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Message  Gayraud de Mazars Mer 22 Fév - 13:31

Vals a écrit:
D'autant, et je le dis sans arrière-pensée, que si le NPA n'obtenait pas ses signatures, il n'est pas sûr qu'il appellerait à voter pour la candidate de "la même famille" (la LCR nous a habitué à de drôles de trucs sur ce plan...).

Cela est clair, Vals !
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Message  verié2 Mer 22 Fév - 13:45


Vals
Nathalie a raison de ne pas se positionner par rapport à la candidature POUTOU, sauf à dire comme c'est le cas que nous avons toujours souhaité qu'il puisse se présenter...Aller au delà, c'est rentrer dans un jeu qui risquerait d'aborder la question des différences, ce qui n'est vraiment pas à l'ordre du jour et serait parfaitement contre-productif pour tout le monde.
Pas d'accord, car ça revient à mettre la candidature Poutou sur le même plan que n'importe quelle autre candidature qui a du mal à trouver ses 500 signatures. Il est parfaitement possible de dire qu'on se réjouit que deux candidats puissent défendre les intérêts des travailleurs etc, sans entrer dans les divergences, ce qui serait en effet contre-productif, car mieux vaut réserver le temps de parole pour souligner les points essentiels comme Nathalie l'a fait ce matin.

Sinon, ce serait regrettable, d'une part que Poutou ne puisse pas se présenter, car cela affaiblirait non seulement le NPA mais l'ensemble de l'extrême-gauche ; d'autre part, dans ce cas, que le NPA n'appelle pas à voter Nathalie Arthaud. J'imagine que le NPA serait divisé, comme il l'est actuellement, et que sa "droite" en profiterait pour soutenir plus ouvertement Mélenchon et se rallier au FdG. Ce qu'elle n'aurait pas fait si Olivier s'était présenté avec une perspective de 5 % ou davantage des voix, ce qui montre bien l'opportunisme électoral de cette "droite" du NPA...

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Message  Invité Mer 22 Fév - 16:02

Je me trompe peut-être et j'espère qu'on n'aura pas à le vérifier, mais si Poutou n'arrivait pas à se présenter, je doute fort qu'une majorité du NPA fasse campagne ou appelle à voter pour Arthaud. J'ai le sentiment que la grande majorité regarde vers le FdG (encore une fois, je me trompe peut-être, l'échantillon de militants NPA que je connais est sans doute pas représentatif)... ce qui ne cesse de m'étonner d'ailleurs. Cela dit si Arthaud n'avait pas ses 500 signatures et si Poutou les avait (ce qui n'est pas non plus complètement impensable, on sait jamais, ça peut arriver les tuiles), je sais pas ce que LO ferait : j'imagine qu'ils feraient campagne pour Poutou, enfin j'espère... !

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Message  verié2 Mer 22 Fév - 16:20


Willie Maley
J'ai le sentiment que la grande majorité regarde vers le FdG (encore une fois, je me trompe peut-être, l'échantillon de militants NPA que je connais est sans doute pas représentatif)
Il me semble en effet que tu te trompes car des camarades qui se sont prononcés pour les tendances droitières dites "unitaires" (avec le FdG) participent à la chasse aux signatures. Cela-dit, il y a aussi des partisans de la candidature Poutou qui font un blocage vis à vis de LO. La vie est compliquée...

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Message  Invité Mer 22 Fév - 16:29

C'est pas contradictoire avec ce que je dis : on peut regarder plutôt vers le FdG et avoir un minimum de discipline ou de respect vis-à-vis des choix de son organisation !

Je dis juste qu'à choisir entre LO et le FdG, la plupart des militants NPA que je connais (dont une minorité était à la Ligue d'ailleurs), qui n'ont de toutes façons pas du tout envie de choisir, regarderaient plutôt vers le FdG s'ils devaient faire un choix. Pour tout un tas de mauvaise raison à mon sens (apparemment y aurait un mouvement de masse autour de Mélenchon What a Face )... Mais encore une fois j'ai pas une échantillon représentatif sous la main !

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Message  Vals Mer 22 Fév - 20:45

Willie Maley a écrit:C'est pas contradictoire avec ce que je dis : on peut regarder plutôt vers le FdG et avoir un minimum de discipline ou de respect vis-à-vis des choix de son organisation !

Je dis juste qu'à choisir entre LO et le FdG, la plupart des militants NPA que je connais (dont une minorité était à la Ligue d'ailleurs), qui n'ont de toutes façons pas du tout envie de choisir, regarderaient plutôt vers le FdG s'ils devaient faire un choix. Pour tout un tas de mauvaise raison à mon sens (apparemment y aurait un mouvement de masse autour de Mélenchon What a Face )... Mais encore une fois j'ai pas une échantillon représentatif sous la main !

D'accord avec toi Willie, mais au delà des questions d'échantillons que nous rencontrons, le NPA comme la LCR sont très sensibles aux préoccupations de leur milieu qui n'est pas vraiment celui auquel s'adresse prioritairement LO....La Ligue (qui se disait pourtant communiste et révolutionnaire) a été capable autrefois d'appeler à voter indifferement pour des gens comme Voynet ou Hue , plutot que d'appeler au vote Arlette....Alors le NPA aujourd'hui......
Ces camarades n'aiment guère le vrai "contre-courant" et encore moins ce que leur milieu désigne sous le vocable sympathique "d'ouvrierisme"...
Travailleurs, travailleuses, ce n'est pas exactement la tasse de thé d'un milieu qui préfèrerait "antinucléaires et antinucléaireuses" que des formules ringardes s'adressant au prolétariat d'ici et d'ailleurs....même si je connais des camarades en bonne santé du NPA qui se sentent plus militants ouvriers qu'ecolo-socialistes du XXIème siècle.......
Ca ne nous empêche pas de souhaiter sincèrement que la candidature de Poutou soit validée et qu'il puisse dire ce que pense son courant....


Dernière édition par Vals le Jeu 23 Fév - 12:53, édité 1 fois
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Message  nico37 Mer 22 Fév - 22:22

Arthaud dénonce une "course à l'échalote" entre Sarkozy et Le Pen - 20/02/2012

Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière à l'Elysée, a dénoncé lundi "la course à l'échalote à droite" entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, jugeant que les deux candidats s'étaient "gargarisés des mêmes mots" sur le peuple qui sonnent "creux et vides" dans leur bouche.
Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière à l'Elysée, a dénoncé lundi "la course à l'échalote à droite" entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, jugeant que les deux candidats s'étaient "gargarisés des mêmes mots" sur le peuple qui sonnent "creux et vides" dans leur bouche.

"+La France+, +le peuple+, +le peuple français+... Dans leur meeting respectif, Sarkozy et Le Pen se sont gargarisés ce dimanche des mêmes mots creux et vides, les mots de ceux qui jouent aux travailleurs la comédie de l'union nationale", écrit la porte-parole trotskiste dans un communiqué intitulé, "Sarkozy-Le Pen : la course à l'échalote à droite".

"Comme s'il pouvait y avoir le moindre point commun entre une caissière d'hypermarché et Liliane Bettencourt, entre les ouvriers menacés de licenciement à PSA Aulnay et la famille Peugeot, entre riches et pauvres, entre exploiteurs et travailleurs !", lance-t-elle.

"Quelle qu'ait pu être l'origine des voix qui l'ont porté au pouvoir, Sarkozy a montré, tout au long de ses cinq ans de présidence, qu'il gouvernait au service exclusif des riches. Marine Le Pen n'a pas eu l'occasion de le démontrer mais elle en ferait de même, malgré quelques couplets démagogiques pour glaner des voix du côté de l'électorat populaire, assortis de beaucoup de crasse réactionnaire", souligne-t-elle.

Mais, conclut Mme Arthaud, "il n'y a pas d'illusions à se faire sur Hollande non plus" car "il n'osera pas prendre la moindre mesure contraignante contre le grand patronat, les banquiers, les maîtres de l'économie".

nico37

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Message  verié2 Jeu 23 Fév - 9:07

Vals
Ces camarades n'aiment guère le vrai "contre-courant" et encore moins ce que leur milieu désigne sous le vocable sympathique "d'ouvrierisme"...
Je te signale tout de même que Poutou, ouvrier de l'automobile, a été désigné par la majorité du NPA. De même que Besancenot avant lui, qui est postier. Alors que LO a désigné une enseignante agrégée.

Donc, s'il existe en effet, au sein du NPA, des militants ou adhérents tels que tu les décris, il ne faut pas simplifier ni généraliser...

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Message  verié2 Jeu 23 Fév - 9:36

Entendu Nathalie Arthaud ce matin sur France Infos, vers 8 H 15.

Langage clair, bonnes réparties, dénonciation énergique de l'injustice sociale, des revenus exorbitants des grands patrons. Toutefois, si Nathalie se proclame "communiste" et affirme que cela la distingue de Mélenchon, son discours reste étroitement syndicaliste. Pour résumer, c'est : "De l'argent, il y en a. Suffirait d'en prendre un peu aux riches pour indexer les salaires sur le coût de la vie et d'interdire les licenciements. Evidemment, il faudra des luttes pour l'imposer."

Mais, pas un mot sur la crise et la nécessité de changer la société, d'instaurer le pouvoir des travailleurs. Ce qui caractérise justement les communistes et les distingue des simples syndicalistes. Ca laisse le sentiment qu'il suffirait de faire pression pour imposer une autre gestion du système, puisque "De l'argent, il y en a", suffirait de l'utiliser autrement. Comme s'il s'agissait de la répartition de la caisse d'un épicier et non de tout un système économique, politique et social...

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Message  Roseau Jeu 23 Fév - 14:17

Bonne comparaison !

L'épicier, si ses affaires vont mal, donc que la survie de sa boutique est fragile,
face à l'expropriateur qui vient "répartir la caisse",
regrette de ne pas disposer d'un flingue.

