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Message  fée clochette Sam 20 Oct - 14:35

verié2 a écrit:
-Ces observations ne règlent pas le problème de la répression. S'il ne faut pas banaliser la prostitution, faut-il la réprimer ?
-

C'est bien là le problème. Hors de question bien sûr de banaliser la prostitution. Sur la question de la répression, bien évidemment il ne faut pas que ce soit les prostituéEs qui en soient victimes. La question de la LSI de Sarkozy et de sa suppression est LA priorité pour moi. Et c'est pour cela que je m'oppose au projet de loi sur la pénalisation des clients de la prostitution. Parce qu'en l'état, si la LSI n'était pas supprimée (et c'est un préalable à toute loi de pénalisation) ce sont les personnes prostituées qui en subiraient les conséquences : augmentation des "intermédiaires (macs) pour ne pas se faire chopper, augmentation de l'invisibilité pour "protéger" les clients et donc augmentation de la violence pour elles, du défaut de suivi social et sanitaire.
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Message  sylvestre Sam 20 Oct - 14:43

Il me semble même que ce texte témoigne d'un aveuglement étonnant devant la réalité. Que des femmes (et des hommes) se prostituent pour gagner de l'argent est tout de même le b-a-ba. Je ne sais pas sur quelle planète on vit si on nie ça. La fin du texte indique bien la nature dogmatique du raisonnement : il faut prouver à toute force que la prostitution ne peut être en aucune manière un choix, même un choix contraint par le manque d'alternatives professionnelles, il faut donc prétendre que tous-tes les prostitué-es sont des femmes, et qu'elles sont toutes en fait des esclaves sexuelles sans aucune initiative.
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Message  Toussaint Sam 20 Oct - 23:45

1 L'enjeu de la pénalisation du client n'est pas seulement dans la répression, et très loin de là, c'est justement pour cela que le lobby proxénète en fait une bataille majeure. C'est d'abord dans la responsabilisation du client dans l'activité prostitutionnelle. C'est établir devant l'ensemble de la société son rôle fondamental de demandeur dans le commerce des corps humains, d'auteur de la prostitution, alors que l'image sexiste est inverse, ce sont les prostituées qui sont à la fois l'offre et la demande, le client est le malheureux séduit et à la limite détroussé par ces "salopes". C'est le truc d'Adam et Eve, si les femmes se vendent, c'est qu'elles aiment cela, en réalité ce sont des nymphomanes qui profitent du client, pauvre benêt éperdu de solitude qui a besoin d'amour. D'où certains usages du mot "pute" très loin de renvoyer à la prostituée seulement, notamment lorsque ce sont des femmes qui utilisent le terme. Désigner et stigmatiser légalement, socialement le prostitueur comme , l'auteur, le responsable de de la violence prostitutionnelle, c'est un enjeu central de la lutte contre la prostitution, et ce n'est pas seulement un enjeu économique de réduction de la demande. La manif du lobby proxénète contre la pénalisation des clients avait pour but d'abord de laver ce dernier de toute responsabilité en renvoyant celle-ci aux seules personnes prostituées, qui "choisissent", donc librement, de vivre de ce "travail", supprimant ainsi, bien sûr toute idée selon laquelle la prostitution est une violence faite aux femmes. C'est cela qu'a participé à promouvoir le NPA: la prostitution est un libre choix des prostituées, le client est un consommateur de sexe comme d'autres consomment le service de restauration, il n'est coupable ni respnsable de rien, il ne fait que répondre à une offre et cette offre répond à un besoin social légitime. Ce n'est pas une banalisation qu'a promue la manif, c'est une justification et une défense en règle de la légitimité de la prostitution comme relation entre les humains. Cela n'avait rien à voir avec une défense des prostituées, mais une défense de la prostitution et ses auteurs, clients et proxénètes.
Entre refuser la répression des personnes prostituées et participer aux initiatives du lobby proxénète il y a un abîme que le NPA a été le seul parti de gauche et ouvrier à franchir. Cautionnant, banalisant et soutenant la prostitution comme "travail" avec toute la régression des quelques acquis féministes qui va avec. Avec tout le soutien aux petits patrons et artisans proxénètes qui seront ainsi blanchis par la politique du NPA et ses amis du lobby proxénète. C'est très amusant de voir comment le NPA s'est mobilisé en descendant dans la rue pour défendre les prostitueurs et leur droit à prostituer sous prétexte d'abroger la LSI. On ne l'avait jamais connu si actif et réactif sur ces questions que lorsqu'il a été question de frapper les clients... Amusant comme pour demander la fin de la LSI on se retrouve à défendre et banaliser la prostitution. Sur ce forum sylvestre est le grand défenseur de la violence prostitutionnelle comme un choix libre et un travail comme un autre. S'il est un partisan de la banalisation de la prostitution, c'est bien lui. Et la répartition des rôles est bien rodée: les féministes du NPA commencent par donner un grand coup de chapeau à leur refus de "banaliser" la prostitution. Ensuite elles s'opposent à toute répression des prostitueurs en rejoignant dans la rue et dans les forums les prostitueurs et leurs alliés. Là dessus, les partisans "révolutionnaires" des violences prostitutionnelles porte-paroles "présentables" de gens qui ne le sont pas, donnent la cohérrence qui fait défaut aux féministes qui gardent des réserves toutes rhétoriques: on enfonce le clou et on affirme la prostitution comme un droit de la personne. Avec en prime l'argument massue selon lequel le corps est une marchandise comme une autre...

2
il faut prouver à toute force que la prostitution ne peut être en aucune manière un choix, même un choix contraint
Un choix contraint... Very Happy Tiens, cela me rappelle uen discussion de la semaine dernière avec une élève violée qui me disait qu'elle avait "choisi de se laisser faire", parce qu'elle ne voyait pas quoi faire d'autre.
Ensuite, évidemment sylvestre comme d'hab et les féministes du NPA bientôt, si ce n'est déjà fait, passe sous silence les violences sexuelles subies dans l'enfance et l'adolescence qui jouent un rôle bien établi dans le "choix" de se prostituer un peu plus tard. Ici, en Guyane, et sur le terrain, c'est très clair... Quant aux conséquences de la prostitution (et du porno qui est généralement de la prostitution filmée ou photographiée) sur la situation des femmes et des filles en général, évidemment silence, on tourne.

Pauvre NPA, décomposé, éclaté, maintenant au service du lobby proxénète...


Dernière édition par Toussaint le Dim 21 Oct - 8:09, édité 2 fois
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Message  Toussaint Dim 21 Oct - 0:44

Saint-Laurent du Maroni, une jeunesse au travail qui, comme on le sait, libère... Qui dit qu'il n'y a pas de débouchés pour les jeunes en Guyane? Voici en tout cas un bel exemple de développement de la formation professionnelle, de l'apprentissage dans l'épanouissement, enfin une ébauche de développement durable!!!...

RAPPORT DE MR STEPHANE BARBOZA « UN REGARD SUR LA JEUNESSE »

CONTEXTE :
Une enquête « CAP » portant sur les connaissances, attitudes et pratiques des travailleur(-euse)s du sexe à l’égard du VIH/Sida et des IST (Lieu d’étude : St Laurent du Maroni et alentours ; durée de l’étude : 6 mois), sous l’autorité du Centre d’Investigation Clinique et d’Epidémiologie Clinique de l’hôpital de Cayenne, s’est achevée en Septembre 2009.
Cette mission s’orientait vers des personnes majeures ayant recours à des activités de prostitution occasionnelle ou régulière, contre échange d’une rémunération. Néanmoins, de façon concomitante, des observations et des témoignages relatifs à la population adolescente ont pu être recueillis, lesquels font état d’activités de prostitution à caractère transactionnel (contre échange de service), mais aussi contre échange d’argent, entre mineur(-e)s, ainsi qu’entre mineur(-e)s et adultes… Si certains éléments semblent clairement identifiés depuis plusieurs années (par les institutionnels et les associatifs), concernant la précocité des rapports sexuels de certain(-e)s jeunes, de rapports entretenus entre adolescent(-e)s de plus de 15 ans et adultes…, d’autres manifestations très préoccupantes font leur apparition depuis peu. Les constats effectués sur le terrain, les interviews réalisés ou les témoignages collectés sont très loin d’être suffisants pour traduire la réalité de la situation, mais sont en revanche suffisamment « éloquents » pour témoigner de certaines de ces manifestations au sein de la jeunesse St Laurentaine.
Mon propos n’a de sens que dans une démarche de restitution de ces observations, ayant pour objectif de créer « un espace de discussion et une dynamique » entre différents partenaires (politiques, institutionnels et associatifs…) susceptibles ou désireux de s’engager contre un phénomène sociétal inquiétant, à priori exponentiel et touchant des personnes de plus en plus jeunes…

