Racisme d'Etat
+5
chejuanito
hadrien
Eugene Duhring
verié2
MO2014
9 participants
Page 1 sur 2
Page 1 sur 2 • 1, 2
Racisme d'Etat
La construction étatique d’une hiérarchisation « des racismes »
Publié le 25 avril 2015 par Said Bouamama
L’annonce par le gouvernement d’un nouveau plan de « lutte contre le racisme » accompagné d’un budget de 100 millions d’euros sur trois ans a fait sourire bien des militantes et militants des luttes de l’immigration et des quartiers populaires. Le même premier ministre et le même gouvernement qui autorise la Rromophobie par sa thèse culturaliste sur « l’inintégrabilité des Rroms », prétend être antiraciste. Le même gouvernement qui dans son instrumentalisation du « Je suis Charlie » a autorisé allègrement l’islamophobie, voudrait nous faire croire qu’il est déterminé à lutter contre le racisme. Pourtant l’heure n’est pas au sourire.
Derrière ce nouveau plan se cache, selon nous, une offensive idéologique dangereuse visant à imposer par en haut une hiérarchisation « des racismes », à réduire le racisme à une dimension individuelle et apolitique, à imposer une criminalisation de l’antisionisme en l’amalgamant à l’antisémitisme.
Provocation
La nomination d’un nouveau « délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme » en charge de la mise en œuvre du nouveau plan, se réalise d’emblée sur le ton de la provocation. La première déclaration du nouveau DILCRA, Gilles Clavreul pose d’emblée une négation de l’islamophobie qui est amalgamée au « racisme anti-arabe » d’une part et une mise en exceptionnalité de « l’antisémitisme » d’autre part : « Tous les racismes sont condamnables, mais le racisme anti-Arabe et anti-Noir n’a pas les mêmes ressorts que l’antisémitisme dans sa violence. Il faut être capable de dire la particularité de l’antisémitisme. » (1)
La négation et/ou la sous-estimation et/ou l’euphémisation de l’islamophobie et la construction d’une « exceptionnalité » de l’antisémitisme constituent les deux segments articulés d’une offensive poursuivie de longue date mais qui est dotée aujourd’hui de nouveaux moyens. On retrouve cette logique dans l’expression consacrée de « lutte contre le racisme et l’antisémitisme » qui s’est banalisée à force d’être assénée par les appareils idéologiques d’Etat. Comme le souligne justement la brigade antinégrophobie : « l’appellation même de lutte contre le racisme et l’antisémitisme crée une hiérarchie symbolique. D’un côté l’antisémitisme, de l’autre un ensemble où tout est mélangé… C’est une profonde négation de la spécificité des racismes. Soit on gomme les différences pour tous, soit on les reconnaît pour tout un chacun. » (2)
La même logique est présente dans les propos de Valls lors de son discours du 13 janvier à l’Assemblée nationale : « les Français juifs ne devaient plus avoir peur d’être juifs » et « les Français musulmans ne devaient plus avoir honte d’être musulmans ». Aux uns la « peur » et aux autres « la honte ». Que ce soit de manière consciente ou non (le résultat est exactement le même), ces propos nient ou relativisent la « peur » des musulmans devant la montée sans précédents des actes et agressions islamophobes. Ils posent également une réalité inexistante, la soi-disant « honte d’être musulman ». Que le premier ministre se rassure, nous n’avons rencontré aucun musulman ayant honte de l’être. Il n’y a que ceux qui pratiquent des islamalgames qui peuvent penser à l’existence d’un sentiment de « honte ».
Si la thèse n’est pas nouvelle, l’arrogance dans son affirmation par l’Etat l’est. Elle révèle une volonté d’imposer par tous les moyens, de l’idéologique au répressif, une hiérarchisation « des racismes ».
Négation
Les propos du nouveau délégué interministériel portent également une négation de certains termes : islamophobie et négrophobie. Le choix des termes « racisme anti-Arabe » et « anti-Noir » n’est bien entendu pas neutre. Il constitue en premier lieu le refus d’utiliser les termes que les premiers concernés ont choisis pour désigner la réalité des discours et actes qu’ils subissent. Il suffit de lister le nom de quelques organisations militantes agissant sur cette question pour s’en convaincre : « Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI), Brigade Anti-Négrophobie (BAN), Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF), etc. Nous aurions tort de ne considérer cette question que comme une question sémantique. En délégitimant le mot usité par ces militants c’est cette forme spécifique du racisme que l’on refuse de prendre en compte. Comme le souligne l’historien Nicolas Lebourg « la récusation de l’usage du terme […] revient à nier l’existence de cette nouvelle incrimination d’une « race de l’esprit », à ne pas admettre la nouvelle mutation de « l’altérophobie « . (3)
Les tentatives d’invalider le mot pour nier la réalité qu’il représente ne sont pas nouvelles. Alors que le terme remonte au début du vingtième siècle , une Caroline Fourest affirme faussement qu’il est issu des « mollahs iraniens qui souhaitaient faire passer les femmes qui refusaient de porter le voile pour de “mauvaises musulmanes” en les accusant d’être “islamophobes ” ». (4) Peu importe l’erreur et/ou le mensonge cette explication est diffusée largement dans les médias dominants et dans le discours politique. Cette diffusion contribue à la construction de la réalité sociale et politique dans le sens d’une opposition à la reconnaissance et donc à la prise en compte de l’islamophobie : « Cette erreur factuelle a pourtant été reprise abondamment, comme s’il s’agissait d’une vérité historique. Ainsi, un grand nombre d’acteurs présents dans les médias réfutent l’utilisation du terme, l’accusant d’être en réalité une injonction à interdire le blasphème. » (5)
Dans la même veine l’irremplaçable Pascal Brückner, qui considère également que le terme est forgé en Iran « à la fin de la décennie 70 », accuse le mot de « légitimer la réalité d’une offensive intégriste en Europe, d’attaquer la laïcité en l’assimilant à un nouveau fondamentalisme, et de faire taire les musulmans qui osent remettre le Coran en cause, qui en appellent à l’égalité entre les sexes, au droit à l’apostasie et aspirent à pratiquer paisiblement leur foi sans subir le diktat de doctrinaires ou de barbus ». (6) Une nouvelle fois les médias se font largement l’écho de cette affirmation sans fondement avec en conséquence le réflexe pavlovien consistant à déclencher la question « et le droit au blasphème ? » (Ou « et la laïcité ? » ou encore « et le droit des femmes ? »), dès qu’une personne ose prononcer le terme d’islamophobie. C’est cela la construction idéologique de la réalité et celle-ci est partie intégrante des luttes sociales.
La question n’est donc plus sémantique ou scientifique compte tenu de cette offensive visant à nier le réel en niant un terme qui le désigne. Elle est devenue politique par un double processus : de diabolisation du mot par les discours politiques et médiatiques dominant, de réappropriation du terme par les premiers concernés. Que des militants se réclamant du progressisme et de l’antiracisme continuent à récuser le terme souligne simplement qu’ils sont désormais irrigués par l’idéologie dominante. Marine le Pen a une nouvelle fois un boulevard devant elle : « Il n’y a pas d’islamophobie en France. Il n’y a pas d’actes antimusulmans – ou pas plus que les actes contre les femmes… ou les personnes de petite taille. Mais il y a une augmentation de l’antisémitisme. » (7)
Outre la banalisation scandaleuse des violences systémiques faites aux femmes, Marine le Pen dit ici explicitement, ce que d’autres avance de manière masquée c’est-à-dire la négation de l’islamophobie et la mise en exceptionnalité de l’antisémitisme
Réduction
La réalité étant têtue, il n’est pas possible de nier entièrement les violences faites aux musulmans. Il convient dès lors pour nier le réel de le nommer autrement c’est-à-dire de le réduire à un « racisme anti-Arabe » pour reprendre l’expression du délégué interministériel. Ce réductionnisme est une négation de l’historicité des différentes formes de racisme et en particulier le passage récent d’un marqueur ethnique à un marqueur religieux. Ce n’est pas la première fois que nous assistons à un transfert de marqueurs. Frantz Fanon a ainsi été un des premiers à alerter sur la mutation du racisme biologique en racisme culturaliste. (9)
Le réductionnisme au vieil antiracisme anti-Arabe conduit à l’invisibilisation des causes de la montée contemporaine de l’islamophobie :
la justification de guerres pour le pétrole et les matières premières par des arguments culturalistes : droit des femmes, lutte contre l’obscurantisme et/ou le terrorisme ;
les explications tout aussi culturalistes des problèmes politiques et sociaux de la société française en général et de ceux des populations issues de l’immigration en particulier : intégration insuffisante pour les uns et inintégrabilité pour les autres, « incompatibilité de l’Islam et de la république », etc. ;
l’autorisation étatique à l’islamophobie depuis la loi sur le foulard de 2004 et ensuite par les discours sur « la laïcité menacée », « le droit des femmes menacé », « la république menacée », « l’identité nationale menacée », etc.