La bourgeoisie, dont les affaires sont mises à mal par la crise,
dispose elle du flingue, son Etat...
d'où la nécessité d'une révolution et d'un gouvernement des travailleurs.
Roseau
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Message  Vals Jeu 23 Fév - 18:50

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Message  panchoa Jeu 23 Fév - 19:43

Nathalie Arthaud (LO): «Faire vivre la lutte des classes, chaque jour» sur mediapart

22 février 2012 | Par Stéphane Alliès et Lénaïg Bredoux

Entretien
92 Commentaires (7)

panchoa

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Message  nico37 Ven 24 Fév - 2:28

verié2 a écrit:Entendu Nathalie Arthaud ce matin sur France Infos, vers 8 H 15.

Langage clair, bonnes réparties, dénonciation énergique de l'injustice sociale, des revenus exorbitants des grands patrons. Toutefois, si Nathalie se proclame "communiste" et affirme que cela la distingue de Mélenchon, son discours reste étroitement syndicaliste. Pour résumer, c'est : "De l'argent, il y en a. Suffirait d'en prendre un peu aux riches pour indexer les salaires sur le coût de la vie et d'interdire les licenciements. Evidemment, il faudra des luttes pour l'imposer."

Mais, pas un mot sur la crise et la nécessité de changer la société, d'instaurer le pouvoir des travailleurs. Ce qui caractérise justement les communistes et les distingue des simples syndicalistes. Ca laisse le sentiment qu'il suffirait de faire pression pour imposer une autre gestion du système, puisque "De l'argent, il y en a", suffirait de l'utiliser autrement. Comme s'il s'agissait de la répartition de la caisse d'un épicier et non de tout un système économique, politique et social...
Roseau a écrit:Bonne comparaison !

L'épicier, si ses affaires vont mal, donc que la survie de sa boutique est fragile,
face à l'expropriateur qui vient "répartir la caisse",
regrette de ne pas disposer d'un flingue.

La bourgeoisie, dont les affaires sont mises à mal par la crise,
dispose elle du flingue, son Etat...
d'où la nécessité d'une révolution et d'un gouvernement des travailleurs.

Heureusement en meeting c'est plus clair comme par ex hier à Tours où elle a cette phrase évidente que si le capitalisme ne permettait pas le SMIC à 1700€ [ou d'un niveau de vie équivalent] c'est que c'est un système failli dont il faut sortir. Meeting ou France 2 et France 3 ne semblaient être là que filmer l'internationale comme me le disait un camarade du BTP (ce qui s'est vérifié Exclamation).

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Message  ulm Ven 24 Fév - 13:46

tres bien ce meeting d' ailleurs! Qu' as tu penser des questions du front de gauche (un milieu assez nombreux du PCF s' etant deplacé) et des reponses de Nathalie?

ulm

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Message  Vals Ven 24 Fév - 21:00

La « démondialisation » et le protectionnisme, entre démagogie cocardière et ineptie économique




Le protectionnisme et la « démondialisation » sont à la mode. Marine Le Pen a fait de la lutte contre la mondialisation et pour la « protection » des emplois français un de ses créneaux électoraux. Farouche défenseur du capitalisme, elle n’a pas de mots assez durs contre le libre-échange et la mondialisation économique. Mais on entend également cette petite musique à gauche, notamment du côté d’Arnaud Montebourg qui, tout en se positionnant à gauche du Parti socialiste lors de la primaire, a fait de la « démondialisation », c’est-à-dire du protectionnisme, son programme économique. Quelques semaines plus tard, ses déclarations xénophobes sur l’« Allemagne à la Bismarck », alors que Marine Le Pen expliquait, elle, qu’Angela Merkel voulait faire marcher « l’Europe à la schlague », sont venues rappeler que, derrière le protectionnisme, le chauvinisme n’est jamais loin. Quant à Hollande, il parle également de « patriotisme économique » ; et quand on a appris, fin octobre, que la Chine allait peut-être investir dans le Fonds européen de stabilité financière (FESF), il s’est indigné contre une « dépendance… profondément troublante ». Jean-Luc Mélenchon s’est fait le champion d’un « protectionnisme européen ». Bayrou explique quant à lui qu’il faut « acheter français ». Sans parler de Dupont-Aignan. Et Sarkozy et son gouvernement ont fait récemment leur petit cinéma sur le « made in France », visite d’usine à l’appui. Bref, la plupart des partis politiques et des candidats à l’élection présidentielle ont trouvé leur cible : l’étranger, le Brésilien, l’Indien et surtout le Chinois, quand ce n’est pas l’ennemi héréditaire, l’Allemand. Ce cinéma préélectoral, où les candidats rivalisent de démagogie cocardière, est tout bonnement ridicule, par exemple quand il entonne l’air du « made in France ».

Mais au-delà, il nous amène à revenir sur la mondialisation, un processus très ancien, indissociable du développement économique depuis les débuts du capitalisme et de l’industrialisation, voire plus longtemps encore. Elle est irréversible. On soulignera ensuite le caractère réactionnaire des idées protectionnistes, avant d’évoquer la façon dont le mouvement ouvrier s’est positionné par le passé sur ces questions.

La mondialisation, un phénomène ancien et irréversible
L’idée de démondialisation est une ineptie. Le capitalisme et l’industrialisation sont indissociables d’une internationalisation des échanges. L’économie mondiale est largement intégrée et les différents pays sont interdépendants. À l’époque des Grandes découvertes, au XVIe siècle, de nombreuses denrées étaient déjà l’objet d’échanges internationaux. Au XVIIe siècle, un négociant de Rouen évoquait ses déconvenues quand il apprenait que les toiles de Silésie (en Pologne d’aujourd’hui) qu’il faisait transiter par Séville pour le compte d’une firme de Lucques (Italie) et à destination d’Acapulco (Mexique) se trouvaient concurrencées par des marchandises arrivant de Chine à très bas prix. C’est cette expansion marchande, où le commerce d’esclaves a joué un rôle central, aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui a permis à des marchands, à des banquiers, à des négociants d’accumuler du bien qui, à la fin du XVIIIe et au XIXe siècles, a pu s’investir dans les machines et contribuer au financement de la révolution industrielle. En 1848, Karl Marx et Friedrich Engels notaient dans le Manifeste du Parti communiste :

« Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations.

Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale. Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. Elles sont supplantées par de nouvelles industries, dont l’adoption devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, industries qui n’emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe. À la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. À la place de l’ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations. »

C’était, pour l’époque, largement une anticipation plutôt que le bilan d’un processus achevé. C’est en effet lors de ce qu’on appelle aujourd’hui la « première mondialisation », entre 1870 et 1914, que les volumes d’échanges ont été démultipliés, à la suite du développement du capitalisme et du libre-échange, du chemin de fer, du télégraphe, de la navigation à vapeur ou de la congélation. La concurrence, cet aspect fondamental de l’économie capitaliste, cessait progressivement de se limiter au marché national. Elle se déroulait de plus en plus dans l’arène mondiale. Le commerce international augmenta de 4 % par an, plus rapidement que la production (2,5 %). En Europe, la part des exportations dans la production est passée de 10 % en 1 870 à 16 % en 1913, un taux d’intégration qui n’a été retrouvé qu’à la fin du XXe siècle.

En Europe occidentale, on importait alors déjà du blé de Russie, du coton d’Amérique ou de l’agneau de Nouvelle-Zélande. Dans de nombreuses régions du monde, on faisait appel aux mains-d’œuvre indienne et chinoise, moins chères et abondantes : pour la construction des chemins de fer américains ; dans les plantations sucrières des Antilles ou de l’océan Indien ; dans les mines du Transvaal en Afrique du Sud ; dans les plantations d’hévéas ou les mines d’étain de Malaisie. Et pendant la Première Guerre mondiale, 150 000 travailleurs chinois vinrent travailler en France. On débattait alors gravement, aux États-Unis ou en France, du « péril jaune », dans des termes que les débats actuels rappellent [1].

Les deux guerres mondiales et la crise de 1929 ont entraîné une contraction brutale du commerce international. Toutes les grandes économies capitalistes, y compris celles qui avaient longtemps été les championnes du libre-échange, comme la Grande-Bretagne, sont devenues protectionnistes. Le commerce international s’est effondré. Cela a aggravé la crise et le niveau de vie des travailleurs s’est brutalement dégradé dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis et en Allemagne. D’une certaine manière, la guerre douanière des années trente a aussi préparé la guerre tout court. Un pays comme le Japon, très dépendant du commerce international, fut durement touché par la montée du protectionnisme et se lança dans une politique d’expansion impériale.

C’est dans les années cinquante que le commerce international a repris. Les grandes puissances victorieuses ont veillé à ce que les frontières commerciales des vaincus soient ouvertes et la décolonisation des années cinquante et soixante a entamé les chasses gardées des empires coloniaux, permettant ainsi aux concurrents de la France et de la Grande-Bretagne d’accéder aux ressources, aux marchés et à la main-d’œuvre des territoires que ces dernières avaient colonisés. Le commerce mondial a augmenté deux fois plus vite que la production. Il représentait 14 % de la production mondiale en 1970, 20 % en 1990 et 30 % aujourd’hui.

La multiplication des échanges signifie également que toute l’économie est devenue interdépendante. Il ne s’agit plus seulement, comme à l’époque des Grandes découvertes, d’échanges de denrées ou de marchandises, mais d’une intégration progressive de tout le processus de production. Même des marchandises qui pourraient être fabriquées localement le sont internationalement. Un produit simple comme un jeans compte 18 composants provenant de trois continents, avant d’être vendu en Europe. Et quand il s’agit d’un téléphone portable ou d’un avion à réaction, c’est leur fabrication même qui est mondiale : leurs différents composants viennent de dizaines de pays, sans parler des composants de leurs composants, des ouvriers qui les extraient et les transforment… Les capitalistes localisent les productions de chaque composant du produit final en fonction du coût de la main-d’œuvre, de la proximité des marchés et des fournisseurs, de la logistique, du cours des monnaies, des avantages fiscaux ou des droits de douane. Une gigantesque division internationale du travail s’est mise en place, certaines régions du monde s’étant spécialisées dans certaines productions. Cette division a été mise en place suivant la logique du profit, de l’exploitation et du pillage, avec bien des aberrations sociales ou écologiques. L’histoire du camion de tomates parti des Pays-Bas pour livrer en Espagne et qui percute dans la vallée du Rhône un camion de tomates parti d’Espagne pour livrer aux Pays-Bas est peut-être une fantaisie des écologistes, mais elle n’est pas invraisemblable, tant la recherche aveugle du profit a ses aberrations.