COMPTES RENDUS D’ENTRETIENS :
Les propos qui suivent sont des extraits d’une série d’entretiens menés avec des professionnels de la Santé, du Social, de l’Enseignement, ou des services de Police et de Gendarmerie… :
Aide soignante :
... « La prostitution masculine existe à St Laurent. Certains jeunes (mineurs) entretiennentdes relations sexuelles avec des hommes (ou des femmes) contre des cadeaux (booster, téléphone, vêtements…) ou de l’argent. Ils peuvent proposer leurs services, ou peuvent accepter la proposition de l’adulte, selon les situations »…
Responsable de service de la Police Municipale :
… « Dans le quartier de la Charbonnière, de très jeunes filles (12/14 ans) originaires du Guyana et du Surinam se prostituent. Ces enfants/ados vivent chez leurs mères et sontscolarisées. Il s’agit d’une prostitution occasionnelle. Elles proposent leurs services ou se font accoster à côté des snacks et débits de boissons illégaux.
Depuis 10 ans environ, la Police Municipale constate une réelle augmentation des activités de prostitution « cachée » et occasionnelle, notamment de jeunes filles qui échangeraient leurs corps contre « un poulet frite, ou une carte de téléphone etc. » (valeur des passes : 5 euros) : « ça concerne tout le monde » souligne Mr, car en lien avec la dureté de la vie (nombreuses familles monoparentales ; grande pauvreté...)
Par ailleurs, ces personnes (mineures ou majeures) ne s’identifient pas comme ayant une activité de prostitution (ex : la bière n’est pas considérée comme de l’alcool ; le cannabis n’est pas perçu comme une drogue ; et le fait d’échanger son corps contre un plat de riz ou un vêtement n’est pas considéré comme une forme de prostitution…).
Un autre phénomène (assez récent également) réside dans l’organisation de fêtes entre ados ou jeunes majeur(-e)s, durant lesquelles les jeunes s’alcoolisent beaucoup et font, àl’occasion, des « tournantes »…
Médecin, chef de service hospitalier :
… « Des soirées orgiaques sont organisées à St Laurent du Maroni, ainsi qu’à Paramaribo, où des adolescent(e)s sont invité(e)s. Ces réseaux sont basés sur du « bouche à oreille » et par conséquent très difficiles à infiltrer »…
CPE dans un collège :
…« Je connais au moins 3 collégiennes dans mon établissement qui ont recours à la prostitution. Des signalements ont été effectués ; 2 d’entre elles ont même bénéficié demesures éducatives…Ca ne les empêche pas de continuer leur activité et d’inviter à l’occasion d’autres jeunes à participer à ce commerce »…
Médiateur d ’une structure associative :
… « De très nombreuses lycéennes sont entretenues par des hommes mariés (participation financière variable, mais chez les personnes rencontrées dans le cadre de son activité = 300euros/mois).
La notion de « mécène » ou de « tuteur » est très vivante à St Laurent, mais très peu visible…
La prostitution occasionnelle peut être perçue comme un ensemble « d’opportunités », tant pour les clients que pour les jeunes qui se prostituent (appât du gain, immédiateté des finances, forme de reconnaissance sociale en sortant avec des plus âgés, offres et demandes interchangeables : le client propose ou le(la) personne propose…). Les périodes de fêtes telles que la fête de SLM, les festivals, le carnaval, les grandes vacances sont des moments plus favorables à la prostitution occasionnelle, notamment des plus jeunes (envie naturelle d’accéder aux biens de consommation), ceux-ci n’ayant pas de sources derevenus et recherchant des moyens d’y accéder.
Nombre d’adultes entretiennent ces relations (« parrainage ») à l’égard de jeunes filles («filleules ») et jeunes garçons. Ce type de relation s’exerce dans presque toutes les catégories sociales.
Un exemple (fréquemment avancé) est de constater aux abords des collèges et lycées les biens de consommation dont sont pourvus les jeunes (scooters, portables, vêtements de marque…) et les ressources dont dispose le milieu familial. La vision du respect du corps et la considération du rapport sexuel n’aurait, à priori, pas de «valeur » (comme on l’entend en occident). On pourrait de ce fait monnayer son corps contre un bami à 3,50 euros ou quelques jetons d’auto- tampon lors de la fête foraine…
Par ailleurs, le tourisme sexuel (principalement en provenance de Cayenne) inviterait largement l’usage de ces pratiques »…
Président d’une association :
… « Le travail du sexe est important à St Laurent et de nombreux jeunes s’y adonnent (filles et garçons mineurs et jeunes majeurs). Les échanges peuvent se faire sur le plan financier, ou contre des cadeaux (parfum, sous-vêtements…). Le « tutorat » ou « mécénat » est très développé ici. Beaucoup de contaminations au VIH s’effectueraient lors des évènements festifs (en lien avec l’augmentation de la prostitution occasionnelle) »...
Sage-femme :
… « Une certaine méconnaissance du corps et de son fonctionnement est soulignée; des croyances dans certaines communautés semblent encore actualisées, comme celle qui considère qu’avoir un rapport sexuel avec une vierge permet de se débarrasser d’une IST »…
Anthropologue :
… « Le cadre social s’étiole ; la densité humaine et la promiscuité qu’elle entraîne se développent grandement ; les moyens de communication s’étoffent rendant possible des RDV « spontanés » entre jeunes etc. sont autant de facteurs expliquant les changements de comportement des plus jeunes à l’égard de la sexualité… Cette situation concernerait notamment les collégien(-ienne)s. En outre, la « tentation » associée à la difficulté d’accès à certains produits de consommation pour nombre de jeunes, inviteraient à accepter ou à proposer aux plus âgés (adultes) un « échange » contre une partie de son corps »...
Agent de sécurité en discothèque :
… « Je fais le constat que depuis 8 ans environ, il arrive régulièrement que de jeunes hommes profitent de leur copine en réunion, alors que celle-ci est alcoolisée »…
Médecin CIDDIST :
… « La situation de la prostitution « visible » (professionnelle) de St Laurent a changé depuis quelques années, dans le sens où davantage de jeunes filles (15/16/17 ans) exercent cette activité »…
Médecin Gynécologue Obstétricien, chef de service hospitalier :
…« La prostitution du cadeau est un véritable drame à St Laurent du Maroni. Nombre de jeunes filles de 14 à 18 entretiennent des relations sexuelles avec des adultes généralementâgés de 25/30 ans, mais aussi avec des personnes bien plus âgées…
Assistante sociale :
… « Tant les mineures que les adultes n’osent parler de prostitution et de nombreux signalements ne sont pas faits ou restent sans incidence (victimes de violences ou d’abus sexuels). Si la peur de se faire identifier dans cette activité est grande (= rejet de la communauté), ici à St Laurent, il n’y a pas de normes et tout est permis »...
Enseignant :
… « Il y a bien des cas de prostitution masculine et féminine chez les élèves que j’accompagne (témoignages). Des adultes font des propositions « multiples » à ces jeunes. A ce jour, seules 3 situations de prostitution « avérée » ont été déclarées au collège, mais ne représentent qu’uneinfime partie de la réalité (sur les 1000 élèves accueillis).
Les jeunes acceptent des cadeaux en échange de faveurs, mais n’ont généralement pas l’impression de commercer leur corps. Cette notion de cadeaux est banalisée au point d’en faire la norme établie. Depuis 10 ans environ, Mr souligne une transformation des comportements sexuels chez les jeunes (en lien avec l’accès à internet, aux sites pornographiques…). Nombre de blogs se constituent ainsi, mettant en scène les jeunes eux-mêmes, ou transitent par les téléphones portables.
Des signalements en cas de grossesses mineures de moins de 15 ans sont effectués (12 ans pour l’une d’entre elles), mais si le consentement entres partenaires est établi, il n’y a pas de suite…(Source : assistante sociale ou infirmière scolaire).
La période pubère, l’adolescence et ses transformations, est un univers à part entière que la société St Laurentaine ne semble pas vouloir regarder. Pourtant sur l’ensemble des établissements scolaires (collèges et lycées), environ 7000 de ces jeunes sont accueillis et environ 50% de la population a moins de 25 ans, c’est dire s’ils sont finalement majoritaires face au « monde adulte »…
* Enfin, pour ma part, j’ai pu observer, voire même « éconduire » certaines propositions de très jeunes filles, m’invitant explicitement à avoir des relations sexuelles avec elles.
Pour exemple, dans le cadre d’actions de prévention Réduction des risques sexuels menée par l’association AIDES, une jeune fille âgée de 13 ans m’interpelle et me soumet l’invitation suivante : « Monsieur, est-ce que ça vous dit qu’on essaie ensemble les préservatifs que vous avez donnés ? Je sais faire plein de choses vous savez… ».

TEMOIGNAGES DIVERS :
Ces paroles ont été recueillies au cours de rencontres « informelles »…
* Homme - 45 ans -Restaurateur :
« Il est où le problème ? J’ai 45 ans et ma « petite » en a 16…Elle est totalement consentante. Je ne vois vraiment pas où est le problème. Vous savez ici, les filles sont mûres plus rapidement…Par contre, ça m’est déjà arrivé d’avoir des propositions avec des gamines, où là, tu dis non ; elles sont à peine formées… ».
* Homme- 57 ans :
« Je ne te parlerai ici que de ce qui a a trait aux plus de 15 ans. La loi est plus contraignante en ce qui concerne les moins de 15... Des jeunes (garçons) qui proposent leurs services, il y en a plein, il n’y a qu’à se servir…Ils gagnent de l’argent, ils prennent du plaisir…et moi aussi…C’est un échange de bons procédés. A partir du moment où tout le monde est d’accord ».
* Homme- 34 ans- Commerçant dans le quartier de la Charbonnière :
« En boîte, ça arrive avec certaines jeunes ; tu bois 2/3 verres, tu flirtes, mais au moment « d’aller plus loin », elles t’annoncent un tarif…Ici, dans le quartier, aucune personne ne prendrait le risque de proposer ses services par peur d’être reconnue. Celles (et ceux) qui le font viennent d’ailleurs -rive surinamaise, autres quartiers de St Laurent, autres villages… Des très jeunes filles (12/13 ans) sont souvent là le WE au bord du fleuve… ».
* Jeune femme- 18ans- mère au foyer :
« J’ai 3 enfants et je vis dans une maison vieille et sans électricité. J’ai fait un dossier pour avoir un logement. Le monsieur m’a dit qu’on pouvait s’arranger et que j’aurai un logement rapidement…mais moi, je ne veux pas coucher avec cet homme… ».
* Jeune homme- 17ans- Guide nature :
« Dans ma communauté, je connais pas mal de filles jeunes qui vont avec des adultes, des vieux. C’est normal, elles sont plus fragiles. Alors, si le garçon sait bien lui parler, elle accepte de coucher avec lui. Elles ont parfois 9 ou 10 ans ; mais ça dépend des familles, de leur éducation ».
* Jeune homme- 16ans1/2- Lycéen (témoignage recueilli par un professeur) :
« Une femme de 40 ans m’a proposé 400 euros pour « sortir avec elle ». C’était beaucoup d’argent, mais j’ai refusé. Lorsque j’ai raconté ça à mes copains, ils n’ont pas compris et m’ont demandé si j’étais vraiment assez riche pour refuser une proposition aussi intéressante… ».
* Jeune homme- 15ans - Collégien :
« Un Sponsor ? C’est quand tu trouves quelqu’un qui paye ce que tu as besoin pour l’école, qui te fait des cadeaux, qui t’aide…Mais c’est pas grave de faire avec lui (l’amour). J’ai un copain qui fait ça ; il est pas PD, parce que c’est toujours lui qui décide (pénètre), et il gagne 100 Euros ».
* Homme-39ans :
« C’est vrai que c’est interdit par la loi, mais vous savez, on est que des hommes…Les jeunes sont tellement aguichantes, vous avez vu leur manière de s’habiller ? Et puis, ellesn’ont vraiment pas froid aux yeux ; elles sont formées …Ce n’est pas si évident de résister ».
* Enfin, cet exemple, plusieurs fois évoqué au cours d’échanges informels avec des hommes âgés de 30 à 50 ans, au sujet d’adolescentes âgées de 14 à 16 ans se révèle assez « illustratif » de la banalisation de ces phénomènes, et témoigne de la difficulté apparente pour certains adultes de se sentir concernés par les lois de la République :
« A la Charbo, un poulet/frites et une Parbo (bière), et tu repars avec la fille… ».

SYNTHESE DES OBSERVATIONS RECUEILLIES :
Il apparaît très clairement que ces éléments demandent à être développés et nécessiteraient d’être inscrits dans une étude plus spécifique s’adressant aux enfants et adolescents, et faire l’objet d’une véritable investigation…
*Une forte propension de « jeunes » feraient commerce de leurs corps de manière occasionnelle ou régulière, en échange de biens matériels, de cadeaux, de services, denourriture etc (sexe transactionnel), mais aussi contre de l’argent et, à priori en soumettant des tarifs (en fonction des prestations demandées ou du nombre de partenaires par exemple).
* Cette « disposition » concernerait des adolescent(-e)s âgé(-e)s de 15 à 18 ans en particulier, mais toucherait aussi des très jeunes, dont les âges oscilleraient entre 12 et 14
ans…
* Ces formes de prostitution se dérouleraient entre mineur(-e)s (système de cotisation à plusieurs garçons pour payer les services d’une fille par exemple), mais concerneraientégalement beaucoup de relations entre mineur(-e)s et adultes…
* Il est vrai que la notion de « Mécénat » ou de « Tutorat » est très vive à St Laurent du Maroni. Cette pratique répandue consiste en une relation de type « djaliste » où l’un des 2 partenaires (souvent l’homme) entretient l’autre contre « services en nature ». Ces relations existent entre adultes, mais aussi entre adultes et mineur(-e)s.
* Par ailleurs, d’autres manifestations ont fait leur apparition il y a peu (environ 2 ans), tels que les viols collectifs (« tournantes ») ou la réalisation de mini courts métrages à caractère pornographique, dont les acteur(-trice)s sont mineur(-e)s…Ces petits films sont véhiculés par les téléphones portables, entre collégiens ou lycéens, et mettent en scène différentes saynètes de pratiques sexuelles. (Toussaint ajoute que ces "saynètes" sont souvent des films de viols en réunion et qu'elles servent à stigmatiser mais aussi à harceler, des adultes ensuite viennent parfois de loin pour consommer la fille ainsi mise en promotion avec souvent son lcollège, sa classe, son téléphone et son adresse...).* Une population extrêmement jeune, une densité humaine sans cesse croissante, une difficulté d’accès aux études supérieures ou à l’emploi, des situations sociales très précaires, voire misérables, …sont autant « d’indices ou de paramètres » d’une situation qui semblerait ne pouvoir être qu’exponentielle, d’autant plus si elle entretenue par des adultes, notamment «responsables » dans la vie de la cité… (Toussaint ajoute aussi que ces pratiques d'ouverture vers le monde du travail concernent aussi et ciblent beaucoup les personnes sans papiers, très nombreuses à St Laurent, ce que les partisans de la prostitution comme "travail du sexe verront sans doute comme une discrimination positive à l'embauche...)
Mon propos ne se veut pas vindicatif, mais voudrait inviter à réfléchir sur les moyens à mettre en oeuvre pour lutter contre ces phénomènes, dans le respect du droit des enfants et des adolescents…

Stéphane Barboza Coordinateur Enquête CAP VIH
(Avril 2009- Septembre 2009)

L'auteur de ce rapport ne semble pas réaliser à quel point la Guyane utilise de façon pertinente ses ressources humaines, trouve le moyen de donner à ses jeunes l'occasion de se former, d'exploiter leurs qualités dans un travail compatible avec un développement autocentré. Ajoutons que les informations relevées ici et là montrent un réel potentiel d'exportation du savoir-faire ainsi acquis sur le marché international. Encore un qui n'a pas compris qu'il s'agit simplement de formation professionnelle en alternance! Tttt, vilain réac... Il faut que le NPA lui parle, à celui-là.


