Hongrie
Hongrie
En Hongrie, les boues toxiques atteignent le Danube
LEMONDE.FR avec AFP | 07.10.10 | 09h39 • Mis à jour le 07.10.10 | 09h40AP/Bela SzandelszkyLe flux toxique provoqué par les boues rouges qui se sont répandues après un accident industriel en Hongrie a atteint jeudi matin le Danube, menaçant l'écosystème du grand fleuve, a annoncé un responsable du service des eaux. Les échantillons d'eau prélevés au confluent de la rivière Raab et du Danube révèlent "un taux alcalin légèrement supérieur à la normale, entre 8,96 et 9,07", alors que la normale est à 8, a précisé ce responsable.
Le flux toxique est passé de la Raab dans le Danube peu après 8 h 30, à Györ. Pour arriver dans la grande boucle du fleuve située à cet endroit, il a encore une dizaine de kilomètres à parcourir.
Mercredi soir, le responsable de la société des eaux du secteur, Emil Jenak, avait pourtant assuré : "Si nos calculs sont bons, quand les boues atteindront le Danube, la contamination sera retombée à un niveau acceptable", avait déclaré mercredi soir à M. Jenak.
Craignant une contamination à grande échelle, les pays riverains du Danube, notamment la Serbie, la Croatie et la Roumanie procèdent à des prélèvements pour contrôler la qualité des eaux du fleuve. Les équipes de secours hongroises jettent des tonnes de plâtre dans la rivière Marcal, dans laquelle se sont déversées les boues toxiques, pour tenter de les dissoudre. Ce cours d'eau se jette ensuite dans la Raab, affluent direct du Danube.
AP/Bela SzandelszkyLe réservoir d'une usine d'aluminium à Ajka (160 km à l'ouest de Budapest) s'est rompu pour une raison encore inconnue et a déversé lundi 1,1 million de mètres cubes de boue rouge toxique sur les sept villages avoisinants, faisant quatre morts, 120 blessés et trois disparus. L'accident a pris l'ampleur d'une catastrophe écologique, menaçant la faune et la flore autour du Danube, deuxième plus long fleuve d'Europe – 3 020 km – après la Volga. Pour essayer d'atténuer la catastrophe, les autorités hongroises utilisent des équipements électroniques pour effrayer les poissons et les diriger à l'opposé des eaux contaminées.
DRLa société MAL, propriétaire de l'usine et qui rassemble un groupe d'investisseurs privés, est sur la sellette. L'usine d'Ajka, construite en 1943, est très ancienne, selon le site Internet de la société. Elle avait été rachetée par MAL dans les années 90 après la chute du régime communiste.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Hongrie
"BUDAPEST - Scandalisées par les plans du gouvernement hongrois qui mettent en péril leurs activités, les caisses de retraites privées sont prêtes à saisir si besoin la Cour européenne des droits de l'Homme, a indiqué la présidente de l'association les regroupant Julianna Bàba jeudi.
"Les mesures prévues sont en contradiction avec pratiquement tous les paragraphes de la Constitution, ainsi qu'avec les valeurs fondamentales de l'Union européenne", a déclaré devant des journalistes la présidente de l'association Stabilitas.
"Pour cette raison, nous allons saisir la Cour constitutionnelle, mais aussi la Cour européenne des droits de l'Homme de Strasbourg", a ajouté Mme Bàba.
Mercredi, le gouvernement de Viktor Orban a donné aux trois millions de Hongrois cotisant à une caisse de retraite privée jusqu'au 31 janvier pour décider s'ils rejoignent le système public avec le pécule accumulé jusque là.
Actuellement, ils ont la possibilité de verser une partie des cotisations de retraite obligatoires à un organisme privé dans l'espoir de toucher une pension plus importante. Ces cotisations ont déjà été redirigées pour 14 mois vers le trésor public, dans le cadre du plan d'austérité.
Avec les mesures envisagées par le gouvernement conservateur, ceux qui resteront fidèles aux caisses privées perdront dans les faits tous leurs droits à la retraite d'Etat. Pis, ils devront continuer en plus à verser des cotisations au système public.
"Les dernières annonces des autorités hongroises sur le système de retraite nous inquiètent. Elles semblent aller vers la suppression totale des caisses de retraites privées obligatoires", a réagi Amadeu Altafaj-Tardio, porte-parole du Commissaire européen aux affaires économiques et financière Olli Rehn, dans un communiqué.
Soucieuse de la viabilité du système de retraite hongrois, la Commission "serait préoccupée si l'argent accumulés dans les fonds de pension servaient à financer les dépenses courantes, comme il semble être le cas dans le projet de budget 2011", poursuit le communiqué.
L'épargne accumulée dans les fonds de pension représente un "patrimoine de près de 3.000 milliards de forints (11 milliards d'euros) que le gouvernement veut étatiser", s'est emportée Mme Bàba, après une rencontre avec le ministre de l'Economie György Matolcsy.
En guise de contre-proposition, la représentante des fonds de pension a demandé au gouvernement d'autoriser comme alternative un système de retraite intégralement privé.
Les mesures gouvernementales doivent encore être approuvées à la mi-décembre par le parlement, où le parti de Viktor Orban, le Fidesz, détient une majorité des deux-tiers.
L'opposition tire déjà à boulets rouges sur ce projet, qualifié de "pur chantage" par la formation de gauche LMP. Le parti socialiste (opposition) a de son côté annoncé une consultation populaire sur le projet du gouvernement et la mise en place d'un numéro de téléphone gratuit pour fédérer les particuliers voulant porter l'affaire devant la justice. (©AFP / 25 novembre 2010 19h03)"
Invité- Invité
Re: Hongrie
http://www.taz.de/1/archiv/digitaz/artikel/?ressort=sw&dig=2011%2F01%2F03%2Fa0080&cHash=ad6ef68019
Das ungarische Desaster
ESSAY Das Mediengesetz ist nur die Spitze einer Entwicklung. Viktor Orbán ist weit vorangekommen bei seinem autoritären Umbau, eine Alternative ist nicht in Sicht
VON G. M. TAMÁS
Ich hasse es, diesen Artikel zu schreiben. Weil ich mich den alarmierenden autoritären Entwicklungen in meinem Land entgegenstelle und für die Wiederherstellung der Bürgerrechte plädiere, könnte ich als jemand erscheinen, der ich definitiv nicht bin: jemand, der glaubt, dass die liberale Demokratie in ihrer europäischen Ausprägung des 21. Jahrhunderts eine politische Ordnung ist, die unreformiert am Leben erhalten werden sollte.
Niemand wünscht sich diese Welt zurück, in der Chaos, Armut, Korruption, Kriecherei, Bestechlichkeit, Schacher, Verachtung der Unterschichten, Ungleichheit und Heuchelei anfingen sich auszubreiten, und das in dem legendären Jahr aller unserer Hoffnungen - 1989. Als einer der Gründungsväter der ungarischen Republik bin ich alles andere als stolz. Im Gegenteil.
Auch will ich nicht im Namen eines wolkigen Europäertums im Namen von Sarkozy, Berlusconi, Bossi, Geert Wilders und Horst-"Multikulti ist tot"-Seehofer sprechen. Nicht viele Menschen würden Kritik vonseiten der EU gutheißen, mit ihrer idiotischen Politik unmöglich niedriger Defizitvorgaben, strenger Sparmaßnahmen, Kürzungen im öffentlichen Sektor und einem allgemeinen Sozialabbau - eine Politik, die den ärmeren und schwächeren Mitgliedstaaten riesige Probleme bereitet.
Die ungarische Geschichte ist ein lehrreiches und warnendes Beispiel, das zeigt, wie zerbrechlich die europäischen bürgerlichen Demokratien in diesen wirren und dekadenten Zeiten geworden sind. Dort, wo soziale Solidarität und der Zusammenhalt aufgrund von Gerechtigkeit fehlen, kann von den Bürgern nur schwerlich erwartet werden, dass sie liberale Institutionen, Checks and Balances und Gewaltenteilung verteidigen.
Ihre Mehrheit ist gewaltig
Seit April 2010, als die ungarische Rechte eine Zweidrittelmehrheit im Parlament erreichte, und vor allem nach den Kommunalwahlen im September (die Rechte bekam 93 Prozent in den Dörfern und Städten und stellt jetzt die Mehrheit in allen Regierungsbezirken) wurden fieberhaft Gesetze verabschiedet, die Ungarn für immer verändern könnten.
Zunächst verurteilte das Parlament in einem feierlichen Akt den Vertrag von Trianon von 1920 und stellte Angehörigen der ungarischen Minderheit in den Nachbarstaaten die ungarische Staatsbürgerschaft in Aussicht. Sodann wurden alle staatlichen Institutionen und öffentlichen Gebäude angewiesen, ihre Wände mit dem grundsätzlichen Bekenntnis des neuen Regimes zu schmücken - der Erklärung zu einer Nationalen Kooperation (das Regime nennt sich offiziell System "Nationaler Kooperation", und die Regierung ist eine Regierung der Nationalen Einheit).
Weiterhin wurden die Wahlgesetze geändert, um es kleinen Parteien zu erschweren, ins Parlament zu gelangen. Außerdem wurde das Verfassungsgericht kastriert. Zu guter Letzt wurden die Spitzenposten bei der Generalstaatsanwaltschaft für neun Jahre, des Rechnungshofes sowie der lokalen Rechtsorgane mit Politikern des rechten Flügels besetzt. Die Geheimdienste wurden umstrukturiert und ein neues Antiterrorismuszentrum unter Leitung von Viktor Orbáns früherem persönlichen Leibwächter geschaffen.
Die Regierung hat das Führungspersonal in allen staatlichen Behörden ausgetauscht - vor allem bei der Polizei, den Steuer- und Zollbehörden und in der Armee. Sie hat ein Gesetz verabschieden lassen, wonach alle Staatsbediensteten ohne Begründung entlassen bzw. Nachfolger ohne die erforderliche Qualifikation eingestellt werden können. Gegen frühere Funktionäre - allesamt Sozialisten oder Liberale - wird wegen Korruption ermittelt, oder es sind Verfahren anhängig.
Neue Bildungsgesetze wurden verabschiedet oder sind in Vorbereitung. Sie bekräftigen Disziplin, machen die Prüfungen schwerer und geben Schuldirektoren größere Machtbefugnisse. Diese Maßnahmen zielen auf eine Trennung der Eliteschulen von anderen Bildungseinrichtungen und auf eine Verringerung der Zahl von Hochschulstudenten. Ein landesweiter nationaler Lehrplan für Geschichte und Geisteswissenschaften wird eingeführt.
Die nationale Pädagogik hört hier jedoch nicht auf: Soziale Unterstützung können nur noch diejenigen erhalten, die in "geordneten Verhältnissen" leben. Das ermöglicht es der kommunalen Verwaltung, die Unterstützung missliebiger Schichten und Minderheiten zu verweigern. Bei einigen Angestellten des öffentlichen Dienstes ist es dem Staat erlaubt, Nachforschungen über ihr "untadeliges Privatverhalten" inklusive ihrer Familien anzustellen. Kleine Diebstähle werden unabhängig vom materiellen Wert streng bestraft, auch wenn die Täter minderjährig sind. Bei der dritten Verfehlung kann eine besonders schwere Strafe verhängt werden. Das Ergebnis ist, dass der Staat bereits geschlossene Gefängnisse wieder öffnen musste.
