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Composition organique du capital

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Message  nomido Mer 8 Sep - 20:43

J'ai lu récemment cet article sur capitalisme-et-crise.info et j'ai trouvé...
- que le ton était un peu trop "les autres marxistes comprennent rien" "on peut presque rien affirmer"
- que quelques idées (simples finalement) sont tellement assénées qu'elles en deviennent assommantes
- mais je me pose une question sur la composition organique du capital :

Ils insistent sur le fait que rien ne dit qu'elle doive augmenter, car si la productivité augmente assez, la valeur du capital constant baisse et compense la machinisation, et ils laissent entendre (si je comprends bien) que Marx raisonnait avec une productivité qui augmentait relativement lentement et donc remettent en question la baisse tendancielle du taux de profit.

Voici un graphe qu'ils utilisent :
Composition organique du capital Large_Composition_organique_du_capital_et_ses_d%C3%A9terminants

Qu'est ce que vous en pensez ?
Pour ma part je trouve que leur explication de la période 1945-2010 est très précise (peut être trop vu la variabilité des données suivant les sources?), mais finalement il manque quelque chose : si on suit la logique donnée, on dirait que c'est le ralentissement des gains de productivité qui d'un coup a créé une nouvelle conjoncture ... Neutral Ça me semble... à l'envers. Mais j'ai encore trop peu de recul en éco et je voudrais bien des avis !
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Message  sylvestre Jeu 9 Sep - 11:30

As-tu lu cet article de Chris Harman ? A mon avis indiquait bien la fragilité du système juste avant que la crise n'éclate ? Lui défend la théorie de la baisse tendancielle du taux de profit comme racine de la crise, en soulignant que les gains de productivité ont précisément comme conséquence d'accélérer la baisse des profits.

Il me semble que Roelandts omet notamment de préciser que l'accroissement de productivité qui fait baisser le coût des moyens de production fait également baisser la valeur des marchandises produites avec ces moyens de production. Il est exact qu'une machine pour produire des lecteurs de DVD est moins chère aujourd'hui qu'il y a dix ans, mais il est tout aussi vrai que les lecteurs de DVD se vendent aussi moins cher, précisément pour la même raison. Les capitalistes qui ont survécu dans ce marché ont à la fois suvi cette tendance et augmenté la composition organique (et pas seulement technique) du capital employé. Harman signale

Mais ses très hauts niveaux d'investissement ont d'ores et déjà un impact sur la rentabilité. Une tentative récente d'appliquer les catégories marxistes à l'économie chinoise calcule que ses taux de profit ont baissé de 40 % en 1984 à 32 % en 2002, tandis que la composition du capital a augmenté de 50 %.55
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Message  Christophe_D Jeu 9 Sep - 23:01

Il me semble que Roelandts omet notamment de préciser que l'accroissement de productivité qui fait baisser le coût des moyens de production fait également baisser la valeur des marchandises produites avec ces moyens de production.
Très certainement. Le seul problème, c'est que ce phénomène n'a absolument rien à voir avec la composition organique du capital, qui est le rapport entre la valeur du capital constant et celle du capital variable. Donc, la production peut avoir la valeur qu'elle veut, cela influencera sans doute le taux de profit, mais en aucun cas la composition organique.

Quant au fait que les progrès de la productivité, du fait qu'ils faisaient baisser la valeur du capital constant, constituaient une contre-tendance à la baisse du taux de profit, c'est un constat que faisait déjà Marx (cf. Le Capital, Livre III, ch. XIV, 3e "cause qui contrecarre la loi")

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Message  sylvestre Ven 10 Sep - 11:26

[quote]
Christophe_D a écrit:
Il me semble que Roelandts omet notamment de préciser que l'accroissement de productivité qui fait baisser le coût des moyens de production fait également baisser la valeur des marchandises produites avec ces moyens de production.
Très certainement. Le seul problème, c'est que ce phénomène n'a absolument rien à voir avec la composition organique du capital, qui est le rapport entre la valeur du capital constant et celle du capital variable. Donc, la production peut avoir la valeur qu'elle veut, cela influencera sans doute le taux de profit, mais en aucun cas la composition organique.