Dernière édition par Toussaint le Dim 21 Oct - 3:51, édité 2 fois
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Prostitution/Travail du sexe - Page 17 Empty Re: Prostitution/Travail du sexe

Message  Vals Dim 21 Oct - 1:33

Toussaint a écrit:1 Entre refuser la répression des personnes prostituées et participer aux initiatives du lobby proxénète il y a un abîme que le NPA a été le seul parti de gauche et ouvrier à franchir. Cautionnant, banalisant et soutenant la prostitution comme "travail" avec toute la régression des quelques acquis féministes qui va avec. Avec tout le soutien aux petits patrons et artisans proxénètes qui seront ainsi blanchis par la politique du NPA et ses amis du lobby proxénète. C'est très amusant de voir comment le NPA s'est mobilisé en descendant dans la rue pour défendre les prostitueurs et leur droit à prostituer sous prétexte d'abroger la LSI. On ne l'avait jamais connu si actif et réactif sur ces questions que lorsqu'il a été question de frapper les clients... Amusant comme pour demander la fin de la LSI on se retrouve à défendre et banaliser la prostitution. Sur ce forum sylvestre est le grand défenseur de la violence prostitutionnelle comme un choix libre et un travail comme un autre. S'il est un partisan de la banalisation de la prostitution, c'est bien lui. Et la répartition des rôles est bien rodée: les féministes du NPA commencent par donner un grand coup de chapeau à leur refus de "banaliser" la prostitution. Ensuite elles s'opposent à toute répression des prostitueurs en rejoignant dans la rue et dans les forums les prostitueurs et leurs alliés. Là dessus, les partisans "révolutionnaires" des violences prostitutionnelles porte-paroles "présentables" de gens qui ne le sont pas, donnent la cohérrence qui fait défaut aux féministes qui gardent des réserves toutes rhétoriques: on enfonce le clou et on affirme la prostitution comme un droit de la personne. Avec en prime l'argument massue selon lequel le corps est une marchandise comme une autre...

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il faut prouver à toute force que la prostitution ne peut être en aucune manière un choix, même un choix contraint
Un choix contraint... Very Happy Tiens, cela me rappelle uen discussion de la semaine dernière avec une élève violée qui me disait qu'elle avait "choisi de se laisser faire", parce qu'elle ne voyait pas quoi faire d'autre.
Ensuite, évidemment sylvestre comme d'hab et les féministes du NPA bientôt, si ce n'est déjà fait, passe sous silence les violences sexuelles subies dans l'enfance et l'adolescence qui jouent un rôle bien établi dans le "choix" de se prostituer un peu plus tard. Ici, en Guyane, et sur le terrain, c'est très clair... Quant aux conséquences de la prostitution (et du porno qui est généralement de la prostitution filmée ou photographiée) sur la situation des femmes et des filles en général, évidemment silence, on tourne.

Pauvre NPA, décomposé, éclaté, maintenant au service du lobby proxénète...

Entièrement d'accord sur le fond avec Toussaint, qui dénonce à juste titre un féminisme de pacotille, qui baisse pavillon devant les lobbies prostitutionnels et qui sous prétexte de "protection" des humains prostitués justifie qu'ils soient livrés de façon plus "légale" et sécurisée aux consommateurs/violeurs qui se dédouanent à coup de fric ....
C'est toutes les femmes et au delà toute l'humanité qui sont humiliées et salies par de telles positions qui banalisent et justifient l'utilisation de corps humains par des "consommateurs" contre quelques billets qui payent leur mépris et leur saloperie.

Sur la forme par contre, je pense que beaucoup de femmes et d'hommes du NPA ou proches ne cautionnent pas les positions caricaturales de Sylvestre et de ceux qui revendiquent la reconnaissance d'un statut pour les exploiteurs du sexe et leurs esclaves .
Et heureusement....
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Message  yannalan Dim 21 Oct - 11:45

Ca me rappelle le Togo : les prostituées sont "ghanéennes". Au Ghana voisin, elles sont évidemment "togolaises". De la prostitution niveau collège, il y en avait en Pas-de-Calais il y a une quarantaine d'année...



Toussaint a écrit:Saint-Laurent du Maroni, une jeunesse au travail qui, comme on le sait, libère... Qui dit qu'il n'y a pas de débouchés pour les jeunes en Guyane? Voici en tout cas un bel exemple de développement de la formation professionnelle, de l'apprentissage dans l'épanouissement, enfin une ébauche de développement durable!!!...

RAPPORT DE MR STEPHANE BARBOZA « UN REGARD SUR LA JEUNESSE »

CONTEXTE :
Une enquête « CAP » portant sur les connaissances, attitudes et pratiques des travailleur(-euse)s du sexe à l’égard du VIH/Sida et des IST (Lieu d’étude : St Laurent du Maroni et alentours ; durée de l’étude : 6 mois), sous l’autorité du Centre d’Investigation Clinique et d’Epidémiologie Clinique de l’hôpital de Cayenne, s’est achevée en Septembre 2009.
Cette mission s’orientait vers des personnes majeures ayant recours à des activités de prostitution occasionnelle ou régulière, contre échange d’une rémunération. Néanmoins, de façon concomitante, des observations et des témoignages relatifs à la population adolescente ont pu être recueillis, lesquels font état d’activités de prostitution à caractère transactionnel (contre échange de service), mais aussi contre échange d’argent, entre mineur(-e)s, ainsi qu’entre mineur(-e)s et adultes… Si certains éléments semblent clairement identifiés depuis plusieurs années (par les institutionnels et les associatifs), concernant la précocité des rapports sexuels de certain(-e)s jeunes, de rapports entretenus entre adolescent(-e)s de plus de 15 ans et adultes…, d’autres manifestations très préoccupantes font leur apparition depuis peu. Les constats effectués sur le terrain, les interviews réalisés ou les témoignages collectés sont très loin d’être suffisants pour traduire la réalité de la situation, mais sont en revanche suffisamment « éloquents » pour témoigner de certaines de ces manifestations au sein de la jeunesse St Laurentaine.
Mon propos n’a de sens que dans une démarche de restitution de ces observations, ayant pour objectif de créer « un espace de discussion et une dynamique » entre différents partenaires (politiques, institutionnels et associatifs…) susceptibles ou désireux de s’engager contre un phénomène sociétal inquiétant, à priori exponentiel et touchant des personnes de plus en plus jeunes…

COMPTES RENDUS D’ENTRETIENS :
Les propos qui suivent sont des extraits d’une série d’entretiens menés avec des professionnels de la Santé, du Social, de l’Enseignement, ou des services de Police et de Gendarmerie… :
Aide soignante :
... « La prostitution masculine existe à St Laurent. Certains jeunes (mineurs) entretiennentdes relations sexuelles avec des hommes (ou des femmes) contre des cadeaux (booster, téléphone, vêtements…) ou de l’argent. Ils peuvent proposer leurs services, ou peuvent accepter la proposition de l’adulte, selon les situations »…
Responsable de service de la Police Municipale :
… « Dans le quartier de la Charbonnière, de très jeunes filles (12/14 ans) originaires du Guyana et du Surinam se prostituent. Ces enfants/ados vivent chez leurs mères et sontscolarisées. Il s’agit d’une prostitution occasionnelle. Elles proposent leurs services ou se font accoster à côté des snacks et débits de boissons illégaux.
Depuis 10 ans environ, la Police Municipale constate une réelle augmentation des activités de prostitution « cachée » et occasionnelle, notamment de jeunes filles qui échangeraient leurs corps contre « un poulet frite, ou une carte de téléphone etc. » (valeur des passes : 5 euros) : « ça concerne tout le monde » souligne Mr, car en lien avec la dureté de la vie (nombreuses familles monoparentales ; grande pauvreté...)
Par ailleurs, ces personnes (mineures ou majeures) ne s’identifient pas comme ayant une activité de prostitution (ex : la bière n’est pas considérée comme de l’alcool ; le cannabis n’est pas perçu comme une drogue ; et le fait d’échanger son corps contre un plat de riz ou un vêtement n’est pas considéré comme une forme de prostitution…).
Un autre phénomène (assez récent également) réside dans l’organisation de fêtes entre ados ou jeunes majeur(-e)s, durant lesquelles les jeunes s’alcoolisent beaucoup et font, àl’occasion, des « tournantes »…
Médecin, chef de service hospitalier :
… « Des soirées orgiaques sont organisées à St Laurent du Maroni, ainsi qu’à Paramaribo, où des adolescent(e)s sont invité(e)s. Ces réseaux sont basés sur du « bouche à oreille » et par conséquent très difficiles à infiltrer »…
CPE dans un collège :
…« Je connais au moins 3 collégiennes dans mon établissement qui ont recours à la prostitution. Des signalements ont été effectués ; 2 d’entre elles ont même bénéficié demesures éducatives…Ca ne les empêche pas de continuer leur activité et d’inviter à l’occasion d’autres jeunes à participer à ce commerce »…
Médiateur d ’une structure associative :
… « De très nombreuses lycéennes sont entretenues par des hommes mariés (participation financière variable, mais chez les personnes rencontrées dans le cadre de son activité = 300euros/mois).
La notion de « mécène » ou de « tuteur » est très vivante à St Laurent, mais très peu visible…
La prostitution occasionnelle peut être perçue comme un ensemble « d’opportunités », tant pour les clients que pour les jeunes qui se prostituent (appât du gain, immédiateté des finances, forme de reconnaissance sociale en sortant avec des plus âgés, offres et demandes interchangeables : le client propose ou le(la) personne propose…). Les périodes de fêtes telles que la fête de SLM, les festivals, le carnaval, les grandes vacances sont des moments plus favorables à la prostitution occasionnelle, notamment des plus jeunes (envie naturelle d’accéder aux biens de consommation), ceux-ci n’ayant pas de sources derevenus et recherchant des moyens d’y accéder.
Nombre d’adultes entretiennent ces relations (« parrainage ») à l’égard de jeunes filles («filleules ») et jeunes garçons. Ce type de relation s’exerce dans presque toutes les catégories sociales.
Un exemple (fréquemment avancé) est de constater aux abords des collèges et lycées les biens de consommation dont sont pourvus les jeunes (scooters, portables, vêtements de marque…) et les ressources dont dispose le milieu familial. La vision du respect du corps et la considération du rapport sexuel n’aurait, à priori, pas de «valeur » (comme on l’entend en occident). On pourrait de ce fait monnayer son corps contre un bami à 3,50 euros ou quelques jetons d’auto- tampon lors de la fête foraine…
Par ailleurs, le tourisme sexuel (principalement en provenance de Cayenne) inviterait largement l’usage de ces pratiques »…
Président d’une association :
… « Le travail du sexe est important à St Laurent et de nombreux jeunes s’y adonnent (filles et garçons mineurs et jeunes majeurs). Les échanges peuvent se faire sur le plan financier, ou contre des cadeaux (parfum, sous-vêtements…). Le « tutorat » ou « mécénat » est très développé ici. Beaucoup de contaminations au VIH s’effectueraient lors des évènements festifs (en lien avec l’augmentation de la prostitution occasionnelle) »...
Sage-femme :
… « Une certaine méconnaissance du corps et de son fonctionnement est soulignée; des croyances dans certaines communautés semblent encore actualisées, comme celle qui considère qu’avoir un rapport sexuel avec une vierge permet de se débarrasser d’une IST »…
Anthropologue :
… « Le cadre social s’étiole ; la densité humaine et la promiscuité qu’elle entraîne se développent grandement ; les moyens de communication s’étoffent rendant possible des RDV « spontanés » entre jeunes etc. sont autant de facteurs expliquant les changements de comportement des plus jeunes à l’égard de la sexualité… Cette situation concernerait notamment les collégien(-ienne)s. En outre, la « tentation » associée à la difficulté d’accès à certains produits de consommation pour nombre de jeunes, inviteraient à accepter ou à proposer aux plus âgés (adultes) un « échange » contre une partie de son corps »...
Agent de sécurité en discothèque :
… « Je fais le constat que depuis 8 ans environ, il arrive régulièrement que de jeunes hommes profitent de leur copine en réunion, alors que celle-ci est alcoolisée »…
Médecin CIDDIST :
… « La situation de la prostitution « visible » (professionnelle) de St Laurent a changé depuis quelques années, dans le sens où davantage de jeunes filles (15/16/17 ans) exercent cette activité »…
Médecin Gynécologue Obstétricien, chef de service hospitalier :
…« La prostitution du cadeau est un véritable drame à St Laurent du Maroni. Nombre de jeunes filles de 14 à 18 entretiennent des relations sexuelles avec des adultes généralementâgés de 25/30 ans, mais aussi avec des personnes bien plus âgées…
Assistante sociale :
… « Tant les mineures que les adultes n’osent parler de prostitution et de nombreux signalements ne sont pas faits ou restent sans incidence (victimes de violences ou d’abus sexuels). Si la peur de se faire identifier dans cette activité est grande (= rejet de la communauté), ici à St Laurent, il n’y a pas de normes et tout est permis »...
Enseignant :
… « Il y a bien des cas de prostitution masculine et féminine chez les élèves que j’accompagne (témoignages). Des adultes font des propositions « multiples » à ces jeunes. A ce jour, seules 3 situations de prostitution « avérée » ont été déclarées au collège, mais ne représentent qu’uneinfime partie de la réalité (sur les 1000 élèves accueillis).
Les jeunes acceptent des cadeaux en échange de faveurs, mais n’ont généralement pas l’impression de commercer leur corps. Cette notion de cadeaux est banalisée au point d’en faire la norme établie. Depuis 10 ans environ, Mr souligne une transformation des comportements sexuels chez les jeunes (en lien avec l’accès à internet, aux sites pornographiques…). Nombre de blogs se constituent ainsi, mettant en scène les jeunes eux-mêmes, ou transitent par les téléphones portables.
Des signalements en cas de grossesses mineures de moins de 15 ans sont effectués (12 ans pour l’une d’entre elles), mais si le consentement entres partenaires est établi, il n’y a pas de suite…(Source : assistante sociale ou infirmière scolaire).
La période pubère, l’adolescence et ses transformations, est un univers à part entière que la société St Laurentaine ne semble pas vouloir regarder. Pourtant sur l’ensemble des établissements scolaires (collèges et lycées), environ 7000 de ces jeunes sont accueillis et environ 50% de la population a moins de 25 ans, c’est dire s’ils sont finalement majoritaires face au « monde adulte »…
* Enfin, pour ma part, j’ai pu observer, voire même « éconduire » certaines propositions de très jeunes filles, m’invitant explicitement à avoir des relations sexuelles avec elles.
Pour exemple, dans le cadre d’actions de prévention Réduction des risques sexuels menée par l’association AIDES, une jeune fille âgée de 13 ans m’interpelle et me soumet l’invitation suivante : « Monsieur, est-ce que ça vous dit qu’on essaie ensemble les préservatifs que vous avez donnés ? Je sais faire plein de choses vous savez… ».