Et en même temps, en concentrant la production, la division internationale du travail a permis des gains considérables de productivité, comparables à ceux que l’usine a représentés par rapport à l’atelier de l’artisan. Revenir en arrière – et, par exemple, vouloir tout produire « nationalement » – est non seulement inepte, mais impossible. La Thaïlande produit, par exemple, 40 % des disques durs vendus dans le monde, tandis que la Chine produit 50 % des téléphones portables et 60 % des ordinateurs ; voudrait-on que chacun des quelque 200 États existant aujourd’hui assure sa propre production de ces produits ? Autant dire que la plupart des peuples devraient renoncer à l’informatique. Et s’il fallait « démondialiser » la production d’énergie, l’essentiel de l’humanité retournerait à la marine à voile, à la bougie et à la lampe à huile, faute de pétrole saoudien, d’uranium du Niger ou de technologie américaine.

Tout cela rend dérisoires les propos de campagne sur le « made in France ». Une Renault Logan fabriquée en Roumanie est-elle plus « française » qu’une Toyota Yaris fabriquée à Valenciennes ? En juin 2011, 143 députés avaient signé un texte ridicule demandant qu’Air France achète plus d’Airbus « européens » que de Boeing « américains ». Mais un Boeing 787 Dreamliner comporte 10 % de pièces et de systèmes français (câblages, logiciels de fabrication, freins, trains d’atterrissage, portes) et un Airbus A380, une bonne moitié de produits américains…

La mondialisation s’est d’abord faite dans l’intérêt des multinationales et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a été mise en place en 1994 pour organiser cette domination des Areva, General Motors, PSA, ArcelorMittal, Exxon, IBM, L’Oréal et autres Schlumberger. Par l’intermédiaire des gouvernements des pays riches qui sont en position de force dans les négociations internationales, ces multinationales ont obtenu la levée d’un certain nombre de barrières douanières.

La Chine est présentée aujourd’hui comme la grande bénéficiaire de la mondialisation. Mais elle n’est pas à l’origine de la libéralisation des échanges ; elle a adhéré tardivement à l’OMC et s’est insérée dans un système décidé par d’autres et pour d’autres. Certes, aujourd’hui, nombre des biens de consommation courante achetés en Occident, des postes de télévision aux ordinateurs, des vêtements aux chaussures, des jouets aux montres, sont « made in China ». Cela tient d’abord aux bas salaires pratiqués dans l’industrie chinoise. Et quand on nous dit que les marchandises « made in China » profitent à la Chine, il y a une escroquerie : au moins 55 % des exportations chinoises sont réalisées par des multinationales étrangères, américaines, japonaises ou européennes notamment. Autrement dit, quand un iPod « made in China » arrive ici, il a certes été assemblé en Chine. Mais avec des centaines de composants originaires de différents pays, tandis que la conception et le marketing viennent des États-Unis. Et ce qui revient aux Chinois est dérisoire par rapport à ce qui revient à Apple et à ses différents sous-traitants. Pour un iPod vendu 150 dollars aux États-Unis, 4 dollars reviendraient à la Chine et, là-dessus, encore beaucoup moins pour les salaires des ouvriers chinois.

Et quand Montebourg ou Le Pen disent qu’ils nous protégeraient contre les marchandises chinoises, ils nous proposent de nous protéger contre des marchandises fabriquées par des travailleurs plus pauvres, plus exploités qu’ici. Leur nationalisme est celui d’un pays riche, d’un impérialisme, qui veut écarter les pauvres du grand banquet auquel il se régale depuis deux siècles. Récemment, l’écologie est venue garnir l’arsenal des protectionnistes : « la Chine pollue », nous rabâche-t-on, alors que les pays riches polluent bien plus en proportion de leur population ; et Montebourg explique par exemple qu’il faut taxer les produits originaires de pays aux normes sociales et écologiques moindres que les nôtres. Marine Le Pen a repris ces arguments pseudo-écologistes et défend la « relocalisation » de la production, en ajoutant : « Produisons français avec des travailleurs français. » Même dans la bouche d’hommes dits de gauche, c’est quand même cette xénophobie qui s’exprime.

Protectionnisme et surenchère patriotarde
Les slogans protectionnistes ne sont pas nouveaux, même si la crise leur redonne de la vigueur. Chaque pays riche a eu recours, pendant une partie de son histoire, au protectionnisme. Ou, plus exactement, le protectionnisme et le libre-échange sont des armes que la bourgeoisie des différents pays a utilisées en fonction de ses intérêts circonstanciels, voire de façon différente selon ses différents secteurs. Au XVIIIe siècle, la Grande-Bretagne était très protectionniste par rapport aux cotonnades en provenance d’Inde, les indiennes, qui concurrençaient sa propre production textile. Puis, une fois que le filage et le tissage du coton ont été mécanisés en Grande-Bretagne, la productivité y a fait un bond. Au milieu du XIXe siècle, la Grande-Bretagne, dont l’industrie était hégémonique, devint libre-échangiste. Elle imposa à ses colonies, dont l’Inde, d’ouvrir leur marché aux produits britanniques ; l’artisanat textile indien et ses millions d’artisans furent ruinés en quelques décennies. Cette politique de la « porte ouverte » s’appliquait aussi à des commerces peu recommandables, comme l’opium, que la Grande-Bretagne voulait vendre « librement » en Orient, ce pour quoi elle fit la guerre à la Chine (1839-1842).

Les États-Unis ont développé leur industrie en recourant massivement au protectionnisme, pour permettre à leur industrie de se protéger de la concurrence des productions européennes, une politique commerciale qu’ils maintinrent jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Puis, devenus la première puissance mondiale, ils imposèrent le libre-échange aux pays qui n’en voulaient pas, l’ouverture de leurs frontières et la levée de leurs barrières douanières, pour mieux pénétrer leurs marchés.

Deux choses ont caractérisé le protectionnisme. Il n’était jamais fait pour protéger les classes laborieuses, mais seulement pour protéger les intérêts de la bourgeoisie nationale contre la concurrence d’autres bourgeoisies. Et si le protectionnisme pouvait retarder, pour une période plus ou moins longue, l’intégration d’un pays dans l’économie mondiale, l’isoler dans un fonctionnement plus ou moins autarcique, il n’a pas empêché la mondialisation d’avancer. Et heureusement : on l’a vu, la division internationale du travail est un facteur essentiel du développement économique.

Aujourd’hui, la mondialisation est souvent accusée d’être responsable du chômage et de la fermeture d’usines (Molex, Moulinex, Metaleurop, Continental, etc.). En réalité, la majorité des suppressions d’emplois sont l’œuvre d’entreprises qui, pour augmenter leurs profits, maintiennent voire augmentent la production, mais avec des effectifs réduits. En décembre 2011 par exemple, Areva et le Crédit agricole ont annoncé des licenciements et PSA a précisé les siens. Areva ne délocalise pas, elle vend des centrales nucléaires dans le monde entier, a gagné 5,5 milliards en dix ans et a un carnet de commandes record ; mais elle veut faire payer à ses salariés ses pertes cette année en raison d’un rachat douteux (UraMin) qui plombe ses comptes. Le Crédit agricole a annoncé 2 350 suppressions d’emplois dans le monde, dont 850 en France, mais ne délocalise pas non plus : il a fait 3,6 milliards de bénéfice net en 2010 et 1,6 sur les neuf premiers mois de 2011. Quant à PSA, qui veut supprimer 6 800 emplois, il a en effet une partie de sa production en Chine pour le marché chinois, et en Europe de l’Est, pour le marché européen, y compris français. PSA veut fermer trois usines dont celle d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qui produit des C3 ; PSA compte transférer une partie de la production de C3 vers Poissy (Yvelines), en y augmentant la production et en créant une équipe de nuit. Autrement dit, même dans le cas de l’industrie automobile, les délocalisations d’un pays à l’autre n’expliquent qu’en partie la baisse des effectifs des constructeurs automobiles français, qui n’ont jamais produit autant de voitures, mais le font avec moins de salariés.

Il y a certes des pertes d’emplois liées aux délocalisations. Il est impossible de dire exactement combien, car la mondialisation est souvent utilisée comme un prétexte par des patrons qui veulent, par exemple, fermer une usine, et expliquent pour cela que le coût du travail est trop élevé en France et que les Chinois travaillent plus et pour moins cher. D’après une étude de l’Insee (2010), il y aurait eu en France, à cause des délocalisations, 36 000 emplois perdus par an entre 2001 et 2005, soit 7 % des suppressions d’emplois. Il y a eu chaque année 14 fois plus de suppressions d’emplois en raison des gains de productivité (4 % de gain par an en moyenne), c’est-à-dire que moins de salariés font la même production. Et chacun a, autour de lui, de nombreux exemples de cette pratique, qui représente l’immense majorité des suppressions d’emplois.

Et puis un autre aspect de la mondialisation, ce sont les investissements réalisés à l’étranger. Et ce n’est pas parce qu’Auchan ou Carrefour ouvrent des magasins en Chine qu’ils ferment des magasins ici, ni parce que France Télécom ou Bouygues gèrent des réseaux téléphoniques en Afrique qu’ils renoncent à ceux qu’ils ont en métropole. En outre, la France est un des principaux destinataires mondiaux d’investissements directs étrangers (IDE), derrière les États-Unis, la Chine ou Hong Kong, mais devant tous les autres pays européens. Parce que le coût du travail est loin d’être le seul critère : il y a, par exemple, peu d’investissements en Haïti ou en Mauritanie, où la main-d’œuvre est pourtant bon marché. Pour les capitalistes, la qualification et la productivité de la main-d’œuvre, les infrastructures, la proximité des marchés et celle des fournisseurs comptent aussi. Sarkozy a rendu visite en décembre 2011 au fabricant de skis Rossignol et Dynastar, en vantant, sans rire, le « made in France ». Or Rossignol appartient à un fonds financier australien (Maquarie), qui l’a racheté à un trust américain (Quicksilver)… Le patron de Rossignol a expliqué le peu de cas qu’il faisait des fadaises cocardières : s’il a rapatrié une production de skis de Taïwan vers la Haute-Savoie, ce n’est pas pour faire du « made in France », c’est parce que ses fournisseurs sont ici et ses clients aussi, et donc que les gains de main-d’œuvre sont annulés par les coûts de transport. Et toute une partie de l’activité industrielle, notamment celle à forte valeur ajoutée (l’aérospatiale, l’aéronautique, les techniques de pointe, etc.), reste dans les pays riches pour ces raisons.