Si, dans la mesure où les marchandises produites sont aussi les marchandises nécessaires à la reproduction de la force de travail. Un accroissement de la productivité est aussi un accroissement de la productivité de la production de nourriture, de logements de vêtements, etc. Donc l'accroissement de productivité permet la baisse valeur des moyens de production, mais aussi de la valeur des biens de consommations, et donc de comprimer les deux parties de la composition organique du capital, capital constant, et capital variable (=salaires).



Quant au fait que les progrès de la productivité, du fait qu'ils faisaient baisser la valeur du capital constant, constituaient une contre-tendance à la baisse du taux de profit, c'est un constat que faisait déjà Marx (cf. Le Capital, Livre III, ch. XIV, 3e "cause qui contrecarre la loi")

Oui, mais c'est un facteur qui est lui-même contradictoire. Marx note :


La dépréciation des éléments matériels du capital sous l'action du développement de l'industrie est également un des facteurs qui agissent sans cesse pour contrarier la baisse du taux du profit, bien qu'elle puisse aussi diminuer dans certaines circonstances la masse de profit, notamment lorsqu'elle a pour effet de réduire l'importance du capital engagé. Une fois de plus nous constatons que les mêmes causes provoquent et enraient la baisse du taux du profit.
( http://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-III/kmcap3_13.htm#3 )

Harman ajoute :

le premier capitaliste à adopter une technique obtient un avantage compétitif sur ses pairs, ce qui lui permet de gagner des profits supplémentaires, mais (...) ce bénéfice supplémentaire disparaît une fois que la technique est généralisée. Ce que le capitaliste obtient en termes d'argent quand il vend ses marchandises dépend de la quantité moyenne de travail socialement nécessaire qu'elles contiennent. S'il introduit une technique nouvelle, plus productive, mais qu’aucun autre capitaliste ne le fait, il produit des marchandises valant la même quantité de travail socialement nécessaire qu’auparavant, mais avec moins de dépense en force de travail réelle, concrète. Ses profits augmentent. Mais une fois que tous les capitalistes produisant ces marchandises ont introduit ces techniques, la valeur des marchandises baisse jusqu'à ce qu'elle corresponde à la quantité moyenne de travail nécessaire pour les produire en utilisant les nouvelles techniques.

Okishio et ses disciples utilisent le contre-argument que n'importe quelle hausse de la productivité suite à l'utilisation de plus de moyens de production causera une baisse du prix de sa production, réduisant ainsi les prix partout dans l'économie - et ainsi le coût des moyens de production. Cette baisse du prix de l'investissement, disent-ils, augmentera le taux de profit.

A première vue l'argument semble convaincant - et les équations simultanées utilisées dans la présentation mathématique du théorème ont convaincu beaucoup d'économistes marxistes. Cependant, il est faux. Il repose sur une séquence d’étapes logiques qui n'existent pas dans le monde réel. L'investissement dans un processus de production a lieu à un moment donné. La baisse du prix d’un nouvel investissement suite à l’amélioration des techniques de production arrive plus tard dans le temps. Les deux éléments ne sont pas simultanés.11 C'est une erreur idiote d'appliquer des équations simultanées à des processus ayant lieu au cours du temps.
Un vieux proverbe dit : « On ne peut pas construire la maison d'aujourd'hui avec les briques de demain ». Le fait que l'augmentation de la productivité permette de réduire le coût d'obtention d’une machine dans un an ne réduit pas la somme que le capitaliste doit dépenser pour l’obtenir aujourd'hui.