TEMOIGNAGES DIVERS :
Ces paroles ont été recueillies au cours de rencontres « informelles »…
* Homme - 45 ans -Restaurateur :
« Il est où le problème ? J’ai 45 ans et ma « petite » en a 16…Elle est totalement consentante. Je ne vois vraiment pas où est le problème. Vous savez ici, les filles sont mûres plus rapidement…Par contre, ça m’est déjà arrivé d’avoir des propositions avec des gamines, où là, tu dis non ; elles sont à peine formées… ».
* Homme- 57 ans :
« Je ne te parlerai ici que de ce qui a a trait aux plus de 15 ans. La loi est plus contraignante en ce qui concerne les moins de 15... Des jeunes (garçons) qui proposent leurs services, il y en a plein, il n’y a qu’à se servir…Ils gagnent de l’argent, ils prennent du plaisir…et moi aussi…C’est un échange de bons procédés. A partir du moment où tout le monde est d’accord ».
* Homme- 34 ans- Commerçant dans le quartier de la Charbonnière :
« En boîte, ça arrive avec certaines jeunes ; tu bois 2/3 verres, tu flirtes, mais au moment « d’aller plus loin », elles t’annoncent un tarif…Ici, dans le quartier, aucune personne ne prendrait le risque de proposer ses services par peur d’être reconnue. Celles (et ceux) qui le font viennent d’ailleurs -rive surinamaise, autres quartiers de St Laurent, autres villages… Des très jeunes filles (12/13 ans) sont souvent là le WE au bord du fleuve… ».
* Jeune femme- 18ans- mère au foyer :
« J’ai 3 enfants et je vis dans une maison vieille et sans électricité. J’ai fait un dossier pour avoir un logement. Le monsieur m’a dit qu’on pouvait s’arranger et que j’aurai un logement rapidement…mais moi, je ne veux pas coucher avec cet homme… ».
* Jeune homme- 17ans- Guide nature :
« Dans ma communauté, je connais pas mal de filles jeunes qui vont avec des adultes, des vieux. C’est normal, elles sont plus fragiles. Alors, si le garçon sait bien lui parler, elle accepte de coucher avec lui. Elles ont parfois 9 ou 10 ans ; mais ça dépend des familles, de leur éducation ».
* Jeune homme- 16ans1/2- Lycéen (témoignage recueilli par un professeur) :
« Une femme de 40 ans m’a proposé 400 euros pour « sortir avec elle ». C’était beaucoup d’argent, mais j’ai refusé. Lorsque j’ai raconté ça à mes copains, ils n’ont pas compris et m’ont demandé si j’étais vraiment assez riche pour refuser une proposition aussi intéressante… ».
* Jeune homme- 15ans - Collégien :
« Un Sponsor ? C’est quand tu trouves quelqu’un qui paye ce que tu as besoin pour l’école, qui te fait des cadeaux, qui t’aide…Mais c’est pas grave de faire avec lui (l’amour). J’ai un copain qui fait ça ; il est pas PD, parce que c’est toujours lui qui décide (pénètre), et il gagne 100 Euros ».
* Homme-39ans :
« C’est vrai que c’est interdit par la loi, mais vous savez, on est que des hommes…Les jeunes sont tellement aguichantes, vous avez vu leur manière de s’habiller ? Et puis, ellesn’ont vraiment pas froid aux yeux ; elles sont formées …Ce n’est pas si évident de résister ».
* Enfin, cet exemple, plusieurs fois évoqué au cours d’échanges informels avec des hommes âgés de 30 à 50 ans, au sujet d’adolescentes âgées de 14 à 16 ans se révèle assez « illustratif » de la banalisation de ces phénomènes, et témoigne de la difficulté apparente pour certains adultes de se sentir concernés par les lois de la République :
« A la Charbo, un poulet/frites et une Parbo (bière), et tu repars avec la fille… ».

SYNTHESE DES OBSERVATIONS RECUEILLIES :
Il apparaît très clairement que ces éléments demandent à être développés et nécessiteraient d’être inscrits dans une étude plus spécifique s’adressant aux enfants et adolescents, et faire l’objet d’une véritable investigation…
*Une forte propension de « jeunes » feraient commerce de leurs corps de manière occasionnelle ou régulière, en échange de biens matériels, de cadeaux, de services, denourriture etc (sexe transactionnel), mais aussi contre de l’argent et, à priori en soumettant des tarifs (en fonction des prestations demandées ou du nombre de partenaires par exemple).
* Cette « disposition » concernerait des adolescent(-e)s âgé(-e)s de 15 à 18 ans en particulier, mais toucherait aussi des très jeunes, dont les âges oscilleraient entre 12 et 14
ans…
* Ces formes de prostitution se dérouleraient entre mineur(-e)s (système de cotisation à plusieurs garçons pour payer les services d’une fille par exemple), mais concerneraientégalement beaucoup de relations entre mineur(-e)s et adultes…
* Il est vrai que la notion de « Mécénat » ou de « Tutorat » est très vive à St Laurent du Maroni. Cette pratique répandue consiste en une relation de type « djaliste » où l’un des 2 partenaires (souvent l’homme) entretient l’autre contre « services en nature ». Ces relations existent entre adultes, mais aussi entre adultes et mineur(-e)s.
* Par ailleurs, d’autres manifestations ont fait leur apparition il y a peu (environ 2 ans), tels que les viols collectifs (« tournantes ») ou la réalisation de mini courts métrages à caractère pornographique, dont les acteur(-trice)s sont mineur(-e)s…Ces petits films sont véhiculés par les téléphones portables, entre collégiens ou lycéens, et mettent en scène différentes saynètes de pratiques sexuelles. (Toussaint ajoute que ces "saynètes" sont souvent des films de viols en réunion et qu'elles servent à stigmatiser mais aussi à harceler, des adultes ensuite viennent parfois de loin pour consommer la fille ainsi mise en promotion avec souvent son lcollège, sa classe, son téléphone et son adresse...).* Une population extrêmement jeune, une densité humaine sans cesse croissante, une difficulté d’accès aux études supérieures ou à l’emploi, des situations sociales très précaires, voire misérables, …sont autant « d’indices ou de paramètres » d’une situation qui semblerait ne pouvoir être qu’exponentielle, d’autant plus si elle entretenue par des adultes, notamment «responsables » dans la vie de la cité… (Toussaint ajoute aussi que ces pratiques d'ouverture vers le monde du travail concernent aussi et ciblent beaucoup les personnes sans papiers, très nombreuses à St Laurent, ce que les partisans de la prostitution comme "travail du sexe verront sans doute comme une discrimination positive à l'embauche...)
Mon propos ne se veut pas vindicatif, mais voudrait inviter à réfléchir sur les moyens à mettre en oeuvre pour lutter contre ces phénomènes, dans le respect du droit des enfants et des adolescents…

Stéphane Barboza Coordinateur Enquête CAP VIH
(Avril 2009- Septembre 2009)

L'auteur de ce rapport ne semble pas réaliser à quel point la Guyane utilise de façon pertinente ses ressources humaines, trouve le moyen de donner à ses jeunes l'occasion de se former, d'exploiter leurs qualités dans un travail compatible avec un développement autocentré. Ajoutons que les informations relevées ici et là montrent un réel potentiel d'exportation du savoir-faire ainsi acquis sur le marché international. Encore un qui n'a pas compris qu'il s'agit simplement de formation professionnelle en alternance! Tttt, vilain réac... Il faut que le NPA lui parle, à celui-là.

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Message  sylvestre Ven 2 Nov - 11:52

Prostitutionsgesetz: »In Wien brennt es bereits«
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Message  Vals Mar 20 Nov - 17:40

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Message  sylvestre Jeu 24 Jan - 16:26

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article132935

Lettre ouverte du collectif “8 mars pour toutes” au NPA
de : Collectif 8 mars pour toutes
jeudi 24 janvier 2013 - 12h39

ChèrEs camarades féministes,

Nous apprenons que lors de votre prochain Congrès du 1er au 3 février 2013 portant sur les questions féministes un débat aura lieu sur la prostitution à l’issu duquel nous comprenons qu’un vote décidera si le NPA se revendique comme abolitionniste, et s’il défend la pénalisation des clients des travailleuSEs du sexe.

Notre collectif féministe est connu pour rassembler des femmes dites minoritaires habituellement exclues des autres organisations féministes, dont notamment des travailleuses du sexe. Nous voudrions donc vous interpeller sur les risques politiques d’un tel vote.

Dans l’article de « Tout est à nous » du 3 janvier 2013 qui présente votre Congrès, vous posez la question de la « place pour la parole des prostituées elles-mêmes dans la mesure où leur expression est très difficile ». Nous voudrions donc vous rappeler en tant que parti participant à notre collectif que cette parole existe belle et bien, que vous pouvez l’entendre par exemple pendant nos réunions, où lors des manifestations auxquelles vous participez avec nous.

Il est dommage d’oublier, ou d’ignorer, l’existence de cette parole dont la difficulté de s’exprimer ne tient pas au manque de capacité politique des travailleuSEs du sexe, mais au refus délibéré de leur donner un espace politique pour les entendre. Votre Congrès aurait pu être l’occasion d’accorder un tel espace en invitant des membres de notre collectif.Si tel n’était pas le cas, nous aimerions savoir pourquoi, dans la mesure où nous avons déjà l’habitude de travailler ensemble sur des actions féministes communes.

Vous devriez savoir que les travailleuses et travailleurs du sexe s’organisent politiquement en France depuis 1975, qu’elles et ils militent dans de nombreuses associations que ce soit pour leur santé, la reconnaissance de leur travail ou contre leur criminalisation. La plus ancienne organisation encore existante a été fondée en 1989, il s’agit des Amis du bus des femmes. Qu’en est-il par exemple de leur parole ? Qu’en est-il aussi de celle du Syndicat du travail sexuel dit STRASS qui pourtant porte des revendications similaires au reste de la classe ouvrière ?

Ces paroles sont aujourd’hui multiples et incluent celles de femmes, d’hommes et de trans, celles de personnes françaises et migrantes, travaillant dans la rue, dans les industries du porno, du strip-tease, et d’autres secteurs. Qu’y a-t-il de si « difficile » à entendre dans leur expression ?

Cet oubli est politique. Il nous rappelle celui de la LCR sur d’autres questions de société au début des années 1970 quand les mouvements féministes et homosexuels l’interpellaient déjà. En tant que féministes nous ne devons pas reproduire envers les travailleuses et travailleurs du sexe ce que nous avons-nous-mêmes subi.

