Mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis
3 participants
Page 1 sur 1
Mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis
Reportage d'époque sur la "marche contre la peur" en juin 1966. L'accent est mis sur le débat stratégique au sein du mouvement entre Martin Luther King, James Meredith, et Stokeley Carmichael, qui défend le slogan "black power". Amusant comme le reportage le présente comme "le plus dangereux" en précisant pourquoi : il veut des droits égaux pour les noirs et les blancs et considèrent que les noirs doivent se battre dans leur propre pays pour leur droit, et non au Vietnam.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis
Lettre aux « Blancs modérés » à propos de la légitime impatience des Noirs par Martin Luther King
À l’occasion du quarantième anniversaire de l’assassinat de Martin
Luther King, et de la reparution de ses écrits et discours aux
éditions Bayard, nous republions des extraits choisis d’un
de ses textes les plus forts : la Lettre de la geôle de Birmingham.
Très loin de l’image aseptisée du pasteur qu’a construite l’idéologie
dominante, plus loin encore des appels à la « tolérance », au «
vivre-ensemble » et autres mots creux de l’antiracisme étatique et
institutionnel, cette lettre propose l’une des analyses les plus
profondes du racisme, de ses conséquences subjectives sur celles et
ceux qui le subissent, et de la remarquable capacité de cécité et
d’indifférence dont il peut faire l’objet, jusque chez les plus
sincères antiracistes.
Écrite en avril 1963 pendant un séjour en prison, suite à une « action directe de désobéissance civique » (occupation par des Blancs et des Noirs de lieux publics légalement réservés aux Blancs), cette lettre est adressée aux « blancs modérés », c’est-à-dire aux Blancs qui reconnaissent le caractère illégitime de la ségrégation raciale, mais qui reprochent aux activistes noirs d’être trop « impatients », trop « extrémistes », et d’utiliser des moyens de lutte illégaux. Au « paternalisme » des Blancs modérés, et à leur croyance au « mythe du temps-qui-travaille-pour-vous », Martin Luther King oppose la légitime impatience des victimes du racisme, et revendique une certaine forme d’ extrémisme positif.
L’un de vos arguments fondamentaux est que notre action se produit à un mauvais moment. Certains ont demandé :
« Pourquoi ne pas avoir donné aux nouveaux élus le temps d’agir ? ».
La seule réponse que nous pouvons donner, c’est que le nouveau pouvoir, comme l’ancien, a besoin d’être bousculé pour enfin agir.
(…)
L’histoire est la longue et tragique illustration du fait que les groupes privilégiés cèdent rarement leurs privilèges sans y être contraints. Il arrive que des individus soient touchés par la lumière de la morale et renoncent d’eux même à leurs attitudes injustes, mais les groupes ont rarement autant de moralité que les individus. Nous avons douloureusement appris que la liberté n’est jamais accordée de bon gré par l’oppresseur : elle doit être exigée par l’opprimé. Franchement, je ne me suis jamais engagé dans un mouvement d’action directe à un moment jugé « opportun », d’après le calendrier de ceux qui n’ont pas indûment subi les maux de la ségrégation.
« Attendez ! » [2]
Depuis des années, j’entends ce mot : « Attendez ! ». Il résonne à mon oreille, comme à celle de chaque Noir, avec une perçante familiarité. Cet « Attendez » a presque toujours signifié : « Jamais ! ».
(…)
Il nous faut constater avec l’un de nos éminents juristes que « Justice trop tardive est déni de justice ». Nous avons attendu pendant plus de trois cent quarante ans les droits constitutionnels dont nous a doté notre Créateur. Les nations d’Asie et d’Afrique progressent vers l’indépendance politique à la vitesse d’un avion à réaction, et nous nous traînons encore à l’allure d’une voiture à cheval vers le droit de prendre une tasse de café au comptoir.
Ceux qui n’ont jamais senti le dard brûlant de la ségrégation raciale ont beau jeu de dire : « Attendez ! ». Mais quand vous avez vu des populaces vicieuses lyncher à volonté vos pères et mères, noyer à plaisir vos frères et sœurs ; quand vous avez vu des policiers pleins de haine maudire, frapper, brutaliser et même tuer vos frères et soeurs noirs en toute impunité ; quand vous voyez la grande majorité de vos vingt millions de frères noirs étouffer dans la prison fétide de la pauvreté, au sein d’une société opulente ; quand vous sentez votre langue se nouer et votre voix vous manquer pour tenter d’expliquer à votre petite fille de six ans pourquoi elle ne peut aller au parc d’attractions qui vient de faire l’objet d’une publicité à la télévision ; quand vous voyez les larmes affluer dans ses petits yeux parce que ce parc est fermé aux enfants de couleur ; quand vous voyez les nuages déprimants d’un sentiment d’infériorité se former dans son petit ciel mental ; quand vous la voyez commencer à oblitérer sa petite personnalité en sécrétant inconsciemment une amertume à l’égard des Blancs ; quand vous devez inventer une explication pour votre petit garçon de cinq ans qui vous demande dans son langage pathétique et torturant : « Papa, pourquoi les Blancs sont si méchants avec ceux de couleur ? » ; quand, au cours de vos voyages, vous devez dormir nuit après nuit sur le siège inconfortable de votre voiture parce que aucun motel ne vous acceptera ; quand vous êtes humilié jour après jour par des pancartes narquoises : « Blancs », « Noirs » ; quand votre prénom est « négro » et votre nom « mon garçon » (quel que soit votre âge) ou « John » ; quand votre mère et votre femme ne sont jamais appelées respectueusement « Madame » ; quand vous êtes harcelé le jour et hanté la nuit par le fait que vous êtes un nègre, marchant toujours sur la pointe des pieds sans savoir ce qui va vous arriver l’instant d’après, accablé de peur à l’intérieur et de ressentiment à l’extérieur ; quand vous combattez sans cesse le sentiment dévastateur de n’être personne ; alors vous comprenez pourquoi nous trouvons si difficile d’attendre.