Konservative Köpfe von akademischen Institutionen haben vor den Wahlen damit begonnen, weitreichende, politisch motivierte Säuberungen durchzuführen. Und diese werden unaufhörlich fortgesetzt. Zwei bedeutenden Forschungsinstitute, die zuvor vom Staat finanziert wurden - das 1956-Institut und das Institut für politische Geschichte - wurden die Gelder entzogen. Alle Universitäten sind fest in konservativer Hand. Theaterleiter sind durch traditionalistische Konservative ersetzt worden - die Operette tritt an die Stelle der Avantgarde. Alternative und freie Theater haben ihre finanzielle Unterstützung verloren.
Filme, Bücher, Zeitungen
Die Finanzierung der ungarischen Filmindustrie ist vollständig gestrichen worden. Als Nächstes, so wird gesagt, komme das Verlagswesen an die Reihe. All dem folgt das infame Mediengesetz, das in der internationalen Presse Gegenstand intensiver Berichterstattung war. Dieses Gesetz erlaubt der Regierung, neben einer offenen politischen Zensur von Inhalten, die Medien mit Strafen zu ruinieren, die von einer Medienaufsichtsbehörde willkürlich festgelegt werden. An der Spitze dieser Medienbehörde steht eine rechtsgerichtete Politikerin, die auf neun Jahre ernannt wurde und die die Macht hat, Radiofrequenzen zu vergeben und Inhalte im Internet zu zensieren.
Aber all das ist nichts im Vergleich zu dem, was ich als Positive Zensur bezeichne. Diese räumt dem Staat die Macht ein, Medien zu zwingen, Nachrichten oder Inhalte zu verbreiten, die "Angelegenheiten von nationaler Bedeutung" enthalten oder andernfalls mit Strafen belegt zu werden. Strafen in Millionenhöhe können über Medien verhängt werden, die die Gefühle von Minderheiten oder Mehrheiten verletzen. Die Medienbehörde selbst darf darüber richten. Der öffentliche Rundfunk wird zentralisiert. Nachrichten fürs öffentliche Radio und Fernsehen werden ausschließlich von einem neuen Zentrum aus verbreitet, das Teil der staatlichen Nachrichtenagentur ist, und von niemandem sonst. Die Chefs der öffentlichen Kanäle sind alle neu ernannt worden, es sind alles rechtsgerichtete Journalisten, die meisten kamen von rechten Talkradios und den rechten oder extremen Kabelsendern. Hunderte Journalisten im öffentlichen Rundfunk sind schon gefeuert worden, anderen ist dies in Aussicht gestellt.
Das Recht zu streiken ist extrem eingeschränkt worden. Die Verhandlungsrechte von Mediengewerkschaften sind offen ignoriert worden. Die Sozialgesetzgebung transferiert Geld von den Armen an die weiße und junge Mittelklasse. Eine einheitliche Steuer wird eingeführt, die die Reichsten bevorteilt, während die indirekten Konsumsteuern brutal angehoben werden.
Und das Land verhält sich ruhig.
Die Kritik des Mainstreams am System der nationalen Kooperation ist ineffektiv, denn sie wird als Unterstützung der vorherigen Regierung wahrgenommen - im Einzelnen der neokonservativen sozialen und ökonomischen Politik, die ganz tief und zu Recht unpopulär ist, verbunden mit einer liberalen Fassade, einem künstlichen Pluralismus und einer Toleranz, die von vielen als unwichtige und perverse Spiele der abgehobenen, städtischen Eliten erlebt wurde. Es gibt keine Trauer um die Demokratie, da fast niemand geglaubt hat, dass wir in einer Demokratie lebten. Justiz und Polizei haben nicht erst heute angefangen, unfair, ungerecht, brutal und ineffektiv zu sein.
Offene rassische Trennung
Die Orbán-Regierung war ganz außerordentlich erfolgreich darin, rechtsextreme, paramilitärische Gruppierungen zu spalten und zu zerschlagen, um damit einem aufkommenden einheimischen rassistischen und faschistischen Terrorismus Einhalt zu gebieten. Gewiss mit fragwürdigen Polizeistaatsmethoden, die aber natürlich in diesem Fall von den Liberalen nicht kritisiert wurden. Die Roma-Frage wird als ein Problem der Kriminalität behandelt, die rassische Trennung wird von der Rechten ganz offen propagiert, Integrationsprogramme sind eingestellt worden. Fragen der Rasse oder der Ethnizität sind aus den öffentlichen Diskussionen verschwunden, das noch verbliebene Mitte-links-Spektrum hat sich von diesem Thema verabschiedet, weil es hoffnungslos ist. "Antifaschismus ist ein Verbrechen", hat ein führender konservativer Kolumnist, Universitätslehrer und Redakteur einer angesehen Monatszeitschrift erklärt.
An diesem Punkt stehen wir heute. Es gibt keinen Weg zurück zu einer erfolglosen und unpopulären liberalen Ära. Eine Alternative zu einer neuen autoritären Ordnung ist derzeit nicht in Sicht.
Übersetzung aus dem Englischen: Barbara Oertel und
Georg BaltissenFlimmern + Rauschen SEITE 18
Alle öffentlichen Gebäude sollen ihre Wände mit dem Bekenntnis zum neuen Regime schmücken
Es gibt keine Trauer um die Demokratie, da fast niemand glaubte, dass wir in einer Demokratie lebten
G. M. Tamás
ist ein ungarischer Philosoph. Er wurde 1948 in Kolozsvár/Klausenburg (Siebenbürgen, Rumänien) geboren. 1978 emigrierte er nach Ungarn, wo er als Dissident mit Berufsverbot belegt war. Er war Mitglied der demokratischen Opposition und bis 1994 liberaler Abgeordneter. Heute ist er Vorsitzender der Partei "Grüne Linke Ungarn" (Zöld Baloldal), einer linksradikalen Kleinpartei.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Hongrie
En Hongrie, des camps de travail obligatoire qui visent les Roms
Par Laurence Estival | 13/07/2011 | 17H11
Le gouvernement hongrois veut remettre les allocataires de prestations sociales au travail. Des policiers pourraient surveiller ces salariés regroupés dans des camps et affectés à de gros projets d'infrastructure. Principale cible de ce programme : les Roms, dont le taux de chômage avoisine les 50%.
En lançant en mai dernier sa proposition d'obliger les bénéficiaires du RSA (Revenu de solidarité active) à travailler, Laurent Wauquiez, alors ministre des Affaires européennes, avait suscité une violente polémique dans l'Hexagone. L'assimilation des allocataires sociaux à un « cancer de la société » était mal passée.
« En contrepartie du RSA, il faut que chacun assume, chaque semaine, cinq heures de service social », avait-il alors lancé, évoquant la possibilité que les allocataires assument des tâches comme la surveillance des sorties d'école, le nettoyage ou l'accueil des services publics.
Construction d'un stade, nettoyage des rues
Si le projet est pour le moment resté dans les cartons, ces idées semblent avoir trouvé un certain écho en Hongrie où une nouvelle loi devrait entrer en vigueur à partir du 1er septembre prochain. Les bénéficiaires d'aides sociales se verront alors proposer des tâches d'intérêt général sur de gros chantiers de travaux publics, tels la construction d'un stade de football à Debrecen (à l'est du pays), le nettoyage des rues mais aussi l'entretien des parcs et des forêts.
Et ceux qui refuseront seront privés de leurs allocations…
Le quotidien allemand Die Tageszeitung explique :
« Il ne faut pas beaucoup d'imagination pour comprendre que cette mesure vise principalement les Roms. Alors que le taux de chômage est en moyenne de 8% dans l'Union européenne, l'employabilité de la plus grande minorité du continent est un problème endémique. »
Selon les statistiques, près de 50% des Roms – faiblement qualifiés et victimes de discrimination à l'embauche – seraient ainsi sans emploi. Du coup, nombre de familles vivent de l'aide sociale.
Des centres de logements collectifs
Ce projet de travail obligatoire qui figurait dans le programme du parti Jobbik (extrême droite) a été repris par la droite nationaliste. Pire encore : le plan présenté par le gouvernement prévoit la construction de centres de logements collectifs, pouvant être dans certains cas des containers aménagés pour les personnes dont le lieu de résidence serait trop éloigné des chantiers. Le quotidien allemand ajoute :
« Et pour surveiller ces camps, Viktor Orban, le premier ministre hongrois a eu une très bonne idée : des policiers fraîchement partis à la retraite pourraient assurer la sécurité… »
Ce à quoi le ministre de l'Intérieur Sándor Pintér répond, pragmatique :
« Ils ont les compétences nécessaires pour remettre au travail quelque 300 000 personnes. »
Main-d'œuvre bon marché pour investisseurs chinois
Si certains sites d'extrême gauche ne se privent pas de comparer ce plan avec les méthodes fascistes – les camps de travail obligatoire gardés par des policiers renvoient aux pires heures de l'histoire européenne –, le Tageszeitung souligne, quant à lui :
« [que] ce n'est pas un hasard si l'annonce de ces mesures intervient après la visite du premier ministre chinois, Web Jiabao, à Budapest. La grande puissance asiatique veut racheter la dette hongroise mais aussi investir dans l'industrie et les projets d'infrastructures du pays. »
Et la possibilité de bénéficier d'une main-d'œuvre bon marché ne serait pas pour lui déplaire.
Le spectre du « camp de travail obligatoire » justifie les propos lancés par Daniel Cohn-Bendit qui, début juillet, aux termes d'une présidence hongroise ponctuée de polémiques, s'en est pris directement à Viktor Orban, l'accusant de « dégrader l'Europe ».
Le dirigeant hongrois a alors répliqué :
« Je défendrai toujours la Hongrie contre les remarques et critiques, de Bruxelles ou d'ailleurs. La Hongrie n'est pas subordonnée à Bruxelles, Bruxelles n'est pas le centre de commandement de la Hongrie. »
Sauf qu'il est parfois de sinistres références qui devraient obliger Bruxelles à hausser le ton.
En partenariat avec MyEurop.info
boutroul- Messages : 14
Date d'inscription : 13/07/2011
Hongrie : le travail obligatoire imposé aux Rroms est une attaque contre tous les travailleurs !
Il y a quelques jours en France on découvrait, à travers des reportages réalisés par des chaînes de télévision françaises, le travail obligatoire imposé à la population Rrom au chômage dans le village hongrois de Gyöngyöspata (à 70Km au Nord-est de Budapest ; 2800 habitants). Il s’agit effectivement du même village, dirigé par un maire appartenant au parti fascisant Jobbik, qui il y a quelques mois était devenu tristement célèbre pour des défilés de milices proto-fascistes et la fuite en urgence de près de 300 femmes et enfants rroms vers Budapest devant la tenue imminente d’un « camp d’entrainement » organisé par l’une d’entre elles, Vederö (liée au Jobbik).