Alors, si la France ou l’Union européenne recourait au protectionnisme, les travailleurs français ou européens auraient-ils plus de travail ? Certainement pas. Les autres pays, qui ont aussi leurs politiciens protectionnistes, mettraient à leur tour des droits de douane à l’entrée de leur marché, dans une guerre douanière. C’est d’ailleurs pourquoi le grand patronat français ne se rallie pas au protectionnisme. Une usine comme Renault-Cléon (Seine-Maritime) travaille à 60 % à l’exportation (moteurs et boîtes de vitesse) ; et en France, c’est le cas d’environ un quart des salariés, qui pourraient donc perdre leur travail. Et, le protectionnisme amenant un renchérissement des marchandises, le pouvoir d’achat des salariés serait diminué.

La crise montre également que la mondialisation dont on nous a tant vanté les mérites pendant des années, ne protège certes personne dans le monde du travail. Autrement dit, ce choix entre mondialisation et démondialisation, c’est une fausse alternative. On désigne des boucs émissaires (hier, les produits japonais et coréens, aujourd’hui les produits chinois ou indiens, etc.) pour épargner les vrais responsables : les capitalistes d’ici et d’ailleurs. Et on offre de fausses solutions, le protectionnisme, pour détourner de la seule qui vaille : la solidarité, la lutte de classe des travailleurs, quelle que soit leur nationalité, leur couleur de peau ou leur religion.

Le mouvement ouvrier contre le protectionnisme


Ces questions se sont posées au mouvement ouvrier dès le milieu du XIXe siècle, les bourgeoisies essayant d’enrôler les travailleurs derrière un drapeau, que ce soit celui du protectionnisme ou celui du libre-échange, voire des deux simultanément.

À la différence des socialistes utopistes, Marx, dans son projet de transformation révolutionnaire de la société, partait de l’analyse du capitalisme : changer l’ordre économique n’avait de sens qu’à partir du capitalisme et c’est sur les bases posées par la révolution industrielle qu’une société communiste pourrait être bâtie. Le changement fondamental de la société ne pouvait résulter que de l’accroissement de la productivité, dont la concentration et la mondialisation sont des facteurs essentiels.

C’est pourquoi d’ailleurs Marx et Engels n’étaient pas tout à fait neutres dans le débat qui opposait, dans les années 1840, les protectionnistes aux libre-échangistes. La bourgeoisie britannique était libre-échangiste, entre autres pour que le pain à bon marché lui donne la possibilité de verser des salaires plus bas. Elle accusait les propriétaires terriens, protectionnistes, de vouloir affamer le peuple en vendant le blé cher. Les protectionnistes disaient au contraire que les tarifs douaniers permettaient de préserver les emplois. Les protectionnistes représentaient les intérêts de l’aristocratie terrienne de l’Ancien régime, tandis que la bourgeoisie conquérante bâtissait une société nouvelle, fondée sur le travail salarié, le machinisme et l’industrie moderne. C’est pourquoi Marx concluait ainsi, en janvier 1848, un Discours sur le libre-échange : « En général, de nos jours, le système protecteur est conservateur, tandis que le système du libre-échange est destructeur. Il dissout les anciennes nationalités et pousse à l’extrême l’antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat. En un mot, le système de la liberté commerciale hâte la révolution sociale. C’est seulement dans ce sens révolutionnaire, Messieurs, que je vote en faveur du libre-échange. » Marx se plaçait du point de vue des intérêts révolutionnaires du prolétariat, un prolétariat que renforçait la destruction de l’ancien régime économique et des barrières douanières qui le protégeaient. Il ne se rangeait pas pour autant derrière la bourgeoisie libérale. Il raisonnait en communiste, du point de vue de ce qui ferait avancer les intérêts d’une classe ouvrière encore jeune.

Et l’internationalisme de Marx résultait de cette conscience qu’on ne pourrait bâtir une société supérieure au capitalisme qu’à l’échelle mondiale, qu’il ne pourrait y avoir d’émancipation des travailleurs en revenant en arrière. « Prolétaires de tous les pays, unissons-nous », répondait-il avec Engels à ceux qui, en 1848, voulaient dresser les travailleurs de différentes nationalités les uns contre les autres. « Les prolétaires n’ont pas de patrie », disaient les militants de l’Association internationale des travailleurs (AIT) fondée en 1864, une organisation qui cherchait justement à lutter contre l’utilisation, par la bourgeoisie, des travailleurs d’un pays contre ceux d’un autre.

La Deuxième Internationale, créée à Paris en 1889, reprenait le même mot d’ordre, au cours de cette première mondialisation, où la concurrence s’exacerbait entre les grandes puissances européennes. Le mouvement ouvrier rejetait le protectionnisme, pour sa dimension nationaliste et aussi parce qu’il augmentait le coût de la vie pour les ouvriers. Par exemple, la Fédération du textile de la CGT débattit en 1905 des tarifs douaniers ; elle décida que le syndicalisme devait rester neutre sur cette question, le seul véritable terrain de lutte étant celui de la lutte des classes. Le protectionnisme, disait-elle, c’est le nationalisme, il mène à la guerre et à la misère pour tous (La Voix du peuple, 9-16 septembre 1906). L’autarcie (c’est-à-dire le repli national pour la production) allait à l’encontre de l’idéal internationaliste du socialisme, qui veut abolir les frontières et assurer une vie décente aux travailleurs du monde entier. Ce débat était lié aussi à l’immigration, que le patronat utilisait pour diminuer les salaires, voire pour briser les grèves. Les syndicats et la SFIO, le parti socialiste, s’opposaient vigoureusement aux restrictions à l’immigration : « C’est le danger de considérer la classe ouvrière d’un pays comme ayant un privilège : de fermer, par exemple, l’entrée des syndicats aux immigrants et de leur interdire l’accès à certaines professions. » (Bracke, « L’émigration ouvrière », L’Humanité, 25 juillet 1907).

À l’époque, le débat existait aussi sur les exportations de capitaux : si le capital investi à l’étranger était resté en France, expliquaient certains, la croissance économique aurait été plus importante, les emplois plus nombreux et les salaires plus élevés [2]. Pourtant, le mouvement ouvrier ne s’opposa pas aux exportations de capitaux ; la question se posait notamment pour la Russie, où des industriels français investissaient. Au contraire, les socialistes français voyaient les ouvriers russes embauchés dans ces usines comme des frères de classe, des alliés futurs pour le combat commun contre le capital. Et la suite devait leur donner raison : en 1905, la Russie connut, grâce à ces nouvelles industries, une révolution et une grève générale, et les militants français espéraient la contagion d’une « fièvre de grève ». Puis en 1917, la Révolution russe permit qu’émerge, en France comme ailleurs, le mouvement communiste.

L’URSS s’est retrouvée isolée et fut contrainte de se servir du protectionnisme pour se protéger de la pression du monde capitaliste. Mais c’était une solution par défaut, un pis-aller, car les bolcheviques n’envisageaient certainement pas le « socialisme dans un seul pays », une invention stalinienne, qui faisait de pauvreté vertu. Dans la foulée de la Révolution russe, le mouvement communiste défendait l’internationalisme : les ennemis des travailleurs, disaient les bolcheviques, ne sont pas les travailleurs d’autres pays, mais les capitalistes. Ils fondèrent, en 1919, l’Internationale communiste qui réaffirmait que les travailleurs ont des intérêts communs et indissociables. Afin d’insister sur l’hostilité à tout nationalisme, le Parti communiste ne s’appelait alors pas le « Parti communiste français » mais la « Section française de l’Internationale communiste ». Il vomissait le drapeau tricolore, le militarisme, le colonialisme, le protectionnisme et toutes les tentatives de diviser, d’opposer les travailleurs entre nationalités, y compris les travailleurs français et allemands, alors qu’on sortait de la Première Guerre mondiale et qu’il existait en France une forte germanophobie.

C’est à partir des années trente et quarante que le PCF a renoncé à ces idéaux internationalistes et s’est emparé du drapeau tricolore, de la Marseillaise et de Jeanne d’Arc. Devenu stalinien, soutenant le gouvernement du Front populaire qui ne changea rien à la politique coloniale de la France, puis surtout défendant une politique outrageusement chauvine durant la Seconde Guerre mondiale (« À chacun son Boche ! »), il a complètement coupé avec ses origines révolutionnaires et internationalistes. Et a défendu, dans les années soixante-dix et quatre-vingt, le « Fabriquons français » et autres « Produisons français » sur des affiches tricolores qui rivalisaient de bêtise chauvine. Voilà pourquoi Le Pen ou Bayrou peuvent aujourd’hui dire qu’ils ne font que reprendre le slogan de Marchais.***

Aujourd’hui, alors que l’économie est cent fois plus mondialisée qu’elle ne l’était à l’époque de Marx, il est inepte et réactionnaire de proposer un repli national et il est d’autant plus essentiel de défendre l’internationalisme prolétarien. Pour nous, ce ne sont ni l’exportation de capitaux, ni l’importation de marchandises qui posent problème. Le « made in France », le « produisons français », le « patriotisme économique », ce sont des balivernes, des idées réactionnaires. Il n’y a pas un bien de consommation courante qui ne résulte du travail de milliers de travailleurs de plusieurs pays, de plusieurs nationalités, de plusieurs continents ; et pour les capitalistes, l’argent n’a pas plus de frontières qu’il n’a d’odeur. Les révolutionnaires combattent bien sûr tous les licenciements, quel qu’en soit le motif d’ailleurs : que ce soit pour délocaliser, pour augmenter la productivité, pour dégager des fonds spéculatifs, etc. Nous sommes pour leur interdiction, ce qu’aucun des défenseurs du « made in France », Mélenchon pas plus que Bayrou, Montebourg pas plus que Le Pen, ne défend !