Il vient un temps où la coupe est pleine et où les hommes ne supportent plus de se trouver plongés dans les abîmes du désespoir. J’espère, Messieurs, que vous pourrez comprendre notre légitime et inévitable impatience.
« Pourquoi prônez-vous la désobéissance ? »
Vous exprimez une grande inquiétude à l’idée que nous sommes disposés à enfreindre la loi. Voilà certainement un souci légitime. Comme nous avons si diligemment prôné l’obéissance à l’arrêt de la Cour suprême interdisant, en 1954, la ségrégation dans les écoles publiques, il peut sembler paradoxal, au premier abord, de nous voir enfreindre la loi en toute conscience. On pourrait fort bien nous demander :
« Comment pouvez-vous recommander de violer certaines lois et d’en respecter certaines autres ? »
La réponse repose sur le fait qu’il existe deux catégories de lois : celles qui sont justes et celles qui sont injustes. Je suis le premier à prêcher l’obéissance aux lois justes. L’obéissance aux lois justes n’est pas seulement un devoir juridique, c’est aussi un devoir moral. Inversement, chacun est moralement tenu de désobéir aux lois injustes. J’abonderais dans le sens de Saint Augustin pour qui « une loi injuste n’est pas une loi ».
Quelle est la différence entre les unes et les autres ? Comment déterminer si une loi est juste ou injuste ? Une loi juste est une prescription établie par l’homme en conformité avec la loi morale ou la loi de Dieu. Une loi injuste est une prescription qui ne se trouve pas en harmonie avec la loi morale. Pour le dire dans les termes qu’emploie saint Thomas d’Aquin, une loi injuste est une loi humaine qui ne plonge pas ses racines dans la loi naturelle et éternelle. Toute loi qui élève la personne humaine est juste. Toute loi qui la dégrade est injuste. Toute loi qui impose la ségrégation est injuste car la ségrégation déforme l’âme et endommage la personnalité. Elle donne à celui qui l’impose un fallacieux sentiment de supériorité et à celui qui la subit un fallacieux sentiment d’infériorité.
(…)
Nous ne pourrons jamais oublier que tous les agissements de Hitler en Allemagne étaient « légaux » et que tous les actes des combattants de la liberté en Hongrie étaient « illégaux ». Il était « illégal » d’aider et de réconforter un juif dans l’Allemagne de Hitler. Mais je suis sûr que si j’avais vécu en Allemagne à cette époque-là, j’aurais aidé et réconforté mes frères juifs même si c’était illégal.
(…)
« Vous provoquez des tensions ! »
Je dois vous faire deux aveux sincères, mes frères chrétiens et juifs. Tout d’abord je dois vous avouer que, ces dernières années, j’ai été gravement déçu par les Blancs modérés. J’en suis presque arrivé à la conclusion regrettable que le grand obstacle opposé aux Noirs en lutte pour leur liberté, ce n’est pas le membre du Conseil des citoyens blancs ni celui du Ku Klux Klan, mais le Blanc modéré qui est plus attaché à l’« ordre » qu’à la justice ; qui préfère une paix négative issue d’une absence de tensions à une paix positive issue d’une victoire de la justice ; qui répète constamment : « Je suis d’accord avec vous sur les objectifs, mais je ne peux approuver vos méthodes d’action directe » ; qui croit pouvoir fixer, en bon paternaliste, un calendrier pour la libération d’un autre homme ; qui cultive le mythe du « temps-qui-travaille-pour-vous » et conseille constamment au Noir d’attendre « un moment plus opportun ». La compréhension superficielle des gens de bonne volonté est plus frustrante que l’incompréhension totale des gens mal intentionnés. Une acceptation tiède est plus irritante qu’un refus pur et simple.
(…)
J’avais espéré que les blancs modérés le comprendraient : la loi et l’ordre ont pour objet l’établissement de la justice ; quand ils viennent à y manquer, ils se transforment en dangereux barrages dressés contre le progrès social. J’avais espéré que les blancs modérés le comprendraient : l’état de tension actuel dans le Sud n’est qu’une transition nécessaire : il nous faut sortir d’une phase détestable de paix négative, où le noir accepte passivement son sort injuste, et entrer dans une phase de paix positive et pleine de sens, où tous les hommes respecteront la dignité et la valeur de la personne humaine.
