rejetaient la propriété privée des moyens de production, qui a permis à la bureaucratie, en l’absence de contrôle venant de la classe ouvrière, d’accroître ses revenus, de s’arroger des privilèges et de justifier sa position sociale dirigeante en usurpant le mérite de succès économiques qui ne lui étaient nullement dus.

Tout en étant la principale bénéficiaire de l’économie planifiée, la bureaucratie en a été cependant dès le début la principale ennemie. Les prélèvements de la bureaucratie, les dénis de liberté indispensables pour cacher l’importance de ces prélèvements aux yeux des classes laborieuses, l’absence en conséquence de contrôle d’en bas sur la production et la répartition, ont de plus en plus dénaturé l’économie planifiée. Les bureaucrates n’ont pas osé aller jusqu’à supprimer la propriété d’État au nom de la propriété privée, mais ils la considéraient comme la propriété collective de leur caste. Ils n’ont pas supprimé la planification, mais ils l’ont adaptée à leurs besoins, voire aux fluctuations de la politique de leurs dirigeants. Les structures économiques et sociales héritées de la Révolution ne permettaient pas aux bureaucrates de transformer leurs détournements privés en capitaux privés. Mais ces détournements privés, représentant une part croissante au fil des ans depuis au moins l’ère de Khrouchtchev, contribuaient à démanteler de fait l’économie planifiée, bien avant la crise actuelle.

La dictature personnelle d’un « arbitre suprême », forme politique concrète sous laquelle s’est imposée la domination sociale de la bureaucratie sous Staline, puis qui s’est perpétuée sous une forme atténuée sous ses successeurs, avait aussi pour fonction d’assurer la cohésion de cette couche contre les rivalités, les appétits contradictoires des bureaucrates eux-mêmes. Par la plupart des traits de leur comportement social, les bureaucrates ressemblent aux bourgeois petits et grands sans cependant disposer, avec la propriété privée, d’une assise sociale solide, à l’abri des aléas des rivalités politiques et des luttes de pouvoir. Staline en son temps imposa son propre pouvoir personnel en même temps que le respect des intérêts collectifs de la bureaucratie tels qu’il les entendait, au travers de purges sanglantes, d’une pression policière permanente sur la bureaucratie elle-même, y compris ses catégories supérieures. Mais ses successeurs ne le purent pas.

Malgré tout ce processus de régression, malgré le poids social écrasant pris par la bureaucratie, malgré la politique de plus en plus ouvertement réactionnaire de ses chefs politiques tant à l’intérieur de l’URSS que sur le plan international, Trotsky a considéré, jusqu’à la fin de sa vie en 1940, l’Union soviétique comme un État ouvrier, dégénéré mais ouvrier quand même. Il s’appuyait sur le fait que, malgré une différenciation sociale croissante, la base économique et sociale de l’État soviétique n’avait pas été transformée à rebours, et que ni la propriété, ni l’accumulation privées n’avaient été rétablies.

Au lendemain de la guerre, nonobstant sa puissance et son assurance incommensurablement plus grandes qu’avant, la bureaucratie n’a pas voulu ou n’a pas osé procéder à des transformations contre-révolutionnaires. Peut-être d’ailleurs à cause de la puissance même, et de la taille de l’industrie et de l’économie soviétiques difficilement séparables de l’étatisation et de la planification. C’est en partant de ce constat que, même après la guerre, longtemps après la mort de Trotsky, notre groupe est resté sur les positions défendues par la tendance dont nous sommes issus et a considéré que l’analyse trotskyste de l’Union soviétique restait valable, bien que la bureaucratie ait franchi pendant et après la guerre des pas supplémentaires dans l’avilissement politique et bien qu’elle ait assumé une responsabilité majeure dans le rétablissement de l’ordre impérialiste après la guerre.

Il y eut des étapes supplémentaires de régression, mais pas de rupture de continuité avec l’organisation économique et sociale issue de la révolution prolétarienne.

Rappelons que nous avons en revanche refusé de considérer comme États ouvriers même déformés les ex-Démocraties Populaires, qui n’étaient pas issues d’une révolution et dans la création desquelles le prolétariat n’a joué aucun rôle. Ce n’est pas la gravité des nationalisations qui nous faisait porter un tel jugement, mais l’histoire, de même que pour l’évolution de l’URSS.

Le régime instauré par Staline a survécu pendant près de quatre décennies à sa mort. L’oligarchie dirigeante n’a plus admis cependant que ses successeurs concentrent entre leurs mains le même pouvoir illimité et a mis fin aux purges sanglantes. Du haut en bas de la hiérarchie bureaucratique, la stabilité des postes d’autorité s’en trouva accrue. Au sommet, à la dictature personnelle succéda la dictature collégiale d’une douzaine de hauts dignitaires, qui choisissaient dans leurs propres rangs le secrétaire général, leur représentant suprême, tout en se surveillant mutuellement. Tout cela renforça la tendance à la formation de clans inhérents à la bureaucratie et prolongea jusqu’aux sommets les lignages de protection rivaux. L’enrichissement collectif de la bureaucratie du fait de ses prélèvements croissant sur une économie également en croissance, augmentait l’enjeu économique des rivalités de pouvoir. Des fiefs bureaucratiques de plus en plus puissants se sont constitués derrière l’apparent monolithisme du régime sous Khrouchtchev puis sous Brejnev. Leurs détenteurs aspiraient tout naturellement à rejeter le contrôle de l’État centralisé. Les aspirations de cette nature rejoignaient celles de la couche privilégiée au-delà de la bureaucratie étatique : médecins, artistes, sportifs ou intellectuels de renom, affairistes profiteurs de « l’économie de l’ombre ».