Il mène également à masquer le processus de construction d’un « ennemi de l’intérieur ». Le vieux racisme anti-Arabe était, en effet, référé à la notion d’étrangers et/ou d’immigrés. Le nouveau racisme englobe désormais la réalité nouvelle que constitue l’existence de français depuis plusieurs générations ayant un marqueur réel ou supposé musulman. Le rêve intégrationniste (c’est-à-dire en fait assimilationniste) posant la disparition de l’altérité ayant échoué, la stigmatisation a besoin d’un nouveau marqueur. Ce marqueur recouvre en effet une partie importante de la population française susceptible de se révolter socialement en raison de leurs conditions d’existences marquées par l’inégalité et les discriminations. Il recouvre également une population caractérisée par une sensibilité exacerbée à la question palestinienne comme l’ont mise en évidence les manifestations massives de l’été 2014 dans lesquelles les jeunes issus de l’immigration étaient de loin majoritaires. Il recouvre enfin une population susceptible par son histoire et sa mémoire d’une prise de conscience plus rapide que d’autres du rôle impérialiste de la France dans le monde.
Le processus de construction d’un « ennemi de l’intérieur » n’est pas nouveau mais l’affirmation de son existence avérée s’est déployée depuis 2012 et a été consacrée par l’instrumentalisation de l’émotion suscitée par les attentats de janvier. Valls affirme ainsi l’existence de cette « cinquième colonne » devant le syndicat « Alliance Police Nationale » dès octobre 2012 :
« La menace terroriste est bien là, présente sur notre sol (…), en particulier dans nos quartiers populaires. Des dizaines d’individus sont, par leurs profils, susceptibles de passer à l’acte. Cet ennemi intérieur, nous devons le combattre. [ …] La menace terroriste est désormais le fait de Français nés sur notre sol (…) qui ont versé dans l’islamisme radical et qui ont suivi un processus qui mêle délinquance, criminalité, antisémitisme virulent et soif de violence » (10)
La mise en place de lois liberticides et la pression policière sur les quartiers populaires et leurs habitants sont les premières conséquences de cette production d’un « ennemi de l’intérieur ».
Injonction
Une offensive idéologique par la classe dominante se traduit toujours par tentative de restriction du champ des comportements et des opinions légitimes. L’offensive nationaliste avant la première guerre mondiale par exemple s’est traduite par une tentative d’interdire les opinions et comportements internationalistes refusant la guerre en préparation. L’offensive colonialiste de la conquête à la guerre d’Algérie s’est traduite pour sa part par une tentative de restriction des opinions et comportements anticoloniaux. Le degré de traduction de la tentative dans les faits est fonction du rapport de forces. Selon celui-ci, elle peut aller de la diabolisation par les appareils d’Etat à la répression et à la criminalisation. Elle commence donc toujours par l’imposition d’injonctions pour se transformer ensuite en délit d’opinion puis en répression ouverte. Il est donc essentiel de repérer les injonctions qui se font jour dans le discours politique et médiatique dominant.
La première injonction est celle de la dénonciation de l’antisémitisme à la moindre prise de parole sur le racisme. Alors qu’il est légitimement fréquent dans les médias ou le champ politique, de discourir sur l’antisémitisme, de débattre sur ses causes, de le dénoncer, de mener des campagnes de sensibilisations, etc., sans faire aucune référence aux autres formes du racisme en général et à l’islamophobie en particulier, l’inverse n’est pas vrai. Toutes les prises de parole concernant l’islamophobie sont mises en demeure d’ajouter l’expression « et l’antisémitisme ». Le refus d’ajouter ce bout de phrase est immédiatement suspecté d’antisémitisme caché. C’est ainsi que des manifestations contre l’islamophobie ou la Rromophobie se sont transformées en manifestation contre « l’islamophobie et l’antisémitisme », « la Rromophobie et l’antisémitisme », etc.
La seconde injonction est celle de se démarquer des fractions de la résistance palestinienne se définissant comme « musulmane » en général, du Hamas et du Djihad islamique en particulier. Ces organisations résistantes sont réduites à leur dimension religieuse afin de les exclure du soutien « légitime » et « acceptable ». La dimension centrale de lutte de libération nationale que portent avec d’autres ces organisations est entièrement niée par cette injonction. Le résultat est ici aussi une mise en suspicion. Le refus de condamner ces organisations suffit à être accusé « d’islamiste ». C’est de cette manière que le soutien massif à la résistance palestinienne des jeunes issus des quartiers populaires est réduit à une affirmation religieuse porteuse de dangerosité. La mise sous surveillance des « classes dangereuses » qui habitent les quartiers populaires apparaît dès lors comme nécessaire, incontournable et indiscutable.
Ces injonctions convergent pour produire progressivement un amalgame entre antisionisme et antisémitisme ayant comme débouché la criminalisation du soutien au peuple palestinien. « L’antisionisme est la forme contemporaine de l’antisémitisme » entend-on ainsi de plus en plus fréquemment dans des écrits à prétention savante, des propos de journalistes ou des déclarations d’hommes politiques. Les tentatives de déconstruire ces processus idéologiques sont immédiatement catalogués d’antisémites ou de révéler une croyance en une quelconque théorie du complot. Il n’y a pourtant pas besoin de croire en un « complot juif mondial » ou en un « attachement absolue » à l’Etat d’Israël pour comprendre ce « philosémitisme d’Etat » pour reprendre l’expression d’Houria Bouteldja (11). Il suffit pour cela de prendre en cause la base matérielle de ce soutien : les intérêts de l’impérialisme français dans la région et plus globalement de toutes les puissances impérialistes. Comme le colonialisme portugais ou comme l’Afrique du Sud hier, Israël est un outil de gestion des intérêts impérialistes dans la région.
S’opposer à l’offensive idéologique actuelle et à ses injonctions est en conséquence une nécessité essentielle.
Notes
1. Gillez Clavreul, la valse antiraciste, http://www.liberation.fr/societe/20…, consulté le 21 avril à 11 h 30.
http://rue89.nouvelobs.com/2012/10/…, consulté le 21 avril à 12 h 00.
Nicolas Lebourg, Taubira « guenon », montée du FN et islamophobie : qu’est-ce que le racisme exactement ?, http://leplus.nouvelobs.com/contrib…, consulté le 21 avril à 15h15.
Hajjat A. & Mohammed M., Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le problème musulman, Paris, La Découverte, 2013.
Fourest C. & Venner F., « Islamophobie ? », Pro Choix, n° 26 27, dossier « Islamophobes ? Ou laïques ! », Automne hiver 2003.
Houda Asal, Islamophobie : la fabrique d’un nouveau concept. État des lieux de la recherche, Sociologie, n° 2014/1, pp. 13-29.
Pascal Brückner, L’invention de l’islamophobie, Libération du 23 novembre 2010.
Marine le Pen, Financial Times, 5 mars 2015.
Frantz Fanon, Racisme et Culture, Pour la révolution africaine, La Découverte poche, 2001.
Terrorisme : Valls met en garde contre « l’ennemi intérieur », http://tempsreel.nouvelobs.com/soci…, consulté le 21 avril 2015 à 17 heures.
Houria Bouteldja, Racisme (s) et philosémitisme d’Etat ou comment politiser l’antiracisme en France ?,http://indigenes-republique.fr/raci…, consulté le 21 avril à 18 h.
https://bouamamas.wordpress.com/2015/04/25/la-construction-etatique-dune-hierarchisation-des-racismes/
Publié le 25 avril 2015 par Said Bouamama
L’annonce par le gouvernement d’un nouveau plan de « lutte contre le racisme » accompagné d’un budget de 100 millions d’euros sur trois ans a fait sourire bien des militantes et militants des luttes de l’immigration et des quartiers populaires. Le même premier ministre et le même gouvernement qui autorise la Rromophobie par sa thèse culturaliste sur « l’inintégrabilité des Rroms », prétend être antiraciste. Le même gouvernement qui dans son instrumentalisation du « Je suis Charlie » a autorisé allègrement l’islamophobie, voudrait nous faire croire qu’il est déterminé à lutter contre le racisme. Pourtant l’heure n’est pas au sourire.
Derrière ce nouveau plan se cache, selon nous, une offensive idéologique dangereuse visant à imposer par en haut une hiérarchisation « des racismes », à réduire le racisme à une dimension individuelle et apolitique, à imposer une criminalisation de l’antisionisme en l’amalgamant à l’antisémitisme.