En réalité, ce n’est pas nous qui créons la tension en nous lançant dans l’action directe non-violente de désobéissance civique. Nous nous contentons de rendre visible une tension cachée qui existe déjà. Nous l’étalons au grand jour, là où elle peut être observée et traitée. Comme un abcès qui ne peut pas être traité et guéri tant qu’il reste interne, invisible, mais qui doit être ouvert et exposé, dans toute sa laideur purulente, aux remèdes naturels que sont l’air et la lumière, de même l’injustice doit être exposée, avec toutes les tensions que cela entraîne, à la lumière de la conscience humaine et à l’air de l’opinion publique, avant de pouvoir être guérie.
Dans votre déclaration, vous affirmez que nos actions, bien que pacifiques, doivent être condamnées car elles précipitent la violence. Mais peut-on procéder à une telle assertion en bonne logique ?
Cela ne revient-il pas à condamner la victime d’un vol sous prétexte qu’en ayant de l’argent elle a poussé le coupable à commettre un acte de malhonnêteté répréhensible ?
Cela ne revient-il pas à condamner Socrate sous prétexte que son inébranlable attachement à la vérité et ses réflexions philosophiques ont poussé une opinion publique dévoyée à lui faire boire la ciguë ?
Cela ne revient-il pas à condamner Jésus, sous prétexte que son souci sans pareil de Dieu et sa soumission incessante à la volonté de celui-ci ont précipité le geste pervers de ceux qui l’ont crucifïé ?
Comme les juges fédéraux l’ont sans cesse affirmé et comme nous devons l’admettre : il est immoral de demander à un individu qu’il renonce à s’efforcer d’obtenir ses droits constitutionnels fondamentaux sous prétexte que sa quête précipite la violence. La société doit protéger la victime et châtier le voleur.
« Faîtes confiance au temps : il travaille pour vous ! »
J’avais également espéré que les Blancs modérés rejetteraient le mythe du « temps-qui-travaille-pour-vous ».
J’ai reçu ce matin une lettre d’un de nos frères blancs au Texas. Il me dit :
« Tous les chrétiens savent que les personnes de couleur obtiendront un jour l’égalité des droits, mais il est possible que votre hâte religieuse soit trop grande. Il a fallu près de deux mille ans à la chrétienté pour accomplir ce qu’elle a accompli. Il faut du temps pour que l’enseignement du Christ s’impose ici-bas. »
Tout ce que dit mon correspondant résulte d’une conception tragiquement erronée de l’action du temps. Prétendre que le temps, à lui seul, guérira inéluctablement tous les maux, voilà une idée étrangement irrationnelle. En réalité, le temps est neutre : il peut être utilisé pour construire ou pour détruire. J’en suis venu à penser que les hommes de mauvaise volonté l’ont mis à profit bien plus efficacement que les hommes de bonne volonté. Notre génération ne doit pas se reprocher seulement les actes et les paroles au vitriol des méchants, mais aussi l’effrayant silence des justes. Nous devons admettre que le progrès de l’humanité ne roule jamais sur les roues de l’inéluctabilité. Il n’est amené que par les efforts inlassables et persistants des hommes qui ont la volonté de collaborer à l’oeuvre de Dieu. Sans ce dur labeur, le temps lui-même devient l’allié des forces de stagnation sociale.
(…)
« Ne soyez pas extrêmistes ! »
Les opprimés ne peuvent demeurer dans l’oppression à jamais. Le moment vient toujours où ils proclament leur besoin de liberté. Et c’est ce qui se produit actuellement pour le Noir américain. Quelque chose, au-dedans de lui-même, lui a rappelé son droit naturel à la liberté et quelque chose en dehors de lui-même lui a rappelé que cette liberté, il pouvait la conquérir. Consciemment ou inconsciemment, il a été saisi par ce que les Allemands appellent le Zeitgeist [3] et, avec ses frères noirs d’Afrique, ses frères bruns ou jaunes d’Asie, d’Amérique du Sud et des Antilles, il avance avec un sentiment d’urgence cosmique vers la Terre promise de la justice raciale.
En observant cet élan vital qui s’est emparé de la communauté noire, chacun devrait aisément s’expliquer les manifestations qui ont lieu sur la voie publique. Il y a chez le Noir beaucoup de ressentiments accumulés et de frustrations latentes : il a bien besoin de leur donner libre cours.
(…)
S’il ne défoule pas, par des voies non violentes, ses émotions réprimées, celles-ci s’exprimeront par la violence. Ce n’est pas une menace mais un fait historique. Je n’ai pas demandé à mon peuple : « Oublie tes sujets de mécontentement. » J’ai tenté de lui dire, tout au contraire, que son mécontentement était sain, normal, et qu’il pouvait être canalisé vers l’expression créatrice d’une action directe non violente. C’est cela qui est dénoncé aujourd’hui comme extrémiste.
Je dois admettre que j’ai tout d’abord été déçu de le voir ainsi qualifié. Mais en continuant de réfléchir à la question, j’ai progressivement ressenti une certaine satisfaction d’être considéré comme un extrémiste.
Jésus n’était-il pas un extrémiste de l’amour – « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous maltraitent » ?
Amos n’était-il pas un extrémiste de la justice – « Que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable » ?
(…)
Abraham Lincoln n’était-il pas un extrémiste – « Notre nation ne peut survivre mi-libre, mi-esclave » ?
Thomas Jefferson n’était-il pas un extrémiste – « Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes : tous les hommes ont été créés égaux » ?