Ce dispositif de travail obligatoire, qui s’applique officiellement à tous les chômeurs, dans les faits ne s’impose qu’aux travailleurs Rroms. En effet, pour continuer à toucher leurs allocations les travailleurs au chômage doivent réaliser des travaux d’intérêt public comme travailler sur des sites de construction, nettoyer les rues ou entretenir les parcs et forêts. Les conditions de travail sont très dures. Comme en témoigne le dirigeant du « Mouvement des droits civiques hongrois », Sandor Szöke : « avant d’arriver sur le lieu de travail, les personnes doivent parcourir environ 7,5 km. Elles enchaînent dix heures de travail sur la journée. Elles nettoient un terrain boisé en vue de la construction de résidences pour la classe aisée. Les outils semblent tout droit sortis du XIXème siècle : on travaille à la faucille ! Il n’y a rien à disposition : pas d’eau, pas de toilettes, pas d’abri contre le soleil, pas de protection contre les guêpes... C’est humiliant. Le dirigeant du chantier, du parti d’extrême-droite Jobbik, n’a pas hésité à brusquer une dame de 58 ans à demi-paralysée pour qu’elle aille plus vite. La paye est de 180 euros bruts mensuels, pour un travail qui aurait pu être fini en une après-midi par des tracteurs » (La Tribune de Genève, « La Hongrie met en place des camps de travail obligatoire », 1/10/2011).
Cette mesure raciste et anti-ouvrière s’appuie sur les préjugés les plus rétrogrades d’une partie de la population de Gyöngyöspata, mais qui sont répandus dans toute la Hongrie (et ailleurs en Europe), selon lesquels les Rroms seraient « par nature » des « fainéants », des « voleurs » et des « fauteurs de trouble ». En effet, « un représentant officiel du Jobbik à Gyöngyöspata aurait affirmé que la population non rom soutenait cette mesure, étant donné que les vols avaient diminué » (Euractiv.com, « La Hongrie met les Roms au travail », 21/9/2011). Cependant, en même temps une commerçante de Gyöngyöspata déclarait : « on n’a jamais eu vraiment de problèmes avec les Roms. [Certains] disent qu’il y a eu des vols de poules dans leur quartier, mais ça s’arrête la (…) Le problème, c’est l’emploi. Depuis vingt et un ans, la sucrerie a été privatisée, puis fermée. Il n’y a plus de travail pour les Hongrois, alors pour les Roms… » (L’Humanité, « La marche des milices hongroises sur Gyöngyöspata », 4/10/2011).
Même si pour l’instant cette mesure affecte principalement la population Rrom, elle ne tardera pas à toucher l’ensemble des travailleurs au chômage de Hongrie. Gyöngyöspata n’est qu’une « expérience de laboratoire » prête à s’appliquer sur tout le territoire. Le premier ministre Viktor Orban, de la droite nationaliste-populiste (Fidezs), l’a dit lui-même il y a quelques mois : « La Hongrie ne versera plus ‘d’indemnités à des gens capables de travailler, alors qu’il y a tant de travail à faire’ » (Idem). Cela veut clairement dire que derrière ce nationalisme nauséabond, qui vise à « punir » et humilier la population Rrom, se cache une attaque profonde contre l’ensemble du prolétariat de Hongrie. C’est pour cela que le mouvement des travailleurs de Hongrie, qu’ils soient hongrois ou rroms, doit se mettre à la tête de la lutte contre ces mesures réactionnaires.
La crise économique et un gouvernement de plus en plus bonapartiste
Pour bien comprendre la situation, il ne faut pas perdre de vue que cette attaque contre les travailleuses et travailleurs au chômage s’inscrit dans le cadre d’un plan d’austérité très dur mis en place par un gouvernement de droite nationaliste de plus en plus autoritaire.
En effet, la Hongrie est l’un des pays d’Europe les plus touchés par la crise économique mondiale. En 2009 le PIB a chuté de 6% et le taux de chômage officiel est passé de 7% en 2008 à près de 11% actuellement. L’impact de la crise a été tel qu’en 2008 la Hongrie a dû demander « l’aide » du FMI et de l’UE qui lui ont concédé un prêt de 20 milliards d’euros à condition d’appliquer des « réductions drastiques de dépenses étatiques ». Autrement dit, en échange de dures attaques contre les conditions de vie et de travail des travailleurs et des couches populaires.
En avril 2010, après huit ans de gouvernement d’un parti socialiste (MSZDP) complètement discrédité et haï par la population à cause des différents affaires de corruption [1], des scandales politiques [2] et des premières mesures d’austérité prises après l’accord avec le FMI et l’UE, la droite populiste, le Fidesz de V. Orban, gagnait les élections avec une écrasante majorité de 2/3 au parlement (263 sièges sur un total de 386). En même temps, le parti xénophobe et proto-fasciste Jobbik entrait pour la première fois au parlement avec 47 sièges (obtenant huit fois plus de voix qu’aux élections de 2006).
Avec une telle majorité V. Orban avait les mains libres pour gouverner tout seul, imposer n’importe quelle loi, y compris modifier la constitution à sa guise. Même si pendant la campagne Viktor Orban avait fait de la démagogie en promettant de baisser les impôts, de renégocier les conditions du prêt du FMI et de l’UE, de relancer l’investissement de l’Etat, etc., dès les premiers jours de son gouvernement il a abandonné ce discours pour devenir l’apôtre de la « rupture », du « renouveau de l’Etat » et de « l’austérité » pour « relancer l’économie ». Ainsi, en juillet 2010 le ministre de l’économie György Matolcsy déclarait : « Le gouvernement hongrois poursuivra la politique des réformes structurelles dans les domaines qualifiés comme important par nos partenaires tels que ceux du système fiscal, de la santé publique et du transport en commun (…) Le but du gouvernement est que la Hongrie devienne le plus rapidement possible un des pays les plus compétitifs et stables de l’Europe centrale » (LesEchos.fr, « Le gouvernement hongrois se pliera aux exigences de réformes du FMI et l’UE », 18/7/2010).
Comme on peut le constater, la « rupture » et le « renouveau » ne voulaient pas dire autre chose que, d’une part, des attaques contre les travailleurs et, d’autre part, de la « compétitivité » et de la « stabilité » pour les capitalistes. C’est précisément dans ce cadre que le gouvernement a entrepris un tournant de plus en plus bonapartiste. Tout d’abord il a commencé par créer une ambiance « d’unité nationale » qui allait même au-delà des frontières hongroises. En effet, une des rares « promesses électorales » tenue immédiatement a été la facilitation de l’obtention de la nationalité hongroise et l’octroi du droit de vote pour les « Hongrois de souche » vivant dans les pays limitrophes. Cela a créé des tensions notamment avec la Slovaquie où vit une importante minorité Hongroise dans le Sud du pays, proche de la frontière avec la Hongrie ; mais aussi avec la Roumanie où récemment un nouveau parti disant « défendre les intérêts de la minorité hongroise » a été créé sous la tutelle de V. Orban. C’était une façon pour lui de se forger une certaine « base électorale » chez les « Hongrois de l’extérieur ».
Ensuite, profitant de son écrasante majorité au parlement, Orban s’est occupé d’éliminer ou de neutraliser toute opposition au sein de l’appareil d’Etat. Par exemple, « en réaction à l’invalidation par la Cour constitutionnelle d’une mesure budgétaire phare du premier ministre fin octobre, les députés ont purement et simplement interdit à la Cour de se prononcer sur tous les textes concernant le budget, les taxes et les impôts, sauf si ces derniers touchent à l’exécution de traités internationaux ou aux droits fondamentaux. Petit à petit, Viktor Orban s’emploie à placer des fidèles à tous les postes clés de l’Etat : présidence de la République, présidence de la Cour des comptes, procureur général… » (LeMonde.fr, « Une Hongrie en pleine dérive autoritaire prend la tête de l’Europe », 31/12/2010). Fin décembre 2010, le parlement votait une loi imposant le contrôle par le gouvernement sur la presse : dorénavant un « Conseil des Médias » composé de cinq membres, tous du Fidesz de V. Orban, peut imposer des amendes allant jusqu’à 90 000 euros pour la presse écrite ou en ligne, et 720 000 euros pour les chaînes de télévision, si elles ne respectent pas « l’équilibre politique » ou « entravent la dignité humaine »… des notions qui ne sont évidemment pas définies par cette loi.
Mais l’ « œuvre majeure » qui exprime ce tournant du régime politique en Hongrie est l’adoption en avril dernier d’une nouvelle constitution entièrement écrite par le Fidesz. Dans celle-ci on trouve des références à Dieu, à la famille traditionnelle [3] et aux racines chrétiennes de la « Hongrie millénaire », ainsi que des ambiguïtés quant à la possibilité d’interdire l’avortement [4] ou de ne pas sanctionner les discriminations envers des homosexuels et les minorités nationales comme les Rroms. Mais également, d’une part, on y octroie le pouvoir au « conseil monétaire de la banque centrale, qui sera composé de membres proches de Viktor Orban, (…) le droit de dissoudre le Parlement si le budget n’est pas adopté conformément aux normes du nouveau texte constitutionnel. Ainsi, même s’il se trouve dans l’opposition après les élections législatives de 2014, Viktor Orban pourra, via le conseil monétaire, dissoudre le Parlement » (RFI.fr, « La Hongrie adopte une nouvelle Constitution ultra-conservatrice », 18/4/2011) ; et d’autre part, on limite le pouvoir de la Cour Constitutionnelle en ne lui permettant d’annuler les lois votées au parlement concernant le budget, la fiscalité ou les douanes que si elles violent le droit à la vie, la dignité humaine ou certaines libertés individuelles.
De cette façon le gouvernement de Viktor Orban s’assure une très large liberté pour imposer tous types d’attaques contre les travailleurs et les couches populaires, et pour « arbitrer » entre les différentes classes et fractions de classe [5], sans être gêné par les quelques mécanismes de soi-disant « contre-pouvoir » qu’offre le cadre légal de l’Etat bourgeois. C’est d’ailleurs ce que reconnait le journal conservateur allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung qui considère que « malgré ses défauts, cette Constitution fournit à Viktor Orbán "les bases d’un gouvernement plus efficace" » (Presseurop.eu, « La Constitution qui inquiète l’Europe », 19/4/2011).
Contre les politiques racistes ! Contre les plans d’austérité !
C’est dans ce contexte d’une plus grande concentration du pouvoir dans les mains de la droite populiste et particulièrement de V. Orban, qu’ont commencé à être appliquées des mesures d’austérité très dures contre les travailleurs. Par exemple, dans le cadre du plan d’austérité dit « Plan Széll Kalman », présenté par le gouvernement en mars dernier, en plus des coupes dans le budget de la santé et du gel des salaires des fonctionnaires, on annonçait qu’à partir de janvier 2012 « les allocations chômage ne [seraient] versées plus que 3 mois contre 9 actuellement (…) Le premier mois de chômage sera indemnisé à hauteur de 90% du salaire net, puis les second et troisième à hauteur de 80% et 70%. Une décision que le ministre [de l’économie] a justifié par le fait que ces allocations "n’incitent pas à revenir sur le marché du travail". Concrètement, une personne employée au salaire net de 80.000 HUF (300 euros) mise au chômage ne touchera plus que 56.000 HUF (210 euros) au troisième et dernier mois de ses allocations, après quoi elle devra se contenter de 28.500 forint (100 euros) de revenu pour survivre » (Hu-lala.org, « Les allocations chômage réduites de 9 à 3 mois », 14/4/2011). D’autres mesures ont aussi été annoncées comme la fin des « retraites anticipées » avec effet rétroactif. Autrement dit, on pourra remettre au travail des personnes ayant déjà pris leur retraite anticipée quelques années auparavant. Cette mesure pourrait toucher entre 100 000 et 150 000 personnes.