Cette aspiration, occultée plus qu’étouffée par le régime policier, s’est révélée, publiquement, dans la crise politique ouverte par la succession de Brejnev. Gorbatchev fut le premier, en cherchant des appuis pour consolider son pouvoir, à faire de la démagogie publique en direction des clans bureaucratiques avides d’autonomie et vers les couches petites-bourgeoises auxquelles ils étaient liés. Il semble aujourd’hui évident que Gorbatchev ne souhaitait pas que ce rejet de l’État centralisé et de son contrôle conduise à l’éclatement de l’URSS. Probablement ne souhaitait-il pas non plus détruire l’économie étatique et la planification, mais seulement faire comme certains de ses prédécesseurs, la réformer en reconnaissant par exemple l’autonomie des chefs des grandes entreprises (acquise déjà dans les faits). Mais il a été débordé par Eltsine qui, lui, n’a pas hésité, dans sa course au pouvoir, à faire éclater l’Union soviétique.

La crise au sommet, devenue publique par les initiatives démagogiques de Gorbatchev, s’amplifiant pour devenir une crise politique, a agi dans un premier temps comme un révélateur de changements déjà intervenus dans la bureaucratie derrière le paravent de « l’immobilisme brejnévien ». La recherche d’enrichissement individuel sur la base de l’enrichissement collectif de la bureaucratie, les trafics de grande ampleur en marge de l’économie étatique, le début de démantèlement de fait de l’économie planifiée, les fiefs constitués, les liens tissés entre hauts dignitaires nationaux ou régionaux et les représentants sur place de l’appareil d’État central, et liens tissés aussi entre les bureaucrates détenteurs du pouvoir politique et les affairistes de « l’économie de l’ombre », etc., tout cela n’était en effet ni nouveau ni même récent.

Mais les forces sociales ainsi libérées, venues de cette couche privilégiée - c’est-à-dire pour l’essentiel de la bureaucratie elle-même - dont Gorbatchev voulait s’assurer l’appui, ont fini au contraire par le déborder, le réduire à l’impuissance, avant de le rejeter.

Ce qui explique en fin de compte la défaite de Gorbatchev face à Eltsine, c’est que ce dernier, par choix politique ou par irresponsabilité, a repris à son compte l’aspiration de certaines couches supérieures de la bureaucratie à rejeter l’État centralisé et son contrôle. Mais par là même, les grands féodaux de la bureaucratie ont brisé en morceaux leur propre appareil d’État en faisant éclater l’Union soviétique en États différents.

Si la diplomatie internationale n’a reconnu jusqu’à présent que les quinze anciennes républiques dont la fédération constituait l’Union soviétique, d’autres États se sont constitués ou sont en voie de constitution. C’est un processus non achevé, en évolution rapide. Mais ce processus n’est lui-même que l’expression - pour un certain nombre d’États nouvellement indépendants, sans doute irréversible, en tous les cas dans le cadre de l’évolution en cours - d’une crise plus générale du pouvoir. L’aspiration des bureaucrates, à différents niveaux d’autorité, à rejeter le contrôle d’un appareil centralisé n’a nullement besoin de support national pour se frayer un chemin.

C’est l’éclatement de l’Union soviétique et la continuation de la crise du pouvoir dans la plupart des États successeurs qui est la cause principale du recul économique qui a pris, l’année passée, des proportions graves voire catastrophiques. Plus personne ne sait qui dirige.

Mais la contre-révolution sociale, c’est-à-dire la liquidation de l’économie étatisée et le rétablissement de la propriété privée des moyens de production, avance lentement. Même l’arrivée au pouvoir d’Eltsine, dont le programme public est le rétablissement du capitalisme ne s’est pas traduit par son accélération. Autant il était à la portée d’Eltsine d’être rapide pour mettre le PC hors la loi, signer l’acte de décès de l’Union soviétique et jeter aux orties tous les symboles qui rattachaient formellement la bureaucratie à la Révolution de 1917, autant dans le domaine économique et social il se heurte à une réalité puissante qu’il ne peut pas transformer simplement à coup de décrets.

Les obstacles qui paralysent ou ralentissent la contre-révolution viennent pour l’instant, pour l’essentiel, des tares de la bureaucratie elle-même. Les dignitaires de la bureaucratie, ceux qui sont en position de décider, de commander et d’en tirer privilège, semblent plus préoccupés de conquérir ou consolider des positions de pouvoir, que de transformer les rapports de production et de propriété. Les bureaucrates de l’économie eux-mêmes, les directeurs des grandes entreprises étatiques, a priori les mieux placés pour les privatiser à leur profit, sont aujourd’hui encore plus enclins à parasiter les entreprises étatisées, voire à les démanteler en vendant leurs stocks, etc., qu’à les faire fonctionner en tant qu’entreprises privées. En dehors même des craintes sociales, les « managers » des entreprises étatiques les plus enclins à la privatisation se heurtent à l’insuffisance des capitaux pour faire fonctionner leur entreprise - pour se l’approprier le vol légalement consacré pourrait suffire - et à l’inexistence de marchés intérieurs où ils pourraient s’approvisionner et écouler leurs produits. Les marchés ne s’improvisent pas à coups de lois. Et quant à s’intégrer aux marchés capitalistes réellement existants, c’est-à-dire aux marchés internationaux, si cela constitue sans doute une perspective séduisante pour quelques entreprises, cela risque d’être une condamnation à mort pour beaucoup et sans doute pour la majorité d’entre elles.