Aussi la question n’est-elle pas de savoir si nous voulons être des extrémistes, mais de savoir quelle sorte d’extrémistes nous voulons être. Serons-nous des extrémistes pour l’amour ou pour la haine ? Serons-nous des extrémistes pour la préservation de l’injustice ou pour la cause de la justice ?
(…)
J’avais espéré que les blancs modérés le comprendraient. Il se peut que j’aie été trop optimiste. Il se peut que j’ai trop attendu d’eux. J’aurais dû comprendre que parmi les membres d’une race qui en a opprimé une autre, il en est peu qui puissent comprendre ou mesurer les revendications profondes et les espoirs passionnés de ceux qui ont été opprimés – et moins encore qui aient la lucidité de voir que seule une action vigoureuse, persistante, déterminée, peut déraciner l’injustice. C’est pourtant avec un sentiment de reconnaissance que je vois certains de nos frères blancs saisir la signification de notre révolution sociale et s’y dévouer. Leur nombre est bien trop faible encore, mais leur qualité est considérable. Certains, comme Ralph Mc Gill, Lilian Smith, Harry Golden et James Abb, ont témoigné par écrit de notre lutte, en des termes prophétiques et pénétrants. D’autres ont manifesté avec nous dans les rues anonymes du Sud. Ils ont langui dans des prisons immondes, infestées de cafards, subi les abus et les brutalités de policiers en colère qui les traitaient de « sales lécheurs de nègres ». À l’inverse de beaucoup de leurs frères et sœurs modérés, ils ont reconnu l’urgence du moment et senti le besoin d’un puissant antidote, sous forme d’action, pour combattre la maladie de la ségrégation.
P.-S.
La Lettre de la geôle de Birmingham figure parmi les textes regroupés dans le recueil Je fais un rêve, pubié aux éditions Bayard (avril 2008, 12 euro)
Notes
[1] Occupation par des Blancs et des Noirs de lieux publics légalement réservés aux Blancs.
[2] Les intertitres sont rajoutés par le Collectif Les mots sont importants
[3] Littéralement : « esprit du temps ».
À l’occasion du quarantième anniversaire de l’assassinat de Martin
Luther King, et de la reparution de ses écrits et discours aux
éditions Bayard, nous republions des extraits choisis d’un
de ses textes les plus forts : la Lettre de la geôle de Birmingham.
Très loin de l’image aseptisée du pasteur qu’a construite l’idéologie
dominante, plus loin encore des appels à la « tolérance », au «
vivre-ensemble » et autres mots creux de l’antiracisme étatique et
institutionnel, cette lettre propose l’une des analyses les plus
profondes du racisme, de ses conséquences subjectives sur celles et
ceux qui le subissent, et de la remarquable capacité de cécité et
d’indifférence dont il peut faire l’objet, jusque chez les plus
sincères antiracistes.
Écrite en avril 1963 pendant un séjour en prison, suite à une « action directe de désobéissance civique » (occupation par des Blancs et des Noirs de lieux publics légalement réservés aux Blancs), cette lettre est adressée aux « blancs modérés », c’est-à-dire aux Blancs qui reconnaissent le caractère illégitime de la ségrégation raciale, mais qui reprochent aux activistes noirs d’être trop « impatients », trop « extrémistes », et d’utiliser des moyens de lutte illégaux. Au « paternalisme » des Blancs modérés, et à leur croyance au « mythe du temps-qui-travaille-pour-vous », Martin Luther King oppose la légitime impatience des victimes du racisme, et revendique une certaine forme d’ extrémisme positif.
L’un de vos arguments fondamentaux est que notre action se produit à un mauvais moment. Certains ont demandé :
« Pourquoi ne pas avoir donné aux nouveaux élus le temps d’agir ? ».
La seule réponse que nous pouvons donner, c’est que le nouveau pouvoir, comme l’ancien, a besoin d’être bousculé pour enfin agir.
(…)
L’histoire est la longue et tragique illustration du fait que les groupes privilégiés cèdent rarement leurs privilèges sans y être contraints. Il arrive que des individus soient touchés par la lumière de la morale et renoncent d’eux même à leurs attitudes injustes, mais les groupes ont rarement autant de moralité que les individus. Nous avons douloureusement appris que la liberté n’est jamais accordée de bon gré par l’oppresseur : elle doit être exigée par l’opprimé. Franchement, je ne me suis jamais engagé dans un mouvement d’action directe à un moment jugé « opportun », d’après le calendrier de ceux qui n’ont pas indûment subi les maux de la ségrégation.
« Attendez ! » [2]
Depuis des années, j’entends ce mot : « Attendez ! ». Il résonne à mon oreille, comme à celle de chaque Noir, avec une perçante familiarité. Cet « Attendez » a presque toujours signifié : « Jamais ! ».
(…)
Il nous faut constater avec l’un de nos éminents juristes que « Justice trop tardive est déni de justice ». Nous avons attendu pendant plus de trois cent quarante ans les droits constitutionnels dont nous a doté notre Créateur. Les nations d’Asie et d’Afrique progressent vers l’indépendance politique à la vitesse d’un avion à réaction, et nous nous traînons encore à l’allure d’une voiture à cheval vers le droit de prendre une tasse de café au comptoir.