Provocation
La nomination d’un nouveau « délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme » en charge de la mise en œuvre du nouveau plan, se réalise d’emblée sur le ton de la provocation. La première déclaration du nouveau DILCRA, Gilles Clavreul pose d’emblée une négation de l’islamophobie qui est amalgamée au « racisme anti-arabe » d’une part et une mise en exceptionnalité de « l’antisémitisme » d’autre part : « Tous les racismes sont condamnables, mais le racisme anti-Arabe et anti-Noir n’a pas les mêmes ressorts que l’antisémitisme dans sa violence. Il faut être capable de dire la particularité de l’antisémitisme. » (1)
La négation et/ou la sous-estimation et/ou l’euphémisation de l’islamophobie et la construction d’une « exceptionnalité » de l’antisémitisme constituent les deux segments articulés d’une offensive poursuivie de longue date mais qui est dotée aujourd’hui de nouveaux moyens. On retrouve cette logique dans l’expression consacrée de « lutte contre le racisme et l’antisémitisme » qui s’est banalisée à force d’être assénée par les appareils idéologiques d’Etat. Comme le souligne justement la brigade antinégrophobie : « l’appellation même de lutte contre le racisme et l’antisémitisme crée une hiérarchie symbolique. D’un côté l’antisémitisme, de l’autre un ensemble où tout est mélangé… C’est une profonde négation de la spécificité des racismes. Soit on gomme les différences pour tous, soit on les reconnaît pour tout un chacun. » (2)
La même logique est présente dans les propos de Valls lors de son discours du 13 janvier à l’Assemblée nationale : « les Français juifs ne devaient plus avoir peur d’être juifs » et « les Français musulmans ne devaient plus avoir honte d’être musulmans ». Aux uns la « peur » et aux autres « la honte ». Que ce soit de manière consciente ou non (le résultat est exactement le même), ces propos nient ou relativisent la « peur » des musulmans devant la montée sans précédents des actes et agressions islamophobes. Ils posent également une réalité inexistante, la soi-disant « honte d’être musulman ». Que le premier ministre se rassure, nous n’avons rencontré aucun musulman ayant honte de l’être. Il n’y a que ceux qui pratiquent des islamalgames qui peuvent penser à l’existence d’un sentiment de « honte ».
Si la thèse n’est pas nouvelle, l’arrogance dans son affirmation par l’Etat l’est. Elle révèle une volonté d’imposer par tous les moyens, de l’idéologique au répressif, une hiérarchisation « des racismes ».
Négation
Les propos du nouveau délégué interministériel portent également une négation de certains termes : islamophobie et négrophobie. Le choix des termes « racisme anti-Arabe » et « anti-Noir » n’est bien entendu pas neutre. Il constitue en premier lieu le refus d’utiliser les termes que les premiers concernés ont choisis pour désigner la réalité des discours et actes qu’ils subissent. Il suffit de lister le nom de quelques organisations militantes agissant sur cette question pour s’en convaincre : « Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI), Brigade Anti-Négrophobie (BAN), Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF), etc. Nous aurions tort de ne considérer cette question que comme une question sémantique. En délégitimant le mot usité par ces militants c’est cette forme spécifique du racisme que l’on refuse de prendre en compte. Comme le souligne l’historien Nicolas Lebourg « la récusation de l’usage du terme […] revient à nier l’existence de cette nouvelle incrimination d’une « race de l’esprit », à ne pas admettre la nouvelle mutation de « l’altérophobie « . (3)
Les tentatives d’invalider le mot pour nier la réalité qu’il représente ne sont pas nouvelles. Alors que le terme remonte au début du vingtième siècle , une Caroline Fourest affirme faussement qu’il est issu des « mollahs iraniens qui souhaitaient faire passer les femmes qui refusaient de porter le voile pour de “mauvaises musulmanes” en les accusant d’être “islamophobes ” ». (4) Peu importe l’erreur et/ou le mensonge cette explication est diffusée largement dans les médias dominants et dans le discours politique. Cette diffusion contribue à la construction de la réalité sociale et politique dans le sens d’une opposition à la reconnaissance et donc à la prise en compte de l’islamophobie : « Cette erreur factuelle a pourtant été reprise abondamment, comme s’il s’agissait d’une vérité historique. Ainsi, un grand nombre d’acteurs présents dans les médias réfutent l’utilisation du terme, l’accusant d’être en réalité une injonction à interdire le blasphème. » (5)
Dans la même veine l’irremplaçable Pascal Brückner, qui considère également que le terme est forgé en Iran « à la fin de la décennie 70 », accuse le mot de « légitimer la réalité d’une offensive intégriste en Europe, d’attaquer la laïcité en l’assimilant à un nouveau fondamentalisme, et de faire taire les musulmans qui osent remettre le Coran en cause, qui en appellent à l’égalité entre les sexes, au droit à l’apostasie et aspirent à pratiquer paisiblement leur foi sans subir le diktat de doctrinaires ou de barbus ». (6) Une nouvelle fois les médias se font largement l’écho de cette affirmation sans fondement avec en conséquence le réflexe pavlovien consistant à déclencher la question « et le droit au blasphème ? » (Ou « et la laïcité ? » ou encore « et le droit des femmes ? »), dès qu’une personne ose prononcer le terme d’islamophobie. C’est cela la construction idéologique de la réalité et celle-ci est partie intégrante des luttes sociales.
La question n’est donc plus sémantique ou scientifique compte tenu de cette offensive visant à nier le réel en niant un terme qui le désigne. Elle est devenue politique par un double processus : de diabolisation du mot par les discours politiques et médiatiques dominant, de réappropriation du terme par les premiers concernés. Que des militants se réclamant du progressisme et de l’antiracisme continuent à récuser le terme souligne simplement qu’ils sont désormais irrigués par l’idéologie dominante. Marine le Pen a une nouvelle fois un boulevard devant elle : « Il n’y a pas d’islamophobie en France. Il n’y a pas d’actes antimusulmans – ou pas plus que les actes contre les femmes… ou les personnes de petite taille. Mais il y a une augmentation de l’antisémitisme. » (7)
Outre la banalisation scandaleuse des violences systémiques faites aux femmes, Marine le Pen dit ici explicitement, ce que d’autres avance de manière masquée c’est-à-dire la négation de l’islamophobie et la mise en exceptionnalité de l’antisémitisme
Réduction
La réalité étant têtue, il n’est pas possible de nier entièrement les violences faites aux musulmans. Il convient dès lors pour nier le réel de le nommer autrement c’est-à-dire de le réduire à un « racisme anti-Arabe » pour reprendre l’expression du délégué interministériel. Ce réductionnisme est une négation de l’historicité des différentes formes de racisme et en particulier le passage récent d’un marqueur ethnique à un marqueur religieux. Ce n’est pas la première fois que nous assistons à un transfert de marqueurs. Frantz Fanon a ainsi été un des premiers à alerter sur la mutation du racisme biologique en racisme culturaliste. (9)
Le réductionnisme au vieil antiracisme anti-Arabe conduit à l’invisibilisation des causes de la montée contemporaine de l’islamophobie :
la justification de guerres pour le pétrole et les matières premières par des arguments culturalistes : droit des femmes, lutte contre l’obscurantisme et/ou le terrorisme ;
les explications tout aussi culturalistes des problèmes politiques et sociaux de la société française en général et de ceux des populations issues de l’immigration en particulier : intégration insuffisante pour les uns et inintégrabilité pour les autres, « incompatibilité de l’Islam et de la république », etc. ;
l’autorisation étatique à l’islamophobie depuis la loi sur le foulard de 2004 et ensuite par les discours sur « la laïcité menacée », « le droit des femmes menacé », « la république menacée », « l’identité nationale menacée », etc.
Il mène également à masquer le processus de construction d’un « ennemi de l’intérieur ». Le vieux racisme anti-Arabe était, en effet, référé à la notion d’étrangers et/ou d’immigrés. Le nouveau racisme englobe désormais la réalité nouvelle que constitue l’existence de français depuis plusieurs générations ayant un marqueur réel ou supposé musulman. Le rêve intégrationniste (c’est-à-dire en fait assimilationniste) posant la disparition de l’altérité ayant échoué, la stigmatisation a besoin d’un nouveau marqueur. Ce marqueur recouvre en effet une partie importante de la population française susceptible de se révolter socialement en raison de leurs conditions d’existences marquées par l’inégalité et les discriminations. Il recouvre également une population caractérisée par une sensibilité exacerbée à la question palestinienne comme l’ont mise en évidence les manifestations massives de l’été 2014 dans lesquelles les jeunes issus de l’immigration étaient de loin majoritaires. Il recouvre enfin une population susceptible par son histoire et sa mémoire d’une prise de conscience plus rapide que d’autres du rôle impérialiste de la France dans le monde.
Le processus de construction d’un « ennemi de l’intérieur » n’est pas nouveau mais l’affirmation de son existence avérée s’est déployée depuis 2012 et a été consacrée par l’instrumentalisation de l’émotion suscitée par les attentats de janvier. Valls affirme ainsi l’existence de cette « cinquième colonne » devant le syndicat « Alliance Police Nationale » dès octobre 2012 :
« La menace terroriste est bien là, présente sur notre sol (…), en particulier dans nos quartiers populaires. Des dizaines d’individus sont, par leurs profils, susceptibles de passer à l’acte. Cet ennemi intérieur, nous devons le combattre. [ …] La menace terroriste est désormais le fait de Français nés sur notre sol (…) qui ont versé dans l’islamisme radical et qui ont suivi un processus qui mêle délinquance, criminalité, antisémitisme virulent et soif de violence » (10)
La mise en place de lois liberticides et la pression policière sur les quartiers populaires et leurs habitants sont les premières conséquences de cette production d’un « ennemi de l’intérieur ».