L'investissement capitaliste implique l'utilisation du même capital constant fixe (machines et bâtiments) pour plusieurs cycles de production. Le fait qu'un investissement coûterait moins cher après le deuxième, troisième ou quatrième cycle de production ne change pas le coût de cet investissement avant le premier cycle. La baisse de la valeur de leur capital déjà investi ne rend certainement pas la vie plus facile pour les capitalistes. Pour survivre dans l'affaire ils doivent récupérer, avec un bénéfice, le coût complet de leurs investissements passés et si l'avance technologique a signifié que ces investissements valent maintenant, disons, la moitié de précédemment, ils doivent payer de leurs profits bruts pour amortir cette somme. Ce qu'ils ont gagné par ici ils l’ont perdu par là, et la « dépréciation » du capital due à l'obsolescence leur cause autant de migraines qu'une chute directe du taux de profit.

Les capitalistes sont conduits à chercher des innovations technologiques qui les maintiennent en avance sur leurs rivaux. Certaines de ces innovations utilisant des techniques qui ne sont pas à forte intensité capitalistique peuvent être disponibles. Mais il y en aura d'autres qui exigent plus de moyens de production - et le capitaliste couronné de succès sera celui dont les investissements lui permettent d'accéder à ces deux sortes d'innovation.
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Message  Christophe_D Ven 10 Sep - 22:04

Si, dans la mesure où les marchandises produites sont aussi les marchandises nécessaires à la reproduction de la force de travail. Un accroissement de la productivité est aussi un accroissement de la productivité de la production de nourriture, de logements de vêtements, etc. Donc l'accroissement de productivité permet la baisse valeur des moyens de production, mais aussi de la valeur des biens de consommations, et donc de comprimer les deux parties de la composition organique du capital, capital constant, et capital variable (=salaires).
Ben oui, mais non.

L'impact d'un progrès de productivité sur la valeur du capital constant est direct. L'impact d'un progrès de productivité sur la valeur du capital variable ne l'est pas ; elle dépend de l'évolution du taux de plus-value. Certes, les progrès de productivité font baisser la valeur des biens de consommation. Mais rien ne dit que cette baisse de valeur se traduira par une baisse de la valeur de la force de travail. Si les travailleurs obtiennent un partage des gains de productivité, la valeur de leur force de travail sera maintenue, et la baisse de valeur des produits de consommation se traduira par une hausse de leur salaire réel.

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Message  sylvestre Sam 11 Sep - 10:36

Christophe_D a écrit:
L'impact d'un progrès de productivité sur la valeur du capital constant est direct. L'impact d'un progrès de productivité sur la valeur du capital variable ne l'est pas ; elle dépend de l'évolution du taux de plus-value. Certes, les progrès de productivité font baisser la valeur des biens de consommation. Mais rien ne dit que cette baisse de valeur se traduira par une baisse de la valeur de la force de travail. Si les travailleurs obtiennent un partage des gains de productivité, la valeur de leur force de travail sera maintenue, et la baisse de valeur des produits de consommation se traduira par une hausse de leur salaire réel.


Tu rends la question confuse en introduisant un facteur variable en plus. On ne peut bien sûr discuter que "toutes choses égales par ailleurs". Si l'on discute de l'effet d'une hausse de productivité sur la composition organique, on ne peut pas supposer en même temps une variation des conditions nécessaires à la reproduction de la force de travail. Il faut d'abord isoler l'effet de la hausse de la productivité d'une part, celui d'un changement dans les conditions de reproduction de la force de travail d'autre part, puis éventuellement examiner de quelles manières elles peuvent se combiner, se contrecarrer, etc.

Bien évidemment une hausse des salaires entraîne (toutes choses égales par ailleurs !) une baisse de la composition organique du capital. Elle entraîne aussi (de manière très directe) une baisse du taux de profit. C'est une observation de base.