Et comme pour les socialistes au début du XXe siècle, c’est aussi pour nous un progrès si l’industrie se développe en Chine, en Inde ou au Vietnam. Parce que cela renforce et élargit la classe ouvrière, et que ces prolétaires sont des alliés futurs des travailleurs de France, des États-Unis ou d’ailleurs. Bien sûr, ce qu’on voit surtout, c’est qu’ils sont surexploités, qu’ils n’ont pas le droit de s’organiser, qu’ils se suicident ou sont intoxiqués, souvent du fait de capitalistes occidentaux qui prétendent diriger des entreprises « citoyennes ». Mais la formation de la classe ouvrière, c’est aussi le développement de luttes. Et en Chine, en Inde ou au Bangladesh, des travailleurs se battent, parfois dans de grandes grèves, contre l’exploitation, pour des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail. Et ce que nous espérons, c’est que ces luttes, aujourd’hui économiques, deviennent un jour des combats politiques contre la bourgeoisie et pour le pouvoir des travailleurs. Nous fondons nos espoirs d’une société meilleure dans la lutte internationale des travailleurs et c’est la perspective dans laquelle nous nous plaçons.

À la différence du PS et du PCF, nous sommes restés fidèles aux idées internationalistes. C’est-à-dire que nous combattons tout ce qui dresse les travailleurs d’un pays ou d’un continent contre d’autres. Nous continuons de dire que ce qui sépare les hommes, ce n’est pas la nationalité, c’est la classe sociale ; que le monde ne se divise pas entre les Français et les autres, ou entre les Européens et les Chinois, mais entre la classe des travailleurs et celle des capitalistes. Et, face aux chauvins de tout poil, nous faisons toujours nôtre ce cri de guerre, lancé il y a plus de 160 ans : « Prolétaires de tous les pays, unissons-nous ! »

10 janvier 2012

[1] En 1901, un économiste distingué écrivait que « les Chinois deviendront vite des producteurs de premier ordre » et que « l’équilibre international sur lequel repose le régime social des grandes nations industrielles de l’Europe » était menacé de rupture violente par « la brusque concurrence, anormale et illimitée, d’un immense pays nouveau. » (Edmond Théry, Le Péril jaune, 1901, p. 308)

[2] Suzanne Berger, Notre première mondialisation. Leçons d’un échec oublié, Paris, 2003

Publié dans le numero de Lutte de Classe de Janvier 2012
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Message  nico37 Sam 25 Fév - 17:56

La candidate Lutte ouvrière travaille dur, mais... 24/02/2012

Nathalie Arthaud, hier soir à Tours, espère rassembler autour d’elle tout ce qui est communiste, mais elle ne décolle pas dans les sondages.

Lors du meeting : plus d'Arlette Laguiller mais les travailleurs et travailleuses sont toujours là. 300 hier soir.

C'est elle qui a succédé à Arlette Laguiller à la tête de Lutte ouvrière. Et avec Nathalie Arthaud, c'est aussi clair qu'avec « Arlette » : à gauche toute. Pas question de tromper les travailleurs et les travailleuses sur la marchandise. Et comme les communistes n'ont pas de candidat estampillé PCF (c'est Mélenchon qui les représente, non sans talent oratoire, d'ailleurs), eh bien la brune Nathalie Arthaud s'affiche comme « la candidate communiste », et enfonce le clou : « Nos convictions communistes fondent toute notre politique. » A gauche toute, mais elle prévient : « On dénonce la politique sarkozyste, mais on ne fait pas plus confiance à François Hollande pour défendre les intérêts fondamentaux des ouvriers, pour interdire les licenciements, contrôler les entreprises, indexer les salaires sur les prix. » Elle met Jean-Luc Mélenchon dans le même panier : « Son programme est même en dessous de celui de Mitterrand en 81 ! »

Nathalie Arthaud est dans la rupture, dans la « révolution sociale » et non pas « citoyenne ». La présidentielle ne changera rien, à ses yeux. C'est dans la rue, « comme en Grèce et en Espagne, qu'il faudra mener les luttes contre les rapaces du patronat et le capitalisme ». Elle insiste, en effet, pas rassurante : « On est dans un premier état de choc et tôt ou tard, des millions d'hommes et femmes seront, oui, dans la rue. »

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Message  Vals Sam 25 Fév - 19:31

Lutte de Classe MARS 2012

L’importance du vote pour la candidate communiste Nathalie Arthaud


Sur l’efficacité des élections pour changer la réalité des choses dans une société divisée en classes, l’opinion des communistes révolutionnaires est faite depuis très longtemps et ne laisse place à aucune ambiguïté. Sur le plan tactique cependant – alliances électorales éventuelles, etc. – ainsi que pour le choix des axes d’intervention dans la campagne électorale, il peut exister une grande variété de situations en fonction du contexte économique et politique, de la nature des préoccupations de l’électorat populaire, etc.

Pour une multitude de raisons, bonnes ou mauvaises, l’élection présidentielle est certainement l’élection la plus politique en France sous la Ve République. Elle est celle, en tout cas, qui concerne l’ensemble de l’électorat autour des mêmes candidatures et, par là même, celle qui gomme ce qui est local, particulier, spécifique, qui fait les choux gras des candidats aux municipales, cantonales, voire législatives.

L’élection présidentielle de 2012 aura lieu après plusieurs mois de crise finan-cière, après un tournant plus manifeste encore qu’auparavant vers des politiques d’austérité, au milieu d’attaques de plus en plus virulentes de la bourgeoisie contre les conditions d’existence des classes populaires. Des attaques d’autant plus virulentes que la bourgeoisie, ses responsables politiques et ses têtes pensantes sont désorientés devant les soubresauts de leur propre économie. Leur incapacité à maîtriser la crise financière les affole d’autant plus qu’ils sont, en revanche, parfaitement conscients que les contrecoups de la crise financière sur l’économie productive peuvent être d’une gravité imprévisible.

Le ralentissement de l’activité économique est déjà sensible. Mais les reculs de quelque pourcents du PNB (produit national brut) ne sont pas encore catastro-phiques du point de vue du grand capital, même s’ils le sont déjà pour ceux de la classe ouvrière qui ont perdu leur emploi et pour leur famille. Faut-il rappeler que, lorsque la crise boursière d’octobre 1929 s’est répercutée sur la production industrielle, la chute de celle-ci aux États-Unis a été de l’ordre de 50 % !

La situation économique, le chômage, la dette des États marquent la campagne électorale. Il est particulièrement important dans ce contexte que se fasse entendre une politique qui parte des intérêts de classe des exploités.

Entre les deux candidats, Sarkozy et Hollande, entre lesquels se décidera qui occupera l’Élysée pour les cinq ans à venir, les différences politiques sont mineures sur la question fondamentale de la politique à mener face à la crise.

Leurs vocabulaires respectifs portent les marques du clivage traditionnel entre la gauche et la droite, surtout maintenant que Sarkozy s’acharne à reprendre au Front national une partie de l’électorat d’extrême droite, et affiche un langage « à droite toute ». Il n’y a cependant pas deux orientations politiques qui s’affrontent, dont l’une pourrait être considérée comme plus favorable aux travailleurs. Le clivage qu’ils essaient de creuser porte sur les mots, sur les exclamations démagogiques destinées de la part de chacun à son propre électorat. Les désaccords clairement affichés concernent tout au plus quelques sujets sociétaux (mariage homosexuel, droit de vote des immigrés aux élections locales, euthanasie, etc.).

Mais, dans la guerre à mort qui se déroule entre la bourgeoisie qui, confrontée à la crise, se bat pour préserver et accroître sa part dans le revenu national, et les travailleurs, victimes de cette offensive, Hollande ne prend pas plus position en faveur de ces derniers que son adversaire de droite. Rien pour empêcher le grand patronat de licencier, de réduire ses effectifs ou de délocaliser. Rien pour protéger le pouvoir d’achat des salaires, seule source de revenu pour la grande majorité de la population. Aucune mesure contraignante à l’égard des riches. On ne peut même pas dire pour le moment qu’il y a une différence significative dans les façons respectives dont chacun des deux candidats voit le rôle de l’État dans l’économie. Lorsque Mitterrand a choisi, en 1981, de nationaliser certains secteurs de l’économie, ce n’était certes pas, contrairement aux âneries véhiculées à l’époque par le Parti communiste, pour abattre le pouvoir économique du grand capital, mais pour aider ce dernier à se dégager de certains secteurs au profit d’autres. Cela dit, Hollande ne s’oppose pas plus à Sarkozy, même sur ce terrain.

Et par-dessus tout, il apparaît clairement que, quel que soit l’élu, il mènera sa politique en fonction des exigences du grand patronat et des banquiers.

Le problème pour les communistes révolutionnaires n’est pas seulement de dénoncer le faux choix auquel se limite l’élection présidentielle. Il est surtout d’opposer, aux différentes formulations d’une même politique pour préserver les intérêts de la bourgeoisie, une politique susceptible d’armer les travailleurs du point de vue de leurs intérêts de classe.

Aussi l’axe de la campagne électorale de Nathalie Arthaud, seule candidate dans cette élection qui se revendique clairement du communisme révolutionnaire, est-il de mettre en avant un certain nombre d’objectifs qu’il faudra imposer à la bourgeoisie pour préserver la classe ouvrière de la déchéance matérielle et morale. Ces objectifs découlent de la nécessité de préserver la seule source de revenu que le système capitaliste accorde aux prolétaires pour survivre : leur emploi et le pouvoir d’achat de leur salaire.

– Pour résorber le chômage, interdiction des licenciements et maintien intégral du salaire, et embauche par l’État de travailleurs dans les services publics utiles existants et dans ceux à créer dans des domaines vitaux où le capital privé est défaillant, comme la construction de logements à prix coûtant à la portée d’un salaire d’ouvrier.

– Augmentation générale des salaires pour rattraper le pouvoir d’achat perdu au fil des ans et garantie de ce pouvoir d’achat par l’échelle mobile des salaires, des retraites et des pensions.