Injonction
Une offensive idéologique par la classe dominante se traduit toujours par tentative de restriction du champ des comportements et des opinions légitimes. L’offensive nationaliste avant la première guerre mondiale par exemple s’est traduite par une tentative d’interdire les opinions et comportements internationalistes refusant la guerre en préparation. L’offensive colonialiste de la conquête à la guerre d’Algérie s’est traduite pour sa part par une tentative de restriction des opinions et comportements anticoloniaux. Le degré de traduction de la tentative dans les faits est fonction du rapport de forces. Selon celui-ci, elle peut aller de la diabolisation par les appareils d’Etat à la répression et à la criminalisation. Elle commence donc toujours par l’imposition d’injonctions pour se transformer ensuite en délit d’opinion puis en répression ouverte. Il est donc essentiel de repérer les injonctions qui se font jour dans le discours politique et médiatique dominant.
La première injonction est celle de la dénonciation de l’antisémitisme à la moindre prise de parole sur le racisme. Alors qu’il est légitimement fréquent dans les médias ou le champ politique, de discourir sur l’antisémitisme, de débattre sur ses causes, de le dénoncer, de mener des campagnes de sensibilisations, etc., sans faire aucune référence aux autres formes du racisme en général et à l’islamophobie en particulier, l’inverse n’est pas vrai. Toutes les prises de parole concernant l’islamophobie sont mises en demeure d’ajouter l’expression « et l’antisémitisme ». Le refus d’ajouter ce bout de phrase est immédiatement suspecté d’antisémitisme caché. C’est ainsi que des manifestations contre l’islamophobie ou la Rromophobie se sont transformées en manifestation contre « l’islamophobie et l’antisémitisme », « la Rromophobie et l’antisémitisme », etc.
La seconde injonction est celle de se démarquer des fractions de la résistance palestinienne se définissant comme « musulmane » en général, du Hamas et du Djihad islamique en particulier. Ces organisations résistantes sont réduites à leur dimension religieuse afin de les exclure du soutien « légitime » et « acceptable ». La dimension centrale de lutte de libération nationale que portent avec d’autres ces organisations est entièrement niée par cette injonction. Le résultat est ici aussi une mise en suspicion. Le refus de condamner ces organisations suffit à être accusé « d’islamiste ». C’est de cette manière que le soutien massif à la résistance palestinienne des jeunes issus des quartiers populaires est réduit à une affirmation religieuse porteuse de dangerosité. La mise sous surveillance des « classes dangereuses » qui habitent les quartiers populaires apparaît dès lors comme nécessaire, incontournable et indiscutable.
Ces injonctions convergent pour produire progressivement un amalgame entre antisionisme et antisémitisme ayant comme débouché la criminalisation du soutien au peuple palestinien. « L’antisionisme est la forme contemporaine de l’antisémitisme » entend-on ainsi de plus en plus fréquemment dans des écrits à prétention savante, des propos de journalistes ou des déclarations d’hommes politiques. Les tentatives de déconstruire ces processus idéologiques sont immédiatement catalogués d’antisémites ou de révéler une croyance en une quelconque théorie du complot. Il n’y a pourtant pas besoin de croire en un « complot juif mondial » ou en un « attachement absolue » à l’Etat d’Israël pour comprendre ce « philosémitisme d’Etat » pour reprendre l’expression d’Houria Bouteldja (11). Il suffit pour cela de prendre en cause la base matérielle de ce soutien : les intérêts de l’impérialisme français dans la région et plus globalement de toutes les puissances impérialistes. Comme le colonialisme portugais ou comme l’Afrique du Sud hier, Israël est un outil de gestion des intérêts impérialistes dans la région.
S’opposer à l’offensive idéologique actuelle et à ses injonctions est en conséquence une nécessité essentielle.
Notes
1. Gillez Clavreul, la valse antiraciste, http://www.liberation.fr/societe/20…, consulté le 21 avril à 11 h 30.
http://rue89.nouvelobs.com/2012/10/…, consulté le 21 avril à 12 h 00.
Nicolas Lebourg, Taubira « guenon », montée du FN et islamophobie : qu’est-ce que le racisme exactement ?, http://leplus.nouvelobs.com/contrib…, consulté le 21 avril à 15h15.
Hajjat A. & Mohammed M., Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le problème musulman, Paris, La Découverte, 2013.
Fourest C. & Venner F., « Islamophobie ? », Pro Choix, n° 26 27, dossier « Islamophobes ? Ou laïques ! », Automne hiver 2003.
Houda Asal, Islamophobie : la fabrique d’un nouveau concept. État des lieux de la recherche, Sociologie, n° 2014/1, pp. 13-29.
Pascal Brückner, L’invention de l’islamophobie, Libération du 23 novembre 2010.
Marine le Pen, Financial Times, 5 mars 2015.
Frantz Fanon, Racisme et Culture, Pour la révolution africaine, La Découverte poche, 2001.
Terrorisme : Valls met en garde contre « l’ennemi intérieur », http://tempsreel.nouvelobs.com/soci…, consulté le 21 avril 2015 à 17 heures.
Houria Bouteldja, Racisme (s) et philosémitisme d’Etat ou comment politiser l’antiracisme en France ?,http://indigenes-republique.fr/raci…, consulté le 21 avril à 18 h.
https://bouamamas.wordpress.com/2015/04/25/la-construction-etatique-dune-hierarchisation-des-racismes/
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Racisme d'Etat
Tout cela est exact, mais ne justifie nullement de hiérarchiser la lutte contre les racismes "à l'envers", en privilégiant la lutte contre l'islamophobie et en oubliant celle contre l'antisémitisme en raison de cette injonction d'ajouter l'antisémitisme venant de divers milieux. On peut comprendre les réactions d'irritation contre cette injonction, mais adopter une attitude symétrique, est une erreur.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Racisme d'Etat
Deux réflexions tout d'abord : ce fil devrait être déplacé dans le fil PIR. Bouamama en est un des membres les plus connus. Ensuite MO n'a visiblement pas l'intention de débattre de la lutte des classes, des travailleurs. Ses interventions restent cantonnées dans le registre de l'islamophobie en multipliant les fils, en faisant feu de tout bois sur le sujet. C'est particulièrement énervant.
Passons au texte de Bouamama :
Passons au texte de Bouamama :
De mémoire ces quarante dernières années, il ne me semble pas qu'une seule famille maghrébine, une seule famille de confession musulmane, n'ait eu à subir les nombreux meurtres antisémites en France en premier lieu la tuerie de Toulouse où deux gamins ont pris une balle dans la tête au seul motif qu'ils étaient juifs. Il y a effectivement une spécificité de l'antisémitisme, n'en déplaise à Bouamama. La violence ne s'exprime pas de la même manière, c'est une évidence. Quand on est juif, on peut se prendre une balle dans la tête que cette tête soit sioniste, antisioniste, athée, qu'elle soit féminine, masculine ou très jeune.Il suffit simplement qu'un lien même ténu soit fait entre la tête et le juif : un magasin casher, une école juive, un quartier fréquenté par des juifs. Bouamama reste dans un registre cher à HB : le philosémitisme d'état ! C'est franchement pénible.MO2014 a écrit:La construction étatique d’une hiérarchisation « des racismes »
Publié le 25 avril 2015 par Said Bouamama
La nomination d’un nouveau « délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme » en charge de la mise en œuvre du nouveau plan, se réalise d’emblée sur le ton de la provocation. La première déclaration du nouveau DILCRA, Gilles Clavreul pose d’emblée une négation de l’islamophobie qui est amalgamée au « racisme anti-arabe » d’une part et une mise en exceptionnalité de « l’antisémitisme » d’autre part : « Tous les racismes sont condamnables, mais le racisme anti-Arabe et anti-Noir n’a pas les mêmes ressorts que l’antisémitisme dans sa violence. Il faut être capable de dire la particularité de l’antisémitisme. » (1)
La négation et/ou la sous-estimation et/ou l’euphémisation de l’islamophobie et la construction d’une « exceptionnalité » de l’antisémitisme constituent les deux segments articulés d’une offensive poursuivie de longue date mais qui est dotée aujourd’hui de nouveaux moyens. On retrouve cette logique dans l’expression consacrée de « lutte contre le racisme et l’antisémitisme » qui s’est banalisée à force d’être assénée par les appareils idéologiques d’Etat. Comme le souligne justement la brigade antinégrophobie : « l’appellation même de lutte contre le racisme et l’antisémitisme crée une hiérarchie symbolique. D’un côté l’antisémitisme, de l’autre un ensemble où tout est mélangé… C’est une profonde négation de la spécificité des racismes. Soit on gomme les différences pour tous, soit on les reconnaît pour tout un chacun. » (2)
Eugene Duhring- Messages : 1705
Date d'inscription : 22/09/2011
Re: Racisme d'Etat
verié2 a écrit:Tout cela est exact, mais ne justifie nullement de hiérarchiser la lutte contre les racismes "à l'envers", en privilégiant la lutte contre l'islamophobie et en oubliant celle contre l'antisémitisme en raison de cette injonction d'ajouter l'antisémitisme venant de divers milieux. On peut comprendre les réactions d'irritation contre cette injonction, mais adopter une attitude symétrique, est une erreur.