Ceux qui n’ont jamais senti le dard brûlant de la ségrégation raciale ont beau jeu de dire : « Attendez ! ». Mais quand vous avez vu des populaces vicieuses lyncher à volonté vos pères et mères, noyer à plaisir vos frères et sœurs ; quand vous avez vu des policiers pleins de haine maudire, frapper, brutaliser et même tuer vos frères et soeurs noirs en toute impunité ; quand vous voyez la grande majorité de vos vingt millions de frères noirs étouffer dans la prison fétide de la pauvreté, au sein d’une société opulente ; quand vous sentez votre langue se nouer et votre voix vous manquer pour tenter d’expliquer à votre petite fille de six ans pourquoi elle ne peut aller au parc d’attractions qui vient de faire l’objet d’une publicité à la télévision ; quand vous voyez les larmes affluer dans ses petits yeux parce que ce parc est fermé aux enfants de couleur ; quand vous voyez les nuages déprimants d’un sentiment d’infériorité se former dans son petit ciel mental ; quand vous la voyez commencer à oblitérer sa petite personnalité en sécrétant inconsciemment une amertume à l’égard des Blancs ; quand vous devez inventer une explication pour votre petit garçon de cinq ans qui vous demande dans son langage pathétique et torturant : « Papa, pourquoi les Blancs sont si méchants avec ceux de couleur ? » ; quand, au cours de vos voyages, vous devez dormir nuit après nuit sur le siège inconfortable de votre voiture parce que aucun motel ne vous acceptera ; quand vous êtes humilié jour après jour par des pancartes narquoises : « Blancs », « Noirs » ; quand votre prénom est « négro » et votre nom « mon garçon » (quel que soit votre âge) ou « John » ; quand votre mère et votre femme ne sont jamais appelées respectueusement « Madame » ; quand vous êtes harcelé le jour et hanté la nuit par le fait que vous êtes un nègre, marchant toujours sur la pointe des pieds sans savoir ce qui va vous arriver l’instant d’après, accablé de peur à l’intérieur et de ressentiment à l’extérieur ; quand vous combattez sans cesse le sentiment dévastateur de n’être personne ; alors vous comprenez pourquoi nous trouvons si difficile d’attendre.
Il vient un temps où la coupe est pleine et où les hommes ne supportent plus de se trouver plongés dans les abîmes du désespoir. J’espère, Messieurs, que vous pourrez comprendre notre légitime et inévitable impatience.
« Pourquoi prônez-vous la désobéissance ? »
Vous exprimez une grande inquiétude à l’idée que nous sommes disposés à enfreindre la loi. Voilà certainement un souci légitime. Comme nous avons si diligemment prôné l’obéissance à l’arrêt de la Cour suprême interdisant, en 1954, la ségrégation dans les écoles publiques, il peut sembler paradoxal, au premier abord, de nous voir enfreindre la loi en toute conscience. On pourrait fort bien nous demander :
« Comment pouvez-vous recommander de violer certaines lois et d’en respecter certaines autres ? »
La réponse repose sur le fait qu’il existe deux catégories de lois : celles qui sont justes et celles qui sont injustes. Je suis le premier à prêcher l’obéissance aux lois justes. L’obéissance aux lois justes n’est pas seulement un devoir juridique, c’est aussi un devoir moral. Inversement, chacun est moralement tenu de désobéir aux lois injustes. J’abonderais dans le sens de Saint Augustin pour qui « une loi injuste n’est pas une loi ».
Quelle est la différence entre les unes et les autres ? Comment déterminer si une loi est juste ou injuste ? Une loi juste est une prescription établie par l’homme en conformité avec la loi morale ou la loi de Dieu. Une loi injuste est une prescription qui ne se trouve pas en harmonie avec la loi morale. Pour le dire dans les termes qu’emploie saint Thomas d’Aquin, une loi injuste est une loi humaine qui ne plonge pas ses racines dans la loi naturelle et éternelle. Toute loi qui élève la personne humaine est juste. Toute loi qui la dégrade est injuste. Toute loi qui impose la ségrégation est injuste car la ségrégation déforme l’âme et endommage la personnalité. Elle donne à celui qui l’impose un fallacieux sentiment de supériorité et à celui qui la subit un fallacieux sentiment d’infériorité.
(…)
Nous ne pourrons jamais oublier que tous les agissements de Hitler en Allemagne étaient « légaux » et que tous les actes des combattants de la liberté en Hongrie étaient « illégaux ». Il était « illégal » d’aider et de réconforter un juif dans l’Allemagne de Hitler. Mais je suis sûr que si j’avais vécu en Allemagne à cette époque-là, j’aurais aidé et réconforté mes frères juifs même si c’était illégal.
(…)
« Vous provoquez des tensions ! »
Je dois vous faire deux aveux sincères, mes frères chrétiens et juifs. Tout d’abord je dois vous avouer que, ces dernières années, j’ai été gravement déçu par les Blancs modérés. J’en suis presque arrivé à la conclusion regrettable que le grand obstacle opposé aux Noirs en lutte pour leur liberté, ce n’est pas le membre du Conseil des citoyens blancs ni celui du Ku Klux Klan, mais le Blanc modéré qui est plus attaché à l’« ordre » qu’à la justice ; qui préfère une paix négative issue d’une absence de tensions à une paix positive issue d’une victoire de la justice ; qui répète constamment : « Je suis d’accord avec vous sur les objectifs, mais je ne peux approuver vos méthodes d’action directe » ; qui croit pouvoir fixer, en bon paternaliste, un calendrier pour la libération d’un autre homme ; qui cultive le mythe du « temps-qui-travaille-pour-vous » et conseille constamment au Noir d’attendre « un moment plus opportun ». La compréhension superficielle des gens de bonne volonté est plus frustrante que l’incompréhension totale des gens mal intentionnés. Une acceptation tiède est plus irritante qu’un refus pur et simple.