– Afin de montrer que la bourgeoisie a les moyens de financer tout cela sans même se retrouver sur la paille, imposer le contrôle des travailleurs et de la population sur les entreprises. Pour commencer, afin de dévoiler les gaspillages capitalistes et les mauvais coups du patronat, abolition du secret des affaires et droit de regard de tous sur la gestion des entreprises et des banques.

Programme de lutte ou programme électoral ?

Il est évident que de tels objectifs, qui, s’ils étaient imposés, ébranleraient dans ses fondements la dictature capitaliste sur l’économie, ne pourraient être imposés que par des luttes massives, amples, explosives et, surtout, conscientes. Dans ce sens, ce n’est pas un programme électoral, mais un programme de lutte. Le fait qu’il soit défendu dans un contexte électoral n’en change pas la nature. On peut seulement espérer que, grâce aux possibilités d’une campagne électorale, il sera plus largement entendu.

Mais, si même un début de réalisation de ce programme est inconcevable sans lutte et que celle-ci n’est pas conditionnée par l’élection, quelles sont les raisons positives pour lesquelles les travailleurs conscients ont intérêt à voter pour Nathalie Arthaud ?

La question nous est souvent posée, en particulier par ceux des travailleurs qui sont sensibles à la politique défendue par Nathalie Arthaud dans cette campagne, qui partagent au moins partiellement les objectifs pour les luttes futures, mais qui en même temps considèrent qu’un candidat comme Mélenchon est plus crédible pour exprimer leur sentiment de révolte et qui se préparent à voter pour lui.

Et cela, sans même parler de tous ceux, plus nombreux peut-être, qui, tout en n’ayant qu’une confiance limitée en Hollande et dans le Parti socialiste, se préparent à voter pour lui dès le premier tour pour, disent-ils, que ne se reproduise pas ce qui s’est passé en 2002, c’est-à-dire l’élimination du candidat de la gauche dès le premier tour et un deuxième tour opposant la droite et l’extrême droite.

Malgré les sondages qui donnent Hollande largement vainqueur au soir du deuxième tour, rien ne le garantit certes par avance. D’ici les élections, bien des rebondissements sont possibles. La droite est traditionnellement majoritaire dans ce pays et le discours de plus en plus à droite de Sarkozy, sa haine antiouvrière affichée avec des propositions comme le référendum sur les droits des chômeurs, peuvent ressouder autour de lui l’électorat de droite viscéralement antiouvrier.

En revanche, la crainte que Hollande soit écarté du deuxième tour par Marine Le Pen est infondée. Nous ne sommes pas en 2002, après cinq ans d’un gouvernement socialiste qui avait dégoûté et démobilisé avant tout l’électorat socialiste lui-même. Sans parler des alliés du Parti socialiste, du Parti communiste aux Radicaux de gauche, qui, tout en ayant mené pendant cinq ans la politique de Jospin, avaient voulu empêcher que la déconsidération du Parti socialiste ne rejaillisse sur eux. Ils avaient pris leurs distances au dernier moment en présentant leur propre candidat. Les différentes composantes de feu la Gauche plurielle avaient doublement raté leur coup. D’abord, parce que se démarquer de Jospin sur le tard ne les avait pas préservés d’un recul électoral. (Rappelons que, si Jospin avait perdu deux millions et demi d’électeurs au premier tour en 2002 par rapport à 1995, Robert Hue, pour le Parti communiste, en avait quand même perdu un million et demi). Ensuite, parce que ce sont les dissensions internes de la Gauche plurielle qui, en ayant savonné la planche sous les pieds de Jospin, avaient fait que Le Pen s’était retrouvé au deuxième tour.

Nous ne sommes pas dans la même situation aujourd’hui. S’il n’est pas impos-sible que Marine Le Pen se hisse au deuxième tour, cela serait au détriment de Sarkozy plutôt que de Hollande. L’argument du « vote utile » dès le premier tour dans la bouche des responsables socialistes est aussi mensonger que l’était en 2002 la menace que Le Pen soit élu président de la République, fiction inventée pour justifier le soutien de toute la Gauche plurielle à Chirac.

Croire et reprendre à son compte ce type de mensonge n’est pas fondé sur un raisonnement cohérent. C’est une forme particulièrement pauvre d’illusions électoralistes.

Cet attrait pour le « vote utile » en faveur d’un candidat socialiste qui ne suscite même pas des illusions du même type qu’avait pu en susciter Mitterrand en 1981 est en quelque sorte le symétrique de la fuite vers l’abstention de nombreux élec-teurs des classes populaires, dégoûtés par de fausses alternances.

Le haut niveau du nombre d’abstentionnistes reflète à coup sûr l’écœurement à l’égard des grands partis qui se succèdent au pouvoir, mais il est signe, aussi, de dépolitisation. Il n’est pas l’expression d’une prise de conscience politique.

Un signe plus grave encore de cette dépolitisation serait si une fraction significative de l’électorat populaire choisissait d’exprimer son écœurement en rejoignant dans le vote pour Le Pen l’électorat d’extrême droite traditionnel.

En l’absence de luttes, l’expérience de larges masses est seulement celle des coups reçus, des déceptions et de la résignation. Elle se traduit par des gestes passifs.

Même les votes en faveur de Mélenchon qui pourraient passer pour une certaine forme de prise de conscience politique, ne serait-ce qu’en exprimant la méfiance vis-à-vis de Hollande, portent encore les marques de la résignation. Car, si Mélenchon dénonce la politique que risque de mener Hollande, il se place quand même dans la perspective que seul un changement gouvernemental peut ouvrir de nouveaux horizons. « Un bon gouvernement de gauche » à la place de ceux auxquels nous ont habitués les caciques du Parti socialiste, voilà en dernier ressort la ligne stratégique de Mélenchon. Le flou de l’orientation – avec qui le Front de gauche pourrait-il constituer un « bon » gouvernement de gauche, si ce n’est avec le vieil appareil du Parti socialiste ? – se dissipe lorsque Mélenchon affine et répète que son modèle, c’est Mitterrand. Et, là où Mélenchon reste dans une prudente ambiguïté, les dirigeants du Parti communiste ne se gênent pas pour affirmer leur conviction qu’une victoire de Hollande ouvrirait la perspective d’une nouvelle variante de la Gauche plurielle sous l’égide du PS.

Bien sûr que, dans l’interprétation des votes et de leur signification politique, le pourcentage plus ou moins important des voix en faveur de Mélenchon aura une signification politique, ne serait-ce que par rapport aux espoirs qu’il est susceptible de susciter dans l’électorat de gauche. Mais c’est une analyse, un constat, pas une position militante.

Se saisir des élections pour exprimer la présence d’un courant communiste
L’élection présidentielle qui vient ne permettra rien d’autre que de s’exprimer. Mais s’exprimer c’est déjà beaucoup.

Dans nombre de pays, les travailleurs, les pauvres, ont encore à se battre pour conquérir ce droit.

Ici même, en France, le mouvement ouvrier a mené bien des combats dans le passé pour que ce droit élémentaire, le droit de voter dans les élections, soit reconnu aux travailleurs. Même aujourd’hui, ce droit n’est pas complet, ne serait-ce que parce qu’il n’est pas reconnu à toute une partie de la classe ouvrière, les travailleurs immigrés, qui vivent ici, sont exploités ici, mais à qui on refuse ce droit démocratique élémentaire. Ce n’est plus le suffrage censitaire des débuts du parlementarisme bourgeois, destiné implicitement à écarter du vote les classes pauvres, mais cela en est une version édulcorée.

Malgré un certain nombre d’obstacles qui limitent la possibilité pour des courants politiques minoritaires de présenter un candidat, il est à la portée du courant communiste révolutionnaire de surmonter ces obstacles par un effort militant. Notre tendance a réussi à présenter une candidate, Arlette Laguiller, dans six consultations présidentielles successives, et va présenter Nathalie Arthaud dans cette élection.

Les électeurs des classes populaires sont donc libres de s’exprimer sur une politique de classe. Encore faut-il qu’ils en aient la volonté !

Or, tout en respectant les formes démocratiques, les démocraties bourgeoises ont inventé une multitude de moyens pour peser sur les opinions. Le premier est évidemment l’argent lui-même et le fait que les moyens d’information sont entre les mains de la bourgeoisie. Il n’y a pas besoin qu’existe la propagande d’État d’une dictature pour vider de contenu l’expression électorale de l’opinion publique.

Au lieu de bâillonner les classes populaires par la force comme dans les dicta-tures, on les amène à se bâillonner elles-mêmes, c’est-à-dire à accepter de se départager entre les candidats des grands partis estampillés par la bourgeoisie.

Dans le passé, quand le mouvement ouvrier politique était en train d’émerger, les élections ont toujours été l’occasion de batailles politiques où le camp du mouvement ouvrier mesurait ses forces sur le terrain électoral en opposant ses candidats et sa politique à ceux de la bourgeoisie.

Ces batailles électorales ont joué un rôle certain dans la formation du Parti socialiste du temps de Jules Guesde et de Paul Lafargue, comme en ont joué un les élections qui ont suivi la naissance du Parti communiste en France. Elles ont joué un rôle dans la formation d’une conscience politique de classe. Au fil de l’évolution qui a transformé d’abord le Parti socialiste puis le Parti communiste en partis institutionnels, c’est-à-dire en partis admis par la bourgeoisie, cette habitude s’est effilochée.

Il serait oiseux de discuter quelle est, là-dedans, la part de la pression de la bourgeoisie pour intégrer toute contestation dans les institutions, et quelle est la part de la dépolitisation croissante de la classe ouvrière elle-même. Le fait est que, aujourd’hui, un des combats politiques des communistes révolutionnaires doit être de prendre le contre-pied de cette évolution. Non pas dans l’abstrait. Non pas en se faisant les porte-parole d’une sorte d’éducation civique pour que les électeurs aillent voter. Certes pas ! Mais en profitant de toutes les occasions, notamment celle offerte par la campagne électorale, pour expliquer qu’il ne suffit pas de se détourner de la politique de la bourgeoisie. Peu importe à la classe dominante que la politique menée en son nom soit approuvée par la population ou pas. Cela, c’est le problème des dirigeants politiques à son service. La bourgeoisie impérialiste américaine se fait une raison du faible taux de partici-pation aux élections. La montée de l’abstention dans les classes populaires n’est pas un signe de force, c’est l’expression d’une faiblesse, une façon d’abandonner le terrain politique.