En juillet le gouvernement a présenté également un projet de réforme du Code du Travail où l’on donne la possibilité au patron « de licencier plus tôt ses employés placés sous la période de protection. Ainsi, ils pourraient obtenir l’annonce de leur licenciement durant cette période. Cela concerne notamment les femmes enceintes ou en congé maternité, les employés en congé maladie de longue durée, ceux soignant un parent à domicile ». Aussi, « le gouvernement souhaite introduire le licenciement immédiat à la place du licenciement exceptionnel en vigueur jusqu’ici. Cela entraînerait l’annulation du droit de défense de l’employé, contre les objections relatives à son travail et son comportement avant la résiliation du contrat de travail. De plus, même si le tribunal constate que le contrat de travail a été résilié illégalement, l’employeur ne serait plus obligé de verser les salaires restants car la relation de travail aurait cessé au moment de la déclaration de l’employeur, sans que le jugement du tribunal devienne exécutoire » (Le Journal Francophone de Budapest, « Adieu aux droits des employés ! », 5/9/2011).
On comprend alors que les mesures racistes contre les chômeurs Rroms prises par le maire Jobbik du petit village de Gyöngyöspata rentrent tout à fait dans la dynamique réactionnaire imprimée en Hongrie par le gouvernement de l’ex « dissident » anti-communiste devenu national-populiste, Viktor Orban. D’ailleurs, comme on le disait précédemment, il compte déjà reprendre l’idée du maire Jobbik du travail obligatoire pour les chômeurs et l’appliquer à tout le pays. Un projet qui, selon le gouvernement lui-même, affectera entre 300 000 et 400 000 travailleurs (dont 100 000 travailleurs Rroms).
Cette attaque n’est donc pas seulement dirigée contre les Rroms mais contre tous les travailleurs en Hongrie. Il est alors indispensable qu’en premier lieu le mouvement ouvrier de Hongrie se mette à la tête de la lutte contre ces attaques racistes du gouvernement Hongrois et de ses complices néo-fascistes du Jobbik, mais aussi contre tous les « plans d’austérité » dictés par le FMI et les impérialistes de l’UE. En ce sens, la manifestation du samedi 1er octobre, qui a rassemblé 50 000 personnes à Budapest, est un premier pas. Et cela malgré la politique traitresse des bureaucraties syndicales qui demandent simplement à ce que le gouvernement soit plus « ouvert au dialogue », sans appeler ni organiser une grève générale, seule capable de tordre le bras au gouvernement.
Mais en ces temps de crise capitaliste mondiale, la lutte contre les plans d’austérité imposés aux travailleurs et aux couches populaires des pays comme la Grèce ou la Hongrie n’est pas seulement l’affaire des masses de ces pays. C’est aussi l’affaire de tous les travailleurs du continent. En France par exemple, il y a quelques mois seulement Laurent Wauquiez déclarait que les personnes bénéficiant du RSA devraient être obligées d’effectuer 5 heures de travail gratuites par semaine, ce qui a été repris dans un rapport remis à N. Sarkozy il y a quelques jours par Marc-Philippe Daubresse. Parallèlement, la dégradation des conditions de vie et de travail dans les pays de l’arrière-cour de l’UE touche aussi les travailleurs des pays impérialistes d’Europe qui sont victimes des fermetures d’usines pour cause de délocalisation vers ces pays où la main d’œuvre est plus exploitée. Par conséquent, face aux « plans d’austérité » des capitalistes et de leurs gouvernements il n’y a pas de raccourcis possibles : seule la lutte des travailleurs, de la jeunesse et des couches opprimées de la société et la solidarité internationaliste des travailleurs de l’Europe pourront les arrêter et poser les bases d’une issue révolutionnaire et socialiste à la crise !
12/10/2011.
-------------------------------------------------
[1] « Le dernier scandale en date remonte au 19 mai 2010. Des représentants du Fidesz ont diffusé une vidéo à la municipalité du 11e arrondissement de Budapest montrant Janos Wieszt, ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie de la capitale, recevoir une enveloppe de 2 millions de forints (environ 7.400 euros), en 2007. Ce dernier a admis figurer dans la vidéo mais prétend ne pas avoir compris que c’était un pot-de-vin » (Regard-est.com, La « Révolution des deux tiers » en Hongrie à l’épreuve de la réalité », 15/6/2010).
[2] En septembre 2006, un mois après son élection, l’ex-premier ministre Ferenc Gyurcsány apparaissait sur une vidéo avouant que son parti avait « menti du matin au soir » lors de la campagne électorale. Cela avait déclenché des émeutes dans le pays.
[3] On peut y lire par exemple : « La Constitution protège l’institution du mariage, considéré comme l’union conjugale entre un homme et une femme, et l’institution de la famille ».
[4] Il y est également écrit « La vie du fœtus sera protégée depuis la conception ».
[5] Il y a quelques semaines, le gouvernement a décidé de décharger une partie de la dette des foyers hongrois endettés en devises étrangères, en particulier en franc suisse, sur le secteur bancaire (notamment sur les banques autrichiennes). Selon cette nouvelle loi, les Hongrois endettés en devises (environ 15 milliards d’euros au total) bénéficieront d’un taux de change « préférentiel » pour rembourser l’argent emprunté : 180 Forints (HUF) au lieu de 234 pour un franc suisse (CHF) et 250 HUF au lieu de 280 pour un euro. La loi a été votée à cause de la valorisation vertigineuse du franc suisse (25% en 6 mois) et la perte estimée pour les banques serait proche de 1,5 milliards d’euros. Cependant, cette mesure ne favorise que la petite partie des débiteurs aisés possédant une épargne à la hauteur de sa dette puisqu’une fois faite la demande de remboursement à taux préférentiel, le débiteur n’a que 60 jours pour payer la totalité de sa dette.
----------------------------------------------
Site du CCR : http://www.ccr4.org
Tous les nouveaux articles :
-Bilan du CPN des 24 et 25 septembre publié dans bulletin post-CPN: Il faut revenir à la politique
-Motion sur notre orientation politique pendant la guerre de l’OTAN contre la Libye (Motion présentée par les membres du CCR au CPN du 24 et 25 septembre)
-L’impasse réformiste du Front de Gauche
-Hongrie : le travail obligatoire imposé aux Rroms est une attaque contre tous les travailleurs !
-ZANON 2001-2011: Dix ans de militantisme et de gestion ouvrière !
-Zanon: Plus de dix ans de lutte et le rôle du PTS
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Re: Hongrie
Le Nouveau Théâtre de Budapest offert à l'extrême droite Joëlle Stolz 13 octobre 2011
Vienne (Autriche) Correspondante - Le monde de la culture est en émoi en Hongrie. Un an après l'offensive contre le directeur du Théâtre national, Robert Alföldi, que le parti d'extrême droite Jobbik accusait de bafouer les sentiments patriotiques, cette fois c'est la nomination, à la tête du Nouveau Théâtre, scène importante de Budapest, de deux personnalités considérées comme néofascistes et antisémites, l'acteur György Dörner et l'écrivain Istvan Csurka, qui provoque l'indignation.
Le maire de Budapest, Istvan Tarlos, proche du premier ministre Viktor Orban, et membre du parti conservateur Fidesz au pouvoir, a usé de son droit de veto pour imposer, jeudi 6 octobre, le tandem Dörner-Csurka, contre l'avis de la commission compétente. Par six voix contre deux (celles des représentants de la municipalité et du ministère de la culture), elle avait choisi de maintenir l'actuel directeur du Nouveau Théâtre (Uj Szinhaz), Istvan Marta, dont le répertoire, combinant auteurs nationaux et classiques étrangers, attire un large public. La Société du théâtre hongrois a aussitôt critiqué la décision de M. Tarlos, interprétée par l'opposition de gauche comme un gage donné à l'extrême droite.
Cette affaire est jugée bien plus grave que les polémiques d'hier contre le directeur du Théâtre national, Robert Alföldi, que les députés du Jobbik appellent "Roberta" pour railler son homosexualité, et dont ils avaient réclamé, en vain, le départ. Sous le titre "La honte", un texte de protestation a déjà recueilli plus de 1 800 signatures, notamment de grands noms de la littérature et de la musique : les écrivains Peter Esterhazy et Peter Nadas, la cantatrice Eva Marton ou le compositeur Peter Eötvös, qui a longtemps dirigé l'Ensemble inter-contemporain de Pierre Boulez.
Avec une demi-douzaine de "citoyens d'honneur" de Budapest (dont l'écrivain György Konrad et la philosophe Agnes Heller), le chef d'orchestre Adam Fischer va adresser une lettre ouverte à la municipalité. Un rassemblement est prévu dans la capitale le 15 octobre, jour anniversaire de la prise du pouvoir, en 1944, par les fascistes hongrois des Croix Fléchées. "On ne peut tolérer l'existence d'un théâtre antisémite en plein coeur de Budapest, à deux pas de l'Opéra, a déclaré au Monde M. Fischer. Ce serait impensable en Europe de l'Ouest, mais en Hongrie, (depuis le retour de M. Orban au pouvoir), les mauvaises surprises s'accumulent."
A 77 ans, l'écrivain et dramaturge Istvan Csurka, promu administrateur du Nouveau Théâtre, est en effet la figure historique de la droite ultranationaliste hongroise. Du temps du communisme, les pièces de ce champion de la cause des minorités magyares, séparées de la mère patrie par le traité de Trianon, avaient connu un indéniable succès. Son petit Parti hongrois pour le droit et la vérité (MIEP) lui a ensuite assuré, dans les années 1990, une tribune où il s'est distingué, tout comme dans l'hebdomadaire qu'il anime, Magyar Forum, par ses tirades antisémites. Le chef de l'Association des communautés juives de Hongrie, Peter Feldmajer, se demande si Budapest va connaître les mêmes dérives que Vienne à l'époque de Karl Lueger, le maire chrétien conservateur dont la rhétorique agressive a inspiré Hitler.
Le programme de quinze pages - où l'on relève 34 occurrences du mot "national", et 35 du mot "magyar" -, publié par le futur directeur d'Uj Szinhaz, György Dörner, n'a pas apaisé les esprits. Ce comédien en perte de vitesse, souvent réduit à doubler les stars du cinéma américain, veut "reconquérir" le terrain théâtral en faveur des "Hongrois qui souffrent sous le joug social-libéral" et "déclarer la guerre au business libéral du divertissement" ("libéral" étant ici synonyme de juif). Il propose de rebaptiser son établissement "Théâtre de l'Arrière-pays", en hommage à la Hongrie profonde ignorée par les élites de la capitale.
György Dörner a milité au Jobbik, la force montante de l'extrême droite (entrée au Parlement avec 17 % des voix, en avril 2010, et en nette progression dans les sondages), avant de se rapprocher de M. Orban. Il a commandé à Istvan Csurka une pièce sur l'une des bêtes noires du gouvernement, l'ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsany, qui vient d'être inculpé de corruption au profit d'un investisseur israélien, et se dit victime d'une chasse aux sorcières.
Si M. Tarlos ne revient pas sur sa décision - ce qu'il a, pour l'heure, exclu -, le Nouveau Théâtre sera, à partir de février 2012, aux avant-postes de la "révolution nationale" menée en Hongrie, dans un contexte de crise européenne.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
La Hongrie plonge dans la dictature de V. Orban !
http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/01/02/la-nouvelle-constitution-hongroise-aux-accents-nationalistes-entre-en-vigueur_1624675_3214.html
La nouvelle Constitution hongroise, aux accents nationalistes, entre en vigueur
LEMONDE.FR avec AFP | 02.01.12 | 08h26 • Mis à jour le 02.01.12 | 21h06
Manifestation contre la nouvelle constitution hongroise, le 2 décembre à Budapest. REUTERS/LASZLO BALOGH
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté lundi 2 janvier à Budapest contre la nouvelle Constitution hongroise, jugeant qu'elle porte atteinte à la démocratie, tandis que le gouvernement célébrait l'entrée en vigueur de celle-ci lors d'une cérémonie dans la capitale. Les organisateurs de la manifestation, intitulée "Il y aura de nouveau une république", ont indiqué que près de 100 000 personnes se sont rassemblées en fin d'après-midi sur l'une des principales artères de la capitale.
Le parti socialiste MSZP, le parti écologiste de gauche LMP et le nouveau parti DK de l'ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsany ont participé au rassemblement. Les manifestants ont crié des slogans contre le gouvernement du premier ministre, Viktor Orban, et brandissaient des pancartes indiquant "Assez !", "Dictature d'Orban", "Orbanistan".
Manifestation contre la nouvelle Constitution, le 2 décembre, dans le centre-ville de Budapest.REUTERS/LASZLO BALOGH
PLUS DE "RÉPUBLIQUE DE HONGRIE"
La nouvelle Constitution – aux accents très nationalistes – est entrée en vigueur dimanche. Elaboré par et pour le premier ministre hongrois Viktor Orban, elle instaure des réformes très controversées de la banque centrale, de la justice et de la loi électorale, et ce en dépit des critiques internationales. L'appellation "République de Hongrie" y disparaît au profit de la seule "Hongrie", et une référence explicite à la religion –"Dieu bénisse les Hongrois" – y est désormais inscrite.
>> Lire l'article : "La dérive hongroise inquiète Washington" (édition abonnés)
Dénoncé par l'opposition et par des mouvements de la société civile comme "un autocrate" faisant fi des critiques de l'UE quant à la compatibilité de ces lois avec le droit communautaire et des inquiétudes de Washington sur la démocratie dans son pays, Viktor Orban fait front, remodelant en dix-huit mois la Hongrie à son image.
Fort au Parlement de la majorité des deux tiers de son parti conservateur, le Fidesz, Viktor Orban a donné à une série de lois une valeur constitutionnelle, qui ne pourront donc être modifiées que par une majorité des deux tiers des députés. Or, une telle majorité semble à l'avenir hors de portée pour un gouvernement issu de l'opposition.
Orban Viktor, le premier ministre hongrois, est accusé de porter atteinte à la démocratie de son pays. ATTILA KISBENEDEK / AFP
APPAREIL D'ÉTAT VERROUILLÉ
Il en est ainsi de la loi sur la stabilité financière, qui inscrit dans le marbre le taux unique de 16 % de l'impôt sur le revenu. Cette mesure lie les mains d'un futur gouvernement, y compris en matière budgétaire, rendant très difficile l'instauration de mesures fiscales urgentes.
Sans oublier l'installation à tous les postes de responsabilité de l'appareil d'Etat, notamment dans les secteurs de l'économie, de la police, de la justice et de l'armée de proches de Viktor Orban, dont beaucoup disposent d'un mandat de neuf ou douze ans. Un futur gouvernement d'une autre couleur politique sera par conséquent confronté à un appareil d'Etat hostile, entièrement aux mains du Fidesz.
Dans le domaine politique, la Constitution rend rétroactivement "responsables des crimes communistes" commis jusqu'en 1989 les dirigeants de l'actuel Parti socialiste (ex-communiste), ce qui a poussé ces derniers à dénoncer "la mise en place d'une dictature". Côté religion, elle réduit d'environ trois cents à quatorze les communautés bénéficiant de subventions publiques.
La nouvelle Constitution touche également la vie privée en décrétant que l'embryon est un être humain dès le début de la grossesse, ce qui fait peser des craintes sur l'accès des Hongroises à l'avortement. De même, le texte stipule que le mariage ne peut avoir lieu qu'entre un homme et une femme, excluant ainsi les mariages homosexuels.
Outre ces lois restrictives, Viktor Orban a aussi mis au pas les médias publics, avec des licenciements massifs ou la mise en préretraite de journalistes indociles, en dépit d'une grève de la faim de plusieurs d'entre eux, aussitôt licenciés. Et Klubradio, seule radio d'opposition, a perdu sa fréquence.
POLITIQUE ÉCONOMIQUE "NON ORTHODOXE"
Cet arsenal est déployé sur fond d'une politique économique "non orthodoxe", qui a fait plonger la devise hongroise, le forint, de plus de 20 % par rapport à l'euro au cours des trois derniers mois, tandis que les taux d'intérêt des obligations d'Etat frôlent les 10 %.
La chute du forint a donné lieu à une augmentation de la dette publique. Celle-ci a atteint 82,6 % du produit intérieur brut (PIB), un plus haut depuis 1995 et une hausse par rapport aux 76,7 % enregistrés fin juin, a indiqué lundi la banque centrale hongroise (MNB) dans un rapport.
M. Orban avait pourtant fait de la baisse de la dette publique son cheval de bataille. Fin juin, il avait annoncé personnellement la baisse de la dette hongroise de 81 % à 77 % du PIB. Il envisageait une deuxième baisse de 77 % à 74 % en novembre et veut ramener le déficit à 60 % pour 2014 et à 50 % pour 2016. Ce dernier chiffre est par ailleurs inscrit dans la nouvelle Constitution.
>> Lire l'éclairage "Viktor Orban accélère le pas pour 'renationaliser' l'économie hongroise"
Après avoir boudé le Fonds monétaire international (FMI), Viktor Orban a dû l'appeler au secours, mais l'UE et le FMI ont suspendu les négociations en raison de la réforme de la banque centrale qui risque de réduire l'indépendance de l'institution. Lundi, le chef de la délégation hongroise, Tamas Fellegi, a fait savoir qu'il rencontrerait Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international (FMI), le 11 janvier à Washington pour des discussions informelles en vue d'une demande de crédit de Budapest.
BouffonVert72- Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 52
Localisation : sur mon réformiste planeur
Re: Hongrie
Appareil d'Etat verrouillé ?! Ah bon, aucun démocratie bourgeoise en Europe ne pratique cet art ? Curieux qu'un usage ordinaire du pouvoir de nomination en France par exemple deviennent presque une monstruosité ailleurs.BouffonVert72 a écrit:http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/01/02/la-nouvelle-constitution-hongroise-aux-accents-nationalistes-entre-en-vigueur_1624675_3214.html
La nouvelle Constitution hongroise, aux accents nationalistes, entre en vigueur
LEMONDE.FR avec AFP | 02.01.12 | 08h26 • Mis à jour le 02.01.12 | 21h06
Manifestation contre la nouvelle constitution hongroise, le 2 décembre à Budapest. REUTERS/LASZLO BALOGH
APPAREIL D'ÉTAT VERROUILLÉ
Il en est ainsi de la loi sur la stabilité financière, qui inscrit dans le marbre le taux unique de 16 % de l'impôt sur le revenu. Cette mesure lie les mains d'un futur gouvernement, y compris en matière budgétaire, rendant très difficile l'instauration de mesures fiscales urgentes.
Sans oublier l'installation à tous les postes de responsabilité de l'appareil d'Etat, notamment dans les secteurs de l'économie, de la police, de la justice et de l'armée de proches de Viktor Orban, dont beaucoup disposent d'un mandat de neuf ou douze ans. Un futur gouvernement d'une autre couleur politique sera par conséquent confronté à un appareil d'Etat hostile, entièrement aux mains du Fidesz.
Eugene Duhring- Messages : 1705
Date d'inscription : 22/09/2011
Re: Hongrie
Manifestation contre la nouvelle Loi fondamentale en Hongrie
Par Marton Dunai | Reuters – il y a 4 heures
Agrandir la photo
Environ 30.000 Hongrois ont manifesté lundi dans le centre de Budapest pour protester contre la nouvelle Loi fondamentale élaborée par le gouvernement conservateur de Viktor Orban et dénoncée comme une menace pour la démocratie. /Photo prise le 2 janvier 2012/REUTERS/Laszlo Balogh
BUDAPEST (Reuters) - Environ 30.000 Hongrois ont manifesté lundi dans le centre de Budapest pour protester contre la nouvelle Loi fondamentale élaborée par le gouvernement conservateur de Viktor Orban et dénoncée comme une menace pour la démocratie.
Les manifestants se sont rassemblés devant l'opéra, où des responsables du Fidesz, le parti au pouvoir, et du gouvernement venaient assister à un gala destiné à célébrer l'entrée en vigueur de la nouvelle constitution.
Pour Sandor Szekely, co-président du mouvement Solidarité à l'origine de cette manifestation, l'intransigeance du gouvernement tend à unifier une opposition jusqu'à présent dispersée et à renforcer la coopération entre les partis politiques et des organisations issues de la société civile.
"On dirait qu'une véritable coalition est en train de se mettre en place", a-t-il dit à Reuters.
"La Loi fondamentale remet profondément en cause l'équilibre des pouvoirs élaboré en 1989", a-t-il ajouté en allusion à l'instauration de la démocratie après le renversement du régime communiste.
"S'ils n'avaient pas ruiné l'économie en même temps que les valeurs démocratiques, la colère serait probablement moins grande mais ils ont systématiquement ruiné tout le monde, donc le peuple est furieux."
Grâce à sa majorité des deux tiers acquise en 2010, le Fidesz a modifié un grand nombre de législations. Ses détracteurs, en Hongrie comme à l'étranger, l'accusent de saper les fondements démocratiques du pays en s'assurant un contrôle exorbitant des institutions.
La nouvelle Loi fondamentale entrée en vigueur le 1er janvier rogne les compétences de la Cour constitutionnelle dans de nombreux domaines comme le contrôle du budget, elle refonde le système électoral dans un sens jugé favorable au Fidesz et elle menace l'indépendance de la Banque centrale.
DEMOCRATISATION
Elle permet également au Fidesz de placer ses candidats à des postes-clés dans des institutions publiques pour des mandats allant bien au-delà de la législature actuelle.
Cette Loi fondamentale a été adoptée par le parlement malgré un appel de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton en faveur d'un réexamen du texte et une lettre du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, réclamant son retrait.
L'initiative du Fidesz pourrait remettre en cause des négociations sur une éventuelle aide de l'Union européenne et du FMI alors que la Hongrie se heurte désormais à des difficultés de financement en raison de la défiance des investisseurs.
Le gouvernement conservateur a aussi fait adopter début 2011 une loi sur les médias jugée, par ses détracteurs, attentatoire à la liberté de la presse.