Ceux des dirigeants politiques qui ont pris fait et cause pour la transformation capitaliste de l’économie ne se font pas faute de reprocher aux candidats capitalistes leur manque d’initiative, leurs hésitations, voire leur manque de sens des responsabilités. Mais eux-mêmes avancent prudemment pour ce qui les concerne. Eltsine avait en son temps reproché à Gorbatchev de ne pas oser procéder à une hausse générale des prix. Mais lui-même, s’il a procédé en janvier à une hausse brutale des prix, ne se décide pas à prendre des mesures de licenciements massifs dans les entreprises toujours étatisées. Ces mesures sont pourtant présentées depuis longtemps par ses conseillers du dedans ou du dehors comme la condition préalable pour toute évolution sérieuse vers l’économie capitaliste et vers une intégration dans le marché mondial.

Eltsine, maintenant qu’il est en charge de responsabilité pour la bureaucratie, hésite comme son prédécesseur à pousser les classes populaires à l’exaspération. Car cette exaspération est lourde de menace d’explosion sociale. Les formes provocantes d’inégalités, les profits faciles de quelques-uns, étalés au milieu d’une situation économique dégradée, peuvent servir de catalyseurs. Ce n’est pas pour rien que, pendant si longtemps, les dirigeants politiques responsables avaient fait pression pour que la bureaucratie dissimule une partie de ses privilèges, l’enveloppe de mensonge et d’opacité. Les nouveaux riches, issus de la bureaucratie ou pas, n’ont pas ces prudences-là, et il n’y a plus aucune autorité pour les leur imposer.

Rien ne dit qu’en cas d’explosions sociales les dirigeants politiques de la bureaucratie aient les moyens - sinon l’envie - de riposter par la force. Rien ne dit en conséquence que, tout en prônant la nécessité du retour au capitalisme - mais n’ont-ils pas prôné pendant si longtemps la nécessité d’aller vers le communisme ? - ils ne fassent marche arrière, quitte à s’en prendre à ce qu’il y a de plus provoquant dans le pullulement de nouveaux riches.

Rien ne dit surtout qu’ils ne soient pas amenés à abandonner l’idée de « restructurer » l’industrie en privatisant les entreprises rentables suivant les critères du marché capitaliste mondial et qu’ils ferment les autres. La simple crainte d’une explosion sociale qui ne s’est pas encore produite les amène déjà à maintenir en fonctionnement des entreprises dites non rentables (heureusement d’ailleurs, car l’économie se serait effondrée sinon dans des proportions plus catastrophiques encore qu’actuellement).

Le processus en cours dans l’ex-Union soviétique n’est donc nullement achevé et il peut connaître encore bien des rebondissements. Avec l’avènement d’Eltsine, la bureaucratie a jeté par dessus bord les dernières amarres qui la reliaient encore à la révolution prolétarienne de 1917 - mais il est vrai qu’il ne restait plus que des mots utilisés à contre-sens et des symboles dénaturés.Sur le plan politique, on ne voit pas comment l’évolution réactionnaire pourrait aller plus loin - le rétablissement de la monarchie des Romanov mis à part.

Par contre, sur le plan économique et social, la contre-révolution est cependant seulement entamée, sans que rien d’irréversible n’ait été fait.

Avec une participation plus conséquente de l’impérialisme dans le processus en cours, la contre-révolution aurait pu, peut-être, se dérouler avec plus d’efficacité et plus vite. Mais si politiquement les grandes puissances impérialistes et les États-Unis en particulier, soutiennent le processus en cours, sur le plan économique, ni les États, ni les trusts privés ne profitent vraiment de l’occasion pour intervenir. Il y a à cela des raisons conjoncturelles, dues au fait que la contre-révolution n’est pas venue du dehors, en fonction des besoins ou des intérêts de l’impérialisme, mais d’une implosion politique du dedans qui a surpris l’impérialisme. Et qui l’a surpris, de surcroît, dans une période de marasme économique. Mais il y a, sans doute, une raison plus fondamentale, que Trotsky avait évoquée peu avant sa mort, lorsqu’il affirma que la bureaucratie n’aurait pas pu se stabiliser si le monde capitaliste lui-même n’était pas devenu sénile, n’avait pas perdu son dynamisme.

Ce qui a déjà été fait a porté des coups graves à l’étatisation. La crise politique a porté des coups plus graves encore à la planification. Mais ce qui fonctionne encore sur le territoire de l’ex-Union soviétique, en dépit de l’anarchie bureaucratique, fonctionne encore autour de l’industrie étatisée, et grâce aux liens tissés auparavant par la planification, fortement relayés il est vrai par des « combines » privées (mais ce n’est pas vraiment nouveau). Et, en dépit de certains aspects aussi choquants que superficiels d’enrichissement capitaliste privé, la couche sociale qui domine les sociétés ex-soviétiques, n’est toujours pas la bourgeoisie tenant sa position sociale de la propriété privée et du profit individuel, mais la bureaucratie, tenant ses privilèges de sa position dans l’appareil étatique. Même si, aujourd’hui, pour ce qui est des appareils d’État c’est le pluriel qui est de mise.

En outre, des réactions de la classe ouvrière, une crise sociale grave, peuvent amener encore les dirigeants de la bureaucratie à trouver une bouée de sauvetage pour leur caste dans ce qui reste de l’État ouvrier dégénéré et de son économie.

La situation s’est donc sensiblement modifiée depuis l’année dernière - ne serait-ce qu’en raison de l’éclatement de l’Union soviétique - sans pour autant être fondamentalement bouleversée. Comme l’an dernier, il est encore prématuré d’abandonner la notion d’État ouvrier dégénéré pour exprimer ce qu’est actuellement l’ex-Union soviétique ou ce qu’il en reste et principalement la Russie ex-soviétique, car il s’y livre encore une contre-révolution sociale qui n’est pas terminée.