Là où Marx va plus loin que cette observation de base, c'est qu'il explique que même sans changement dans les salaires le développement du capitalisme entraîne une diminution du taux de profit.
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Message  sylvestre Sam 11 Sep - 16:20

Une petite esquisse de ce que donne une hausse de productivité dans le secteur des moyens de production, pour illustrer ce que dit Harman "Les capitalistes sont conduits à chercher des innovations technologiques qui les maintiennent en avance sur leurs rivaux. Certaines de ces innovations utilisant des techniques qui ne sont pas à forte intensité capitalistique peuvent être disponibles. Mais il y en aura d'autres qui exigent plus de moyens de production - et le capitaliste couronné de succès sera celui dont les investissements lui permettent d'accéder à ces deux sortes d'innovation."


En 2000 l'entreprise X a 100 machines A avec 100 ouvriers. Soit 1 million € en capital constant, 1 million € en salaires, taux d'exploitation de 100%, donc production pour une valeur de 3 millions. Donc composition organique 50/50, et taux de profit de 50%.


En 2010, la productivité aidant, les mêmes machines A valent deux fois moins cher, et de nouvelles machines (B) permettant de produire deux fois plus de marchandises par travailleur valent 1,5 fois plus cher. Donc l'entreprise a le choix

- 200 machines A pour 1 million, embauche en conséquence donc 2 millions en salaires, taux d'exploitation toujours 100 %. Production 5 millions, composition organique un tiers/deux tiers, taux de profit 66%.

ou

- 100 machines B pour 1,5 million, toujours 1 million en salaire, taux d'exploitation 200%, production 4,5 millions, composition organique 3/2 taux de profit 80 %.


Il est clair qu'il vaut mieux choisir les machines B. La généralisation de leur utilisation fera baisser la valeur de la production, et au final le taux de profit, mais cela ne peut pas empêcher le capitaliste individuel de réaliser le meilleur investissement pour lui-même à ce moment-là.... Le résultat est donc une hausse générale de la composition organique du capital.

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Message  Christophe_D Sam 11 Sep - 21:00

Et une hausse du taux de profit.

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Message  sylvestre Dim 12 Sep - 11:46

Christophe_D a écrit:Et une hausse du taux de profit.

Oui pour le premier capitaliste qui introduit cette nouvelle machine, non pour l'ensemble des capitalistes une fois que l'emploi de cette machine s'est généralisée.

En effet, le taux de profit maximisé n'est valable que tant que la marchandise possède sa valeur initiale produite avec la machine A à l'ancien prix - on suppose donc que les deux cas présentés ici sont ceux de capitalistes individuels qui sont les premiers à utiliser ces nouveaux prix de la machine A ou la nouvelle machine B. Les marchandises produites ont toujours l'ancienne valeur, qui correspond au temps de travail socialement nécessaire dans les anciennes conditions de production.

(d'ailleurs en réfléchissant à ce fait, ça me fait penser que je dois corriger mon exemple pour que ce soit plus clair : le capitaliste qui utilise la machine B produit autant que celui qui utilise les machines A au nouveau prix - 200 unités - qui produit deux fois plus que celui de l'exemple initial - donc 6 millions d'unités - tout cela ne fait que renforcer les tendances que j'avais présentées)
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Message  sylvestre Dim 12 Sep - 19:20

Version révisée de mon exemple (donné bien sûr toutes choses égales par ailleurs : notamment les salaires ne bougent pas, pas plus que le coût de la vie pour les salariés - et tout le capital employé est entièrement consommé chaque année) :

En 2000, je suis un industriel parmi d'autres qui fabrique des Bidules.

J'achète 10 machines de 10 000 € chacune pour 100 000 €, paie 10 ouvriers pendant un an et les paie 10 000 € chacun pour l'année, soit 100 000 € dépensés en salaires. Ma production est de 300 000 Bidules, dont le prix unitaire est de 1 €. J'ai donc une composition organique du capital de 1/1, et un profit de (300 000/200 000) -1= 50%, ce qui est le profit moyen de mon industrie.