En n' oubliant pas le désormais fameux "philosémitisme" de l'état et de l'extrême-gauche, concept modernisé et redéfini par la Bouteldja.
On ne le rappellera jamais assez.
hadrien- Messages : 285
Date d'inscription : 09/02/2015
Re: Racisme d'Etat
Je suppose que tu veux dire : "n'ait eu à subir des meurtres comme les meurtres antisémites etc". Ce n'est pas sérieux : ce sont des centaines de Maghrébins qui ont été assassinés, notamment par la police mais pas seulement, depuis la fin de la guerre d'Algérie. Certes, d'après ce qu'on en sait, ils l'ont été davantage sous l'effet du racisme anti-arabe traditionnel que de l'islamophobie, dont le développement est plus récent. Mais les agressions islamophobes se sont multipliées récemment, même si elles n'ont pas fait de mort (pour le moment ?), mais ça resterait à vérifier...Eugène Duhring
De mémoire ces quarante dernières années, il ne me semble pas qu'une seule famille maghrébine, une seule famille de confession musulmane, n'ait eu à subir les nombreux meurtres antisémites en France en premier lieu la tuerie de Toulouse
Bien entendu, et c'est pour cela que le terme a été unanimement reconnu pour souligner cette spécificité. Mais il y a aussi une spécificité de l'Islamophobie !Il y a effectivement une spécificité de l'antisémitisme
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Racisme d'Etat
Sinon, oui, ces échanges auraient davantage leur place sur le fil du PIR...
Il faut éviter des expressions comme LA Bouteldja, qu'on n'emploie, pour les dénigrer, qu'avec les femmes. Ca remonte à très loin : la Brinvilliers, la Poisson, la Besnard (célèbre empoisonneuse). L'article LA, employé de cette façon à clairement une connotation sexiste. D'ailleurs, certains l'emploient contre LA Laguiller, LA Arthaud etc...Hadrien
le désormais fameux "philosémitisme" de l'état et de l'extrême-gauche, concept modernisé et redéfini par la Bouteldja.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Racisme d'Etat
C'est très bien que tu me fasses ce type de remarque sur ma façon de parler. Le "LA" que j'emploie est effectivement péjoratif comme lorsque je parle d'ennemis des travailleurs.
Je dis fréquemment LE Mélenchon, LE Gattaz ou LE Soral et il m'arrivait de dire LA Parisot . Il me semble que tu es nettement moins pointilleux quand tes amis Toussaint ou MO2014 éructent leurs injures vis à vis de ceux ou celles qui défendent d'autres positions que celles de leur secte racialiste, le PIR, avec un vocabulaire nettement plus grossier.
Je dis fréquemment LE Mélenchon, LE Gattaz ou LE Soral et il m'arrivait de dire LA Parisot . Il me semble que tu es nettement moins pointilleux quand tes amis Toussaint ou MO2014 éructent leurs injures vis à vis de ceux ou celles qui défendent d'autres positions que celles de leur secte racialiste, le PIR, avec un vocabulaire nettement plus grossier.
hadrien- Messages : 285
Date d'inscription : 09/02/2015
Re: Racisme d'Etat
Comme souvent, tes analogies et tes exemples sont foireux. Comparer le meurtre de gamins juifs avec le massacre de maghrébins est inepte : d'un côté un massacre perpétré en temps de guerre et de l'autre des meurtres "en temps de paix". La spécificité de l'antisémitisme est là ! Mais peut-être as-tu un contre-exemple un peu plus pertinent de tueries anti-islamophobes ou anti-maghrébins depuis 40 ans en France ?verié2 a écrit:Je suppose que tu veux dire : "n'ait eu à subir des meurtres comme les meurtres antisémites etc". Ce n'est pas sérieux : ce sont des centaines de Maghrébins qui ont été assassinés, notamment par la police mais pas seulement, depuis la fin de la guerre d'Algérie. Certes, d'après ce qu'on en sait, ils l'ont été davantage sous l'effet du racisme anti-arabe traditionnel que de l'islamophobie, dont le développement est plus récent. Mais les agressions islamophobes se sont multipliées récemment, même si elles n'ont pas fait de mort (pour le moment ?), mais ça resterait à vérifier...Eugène Duhring
De mémoire ces quarante dernières années, il ne me semble pas qu'une seule famille maghrébine, une seule famille de confession musulmane, n'ait eu à subir les nombreux meurtres antisémites en France en premier lieu la tuerie de ToulouseBien entendu, et c'est pour cela que le terme a été unanimement reconnu pour souligner cette spécificité. Mais il y a aussi une spécificité de l'Islamophobie !Il y a effectivement une spécificité de l'antisémitisme
Eugene Duhring- Messages : 1705
Date d'inscription : 22/09/2011
Re: Racisme d'Etat
Eugene Duhring a écrit:Comme souvent, tes analogies et tes exemples sont foireux. Comparer le meurtre de gamins juifs avec le massacre de maghrébins est inepte : d'un côté un massacre perpétré en temps de guerre et de l'autre des meurtres "en temps de paix". La spécificité de l'antisémitisme est là ! Mais peut-être as-tu un contre-exemple un peu plus pertinent de tueries anti-islamophobes ou anti-maghrébins depuis 40 ans en France ?verié2 a écrit:Je suppose que tu veux dire : "n'ait eu à subir des meurtres comme les meurtres antisémites etc". Ce n'est pas sérieux : ce sont des centaines de Maghrébins qui ont été assassinés, notamment par la police mais pas seulement, depuis la fin de la guerre d'Algérie. Certes, d'après ce qu'on en sait, ils l'ont été davantage sous l'effet du racisme anti-arabe traditionnel que de l'islamophobie, dont le développement est plus récent. Mais les agressions islamophobes se sont multipliées récemment, même si elles n'ont pas fait de mort (pour le moment ?), mais ça resterait à vérifier...Eugène Duhring
De mémoire ces quarante dernières années, il ne me semble pas qu'une seule famille maghrébine, une seule famille de confession musulmane, n'ait eu à subir les nombreux meurtres antisémites en France en premier lieu la tuerie de ToulouseBien entendu, et c'est pour cela que le terme a été unanimement reconnu pour souligner cette spécificité. Mais il y a aussi une spécificité de l'Islamophobie !Il y a effectivement une spécificité de l'antisémitisme
Donc pour toi les meurtres d'Ibrahim Ali et Brahim Bouarram par le FN n'ont rien à voir avec leurs origines ? Et la pléthore de crimes policiers visant des "arabes" n'ont évidemment rien à voir avec le racisme ? Tu penses donc que les Samir Abbache, Yacine Aibeche, Lahoucine Aït Omghar, Abdelhakim Adjimi, Amine Bentoussi, Zyed Benna, Mohamed Boukourou, Karim Boudouda, Taoufik El Amri, Wissam El-Yamni, Aissa Ihich, Nabil Mabtoul, Youcef Mahdi, Lassana Diara, Lamine Dieng, Mamadou Marenga, Louis Mendy, Elmi Mohammed, Karim Ramdani, Lakamy Samoura, Yakou Sanogo, Moushin Sehhoudi, Abou Bakari Tandia, Bouna Traore, Reda Semmoudi, Fethi Traore, Mostefa Ziani, Ali Ziri et tous les autres assassinés avaient la même probabilité de l'être s'ils avaient été blancs d'origine métropolitaine qu'en tant que noirs ou arabes ???
Je trouve la concurrence des racismes détestables, tous les racismes sont à combattre qu'ils visent les juifs, les arabes ou les asiatiques, mais essayer de prétendre qu'être maghrébin en France est moins dangereux qu'être juif est absolument stupide, et prétendre qu'il n'y a pas eu "une seule famille maghrébine, une seule famille de confession musulmane, n'ait eu à subir les nombreux meurtres" "ces 40 dernières années" est un mensonge qui ne peut tromper personne vivant dans la réalité. Je précise que ce n'est pas une défense des thèses des indigènes et de leurs proches qui a leur manière mettent aussi en place une concurrence des racismes dangereuse et dont la thèse "du philosémitisme d'Etat" oublie que les juifs sont les principales victimes de l'instrumentalisation pseudo antiraciste qu'en fait l'Etat Français au nom de l'antisémitisme, mais les thèses du Pir et de leurs amis sont largement critiquées partout et ne justifient en aucun cas le négationnisme raciste de militants du mouvement ouvrier traditionnel.