Nous n’avons pas plus d’éléments cette année que l’an passé pour prédire l’éventuelle irruption de la classe ouvrière sur une scène dominée socialement par la bureaucratie et politiquement par des forces dont l’éventail visible ne représente que les diverses options possibles pour la couche privilégiée (les options réactionnaires dominant le tout). Nous ne pouvons que la souhaiter et envisager ce que le prolétariat et les partis qui aspireraient à le représenter pourraient proposer dans les circonstances présentes.

Un tel parti, ou même des militants réduits seulement à s’exprimer sans le poids et le crédit nécessaire pour influencer les choix politiques de la classe ouvrière, devraient exprimer un programme politique axé autour de deux pôles :

seul le retour de la classe ouvrière au pouvoir pourrait sortir la société soviétique du marasme actuel et empêcher que les territoires issus de l’Union soviétique se transforment en semi-colonies plus ou moins misérables de l’impérialisme. Ce qui implique que la classe ouvrière arrache le pouvoir à ceux qui le détiennent dans chacune des différentes républiques « héritières ».
la propriété étatique des moyens de production et la planification sont d’extraordinaires conquêtes pour l’humanité, que la révolution russe a permises, elles sont à défendre prioritairement face à tous ceux qui veulent le retour au capitalisme.

Autour des axes généraux pourraient trouver tout naturellement leur place une série de revendications et d’objectifs partiels, que, faute d’implantation et de connaissance réelle du niveau de conscience des travailleurs soviétiques, nous ne pouvons qu’énoncer sous forme d’hypothèses.

Aux travailleurs exaspérés devant les inégalités et l’émergence provocante d’une catégorie de nouveaux riches, les révolutionnaires fixeraient pour objectif la lutte contre la privatisation et contre la réintroduction du capitalisme.

Auprès des travailleurs révoltés par les perspectives de licenciements massifs, de fermetures d’entreprises alors que les magasins d’État manquent de ces produits de première nécessité qui sont offerts hors de prix dans les magasins privés ou sur le marché dit libre, les révolutionnaires devraient défendre la planification, mais avec des plans définis non pas en fonction des exigences des bureaucrates et des « nouveaux riches », mais en fonction des besoins des masses laborieuses et contrôlée par elles. La défense des intérêts économiques les plus immédiats des travailleurs - pas de licenciements, pas de baisse du pouvoir d’achat, approvisionnement correct dans les magasins d’État et à prix corrects - posent immédiatement la nécessité de perspectives politiques plus vastes.

Auprès des travailleurs choqués par le début de pillage des richesses du pays et la propension des nouveaux riches à transformer leurs profits en devises déposées en Occident, les révolutionnaires défendraient le monopole du commerce extérieur et son contrôle par des organismes représentatifs des travailleurs.

Dans les relations entre les différents peuples de l’ex-Union soviétique, les révolutionnaires défendraient le droit de chaque peuple à disposer de lui-même, en montrant en même temps qu’il y a des intérêts qui sont communs aux différents peuples de l’ex-Union, notamment la liberté de se déplacer, de s’installer, de travailler, de conserver tous ses droits de citoyen, mais aussi, la coordination des économies construites dans l’interdépendance dans le cadre d’une planification commune. Ils dénonceraient, en même temps que toutes les formes d’oppression nationale, le jeu des dirigeants nationalistes qui prétendent émanciper leurs peuples, mais qui ne font que les opposer les uns aux autres, au prix d’une évolution vers la barbarie. Seul le prolétariat peut créer des relations entre les peuples où liberté et pluralisme ne s’excluent pas mais se complètent et où la plus grande autonomie politique voire l’indépendance n’excluent pas une libre fédération pour régler ensemble les problèmes qui ne peuvent être réglés qu’à une vaste échelle.

Face au « démocratisme » des Eltsine... ou des Chevardnadze et autres Gamsakhourdia qui consiste pour l’essentiel dans l’agitation - verbale mais parfois armée - de courants réactionnaires, les révolutionnaires se battraient pour le retour à la démocratie de classe, à la démocratie soviétique, c’est-à-dire à la dictature du prolétariat.

Face aux différentes formes de repliement national propagées par des bureaucrates devenus chefs nationalistes, une organisation révolutionnaire interviendrait au nom de l’internationalisme prolétarien. Elle expliquerait que l’avenir pour le prolétariat de l’ex-Union soviétique n’est pas de laisser les bureaucrates liquider définitivement ce qui reste encore de la Révolution de 1917, et de rendre le pouvoir à la bourgeoisie, mais au contraire, de leur arracher le pouvoir, de reprendre le fil trop longtemps interrompu de la révolution et de renouer, sur cette base, avec le prolétariat des autres pays d’Europe et du monde, afin de réussir ce qui n’a pas été réussi dans les années 1918-1920 : les entraîner dans la révolution pour le renversement de la bourgeoisie à l’échelle mondiale.

6 novembre 1992





Vals
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Message  Vals Sam 4 Juin - 12:04


Quand ce document a été rédigé, les ancêtre de la LCR et du NPA voyaient encore des états ouvriers partout sur la stricte base de leur étatisation et de leur planification...Et ça a continué bien longtemps après pour un tas d'états bourgeois dont la liste est trop longue pour être établie ici . Cette vision purement mécaniste amènent les même, sans même l'effort de reprendre et analyser leurs énormes erreurs de caractérisation (Chine, Ex-Yougoslavie, Algérie, RDA, Nicaragua...).....