En 2010 un fournisseur de machines vient me voir et me fait une offre alléchante : il peut me vendre les mêmes machines dont j'ai besoin moitié moins cher. Chaque machine demande un ouvrier, donc je paierais toujours 100 000 € en machines, mais cette fois j'aurais 20 machines, et j'emploierais 20 ouvriers, et paierais donc 200 000 € en salaires. Ma production serait double de celle de 2000 : 600 000 bidules. Leur prix serait toujours le même, car je serais le seul à utiliser ces nouvelles machines bon marché, je ferais donc un profit de (600 000/300 000) - 1 = 100 %.

Très intéressant ! Mais un autre fournisseur me propose quant à lui des machines qui valent un peu plus cher que la précédente, 15 000 € chacune, mais qui permettent de produire deux fois plus de bidules, toujours avec un ouvrier par machine. Je fais mes calculs et opte pour cette solution : 150 000 € en machines, toujours dix ouvriers donc 100 000 € en salaires, production de 600 000 Bidules valant 1 € chacun, profit de (600 000/250 000) - 1 = 140 %. Je suis aux anges

En 2011 cependant je déchante : tous mes rivaux ont eu l'idée simple de me copier, ils ont tous les mêmes machines. En conséquence le prix du bidule décroit. A nouveau, comme en 2000, pour moi comme pour tout le monde chaque année de travail d'un ouvrier ajoute 20 000 € à la valeur du capital constant employé (des machines), dont 10 000 € partent en salaires. J'ai donc toujours 150 000 € en machines, 100 000 € en machines, production de 600 000 Bidules, mais ceux ci ne valent plus que 0,58 centimes chacun, pour une valeur totale de 350 000 €. Mon profit est alors de (350 000/250 000)- 1 = 40 %, nouveau profit moyen de mon industrie.

Cette baisse du profit moyen est directement liée à la hausse de la composition organique (1/1 en 2000, 1,5/1 en 2011). Pourtant le choix du premier capitaliste qui utilise cette composition organique plus élevée est parfaitement rationnel, comme l'est celui de ses concurrents qui s'alignent sur lui pour ne pas lui succomber dans le cadre de la concurrence.

Le capitaliste qui emploie le mode de production perfectionné s'approprie par conséquent sous forme de surtravail une plus grande partie de la journée de l'ouvrier que ses concurrents. Il fait pour son compte particulier ce que le capital fait en grand et en général dans la production de la plus-value relative. Mais d'autre part, cette plus-value extra disparaît dès que le nouveau mode de production se généralise et qu'en même temps s'évanouit la différence entre la valeur individuelle et la valeur sociale des marchandises produites à meilleur marché.

Marx, Capital I, IVème section
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Message  Christophe_D Lun 13 Sep - 20:16

Imparable - Au passage, les quantités produites n'ont aucune influence sur le résultat.
Question : que se passe-t-il si les nouvelles machines valent non pas 15 000, mais 8 000 euros ?

Christophe_D

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Message  nomido Lun 13 Sep - 22:06

Alors la composition diminue à 0,8 et le taux de profit explose.
Mais il est rare qu'une machine permettant une productivité supérieure à celle du cycle précédent soit déjà moins chère que celle-ci.
Je pense que cela illustre la manière dont le capitalisme peut bénéficier d'un grand bol d'air lorsqu'il y a une dévalorisation brutale du capital.


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Message  nomido Lun 13 Sep - 22:41

Et à part ça... je réfléchissais encore à la vision exprimée dans le doc de Roelandts. Excusez moi si c'est confus.