Nous sommes inquiètes car jusqu’à présent le NPA était un des rares partis à ne pas soutenir de politiques répressives à l’égard de la prostitution. Nous sommes même en accord avec l’ensemble des mesures d’urgence proposées afin que les personnes qui désirent arrêter le travail sexuel puissent le faire.

Nous déplorons cependant que rien ne soit proposé pour améliorer les conditions de travail des personnes qui désirent continuer d’exercer le travail sexuel hormis la fin de leur criminalisation qui n’est pour nous qu’un minimum requis.

En discutant d’une possible pénalisation des clients, vous vous rangez du côté des partis de gouvernement qui ont l’habitude d’utiliser l’appareil de la police et de l’Etat afin de régler des questions sociales. Cela nous surprend et nous fait peur.

Une telle politique ne serait en effet pas sans conséquences sur les travailleuses et travailleurs du sexe elles/eux-mêmes. La pénalisation des clients ne fera en rien disparaitre la prostitution. Les systèmes capitaliste et patriarcal continueront d’exister et de créer les conditions qui poussent de nombreuses personnes à préférer le travail sexuel à un autre travail.

Cette pénalisation risque au contraire d’empirer leur situation, la précarité, la clandestinité, le manque d’accès aux soins et à la prévention, les violences, les discriminations et le stigma.

La pénalisation des clients induit que les travailleuses et travailleurs du sexe ne seraient pas capables d’exprimer leur consentement face à un client et qu’il faudrait les protéger contre leur gré, en les empêchant de se prostituer. C’est pour nous une position éloignée du féminisme, car elle les essentialise en tant que victimes sans espoir au lieu de leur donner les moyens de leur émancipation.

Nous croyons dans le fait que la libération des travailleuSEs sera l’œuvre des travailleuSEs elles et eux-mêmes. Nous ne pensons pas qu’une intervention policière de l’Etat protègera les travailleuses et travailleurs du sexe mais au contraire risque de renforcer l’arbitraire du pouvoir policier, en particulier envers les personnes étrangères.

La pénalisation des clients nous semble également une mesure éloignée de l’abolitionnisme originel de Joséphine Butler qui si elle espérait un monde sans prostitution, avait toujours mis en garde contre la pénalisation de la prostitution. Nous pensons donc qu’il est possible d’être abolitionniste sur une base non répressive, et espérons que les militantEs de votre parti qui se positionnent comme telLEs ne choisiront pas sa tendance dite moderne et pro-pénalisation.

Nous vous demandons donc de rejeter toute pénalisation des clients et de favoriser plutôt des espaces où la parole ET l’écoute des travailleuSEs du sexe ne sera pas difficile. Nous vous invitons par exemple à participer à la manifestation du samedi 16 mars 2013 pour l’abrogation de la loi de sécurité intérieure (LSI), pendant laquelle vous pourrez rencontrer de nombreuSEs travailleuSEs du sexe. https://www.facebook.com/events/206934059431277/

Solidarités féministes,

Le collectif « 8 mars pour touTEs »
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Message  Vals Sam 26 Jan - 23:27

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Message  Toussaint Mar 12 Mar - 23:28

http://www.marievictoirelouis.net/index.php

Marie-Victoire Louis

L’annonce par Madame Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, d’une proposition de loi abrogeant le délit de « racolage passif » : le proxénétisme a encore gagné…

date de rédaction : 07/03/2013


I. Que dire du contexte de cette annonce par la ministre :

II. Que dire des justifications avancées ? :

III. Où en est-on aujourd’hui ?

IV. L’avenir.


Madame Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des femmes du gouvernement de J.M. Ayrault, « annonce » dans le numéro de mars du Magazine Causette -« l'abrogation du délit de racolage passif ». (p.58) Elle informe par ailleurs que cette abrogation « fait l'objet d'une proposition de loi qui sera examinée au Sénat à la fin mars ». (Ibid.)

I. Que dire du contexte de cette annonce par la ministre :

* Tout d’abord, la ministre fait une présentation erronée : dans le projet de « proposition de loi », il ne s’agit pas d’abrogation du « racolage passif » mais de « racolage public », telle que visible sur le site du Sénat. La voici : « La présente proposition de loi a pour objet d'abroger dans le code pénal l'article 225-10-1 inséré par la loi du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure, et qui punit le délit de racolage public de deux mois d'emprisonnement et de 3 750 euros d'amende ». 1

* Publiciser la politique du gouvernement en la matière dans un magazine : Causette - qui se présente lui-même comme «plus féminin du cerveau que du capiton » - dont le moins que l’on puisse dire est que ce n’est ni la rigueur, ni la profondeur, ni le sérieux de ses analyses qui le caractérisent peut légitimement être perçu comme un manque de respect de la ministre, par rapport à elle-même, au gouvernement donc, comme à l’importance des sujets dont elle traite. Ajoutons que les personnes prêtes à payer 4,90 euros pour connaître en matière de « prostitution » les analyses de Madame Vallaud-Belkacem et la politique gouvernementale ne doivent pas être légion.

Faut-il en déduire que les analyses que la ministre livre peuvent être interprétées comme une annonce qui - a minima - gêne le gouvernement aux entournures et donc souhaite le cacher ou - a maxima - lui fait honte ? En étant optimiste. En tout état de cause, si le gouvernement voulait faire ‘passer en douce’ une politique qui, notamment après les débats concernant le soit disant « mariage pour tous » ont soulevé tant de lièvres cachés pourraient lui être reprochées, il ne s’y serait pas pris autrement. En sus, la ministre devait cacher son revirement.En effet, cette proposition de loi qui vient d'être intégrée à l'agenda dudit Sénat - grand défenseur des droits des femmes, comme chacun-e sait - sera examinée le 28 mars 2013. Or, pour reprendre ici l’analyse des Nouvelles / News 2 : « le gouvernement l'avait retiré de l'agenda du Sénat, car il entendait intégrer l'abrogation du délit de racolage à un texte de loi global. « C'est difficile d'aborder le racolage passif sans traiter d'autres sujets liés à la prostitution », disait-on alors au ministère des Droits des femmes.

* Précisons en outre que cet interview :- S’inscrit dans un dossier de 17 pages intitulé : « C’est quoi ce bordel ?! », tandis qu’en caractères nettement plus petits, sur la couverture, on lit en dessous, simplement « + les annonces de Najat Vallaud-Belkacem ».

- Est encadré par deux grandes photos représentant la première, la tête d’un homme de dos face à une femme (visage caché) couchée sur un lit les deux jambes écartées ; la seconde, une femme (visage caché) à genoux par terre entre les jambes d’un homme.

- Notons que le titre : « On est dans un entre deux qui ne peut plus durer » peut être légitimement interprété comme : Faisons fi des dernières velléités affichées abolitionnistes de la France et rejoignons le camp des états proxénètes et donc de l’Union Européenne. La ministre se félicite d’ailleurs de « la volonté de la part de la Commission européenne d’avoir une stratégie commune, notamment avec le projet d’une campagne de communication transétatique. » (p.58)

- Relevons les intitulés des articles précédant son interview : outre le déjà évoqué : « Prostitution : C’est quoi, ce bordel ? » on peut lire : « Les Français et la prostitution, le mâle nécessaire » ; « Sondage (IFOP): un phénomène social répandu, un mal ‘inévitable’ qu’il faut contenir » ; « Bordels catalans, la débandade » ; « Langues de putes » ; « Dodo la saumure. L’insoutenable légèreté du souteneur » ; « La sexualité a un caractère marchand. Psychiatre et thérapeute de couple, Philippe Bernot plaide pour l’abolition des clichés qui parasitent les débats sur les amours tarifées» ; « Trafics d’êtres humains. Bosnie, un refuge pour celles qui dénoncent ». Que peut on en déduire ?

- Notons enfin que les cinq lignes censées résumer les points forts de son interview n’y correspondent aucunement, à l’exception de l’annonce, erronée, de « l’abrogation du délit de racolage passif » à ce qui y est affirmé.

= Madame Vallaud Belkacem n’annonce pas « une loi pour la fin de l’année » : elle évoque, elle annonce « une proposition de loi qui sera examinée au Sénat à la fin mars ». (+ cf. plus bas)

= Elle n’annonce pas « une augmentation des subventions des associations ». Elle déclare: « Il faut soutenir ces associations. Nous y travaillons. Il est difficile de donner un soutien financier plus important dans un contexte budgétaire que vous savez contraint. Pour ma part, j’en ai fait une priorité dans l’allocation des moyens à mes servi ces régionaux. Ce doit, à la encore, être un travail interministériel ». (p.57) Notons, à cet égard, qu’assimiler les associations qui s’affirment abolitionnistes et les associations qui, en défendant les « travailleures- du sexe » et/ou « sexuelles », défendent la légitimation du rapport de domination qu’est le proxénétisme est plus que signifiant. Cette assimilation n’a été rendue possible qu’en annulant, progressivement, entre elles, toute divergence idéologique, l’expression d’« associations de terrain » en ayant été la phase intermédiaire nécessaire.

= Elle n’annonce pas « un renforcement des sanctions contre les réseaux ». (+ cf. plus bas) Quant au terme de « sanctions », devons nous le comprendre comme devant se substituer dorénavant à la loi pénale ?

= Enfin, elle ne présente en rien « un projet de refondation de la lutte contre la prostitution » : elle met un point final à toute politique abolitionniste.

II. Que dire des justifications avancées ? :

* Concernant la ministre, cette abrogation [qui n’est donc pas un texte émanant du gouvernement, mais une proposition de loi écologiste au Sénat] est présentée : - comme étant « plus rapide » (p.58). Plus rapide que quoi ? Que rien, puisque Madame Vallaud-Belkacem renvoie à … plus tard, pour ne pas dire annule le projet de vote d’ « une nouvelle loi sur la prostitution » qu’elle avait elle-même annoncée. Qu’on en juge : à la question sur « son calendrier » en la matière, voici sa réponse : « En décembre 2011, une résolution, qui réaffirme la position abolitionniste de la France a été adoptée à l’unanimité par le Parlement. Aujourd’hui, nous voulons capitaliser sur ce consensus. Notamment grâce au travail, transpartisan et de terrain, de deux commissions, à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Ces travaux qui ont commencé depuis octobre, vont se rejoindre en fin d’année. C’est sur cette base que seront dessinés les contours d’une proposition de loi. » […] (p.57) - comme nécessaire, car cette loi « faisait des victimes de la prostitution des coupables » (p.58). Il eut été plus juste décrire que le proxénétisme, pour reprendre la formulation de la ministre, « faisait des victimes » dont et les proxénètes et les « clients » et l’État étaient les bénéficiaires. Il est aussi intéressant de noter que le terme de « victimes » qui, au mépris pourtant aveuglant de toute réalité, fut - concernant les personnes prostituées - tant reproché aux abolitionnistes ne manque pas d’être repris par l’Etat quand il s’agit de prolonger, de perpétuer, de légitimer le système de domination, le proxénétisme, qui les crée « victimes ».

* Concernant la proposition de loi de la sénatrice Esther Benbassa « (Écolo - Val-de-Marne) et plusieurs de ses collègues » ( !) - dans la cohérence de la politique défendant la légitimation du proxénétisme menée par les écologistes depuis des dizaines d’années - voici ce que l’on peut lire sur le site du Sénat : « Trois raisons motivent, selon les auteurs, cette abrogation :
- l'inefficacité de la loi dans la lutte contre les réseaux de proxénétisme ;
- la stigmatisation et la précarisation des travailleuses et travailleurs du sexe, notamment dans l'accès aux soins, et la vulnérabilité face aux violences, cette disposition ayant été utilisée en grande partie pour arrêter des ressortissant(e)s étranger(e)s en situation irrégulière en vue de les reconduire à la frontière ;
- l'existence de dispositifs légaux de droit commun pour lutter contre la traite des êtres humains et les réseaux de proxénétisme permet de continuer à garantir que l'abrogation de l'infraction de racolage ne signifie pas pour autant l'impunité pour les proxénètes, qu'ils agissent seuls ou en réseau. » Outre le fait que ces assertions lapidaires ne sont pas justifiées, on doit relever que, sous couvert de cette loi d’abrogation du « racolage », il s’agit de traiter ce qui relève d’une analyse politique globale. En effet, celle-ci concerne, dans l’ordre, tout à la fois : « les réseaux de proxénétisme », les « travailleuses et travailleurs du sexe », « les violences », « des ressortissant(e)s étranger(e)s en situation irrégulière », la lutte « contre la traite des êtres humains et les réseaux de proxénétisme » et « les proxénètes ».