Lutte de Classe(novembre 1967)



L’étatisation et la planification sont-ils des critères de classe d’un État ?

Les analyses que firent et que font encore les différents groupes trotskystes de la nature de l’État dans les pays du glacis et en Chine, trouvent leur origine dans une conception erronée de la notion même d’État ouvrier.

Se référant à la polémique qui opposa Trotsky à Shachtman, Burnham et autre Bruno R. sur la nature de l’URSS, ils appliquent les arguments de Trotsky concernant l’URSS de façon purement mécaniste aux États du glacis et à la Chine, en prenant le contre-pied du raisonnement dialectique de Trotsky. C’est ainsi qu’à ceux qui voulaient voir dans le pacte germano-soviétique des preuves irréfutables d’un changement de nature de l’État soviétique et qui en déduisaient la nécessité d’abandonner le mot d’ordre de défense inconditionnelle de l’URSS, Trotsky opposait : « Il est nécessaire de formuler nos mots d’ordre de telle manière que les ouvriers voient clairement ce que nous défendons en URSS (propriété étatique et économie planifiée) et contre quoi nous luttons impitoyablement (bureaucratie parasitaire et son Komintern). » ( « L’URSS en guerre » ) et dans « D’une égratignure au danger de gangrène » : « Du fait que la dégénérescence du système politique n’a pas encore entraîné la destruction de l’économie étatique planifiée, nous concluons que le devoir du prolétariat mondial est encore de défendre l’URSS contre l’impérialisme et d’aider le prolétariat soviétique dans sa lutte contre la bureaucratie ».

On pourrait multiplier les textes où, tirant argument de la préservation par la bureaucratie stalinienne de la planification de l’économie et de la propriété étatique des moyens de production, Trotsky conclut au maintien du caractère ouvrier de l’État soviétique. Situation transitoire certes, mais le bond qualitatif n’a pas encore été fait, les erreurs criminelles de la bureaucratie n’ont pas encore conduit à la destruction des conquêtes sociales d’octobre, ce sont ces conquêtes qui déterminent à la fois la base sociale et les limites de la dictature politique de la bureaucratie.

De ces arguments incontestables (et en tous cas incontestés au sein du mouvement trotskyste) les trotskystes « officiels » essaient d’extraire des critères de caractérisation de l’État ouvrier. Puisque, selon Trotsky, l’État soviétique garde son caractère ouvrier du fait de la conservation des conquêtes sociales d’Octobre (économie planifiée, propriété étatique), la présence de ces mêmes institutions suffit à caractériser un État comme État ouvrier. Cela est simple et clair, de la simplicité et de la clarté, des bons syllogismes. Et d’abandonner la dialectique pour entrer dans le royaume de la logique formelle et de ses pesants artifices. La référence à Trotsky tient lieu de pensée et garantit miraculeusement contre les errements possibles. Si l’enfer est pavé de bonnes intention, la pensée marxiste, elle, est pavée de telles citations. La Russie révolutionnaire de 1917, la Russie des Soviets, n’avait pas encore planifié l’économie du pays, et n’avait pas étatisé la totalité des moyens de production, cependant, nul ne songe à contester au jeune pouvoir révolutionnaire l’appellation d’État ouvrier. C’est Staline qui lancera le premier plan quinquennal, et donnera à l’État la maîtrise incontestée de la production industrielle. Staline, c’est-à-dire déjà la bureaucratie ascendante.

Il n’y a là aucune contradiction. Les conquêtes sociales d’octobre sont l’ouvre de la révolution prolétarienne et non de la bureaucratie, même si c’est cette dernière qui fut chargée de les compléter et de les défendre. Et c’est précisément là que réside le caractère éminemment contradictoire et parasitaire de la bureaucratie. Elle n’est pas née du vide, et dans le vide, elle est née et s’est développée sur les bases sociales créées par la première révolution prolétarienne victorieuse de l’histoire de l’humanité. Dans ce sens, et dans la perspective de la subversion mondiale du capitalisme et de son remplacement par des formes d’organisation sociales supérieures, le système de l’économie planifiée sur la base de la propriété étatique des moyens de production, représente une « conquête colossale de l’humanité » et sonne le glas de la bourgeoisie. Dans ce sens, ce sont des mesures socialistes, dans ce sens, ce sont des conquêtes OUVRIÈRES, mais dans ce sens seulement. C’est parce que ces conquêtes se sont intégrées dans un processus déterminé qu’elles sont un acquit socialiste.«


L’entraînement dialectique - écrivait Trotsky dans « Une opposition petite-bourgeoise au sein du SWP » - demande d’aborder tous les problèmes en tant que PROCESSUS et non pas en tant que CATÉGORIES INANIMÉES ».

Dans le processus de dégénérescence de l’État soviétique, dans le procès encore plus général de la crise du capitalisme, le maintien de l’économie planifiée et de la propriété des moyens de production EN URSS suffit à garantir pour le présent le maintien du caractère encore ouvrier, bien que profondément dégénéré, de l’État, mais le caractère ouvrier de l’État russe lui fut donné par la révolution prolétarienne d’octobre 1917.

L’URSS est un État ouvrier, non pas parce que son économie est planifiée ou parce que les moyens de production appartiennent à l’État, mais parce que cet État est issu d’une révolution prolétarienne victorieuse. Parce que l’État de la bourgeoisie a été irrémédiablement détruit qu’il n’en est pas resté pierre sur pierre. Parce que la classe ouvrière russe s’est donné ses propres organes de pouvoir, ses propres forces armées. Pour donner à ce pouvoir des bases sociales elle a retiré à la bourgeoisie sa domination économique. Le rythme et la marche de cette expropriation furent circonstanciels, mais toujours déterminés par la nécessité politique d’asseoir le nouvel État et de lui gagner des alliés. Tout le reste : planification, étatisation complète, etc..., ne furent que les suites de ce développement. L’impulsion venait d’octobre, c’est-à-dire de la révolution prolétarienne victorieuse. Pour remettre en route l’économie, pour tenir en attendant l’achèvement de la révolution mondiale, l’État soviétique devait utiliser toutes les ressources du pouvoir d’État.

La propriété Étatique des moyens de production était pour la classe ouvrière soviétique, à la fois la marque de sa victoire politique sur la bourgeoisie et l’arme la plus sûre pour garantir cette victoire contre toute « restauration » économique de la bourgeoisie. La bourgeoisie n’avait plus désormais aucun rôle à jouer dans la production. Les nouveaux rapports de production, du moins dans le domaine de la production industrielle, éliminaient les fondements sociaux de la bourgeoisie. La planification était le corollaire de cette première mesure radicale. En introduisant la prévision scientifique dans le domaine jusque là anarchique du développement économique, elle utilisait toute la puissance du pouvoir d’État pour organiser l’économie selon les intérêts immédiats et lointains de la nouvelle classe au pouvoir.

En bref, planification et étatisation des moyens de production furent des mesures politiques destinées à traduire sur le plain des rapports sociaux la prise du pouvoir par les travailleurs.

Il s’agissait moins de prouver au monde la viabilité des principes socialistes, que de retirer toute base sociale à la bourgeoisie en URSS Là était le garant de la victoire des travailleurs, là était le garant de la victoire de la révolution mondiale.

Le stalinisme a complètement faussé cette perspective. En s’enfermant dans les frontières nationales, l’URSS devait s’engager dans un lent processus de dégénérescence. Dans cette évolution, la permanence de l’économie étatique planifiée dans la Russie de 1967 signifie que la bureaucratie n’a pas encore osé porter la main sur le régime de la propriété, osé bouleverser les rapports sociaux à son avantage. C’est donc toujours sur la base des rapports sociaux établis par la révolution d’octobre qu’elle domine politiquement en URSS.

En ce sens, le maintien de la collectivisation prouve qu’il n’y a pas eu un retour en arrière dépassant Octobre 1917, mais n’est pas en lui-même le critère de la nature « ouvrière » de l’État soviétique. C’est là tout ce qui RESTE du caractère ouvrier de la révolution. C’est peu, mais c’est énorme.

Mais, tandis que l’URSS s’engageait dans la voie sans issue du « socialisme dans un seul pays », le monde impérialiste était ébranlé par une crise sans précédent qui devait conduire à la seconde guerre mondiale. Paradoxalement, en apparence, cette crise même devait l’amener à utiliser à son tour les « solutions socialistes » de planification et d’étatisation (plus ou moins partielles, plus ou moins circonstanciées).

Cela suffirait à prouver que ces mesures ne peuvent servir de critère de classe, et qu’elles sont au contraire inséparables de la classe qui les utilise, et des buts qu’elle se propose.

Que le capitalisme en faillite emprunte au socialisme quelques-unes de ses solutions, cela ne peut étonner qu’un esprit superficiel. Les solutions socialistes ne sont pas des inventions de quelques idéalistes géniaux, elles ne sont que la traduction consciente de nécessités économiques inconscientes. Les forces productives qui étouffent sous le carcan de la propriété privée et de la recherche du profit, sont entrées depuis longtemps en rébellion contre les formes juridiques et sociales du capitalisme. Toute l’économie aspire à une rationalisation, à une organisation scientifique de son développement. Ce sont là les bases scientifiques du socialisme. C’est pourquoi, la bourgeoisie peut utiliser provisoirement ou même en permanence, certaines solutions « socialistes ». Leur application reste soumise aux impératifs de la survie du capitalisme en général.

L’économie fasciste a été le modèle de ces solutions brutales et aberrantes du point de vue capitaliste, aux solutions catastrophiques de l’impérialisme. Depuis, nombre de traits de cette économie de crise, se retrouvent en permanence dans la vie des grands États industriels.

L’État bourgeois, issu du développement historique de la bourgeoisie dans les pays avancés, s’il agit en fondé de pouvoir de la classe dominante et s’il met toute la puissance de son appareil exécutif au service de ses maîtres, n’intervient dans l’économie, au nom des intérêts généraux de la bourgeoisie, que pour appuyer la politique de la haute finance et des grands monopoles. Qu’il intervienne de plus en plus fréquemment, de plus en plus ouvertement, cela est une évidence. En France, un tiers des salariés a pour patron l’État, et le dernier train d’ordonnances gaullistes représente une ingérence directe de l’État dans la vie économique du pays. Cela n’a rien d’étonnant et ne fait que révéler la crise permanente de l’impérialisme.


Si la bourgeoisie crée ses propres fossoyeurs, elle est loin d’organiser elle-même ses propres funérailles. Et si elle a recours aux solutions socialistes, c’est pour mieux maintenir sa domination sur la planète. Là encore, on ne peut apprécier la signification et la valeur des nationalisations et des planifications intervenant dans les pays avancés qu’en les replaçant dans le processus de développement, ou plutôt de décadence, de l’impérialisme qui se survit alors que le développement des forces productives l’a depuis longtemps condamné.

Mais, s’il n’y a que Pompidou pour parler sans rire d’un régime français « original, mi-socialiste, mi-capitaliste », il y a par contre pléthore d’apologistes du prétendu socialisme de certains pays sous-développés. Démocraties populaires, Chine, Cuba, Yougoslavie, et pourquoi pas l’Egypte, présentent tous à un degré plus ou moins achevé, cette fameuse étatisation des moyens de production au moins dans le domaine industriel.

