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Deux textes de saison (joyeuses fêtes)

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Deux textes de saison (joyeuses fêtes) Empty Deux textes de saison (joyeuses fêtes)

Message  Azadi Mer 5 Jan - 0:45

Deux textes tirés du site de l'Initiative Communiste-Ouvrière
http://communisme-ouvrier.info/

Lettre au père Noël

Cher Père Noël,

Pourquoi t’écrire finalement ? Il te suffit de survoler les cités HLM, les bidonvilles, favelas et quartiers pauvres du monde pour entendre les soupirs de notre classe sociale, les ateliers, les chantiers et les bureaux, les queues devant les agences du Pôle Emploi, les prisons et centres de rétention pour que le murmures des souffrances et des rêves de millions et de millions de travailleuses et de travailleurs arrivent à des oreilles.

Là, dans un chantier, Paulo vient d’apprendre qu’il ne partira pas en retraite l’année prochaine, il lui faudra travailler, le dos, les mains, les bras et tout le corps usés, un an de plus. Lui accorderas-tu une année de vie supplémentaire pour qu’il puisse mourir qu’une fois qu’il aura droit à une retraite pleine et entière ?

A Leclerc ou Carrefour, Francine espère tenir, malgré le stress, jusqu’à la fin du mois de décembre, à travailler tous les dimanches pour engraisser les plus grosses fortunes de France. Tu la vois certainement rentrer chez elle épuisée, puis n’arrivant pas à s’endormir rien qu’à penser que demain une autre journée de stress commence, repartir au petit matin. Et sa feuille de salariée à temps partiel tu la vois ? Son rêve, c’est qu’elle aura quelques heures supplémentaires payées et que son CDD se transformera en CDI.

Chez Hygena, Sea France, Yahoo, DHL et tant d’autres boîtes, tu ne peux qu’entendre, Michel, Abdel, Martine, ou Djamila rêver de n’être pas sur la liste du prochain plan de licenciements ou, qu’au moins, la lettre avec accusé de réception annonçant l’entretien préalable à licenciement économique, n’arrivera que dans quelques jours pour leur laisser un peu de répit.

Devant Pôle Emploi, ou Addeco, Manpower et ailleurs, tu ne peux pas ignorer la demande, simple, de Nathalie, de Fabien, de Samia ou de Luigi, de trouver, même le plus pourri, le plus dur et le plus mal payé des contrats, pour ne pas arriver dans la catégorie des « fins de droits » et de devoir aller mendier un RSA.

Pour Didier, tombé dans les « fins de droit », son cadeau serait que Charlotte, l’assistante sociale lui permette d’avoir une aide pour payer la facture d’EDF, bien que Charlotte, tout en travaillant, se demande comment éponger ses dettes.

A l’hôpital, Fatima voudrait tant que les suppressions de postes annoncées soient repoussées. Il n’y a déjà pas assez d’infirmières ni d’aides-soignantes, comment fera-t-elle si deux postes sont encore supprimés au service des urgences ? Il n’y a déjà plus les moyens humains pour s’occuper vraiment de Sabrine, couverte de bleus, et qui serait « tombée dans l’escalier ». Sabrine, elle aimerait trouver une raison de croire la promesse que cette fois c’est la dernière fois. Et Ayşe ? Les barbituriques l’ont seulement endormie, l’estomac est lavé, elle retourne, faute de lits et de moyens, dès le lendemain dans sa famille où elle ne pourra qu’espérer que les conditions météo repousseront son départ pour le Kurdistan et le mariage avec ce cousin éloigné prévu avant-même sa naissance.

Quant à Mohammed, Ghanima et Hua, tu connais leurs espoirs, simplement de pas tomber dans une raffle policière, et pouvoir continuer, sans papiers et sans droits, l’un à construire la France pour un sous-traitant de Bouygues, l’une à la nourrir, cachée dans la cuisine d’un restaurant de luxe des Champs-Elysées ou des Hauts de Seine, et l’autre, enfin, à l’habiller dans un atelier de confection. Et ne parlons pas de Natacha, elle avait quitté son village d’Ukraine rêvant d’un « bon salaire » dans l’Europe Occidentale, et se retrouve à être condamnée au viol des dizaines de fois par jour. Elle, sa seule demande, c’est maintenant d’avoir chaque jour sa dose d’héroïne pour supporter ce qu’elle subit, et ne vas pas lui amener un quelconque dépliant de prévention sur les risques de la drogue ; les risques, elle les connaît et l’overdose lui semble moins effroyable que son quotidien.