(…)
J’avais espéré que les blancs modérés le comprendraient : la loi et l’ordre ont pour objet l’établissement de la justice ; quand ils viennent à y manquer, ils se transforment en dangereux barrages dressés contre le progrès social. J’avais espéré que les blancs modérés le comprendraient : l’état de tension actuel dans le Sud n’est qu’une transition nécessaire : il nous faut sortir d’une phase détestable de paix négative, où le noir accepte passivement son sort injuste, et entrer dans une phase de paix positive et pleine de sens, où tous les hommes respecteront la dignité et la valeur de la personne humaine.
En réalité, ce n’est pas nous qui créons la tension en nous lançant dans l’action directe non-violente de désobéissance civique. Nous nous contentons de rendre visible une tension cachée qui existe déjà. Nous l’étalons au grand jour, là où elle peut être observée et traitée. Comme un abcès qui ne peut pas être traité et guéri tant qu’il reste interne, invisible, mais qui doit être ouvert et exposé, dans toute sa laideur purulente, aux remèdes naturels que sont l’air et la lumière, de même l’injustice doit être exposée, avec toutes les tensions que cela entraîne, à la lumière de la conscience humaine et à l’air de l’opinion publique, avant de pouvoir être guérie.
Dans votre déclaration, vous affirmez que nos actions, bien que pacifiques, doivent être condamnées car elles précipitent la violence. Mais peut-on procéder à une telle assertion en bonne logique ?
Cela ne revient-il pas à condamner la victime d’un vol sous prétexte qu’en ayant de l’argent elle a poussé le coupable à commettre un acte de malhonnêteté répréhensible ?
Cela ne revient-il pas à condamner Socrate sous prétexte que son inébranlable attachement à la vérité et ses réflexions philosophiques ont poussé une opinion publique dévoyée à lui faire boire la ciguë ?
Cela ne revient-il pas à condamner Jésus, sous prétexte que son souci sans pareil de Dieu et sa soumission incessante à la volonté de celui-ci ont précipité le geste pervers de ceux qui l’ont crucifïé ?
Comme les juges fédéraux l’ont sans cesse affirmé et comme nous devons l’admettre : il est immoral de demander à un individu qu’il renonce à s’efforcer d’obtenir ses droits constitutionnels fondamentaux sous prétexte que sa quête précipite la violence. La société doit protéger la victime et châtier le voleur.
« Faîtes confiance au temps : il travaille pour vous ! »
J’avais également espéré que les Blancs modérés rejetteraient le mythe du « temps-qui-travaille-pour-vous ».
J’ai reçu ce matin une lettre d’un de nos frères blancs au Texas. Il me dit :
« Tous les chrétiens savent que les personnes de couleur obtiendront un jour l’égalité des droits, mais il est possible que votre hâte religieuse soit trop grande. Il a fallu près de deux mille ans à la chrétienté pour accomplir ce qu’elle a accompli. Il faut du temps pour que l’enseignement du Christ s’impose ici-bas. »
Tout ce que dit mon correspondant résulte d’une conception tragiquement erronée de l’action du temps. Prétendre que le temps, à lui seul, guérira inéluctablement tous les maux, voilà une idée étrangement irrationnelle. En réalité, le temps est neutre : il peut être utilisé pour construire ou pour détruire. J’en suis venu à penser que les hommes de mauvaise volonté l’ont mis à profit bien plus efficacement que les hommes de bonne volonté. Notre génération ne doit pas se reprocher seulement les actes et les paroles au vitriol des méchants, mais aussi l’effrayant silence des justes. Nous devons admettre que le progrès de l’humanité ne roule jamais sur les roues de l’inéluctabilité. Il n’est amené que par les efforts inlassables et persistants des hommes qui ont la volonté de collaborer à l’oeuvre de Dieu. Sans ce dur labeur, le temps lui-même devient l’allié des forces de stagnation sociale.
(…)
« Ne soyez pas extrêmistes ! »
Les opprimés ne peuvent demeurer dans l’oppression à jamais. Le moment vient toujours où ils proclament leur besoin de liberté. Et c’est ce qui se produit actuellement pour le Noir américain. Quelque chose, au-dedans de lui-même, lui a rappelé son droit naturel à la liberté et quelque chose en dehors de lui-même lui a rappelé que cette liberté, il pouvait la conquérir. Consciemment ou inconsciemment, il a été saisi par ce que les Allemands appellent le Zeitgeist [3] et, avec ses frères noirs d’Afrique, ses frères bruns ou jaunes d’Asie, d’Amérique du Sud et des Antilles, il avance avec un sentiment d’urgence cosmique vers la Terre promise de la justice raciale.
En observant cet élan vital qui s’est emparé de la communauté noire, chacun devrait aisément s’expliquer les manifestations qui ont lieu sur la voie publique. Il y a chez le Noir beaucoup de ressentiments accumulés et de frustrations latentes : il a bien besoin de leur donner libre cours.