Le Fidesz assure pour sa part que la nouvelle Loi fondamentale renforce l'Etat de droit en Hongrie et qu'elle s'inscrit dans le processus de démocratisation du pays depuis 1989.
"Malgré les débats politiques, nous considérons comme un fait important que, pour la première fois, un parlement librement élu ait rédigé la Loi fondamentale", a dit Gergely Gulyas, député du Fidesz et co-auteur du projet.
"Même s'il est important que le gouvernement rassure les dirigeants internationaux au sujet de ses intentions, les critiques concernent essentiellement des domaines dans lesquels ils n'ont aucune compétence", a-t-il ajouté.
La cote du Fidesz a chuté à 18% en décembre mais l'opposition, divisée, ne parvient pas à en tirer profit puisque 54% des électeurs ne soutiennent aucun parti.
Bertrand Boucey pour le service français
BouffonVert72- Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 52
Localisation : sur mon réformiste planeur
Re: Hongrie
http://www.lemonde.fr/europe/article_interactif/2012/01/03/en-hongrie-on-a-envie-de-pleurer-de-rage_1625032_3214.html#xtor=AL-32280516
Article interactif
En Hongrie, "on a envie de pleurer de rage"
LEMONDE.FR | 03.01.12 | 15h59 • Mis à jour le 03.01.12 | 18h48
"Nous fonçons droit dans le mur"
"L'Occident ne comprend pas ce qui se passe en Hongrie"Cent mille personnes ont manifesté hier soir à Budapest, mais le pays compte huit millions d'électeurs. C'est dire si l'immense majorité des Hongrois restent passifs. Ils ont d'autres chats à fouetter. Le salaire moyen brut avoisine les 450 euros, alors que les prix dans l'alimentation sont relativement proches de [ceux en France]. J'ai une amie caissière qui ne touche que 230 euros net par mois (77 000 forint). Elle se débat avec un emprunt en francs suisses dont les traites sont de plus en plus élevées en raison de la chute de la monnaie hongroise. A cela s'ajoute la TVA, qui est passé de 25 % à 27 % pour les produits de première nécessité, le gaz et l'électricité. Seule consolation : les prix des logements, qui restent très bas.
- Pessimisme et désillusion, par Pierre Waline, 65 ans
En 2010, la majorité des Hongrois a voté en faveur de Viktor Orban pour punir le Parti socialiste et son ancien leader Gyurcsány (après les manifestation de 2006). Leur haine les aveugle, ils ne se rendent pas compte que nous fonçons droit dans le mur. A cause des mauvaises décisions du gouvernement, le forint se dévalue de jour en jour tandis que les offres d'emploi "de qualité" se font de plus en plus rares. Même dans les compagnies étrangères, les salaires ne sont plus aussi intéressants qu'avant. Sans parler de ceux des médecins ou des enseignants, qui sont tout simplement ridicules. Personnellement, je pense de plus en plus partir. Slovaquie, Tchéquie, Roumanie... de nombreux pays de l'Est s'en sortent aujourd'hui beaucoup mieux que la Hongrie.
- "Droit dans le mur", par Garp Flus
Compte tenu de la situation économique désastreuse du pays, les Hongrois sont beaucoup plus attentifs à leur fin de mois qu'à des réformes institutionnelles souvent obscures. Pourtant, les conséquences du tour de vis conservateur opéré depuis 2010 sont tristement visibles à Budapest. La fermeture de plusieurs lieux de rassemblement (bars, salles de spectacles) ou encore le changement de nom de rues et de places pour satisfaire la nostalgie de la "Grande Hongrie" d'avant 1920, en témoignent. C'est extrêmement nauséabond, et de nombreux jeunes sans perspectives quittent le pays.
- Une atmosphère délétère, qui pousse les jeunes au départ, par Guillaume Narbonne
La mainmise du Fidesz sur le pouvoir a pris des proportions effrayantes au cours des derniers mois. Je le dis sans exagération : la démocratie n'existe plus en Hongrie. Les médias sont engloutis les uns après les autres par la machine étatique, tous les postes à responsabilité sont occupés par des fidèles du pouvoir, aucun parti d'opposition ne peut espérer avoir un impact suffisant et constructif sur la politique nationale.
- "La démocratie n'existe plus en Hongrie", par Kiss Peter
C'est clair à présent : le parti conservateur est arrivé au pouvoir sans programme de développement. Depuis presque deux ans, politique économique rime avec improvisation. Les dirigeants du parti au pouvoir agissent avant tout pour se maintenir au sommet de l'Etat le plus longtemps possible. Un climat de peur règne dans le pays. Oui, nous avons peur de l'inflation, de la chute du forint, d'un pouvoir qui veut trop durer. Les opposant sont inquiets, mais les partisans du gouvernement aussi. La moindre critique peut être sanctionnée. Et cette nouvelle Constitution... Elle ridiculise les Hongrois en attachant plus d'importance à la bénédiction divine qu'au développement de la démocratie.
- "Un climat de peur règne dans le pays", par Ida Györi
La politique hongroise est tellement démoralisante que, la plupart du temps, je préfère regarder le journal de TV5 Monde plutôt que les journaux nationaux. A force, je suis devenue plus intéressée par les élections en France que par les débats parlementaires dans mon pays. Ici, les extrémistes ont gagné du terrain. Trop souvent, dans les rues, j'entends des remarques comme "les Juifs achètent le pays", ou encore "il est tsigane, qu'est-ce que tu attends". A ce racisme courant, s'ajoute une morale de plus en plus réactionnaire. La nouvelle Constitution postule que le fœtus est un être humain. D’ici à ce que l'avortement soit interdit, il n'y a qu'un pas.
- "Les extrémistes ont gagné du terrain", par Julia Nanseu Selek
J'habite en Hongrie depuis plus d'un an et je suis toujours étonné de constater que ce qui ne peut pas être dit en France sur certains sujets (immigration, Roms, etc.) est ici considéré comme "mainstream". Des jeunes, cadres supérieurs ayant fait des études à l'étranger et parlant plusieurs langues, affichent de manière décomplexée leur orientation politique très à droite, à la cantine d'entreprise. Le phénomène ne se limite pas à des skins écervelés ou à des vieux piliers de bar. Il ne faut pas chercher très loin pour en comprendre les causes : la situation économique difficile et l'irrédentisme pèsent sur les mentalités. En Transylvanie, j'étais ébahi de voir que s'était développé un "tourisme nostalgique" : des cars entiers de Hongrois qui viennent dans ce territoire perdu pour écouter des chants folkloriques nationalistes.
- "Un nationalisme bien enraciné dans la société", par Alexis Dupont
Les lois, la Constitution, le forint qui s'effondre... J'ai du mal à croire que tout cela ait pu arriver. Chaque jour, je lis les nouvelles le cœur serré. J'en veux beaucoup à mes concitoyens qui ont voté pour un parti populiste sans programme politique connu, par facilité, par désespoir, ou par besoin d'une figure paternelle forte. Je ne veux pas que mon enfant grandisse dans un pays qui va probablement poursuivre dans cette voie totalitaire. Je m'apprête, comme beaucoup de mes compatriotes, à retirer mon argent des banques en prévision d'une faillite du pays. Ici, on a envie de pleurer de rage.
- "On a envie de pleurer de rage", par Moelba, Budapest, profession libérale
BouffonVert72- Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 52
Localisation : sur mon réformiste planeur
Re: Hongrie
par Edwy Plenel
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4374791
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Les inquiétudes hypocrites de l’impérialisme...
Source: Courant Communiste Révolutionnaire du NPA
Philippe Alcoy
On assiste depuis quelques temps dans les journaux, à la radio et à la télé à une multiplication de reportages et d’articles sur « la dérive autoritaire » en Hongrie. Cet intérêt soudain pour les « atteintes à la démocratie » dans ce pays n’est pas une exclusivité de la presse française : tous les quotidiens des pays impérialistes en parlent. Même Hilary Clinton, secrétaire d’Etat américaine, a exprimé son « inquiétude » par rapport aux atteintes contre les « libertés démocratiques » en Hongrie dans une lettre adressée au premier ministre hongrois Viktor Orbán.
Des préoccupations très sélectives…
Evidemment quand la presse bourgeoise et les dirigeants impérialistes « dénoncent » les « atteintes à la démocratie » en Hongrie ils ne se réfèrent pas du tout au travail obligatoire imposé aux chômeurs Rrom (qui bientôt s’appliquera à l’ensemble des chômeurs du pays) [1] ou à la réduction drastique de la durée d’indemnisation pour les bénéficiaires de l’allocation chômage ; ils ne « s’inquiètent » pas du fait qu’en plein centre-ville de Budapest, la capitale, on se livre à la « chasse aux SDF », passibles d’une lourde amende ou de deux mois de « travaux forcés » en cas de « récidive de SDFisme ». Les fameuses « atteintes à la démocratie » ne sont pas non plus les lois visant à réduire le droit de grève, à faciliter le licenciement des travailleuses en congé maternité ou en congé maladie ou encore obligeant les retraités ayant bénéficié quelques années auparavant d’une préretraite à revenir sur le marché du travail. Non. Toutes ces mesures ne sont que la version hongroise des mesures adoptées un peu partout « contre la crise » et ne suscitent pas spécialement d’émois dans les chancelleries étrangères !
Les dirigeants occidentaux ont en revanche donné de la voix contre l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution qui implique notamment une réforme électorale très favorable au Fidesz, le parti conservateur au pouvoir, l’élimination du terme « République » de l’appellation officielle de la Hongrie, la référence explicite à Dieu et à la nation magyar (hongroise) dans la Constitution, la concession du droit de vote pour les minorités hongroises dans les pays de la région (notamment en Roumanie, Slovaquie et ex-Yougoslavie) visant à conforter le poids du Fidesz, les atteintes aux droits des femmes à l’avortement et aux droits des minorités nationales et sexuelles. Mais ces mesures qui constituent effectivement une attaque majeure contre les libertés démocratiques ne datent pas d’hier ! La loi sur les médias, par exemple, a été adoptée il y a plus d’un an. Quant à la nouvelle Constitution, bien qu’elle ne soit entrée en vigueur que le premier janvier, elle a été votée en avril 2011 !
Le véritable enjeu des protestations des dirigeants européens
Ce qui se cache derrière cette campagne médiatique très partielle menée contre Orbán et qui a réellement exaspéréles dirigeants impérialistes, à commencer par ceux de l’Union Européenne, ce sont en fait essentiellement deux projets de loi que le gouvernement national-populiste a finalement fait voter. La première concerne l’inscription dans la nouvelle Constitution d’une règle prévoyant la nécessité d’un vote à une majorité des deux tiers au Parlement pour tout changement en matière de politique fiscale, notamment pour modifier le taux unique d’imposition sur le revenu (16% actuellement et largement favorable aux plus riches). Pour les commentateurs de la bourgeoisie, cela « empêcherait les nécessaires ajustements en cas de dérapage du déficit ou de la dette » [2].
L’autre projet de loi qui est à la base de la réaction de l’UE concerne la modification des statuts de la Banque Centrale Hongroise (MNB) qui menacerait son « indépendance ». En effet, cette loi « consiste à retirer "[au] président [de la MNB] la prérogative de nommer ses adjoints, au profit du Premier ministre" (…) D’autre part, un autre aspect de cette réforme vise "à fusionner la banque centrale avec l’autorité de supervision des institutions financières (PSZAF) afin de créer une nouvelle institution" » [3].