La classe ouvrière ne doit pas laisser le terrain politique à la bourgeoisie et à ses guignols de la caste des politiciens professionnels. Elle ne pourra jouer son rôle historique qu’en opposant à la bourgeoisie sa propre politique, au niveau le plus élevé qui soit : jusqu’à arracher le pouvoir des mains de la bourgeoisie.

Ce n’est évidemment pas l’enjeu dans une simple élection présidentielle. La nature de classe du pouvoir se décide sur une scène infiniment plus vaste que les bureaux de vote d’une consultation électorale. Mais, pour être en situation de disputer réellement le pouvoir à la grande bourgeoisie, la classe ouvrière doit in-vestir toutes les sphères de la vie sociale et politique, faire contrepoids à la poli-tique de la bourgeoisie, remettre en cause ses décisions.

Et cela commence par la volonté de s’exprimer sur le terrain de classe dans toutes les occasions politiques. L’élection présidentielle en est une. Cela commence par refuser de marcher dans toutes ces petites combines de la vie électorale, tous ces petits chantages du genre « voter utile » en faveur d’un Hollande puisque « il ne peut pas être pire que Sarkozy ». Cette affirmation n’a pas de sens, car Hollande fera ce que le grand patronat, les puissances d’argent exigeront de lui. Et cela ne dépend ni de son étiquette ni de ses préférences ou souhaits personnels, mais de la gravité de la crise et de la façon dont le grand patronat souhaite en tirer profit pour aggraver la situation des travailleurs.

Que ceux qui sont satisfaits de l’éternel jeu de balancier entre une droite qui mène une politique franchement de droite et une gauche qui en fait autant en changeant un peu les mots votent pour Hollande dès le premier tour, c’est dans l’ordre des choses. Mais il n’y a pas de raison que ceux qui se méfient de Hollande et qui partagent tout ou partie des exigences à mettre en avant contre le patronat capitaliste s’autocensurent et votent pour le candidat du PS dès le premier tour. Car voter pour Hollande alors qu’on a d’autres choix, sans même les contraintes du second tour, c’est lui accorder un chèque en blanc, c’est lui donner la possibilité, lorsqu’il sera amené à prendre des mesures antiouvrières, de prétendre qu’il le fait avec un mandat des travailleurs eux-mêmes.

Mais, finalement, à une autre échelle, Mélenchon joue sur les mêmes réflexes électoralistes. Sa démarche s’appuie sur cette fraction réformiste du mouvement ouvrier, de ses militants, de ses appareils, qui ne veulent pas d’un renversement révolutionnaire de la bourgeoisie, mais qui ne se retrouvent pas dans la politique d’un Parti socialiste devenu depuis longtemps un parti bourgeois comme les autres.

Mais la perspective d’un « bon gouvernement de gauche », qui est toujours un leurre pour les travailleurs, l’est plus encore aujourd’hui avec la crise. Au fur et à mesure que la crise s’aggrave et la férocité de la bourgeoisie avec, il y a de moins en moins de place pour un « bon gouvernement de gauche » qui, au moins partiellement, protégerait les travailleurs. Il n’y aura que des gouvernements de combat de la bourgeoisie. Que cela serve de leçon !

En Grèce, le capital financier n’a même pas laissé d’échappatoire au Parti socialiste pour lui permettre d’entourer les exigences des banquiers de quelques mièvreries réformistes. N’ayant ni la volonté ni les moyens de combattre le grand capital, la gauche grecque a dû non seulement cautionner ses exigences par un vote parlementaire mais aussi en devenir l’exécutant.

La mouvance réformiste dans le mouvement ouvrier étant ce qu’elle est, il est dans l’ordre des choses qu’une fraction de l’électorat populaire se retrouve dans le vote en faveur de Mélenchon avec, de surcroît, l’illusion de s’être démarquée de Hollande et de ce qu’il représente.

Aucun volontarisme de la part des communistes révolutionnaires ne peut dépasser l’état d’esprit général de l’électorat ouvrier. Mais ce qu’ils peuvent et ce qu’ils doivent faire, c’est se battre pour que s’expriment tous ceux qui ne se retrouvent pas dans la politique proposée par Mélenchon et, à bien plus forte raison, dans celle de Hollande.

Le sens de la candidature de Nathalie Arthaud est précisément de permettre à cette fraction de l’électorat populaire, fût-elle minoritaire, de s’exprimer.

Eh bien, il faut que cette fraction s’exprime ! D’abord et avant tout pour montrer qu’elle existe, qu’elle garde un drapeau levé. Avant même qu’une explosion sociale crée le rapport de forces nécessaire pour imposer les objectifs vitaux nécessaires pour protéger les travailleurs contre les licenciements, le chômage et l’effondrement du pouvoir d’achat de leurs salaires, il est indispensable que ces objectifs soient discutés, admis, et fassent partie de la conscience collective de la classe ouvrière.

Ce drapeau ne regroupe pas beaucoup de monde aujourd’hui ? Peut-être. Mais la crise est un formidable accélérateur d’histoire. Son aggravation poussera de nouveaux contingents de travailleurs vers la pauvreté et vers la misère, mais aussi, on peut le souhaiter, à se poser des questions sur le pourquoi de cette évolution désastreuse et sur le moyen de l’arrêter. Et quand les masses exploitées commenceront à se poser ces questions, elles auront la possibilité de trouver les bonnes réponses. Il faut que les communistes révolutionnaires trouvent l’oreille des masses poussées vers la pauvreté, sans être détournées par ceux qui se cramponnent aux illusions d’un passé aujourd’hui révolu, qui sont aussi les plus sensibles aux illusions électorales, au « vote utile » et autres balivernes. Malheureusement, ce sont souvent les militants des courants réformistes du mouvement ouvrier, militants politiques ou syndicalistes, qui s’accrochent le plus à ces illusions et qui les propagent. S’il faut chercher à les convaincre, il ne faut pas qu’ils puissent constituer un écran entre l’activité communiste révolutionnaire et ceux des travailleurs qui subissent le plus fortement les coups de la bourgeoisie.

Et c’est là que s’établit le lien entre le programme de lutte avancé par la candidate de Lutte Ouvrière dans cette campagne électorale et les luttes futures qui, elles, ne se dérouleront pas à coups de bulletins de vote.

Les luttes conscientes ne tombent pas du ciel. L’explosion sociale, que la lutte de la bourgeoisie contre la classe ouvrière en cette période de crise ne manquera pas de provoquer, sera le fait de centaines de milliers, de millions de travailleurs, de larges masses d’exploités.

Ce seront les luttes elles-mêmes, leur dynamique, qui amèneront ces millions de travailleurs à la conscience de qui sont leurs amis, qui sont leurs ennemis, qui sont ceux qui veulent les pousser vers des voies de garage.

Mais pour que les masses puissent alors juger, il faut que les drapeaux des uns et des autres soient clairement levés. C’est pourquoi il faut que les différences politiques soient marquées le plus nettement possible, afin que les masses puissent juger de la validité de la politique des uns et des autres et changer leur choix au fil des expériences acquises dans leurs mobilisations.

Il peut y avoir bien des façons d’exprimer le mécontentement d’une classe ex-ploitée qui en est encore à espérer la solution de la classe dominante et de ses hommes politiques. Mais, au moment où le monde du travail s’ébranlera, il aura besoin d’objectifs précis et de militants pour les propager.

Le vote en faveur de la candidate communiste et des objectifs qu’elle avance ne peut se substituer à l’énergie des masses en lutte. Mais il peut contribuer à donner une orientation à cette énergie. C’est en fonction de cet avenir-là que le nombre de voix qui se porteront sur la candidature de Nathalie Arthaud peut jouer un rôle. Comme il peut représenter une étape importante dans la construction du parti communiste révolutionnaire. Car la lutte de classes ne s’arrêtera pas à une date fixée par le calendrier électoral et l’aggravation de la crise rendra toujours plus nécessaire un parti représentant les intérêts politiques de la classe ouvrière.

17 février 2012


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Message  Robert Paris Sam 25 Fév - 19:40

dans la guerre à mort qui se déroule entre la bourgeoisie qui, confrontée à la crise, se bat pour préserver et accroître sa part dans le revenu national

un peu court comme interprétation de la situation, non ?
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Message  ulm Sam 25 Fév - 22:12

tu fais tellement mieux!!! Razz

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Message  Robert Paris Sam 25 Fév - 22:47

La question n’est pas d’accepter ou pas les sacrifices, mais de ruiner ou pas l’avenir de l’humanité en l’accrochant à un système qui n’a aucun avenir…

Bien des organisations diffusent partout l’idée qu’il ne faut pas accepter de payer les frais de la crise en affirmant que les capitalistes en sont les responsables. Comment pourrait-on être en désaccord avec une idée aussi simple. Au point que les plus réformistes et à plat ventre des centrales syndicales et des partis de gauche (et même certains de droite ou d’extrême droite) peuvent se dire d’accord avec cette formulation….

Justement, c’est plutôt bizarre.

En fait, derrière cette idée, il y a celle … d’une conservation du système en passant au travers de la crise sans payer trop cher. En somme, il serait question de frais à payer et non de révolution sociale. Si le capitalisme ne nous fait pas payer trop cher (bien sûr en partie grâce à notre mobilisation) les frais de la crise, tout irait à peu près bien. Et cette idée est, bien entendu, loin de déplaire à a plupart des travailleurs. Il faut défendre nos salaires et nos emplois dans la crise. Donc s’il y a une grande mobilisation, nous disent organisations syndicales et politiques, de gauche et d’extrême gauche, on aura juste à exiger de ne pas payer les frais. Quels frais ? En termes d’argent, en termes d’emplois ! Et si le capitalisme entendait nous faire payer différemment : en termes de dictature, de fascisme et de guerre mondiale ? Et s’il fallait dès maintenant en prévenir les travailleurs ?