Il y est aussi dit que la productivité est liée au taux d'exploitation par la relation : T.exp = Productivité /Salaires réels - 1

Mis en relation avec l'exemple de Sylvestre, je me demandais si le raisonnement suivant était bon :
- Localement, pour le capitaliste qui continue à vendre au même prix ses bidules dont la valeur réelle est moindre, le taux d'exploitation est plus élevé qu'avant (Productivité en hausse pour salaire réel inchangé).
- Lorsque l'innovation qui a permis cette productivité se généralise, la valeur unitaire du bidule diminue à la valeur du temps de travail incorporé (qui a diminué, pour 1 bidule donné), ce qui revient à augmenter le pouvoir d'achat (bidule moins cher à acheter avec le salaire inchangé du travailleur) i.e le salaire réel. Le taux d'exploitation retourne à sa valeur antérieure (toujours en gardant l'hypothèse d'aucun changement "volontaire" de ce taux d'exploitation...).

Par ailleurs, j'ai été assez surpris en repensant à la définition donnée de la productivité : Valeur totale créée / Nombre de salariés
Ce n'est pas une définition "technique" (nombre de bidules créés / nb salariés), mais en "valeur", ce qui a pour conséquence que cette productivité, ou plutôt sa vitesse d'augmentation, va subir des variations assez parallèles à celle de la composition organique du capital...
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Message  sylvestre Mar 14 Sep - 12:11

Christophe D
Imparable - Au passage, les quantités produites n'ont aucune influence sur le résultat.

Mais leur prise en compte est nécessaire pour comprendre les mouvement de valeurs/prix.

Question : que se passe-t-il si les nouvelles machines valent non pas 15 000, mais 8 000 euros ?


Alors la composition diminue à 0,8 et le taux de profit explose.
Mais il est rare qu'une machine permettant une productivité supérieure à celle du cycle précédent soit déjà moins chère que celle-ci.

C'est vrai mais j'ajouterais : pour que cette machine soit adoptée il faudrait non seulement que la nouvelle machine plus productive coûte moins cher que la précédente, mais aussi qu'il n'existe pas en même temps une troisième machine, qui serait par exemple trois fois plus productive et coûte 1,5 fois plus que la machine originelle.
En tous cas, dans la vie réelle, il est clair que c'est principalement en renforçant la composition organique que les capitalistes cherchent à l'emporter sur leurs concurrents. C'est aussi ce qui ressort des statistiques disponibles.

Composition organique du capital 113harman2

à compléter par

Composition organique du capital 113harman9

Domino :
Je pense que cela illustre la manière dont le capitalisme peut bénéficier d'un grand bol d'air lorsqu'il y a une dévalorisation brutale du capital.

Ca c'est vrai et c'est justement ce qui est pour lui salvateur dans les crises : dévalorisation brutale des entreprises mises en faillite, que les survivants peuvent racheter à vil prix.
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Message  Vérosa_2 Mar 14 Sep - 15:57

domino a écrit:Mais il est rare qu'une machine permettant une productivité supérieure à celle du cycle précédent soit déjà moins chère que celle-ci.

il ne s'agit pas à mon avis de se focaliser sur une machine, mais plutôt sur une unité de production. Or, là les choses vont tout différemment. Dans le secteur du semi-conducteur pour lequel je travaille actuellement, une unité de production wafer 12 pouces (taille des galettes de silicium "de base" sur lesquelles vont être insérées les puces) coûte en Chine (2008/2009) 2,5 milliards de dollars pour sa mise en route (ce qui inclut l'achat des machines, la construction du site industriel, la "formation" aux procédés industriels, etc...). C'est à comparer avec les 2,0 milliards de dollars pour la même opération sur des unités de production 8 pouces en Europe (1998/2002), sachant que l'intégration 12 pouces autorise des capacités de production bien supérieures, donc une diminution globale des "machines" à production constante.

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Message  sylvestre Mar 14 Sep - 16:49

domino a écrit:Et à part ça... je réfléchissais encore à la vision exprimée dans le doc de Roelandts. Excusez moi si c'est confus.