chejuanito- Messages : 566
Date d'inscription : 08/07/2010
Re: Racisme d'Etat
chejuanito a écrit:Eugene Duhring a écrit:Comme souvent, tes analogies et tes exemples sont foireux. Comparer le meurtre de gamins juifs avec le massacre de maghrébins est inepte : d'un côté un massacre perpétré en temps de guerre et de l'autre des meurtres "en temps de paix". La spécificité de l'antisémitisme est là ! Mais peut-être as-tu un contre-exemple un peu plus pertinent de tueries anti-islamophobes ou anti-maghrébins depuis 40 ans en France ?verié2 a écrit:Je suppose que tu veux dire : "n'ait eu à subir des meurtres comme les meurtres antisémites etc". Ce n'est pas sérieux : ce sont des centaines de Maghrébins qui ont été assassinés, notamment par la police mais pas seulement, depuis la fin de la guerre d'Algérie. Certes, d'après ce qu'on en sait, ils l'ont été davantage sous l'effet du racisme anti-arabe traditionnel que de l'islamophobie, dont le développement est plus récent. Mais les agressions islamophobes se sont multipliées récemment, même si elles n'ont pas fait de mort (pour le moment ?), mais ça resterait à vérifier...Eugène Duhring
De mémoire ces quarante dernières années, il ne me semble pas qu'une seule famille maghrébine, une seule famille de confession musulmane, n'ait eu à subir les nombreux meurtres antisémites en France en premier lieu la tuerie de ToulouseBien entendu, et c'est pour cela que le terme a été unanimement reconnu pour souligner cette spécificité. Mais il y a aussi une spécificité de l'Islamophobie !Il y a effectivement une spécificité de l'antisémitisme
Donc pour toi les meurtres d'Ibrahim Ali et Brahim Bouarram par le FN n'ont rien à voir avec leurs origines ? Et la pléthore de crimes policiers visant des "arabes" n'ont évidemment rien à voir avec le racisme ? Tu penses donc que les Samir Abbache, Yacine Aibeche, Lahoucine Aït Omghar, Abdelhakim Adjimi, Amine Bentoussi, Zyed Benna, Mohamed Boukourou, Karim Boudouda, Taoufik El Amri, Wissam El-Yamni, Aissa Ihich, Nabil Mabtoul, Youcef Mahdi, Lassana Diara, Lamine Dieng, Mamadou Marenga, Louis Mendy, Elmi Mohammed, Karim Ramdani, Lakamy Samoura, Yakou Sanogo, Moushin Sehhoudi, Abou Bakari Tandia, Bouna Traore, Reda Semmoudi, Fethi Traore, Mostefa Ziani, Ali Ziri et tous les autres assassinés avaient la même probabilité de l'être s'ils avaient été blancs d'origine métropolitaine qu'en tant que noirs ou arabes ???
Je trouve la concurrence des racismes détestables, tous les racismes sont à combattre qu'ils visent les juifs, les arabes ou les asiatiques, mais essayer de prétendre qu'être maghrébin en France est moins dangereux qu'être juif est absolument stupide, et prétendre qu'il n'y a pas eu "une seule famille maghrébine, une seule famille de confession musulmane, n'ait eu à subir les nombreux meurtres" "ces 40 dernières années" est un mensonge qui ne peut tromper personne vivant dans la réalité. Je précise que ce n'est pas une défense des thèses des indigènes et de leurs proches qui a leur manière mettent aussi en place une concurrence des racismes dangereuse et dont la thèse "du philosémitisme d'Etat" oublie que les juifs sont les principales victimes de l'instrumentalisation pseudo antiraciste qu'en fait l'Etat Français au nom de l'antisémitisme, mais les thèses du Pir et de leurs amis sont largement critiquées partout et ne justifient en aucun cas le négationnisme raciste de militants du mouvement ouvrier traditionnel.
Cette liste à la Prévert démontre essentiellement deux choses : premièrement, ce sont des meurtres perpétrés par la police, ensuite l'écrasante majorité de ces meurtres sont avant tout des meurtres de circonstance la plupart du temps durant une arrestation "musclée" ou selon la police pour répondre à une situation de danger grave par exemple pour Amine Bentounsi. Il y a à chaque fois des circonstances, une dynamique particulière où le racisme signe l'épilogue. Aucun de ces cas ou presque ne relève de la même dynamique que le meurtre par exemple de ce père de famille et de ses deux enfants à Toulouse au seul motif qu'ils étaient juifs. En quoi reconnaître la spécificité de l'antisémitisme diminuerait la place du racisme contre les maghrébins et les noirs dans notre société. En quoi ? La hiérarchie entre ces deux formes de racisme, c'est toi qui le fait, non moi. Je souligne simplement une spécificité de l'antisémitisme sans jamais oh grand jamais dire que l'un doit être plus combattu que l'autre.
Bouamama nie cette spécificité et je n'ai fait que contredire ce point de vue. Rien d'autre. Ton intervention est scandaleuse car elle ne ressort pas d'une analyse honnête de mon intervention mais d'une lecture qui préjuge de pseudo intentions qu'elle recèlerait. C'est une forme de débat malhonnête que j'abhorre par dessus tout.
Eugene Duhring- Messages : 1705
Date d'inscription : 22/09/2011
Re: Racisme d'Etat
Eugene Duhring a écrit:
Bouamama nie cette spécificité et je n'ai fait que contredire ce point de vue.
Une falsification de plus...
L'excellent texte de Said Bouamama ne fait que dénoncer la hiérarchie des racismes de l'état, chacun peut le constater. Cet acharnement à nuire est maladif.
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Racisme d'Etat
C'est ahurissant - et scandaleux ! - de lire des propos pareils sur ce forum ! As-tu entendu parler du meurtre d'Abdel Benyahia, assassiné à La Courneuve, dans un café, par un flic bourré et hors service ?Duhring
ce sont des meurtres perpétrés par la police, ensuite l'écrasante majorité de ces meurtres sont avant tout des meurtres de circonstance la plupart du temps durant une arrestation "musclée" ou selon la police pour répondre à une situation de danger grave
Ce flic n'a été condamné qu'à la suite d'une puissante mobilisation : plusieurs milliers de personnes dans la rue ! Ce n'est qu'un crime parmi beaucoup d'autres...5 décembre 1986, Pantin, un inspecteur de police, Savrey, tue un jeune Algérien de 20 ans, Abdel Benyahia, dans un café. Il avait 1,84 g d’alcool dans le sang et n’était pas en service. Pendant 48 heures, c’est le blackout total dans tous les services (police et judiciaire). La famille n’est avertie que le 8 décembre de l’endroit où a été transporté le corps. Savrey est inculpé « d’homicide involontaire » et laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Déclaration de maître Forster avocat de la famille : « C’est sur réquisition du ministère que le juge d’instruction n’a pas délivré de mandat de dépôt à l’encontre du policier ». A la cité des 4000 où habite la famille Benyahia, se constitue le Comité justice pour Abdel. Six mois après le meurtre, le crime est requalifié « d’homicide volontaire » et Savrey est incarcéré. Le procès, renvoyé aux assises a lieu les 23, 24 et 25 novembre 88. Déclarations des flics à la barre : « Vous savez bien que dans la police tout le monde boit ; un autre fonctionnaire aurait eu le même geste. On peut imaginer alcoolémie ou pas, qu’on aurait abouti au même résultat ». Réquisitoire : 8 ans . Verdict : 7 ans de reclusion.
As-tu entendu parler de Malik Oussedine tué le 6 décembre 1986 à l'occasion d'une manif étudiante...à laquelle il ne participait pas. Réfugié sous un porche, sans doute menaçait-il les flics à moto des brigades spéciales de Pasqua ?
As-tu entendu parler des mitraillages de cafés arabes et turcs, dont certains ont fait des blessés et des morts dans les années 70-80 ?
Wikipedia
Malgré l'appel au calme de l'archevêque de Marseille lancé au journal de 20 heures, des violences s'en suivent. « [D]es appels à la ratonnade sont suivis par le mitraillage de plusieurs foyers Sonacotra et des bidonvilles ». Dans la nuit du 28 au 29 août, un Algérien est abattu à la sortie d’un café et un cocktail Molotov est jeté dans une entreprise de la Ciotat où travaillent majoritairement des Algériens.
Duhring, j'admets volontiers les désaccords et les polémiques, même vives, mais cette fois tu dépasses les bornes !
Les divers crimes racistes, qu'ils soient anti-arabes, islamophobes, négrophobes, antisémites ont évidemment leurs spécificités. Mais nier la vague de crimes racistes qui a principalement frappé des personnes d'origine maghrébine depuis la fin de la guerre d'Algérie, c'est franchement une forme de négationnisme !
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Racisme d'Etat
Eugene Duhring a écrit:
Cette liste à la Prévert démontre essentiellement deux choses : premièrement, ce sont des meurtres perpétrés par la police, ensuite l'écrasante majorité de ces meurtres sont avant tout des meurtres de circonstance la plupart du temps durant une arrestation "musclée" ou selon la police pour répondre à une situation de danger grave par exemple pour Amine Bentounsi. Il y a à chaque fois des circonstances, une dynamique particulière où le racisme signe l'épilogue. Aucun de ces cas ou presque ne relève de la même dynamique que le meurtre par exemple de ce père de famille et de ses deux enfants à Toulouse au seul motif qu'ils étaient juifs. En quoi reconnaître la spécificité de l'antisémitisme diminuerait la place du racisme contre les maghrébins et les noirs dans notre société. En quoi ? La hiérarchie entre ces deux formes de racisme, c'est toi qui le fait, non moi. Je souligne simplement une spécificité de l'antisémitisme sans jamais oh grand jamais dire que l'un doit être plus combattu que l'autre.