Barroso et les agences de notations à l’attaque…
Une fois connue l’intention du gouvernement hongrois de faire voter ces lois, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a adressé une lettre à Orbán en lui demandant « de retirer ces deux projets de loi ’car ils contiennent des éléments qui pourraient être en contradiction avec le traité de l’Union’ et la Commission ’a des doutes sérieux sur leur compatibilité’ avec la législation européenne » [4]. C’est là que le bât blesse pour les dirigeants impérialistes européens. D’ailleurs, au même moment, une mission conjointe du FMI et de l’UE qui était à Budapest pour ouvrir des discussions sur un nouveau « prêt de soutien » d’entre 15 et 20 milliards d’euros à la Hongrie a immédiatement quitté le pays considérant que ces lois étaient inacceptables.
Les agences de notations n’ont pas été en reste. Standard and Poor’s (SP) a dégradé la note de la Hongrie, la reléguant en catégorie « spéculative rejoignant ainsi Moody’s qui avait fait de même en novembre dernier. Pour justifier cette dégradation SP évoque « le manque de prévision du cadre politique, qui pèse sur les perspectives de croissance à moyen terme de la Hongrie » [5]. Vendredi 6 janvier ça a été au tour de Fitch de reléguer la note hongroise à la catégorie « spéculative ». Fitch a justifié sa décision en disant qu’elle « reflète la poursuite de la détérioration de la situation budgétaire et extérieure et des perspectives de croissance du pays, qui résultent en partie de nouvelles politiques économiques non orthodoxes qui sapent la confiance des investisseurs et compliquent la conclusion d’un nouvel accord avec le FMI et l’UE » [6].
A la recherche d’une marge de manœuvre réactionnaire plus importante vis-à-vis de l’UE et du FMI : le pari risqué de V. Orbán
Comme nous venons de le souligner, les tendances au bonapartisme et à la concentration de plus en plus de pouvoirs dans les mains du Premier Ministre (appuyé sur une large majorité des deux tiers au Parlement) ne sont pas nouvelles en Hongrie. Mais ce qui a provoqué un changement dans l’attitude des dirigeants européens et de leurs chiens de garde médiatiques c’est que V. Orbán selon eux est allé « trop loin ».
En effet, dans le cadre d’une crise économique profonde, faire payer le plus lourd de la facture aux classes populaires ne suffit plus. Orbán et son gouvernement doivent « arbitrer » entre les intérêts des différentes fractions de la classe dominante hongroise et ceux des impérialistes. C’est le résultat de cet « arbitrage » qui ne plaît pas à l’impérialisme. En effet, alors que pour l’UE et le FMI toucher au principe « sacro-saint » de la soi-disant « indépendance » de la Banque centrale d’un pays est inacceptable, pour Orbán cela est fondamental dans la conjoncture actuelle. Ainsi « les dirigeants du Fidesz (…) ne cachent pas l’enjeu de la manœuvre : pouvoir puiser dans les réserves en devises du pays - 35 milliards d’euros - au cas où les négociations pour un nouveau prêt du FMI tourneraient court. Ayant déjà mis la main sur 11 milliards d’euros des fonds de pension privés, le gouvernement s’apprête à nationaliser ceux des 100 000 personnes ayant préféré rester dans ce système de cotisation, au risque de perdre leurs droits à une retraite d’Etat » [7].
La manœuvre du gouvernement hongrois ne vise même pas en réalité à faire payer une partie substantielle de la crise à l’impérialisme qui domine largement l’économie du pays. Elle consiste simplementà créer de meilleures conditions, selon Orbán, vis-à-vis de l’UE et du FMI, pour négocier des exigences plus « souples » pour un nouveau prêt. En effet, « dans la situation actuelle de l’Union européenne, Orbán joue sur le thème ’vous n’oserez pas nous laisser tomber car ce pourrait être le début de l’effondrement du château de cartes’. Il joue cette carte à ce moment-ci en sachant l’UE en grande fragilité et il se dit que l’Union n’osera pas prendre des mesures économiques qui risqueraient de mettre à mal le système bancaire hongrois qui est très dépendant des systèmes bancaires autrichien et allemand. Ces deux Etats ont beaucoup investi en Hongrie. Ils doivent donc y réfléchir à deux fois avant de mettre l’économie hongroise encore plus à mal. C’est cette carte-là que joue V. Orbán » [8].
La Hongrie est effectivement très fortement endettée en devises étrangères, notamment en francs suisses, et les banques allemandes et autrichiennes sont très exposées [9]. Il y a quelques mois seulement ces banques ont d’ailleurs crié au scandale à cause d’une mesure prise par Budapest et permettant aux Hongrois endettés en devises étrangères (environ 15 milliards d’euros) de bénéficier d’un taux de change « préférentiel » pour rembourser l’argent emprunté. A l’époque il s’agissait d’un taux permettant de changer 180 forints (la devise hongroise, HUF) au lieu de 234 contre un franc suisse et 250 HUF au lieu de 280 contre un euro. Cette mesure ne visait qu’à favoriser une petite partie des débiteurs aisés possédant une épargne à la hauteur de leurs dettes puisqu’une fois faite la demande de remboursement à taux préférentiel, le débiteur ne disposait que de soixante jours pour payer la totalité de sa dette. Mais c’est précisément ce genre de lois et cette « imprévisibilité » de V. Orbán qui affole les agences de notation ainsi que l’UE et le FMI.
Mais les impérialistes européens veulent une Hongrie complètement à leurs ordres
Même si face aux menaces du FMI et de l’UE V. Orbán déclarait dans un premier temps que les négociations avec ces institutions étaient « importantes mais non cruciales », cette posture « intransigeante » commence à montrer ses limites. En effet, le forint poursuit sa chute libre face à l’euro. La dernière émission de titres de la dette a été un échec. Le taux d’intérêt des obligations hongroises à dix ans est de 11% et le coût de l’assurance contre un défaut de paiement de l’Etat Hongrois (CDS) continue de grimper. Tous ces éléments constituent une forte pression économique sur Budapest qui vient s’ajouter aux pressions politiques. C’est pour cela que même si pour l’instant Orbán dit que l’annulation des lois concernant la banque centrale et la fiscalité est exclue, on a assisté depuis début janvier à une multiplication de déclarations de responsables hongrois visant à rassurer les dirigeants européens quant à la volonté du gouvernement de respecter l’indépendance de la banque centrale et de trouver un accord avec le FMI et l’UE.
Comme le montrent clairement les cas de la Grèce et de l’Italie et leurs « gouvernements technocratiques » et d’union nationale [10], en ces temps de crise profonde du capitalisme, les pays impérialistes dominants n’exigent pas seulement de ces pays et, notamment, de leurs semi-colonies (comme c’est le cas de la Hongrie) une application pure et simple de « mesures d’austéritédraconiennes ». Ils exigent en outre que les gouvernements de ces pays soient complètement à leurs ordres. C’est exclusivement en ce sens que les mesures prises par Orbán visant à se créer une certaine « marge de manœuvre » sont perçues comme « inacceptables » et « contraires aux valeurs européennes », sous couvert de protestation contre les mesures anti-démocratiques présentes dans la nouvelle Constitution votée pourtant il y a plusieurs mois. D’ailleurs, on commence déjà à parler dans certains milieux de la nécessité de « mise à l’écart » de V. Orbán pour « débloquer » la situation [11].
Le « capitalisme magyar », l’utopie réactionnaire du Fidesz
De son côté le projet de V. Orbán et de son gouvernement n’a rien de progressiste et encore moins « d’anti-impérialiste ». Bien au contraire. Son discours (car c’est un discours jusqu’à présent) visant à la construction d’un « capitalisme magyar »est utopique et réactionnaire. Il est réactionnaire car il véhicule notamment les pires préjugés racistes et nationalistes contre les minorités nationales et les populations des pays voisins. Il est parfaitement utopique car il ne prétend à aucun moment en finir avec les liens de dépendance économique et de soumission qui relient étroitement la Hongrie à l’Allemagne, faisant du pays, à l’image des autres nations d’Europe centrale et orientale, un véritable hinterland industriel au service des multinationales allemandes [12].
Le terreau du projet de V. Orbán, c’est bien entendu la crise économique, mais aussi huit années de gouvernement « social-libéral » particulièrement corrompu et antipopulaire dont la banqueroute a permis au Fidesz d’obtenir une écrasante majorité au Parlement après les élections de 2010. Orbán en a profité pour avancer également contre la nomenklatura liée à l’ancien régime stalinien, convertie dans les années 1990 aux vertus de l’économie de marché et recyclée sous la forme d’un parti social-démocrate [13].
Alors que la crise économique sert de prétexte pour l’application de toutes les attaques contre les conditions de vie des travailleurs et des couches populaires afin de rendre le « capitalisme national » plus « compétitif », la majorité des deux tiers au Parlement permet à V. Orbán et à son gouvernement de remodeler l’Etat à leur guise, avançant vers un régime de plus en plus bonapartiste. Mais ce projet réactionnaire est vite rattrapé par une réalité économique dominée par des puissances impérialistes. Comme le souligne un analyste hongrois, « les banques hongroises n’ont pas assez de liquidité pour proposer des crédits en forint à un prix abordable. Et il ne faut pas rêver : elles ne seront jamais en mesure de supplanter leurs concurrents internationaux dans le domaine des crédits aux entreprises. Les nouveaux acteurs du capitalisme magyar ne pourront entrer sur le marché que par le biais de l’épargne ou de l’augmentation de capital. Or, la population n’a pas de quoi épargner ; l’Etat emprunte quant à lui massivement et les entreprises sont endettées jusqu’au cou » [14].
Cette situation d’attaques contre les classes populaires et de rhétorique nationaliste, alimente à son tour les sympathies d’une partie des couches populaires très durement frappées par la crise envers des partis plus ouvertement pro-fascistes comme le Jobbik et ses milices nationalistes.
Ni ingérence impérialiste, ni « capitalisme magyar » ! Seule la classe ouvrière peut en finir avec la soumission semi-coloniale de la Hongrie !
Devant l’impuissance de toute tentative d’opposition dans le Parlement, l’opposition bourgeoise déclare qu’elle poursuivra sa « résistance » dans la rue. Lundi 2 janvier il y a déjà eu une grande manifestation qui a rassemblé entre 70000 et 100000 personnes à Budapest à l’appel de plusieurs partis, syndicats et associations. Il est évident que l’opposition officielle fera tout pour que la contestation reste dans le cadre de la légalité bourgeoise. Les travailleurs, la jeunesse et les couches populaires n’ont rien à espérer de cette « opposition ». Lorsqu’elle a été au pouvoir, la corruption, les mensonges et les mesures d’ajustement ont préparé le terrain pour V. Orbán et le Fidesz.