(…)
S’il ne défoule pas, par des voies non violentes, ses émotions réprimées, celles-ci s’exprimeront par la violence. Ce n’est pas une menace mais un fait historique. Je n’ai pas demandé à mon peuple : « Oublie tes sujets de mécontentement. » J’ai tenté de lui dire, tout au contraire, que son mécontentement était sain, normal, et qu’il pouvait être canalisé vers l’expression créatrice d’une action directe non violente. C’est cela qui est dénoncé aujourd’hui comme extrémiste.
Je dois admettre que j’ai tout d’abord été déçu de le voir ainsi qualifié. Mais en continuant de réfléchir à la question, j’ai progressivement ressenti une certaine satisfaction d’être considéré comme un extrémiste.
Jésus n’était-il pas un extrémiste de l’amour – « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous maltraitent » ?
Amos n’était-il pas un extrémiste de la justice – « Que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable » ?
(…)
Abraham Lincoln n’était-il pas un extrémiste – « Notre nation ne peut survivre mi-libre, mi-esclave » ?
Thomas Jefferson n’était-il pas un extrémiste – « Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes : tous les hommes ont été créés égaux » ?
Aussi la question n’est-elle pas de savoir si nous voulons être des extrémistes, mais de savoir quelle sorte d’extrémistes nous voulons être. Serons-nous des extrémistes pour l’amour ou pour la haine ? Serons-nous des extrémistes pour la préservation de l’injustice ou pour la cause de la justice ?
(…)
J’avais espéré que les blancs modérés le comprendraient. Il se peut que j’aie été trop optimiste. Il se peut que j’ai trop attendu d’eux. J’aurais dû comprendre que parmi les membres d’une race qui en a opprimé une autre, il en est peu qui puissent comprendre ou mesurer les revendications profondes et les espoirs passionnés de ceux qui ont été opprimés – et moins encore qui aient la lucidité de voir que seule une action vigoureuse, persistante, déterminée, peut déraciner l’injustice. C’est pourtant avec un sentiment de reconnaissance que je vois certains de nos frères blancs saisir la signification de notre révolution sociale et s’y dévouer. Leur nombre est bien trop faible encore, mais leur qualité est considérable. Certains, comme Ralph Mc Gill, Lilian Smith, Harry Golden et James Abb, ont témoigné par écrit de notre lutte, en des termes prophétiques et pénétrants. D’autres ont manifesté avec nous dans les rues anonymes du Sud. Ils ont langui dans des prisons immondes, infestées de cafards, subi les abus et les brutalités de policiers en colère qui les traitaient de « sales lécheurs de nègres ». À l’inverse de beaucoup de leurs frères et sœurs modérés, ils ont reconnu l’urgence du moment et senti le besoin d’un puissant antidote, sous forme d’action, pour combattre la maladie de la ségrégation.
P.-S.
La Lettre de la geôle de Birmingham figure parmi les textes regroupés dans le recueil Je fais un rêve, pubié aux éditions Bayard (avril 2008, 12 euro)
Notes
[1] Occupation par des Blancs et des Noirs de lieux publics légalement réservés aux Blancs.
[2] Les intertitres sont rajoutés par le Collectif Les mots sont importants
[3] Littéralement : « esprit du temps ».
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis
Pourquoi nous ne sommes pas racistes, extraits de A l'affût - Histoire du Parti des Panthères noires et de Huey Newton par Bobby Seale, Collection Témoins Gallimard, 1972 (édition française).
Le parti des Panthères noires n'est pas une organisation raciste noire, et cela à aucun point de vue. Nous connaissons bien les origines du racisme. Notre ministre de la Défense, Huey P. Newton, nous a appris à comprendre qu'il nous fallait nous opposer au racisme sous toutes ses formes. Le parti a conscience du fait que le racisme est ancré dans une grande partie de l'Amérique blanche, mais il sait aussi que les sectes embryonnaires qui prolifèrent à l'heure actuelle dans la communauté noire ont à leur base une philosophie raciste.
Le parti des Panthères noires ne se place pas au niveau vil et bas du Ku Klux Klan, des "chauvins blancs" ou des organisations de citoyens blancs, soi-disant patriotiques, qui haïssent les Noirs pour la couleur de leur peau, même si certaines de ces organisations proclament "Oh, nous ne haïssons pas les Noirs, la seule chose, c'est que nous ne les laisserons pas faire ceci, ni cela! " Ce n'est en fait que de la basse démagogie, masquant le vieux racisme qui fait un tabou de tout, et en particulier du corps. L'esprit des Noirs a été étouffé par leur environnement social, cet environnement décadent qu'ils ont subi quand ils étaient esclaves et qu'ils subissent encore depuis la soi-disant Proclamation d'émancipation. Les Noirs, les Bruns, les Chinois et les Viêt-namiens, font l'objet de surnoms péjoratifs tels que crasseux, nègres, et bien d'autres encore.
Ce que le parti des Panthères noires a fait en substance, c'est appeler à l'alliance et à la coalition tous les gens et toutes les organisations qui veulent combattre le pouvoir. C'est le pouvoir qui, par ses porcs et ses pourceaux, vole le peuple; l'élite avare et démagogue de la classe dirigeante qui agite les flics au-dessus de nos têtes, et qui les dirige de manière a maintenir son exploitation.