Des demandes du même genre, tu en as des tonnes. Pour Maryline, employée à France-Télécom, des anxiolitiques pour ne pas penser que depuis le cinquième étage, tout peut se régler très vite. Pour Samuel, du shit pour oublier qu’il est trop jeune pour trouver un boulot et pour Lucien du vin, qu’importe qu’il soit bon ou pas, pour oublier qu’il est trop vieux et trop usé pour en retrouver un, et pour Osman, de la bière, pour ne pas trop penser aux heures qui lui restent à accomplir devant la chaîne.

Si tu réaliseras probablement les voeux de Natacha, de Maryline, de Samuel, de Lucien ou d’Osman, c’est pour mieux ne pas répondre aux demandes de Paulo, de Francine, de Michel, d’Abdel, de Martine, de Djamila, de Nathalie, de Fabien, de Samia, de Luigi, de Didier, de Charlotte, de Fatima, de Sabrine, de Ayşe, de Mohammed, de Ghanima, de Hua et des millions et des millions d’autres qui forment notre classe sociale. De toute façon notre classe sociale ne croit plus au Père Noël, pas plus qu’elle croit dans les promesses des politiciens et les négociations entre syndicats et patronat. Tout au plus, une partie de notre classe continue d’espèrer en une vie après la mort pour éviter de trop se demander si, pour les prolétaires, il y a une vie avant la mort. Notre classe sociale sait que personne ne lui donnera la moindre miette, que le moindre euro d’augmentation, la plus petite victoire sur les chefs et les patrons, s’obtient par la lutte la plus dure. Par la lutte, peut-être que nous réaliserons la demande de Hua et qu’il obtiendra sa régularisation, mais, malgré la lutte, peut-être que Ghanima sera expulsée. Peut-être que, par la lutte, Martine ne sera pas licenciée, que Michel et ses collègues obtiendront un « bon plan social », qu’un seul poste et non pas deux sera supprimé dans le service de Fatima, mais que, malgré la lutte, Nathalie, Fabien et Luigi tomberont dans la catégorie des « fin de droits ». Peut-être que, grâce à la solidarité, Ayşe trouvera la force de fuir mais que Sabrine sera demain mentionnée rapidement dans les faits divers.

Finalement, Père Noël, la solution ne viendra pas de toi, mais de nous, de Natacha, de Maryline, de Samuel, de Lucien ou d’Osman, de Paulo, de Francine, de Michel, d’Abdel, de Martine, de Djamila, de Nathalie, de Fabien, de Samia, de Luigi, de Didier, de Charlotte, de Fatima, de Sabrine, de Ayşe, de Mohammed, de Ghanima, de Hua et des millions et des millions d’autres qui forment notre classe sociale. Parce que si, isolé(e)s, nous ne sommes rien, que des poussières écrasées par les riches et leur système, les millions et les millions de de Natacha, de Maryline, de Samuel, de Lucien d’Osman, de Paulo, de Francine, de Michel, d’Abdel, de Martine, de Djamila, de Nathalie, de Fabien, de Samia, de Luigi, de Didier, de Charlotte, de Fatima, de Sabrine, de Ayşe, de Mohammed, de Ghanima, et de Hua, solidaires et unis, forment la plus puissante des forces sociales. Ce qui nous manque surtout c’est la conscience de cette force, parce que nous sommes, justement, des millions et des millions, parce que nous produisons tout, parce que nous transformons le blé en pain et les terrains vagues en villes, parce que nous produisons même les armes qui aujourd’hui tuent nos semblables et qui transforment des villes, comme Bagdad ou Kaboul, en terrains vagues, pour que les plus riches se partagent les marchés et les matières premières ; comme c’est nous qui produisons y compris ces machines de mort et que c’est dans les mains des fils des fractions les plus exploitées de notre classe qu’elles sont mises, nous saurons aussi nous en servir, non pas contre nos semblables, mais contre les puissants, contre la bourgeoisie et son appareil d’Etat.

Ce qu’il nous manque ce n’est que ça : la conscience en notre propre force et en la possibilité de la victoire, de notre victoire. Et comme nous produisons tout, nous pourrons, en balayant l’ordre ancien du capitalisme, construire un monde nouveau, un monde humain, un monde où les formidables avancées scientifiques et technologiques profiteront à l’humanité entière, un monde où les avancées techniques signifieront, non pas l’accroissement du chômage, mais la baisse du temps de travail et l’augmentation du bien-être de toutes et tous, un monde où n’avoir pas la bonne carte d’identité ne sera pas ni un crime ni un délit car nous jetterons les vielles frontières nationales aux poubelles de l’histoire comme la bourgeoisie l’avait fait avec les anciennes barrières féodales, un monde où le fait d’être née femme ne signifiera plus être opprimée, un monde où chacun, donnant selon ses capacités, recevra selon ses besoins. Ce monde nouveau n’est ni une utopie ni un rêve, ce monde de demain, nous le construisons déjà dans nos luttes, nous l’avons déjà tant de fois entre-aperçu dans le passé, lorsque nos semblables d’hier, des barricades de la Commune de Paris aux Shorras de l’insurrection kurde de 1991, de la révolte de Spartacus aux Soviets de 1917, se sont lancés à l’assaut du ciel.

Aussi, cher Père Noël, nous ne te demandons rien, ni à toi ni à une autre entité qui vivrait au ciel. Ce n’est ni de toi ni d’un quelconque sauveur suprême que viendra la solution, mais de nous-mêmes, en prenant conscience de notre force et en transformant nos larmes de souffrance et de désespoir en larmes de rage, de colère et de révolte pour renverser la classe au pouvoir et construire un monde meilleur.


Bonne année 2011 !

Voilà la nouvelle année, et des cités HLM aux palais somptueux retentit un même cri, « bonne année ». Dans les somptueuses demeures des bourgeois, on se souhaite des profits en hausse, sachant que c’est ce qu’ils obtiendront. Bonne année Monsieur Dassault, de l’Afghanistan à l’Irak en passant par la Somalie, il y a tant d’endroits où les marchés existent pour vendre les outils de mort et de massacres. Bonne année, chers actionnaires de Peugeot, les cadences s’accroissent, la plus-value tirée de la sueur de milliers d’ouvriers continuera de remplir les coffres-forts. Bonne année, très chers actionnaires de Bayer et Rhône-Poulenc, bien des médicaments ne seront plus remboursés, la moitié de l’humanité crève de maladies qui pourraient être soignées, mais qu’importe qu’un peu plus de pauvres crèvent, tant que les marchés solvables sont toujours là. Bonne années enfin aux propriétaires du Crédit Lyonnais, du Crédit Agricole et des autres banques, il y aura toujours plus de travailleurs aux fins de mois difficiles pour leur soutirer des agios ou leur proposer des crédits qu’ils ne pourront jamais rembourser... et qu’importe que le système soit en crise, les États, en pressurant encore plus la classe ouvrière, renfloueront les caisses en cas de besoin. Bonne année, et surtout une bonne santé... ça ne coûte rien de le souhaiter dans ces milieux où l’on ne risque pas le cancer pour avoir passer sa vie à bouffer de l’amiante, où l’on ne connaît pas le stress au travail, où l’on ne risque pas de tomber d’un échafaudage, où l’on ne souffre pas des troubles musculo-squelettiques, où l’on ne respire ni la peinture ni les produits toxiques, et où l’on ne doit pas lutter pour se tenir éveillé en commençant sa journée quand d’autres se couchent...

Mais que nous importe, à nous, les vœux de bonnes années des quartiers riches. Qu’allons-nous nous souhaiter à nous mêmes ? De tenir chaque jour de la semaine, aliénés et exploités par le salariat, ne rêvant dès le lundi qu’au week-end et faisant, dès le samedi soir, des cauchemars en pensant au lundi ? Nous souhaiter de trouver un boulot pour celles et ceux d’entre nous qui crèvent au chômage ? Mais si, c’est possible, une petite mission d’intérim par là, un CAE par ici, et retour à l’allocation chômage en attendant le RSA. Et surtout une bonne santé, pour tenir, au moins un jour de plus, malgré les horaires atypiques, malgré l’angoisse des fins de mois qui commencent de plus en plus tôt, malgré les pressions des chefs et de la hiérarchie, malgré les cadences qui s’accroissent, malgré la menace constante des licenciements, malgré les bruits assourdissants de l’atelier, le froid et les intempéries sur les chantiers, malgré tant et tant de chose. Tenir et ne pas se laisser trop tenter par ce moyen si simple, corde, pistolet ou barbituriques, pour mettre fin aux souffrances quotidiennes. Pas la peine de se souhaiter de tenir ce rythme jusqu’à 62 ou 67 ans, non, on sait bien que l’on y arrivera pas, tenir un an, juste un an de plus. Et pour celles et ceux d’entre nous qui n’ont pas la bonne carte d’identité, se souhaiter de ne pas se faire arrêter lors d’une rafle policière et d’obtenir un retour simple en charter, à moins qu’un coup de taser nous permette de rester, pour toujours, dans cette « patrie des droits de l’homme ». Et de nombreuses d’entre nous qui sont nées femmes, pour une sur dix d’entre elles en France, tenir sous les coups des conjoints, tenir sous les mains baladeuses de chefs qui pensent que le droit de cuissage est inscrit dans le code du travail, et trop souvent, aussi, de collègues, de voisins, de passants qui ne voient dans une femme, non pas un être humain, mais un bout de viande à s’approprier. Pour celles et ceux pour qui le salaire ou les allocations chômage ne permettent pas de subvenir aux besoins les plus basiques de l’être humain, tenir face à l’humiliation de demander un repas comme une aumône aux restaurants du coeur et tenter, aussi, de survivre au froid.

Et ailleurs dans le monde, on se souhaite aussi bien des choses, aux États-Unis, quatre millions d’expulsés se souhaitent de retrouver une maison ; à Bagdad qu’on ne tombera pas dans le prochain attentat, parce qu’on est né chiite, ou sunnite, ou chrétien ; à Port-au-Prince que le petit dernier ne crèvera pas du choléra ; dans les campagnes du Zimbabwe que le bébé qui vient de naître survivra malgré malnutrition ; dans la Bande de Gaza ou en Afghanistan, que l’on ne subira pas de bombardement ; à Téhéran et à Sanandaj, on espère que l’année qui viendra ne sera pas celle où un proche ou un camarade, montera à son tour à l’échafaud ; à une jolie jeune fille d’Erbil qu’elle ne sera pas forcée d’épouser ce vieux cousin éloigné, qu’elle n’aura pas à s’immoler par le feu pour éviter d’être violée ou ne soit pas tuée par son frère pour avoir souri à un autre homme ; à Sidi Bouzid et ailleurs en Tunisie, on rêve d’une année 2012 sans dictature, sans répression et sans misère ... Bien des voeux à se souhaiter, tout en sachant qu’il n’y a que peu de chances qu’il se réalisent.

Dans les beaux quartiers, bien sûr, on a aussi ses soucis. Ségolène Royal et Sarkozy se demandent s’ils pourront être président en 2012, tout en sachant que s’ils n’y arrivent pas, rien de dramatique. Les frères Peugeot s’interrogent de savoir s’ils obtiendront tel ou tel marché ou si la concurrence leur prendra, mais l’argent continuera de tomber à flot. Obama peut s’inquiéter de comment il va retirer les troupes d’Irak, il sait que ce n’est pas lui qui tombera au front dans une guerre au service des trusts du pétrole. Dans les quartiers cousus pour riches, ils pourraient très bien oublier de se souhaiter la bonne année, l’année 2011, pour eux, sera de toute façon une bonne année, une année de luxe, une année à vivre du travail des autres, une année qui, même mauvaise de leur point de vue, sera mille fois meilleure que celle du reste de la population. Quant à nous, nous savons aussi ce que nous réserve cette année, des petits moments heureux de solidarité dans les luttes, et le reste du temps, l’abrutissement du travail salarié, les problèmes d’argent, la galère...

A moins que, pour une fois, tout cela change. Que cette année 2011 soit une année d’horreur pour la bourgeoisie, en renversant son système d’oppression et de barbarie, en arrêtant de travailler pour les enrichir par la grève, en retournant, pour les soldats au front, les fusils contre les généraux, en prenant toutes les richesses fruits de notre travail qu’ils nous ont volés, en réorganisant la production pour nous-mêmes et non plus pour leurs profits, en prenant ce qui est finalement notre dû, non seulement les miettes et le pain, mais aussi la boulangerie, et les champs, les usines, et le pouvoir. Finalement, pour nous, forçats de la faim et damné(e)s de la terre, la seule véritable bonne année serait celle où nous commencerons notre lutte finale, pour un monde libéré de l’oppression et de la misère, bref du capitalisme et de la classe au pouvoir.
Azadi
Azadi

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