Formes collectivistes de l’économie, essai plus ou moins couronné de succès de planifications diverses, il n’en faut pas plus pour parler d’États ouvriers. Or ces mesures, nous l’avons vu, ne visent qu’à donner à l’État des pouvoirs discrétionnaires en matière d’économie. De même que les bourgeoisies « avancées » mais décadentes, ne peuvent plus se maintenir qu’à l’aide de la béquille étatique, de même les bourgeoisies jeunes et faibles des pays du Tiers Monde ne peuvent tenter de se développer qu’en utilisant la contrainte étatique. Que cette contrainte aille jusqu’à concentrer entre les mains de l’État tout ou partie de la propriété des moyens de production, au moins industriels, cela est indéniable. Que cela revienne à une expropriation de la bourgeoisie, cela est plus contestable, dans bien des cas, il s’agit souvent d’intervention étatique dans la création d’une industrie, et très rarement d’expropriation de ses propriétaires, et, dans ce cas, il s’agit, quasi-généralement, de propriétaires non « nationaux ». Mais quel est le sens de ce développement ? Quel est le point de départ de cette évolution ? Et quel en peut être le terme ? Au point de départ, il y a toujours la bourgeoisie nationale, dont les intérêts entrent en conflit immédiat avec l’impérialisme. Cela est flagrant pour l’Egypte, Cuba ou la Chine, ce l’est moins pour les Démocraties populaires, où cet aspect a été quelque peu masqué par l’occupation par l’Armée Rouge et où le conflit avec l’impérialisme a été dû artificiellement à la guerre froide et à la politique de l’URSS.

Partout, les intérêts de cette bourgeoisie nationale « anti-impérialiste » sont défendus par des partis petits-bourgeois de type radical classique comme à Cuba ou de type stalinien comme en Chine. Il ne faut pas se laisser aveugler par le titre de communiste dont s’est paré le parti de Mao-Tsé-Toung, ce fut un parti petit-bourgeois radical, s’appuyant sur la paysannerie et luttant pour des objectifs démocratiques bourgeois. Sa victoire a été saluée d’enthousiasme par les industriels chinois, déçus par Tchang-Kaï-Chek.

De même, dans les Démocraties populaires, les partis staliniens sont - et par leur recrutement sur des bases nationalistes-réformistes, et par leur politique même - des partis petits-bourgeois. Cela devient manifeste quand l’emprise de la bureaucratie du Kremlin se relâche.

Enfin, dans tous les cas, la perspective du développement est toujours nationale. Devant l’incapacité de la bourgeoisie nationale à conduire ce développement nécessaire - et dans tous ces pays la bourgeoisie a d’abord eu « sa chance », l’État l’a aidée, parfois même remise en selle - l’État a été amené à prendre directement en mains les leviers de l’économie. Contre la bourgeoisie ? Non, car les buts coïncident avec les intérêts généraux de la bourgeoisie en tant que classe internationale.

La domination politique de la bourgeoisie, et donc sa survie en tant que classe, passe par le maintien d’états nationaux. Or, à l’époque de la division mondiale du travail, à l’époque où l’économie réclame une organisation internationale, une rationalisation au niveau de la planète, toute tentative de développement national, même baptisé socialiste, est en dernière analyse un facteur conservateur. C’est dans ce sens également que la théorie du « socialisme dans un seul pays » était une théorie réactionnaire, une utopie petite-bourgeoise. Aussi n’est-il pas étonnant que la petite-bourgeoisie radicale des pays « anti-impérialistes », se soit retrouvée dans la théorie du socialisme dans un seul pays et ait emprunté à l’exemple stalinien ce qu’il avait de moins « ouvrier ».

Planification et propriété étatique des moyens de production étaient entre les mains de l’État ouvrier russe, des armes pour lutter contre sa propre bourgeoisie et la bourgeoisie internationale dans la préparation de la révolution mondiale, entre les mains des staliniens, c’est devenu de simples recettes économiques dans la voie sans issue du développement national. Ce ne sont, et ce ne peuvent être, les critères sur lesquels les marxistes fondent leur analyse de la nature sociale d’un État. Si leur signification absolue reste « socialiste », leur utilisation relative est inséparable du processus dans lequel elles s’inscrivent.
Quel que soit le degré de nationalisation de son économie, ne peut être ouvrier qu’un État issu d’une révolution prolétarienne victorieuse et se donnant pour tâche le renversement de la bourgeoisie mondiale.
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Message  Invité Sam 4 Juin - 12:17

A lire également, l'exposé du Cercle Léon Trotsky "Les démocraties populaires sont-elles des Etats socialistes ?" (1966).

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Message  gérard menvussa Sam 4 Juin - 12:38

Sauf que le texte de 67 souffre d'un manque de cohérence interne qui abouti à l'impasse actuelle de l'impossibilité de caractériser correctement la situation en Russie (l’URSS n’existant plus) :


L’URSS est un État ouvrier, non pas parce que son économie est planifiée ou parce que les moyens de production appartiennent à l’État, mais parce que cet État est issu d’une révolution prolétarienne victorieuse. Parce que l’État de la bourgeoisie a été irrémédiablement détruit qu’il n’en est pas resté pierre sur pierre. Parce que la classe ouvrière russe s’est donné ses propres organes de pouvoir, ses propres forces armées. Pour donner à ce pouvoir des bases sociales elle a retiré à la bourgeoisie sa domination économique. Le rythme et la marche de cette expropriation furent circonstanciels, mais toujours déterminés par la nécessité politique d’asseoir le nouvel État et de lui gagner des alliés.