* Reprenons, du fait donc de l’importance de l’enjeu, les justificatifs avancés par « Esther Benbassa et ses collègues » : - Il est affirmé que « la loi dans la lutte contre les réseaux de proxénétisme » est « inefficace ». Outre le fait qu’aucune loi - au singulier - n’existe en la matière ; que cette affirmation n’est pas et ne peut pas être donc démontrée ; qu’aucune loi ne peut être jugée, jaugée, critiquée au nom de son « efficacité » et que le lien avec le délit de racolage devant être abrogé n’est pas effectué, on pourrait en déduire qu’il s’agit en réalité de légitimer par la loi le ‘concept’, déjà largement utilisé notamment par la presse, de « réseaux de proxénétisme ». Cette expression peut donc être - et le sera sans aucun doute - utilisée afin de dissoudre la qualification spécifique de « proxénétisme » au profit de la notion de « réseaux ». Notons que ce processus a déjà eu lieu, depuis des années, concernant « la traite » et/ou le « trafic des êtres humains », progressivement assimilés à tous les « trafics » au sein desquels ils se dissolvent, tandis que le concept de « traite » était réhabilité…

En tout état de cause, cette formulation a pour conséquence de dédouaner « les proxénètes » - disons « seuls» (cf. plus bas) - et donc de légitimer le proxénétisme qui les produit et les légitiment.

- Il est question de « travailleuses et travailleurs du sexe », vocabulaire qui, outre le fait qu’il est soit monstrueux, soit qu’il ne signifie rien : comment peut-on travailler « du sexe » ? - est exclusivement utilisé par les défenseurs-ses du système proxénète et à son seul profit. En effet, en système capitaliste, qui dit « travail », dit possibilité, capacité, légitimité de l’ « exploiter », aux sens marxiste, comme libéral du terme. Et ce, alors même que ces termes n’existent pas dans la loi. Et, je l’espère, n’existeront jamais.

- Les dit-es « travailleuses et travailleurs du sexe » sont considérées comme « stigmatisés et précarisés » et « vulnérables face aux violences ». N’importe qui - fut-il/elle exclu-e de l’Education Nationale, analphabète, dénué-e de toute « culture » - peut aisément comprendre que les personnes prostituées ne sont pas seules à pouvoir être ainsi qualifiées. Dès lors, ces pseudo arguments ne valent rien. En revanche, on pourrait aisément déduire du raisonnement sous jacent que, dès que le proxénétisme sera une activité légitime, les personnes prostituées, devenues des travailleur-euses « normales », « normalement exploitées » ne seraient plus stigmatisées, ni précarisées, ni victimes de violences … Par ailleurs, sous couvert d’une loi « globale contre les violences [de genre] » demandée, sans excès d’exigences, par tant de féministes - celle-ci risque fort, par là même - et c’est déjà le cas - de légitimer le proxénétisme.

- Les dit-es « travailleuses et travailleurs du sexe » ne sont pas considérées comme victimes de « violences » ; ce serait leur reconnaître et leur individualité et donc des droits. Il n’est donc question que de leur « vulnérabilité face aux violences ». De plus, être considérés, être appréhendés, être définis comme « vulnérables » - ce qui ne veut rien dire non plus - pourrait légitimement être considéré par eux/elles comme paternaliste, pour ne pas dire « victimaire ». Enfin, cette formulation s’inscrit dans le droit fil d’une problématique libérale qui récuse l’existence même d’un système de domination et lui substitue une logique contractuelle entre deux personnes. 3

- Alors que Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, rivalisant avec ses prédécesseurs, affiche sans apparente crainte le nombre d’expulsions annuelles des travailleurs sans papiers, il est difficile de ne pas penser que le fait de s’inquiéter, concernant les personnes prostituées, des « reconduites à la frontières des ressortissant-es étrangères en situation irrégulière » n’ait pas pour finalité d’alimenter en « capital humain » ce qui est légitimement devenu l’immense marché du proxénétisme. Comment ? : en facilitant notamment et la stabilité et la mobilité des personnes prostituées. Et en leur conférant un statut spécifique ? En tout état de cause, ce n’est pas la loi concernant le racolage qui peut être considérée comme responsable … « des reconduites à la frontière » !

- Assimiler la « lutte contre la traite des êtres humains », formulation par ailleurs inconnue du droit, et « les réseaux de proxénétisme » (Idem) - « réseaux », qui selon la ministre, « se durcissent »… (p.58) - peut être légitimement interprété comme une nième avancée du proxénétisme. En effet, dans la mesure où, notamment depuis la législation onusienne de 2002, la traite des êtres humains a permis de subsumer le proxénétisme dans ladite traite, affirmer vouloir lutter contre la traite, c’est légitimer le proxénétisme. Pour preuve, concernant ladite « traite des êtres humains», trois - oui, vous avez bien lu : 3 condamnations - ont été prononcées en 2010 sur ce fondement. 4Présenter en outre, cette pseudo lutte comme relevant du « droit commun » est mensonger.

- Enfin, écrire que « garantir que l'abrogation de l'infraction de racolage ne signifie pas pour autant l'impunité pour les proxénètes, qu'ils agissent seuls ou en réseau. » attire justement, et plus que maladroitement, l’attention sur le refoulé : c’est bien sa fonction, et cette abrogation la révèle, la mets à nu, telle qu’en elle-même, à savoir : leur conférer cette «impunité ».En sus, l’emploi du terme « agir » peut difficilement cohabiter avec le concept de pénalisation du « crime » [de proxénétisme].

- En conclusion, c’est donc cette proposition de loi écologiste que le gouvernement fait sien et défend.

En cautionnant cette proposition de loi, le gouvernement Ayrault n’a pas simplement « changé son fusil d'épaule ». Il s’est, plus prosaïquement, inscrit dans la lignée de toutes les reculades de l’Etat français depuis des dizaines d’années 5, les quelles ont entériné, malgré quelques velléités de résistance dorénavant abandonnées, toutes les avancées du proxénétisme. Il ne s’est agi que d’une politique à la petite semaine, sans aucune vison d’ensemble, entérinant toutes les régressions du droit que patiemment, systématiquement, fort intelligemment, le libéralisme proxénète a pu et su imposer. À sa décharge, il n’était pas seul…

III. Où en est-on aujourd’hui ?

Si l’on analyse maintenant la signification politique de l’interview de Madame Vallaud-Belkacem, dans Causette, que peut-on dire ?

* Non, l’Etat français ne veut pas de pénalisation des clients. Ainsi, à la question : « Selon la presse, vous vous êtes prononcée en faveur de la pénalisation des clients. Est-ce vraiment une solution efficace ? », celle-ci répond : « Voulez-vous que je vous dise [elle sourit], je n’ai jamais dit que je voulais pénaliser le client », tout en n’étant pas honnête - car, en tant que ministre, elle l’a laissé croire, l’a laissé dire, pour ne pas dire encouragé le double langage - ce qu’elle dit est juste. En tout état de cause, l’Etat français n’a jamais évoqué que de « la responsabilisation » des clients, terme sans incidence au plan pénal. Il n’existe effectivement pas d’engagement du gouvernement en la matière; seul-es ceux et celles qui voulaient le croire, y ont cru. Et ceux et celles qui avaient vu le piège ne l’ont pas dénoncé.
Pour en revenir aux textes dans la filiation politique de la quelle le gouvernement socialiste actuel s’inscrit, que disent-ils ?
Dans la résolution parlementaire [de faible portée juridique, faut-il le rappeler ?] que madame Vallaud-Belkacem présente comme ayant « réaffirmé la position abolitionniste de la France », on peut lire :
_ Dans les Considérants :
« La loi doit également responsabiliser les clients en leur indiquant clairement qu’eux aussi ont une part de responsabilité. Sans client, il n’y aurait pas de prostitution. L’expérience suédoise montre qu’une action de sensibilisation et de responsabilisation des clients est susceptible de faire diminuer la prostitution et la traite des êtres humains. Ce n’est pas un hasard si les Suédois et leurs femmes et hommes politiques sont aujourd’hui fiers de leur démarche. »
- Dans le corps même de la résolution au (dernier) point 5 : […] « Estime que la prostitution ne pourra régresser que grâce à un changement progressif des mentalités et un patient travail de prévention, d’éducation et de responsabilisation des clients et de la société toute entière. »
Une étape de ‘vérité’ de plus est donc franchie par Madame Vallaud-Blekacem dans cet interview de Causette : après cette proposition de loi de dépénalisation du racolage, le projet de pénalisation des ‘clients’ est quasiment enterré. Madame Vallaud-Belkacem poursuit : « Il y a quelque chose de réducteur à aborder cette question seulement par ce biais. J’ai des convictions sur le résultat à atteindre et je serais pragmatique sur la méthode. Nous sommes encore en réflexion sur cette question de la pénalisation.» (p.58)
Car écrire que le gouvernement n’en est qu’au stade de la « réflexion », alors que tout a été dit et depuis longtemps, c’est se moquer du monde.
Par ailleurs, il existe bien une contradiction patente dans le discours socialiste: en effet, si « sans client, il n’y aurait pas de prostitution », alors il est difficile de « réaffirmer la position abolitionniste de la France… »…. sauf si la fin de la phrase est la suivante : « dont l’objectif est, à terme, une société sans prostitution ». Comme disait je ne sais plus qui : « sur le long terme, on est tous morts » ...
Il n’est pas inintéressant de noter que pour l’une des représentantes de l’État, la loi, puisque c’est bien d’elle dont il s’agit, est considérée comme « un biais », par ailleurs « réducteur ».
Et enfin, pour garder le plus grossier pour la fin, comment l’Etat Français peut-il faire de la France, en la matière, un isolat politique, et par la même nier, renier, abolir tous les textes européens, les conventions internationales (cf. plus bas) qu’elle a entériné, signé, ratifié depuis des dizaines d’années ?
Quant aux si nombreuses associations qui ont signé en 1999 un « Appel à entrer en résistance contre l’Europe proxénète » si - pour celles qui existent encore - elles récusent leur signature elles doivent le dire et expliquer l’erreur d’analyse qu’elles auraient faite. 6

* Oui, l’État français s’inscrit dans un projet clairement libéral, clairement donc anti-abolitionniste, sauf à considérer que plus aucun terme n’a de signification, n’a d’histoire, n’a de signification, ne veut donc plus rien dire et/ ou que chacun-e est libre de l’interpréter comme il / elle l’entend. Ce qui est le cas. Ainsi, à la question : « Vous êtes pour l’abolition de la prostitution. Mais de quelle prostitution parlez-vous ? », Madame Vallaud-Belkacem répond : « De la prostitution contrainte et forcée, bien sûr. Être abolitionniste, c’est avoir un projet de société qui ne se satisfasse pas de ce qui est vécu aujourd’hui comme une fatalité ( !), à savoir la tombée ( !) en prostitution de certaines ( !) femmes ( !) par contrainte économique ( !) ou physique ( !) - pas sexuelle - qui représente l’immense majorité des cas. ( !). Mais il faut toutefois noter que l’on souffre d’une méconnaissance de la réalité de la prostitution, car peu de chiffres sont disponibles, notamment sur la prostitution étudiante et la prostitution des mineurs. » (p.56)
Pour critiques, une suggestion : remplacez dans ces phrases le terme de « prostitution » par : « féodalisme », « capitalisme », « esclavagisme », « colonialisme », « tortures », etc. ..
Ce qui est sûr c’est, qu’en sus de l’absence de toute rigueur, de la méconnaissance patente du droit, de l’extrême faiblesse de l’analyse - que j’ai du mal à qualifier comme telle - on retrouve la distinction qui, lors de la 4ème conférence mondiale sur les femmes de l’Onu de Pékin en 1995 avait ouvert la voie à la légitimation du proxénétisme. Comment ? en posant la distinction entre « prostitution » « libre » et « contrainte », « forcée ».