Encore une fois, ce n’est pas une opposition parlementaire complètement vendue aux dirigeants impérialistes de l’UE et encore moins celle des proto-fascistes du Jobbik qui pourront offrir une alternative aux travailleurs et aux couches populaires de Hongrie face au tournant de plus en plus réactionnaire du pouvoir. Il n’y a que la mobilisation indépendante du mouvement ouvrier et populaire, renouant avec ses traditions de lutte à l’image de la Révolution des Conseils de 1956, qui pourra offrir une réelle alternative d’émancipation contre la crise et les tendances bonapartistes en procédant à l’expropriation des deux secteurs de la classe dominante qui aujourd’hui s’affrontent et en libérant le pays de tous ses liens semi-coloniaux qui le soumettent au capital impérialiste étranger, notamment allemand.
08/01/2012.
[1] Sur le travail obligatoire imposé aux chômeurs Rroms et le contexte social, économique et politique dans lequel ces lois sont appliquées, voir P. Alcoy, « Hongrie : le travail obligatoire imposé aux Rroms est une attaque contre tous les travailleurs ! » (http://www.ccr4.org/Hongrie-le-travail-obligatoire)
[2] Le Monde, « Viktor Orban accélère le pas pour ‘renationaliser’ l’économie hongroise », 23/12/2011.
[3] ToutelEurope.eu, « Les projets de réforme hongrois inquiètent l’Union européenne », 23/12/2011.
[4] Id.
[5] Le Figaro, « La dette de la Hongrie jugée ‘spéculative’ », 22/12/2011.
[6] Le Figaro, « La Hongrie, dégradée par Fitch, se dit prête à négocier », 06/01/2012.
[7] Le Monde, art. cit. 23/12/11.
[8] Le Monde, « L’Europe réplique timidement au dangereux chantage hongrois », 31/12/2011.
[9] La banque autrichienne Raiffeisen est la plus exposée. Fin 2010 le montant des prêts de cette banque à ses clients en Hongrie s’élevait à 6.3 milliards d’euros ; autrement dit, 4,6% de ses actifs (136,5 milliards d’euros à fin 2010) et 8% de l’ensemble des prêts clients accordés par le groupe. L’autre banque autrichienne qui la suit, l’Erste Bank, disposait à la même période de 7,8 milliards de prêts accordés à ses clients hongrois, représentant 3,8% de ses actifs (205,9 milliards d’euros) et 5,8% de ses prêts au niveau de l’ensemble du groupe. Mi-2011, l’exposition totale des banques autrichiennes en Hongrie était de 41,6 milliards d’euros.
[10] VoirJ. Chingo « L’Europe et le tournant bonapartiste » (http://www.ccr4.org/L-Europe-et-le-tournant).
[11] « Les Etats-Unis pourraient faire pression sur la Hongrie pour remplacer le gouvernement du Premier Ministre Viktor Orban par un gouvernement technocratique comme la seule option pour prévenir un default, informe l’agence Index citant des sources proches du Ministère des affaires étrangères nord-américain » (Bloomberg.com, « U.S. May Press Hungary for Technocratic Cabinet, Index Says », 06/01/2012).
[12] On songera ainsi à l’inauguration en grande pompe par V. Orbán d’une nouvelle ligne de production à l’usine Audi de Gyõr en septembre 2011. Cette usine appartenant au groupe Volkswagen est connue pour recevoir d’énormes quantités de subventions de la part de Budapest afin de « sauver la production face aux menaces de délocalisations », ce qui revient tout simplement à financer une multinationale allemande… Les Investissements Directs Etrangers (IDE) représentent en Hongrie 60 milliards d’euros, soit plus de la moitié du PIB hongrois en 2010. Un quart de ces IDE viennent d’Allemagne et 13% d’Autriche.
[13] En raison des privatisations et de son ouverture au capital étranger la Hongrie, (et ses gouvernements sociaux-démocrates) était jusqu’il y a peu montrée en exemple par l’UE et le FMI comme modèle de transition au capitalisme en Europe centrale et orientale.
[14] Presseurop.eu, « Le capitalisme magyar, une fragile ambition », 22/12/2011.
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Hongrie
En Hongrie, les diabétiques seront punis pour leurs écarts de régime
C'est une mesure extrême que vient de prendre l'Etat hongrois. Pour réduire les dépenses de santé, le gouvernement a décidé de punir les diabétiques qui ne suivraient pas scrupuleusement leur régime en les privant d'accès aux meilleurs traitements subventionnés.
Selon un décret ministériel, publié lundi 23 avril, dans le Journal officiel, les diabétiques devront se soumettre chaque trimestre à un test sanguin spécifique visant à contrôler leur consommation d'hydrates de carbone.
S'ils sont pris en défaut à deux reprises dans l'année, en clair si leur taux de glucose a augmenté au-delà des valeurs fixées par le décret, les patients concernés se verront refuser l'accès aux médicaments les plus efficaces (insuline analogue) et devront se contenter des traitements à base d'insuline humaine, moins performants et provoquant davantage d'effets secondaires. De plus, ils devront payer plus cher pour leur traitement, dont la part subventionnée par l'Etat va se réduire.
Les mineurs et les personnes atteintes d'une forme sévère de diabète seront exemptés de la nouvelle réglementation, qui entrera en vigueur le 1er juillet. Environ cinq cent mille personnes sont atteintes de diabète en Hongrie.
ALIMENTS DIÉTÉTIQUES MODERNES PAS ACCESSIBLES
Le premier journal hongrois, Nepszabadsag, a dénoncé lundi sur son site Internet la punition des "diabétiques fautifs" qui "recevront un traitement moins bon". Selon un expert, le Dr Laszlo Bene, cité par le quotidien, les malades ne sont d'ailleurs généralement pas indisciplinés, mais ne peuvent pas se permettre d'acheter des aliments diététiques modernes.
En février dernier, lors du débat au Parlement sur le décret, le député socialiste Andras Nemény s'était emporté contre "la politique sociale du gouvernement (...) synonyme de misère pour les pauvres" et avait jugé le décret "scandaleux".
Le gouvernement du conservateur Viktor Orban avait alors justifié son décret en déclarant que "les médicaments des diabétiques coûtaient 30 milliards de forints (100 millions d'euros) et qu'il était inutile de gaspiller l'argent des contribuables pour des gens qui ne coopéraient pas avec leur médecin".[i][b][u]
élie- Messages : 42
Date d'inscription : 16/10/2010
Site en français
http://www.hu-lala.org/
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Hongrie
http://www.liberation.fr/monde/01012350354-en-hongrie-l-extreme-droite-prospere-en-ecrasant-les-tsiganes
Je sais qu'il existe des journeaux largement plus sérieux mais bon, en attendant de trouver d'autre chose..
Fu'ad Nassar- Messages : 19
Date d'inscription : 11/04/2012
Re: Hongrie
Hongrie: mobilisation rom contre une manifestation d'extrême droite
17 octobre 2012 à 21:12
Plusieurs centaines de Roms ont défilé mercredi à Miskolc, dans l'est de la Hongrie, une mobilisation rare pour cette minorité qui protestait contre une manifestation du parti d'extrême droite Jobbik dans la même ville.
Environ 600 Roms ont défilé du quartier, où le Jobbik avait prévu de manifester plus tard dans la journée, jusqu'au centre-ville en scandant "A bas le Jobbik!" ou "Nous sommes ici chez nous!".
Certains portaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: "Nous voulons la paix, la loi et une Hongrie sans nazis".
"Il est triste que le gouvernement ait autorisé cet événement raciste", a estimé un participant, en référence à la manifestation du Jobbik au centre d'un quartier de lotissements, qui compte quelque 29.000 habitants. Le parti d'extrême droite a dit vouloir dénoncer à cette occasion une forte augmentation des "crimes roms" dans ce quartier.
La marche est une rare démonstration d'unité de la communauté des Roms, ont estimé ses organisateurs. Pour Aladar Horvath, chef du Mouvement des droits des citoyens pour la République, il s'agit de la plus grande mobilisation rom depuis de nombreuses années.
“C'est merveilleux de voir les Roms enfin se réunir et solidairement défendre ensemble notre dignité et notre honneur face au racisme", a-t-il dit à l'AFP.
Le cortège était entouré d'un étroit dispositif de police. Pour éviter les troubles, les autorités ont autorisé le défilé des Roms, à condition qu'il se termine avant celui du Jobbik.
La police craignait aussi la participation à la manifestation du Jobbik de membres de groupuscules d'extrême droite issus de la "Garde hongroise", une ancienne organisation paramilitaire désormais interdite.
Près de 2.000 personnes ont participé à la manifestation du Jobbik, caractérisée par une rhétorique antitzigane violente, dont une centaine vêtus de l'uniforme de la formation paramilitaire dissoute.
"Nous devons agir dès maintenant pour sauver notre avenir, pour libérer la Hongrie de la criminalité tzigane", a affirmé le député du Jobbik Zsolt Egyed pendant le rassemblement d'extrême droite.
"Chaque jour, un retraité est tué pour quelques milliers de forints (quelques euros). Nous devons reprendre les rues de Miskolc, pour la sécurité de nos enfants", a-t-il ajouté.
Le président du parti, Gabor Vona, a de son côté déclaré que le Jobbik n'était "pas raciste", car il voulait une "égalité devant la justice".
"Les autres partis nous diabolisent, c'est eux les vrais racistes", a-t-il lancé.
Après les discours, les sympathisants du parti ont défilé entre les maisons du quartier avec des torches en chantant des chansons nationalistes et en répétant des slogans comme "oui, la criminalité tzigane existe".
Les deux manifestations ont pris fin sans incidents.
En Hongrie, la minorité rom, souvent appauvrie et marginalisée, représente près d'un dixième des 10 millions d'habitants du pays.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Hongrie
Près de 10.000 Hongrois se sont rassemblés sur la place Kossuth de Budapest à l'appel du parti conservateur au pouvoir Fidesz, du Parti socialiste MSZP et du mouvement "Rassemblement 2014" (centre gauche), pour dénoncer les provocations antisémites et anti-israéliennes de députés d'extrême droite.
Le Jobbik voulait lister les juifs au Parlement
Cette manifestation avait lieu à l'appel d'une organisation juive et d'une organisation pentecôtiste, en riposte à la provocation d'un député du Jobbik, parti d'extrême droite, et, fait extrêmement rare en Hongrie, elle a réuni côte à côte des responsables de la droite au pouvoir et de l'opposition de gauche.
Le 26 novembre, Marton Gyöngyösi, un député du Jobbik, avait déclaré au Parlement qu'il était "grand temps d'évaluer le nombre des membres d'origine juive du gouvernement ou du Parlement, qui représentent une certaine menace pour la sécurité nationale".
Plusieurs manifestants arboraient une étoile jaune de David sur leurs vêtements et brandissaient des pancartes affirmant : "le Jobbik représente le véritable risque pour la sécurité nationale".
Le pouvoir d'Orban mis en cause
Anton Rogan, chef de file des députés conservateurs du Fidesz au Parlement, a expliqué que tous les génocides du XXe siècle avaient commencé avec des listes : "personne ne devrait être autorisé à porter atteinte à la dignité d'autrui ou de stigmatiser qui que ce soit avec des listes effrayantes", a-t-il déclaré.
Le Fidesz, le parti du Premier ministre conservateur Viktor Orban, est accusé d'adopter parfois des positions populistes et nationalistes, pour séduire les électeurs du Jobbik. Plusieurs manifestants s'en sont fait l'écho pendant le discours d'Anton Rogan, criant "Vous avez créé le Jobbik".