Il y est aussi dit que la productivité est liée au taux d'exploitation par la relation : T.exp = Productivité /Salaires réels - 1

Mis en relation avec l'exemple de Sylvestre, je me demandais si le raisonnement suivant était bon :
- Localement, pour le capitaliste qui continue à vendre au même prix ses bidules dont la valeur réelle est moindre, le taux d'exploitation est plus élevé qu'avant (Productivité en hausse pour salaire réel inchangé).
- Lorsque l'innovation qui a permis cette productivité se généralise, la valeur unitaire du bidule diminue à la valeur du temps de travail incorporé (qui a diminué, pour 1 bidule donné), ce qui revient à augmenter le pouvoir d'achat (bidule moins cher à acheter avec le salaire inchangé du travailleur) i.e le salaire réel. Le taux d'exploitation retourne à sa valeur antérieure (toujours en gardant l'hypothèse d'aucun changement "volontaire" de ce taux d'exploitation...).

Effectivement, quand la nouvelle technique s'est généralisée, le taux d'exploitation dans l'entreprise du capitaliste qui avait pendant un temps augmenté le taux d'exploitation retombe à son niveau moyen, donc toutes choses égales par ailleurs, son niveau initial. Mais ici la question du prix du Bidule est à considérer uniquement pour le capitaliste, pour ce que ça signifie pour ses profits.
En effet le Bidule peut parfaitement être une marchandise qui n'est pas acheté par les salariés (un produit de luxe par exemple), et la baisse de son prix ne jouer pour rien dans le pouvoir d'achat des salariés.

Séparément, on peut considérer la question de ce qui se passe quand une marchandise donnée, achetée par les salariés, baisse de prix. Dans l'immédiat cela veut bien sûr dire que le salarié peut en acheter plus. Mais sur le long terme, cela signifie une diminution de la valeur des marchandises nécessaires à la reproduction de la force de travail, et donc, toutes choses égales par ailleurs, une baisse des salaires en valeur.

Par ailleurs, j'ai été assez surpris en repensant à la définition donnée de la productivité : Valeur totale créée / Nombre de salariés
Ce n'est pas une définition "technique" (nombre de bidules créés / nb salariés), mais en "valeur", ce qui a pour conséquence que cette productivité, ou plutôt sa vitesse d'augmentation, va subir des variations assez parallèles à celle de la composition organique du capital...

J'ai toujours du mal à saisir ce texte, bien long, mais je note aussi en passant qu'il semble confondre composition technique et rapport capital constant/nombre de travailleurs.

Composition technique du capital - Technical composition of capital (TCC)
Stricto sensu, c’est le nombre de machines par travailleur, ou capital par tête. Chaque
machine étant différente, ce ratio est alors estimé en rapportant ici le capital investi
dans la production (K, calculé à prix constants) au nombre de salariés WL : composition
technique du capital = K / WL. Il mesure l’intensité capitalistique des méthodes de
production. Sauf événements exceptionnels, comme lors d’une guerre ou d’une crise, ce
ratio ne fait généralement que croître au cours du temps (26). Il existe donc bien une
tendance générale à la hausse de la composition technique du capital.

Effectivement la composition technique du capital s'exprime en machines, en moyens de production, et en travailleurs plus généralement sous la forme de leur valeur d'usage. Il n'y a donc pas de possibilité de l'exprimer en valeur, on peut simplement dire : telle entreprise utilisait cinq perceuses et quatre ponceuses l'année dernière et deux mille heures du travail d'un ouvrier qualifié, aujourd'hui elle utilise quinze perceuses et seize ponceuses, et toujours deux mille heures de travail - donc la composition technique a cru. Mais si le prix des perceuses et des ponceuses a baissé entre temps, il est possible que le capital constant ait quant à lui chuté, et la composition organique avec. Pour ce qui est de faire des graphiques avec, étant donné que la nature des moyens de production change tout le temps, je pense que c'est complètement impossible.

La composition du capital se présente à un double point de vue. Sous le rapport de la valeur, elle est déterminée par la proportion suivant laquelle le capital se décompose en partie constante (la valeur des moyens de production) et partie variable (la valeur de la force ouvrière, la somme des salaires). Sous le rapport de sa matière, telle qu'elle fonctionne dans le procès de production, tout capital consiste en moyens de production et en force ouvrière agissante, et sa composition est déterminée par la proportion qu'il y a entre la masse des moyens de production employés et la quantité de travail nécessaire pour les mettre en oeuvre La première composition du capital est la composition-valeur, la deuxième la composition technique.

http://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-25-1.htm

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Message  sylvestre Mar 14 Sep - 16:54

Vérosa_2 a écrit:
domino a écrit:Mais il est rare qu'une machine permettant une productivité supérieure à celle du cycle précédent soit déjà moins chère que celle-ci.

il ne s'agit pas à mon avis de se focaliser sur une machine, mais plutôt sur une unité de production. Or, là les choses vont tout différemment. Dans le secteur du semi-conducteur pour lequel je travaille actuellement, une unité de production wafer 12 pouces (taille des galettes de silicium "de base" sur lesquelles vont être insérées les puces) coûte en Chine (2008/2009) 2,5 milliards de dollars pour sa mise en route (ce qui inclut l'achat des machines, la construction du site industriel, la "formation" aux procédés industriels, etc...). C'est à comparer avec les 2,0 milliards de dollars pour la même opération sur des unités de production 8 pouces en Europe (1998/2002), sachant que l'intégration 12 pouces autorise des capacités de production bien supérieures, donc une diminution globale des "machines" à production constante.


Je ne suis pas sûr que c'est ce que tu pointes avec ton exemple, mais je pense qu'il est entendu qu'on a utilisé dans cette discussion la "machine" comme symbolisant l'ensemble des moyens de production : machines, matières premières, bâtiments, etc.
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Message  nomido Ven 17 Sep - 17:21

Je n'ai pas compris non plus ce que tu voulais dire Vérosa_2...

Bon, je désembrouille certains points, comme le capital par tête (capital constant / nombre de travailleurs), qui est différent de la composition technique du capital, dont on ne peut pas avoir de définition macro-économique simple.

Par ailleurs, lorsque Roelandts dit que les gains de productivité font baisser la valeur des moyens de production, je pense qu'il passe à côté du fonctionnement dynamique que présentait Sylvestre avec son exemple : les capitalistes sont amenés sans cesse à se suréquiper, ce qui fait qu'ils ne se contentent pas de "pérénniser" un outil de production dont la valeur baisse, mais en rachètent des plus coûteux...
Or Roelandts indique sur ce graphe qu'il considère que la valeur par moyen de production = inverse de la productivité, c'est là que ça me semble donc contestable. Or c'est ce qui lui permet d'obtenir sa valeur de la composition organique...

Composition organique du capital Large_Composition_organique_du_capital_et_ses_d%C3%A9terminants

Certes Marx dit :
« L'évolution qui pousse à l'augmentation du capital constant par rapport au capital variable tend à faire baisser, par la productivité croissante du travail, la valeur des éléments qui le constituent et à empêcher que sa valeur absolue augmente aussi rapidement que son importance matérielle. Il peut même arriver que la masse des éléments du capital constant s'accroissent alors que sa valeur reste invariable ou même diminue »
Mais il me semble que ça correspond plutôt aux petits "paliers" sur ce graphe qu'à une contre-tendance tellement forte qu'on ne pourrait plus parler de tendance à la hausse de la composition...

Composition organique du capital 113harman2

Je ne comprends pas bien pourquoi le rapport entre capital par tête et salaire réel n'a pas été fait : ça donnerait directement une bonne estimation de la composition organique non ? En tout cas, si je le fais, ça donne effectivement une composition en hausse, lentement dans les années 45-70, puis d'autant plus rapidement par la suite que le salaire réel diminue...
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