* Oui, en toute logique, l’Etat français cautionne le proxénétisme. Qu’on en juge sur citations récentes qui forment le substrat de la politique actuelle du gouvernement.
Voici ce que l’on peut lire (entre autres assertions inacceptables dont ce rapport fourmille…) concernant la politique française en matière de proxénétisme :

- Dans le Rapport d’information de l’Assemblée Nationale n° 3334 [2012], intitulé : « Prostitution : l’exigence de responsabilité. En finir avec le plus vieux métier du monde ». Rappelons que celui-ci, présidé par une députée socialiste, Danielle Bousquet et dont le rapporteur, Guy Geoffroy était UMP, a ouvert la voie à la résolution, « adoptée à l’unanimité par le Parlement » de décembre 2011. Et que Madame Vallaud-Belkacem le présente dans l’interview - comme « réaffirm[ant] la position abolitionniste de la France » (p.57) :

= « Du côté des politiques publiques, le bilan qui s’en dégage est […] plutôt positif en matière de lutte contre le proxénétisme. » (p.16)

= « De l’avis général, le dispositif répressif en matière de proxénétisme et de traite des êtres humains est très complet. » (p.264)

= « Le dispositif pénal en matière de proxénétisme est complet et apte à sanctionner toutes les formes de cette criminalité. » (p.268)

Et on lit même au terme d’un argumentaire indéfendable concernant les liens entre proxénétisme et traite des êtres humains (Op. cit. p.118 à 144) que « le dispositif juridique dans son ensemble semble donc satisfaisant .» (ibid. p. 138)

- Dans la dite Résolution - qu’il faudrait intégralement critiquer - on peut lire : « La position abolitionniste de la France implique que toutes les règles de droit qui seraient susceptibles d’inciter à la prostitution disparaissent. » […] En d’autres termes, le retour au vieux fondement du libéralisme : « laissez faire, laissez passer ».

« En conséquence de ce refus initial, la France doit tout mettre en œuvre pour proposer des alternatives crédibles à la prostitution afin de rétablir la liberté de choix des personnes prostituées qui souhaitent cesser cette activité. Des politiques publiques ambitieuses et coordonnées doivent être mises en place à cet effet. Dans tous les cas et quelle que soit la situation administrative des personnes prostituées, leurs droits fondamentaux doivent être garantis, ainsi que le prévoient les conventions internationales auxquelles la France est partie. Au premier rang de ces droits figure celui de pouvoir porter plainte et d’accéder à la justice. »

Voilà, c’est tout et tout est dit. Il est question de « liberté de choix des personnes prostituées », la prostitution est « une activité ». Quant à « leurs droits fondamentaux » ( ?) qui leur seraient « garantis », ils se réduisent - scandaleusement - « porter plainte et accéder à la justice ».
Concernant stricto sensu le proxénétisme, il est simplement rappelé que : « La loi doit clairement marquer la responsabilité de chacun dans la perpétuation du système prostitutionnel. Elle le fait d’ores et déjà pour ce qui est des auteurs de traite des êtres humains et de proxénétisme. »
Enfin, au point 5 de la résolution, il est simplement dit, que la proposition « souhaite que la lutte contre la traite des êtres humains et le proxénétisme constitue une véritable priorité, les personnes prostituées étant dans leur grande majorité victimes d’exploitation sexuelle ». « Souhaite »…
Pourquoi en dire plus, dans la mesure où la question avait été préalablement réglée ? Puisqu’il avait été affirmé qu’en la matière, le « le dispositif pénal est très complet. » Comme en matière de « traite des êtres humains »…

* Oui, l’État français, en toute logique libérale proxénète, n’est plus opposé à la réouverture officielle des bordels. Ainsi à la question : « Selon notre sondage, 75 % des Français sont en en faveur de l’ouverture des maisons closes. ( !) Qu’en pensez-vous ? », la ministre répond : « Je me méfie des sondages qui posent des questions trop caricaturales ( !). Mais c’est vrai, notre société a besoin d’être plus informée qu’elle ne l’est sur la réalité de la prostitution. Si notre projet est que, demain, nos petits garçons ( !) ne trouvent pas naturel ( !) d’avoir recours à un acte sexuel tarifié, ( !) ou nos petites filles ( !) de se prostituer ( !) pour payer leurs études ou autres ( !), on ne peut pas leur mettre sous le nez ( !) des maisons closes. » (p.58).

« Mettre sous le nez » des enfants des maisons closes, c’est au plan linguistique, pour ne pas dire conceptuel, une première.

* Maintenant, venons-en à l’abolition strico sensu du délit de racolage.

Tout d’abord. Ce délit scandaleusement injuste, inacceptable donc qui pénalisait les personnes prostituées d’être victimes du proxénétisme, non seulement doit disparaître, mais n’aurait jamais dû exister.

Ceci posé, il n’est pas difficile de comprendre que, sans aucun projet concret abolitionniste, sans aucune loi pénalisant les ‘clients’, dépénaliser le seul racolage ne peut que satisfaire les intérêts du proxénétisme, et donc des ‘clients’. En toute légalité, l’abrogation de ce délit mettra à leur disposition un plus grand nombre de personnes. En réalité, un nombre sans limite, ni frontière. 7 Bref, pour reprendre le vocabulaire libéral, on élargit et l’offre et la demande…
Et s’il est juste de dire que cette loi rendait bien évidemment encore plus difficile la vie des personnes prostituées, de celles auxquelles aucun soutien, aucune aide n’est proposée, de celles qui n’ont aucune alternative de vie, son abrogation, en l’état, ne peut qu’augmenter le nombre de celles qui, du fait du contexte dans lequel cette loi s’inscrit, seront encore plus nombreuses à n’avoir d’autre vie que d’être pénétrées par des sexes d’hommes et à les masturber : le pénis pour tout horizon de vie. Et à normaliser cette activité comme source légitime de profit.

Une suggestion pour en appréhender plus aisément la signification : lors des débats sur l’abolition de l’esclavage, il eût été proposé le vote d’une - seule - loi qui, sans toucher au fondement même de l’esclavage, aurait eu pour finalité la finalité de ne plus pénaliser les esclaves du fait d’être esclaves, qu’en auriez-vous pensé ?

IV. L’avenir.

La suite, c’est ce qu’a annoncé Madame Vallaud Belkacem : « L’idée n’est pas de se focaliser exclusivement ( !) sur les questions ( !) pénales, mais aussi sur l’ensemble des champs ( !) que nous avons abordés : prévention, droits sociaux ( ?), accès au logement ( ?), aux titres de séjour ( ?), formation ( ?), réinsertion professionnelles ( !), etc. ( !) »

Comment interpréter ses annonces ? Quasiment évacuer tout recours à la loi pénale - puisque sous couvert de « questions » et de « champs », c’est bien de cela qu’il s’agit, c’est entériner toutes les régressions qui, depuis des années, ont légitimé peu à peu le proxénétisme. C’est entériner la substitution du proxénétisme au concept de « traite des êtres humains » dont on a vu le résultat, et ce, sans pénalisation des « clients ».

Quant aux diverses soit disant propositions d’amélioration - le terme n’étant même pas prononcé - de la situation des personnes prostituées, outre le fait qu’on ne peut y lire aucun engagement, que, compte tenu du flou qui les caractérise, les personnes prostituées qui voudraient une alternative de vie devront se contenter de ce qu’on leur promet depuis des dizaines et des dizaines d’années, avec le résultat que l’on connaît. Depuis le temps, elles ont appris à être lucides. Mais savent-elles quel avenir leur propose t-on ? Bien sûr que non.

Oui, avec cette loi affirmant vouloir abroger le seul délit de racolage, le proxénétisme a encore gagné… Lutter contre le proxénétisme, c’est à dire le rapport de domination qui légitime l’appropriation du corps et donc de la personne humaine [lequel n'est analysable qu'en pensant conjointement et concomitamment les institutions internationales, européennes, l'Etat, les proxénètes, les "clients" et les personnes prostituées] : il n’en est plus question.

Jusqu’à quand ce scandale va t-il se poursuivre ? Mais pour cela, encore faut-il comprendre comment en est-on arrivé-es là ? Et traiter donc de la critique des positions des associations se présentant elles aussi comme « abolitionnistes ».

N. B Ce texte a été remanié à plusieurs reprises par rapport à sa première rédaction, en date du 1er mars. Qu’on veuille bien m’en excuser. Il n’est pas exclu qu’il puisse l’être à nouveau…







1 Article 225-10-1 du code pénal devant être abrogé : « Le fait, par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au racolage d'autrui en vue de l'inciter à des relations sexuelles en échange d'une rémunération ou d'une promesse de rémunération est puni de deux mois d'emprisonnement et de 3 750 Euros d'amende. »

2 Les nouvelles/ News. La réaction, Le délit de racolage passif bientôt abrogé ? 27 Février 2013

3 On peut lire ainsi, dans un texte de l’association Griselidis, « soutenu ( !) par le Planning Familial, Cabiria, le Strass, Act-up Paris et Act-up Sud-Ouest », publié sur le site du Strass, diffusé par l’Association Effigies : « Un client c’est celui qui respecte le contrat. » « Un agresseur, c’est celui qui ne respecte pas le contrat. ». Cf. Communiqué de l'association Grisélidis. 27 février 2013

4 Direction des affaires criminelles et des grâces du Ministère de la justice. In, Assemblée Nationale, Rapport d’information N° 3334, Prostitution : l’exigence de esponsabilité. En finir avec le mythe du « plus vieux métier du monde ». p. 132. Il n’est pas anodin, si l’on en croit la presse, que ces condamnations semblent essentiellement concerner les étrangers. Par ailleurs, la nature, le type, les fondements, la gravité - ou non - de ces condamnations n’est pas connue. Pas plus que les liens entre proxénétisme et pornographie. Ibid. p. 136. Il est précisé que « les données 2010 sont provisoires ».

5 Il fut un temps cependant où des ministres (ou assimilées) des droits des femmes avaient honte de ce qui se passait à l’Europe. Je me souviens ainsi avoir discuté au téléphone avec l’une d’entre elles qui, après m’avoir décrit, lors d’une rencontre européenne, les menaces dont elle avait été l’objet et qui en pleurait de colère. C’était l’époque où le gouvernement français espérait encore, sinon de combattre, du moins de freiner la politique proxénète de l’Union européenne.

6 http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=537&themeid=336

7 Pour reprendre l’intitulé d’un séminaire féministe, aujourd’hui disparu…
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Message  sylvestre Mer 13 Mar - 12:09

Tu es contre l'abrogation du délit de racolage passif, Toussaint ?
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Message  Toussaint Ven 15 Mar - 3:15

Ta question me semble un peu futile.

Je suis évidemment pour l'abrogation du délit de racolage passif. Et j'ai les mêmes oppositions que MV au sujet, non de l'abrogation mais de ce que l'état proxénète persiste dans sa marche vers la banalisation du commerce du corps humain de concert avec le lobby proxénète rassemblant toutes les orgas et assos qui sont descendues dans la rue en défense des clients de a prostitution, au premier rang desquelles le NPA. Et ses "féministes" reconverties en supplétifs de Cabiria et de la copine de Strauss Kahn.

Je suis contre la forme de l'abolition de ce délit qui, faute d'une démarche solide abolitionniste (je susi à la bourre, je ne détaille pas) représente en effet une victoire du lobby proxénète. Mais je n'irais pas manifester contre parce que c'est un délit inique. Comme le dit MV. Et que je ne manifesterais pas en faveur de ce que permet ce délit, la répression des personnes prostituées. Comme je n'approuvais pas la proposition de pénaliser le client en dehors d'uen démarche abolitionniste cohérente, mais que je ne serais pas sorti rejoindre le lobby proxénète en m'opposant à la pénalisation des prostitueurs, des agresseurs. Et c'est ce qu'a fait le NPA, dont je pense très sincèrement qu'il devrait se solidariser d'urgence avec un personnage absolument emblématique de la clientèle prostitueuse et des victimes de la honteuse répression moraliste bien-pensante bourgeoise , hypocrite, Dominique Strauss Kahn. Je déplore que dans les fêtes du NPA il n'y ait pas à côté des stands de restauration des tentes un peu smilaires aux regrettés BMC dans lesquelles les travailleurs et travailleuses du sexe pourraient proposer leurs services et exposer leurs revendications à leur clientèle révolutionnaire en diable et solidaire... Cela aurait du moins le mérite de l'honnêteté et montrerait ce qu'est devenu ce parti: une honte.
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Message  gérard menvussa Ven 15 Mar - 15:27

.
les orgas et assos qui sont descendues dans la rue en défense des clients de a prostitution, au premier rang desquelles le NPA
Encore un gros mensonge de Toussaint... Qui évidemment ne peut pas citer la manifestation "ou nous aurions manifesté en défense des clients de la prostitution". Par contre il est vrai que nous avons dénincé comment cette "criminalisation des clients" pourraient être utilisé contre les principales victimes de ce trafic, a savoir les prostitués. Mais naturellement, Toussaint sait mieux que les prostituées ce qui est bon pour elles....
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Message  iztok Ven 15 Mar - 15:38

toussaint, la position abolitionniste est une réalité dans le NPA. Une seule commission a une position de complaisance vis-à-vis du système prositutionnel, c'est la commission féministe parisienne, à travers ses liens avec le STRASS (participation de ces militants NPA à leur manif contre la pénalisation du client, certes en n'apparaissant pas NPA mais quand même ...) et le collectif "8 mars pour toutes" pro-"sexe". Par contre ce que le dernier congrès a montré, où ce débat a eu lieu dans des fenetres alternatives spécifiques : un grand nombre de camarades ont voté NPPV ou abstention, une majorité a voté la position abolitionniste, et une petite minorité une position réglementariste
La décision qui a été prise devant le grand nombre d'absentions et NPPV (car le temps de débats n'a pas assez été long, et dans certaines régions il n'y a eu aucune intro à ce point) : organisation dans l'année d'AG locales sur ce débat spécifique avec remontée des résultats et une décision tranchée définitive. En attendant ces AG, la position du NPA est abolitionniste vu que c'est la fenetre qui a reçu le plus grand nombre de voix, c'est clair et écrit dans un texte interne.