Bouamama nie cette spécificité et je n'ai fait que contredire ce point de vue. Rien d'autre. Ton intervention est scandaleuse car elle ne ressort pas d'une analyse honnête de mon intervention mais d'une lecture qui préjuge de pseudo intentions qu'elle recèlerait. C'est une forme de débat malhonnête que j'abhorre par dessus tout.
Cher Eugène
Je note tout d'abord que tu as tout simplement ignoré les deux premiers meurtres que j'ai cité en ne parlant que des crimes policiers. Pense-tu donc que les assassinats de Brahim Bouarram et Ibrahim Ali était motivé par autre chose que le racisme et leur origine ? Des meurtres racistes par des fachos non policiers contre des maghrébins, il y en a plein, cherche dans tes souvenirs. Vérié a cité le cas d'Abdel Benyahia, on peut parler aussi du meurtre de Mohamed Maghara, de celui de Habib Grimzi, 'Imad Bouhoud, de Majid Labdaoui, Ali Rafa et bien d'autres qui n'ont que le racisme comme mobile.
Ensuite, j'ai effectivement pas mal centré ma réponse sur les crimes policiers car ils illustrent le plus clairement le racisme d'Etat (thème du fil). Tu trouves que c'est une liste à la Prévert, mais il en manque pourtant pas mal. Tu parles de "circonstances, une dynamique où le racisme signe l'épilogue", donc tu reconnais déjà que le racisme n'est pas hors de cause dans ces meurtres. Mais j'aimerais comprendre comment on peut affirmer que le racisme n'en est que l'épilogue, et donc est absent des raisons profondes de ces crimes qui ne serait que de circonstances.
1/ Tout d'abord, ce qu'on aime qualifier de bavures policières (avec le même aveuglement qui fait certains parler de dérapage quand les fachos ont des propos racistes) touche évidemment en priorité les couches les plus pauvres de la population, or n'est-ce pas du fait du racisme (et notamment institutionnel) que les maghrébins et les noirs sont sur-représentés dans ces couches les plus pauvres ?
2/Au sein des couches populaires les blancs et non-blancs n'ont évidemment pas un traitement égal, la pression particulière sur les pauvres issus de l'immigration va des contrôles au faciès aux meurtres en passant par toute la panoplie des insultes, coups, humiliations... C'est bien donc par racisme qu'on trouve autant de noirs et d'arabes dans les victimes de la police.
3/ Sur les meurtres mêmes, ils sont loin de tous relever des circonstances que tu décris. Par exemple, j'ai pas mal bossé sur celui d'Aissa Ihich, tabassé sauvagement sans la moindre raison puis privé de ses médicaments en plein crise d'asthme, le motif raciste est clairement présent.
Tu sous-entends que reconnaitre la spécificité de l'antisémitisme me poserait problème. Absolument pas, il y en a beaucoup, mais cette spécificité ne repose en aucun cas sur le fait d'être victimes d'assassinats du seul fait de son appartenance à une minorité. Hélas, de pareils crimes négrophobes ou d'arabicides (pour reprendre l'expression de Giudice) sont légion.
Enfin, tu trouves mon intervention scandaleuse et malhonnête car ne relevant pas d'une analyse honnête. J'admets que je n'avais pas du tout la prétention d'une analyse, honnête ou non, mais juste de montrer que tu mentais en disant "Comparer le meurtre de gamins juifs avec le massacre de maghrébins est inepte : d'un côté un massacre perpétré en temps de guerre et de l'autre des meurtres "en temps de paix". La spécificité de l'antisémitisme est là !" et également répondre à ta demande quand tu demandais des contre-exemple de tueries anti-maghrébin ces 40 dernières années.
Sauf qu'une fois que ces exemples fournis, tu te contentes de les délégitimer et de les nier (tout en reconnaissant tes tords en filigrane puisque tu dis "Aucun de ces cas ou presque ne relève de la même dynamique" le "ou presque" venant donc à l'encontre de ton idée choc comme quoi les arabes ne sont pas tués juste pour leur origine contrairement aux juifs.
Enfin, pour essayer de t'en sortir tu tentes lamentablement de retourner les accusations contre ton interlocuteur en prétendant que c'est moi qui hiérarchise les racismes. Cite donc une phrase ou je minore l'antisémitisme !
Enfin pour ma part ce débat est clos car au-delà de la recherche de vérité factuelle, je ne vois pas l'intérêt de chercher à savoir quel racisme tue ou non et s'il tue par lui-même ou mélé à d'autres facteurs. Les milliers de personnes frappées, insultées, tuées par la misère, les lois discriminatoires... tout cela prouve que les différentes formes de racismes sont en net progrès ces temps-ci. Ces derniers temps, c'est effectivement le déchainement contre les arabes et les musulmans qui a le vent en poupe (en dehors des mouvances conspirationnistes et pétainistes qui privilégient toujours l'antisémitisme) et c'est une donnée à prendre en compte. L'islamophobie est une nouvelle (pas tant que ça mais nouvelle à cette échelle) forme de racisme qu'il est important d'analyser, cela ne doit évidemment pas amener à minimiser l'antisémitisme mais je pense que c'est une connerie de tenir à le préciser car cela sous-entend une possible opposition entre les deux qui ne servira que les islamophobes et les antisémites (qui bien souvent sont les mêmes).
Puisque je parlais en supra de Brahim Bouarram, j'en profite pour rappeler le rassemblement à sa mémoire qui aura lieu à Paris comme tous les ans le 1er mai.
chejuanito- Messages : 566
Date d'inscription : 08/07/2010
Re: Racisme d'Etat
Ensuite MO n'a visiblement pas l'intention de débattre de la lutte des classes, des travailleurs. Ses interventions restent cantonnées dans le registre de l'islamophobie en multipliant les fils, en faisant feu de tout bois sur le sujet. C'est particulièrement énervant.
En tous cas pas lorsqu'il s'agit de "petits blancs" ou de ceux d'origine immigrée qui ne se reconnaissent pas (ou plus) dans une identité religieuse et qui même parfois la renient ouvertement. Et surtout pas de ceux qui continuent (ou qui commencent) à se reconnaître avant tout dans une identité de classe, une identité d'exploités, toutes origines et cultures confondues. Ceux qui ne se considèrent nullement comme des "indigènes" mais simplement comme des prolétaires opprimés par des capitalistes. Ceux qui se considèrent plus proches d'un ouvrier mécréant qui subit comme eux, que d'un riche dévot. Ceux qui, maghrébins d'origine, exècrent les islamistes qui veulent les isoler en creusant un fossé de haine entre travailleurs et opprimés, sur des bases racistes ou (supposées) religieuses)..
hadrien- Messages : 285
Date d'inscription : 09/02/2015
Re: Racisme d'Etat
hadrien a écrit:
Ceux qui, maghrébins d'origine, exècrent les islamistes qui veulent les isoler en creusant un fossé de haine entre travailleurs et opprimés, sur des bases racistes ou (supposées) religieuses)..
Hadrien ne considère que les français issus de l'immigration "assimilés" et invisibles, ces français qui doivent oublier une partie de leur identités, ces hommes et ces femmes issues de l'immigration qui doivent s'incliner devant les toubabs de l'organisation communautariste blanche LO, les fantassins du dévoilement des musulmanes réelles ou supposées.
Ceux qui refusent sont classés par les communautaristes blancs comme ennemis de la classe ouvrière, des diviseurs... les mêmes termes employés par la même organisation, LO, contre le mouvement féministes il y a quelques années. Le temps passe, les tares dégénératives restent.
Mais le plus abject c'est la phrase " Ceux qui, maghrébins d'origine, exècrent les islamistes..." Pourquoi cette partition pour ce qui va de soi pour la totalité des classes populaires issues de l'immigration ? Hadrien tisse le lien raciste qui relierait les musulmans qu'ils soit athées ou pratiquants ou non avec l'islamisme avec lequel la rupture devrait être tatouée sur chacun de leur front.
Cette essentialisation de l'islam dans un tout cohérent allant du musulman réel ou supposé jusqu'au criminel terroriste est une donnée partagé par la totalité des racistes islamophobes de l’extrême droite jusqu'à LO. C'est également le fondement idéologique de "l'axe du mal" de l'impérialisme américain et de la société ségrégationniste du sionisme d'Israel. Combattre et défaire ce racisme islamophobe est bien un axe majeur pour rassembler le prolétariat précisément constitué pour une grande partie par les travailleurs issus de l'immigration coloniale et post coloniale.
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Racisme d'Etat
https://www.youtube.com/watch?v=6pnv8IcVQxU#t=142
http://www.npa2009.org/videos/o-besancenot-heureusement-quon-etait-calme
http://www.npa2009.org/videos/o-besancenot-heureusement-quon-etait-calme
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Racisme d'Etat
http://www.huffpostmaghreb.com/2015/06/17/pierre-stambul-schneiderman-raid-bac_n_7603902.html?1434554643Après Pierre Stambul, Daniel Schneidermann: "Une fausse dénonciation et 30 policiers en bas de chez moi".
HuffPost Algérie | Par Hebba Selim
Publication: 17/06/2015 17h22 CEST Mis à jour: 18/06/2015 00h29 CEST
"Une fausse dénonciation et 30 policiers en bas de chez moi". C'est ainsi que Daniel Schneiderman, fondateur d'@rrêt sur images, résume sa "mésaventure nocturne".
Une mésaventure peu banale puisqu'il s'agit d'une dénonciation calomnieuse l'accusant d'avoir assassiné sa femme qui se traduit par une descente des éléments de la Brigade anti-criminalité (BAC) à son domicile. Le même scénario qui a vu une descente brutale des éléments du RAID contre le militant pro-palestinien et coprésident de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Pierre Stambul.
Daniel Shneidermann n'était pas chez lui. Il n'a pas eu droit au traitement particulièrement musclé subi par Pierre Stambul. Son cas ressemble à celui de Jean-Claude Lefort, député honoraire et ancien président de l’Association France Palestine Solidarité qui a eu droit à la BAC (brigade anti-criminalité) et qui était absent de chez lui au moment de la descente.
LIRE AUSSI : Pourquoi les grands médias français occultent-ils la descente du RAID contre Pierre Stambul ?
Une année plus tôt ce sont les journalistes de Rue89, Pierre Haski et Benoit Le Corre ont eu droit à ces manipulations imputées à Ulcan, un hacker sioniste qui agit en toute impunité à partir d'Israël. Les affaires Pierre Stambul et Jean-Claude Lefort ont été très peu médiatisées en France au point de susciter des interrogations sur les motivations de ce black-out.
"A mon tour"
"A mon tour", écrit le fondateur d'@rrêt sur images en racontant avoir été "dans la nuit de mardi à mercredi, victime du dénommé Gregory Chelli, hacker sioniste bien connu ici, ou de ses frères, ou de ses cousins, ou de ses disciples, ou de ses fans."
Le même scénario que pour Pierre Stambul, "décidément, ces gens manquent d'imagination", observe-t-il avec ironie : " le commissariat de mon arrondissement reçoit en pleine nuit l’appel d’un correspondant qui se fait passer pour moi. Ce correspondant affirme qu’il vient de tuer sa femme, et qu’il est retranché chez lui, prêt à tirer sur la police".
Le coup a raté, note Daniel Schneidermann, " je n’étais pas sur la place, et les policiers, à la différence de leurs collègues marseillais du Raid, ont eu la présence d’esprit de ne pas défoncer ma porte. On ne saurait trop saluer la présence d’esprit de la BAC de Paris".
Le fondateur d'arrêt sur image souligne que la "cyberguerre que mènent certains ultra-pro-israéliens contre ceux qu’ils perçoivent comme des adversaires" ne les intimidera pas et que "notre parole restera libre". Il refuse cependant de faire du "combat contre cette bande de sinistres plaisantins un combat personnel du site, au risque, évidemment, de donner à leurs actions un écho disproportionné".
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Racisme d'Etat
MO2014 pourrait nous expliquer en quoi c'est du racisme d'état ?
Ce sont les extremistes pro israeliens qui dirigent l'état, c'est ca ?
Ce sont les extremistes pro israeliens qui dirigent l'état, c'est ca ?
marxmarx- Messages : 161
Date d'inscription : 13/01/2015
Re: Racisme d'Etat
Je ne voudrais surtout pas te faire changer d'avis sur l'état que tu cautionnes avec autant d'ardeur :
marxmarx a écrit:...on est loin d 'un état colonial et raciste dénoncé pourtant dans les textes.
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Racisme d'Etat
Ce sont les extremistes pro israeliens qui dirigent l'état, c'est ca ?
Sans aller forcément jusque là, ils sont quand même très ben tolérés et beaucoup moins poursuivis que d'autres. Et l'Etat qu'ils soutiennent a violé dieu saIt combien de résolutions de l'ONU sans problème et sans sanctions.Il y a des pays qui se sont retrouvés sous embargo pour bien moins que ça.
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Racisme d'Etat
MO2014 a écrit:Je ne voudrais surtout pas te faire changer d'avis sur l'état que tu cautionnes avec autant d'ardeur :marxmarx a écrit:...on est loin d 'un état colonial et raciste dénoncé pourtant dans les textes.
Drole de voir que tu n'oses meme pas assumer ton propos en le précisant. Tu préfères te complaire dans une ironie de petit bourge, qui sert à masquer des idées infectes.
La vérité dans son plus simple appareil :
MO2014 évoque la provocation criminelle d'un hacker probablement ultra sioniste... et considère que c'est l'état français qui est derrière ça !
Les masques tombent petit à petit, tout se recoupe avec le "philosemitisme d'état" dénoncé par Bouteldja.
marxmarx- Messages : 161
Date d'inscription : 13/01/2015
Re: Racisme d'Etat
Je laisse l'autre raciste ma calomnier -c'est bon signe , en me prêtant des propos que je n'ai jamais écris (il est d'ailleurs incapable de les citer)
Retour au sujet (mais c'est pas facile avec la meute des aboyeurs de l'organisation communautariste blanche) une petite bonne nouvelle :
Retour au sujet (mais c'est pas facile avec la meute des aboyeurs de l'organisation communautariste blanche) une petite bonne nouvelle :
L'Etat condamné pour "faute lourde" pour cinq cas de "contrôles au faciès"
Les policiers ont bien abusé de leur autorité en contrôlant, sans ménagement, ces cinq hommes noirs ou d'origine maghrébine. L'État va devoir les indemniser.
Contrôle d'identité à Marseille le 6 mars 2013. (archives)
Crédit : AFP / GERARD JULIEN
Contrôle d'identité à Marseille le 6 mars 2013. (archives)
par La rédaction numérique de RTL publié le 24/06/2015 à 14:10 mis à jour le 24/06/2015 à 14:49
C'est une première en France. La justice a condamné l'État pour "faute lourde" dans cinq cas de "contrôles au faciès" ce mercredi 24 juin, ont annoncé à la presse les avocats des demandeurs.
L'État s'est vu ordonner, par la cour d'appel de Paris, de verser 1.500 euros de dommages et intérêts pour chaque victime, selon Me Félix de Belloy.
Sur 13 plaignants noirs ou d'origine arabe, ayant dénoncé des contrôles d'identité abusifs, la justice a donc donné raison à cinq hommes. La cour a jugé que ces contrôles n'étaient "pas justifiés", qu'ils "étaient bien discriminatoires", précise l'avocat. En première instance, en octobre 2013, le tribunal avait débouté tous les plaignants, estimant qu'ils n'avaient pas prouvé la discrimination.
Contrôles abusifs
Âgés de 18 à 35 ans, étudiants ou salariés et sans casier judiciaire, les plaignants avaient pour "caractéristique commune (...) leur origine ou leur couleur de peau", avait résumé leur autre avocat, Me Slim Ben Achour, lors de l'audience en appel en février.
Tous avaient fait état de contrôles abusifs, parfois associés à des palpations, des marques de mépris ou un tutoiement. Ils réclamaient 10.000 euros de dommages et intérêts chacun.
Le Défenseur des droits soutenait leur démarche. Il a réclamé que les contrôles d'identité soient "suffisamment encadrés" et offrent des "garanties" contre les abus. L'avocat de l'institution a aussi fait valoir (...) qu'il revenait à l'État de faire la démonstration qu'il n'y a pas eu traitement discriminatoire et non aux citoyens de prouver l'inverse".
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Racisme d'Etat
La vérité dans son plus simple appareil :
MO2014 évoque la provocation criminelle d'un hacker probablement ultra sioniste... et considère que c'est l'état français qui est derrière ça !
Faut être aveugle pour voir que l'Etat français soutient les sionistes, tant en France qu'en Israel. Forsane Alizza ou Kemi Seba se ont dissoudre leurs orgas, la LDJ parade sous protection policière...Les dirigeants s'e battent pour être au dîner du CRIF...Les diplomates français à Jérusalem sont traités comme des chiens sans aucune démarche du gouvernement...
Ouvre les yeux, pas besoin d'être 2 fois Marx pour constater.
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Racisme d'Etat
Les diplomates français à Jérusalem sont traités comme des chiens
Bizarre...
" l'Etat français soutient les sionistes, tant en France qu'en Israel."
Et ses diplomates sont "traités comme des chiens"...
hadrien- Messages : 285
Date d'inscription : 09/02/2015
Re: Racisme d'Etat
C'est bien le problème, justement... L'Etat sioniste se sent suffisamment fort du soutien des USA et d'autres pays et se permet des choses qui auraient amené à un embargo s'il s'agissait d'un état autre, Irak ou Iran, par exemple.
Mais bon si tu es content du gouvernement actuel, grand bien te fasse
Mais bon si tu es content du gouvernement actuel, grand bien te fasse
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Page 1 sur 2 • 1, 2
Page 1 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum