Scandale au complexe nucléaire de Sellafield
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Scandale au complexe nucléaire de Sellafield
MALINGRE Virginie
22 novembre 2010
LONDRES CORRESPONDANTE - « Des méthodes de travail inacceptables » et « ignorantes de la loi » : c’est en ces termes que le ministre de l’environnement britannique, Chris Huhne, a qualifié les pratiques qui étaient de mise à Sellafield, au nord-ouest de l’Angleterre, il n’y a pas si longtemps. Elles ont permis aux services de recherche de British Nuclear Fuel (BNFL), l’exploitant du complexe nucléaire local, de prélever des organes et des os sur soixante-quatre de leurs employés décédés entre 1961 et 1992, sans en informer les familles.Dans un rapport de 650 pages remis au gouvernement, mardi 16 novembre, après trois ans et demi d’enquête, on apprend comment des morceaux de corps des anciens salariés de Sellafield - des langues, des fémurs, des foies, des cerveaux, des cœurs, ou encore des ganglions - étaient prélevés à l’hôpital de West Cumberland pour être remis dans une glacière au médecin en chef de BNFL.Ils étaient ensuite pesés, étiquetés et entreposés dans un congélateur des laboratoires de Sellafield avant d’être analysés puis détruits.Il y avait « un accord informel », regrette le rapport, entre les spécialistes du service national de santé (National Health Service) et ceux du centre nucléaire pour faire avancer la science. Les résultats de ces études sur les liens entre certaines maladies comme les cancers et les émissions de radiation faisaient ensuite l’objet de colloques et d’articles dans des revues spécialisées - au mépris de toute considération morale.Des substitutions grossièresCe n’est que plusieurs années après le décès de leurs proches que la plupart des familles ont découvert les faits. Dans certains cas, des os avaient même été remplacés par des manches à balai pour que les familles ne se rendent pas compte, à l’occasion des funérailles, des prélèvements qui avaient pu être effectués.A l’époque des faits, la législation (datant de 1961) autorisait le prélèvement d’organes post mortem dès lors que la personne décédée ne s’y était pas opposée de son vivant ou que ses proches n’y voyaient aucune objection. Les scientifiques n’avaient donc pas besoin d’une autorisation en bonne et due forme, mais de la simple absence de contestation.Les choses ont changé après le scandale de l’hôpital Alder Hey : les corps de 850 enfants avaient été mutilés pour les besoins de la science sans que leurs parents en soient informés. Depuis 2004, ce genre de pratique nécessite un accord plein et entier des proches des victimes.« Le rapport reconnaît que (les études menées par Sellafield) ont aidé à améliorer les procédures de protection des employés face aux radiations », souligne Peter Furness, le président du Collège royal des pathologistes. Pour lui, ces faits se sont déroulés « il y a longtemps, quand les règles actuelles n’existaient pas ».Virginie Malingre
22 novembre 2010
LONDRES CORRESPONDANTE - « Des méthodes de travail inacceptables » et « ignorantes de la loi » : c’est en ces termes que le ministre de l’environnement britannique, Chris Huhne, a qualifié les pratiques qui étaient de mise à Sellafield, au nord-ouest de l’Angleterre, il n’y a pas si longtemps. Elles ont permis aux services de recherche de British Nuclear Fuel (BNFL), l’exploitant du complexe nucléaire local, de prélever des organes et des os sur soixante-quatre de leurs employés décédés entre 1961 et 1992, sans en informer les familles.Dans un rapport de 650 pages remis au gouvernement, mardi 16 novembre, après trois ans et demi d’enquête, on apprend comment des morceaux de corps des anciens salariés de Sellafield - des langues, des fémurs, des foies, des cerveaux, des cœurs, ou encore des ganglions - étaient prélevés à l’hôpital de West Cumberland pour être remis dans une glacière au médecin en chef de BNFL.Ils étaient ensuite pesés, étiquetés et entreposés dans un congélateur des laboratoires de Sellafield avant d’être analysés puis détruits.Il y avait « un accord informel », regrette le rapport, entre les spécialistes du service national de santé (National Health Service) et ceux du centre nucléaire pour faire avancer la science. Les résultats de ces études sur les liens entre certaines maladies comme les cancers et les émissions de radiation faisaient ensuite l’objet de colloques et d’articles dans des revues spécialisées - au mépris de toute considération morale.Des substitutions grossièresCe n’est que plusieurs années après le décès de leurs proches que la plupart des familles ont découvert les faits. Dans certains cas, des os avaient même été remplacés par des manches à balai pour que les familles ne se rendent pas compte, à l’occasion des funérailles, des prélèvements qui avaient pu être effectués.A l’époque des faits, la législation (datant de 1961) autorisait le prélèvement d’organes post mortem dès lors que la personne décédée ne s’y était pas opposée de son vivant ou que ses proches n’y voyaient aucune objection. Les scientifiques n’avaient donc pas besoin d’une autorisation en bonne et due forme, mais de la simple absence de contestation.Les choses ont changé après le scandale de l’hôpital Alder Hey : les corps de 850 enfants avaient été mutilés pour les besoins de la science sans que leurs parents en soient informés. Depuis 2004, ce genre de pratique nécessite un accord plein et entier des proches des victimes.« Le rapport reconnaît que (les études menées par Sellafield) ont aidé à améliorer les procédures de protection des employés face aux radiations », souligne Peter Furness, le président du Collège royal des pathologistes. Pour lui, ces faits se sont déroulés « il y a longtemps, quand les règles actuelles n’existaient pas ».Virginie Malingre
gérard menvussa- Messages : 6658
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