Et si les travailleurs massivement mobilisés en juin 1936 avaient su que l’enjeu n’était pas seulement une grève économique mais le pouvoir aux travailleurs ou le fascisme et la guerre mondiale ? Eh bien, tous les réformistes du monde se seraient chargés de leur dire, comme le PCF de Thorez à l’époque et le PS de Blum, qu’une grève économique doit s’arrêter quand les revendications ont été satisfaites.

Et les organisations qui nous disent d’avance qu’il faudra, en cas de grande lutte des travailleurs comme en 36, revendiquer l’interdiction des licenciements, les 300€ pour tous, et le contrôle des comptes, par exemple, risquent bel et bien d’obtenir satisfaction s’il y a un début de soulèvement prolétarien. Et cet apparent succès momentané sera ainsi le prétexte à faire rependre le travail.

Pourtant, en période de crise du système et nous y sommes, n’est-il point nécessaire de dire aux travailleurs et aux peuples que l’alternative est socialisme ou barbarie ? Cela n’exclue pas des luttes économiques mais cela nécessite que ces luttes débouchent sur l’auto-organisation des travailleurs en comités ouvriers et conseils de quartier. Car l’enjeu est celui du pouvoir. S’il reste bourgeois, en cas de crise, c’est la perspective : fascisme et guerre.

Il est donc indispensable dans la propagande face à la catastrophe capitaliste de mettre en avant non seulement des revendications mais la perspective des conseils ouvriers et des comités de quartier populaire ou de jeunes pour faire en sorte que la lutte défensive de masse, si elle se développe, puisse se transformer en lutte offensive pour le pouvoir aux travailleurs.
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Message  verié2 Dim 26 Fév - 10:24


Texte de LO
Afin de montrer que la bourgeoisie a les moyens de financer tout cela sans même se retrouver sur la paille, imposer le contrôle des travailleurs et de la population sur les entreprises.
Il y aurait donc moyen d'échapper aux conséquences de la crise dans le cadre du système capitaliste ? Simplement en obligeant les patrons à utiliser autrement leurs "moyens financiers" ? Certes, LO ajoute ici : "imposer le contrôle des travailleurs". (Thème qui est défendu de façon parfois plus ambigüe dans les interventions médiatiques, par exemple quand Arlette donnait l'exemple des CE). Mais est-ce suffisant ? Nous savons bien que non.

La démarche de LO se veut "transitoire" : on va amener les travailleurs à la case "contrôle", puis à la case suivante "expropriation" et peut-être à la case "pouvoir". LO considère sans doute que les travailleurs sont incapables de comprendre aujourd'hui la nécessité de changer le système pour le réorganiser complètement, non seulement à l'échelle nationale, mais à l'échelle mondiale. Donc qu'il faudrait se contenter de revendications "raisonnables", "réalistes", que la bourgeoisie a "les moyens financiers"
satisfaire. Alors, certes, les travailleurs ne sont pas prêts aujourd'hui à monter à l'assaut du pouvoir, ni à l'échelle internationale, ni en France, ni même pour le moment en Grèce (mais ça peut changer vite). Mais ils ne sont pas davantage prêts à mener une contre-offensive d'envergure. Mais ce n'est pas une raison pour refuser de leur dire la vérité dans notre propagande et de laisser entendre qu'on peut imposer à la bourgeoisie de partager ses "moyens financiers" et que tout ira mieux, ou au moins comme avant, au temps de la prospérité du capitalisme.


Texte de LO
La mouvance réformiste dans le mouvement ouvrier étant ce qu’elle est, il est dans l’ordre des choses qu’une fraction de l’électorat populaire se retrouve dans le vote en faveur de Mélenchon avec, de surcroît, l’illusion de s’être démarquée de Hollande et de ce qu’il représente.

Aucun volontarisme de la part des communistes révolutionnaires ne peut dépasser l’état d’esprit général de l’électorat ouvrier.
Cette résignation dissimule l'incapacité de l'extrême-gauche à proposer clairement une alternative et à s'unir pour mieux se faire entendre ! Car il faudrait nous expliquer pourquoi Olivier et Arlette réunissait près de 10 % des suffrages voici peu de temps, alors que c'est maintenant Mélenchon qui est crédité du même score ! L'électorat populaire n'est tout de même pas soudain devenu plus réformiste, alors que la crise et ses conséquences s'aggravent !

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Message  nico37 Dim 26 Fév - 11:32

Le clan de Nathalie Arthaud Par Clémentine Rebillat

Loin des candidats des grands partis, Nathalie Arthaud se débrouille seule. Pas de stars ou de lobbies mais une équipe militante.

SON EQUIPE DE CAMPAGNE

L’équipe qui entoure la candidate est composée de militants de Lutte ouvrière. Pas de stars, mais beaucoup d’ouvriers et d’enseignants. Le groupe compte 13 membres au total, venus des quatre coins de France. Avec sept femmes pour six hommes, la parité y est plus que respectée. Nathalie Arthaud peut aussi compter sur les conseils, première femme à s’être présentée à une élection présidentielle en 1974, devenue le visage et la voix de Lutte ouvrière jusqu'en 2008.

SES PROCHES

Chez elle, on n’a jamais parlé de politique. Elle a découvert le militantisme au lycée et s’est engagée par simple volonté personnelle. Comme professeur dans un lycée de Seine-Saint-Denis, elle tente d’inculquer à ses élèves "l'esprit critique" et de "faire réfléchir et de développer des arguments contradictoires".

SES SOUTIENS MEDIATIQUES

Aucune personnalité médiatique n’a encore affiché publiquement son soutien à la candidate. En revanche, la fête organisée par le parti tous les ans à Presles accueille de nombreux artistes touchés par la cause ouvrière. Depuis 2001, Juliette Greco, les Wriggles, Tryo ou même Bernard Lavilliers sont venus chanter.

SES RESEAUX

Pas de groupe d’influence ou de lobbies pour Nathalie Arthaud. Son combat, elle le mène uniquement avec ses camarades, sur le terrain. Même sur les réseaux sociaux- alors que la campagne se joue désormais aussi sur Internet - le parti et sa candidate sont pratiquement inexistants. Depuis toujours, Lutte ouvrière est un parti réputé pour être très secret. De nombreuses fois, il a été accusé de sectarisme par d’anciens "camarades". Daniel Cohn-Bendit avait même déclaré en 2005 que LO était "une secte, dirigée par un gourou". Pour avoir insinué que l'organisation obtenait un financement illégal d'entreprises, il avait été condamné en appel pour diffamation. Des propos évidemment toujours démentis par les membres de Lutte ouvrière.

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Message  Copas Dim 26 Fév - 12:50

Pour avoir insinué que l'organisation obtenait un financement illégal d'entreprises, il avait été condamné en appel pour diffamation. Des propos évidemment toujours démentis par les membres de Lutte ouvrière.

Et par la justice aussi qui n'est pas habituelle de cadeaux aux révolutionnaires.
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Message  Robert Paris Lun 27 Fév - 10:48

A lire, pour ceux qui souhaitent que l'extrême gauche ait une véritable stratégie d'auto-organisation des luttes, voici comment l'extrême gauche de France d’origine trotskiste agit en aile gauche des bureaucraties syndicales inféodées à la bourgeoisie et à l’Etat : http://www.matierevolution.org/spip.php?article2186
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Message  Eugene Duhring Lun 27 Fév - 11:19

Robert Paris a écrit:A lire, pour ceux qui souhaitent que l'extrême gauche ait une véritable stratégie d'auto-organisation des luttes, voici comment l'extrême gauche de France d’origine trotskiste agit en aile gauche des bureaucraties syndicales inféodées à la bourgeoisie et à l’Etat : http://www.matierevolution.org/spip.php?article2186
Et cet article dans LO n°2373 du 24 février vaut son pesant d'accommodement du syndicalisme rassemblé façon verrue sur des institutions capitalistes européennes :
La journée européenne du 29 février : L'unité d'intérêts des travailleurs d'Europe

Le 29 février, à l'appel de l'ensemble des syndicats regroupés au sein de la Confédération européenne des syndicats, doit avoir lieu une journée d'action. Le but annoncé est de faire pression sur les dirigeants politiques de l'ensemble des pays, à la veille du sommet de mars 2012 qui doit entériner la généralisation de l'austérité dans tous les pays.

« Les travailleurs paient le prix fort d'une crise qu'ils n'ont pas causée, alors que le monde de la finance et les spéculateurs s'en sortent indemnes », dénoncent les syndicats. Et il est juste d'affirmer, au nom de l'ensemble des travailleurs d'Europe, le refus de l'austérité, de la baisse des salaires, du démantèlement de la protection sociale, de la flexibilité à outrance, de la baisse des pensions. Mais encore faudrait-il que cela ne se limite pas à une pétition de principe, sans chercher à aller vers une vraie mobilisation des dizaines de millions de travailleurs victimes des agressions patronales et gouvernementales.

Or, si l'appel est commun pour tous les pays, nulle part, pas plus en France qu'ailleurs, les dirigeants syndicaux n'œuvrent à faire de cette journée une démonstration de force de la classe ouvrière européenne. Cette journée, comme toutes celles organisées depuis des mois, semble surtout devoir servir à rappeler aux dirigeants politiques l'existence d'appareils syndicaux demandant à être associés aux décisions en cours. D'ailleurs, en France, les dirigeants syndicaux ont dans leur besace une série d'autres « initiatives » locales de portée tout aussi limitée.

Une manifestation qualifiée d'« internationale » va être organisée ce jour-là à Bruxelles, tout comme des manifestations dans certaines villes. Mais c'est une lutte pour changer le rapport de forces qu'il serait vital d'entreprendre pour tous les travailleurs d'Europe face à leurs ennemis communs, les gouvernements et les capitalistes qu'ils servent.

Alors, que cela soit au moins l'occasion, au moment où de toute part on embouche les trompettes nationalistes en vue de masquer les responsabilités de la situation imposée aux classes populaires, de réaffirmer que la classe ouvrière est unie au-delà des frontières. Ses ennemis communs sont les grands groupes capitalistes, qu'ils soient financiers, industriels ou autres. Et face à eux la classe ouvrière, à l'échelle du continent, représente une force énorme qui, si elle prend conscience de sa puissance, peut mettre en échec toutes les attaques.

Paul Sorel

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