Je comprends ta colère toussaint, mais n'oublie pas qu'il y a un tas de camarades et de commission régionales au NPA qui se battent pour ce que tu penses, qu'ils sont loin d'être minoritaires, et qu'il est inutile de démoraliser outre mesure.
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Message  Toussaint Sam 16 Mar - 7:42

Aucun mensonge à part ton rideau de fumée, il suffit de remonter plus haut pour voir avec qui vous êtes descendus dans la rue, et sur quelles bases: vous avez été la seule orga du mouvement ouvrier à participer à une manif du lobby proxénète où pas un mot n'était dit contre le système prostitutionnel, et pour cause, vu les positions des autres assos.


la commission féministe parisienne, à travers ses liens avec le STRASS (participation de ces militants NPA à leur manif contre la pénalisation du client, certes en n'apparaissant pas NPA mais quand même ...) et le collectif "8 mars pour toutes" pro-"sexe".

Déjà là, menvussa, les "gros mensonges de Toussaint"... Very Happy Sans compter que contrairement à ce que tu dis, iztok, il y a plus haut sur ce fil l'appel à manifester du STRASS et quelques autres, don't le NPA, glorieux représentant unique du movement ouvrier dans cette manif de soutien au lobby proxénète.

Ensuite, iztok, je suis heureux de ce que tu dis, dont acte. A ceci près que si je ne me trompe pas, la commission féministe parisienne a un sacré pouvoir d'engagement de tout le NPA. Le NPA figurait bel et bien dans les signataires de l'appel à manifester avec le STRASS... Je me souviens du scandale de la candidate voilée, je ne vois pas un scandale comparable avec l'appel à manifester avec le STRASS (et d'autres) en défense des clients, et je n'ai pas vu à l'époque un post notamment de la fée faisant état d'un désaveu du NPA de sa commission féministe .

Si la majorité de vos militants sont "abolitionnistes", êtes-vous en mesure de traduire cela par une position publique conséquente avec ces principes ou devrons-nous avoir des appels réguliers avec le lobby proxénète suivis des mois après par un rappel d'une position de congrès en forme de salut au drapeau? Les auberges espagnoles, c'est OK, mais cela induit parfois autre chose qu'une simple confusion.
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Message  gérard menvussa Sam 16 Mar - 11:58


Déjà là, menvussa, les "gros mensonges de Toussaint"...
bien entendu que oui : que des gens du npa y soit allé, certes, mais sans apparaitre comme "mouvement", contrairement à ce que tu affirmes ! Et tu le sais trés bien...
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Message  Toussaint Dim 17 Mar - 14:05

Motion sur la prostitution :
Contre l'hypocrisie de la pénalisation des clients de la prostitution
Les rencontres nationales femmes NPA du 10/11 décembre 2011 ont débattu de la question de la prostitution. Cette motion constitue une prise de position pour permettre au NPA de s'exprimer dans les débats d'actualité posés par la proposition de loi sur la pénalisation des clients de la prostitution.
Le NPA lutte pour une société débarrassée de toute oppression dont l'oppression patriarcale à laquelle participe le système prostitutionnel.
Celui-ci se nourrit notamment de la misère et des violences générées par les politiques libérale, sécuritaire et de fermeture des frontières.
Suite au vote à l'unanimité d'une résolution parlementaire, les députés D.Bousquet (PS) et Guy Geoffroy (UMP) ont déposé le 7 décembre une proposition de loi « visant à responsabiliser les clients de la prostitution et à renforcer la protection des victimes de la traite des êtres humains et du proxénétisme ».
La principale mesure de cette proposition vise à punir de 3750 euros d'amende et de 2 mois d'emprisonnement « le fait de solliciter, d’accepter ou d’obtenir, en échange d’une rémunération ou d’une promesse de rémunération, des relations de nature sexuelle de la part d’autrui » et met donc en place la pénalisation du client en faisant du recours à la prostitution un délit.
Contre les politiques libérale et sécuritaire, nous revendiquons la régularisation de toutes et tous les sans papier-es, droit au logement pour toutes et tous, augmentation des minimas sociaux, pas un revenu en dessous de 1600 euros net, l'égalité femmes hommes.
Une vraie politique pour les prostitué-e-s doit supprimer toute répression directe (délit de racolage) ou indirecte (pénalisation des clients) des prostitué-e-s et leur permettre de bénéficier des lois contre les violences. Elle doit favoriser leur accès aux droits : à la protection sociale, au logement, à la justice, au droit d'association, à la formation et une aide réelle pour celles qui veulent sortir de la prostitution.
Soit-disant menée au nom des droits des femmes et de la protection des « victimes de la traite et du proxénétisme », la proposition de loi s'inscrit au contraire dans la droite ligne de la LSI de 2003 introduisant le délit de racolage passif, qui conduit à criminaliser les prostitué-e-s et à aggraver la vulnérabilité des personnes prostituées.
En effet, la pénalisation du client ne fait pas disparaître la prostitution, mais rend simplement plus difficile les conditions dans lesquelles elle s'exerce.
Contraint-e-s d'exercer dans des lieux cachés des forces de police, les prostitué-e-s auront, si cette mesure est adoptée, encore moins accès aux services de santé et de dépistage et seront davantage exposé-es aux agressions tout en vivant dans la hantise d'un contrôle policier. Invoquer la protection des prostitué-e-s pour justifier une telle mesure constitue donc une belle hypocrisie, d'autant qu'aucune mesure ne prévoit d'améliorer leur condition.
Cette proposition de loi s'inscrit donc dans une logique de criminalisation de la pauvreté et de stigmatisation des personnes prostituées, une gestion sécuritaire de la question sociale.
C'est pourquoi le NPA s'engage contre cette pénalisation du client et s'associe aux mobilisations qui s'y opposent.
La rencontre nationale propose au CE un communiqué de presse et un tract sur cette question et propose d'appeler sur les bases de cette motion à la manifestation du 17 décembre contre les violences faites aux prostitué-e-s.
Les rencontres nationales demandent que soit organisé un débat dans tout le parti pour poursuivre la discussion sur notre orientation vis à vis de la prostitution.
A ce titre, contact sera pris avec diverses associations qui interviennent en faveur des prostitué-e-s.
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Message  Toussaint Dim 17 Mar - 14:56

Voici le genre de choses auxquelles le NPA s'est associé très officiellement. Parce que la journée du 17 n'était pas seulement celle de la lute contre "les violences faites aux prostituées", mais aussi "contre les violences faites aux travailleurs et travailleuses du sexe.." Juste pour éviter de me faire traiter de menteur par des maîtres en la matière, voice un lien:
https://www.youtube.com/watch?v=4hD-ShkE4GU
Rassemblement organisé par le Syndicat du Travail Sexuel - STRASS à l'occasion de la Journée mondiale contre les violences faites aux travailleurSEs du sexe, 17 décembre 2012
On peut rajouter des "et" ou faire semblant de ne pas voir avec qui on s'associe dans la rue. J'ai connu les gens de ce courant autrement chatouilleux lorsqu'il s'agissait de défiler avec des assos soutenant ou comprenant des femmes musulmanes voilées... y compris sur des mots d'ordre absolument communs par exemple de soutien au droit à l'avortement... Very Happy Mais pour se mouiller avec le lobby proxénète, no problem... Je me demande bien pourquoi ces écarts de seuil de tolérance. Probablement parce que le NPA comprend de talentueux avocats des clients comme le sinistre Lilian Mathieu, dont je laisse à Sylvestre le soin de poster les dégueulis.
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Message  iztok Dim 17 Mar - 15:43

moi je ne remets pas en cause que le NPA a fait de la merde sous impulsion de la commission féministe parisienne ... Mais le NPA n'est un bloc homogène comme tu peux t'en douter.
Mais je peux te dire, et je n'en dirais pas plus en public (si tu veux on peut discuter en privé et je te donnerai des éléments plus précis), que ça eu de gros effets de tiraillements de la plupart des camarades provinciaux (et quelques camarades de paris) cette participation à la manif. Et que ça changé énormément en interne depuis, notamment avec le désaveu au congrès national où l'abolitionnisme a été clairement réaffirmé. Et le sera, je pense et ce n'est qu'un simple supposition, de nouveau lors des AG électives sur ces questions.
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Message  sylvestre Dim 17 Mar - 17:36

Moui, eh bien en attendant, je trouve surtout qu'il serait bon de supprimer le délit de racolage.

http://www.leparisien.fr/en-images-delit-de-racolage-les-prostituees-manifestent-a-paris-16-03-2013-2645621.php?pic=1#infoBulles1

C'est un anniversaire dont ils se seraient passés : les «travailleurs du sexe» manifestaient ce samedi contre les dix ans de la loi pénalisant le racolage passif. Prostituées, associations et certains responsables politiques réclament l'abrogation de ce texte qui, selon eux, stigmatise les prostituées et aggrave leur santé.

Environ 250 personnes ont ainsi manifesté dans les rues de Pigalle (Paris) pour rappeler à François Hollande son engagement de campagne.
«C'est une des lois les plus nuisibles pour nous, entre la répression policière, les amendes et les garde à vues. Toutes les nuits, il y a des rafles au bois de Boulogne et au bois de Vincennes», expliquait ainsi Thierry Schaffauser, un porte-parole du syndicat des travailleurs du sexe (Strass) qui regroupe des prostituées dites «indépendantes».
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Message  sylvestre Dim 17 Mar - 19:05

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Message  Vals Dim 17 Mar - 19:24

le NPA s'engage contre cette pénalisation du client et s'associe aux mobilisations qui s'y opposent.
La rencontre nationale propose au CE un communiqué de presse et un tract sur cette question et propose d'appeler sur les bases de cette motion à la manifestation du 17 décembre contre les violences faites aux prostitué-e-s.

J'espère que c'est un faux, car sinon, cette défense du droit d'acheter des corps, d'avoir tous les droits sur une personne en payant, est simplement à gerber ....
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Message  Vals Dim 17 Mar - 19:54

http://www.lindependant.fr/2013/02/21/215-jeunes-prostituees-roumaines-travaillaient-en-esclaves-au-dallas,1729517.php
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Message  Vals Dim 17 Mar - 20:03

http://caloupile.blogspot.fr/2012/01/les-proxenetes-sont-comme-coq-en-pate.html

ALLEMAGNE

Qu’est ce que le législateur à promis en 2007 et n’a pas fait. Même la loi sur la pénalisation du client de la prostitution forcée se fait attendre depuis sept ans.

Là, ce serait très important de se concentrer sur la responsabilité du client. Une telle loi serait en fait plutôt symbolique, mais les symboles ont une valeur. En tant que législateur on doit faire connaître un objectif. Malheureusement ce n’est pas perceptible. Et pour nous l’autre camps a depuis longtemps réfléchi à son objectif. Il n’en a qu’un seul : retirer le maximum de profit de ses marchandises. A quoi devrait ressembler une loi qui permettrait de poursuivre les proxénètes ? Nous regardons avec envie la France. Là-bas le code pénal au paragraphe 225 définit des critères précis : le proxénétisme est punissable par exemple quand une personne sans revenus vit, ou a une relation, avec une personne qui se prostitue. De même une personne qui transporte une prostituée, ou qui détient son argent. Un proxénètes de Stuttgart, et les deux gérants d’une série d’appartement de prostitution dans le Bade-Wuttemberg, qui ne peuvent pas être poursuivi en Allemagne à cause de la loi actuelle, sont aujourd’hui en prison en France pour ces faits.
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