si l’URSS est un état ouvrier "parce que cet état est issu d'une révolution prolétarienne", et seulement pour cette raison, alors l'état ouvrier, même trés dégénéré, est immortel ! Position absurde, mais qui est pourtant celle de l'union communiste (trotskyste) Pourtant, Trotsky avait décrit deux possibilités de rétablir un état capitaliste : soit celle consistant en une agression armée de l'impérialisme, une guerre d'agression. Et dans ce cas, la position correcte des trotskystes était de défendre le peu qu'il restait d'ouvrier dans l'ursss. L'autre possibiilité était un rétablissement d'un état capitaliste par la bureaucratie, ou une partie d'entre elle. Dans ce cas, il y aurait forcément pensait trotsky une réaction de la classe ouvrière, et la politique correcte du mouvement trotskyste consistait a défendre le prolétariat en lutte contre la bureaucratie restorationiste. Mais ce qui s'est réellement passé en 1991 a contredit la vulgate trotskyste, en ce sens que si la bureaucratie (ou plutot une fraction décisive de celle ci) a bien tenté de restaurer un état bourgeois, le prolétariat n'a eu rien a dire contre cette restauration : état ouvrier trés trés dégénéré, ou état bourgeois, pour lui c'était du pareil au même ! C'est que le coté "dialectique" de la notion d'état ouvrier dégénéré n'a guère été exploré, et la "force matérielle" de la révolution russe n'était depuis longtemps que du passé révolu...
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Message  verié2 Sam 4 Juin - 16:02


Lutte ouvrière
Quant à la tentative de contre-révolution sociale visant à transformer la société soviétique dans le sens capitaliste, elle est engagée de jure mais dans les faits loin d’être accomplie.
Lutte ouvrière - La situation dans l'ex URSS - 1992

Le problème (ou un des problèmes), c'est que LO porte toujours à peu près le même jugement 20 ans plus tard. Tout au plus dira-t-elle que la contre-révolution a progressé au cours de ces 20 ans, mais qu'elle n'a pas abouti à changer la nature de l'URSS-Russie. Qui serait donc un Etat "encore plus" dégénéré.

On est donc en droit de poser à LO la question suivante : quelle serait donc le critère qui attesterait du changement de nature de l'Etat en URSS/Russie ?

Et, sur ce point, LO sombre dans la confusion, en contradiction avec ses propres analyses précédentes.

Un Etat, c'est avant tout un appareil (bureaucrates, flics, militaires etc) au service d'une classe sociale. La thèse de LO, reprenant celle de Trotsky sous sa propre variante, c'est que cet Etat jouait un jeu d'équilibre entre les classes sociales, avec l'impérialisme etc, ce qui donnait une certaine autonomie à sa bureaucratie, comme Trotsky le pensait effectivement. Cet Etat n'ayant pas été détruit violemment par une contre-révolution, il ne pouvait que rester depuis sa mise en place un Etat ouvrier. (C'était un des arguments de Trotsky face aux capitalistes d'Etat, qu'il accusait d'être des "réformistes à l'envers".)

L'Etat russe n'ayant pas non plus, de toute évidence, été détruit en 1991, il reste ouvrier aujourd'hui. Sauf que LO ne met plus en avant cette continuité aujourd'hui, car elle sent bien que ça aboutirait à une véritable impasse : qui aurait intérêt à détruire l'Etat russe ?
Certainement pas la bourgeoisie russe, ni même l'impérialisme. Donc LO met l'accent sur des transformations de la société soviétique... effectuées sous Staline (mais selon elle sous l'impulsion de la révolution de 17), transformations qui n'auraient pas toutes été annulées depuis 1991.

Il y a donc un changement d'argumentation très net, sans le dire. C'est ce qu'on appelle un petit tour de passe-passe intellectuel. Car de quelles transformations s'agit-il, sinon de l'étatisation de l'industrie et des terres ? Mesures prises sous Staline et non sous Lénine d'ailleurs...

On remarquera que, si LO décrit avec précision et sérieux la situation dans l'ex URSS, mais souvent de façon "journalistique", elle n'a publié aucun texte théorique argumenté reprenant chacun des arguments et pronostics de Trotsky pour les confronter à la réalité.

Pour LO, l'expérience de l'URSS reste "globalement positive" malgré le stalinisme. L'économie se serait développée de façon extraordinaire, sans précédent, "malgré le stalinisme". Par quelque miraculeuse vertu, un régime né d'une contre-révolution représenterait une expérience historique positive. Or, si l'URSS s'est développée relativement rapidement, en sacrifiant tout à l'industrie lourde et militaire, ce n'est pas "malgré" mais "grâce" au stalinisme, qui a su détruire toute organisation de défense des travailleurs, enrégimenter la classe ouvrière, lui extorquer un taux de plus value sans précédent, utiliser une main d'oeuvre esclave. Sans cette dictature féroce, s'ils avaient eu ne serait-ce que des vrais syndicats, jamais les ouvriers et les paysans n'auraient accepté de subir une telle exploitation. Ils auraient exigé de bénéficier d'une part du surproduit social, au détriment de l'industrie lourd et militaire. L'URSS ne se serait certainement pas développée plus vite, mais probablement moins vite ! Et ce développement n'est pas le bon critère pour évaluer le bilan du stalinisme.

La contre-révolution stalinienne a été totale, elle n'a rien laissé de la révolution de 1917 dont elle a usurpé le drapeau, sinon des illusions parmi les militants communistes des autres pays. Son bilan est entièrement négatif.

verié2

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