A l'époque de l'impérialisme capitaliste mondial, impérialisme qui se manifeste aussi contre toute sorte de gens ici même en Amérique, nous pensons qu'il est nécessaire en tant qu'êtres humains, de lutter contre les idées fausses actuelles telles que l'intégration.
Si les gens veulent s'intégrer - et je présume qu'ils y arriveront d'ici cinquante ou cent ans - c'est leur affaire. Mais pour l'instant, notre problème, c'est ce système de classe dirigeante qui perpétue le racisme et l'utilise comme moyen de maintenir son exploitation capitaliste. Elle utilise les Noirs, et en particulier ceux qui sortent de l'Université et sont issus de ce système d'élite, parce que ceux-ci ont tendance à tomber dans le racisme noir qui n'est pas différent de celui que le Ku Klux Klan où les groupes de citoyens blancs pratiquent, il est évident que combattre le feu par le feu a pour résultat un grand incendie. Le meilleur moyen de combattre le feu, c'est l'eau parce qu'elle éteint. L'eau, c'est ici la solidarité du peuple dans la défense de droit à s'opposer à un monstre vicieux. Ce qui est bon pour l'homme est bon pour nous. Ce qui est bon pour le système de la classe diricapitaliste ne peut pas être bon pour la masse.
Nous, le parti des Panthères noires, nous voyons les Noirs comme une nation à l'intérieur d'une nation, mais pas pour des raisons racistes. Nous le voyons comme une nécessité qui s'impose, si nous voulons progresser en tant qu'êtres humains et vivre sur cette terre en accord avec autres peuples.
Nous ne combattons pas le racisme par le racisme. Nous combattons le racisme par la solidarité. Nous ne combattons pas le capitalisme exploiteur par le capitalisme noir. Nous combattons le capitalisme par le socialisme. Nous ne combattons pas l'impérialisme par un impérialisme plus grand. Nous combattons l'impérialisme par l'internationalisme prolétarien. Ces principes sont essentiels dans le parti. Ils sont concrets, humains et nécessaires. Ils devraient être adoptés par les masses.
Nous n'utilisons et n'avons jamais utilisé nos armes pour pénétrer la communauté blanche et tirer sur des Blancs. Tout ce que nous faisons, c'est de nous défendre contre quiconque nous attaque sans raison et essaie de nous tuer lorsqu'on met en pratique notre programme, qu'il soit noir, bleu, vert ou rouge. Tout bien considéré, je pense qu'en dant nos actions, tout le monde peut voir que notre organisation pas une organisation raciste, mais un parti progressiste révolutionnaire. Ceux qui veulent semer la confusion dans la lutte en parlant de différences ethniques sont ceux qui maintiennent et facilitent l'exploitation des masses des pauvres Blancs, des pauvres Noirs, des Bruns, des Indiens rouges, des pauvres Chinois et Japonais et des travailleurs en général.
Le racisme et les différences ethniques permettent au pouvoir d'exploiter la masse des travailleurs de ce pays parce que c'est par là qu'il maintient son contrôle. Diviser le peuple pour régner sur lui, c'est l'objectif du pouvoir; c'est la classe dirigeante, une infime minorité constituée de quelques pourceaux et de rats avares et démagogues, contrôle et pourrit le gouvernement. La classe dirigeante avec ses chiens, ses laquais, ses lèche-bottes, ses "Toms", ses Noirs racistes et ses nationalistes culturels, - ils sont tous les chiens de garde de la classe dirigeante. Ce sont eux qui aident au maintien du pouvoir en perpétuant leurs attitudes racistes et en utilisant le racisme comme moyen de diviser le peuple. Mais c'est seulement la petite minorité qui constitue la classe dirigeante qui domine, exploite et opprime les travailleurs.
Nous faisons tous partie de la classe ouvrière, que nous travaillions ou non et notre unité doit se constituer sur la base des nécessités concrètes de la vie, la liberté et la recherche du bonheur, si ça signifie encore quelque chose pour quelqu'un. Pour que les problèmes qui existent puissent être résolus, cette unité doit être basée sur des choses concrètes comme la survie des gens, et leur droit à l'autodétermination. En résumé, il ne s'agit donc pas d'une lutte raciale et nous en ferons rapidement prendre conscience aux gens. Pour nous, il s'agit d'une lutte de classe entre la classe ouvrière prolétarienne qui regroupe la masse, et la minuscule minorité qu'est la classe dirigeante. Les membres de la classe ouvrière, quelle que soit leur couleur, doivent s'unir contre la classe dirigeante qui les opprime et les exploite. Et laissez-moi encore insister: Nous croyons que notre combat est une lutte de classe et non pas une lutte raciale.
Byrrh- Messages : 1009
Date d'inscription : 12/09/2012
Sujets similaires
» Israël/Palestine
» Mouvement de libération des noirs aux Etats-Unis
» Etats-Unis d'Amérique
» Face à la banqueroute de l’Europe du capital. Pour les Etats-Unis socialistes d’Europe
» Parti Communiste des Etats-Unis
» Mouvement de libération des noirs aux Etats-Unis
» Etats-Unis d'Amérique
» Face à la banqueroute de l’Europe du capital. Pour les Etats-Unis socialistes d’Europe
» Parti Communiste des Etats-Unis
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum