Je ne suis PAS Charlie
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Re: Je ne suis PAS Charlie
Non à l’« union nationale » derrière les impérialistes ! Oui à l’« union politique » antiraciste et anti-impérialiste !
Publié le 10 janvier 2015 par PIR
S’exprimant sur le carnage survenu à Charlie Hebdo sur BFM/RMC, Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d’État sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a déclaré : « Je pense qu’il y a une responsabilité ». Elle évoque notamment « certains mouvements de gauche », les « Y’a Bon Awards » et ajoute : « Les Indigènes de la République sont coupables (…) ils ont accusé plusieurs fois Charlie Hebdo d’islamophobie. »
Mme Bougrab appelle même l’État à des mesures encore plus fermes: « les mesures législatives, dit-elle, ne sont pas suffisantes » devant ce qu’elle considère comme une « guerre déclarée ». Elle a réitéré ces accusations dans le Grand Journal de Canal + le 9 janvier. C’est à se demander si ce n’est pas Caroline Fourest qui murmure aux oreilles de Mme Boughrab, elle qui vient de déclarer « ceux qui dénoncent l’islamophobie ont armé le bras des assassins ».
Cette violente charge contre le PIR, mais aussi contre les Y’a bon Awards, vise clairement à liquider les rares espaces politiques de l’immigration dont on sait qu’ils ne plieront pas devant l’injonction à « l’union nationale » et dont le combat contre l’islamophobie, avec une grande partie des forces antiracistes, commence à porter ses fruits tant sur le plan national qu’international. L’amalgame aussi stupide qu’honteux de Christophe Ramaux dans les colonnes du Monde est, du point de vue de cette stratégie, extrêmement transparent. De manière navrante, il déclare : « Comment expliquer que des dirigeants d’Attac, du NPA, des journalistes de Politis et d’autres – les uns et autres ont organisé avec les Indigènes de la République et Mediapart une Journée contre l’islamophobie le 13 décembre 2014 – aient pu alimenter cette infamie ? Comment expliquer que certains animateurs des Économistes atterrés aient rejeté la collaboration de Charb au prétexte qu’il était islamophobe ? »
À la manière d’un Ivan Rioufol qui « somme », à l’antenne de RTL, Rokhaya Diallo de « se désolidariser » publiquement de cet attentat parce qu’elle est musulmane, nous sommes soumis en permanence à l’injonction raciste de prouver la clarté de nos positions. Pourtant, comme la plupart des organisations musulmanes, nous avons condamné avec la plus grande fermeté la fusillade meurtrière contre Charlie Hebdo, tout comme nous déplorons les cinq autres nouvelles victimes de cette folie aveugle. De plus, leurs auteurs ont agi clairement contre les intérêts des musulmans et des habitants des quartiers.
Les déclarations de Mme Bougrab ne sont pas improvisées et répondent à l’attente de ceux qui, loin d’avoir médité la tragédie de Charlie Hebdo, loin de rechercher des solutions politiques, sont ceux-là même qui ont dressé le décor dans lequel celle-ci s’est déroulée. Au fond d’eux-mêmes, ils ont bien conscience de cette vérité : ce sont eux qui, par leurs outrances et leurs encouragements à l’islamophobie, ont alimenté ce climat malsain depuis de nombreuses années, pendant qu’à l’inverse, nous ne cessions, nous, d’alerter contre ce genre d’issues fatales. En nous pointant du doigt ainsi, ils espèrent détourner le regard de leurs propres responsabilités ou de leur complicité passive. En d’autres termes, ils frappent par anticipation, pour ne pas avoir à rendre des comptes sur les lourdes conséquences d’une politique à laquelle ils ont largement participé.
Ainsi, nous affirmons que la lutte contre l’islamophobie et le racisme d’État n’a non seulement aucunement à pâtir de cet événement mais qu’au contraire elle s’en trouve renforcée.
Est-il nécessaire de rappeler que des dizaines de mosquées sont profanées chaque année à travers le pays depuis des années ? Est-il nécessaire de rappeler que des dizaines de musulmans et surtout de musulmanes, coupables simplement d’être eux-mêmes, sont jour après jour frappés non seulement dans leurs biens mais aussi dans leur chair ? Insultés, menacés, agressés physiquement, voire tués comme ce fut le cas avec la jeune Maroua en Allemagne, mais aussi en France à Argenteuil, quand, il y a deux ans, frappée par des skinheads, une jeune musulmane enceinte a perdu son enfant ? Est-il nécessaire de rappeler que partout en Europe des groupes néo-nazis se mobilisent massivement contre les musulmans et qu’ils représentent aujourd’hui une menace politique de sinistre mémoire ? Enfin, faut-il rappeler que des musulmans et de nombreux lieux de culte ont été la cible d’actes criminels en réaction à l’attentat contre Charlie Hebdo ?
En tout état de cause et pour ce qui nous concerne, la lutte contre le racisme d’État, l’impérialisme et le sionisme demeurent notre priorité. Et ni Bougrab, ni Fourest, ni Le Pen, ni Sarkozy, ni Hollande, qui trouvent là l’occasion de s’acheter une conscience à bon compte en communiant dans cette nouvelle « Union sacrée » occidentale – les grands dirigeants de l’Europe impérialiste, ont déclaré leur participation – ne nous ferons dévier de cette voie.
Nous devons affronter les retombées en Europe des menées impérialistes dans le monde et au Moyen-Orient en particulier, du racisme et de la relégation sociale. Nous devons impérativement rompre avec les solutions dépolitisantes et moralisantes qui font abstraction des conditions politiques et sociales qui engendrent et alimentent sans cesse ces violences. C’est l’occasion de faire le procès d’un système qui ne sait que produire de l’horreur.
Nous avons l’honneur d’être de la lignée des Frantz Fanon, Aimé Césaire, René Vautier, Angela Davis, Abdelkrim El Khattabi, Djamila Bouhired… qui ont toujours su prendre leurs responsabilités quand soufflent les vents mauvais. Nous sommes de la lignée de ceux qui ne cèdent pas plus devant la menace que devant l’humanisme bêlant. Ce que les nouveaux papes de l’union nationale tentent de faire, c’est de réduire à néant la possibilité d’une solution politique et de poursuivre « cette guerre déclarée » qu’ils font mine de dénoncer.
Pour notre part, nous ne participerons pas à la manifestation de dimanche 11 janvier car nous ne répondons à aucune convocation et ne marchons pas derrière les agents de la contre-révolution coloniale, fauteurs de désordre social et politique parmi lesquels la chancelière allemande, Angela Merkel, le président ukrainien, Petro Porochenko, ami des néo-nazis de son pays, Avigdor Lieberman, représentant d’Israël et … Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN. Nous avons à la fois l’esprit suffisamment lucide pour éviter le mirage du « tous ensemble » émotionnel, de la régression politique qu’il va engendrer et qui menace nos résistances et l’ensemble du champ politique et aussi le cœur suffisamment gros pour participer à un front, le plus large possible, avec toutes les forces qui seront sans complaisance avec les assassins et qui poursuivront la lutte contre le racisme, l’impérialisme et pour la justice. Les forces qui ne se soumettront jamais à l’agenda des États qui veulent dominer la planète. Créons du politique, créons de l’espoir collectif !
Paris, le 10 janvier 2015
Publié le 10 janvier 2015 par PIR
S’exprimant sur le carnage survenu à Charlie Hebdo sur BFM/RMC, Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d’État sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a déclaré : « Je pense qu’il y a une responsabilité ». Elle évoque notamment « certains mouvements de gauche », les « Y’a Bon Awards » et ajoute : « Les Indigènes de la République sont coupables (…) ils ont accusé plusieurs fois Charlie Hebdo d’islamophobie. »
Mme Bougrab appelle même l’État à des mesures encore plus fermes: « les mesures législatives, dit-elle, ne sont pas suffisantes » devant ce qu’elle considère comme une « guerre déclarée ». Elle a réitéré ces accusations dans le Grand Journal de Canal + le 9 janvier. C’est à se demander si ce n’est pas Caroline Fourest qui murmure aux oreilles de Mme Boughrab, elle qui vient de déclarer « ceux qui dénoncent l’islamophobie ont armé le bras des assassins ».
Cette violente charge contre le PIR, mais aussi contre les Y’a bon Awards, vise clairement à liquider les rares espaces politiques de l’immigration dont on sait qu’ils ne plieront pas devant l’injonction à « l’union nationale » et dont le combat contre l’islamophobie, avec une grande partie des forces antiracistes, commence à porter ses fruits tant sur le plan national qu’international. L’amalgame aussi stupide qu’honteux de Christophe Ramaux dans les colonnes du Monde est, du point de vue de cette stratégie, extrêmement transparent. De manière navrante, il déclare : « Comment expliquer que des dirigeants d’Attac, du NPA, des journalistes de Politis et d’autres – les uns et autres ont organisé avec les Indigènes de la République et Mediapart une Journée contre l’islamophobie le 13 décembre 2014 – aient pu alimenter cette infamie ? Comment expliquer que certains animateurs des Économistes atterrés aient rejeté la collaboration de Charb au prétexte qu’il était islamophobe ? »
À la manière d’un Ivan Rioufol qui « somme », à l’antenne de RTL, Rokhaya Diallo de « se désolidariser » publiquement de cet attentat parce qu’elle est musulmane, nous sommes soumis en permanence à l’injonction raciste de prouver la clarté de nos positions. Pourtant, comme la plupart des organisations musulmanes, nous avons condamné avec la plus grande fermeté la fusillade meurtrière contre Charlie Hebdo, tout comme nous déplorons les cinq autres nouvelles victimes de cette folie aveugle. De plus, leurs auteurs ont agi clairement contre les intérêts des musulmans et des habitants des quartiers.
Les déclarations de Mme Bougrab ne sont pas improvisées et répondent à l’attente de ceux qui, loin d’avoir médité la tragédie de Charlie Hebdo, loin de rechercher des solutions politiques, sont ceux-là même qui ont dressé le décor dans lequel celle-ci s’est déroulée. Au fond d’eux-mêmes, ils ont bien conscience de cette vérité : ce sont eux qui, par leurs outrances et leurs encouragements à l’islamophobie, ont alimenté ce climat malsain depuis de nombreuses années, pendant qu’à l’inverse, nous ne cessions, nous, d’alerter contre ce genre d’issues fatales. En nous pointant du doigt ainsi, ils espèrent détourner le regard de leurs propres responsabilités ou de leur complicité passive. En d’autres termes, ils frappent par anticipation, pour ne pas avoir à rendre des comptes sur les lourdes conséquences d’une politique à laquelle ils ont largement participé.
Ainsi, nous affirmons que la lutte contre l’islamophobie et le racisme d’État n’a non seulement aucunement à pâtir de cet événement mais qu’au contraire elle s’en trouve renforcée.
Est-il nécessaire de rappeler que des dizaines de mosquées sont profanées chaque année à travers le pays depuis des années ? Est-il nécessaire de rappeler que des dizaines de musulmans et surtout de musulmanes, coupables simplement d’être eux-mêmes, sont jour après jour frappés non seulement dans leurs biens mais aussi dans leur chair ? Insultés, menacés, agressés physiquement, voire tués comme ce fut le cas avec la jeune Maroua en Allemagne, mais aussi en France à Argenteuil, quand, il y a deux ans, frappée par des skinheads, une jeune musulmane enceinte a perdu son enfant ? Est-il nécessaire de rappeler que partout en Europe des groupes néo-nazis se mobilisent massivement contre les musulmans et qu’ils représentent aujourd’hui une menace politique de sinistre mémoire ? Enfin, faut-il rappeler que des musulmans et de nombreux lieux de culte ont été la cible d’actes criminels en réaction à l’attentat contre Charlie Hebdo ?
En tout état de cause et pour ce qui nous concerne, la lutte contre le racisme d’État, l’impérialisme et le sionisme demeurent notre priorité. Et ni Bougrab, ni Fourest, ni Le Pen, ni Sarkozy, ni Hollande, qui trouvent là l’occasion de s’acheter une conscience à bon compte en communiant dans cette nouvelle « Union sacrée » occidentale – les grands dirigeants de l’Europe impérialiste, ont déclaré leur participation – ne nous ferons dévier de cette voie.
Nous devons affronter les retombées en Europe des menées impérialistes dans le monde et au Moyen-Orient en particulier, du racisme et de la relégation sociale. Nous devons impérativement rompre avec les solutions dépolitisantes et moralisantes qui font abstraction des conditions politiques et sociales qui engendrent et alimentent sans cesse ces violences. C’est l’occasion de faire le procès d’un système qui ne sait que produire de l’horreur.
Nous avons l’honneur d’être de la lignée des Frantz Fanon, Aimé Césaire, René Vautier, Angela Davis, Abdelkrim El Khattabi, Djamila Bouhired… qui ont toujours su prendre leurs responsabilités quand soufflent les vents mauvais. Nous sommes de la lignée de ceux qui ne cèdent pas plus devant la menace que devant l’humanisme bêlant. Ce que les nouveaux papes de l’union nationale tentent de faire, c’est de réduire à néant la possibilité d’une solution politique et de poursuivre « cette guerre déclarée » qu’ils font mine de dénoncer.
Pour notre part, nous ne participerons pas à la manifestation de dimanche 11 janvier car nous ne répondons à aucune convocation et ne marchons pas derrière les agents de la contre-révolution coloniale, fauteurs de désordre social et politique parmi lesquels la chancelière allemande, Angela Merkel, le président ukrainien, Petro Porochenko, ami des néo-nazis de son pays, Avigdor Lieberman, représentant d’Israël et … Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN. Nous avons à la fois l’esprit suffisamment lucide pour éviter le mirage du « tous ensemble » émotionnel, de la régression politique qu’il va engendrer et qui menace nos résistances et l’ensemble du champ politique et aussi le cœur suffisamment gros pour participer à un front, le plus large possible, avec toutes les forces qui seront sans complaisance avec les assassins et qui poursuivront la lutte contre le racisme, l’impérialisme et pour la justice. Les forces qui ne se soumettront jamais à l’agenda des États qui veulent dominer la planète. Créons du politique, créons de l’espoir collectif !
Paris, le 10 janvier 2015
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Je ne suis PAS Charlie
"Vous faites erreur, je ne suis pas Charlie."
Je ne doute pas qu’il existe des « Charlie » sympathiques et plein(e)s de bonnes intentions. Je suis inondé, comme tout le monde, de leurs courriels indignés. Je n’en suis pas.
Je ne suis pas Charlie, parce que je sais que l’immense majorité de ces Charlie n’ont jamais été ni Mohamed ni Zouad, autrement dit aucun de ces centaines de jeunes assassinés dans les banlieues par « nos » policiers (de toutes confessions, les flics !) payés avec « nos » impôts. Si je recours aux outils du sociologue, je comprends pourquoi il est plus immédiatement facile pour des petits bourgeois blancs de s’identifier avec un dessinateur connu, intellectuel et blanc, qu’avec un enfant d’immigrés ouvriers du Maghreb. Comprendre n’est ni excuser ni adhérer.
Je ne suis pas Charlie, parce que je refuse de me « rassembler », sur l’injonction du locataire de l’Élysée, avec des politicards, des flics et des militants d’extrême droite. Je ne parle pas en l’air : une connaissance m’explique que sur son lieu de travail, ce sont des militants cathos homophobes de la dite « Manif pour tous » qui s’impliquent dans l’organisation d’une minute de silence pour l’équipe de Charlie Hebdo.
Je ne suis pas Charlie, parce que je refuse de pleurer sur les cadavres de Charlie Hebdo avec un François Hollande qui vient d’annoncer que l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes sera construit, autrement dit qu’il y aura d’autres blessé(e)s graves par balles en caoutchouc, et sans doute d’autres Rémi Fraisse.
Je ne suis pas Charlie, parce que je suis viscéralement — et culturellement — hostile à toute espèce d’ « Union sacrée ». Même les plus sots des journalistes du Monde ont compris qu’il s’agit bien de cela ; ils se demandent simplement combien de temps cette « union » peut durer. Se « rassembler » derrière François Hollande contre la « barbarie islamiste » n’est pas moins stupide que de faire l’union sacrée contre la « barbarie allemande » en 1914. Quelques anarchistes s’y sont laissés prendre à l’époque ; ça va bien comme ça, on a donné !
Je ne suis pas Charlie, parce que le « rassemblement » est l’appellation néo-libérale de la collaboration de classes. Certain(e)s d’entre vous s’imaginent peut-être qu’il n’existe plus de classes et moins encore de lutte entre elles. Si vous êtes patron ou chef de quelque chose (bureau, atelier…), il est normal que vous prétendiez ça (et encore ! il y a des exceptions) ou que vous puissiez le croire. Si vous êtes ouvrier, ouvrière, contraint(e) à des tâches d’exécution ou chômeur/chômeuse, je vous conseille de vous renseigner.
Je ne suis pas Charlie, parce que si je partage la peine des proches des personnes assassinées, je ne me reconnais en aucune façon dans ce qu’était devenu, et depuis quelques dizaines d’années, le journal Charlie Hebdo. Après avoir commencé comme brûlot anarchisant, ce journal s’était retourné — notamment sous la direction de Philippe Val — contre son public des débuts. Il demeurait anticlérical. Est-ce que ça compte ? Oui. Est-ce que ça suffit ? Certainement pas. J’apprends que Houellebecq et Bernard Maris s’étaient pris d’une grande amitié, et que le premier a « suspendu » la promotion de son livre Soumission (ça ne lui coûtera rien) en hommage au second. Cela prouve que même dans les pires situations, il reste des occasions de rigoler.
Je ne suis pas Charlie, parce que je suis un militant révolutionnaire qui essaie de se tenir au courant de la marche du monde capitaliste dans lequel il vit. De ce fait, je n’ignore pas que le pays dont je suis ressortissant est en guerre, certes sur des « théâtres d’opération » lointains et changeants. De la pire manière qui soit, puisque partout dans le monde et jusque dans mon quartier, des ennemis de la France peuvent me considérer comme leur ennemi. Ce qui est parfois exact, et parfois non. Au moins, sachant que la France est en guerre, je n’éprouve pas le même étonnement que beaucoup de Charlie à apprendre qu’un acte de guerre a été commis en plein Paris contre des humoristes irrespectueux envers les religions.
Je ne suis pas Charlie, parce que faute de précisions, et du fait même de l’anonymisation que produit la formule « Je suis Charlie », cette formule s’entend nécessairement, et au-delà des positions sans doute différentes de tel ou telle, comme un unanimisme « antiterroriste ». Autrement dit : comme un plébiscite de l’appareil législatif dit « antiterroriste », instrument de ce que j’ai appelé terrorisation démocratique.
Je ne suis pas Charlie. Je suis Claude. Révolutionnaire anarchiste, anticapitaliste, partisan du projet communiste libertaire, ennemi mortel de tous les monothéismes — mais je sacrifie à Aphrodite ! — et de tout État. Cela suffit à faire de moi une cible pour les fanatiques religieux et pour les flics (j’ai payé pour le savoir).
Je suis disposé à débattre avec celles et ceux pour qui la tuerie de Charlie Hebdo est une des horreurs de ce monde, auxquelles il est inutile d’ajouter encore de la confusion, à forme d’émotion grégaire.
Carlo Rubeo- Messages : 249
Date d'inscription : 03/06/2012
Re: Je ne suis PAS Charlie
A ne pas rater :
https://i.servimg.com/u/f38/15/76/08/11/j_en_v11.jpg
https://i.servimg.com/u/f38/15/76/08/11/j_en_v11.jpg
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Je ne suis PAS Charlie
Je sais que, en principe, on ne "croise" pas les forums. Mais, comme Artza intervient aussi sur celui-ci, je me permets de lui répondre, n'ayant pas la possibilité de le faire sur "l'autre" dont j'ai été exclu... en raison d'interventions publiées sur celui-ci, toujours sur ce terrible sujet, l'islamophobie.
Mais ce paragraphe me semble très intéressant et significatif :
Faire "une fixette sur l'Islam", c'est ce qu'on appelle l'islamophobie. Evidemment, cette pathologie peut se manifester sous des formes variées, à des degrés divers. Une part de "fixette", une part de provocation opportuniste, une grosse part de 4ème degré et encore une part d'inconscience et de mépris pour les gens qu'ils blessaient, ça donne un résultat qui ressemble fort à du racisme pour le commun des mortels, surtout pour les catégories ciblées. Quand on voyait les Une de Charlie dans les kiosques, seuls les initiés pouvaient deviner ce 4ème degré.
Alors, je veux bien croire que "les décideurs" de Charlie, ceux qui choisissaient les dessins, ne se considéraient pas comme "racistes" et ne supportaient pas qu'on les qualifie ainsi. Mais, globalement, Charlie ne se plaçait pas moins au premier rang des campagnes islamophobes. Et tu ne peux pas en vouloir de façon aussi virulente à ceux qui, ne manifestant pas cette subtilité au 4ème degré, considéraient leurs dessins comme racistes...
Mais ce paragraphe me semble très intéressant et significatif :
Artza
Ils étaient anticléricaux et anti-cathos surtout et d'abord, "à la française", il faut le rappeler.
A mon avis ils ont fait une fixette sur l'Islam. Publié des dessins que je n'aurais pas publié, mais moi je ne suis pas directeur d'un journal satirique.
Ils n'ont jamais été en intention et même dans l'expression "racistes" comme bien des imbéciles ou des malhonnêtes l'ont dit ici ou là.
Faire "une fixette sur l'Islam", c'est ce qu'on appelle l'islamophobie. Evidemment, cette pathologie peut se manifester sous des formes variées, à des degrés divers. Une part de "fixette", une part de provocation opportuniste, une grosse part de 4ème degré et encore une part d'inconscience et de mépris pour les gens qu'ils blessaient, ça donne un résultat qui ressemble fort à du racisme pour le commun des mortels, surtout pour les catégories ciblées. Quand on voyait les Une de Charlie dans les kiosques, seuls les initiés pouvaient deviner ce 4ème degré.
Alors, je veux bien croire que "les décideurs" de Charlie, ceux qui choisissaient les dessins, ne se considéraient pas comme "racistes" et ne supportaient pas qu'on les qualifie ainsi. Mais, globalement, Charlie ne se plaçait pas moins au premier rang des campagnes islamophobes. Et tu ne peux pas en vouloir de façon aussi virulente à ceux qui, ne manifestant pas cette subtilité au 4ème degré, considéraient leurs dessins comme racistes...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Rétrospective, en vrac...
« On est dans un moment épouvantable. Le milieu intellectuel parisien est dans une dérive parareligieuse, dans une islamophobie latente. Il existe une forme de crispation identitaire, une angoisse à la désoccidentalisation du monde, une rupture entre le clan des dominants et le monde multipolaire. Cette doctrine occidentaliste, qui veut que l’Occident soit riche et dominateur éternellement, m’inquiète. » – Emmanuel Todd, El Watan, 3 novembre 2008.
Cité par Guillaume de Rouville dans « L’esprit du temps ou l’islamophobie radicale », 12 septembre 2012, Lidiotduvillage.org, : « Cet essentialisme, on le retrouve, pour prendre un exemple médiatique, dans les caricatures de Mahomet, publiées en France dans le journal Charlie Hebdo en février 2006. Dans le contexte actuel de stigmatisation des Musulmans, ces caricatures correspondent à celles des Juifs des années 30 dans la presse antisémite. Et c’est au nom de la liberté d’expression qu’on nous fait tolérer cette presse de caniveau dont les dirigeants sont des partisans déclarés de l’atlantisme et du choc des civilisations. Bel exemple également de transmutation des valeurs. » ;
Pascal Boniface, « Philippe Val et Olivier Poivre-d’Arvor ont-ils émis une fatwa contre moi ? », Leplus.nouvelobs.com, 9 juillet 2013 ; « Quand en 2012, Guy Bedos souhaitait que les journalistes de Charlie Hebdo “crèvent” », Atlantico.fr, 9 janvier 2015 : « “Depuis que Reiser est mort, depuis que Siné n’est plus là, ils ne me font pas rire”, ajoute-t-il. “C'était nul l’histoire de Mahomet. Je m’en fous de Charlie Hebdo ! Je n’ai pas de leçon d’insolence à recevoir de gens qui se sont couchés”, renchérit encore l’humoriste. “Notamment Philippe Val qui s’est couché devant Nicolas Sarkozy pour devenir directeur de France Inter. Dans la résistance, on n’aurait pas été dans le même réseau.” »
Cité par Guillaume de Rouville dans « L’esprit du temps ou l’islamophobie radicale », 12 septembre 2012, Lidiotduvillage.org, : « Cet essentialisme, on le retrouve, pour prendre un exemple médiatique, dans les caricatures de Mahomet, publiées en France dans le journal Charlie Hebdo en février 2006. Dans le contexte actuel de stigmatisation des Musulmans, ces caricatures correspondent à celles des Juifs des années 30 dans la presse antisémite. Et c’est au nom de la liberté d’expression qu’on nous fait tolérer cette presse de caniveau dont les dirigeants sont des partisans déclarés de l’atlantisme et du choc des civilisations. Bel exemple également de transmutation des valeurs. » ;
Pascal Boniface, « Philippe Val et Olivier Poivre-d’Arvor ont-ils émis une fatwa contre moi ? », Leplus.nouvelobs.com, 9 juillet 2013 ; « Quand en 2012, Guy Bedos souhaitait que les journalistes de Charlie Hebdo “crèvent” », Atlantico.fr, 9 janvier 2015 : « “Depuis que Reiser est mort, depuis que Siné n’est plus là, ils ne me font pas rire”, ajoute-t-il. “C'était nul l’histoire de Mahomet. Je m’en fous de Charlie Hebdo ! Je n’ai pas de leçon d’insolence à recevoir de gens qui se sont couchés”, renchérit encore l’humoriste. “Notamment Philippe Val qui s’est couché devant Nicolas Sarkozy pour devenir directeur de France Inter. Dans la résistance, on n’aurait pas été dans le même réseau.” »
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Je ne suis PAS Charlie
L’ATTENTAT CONTRE CHARLIE HEBDO : L’OCCULTATION POLITIQUE ET MEDIATIQUE DES CAUSES, DES CONSEQUENCES ET DES ENJEUX
Publié le 11 janvier 2015 par bouamamas
Saïd Bouamama.
« Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. »
Bertolt Brecht
L’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo marquera notre histoire contemporaine. Il reste à savoir dans quel sens et avec quelles conséquences. Dans le contexte actuel de « guerre contre le terrorisme » (guerre extérieure) et de racisme et d’islamophobie d’Etat, les artisans de cet acte ont, consciemment ou non [1] accéléré un processus de stigmatisation et d’isolement de la composante musulmane, réelle ou supposée, des classes populaires.
Les conséquences politiques de l’attentat sont déjà désastreuses pour les classes populaires et cela va se renforcer si aucune alternative politique à la fameuse « Union Nationale » n’est proposée.
En effet, la manière dont les médias français et une écrasante majorité de la classe politique réagissent est criminelle. Ce sont ces réactions qui sont dangereuses pour l’avenir et qui portent en elles de nombreux « dégâts collatéraux » et de futurs 7 et 9 janviers toujours plus meurtriers. Comprendre et analyser pour agir est la seule posture qui peut permettre aujourd’hui d’éviter les instrumentalisations et dévoiements d’une émotion, d’une colère et d’une révolte légitime.
téléchargement
L’occultation totale des causes
Ne pas prendre en compte les causalités profondes et immédiates, isoler les conséquences du contexte qui les fait émerger et ne pas inscrire un événement aussi violent dans la généalogie des facteurs qui l’ont rendu possible condamne, au mieux, à la tétanie, au pire, à une logique de guerre civile. Aujourd’hui, personne dans les médias n’aborde les causes réelles ou potentielles. Pourquoi est-il possible qu’un tel attentat se produise à Paris aujourd’hui ?
Comme le souligne Sophie Wahnich, il existe « un usage fasciste des émotions politiques de la foule » dont le seul antidote est le « nouage possible des émotions et de la raison » [2]. Ce que nous vivons aujourd’hui est ce cantonnement des discours médiatiques et politiques dominants à la seule émotion, en occultant totalement l’analyse réelle et concrète. Toute tentative d’analyse réelle de la situation, telle qu’elle est, ou toute analyse tentant de proposer une autre explication que celle fournie par les médias et la classe politique, devient une apologie de l’attentat.
Regard sur le ventre fécond de la bête immonde
Regardons donc du côté des causes et d’abord de celles qui relèvent désormais de la longue durée et de la dimension internationale. La France est une des puissances les plus en guerre sur la planète. De l’Irak à la Syrie, en passant par la Libye et l’Afghanistan pour le pétrole, du Mali à la Centrafrique, en passant par le Congo pour les minerais stratégiques, les soldats français contribuent à semer la mort et le désastre aux quatre coins de la planète.
La fin des équilibres mondiaux issus de la seconde guerre mondiale avec la disparition de l’URSS, couplée à une mondialisation capitaliste centrée sur la baisse des coûts pour maximiser les profits et à la nouvelle concurrence des pays émergents, font de la maîtrise des matières premières la cause principale des ingérences, interventions et guerres contemporaines. Voici comment le sociologue Thierry Brugvin résume la place des guerres dans le monde contemporain :
« La conclusion de la guerre froide a précipité la fin d’une régulation des conflits au niveau mondial. Entre 1990 et 2001 le nombre de conflits interétatiques a explosé : 57 conflits majeurs sur 45 territoires distincts. […] Officiellement, le départ pour la guerre contre une nation adverse est toujours légitimé par des mobiles vertueux : défense de la liberté, démocratie, justice… Dans les faits, les guerres permettent de contrôler économiquement un pays, mais aussi de faire en sorte que les entrepreneurs privés d’une nation puissent accaparer les matières premières (pétrole, uranium, minerais, etc.) ou les ressources humaines d’un pays. » [3]
index
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le discours de légitimation des guerres s’est construit essentiellement sur le « danger islamiste » contribuant au développement d’une islamophobie à grande échelle au sein des principales puissances occidentales, que les rapports officiels eux-mêmes sont contraints de constater. [4] Dans le même temps, ces guerres produisent une solide « haine de l’occident » dans les peuples victimes de ces agressions militaires. [5] Les guerres menées par l’occident sont une des principales matrices de la bête immonde.
Dans la volonté de contrôle des richesses pétro-gazières, le Proche et le Moyen-Orient sont un enjeu géostratégique central. Les stratégies des puissances occidentales en général et françaises en particulier, se déploient sur deux axes : le renforcement d’Israël comme base et pivot du contrôle de la région, et le soutien aux pétromonarchies réactionnaires du golfe.
Le soutien indéfectible à l’Etat d’Israël est ainsi une constante de la politique française ne connaissant pas d’alternance, de Sarkozy à Hollande. L’État sioniste peut assassiner en toute impunité sur une grande échelle. Quels que soient l’ampleur et les moyens des massacres, le gérant local des intérêts occidentaux n’est jamais véritablement et durablement inquiété. François Hollande déclare ainsi lors de son voyage officiel en Israël en 2013 : « je resterai toujours un ami d’Israël ». [6]
Et, là aussi, le discours médiatique et politique de légitimation d’un tel soutien se construit sur la base d’une présentation du Hamas palestinien mais également (à travers des imprécisions verbales récurrentes) de la résistance palestinienne dans son ensemble, de la population palestinienne dans son ensemble et de ses soutiens politiques internationaux, comme porteurs d’un danger « islamiste ». La logique « du deux poids, deux mesures » s’impose une nouvelle fois à partir d’une approche islamophobe portée par les plus hauts sommets de l’État et relayée par la grande majorité des médias et des acteurs politiques.
Tel est le second profil du ventre de la bête immonde.
Ces facteurs internationaux se conjuguent à des facteurs internes à la société française. Nous avons déjà souligné, plus haut, l’islamophobie d’État, propulsée par la loi sur le foulard en 2004 et entretenue depuis régulièrement (discours sur les révoltes des quartiers populaires en 2005, loi sur le niqab, « débat » sur l’identité nationale, circulaire Chatel et exclusion des mères voilées des sorties scolaires, harcèlement des lycéennes en jupes longues, interdiction des manifestations de soutien au peuple palestinien, etc.).
Il faut maintenant souligner que ce climat islamophobe n’a été confronté à aucune réponse par les forces politiques se réclamant des classes populaires. Plus grave, un consensus très large s’est fait jour à plusieurs reprises, au prétexte de défendre la « laïcité » ou de ne pas frayer avec « ceux qui défendent le Hamas ». De l’extrême-droite à une partie importante de l’extrême gauche, les mêmes arguments ont été avancés, les mêmes clivages ont été construits, les mêmes conséquences ont été produites.
Le résultat n’est rien d’autre que l’enracinement encore plus profond des islamalgames, l’approfondissement d’un clivage au sein des classes populaires, la fragilisation encore plus grande des digues antiracistes déjà fragilisées, et des violences concrètes ou symboliques exercées contre les musulmans et les musulmanes. Ce résultat peut se décrire, comme le propose Raphaël Liogier, comme la diffusion, dans une partie importante de la société, du « mythe de l’islamisation » débouchant sur la tendance à constituer une « obsession collective ». [7]
islamophobie5
La tendance à la production d’une « obsession collective » s’est de surcroît encore approfondie avec le traitement médiatique récent des cas Zemmour et Houellebecq.
Après lui avoir offert de multiples tribunes, Eric Zemmour est renvoyé d’I-télé pour avoir proposé la « déportation des musulmans français ». Dans le contexte d’obsession collective que nous avons évoquée, cela lui permet de se poser en victime. Quant à l’écrivain, il est défendu par de nombreux journalistes au prétexte de ne pas confondre fiction et réalité.
Dans les deux cas cependant, il reste un approfondissement de « l’obsession collective » d’une part, et le sentiment d’être insulté en permanence une nouvelle fois, d’autre part. Tel est le troisième profil du ventre de la bête immonde.
Ce facteur interne d’une islamophobie banalisée a des effets décuplés dans le contexte de fragilisation économique, sociale et politique générale des classes populaires aujourd’hui. La paupérisation et la précarisation massive sont devenues insoutenables dans les quartiers populaires. Il en découle des rapports sociaux marqués par une violence grandissante contre soi et contre les proches. A cela, se combinent le déclassement d’une part importante des classes moyennes, ainsi que la peur du déclassement pour ceux chez qui tout va encore bien mais qui ne sont pas « bien nés ». Ceux-là, se sentant en danger, disposent alors d’une cible consensuelle déjà toute désignée médiatiquement et politiquement comme légitime : le musulman ou la musulmane.
La fragilisation touche encore plus fortement la composante issue de l’immigration des classes populaires, qui est confrontée aux discriminations racistes systémiques (angle absolument mort des discours des organisations politiques se réclamant des classes populaires), celles-ci produisant des trajectoires de marginalisation (dans la formation, dans l’emploi, dans la recherche du logement, dans le rapport à la police et aux contrôles au faciès, etc.). [8]
L’approfondissement du clivage entre deux composantes des classes populaires dans une logique de « diviser ceux qui devraient être unis (les différentes composantes des classes populaires) et d’unir ceux qui devraient être divisés (les classes sociales aux intérêts divergents) » est le quatrième profil du ventre de la bête immonde.
De quoi accouche un tel ventre ?
Une telle matrice est à l’évidence propice à l’émergence de trajectoires nihilistes se traduisant par la tuerie à Charlie Hebdo. Extrêmement minoritaires, ces trajectoires sont une production de notre système social et des inégalités et discriminations massives qui le caractérisent.
Mais ce qu’ont révélé les réactions à l’attentat est tout autant important et, quantitativement, bien plus répandu que l’option nihiliste (pour le moment ?).
Sans pouvoir être exhaustifs, rappelons quelques éléments de ces derniers jours. Du côté des discours, nous avons eu Marine Le Pen exigeant un débat national contre le « fondamentalisme islamique », le bloc identitaire déclarant la nécessité de « remettre en cause l’immigration massive et l’islamisation » pour lutter contre le « djihadisme », le journaliste Yvan Rioufol du Figaro sommant Rokhaya Diallo de se désolidariser sur RTL, Jeannette Bougrab accusant « ceux qui ont traité Charlie Hebdo d’islamophobe » d’être les coupables de l’attentat, sans compter toutes les déclarations parlant « de guerre déclarée ».
A ces propos, se joignent des passages à l’acte de ces derniers jours : une Femen se filme en train de brûler et de piétiner le Coran, des coups de feu sont tirés contre la mosquée d’Albi, des tags racistes sont peints sur les mosquée de Bayonne et Poitiers, des grenades sont lancées contre une autre au Mans, des coups de feu sont tirés contre une salle de prière à Port la Nouvelle, une autre salle de prière est incendiée à Aix les Bains, une tête de sanglier et des viscères sont accrochés devant une salle de prière à Corte en Corse, un restaurant-snack-kebab est l’objet d’une explosion à Villefranche sur Saône, un automobiliste est la cible de coups de feu dans le Vaucluse, un lycéen d’origine maghrébine de 17 ans est molesté lors d’une minute de silence à Bourgoin-Jallieu en Isère, etc. Ces propos et actes montrent l’ampleur des dégâts d’ores et déjà causés par les dernières décennies de banalisation islamophobe. Ils font aussi partie de la bête immonde.
La bête immonde se trouve également dans l’absence criante d’indignation face aux victimes innombrables des guerres impérialistes de ces dernières décennies. Réagissant à propos du 11 septembre, la philosophe Judith Butler s’interroge sur l’indignation inégale. Elle souligne que l’indignation justifiée pour les victimes du 11 septembre s’accompagne d’une indifférence pour les victimes des guerres menées par les USA : « Comment se fait-il qu’on ne nous donne pas les noms des morts de cette guerre, y compris ceux que les USA ont tués, ceux dont on n’aura jamais une image, un nom, une histoire, jamais le moindre fragment de témoignage sur leur vie, quelque chose à voir, à toucher, à savoir ? ». [9]
Cette indignation inégale est à la base du processus de production d’un clivage bien réel au sein des classes populaires. Et c’est ce clivage qui est porteur de tous les dangers, notamment en période de construction de « l’union nationale », comme aujourd’hui.
L’union nationale qu’ils rêvent de construire, c’est « toutes et tous ensemble contre ceux qui ne sont pas des nôtres, contre celles et ceux qui ne montrent pas patte blanche ».
Une formidable instrumentalisation politique
Mais le scandale que nous vivons aujourd’hui ne s’arrête pas là. C’est avec un cynisme consommé que des instrumentalisations de la situation, et de la panique qu’elle suscite, se déploient à longueur de journée.
* Renforcement sécuritaire et atteintes aux libertés démocratiques
Certains, comme Dupont Aignan, réclament « plus de souplesse aux forces de l’ordre » alors qu’une nouvelle « loi antiterroriste » a déjà été votée l’automne dernier. Et, en écho, Thierry Mariani fait référence au Patriot Act états-unien (dont la conséquence a été de graves atteintes aux libertés individuelles sous prétexte de lutte contre le terrorisme) : « Les Etats-Unis ont su réagir après le 11 Septembre. On a dénoncé le Patriot Act, mais, depuis, ils n’ont pas eu d’attentat à part Boston ». [10]
Instrumentaliser la peur et l’émotion pour renforcer des lois et mesures liberticides, telle est la première manipulation qui est aujourd’hui testée pour mesurer le champ des possibles en matière de régression démocratique. D’ores et déjà, certaines revendications légitimes et urgentes sont rendues inaudibles par la surenchère sécuritaire qui tente de profiter de la situation : il sera par exemple beaucoup plus difficile de mener le combat contre le contrôle au faciès, et les humiliations quotidiennes qu’il produit continueront à s’exercer dans l’indifférence générale.
* L’unité nationale
La construction active et déterminée de l’unité nationale est la seconde instrumentalisation majeure en cours. Elle permet de mettre en sourdine l’ensemble des revendications qui entravent le processus de dérégulation généralisé. La ficelle a beau être grosse, elle est efficace dans un climat de peur généralisé, que l’ensemble des médias produisent quotidiennement.
Dans certaines villes, l’unité nationale est déjà étendue au Front National qui a participé aux rassemblements de soutien à Charlie Hebdo. Dati et Fillon s’indignent déjà de « l’exclusion » de Marine Le Pen de l’unité nationale. C’est cette « unité nationale » qui fait le plus de dégâts politiquement aussi, car elle détruit les rares repères positifs qui pouvaient exister auparavant en termes d’alliances possibles et d’identités politiques.
* L’injonction à se justifier
Une autre instrumentalisation se trouve dans l’injonction permanente des musulmans réels ou supposés à se justifier pour des actes qu’ils n’ont pas commis, et/ou à se démarquer des auteurs de l’attentat.
Cette mise en accusation permanente est humiliante. Il n’est venu à l’idée de personne d’exiger de tous les chrétiens réels ou supposés une condamnation lorsque le Norvégien Anders Behring Breivik a assassiné 77 personnes en juillet 2011 en se revendiquant de l’islamophobie et du nationalisme blanc.
Derrière cette injonction, se trouve la logique posant l’islam comme étant par essence incompatible avec la République. De cette logique découle l’idée de mettre les musulmans, réels ou supposés, sous surveillance non seulement des policiers, mais également des médias, des profs, des voisins, etc.
* Être Charlie ? Qui peut être Charlie ? Qui veut être Charlie ?
Le slogan « nous sommes tous Charlie » est enfin la dernière instrumentalisation en déploiement ces jours-ci. Si l’attentat contre Charlie Hebdo est condamnable, il est hors de question cependant d’oublier le rôle qu’a joué cet hebdomadaire dans la constitution du climat islamophobe d’aujourd’hui.
Il est également hors de question d’oublier les odes à Bush que ses pages accueillaient alors que celui-ci impulsait cette fameuse « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. Ces prises de positions écrites ou dessinées ne sont pas des détails ou de simples amusements sans conséquences : elles sont à l’origine de multiples agressions de femmes voilées et de nombreux actes contre des lieux de cultes musulmans.
Surtout, ce journal a fortement contribué à cliver les classes populaires au moment où elles avaient besoin plus que jamais d’unité et de solidarité. Nous ne sommes PAS PLUS Charlie hier qu’aujourd’hui.
Les temps qui s’annoncent vont être difficiles et coûteux.
Pour stopper l’escalade, nous devons mettre fin à la violence des dominants : nous devons nous battre pour stopper les guerres impérialistes en cours et abroger les lois racistes.
Pour stopper l’escalade, nous devons développer tous les cadres et événements de solidarité destinés à empêcher la déferlante des propos ou actes racistes et notamment islamophobes.
Pour stopper l’escalade, nous devons construire tous les espaces de solidarité économique et sociale possibles dans nos quartiers populaires, en toute autonomie vis-à-vis de tous ceux qui prônent l’union nationale comme perspective.
Plus que jamais, nous avons besoin de nous organiser, de serrer les rangs, de refuser la logique « divisant ceux qui devraient être unis et unissant ceux qui devraient être divisés ».
Plus que jamais, nous devons désigner l’ennemi pour nous construire ensemble : l’ennemi c’est tout ce qui nous divise.
[1] Il est d’une part trop tôt pour le dire et, d’autre part, le résultat est le même
[2] Sophie Wahnich, La révolution française, un évènement de la raison sensible 1787-1799, Hachette, Paris, 2012, p. 19.
[3] Thierry Brugvin, Le pouvoir illégal des élites, Max Milo, Paris, 2014.
[4] Djacoba Liva Tehindrazanarivelo, Le racisme à l’égard des migrants en Europe, éditions du Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2009, p. 171.
[5] Jean Ziegler, La haine de l’Occident, Albin Michel, Paris, 2008.
[6] Le Monde, Hollande « ami d’Israël » reste ferme face à l’Iran, 17-11-2013.
[7] Raphaël Liogier, Le mythe de l’islamisation, essai sur une obsession collective, Le Seuil, Paris, 2012.
[8] Voir sur cet aspect mon dernièr article sur mon blog, Les dégâts invisibilisés des discriminations inégalité sociales et des discriminations racistes et sexistes, https://bouamamas.wordpress.com/
[9] Judith Butler, cité dans, Mathias Delori, Ces morts que nous n’allons pas pleurer, http://blogs.mediapart.fr/blog/mathiasdelori/080115/ces-morts-que-nous-n-allons-pas-pleurer., consulté le 9 janvier 2015 à 18 h.
[10] Le Parisien du 8-01-2015.
Publié le 11 janvier 2015 par bouamamas
Saïd Bouamama.
« Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. »
Bertolt Brecht
L’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo marquera notre histoire contemporaine. Il reste à savoir dans quel sens et avec quelles conséquences. Dans le contexte actuel de « guerre contre le terrorisme » (guerre extérieure) et de racisme et d’islamophobie d’Etat, les artisans de cet acte ont, consciemment ou non [1] accéléré un processus de stigmatisation et d’isolement de la composante musulmane, réelle ou supposée, des classes populaires.
Les conséquences politiques de l’attentat sont déjà désastreuses pour les classes populaires et cela va se renforcer si aucune alternative politique à la fameuse « Union Nationale » n’est proposée.
En effet, la manière dont les médias français et une écrasante majorité de la classe politique réagissent est criminelle. Ce sont ces réactions qui sont dangereuses pour l’avenir et qui portent en elles de nombreux « dégâts collatéraux » et de futurs 7 et 9 janviers toujours plus meurtriers. Comprendre et analyser pour agir est la seule posture qui peut permettre aujourd’hui d’éviter les instrumentalisations et dévoiements d’une émotion, d’une colère et d’une révolte légitime.
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L’occultation totale des causes
Ne pas prendre en compte les causalités profondes et immédiates, isoler les conséquences du contexte qui les fait émerger et ne pas inscrire un événement aussi violent dans la généalogie des facteurs qui l’ont rendu possible condamne, au mieux, à la tétanie, au pire, à une logique de guerre civile. Aujourd’hui, personne dans les médias n’aborde les causes réelles ou potentielles. Pourquoi est-il possible qu’un tel attentat se produise à Paris aujourd’hui ?
Comme le souligne Sophie Wahnich, il existe « un usage fasciste des émotions politiques de la foule » dont le seul antidote est le « nouage possible des émotions et de la raison » [2]. Ce que nous vivons aujourd’hui est ce cantonnement des discours médiatiques et politiques dominants à la seule émotion, en occultant totalement l’analyse réelle et concrète. Toute tentative d’analyse réelle de la situation, telle qu’elle est, ou toute analyse tentant de proposer une autre explication que celle fournie par les médias et la classe politique, devient une apologie de l’attentat.
Regard sur le ventre fécond de la bête immonde
Regardons donc du côté des causes et d’abord de celles qui relèvent désormais de la longue durée et de la dimension internationale. La France est une des puissances les plus en guerre sur la planète. De l’Irak à la Syrie, en passant par la Libye et l’Afghanistan pour le pétrole, du Mali à la Centrafrique, en passant par le Congo pour les minerais stratégiques, les soldats français contribuent à semer la mort et le désastre aux quatre coins de la planète.
La fin des équilibres mondiaux issus de la seconde guerre mondiale avec la disparition de l’URSS, couplée à une mondialisation capitaliste centrée sur la baisse des coûts pour maximiser les profits et à la nouvelle concurrence des pays émergents, font de la maîtrise des matières premières la cause principale des ingérences, interventions et guerres contemporaines. Voici comment le sociologue Thierry Brugvin résume la place des guerres dans le monde contemporain :
« La conclusion de la guerre froide a précipité la fin d’une régulation des conflits au niveau mondial. Entre 1990 et 2001 le nombre de conflits interétatiques a explosé : 57 conflits majeurs sur 45 territoires distincts. […] Officiellement, le départ pour la guerre contre une nation adverse est toujours légitimé par des mobiles vertueux : défense de la liberté, démocratie, justice… Dans les faits, les guerres permettent de contrôler économiquement un pays, mais aussi de faire en sorte que les entrepreneurs privés d’une nation puissent accaparer les matières premières (pétrole, uranium, minerais, etc.) ou les ressources humaines d’un pays. » [3]
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Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le discours de légitimation des guerres s’est construit essentiellement sur le « danger islamiste » contribuant au développement d’une islamophobie à grande échelle au sein des principales puissances occidentales, que les rapports officiels eux-mêmes sont contraints de constater. [4] Dans le même temps, ces guerres produisent une solide « haine de l’occident » dans les peuples victimes de ces agressions militaires. [5] Les guerres menées par l’occident sont une des principales matrices de la bête immonde.
Dans la volonté de contrôle des richesses pétro-gazières, le Proche et le Moyen-Orient sont un enjeu géostratégique central. Les stratégies des puissances occidentales en général et françaises en particulier, se déploient sur deux axes : le renforcement d’Israël comme base et pivot du contrôle de la région, et le soutien aux pétromonarchies réactionnaires du golfe.
Le soutien indéfectible à l’Etat d’Israël est ainsi une constante de la politique française ne connaissant pas d’alternance, de Sarkozy à Hollande. L’État sioniste peut assassiner en toute impunité sur une grande échelle. Quels que soient l’ampleur et les moyens des massacres, le gérant local des intérêts occidentaux n’est jamais véritablement et durablement inquiété. François Hollande déclare ainsi lors de son voyage officiel en Israël en 2013 : « je resterai toujours un ami d’Israël ». [6]
Et, là aussi, le discours médiatique et politique de légitimation d’un tel soutien se construit sur la base d’une présentation du Hamas palestinien mais également (à travers des imprécisions verbales récurrentes) de la résistance palestinienne dans son ensemble, de la population palestinienne dans son ensemble et de ses soutiens politiques internationaux, comme porteurs d’un danger « islamiste ». La logique « du deux poids, deux mesures » s’impose une nouvelle fois à partir d’une approche islamophobe portée par les plus hauts sommets de l’État et relayée par la grande majorité des médias et des acteurs politiques.
Tel est le second profil du ventre de la bête immonde.
Ces facteurs internationaux se conjuguent à des facteurs internes à la société française. Nous avons déjà souligné, plus haut, l’islamophobie d’État, propulsée par la loi sur le foulard en 2004 et entretenue depuis régulièrement (discours sur les révoltes des quartiers populaires en 2005, loi sur le niqab, « débat » sur l’identité nationale, circulaire Chatel et exclusion des mères voilées des sorties scolaires, harcèlement des lycéennes en jupes longues, interdiction des manifestations de soutien au peuple palestinien, etc.).
Il faut maintenant souligner que ce climat islamophobe n’a été confronté à aucune réponse par les forces politiques se réclamant des classes populaires. Plus grave, un consensus très large s’est fait jour à plusieurs reprises, au prétexte de défendre la « laïcité » ou de ne pas frayer avec « ceux qui défendent le Hamas ». De l’extrême-droite à une partie importante de l’extrême gauche, les mêmes arguments ont été avancés, les mêmes clivages ont été construits, les mêmes conséquences ont été produites.
Le résultat n’est rien d’autre que l’enracinement encore plus profond des islamalgames, l’approfondissement d’un clivage au sein des classes populaires, la fragilisation encore plus grande des digues antiracistes déjà fragilisées, et des violences concrètes ou symboliques exercées contre les musulmans et les musulmanes. Ce résultat peut se décrire, comme le propose Raphaël Liogier, comme la diffusion, dans une partie importante de la société, du « mythe de l’islamisation » débouchant sur la tendance à constituer une « obsession collective ». [7]
islamophobie5
La tendance à la production d’une « obsession collective » s’est de surcroît encore approfondie avec le traitement médiatique récent des cas Zemmour et Houellebecq.
Après lui avoir offert de multiples tribunes, Eric Zemmour est renvoyé d’I-télé pour avoir proposé la « déportation des musulmans français ». Dans le contexte d’obsession collective que nous avons évoquée, cela lui permet de se poser en victime. Quant à l’écrivain, il est défendu par de nombreux journalistes au prétexte de ne pas confondre fiction et réalité.
Dans les deux cas cependant, il reste un approfondissement de « l’obsession collective » d’une part, et le sentiment d’être insulté en permanence une nouvelle fois, d’autre part. Tel est le troisième profil du ventre de la bête immonde.
Ce facteur interne d’une islamophobie banalisée a des effets décuplés dans le contexte de fragilisation économique, sociale et politique générale des classes populaires aujourd’hui. La paupérisation et la précarisation massive sont devenues insoutenables dans les quartiers populaires. Il en découle des rapports sociaux marqués par une violence grandissante contre soi et contre les proches. A cela, se combinent le déclassement d’une part importante des classes moyennes, ainsi que la peur du déclassement pour ceux chez qui tout va encore bien mais qui ne sont pas « bien nés ». Ceux-là, se sentant en danger, disposent alors d’une cible consensuelle déjà toute désignée médiatiquement et politiquement comme légitime : le musulman ou la musulmane.
La fragilisation touche encore plus fortement la composante issue de l’immigration des classes populaires, qui est confrontée aux discriminations racistes systémiques (angle absolument mort des discours des organisations politiques se réclamant des classes populaires), celles-ci produisant des trajectoires de marginalisation (dans la formation, dans l’emploi, dans la recherche du logement, dans le rapport à la police et aux contrôles au faciès, etc.). [8]
L’approfondissement du clivage entre deux composantes des classes populaires dans une logique de « diviser ceux qui devraient être unis (les différentes composantes des classes populaires) et d’unir ceux qui devraient être divisés (les classes sociales aux intérêts divergents) » est le quatrième profil du ventre de la bête immonde.
De quoi accouche un tel ventre ?
Une telle matrice est à l’évidence propice à l’émergence de trajectoires nihilistes se traduisant par la tuerie à Charlie Hebdo. Extrêmement minoritaires, ces trajectoires sont une production de notre système social et des inégalités et discriminations massives qui le caractérisent.
Mais ce qu’ont révélé les réactions à l’attentat est tout autant important et, quantitativement, bien plus répandu que l’option nihiliste (pour le moment ?).
Sans pouvoir être exhaustifs, rappelons quelques éléments de ces derniers jours. Du côté des discours, nous avons eu Marine Le Pen exigeant un débat national contre le « fondamentalisme islamique », le bloc identitaire déclarant la nécessité de « remettre en cause l’immigration massive et l’islamisation » pour lutter contre le « djihadisme », le journaliste Yvan Rioufol du Figaro sommant Rokhaya Diallo de se désolidariser sur RTL, Jeannette Bougrab accusant « ceux qui ont traité Charlie Hebdo d’islamophobe » d’être les coupables de l’attentat, sans compter toutes les déclarations parlant « de guerre déclarée ».
A ces propos, se joignent des passages à l’acte de ces derniers jours : une Femen se filme en train de brûler et de piétiner le Coran, des coups de feu sont tirés contre la mosquée d’Albi, des tags racistes sont peints sur les mosquée de Bayonne et Poitiers, des grenades sont lancées contre une autre au Mans, des coups de feu sont tirés contre une salle de prière à Port la Nouvelle, une autre salle de prière est incendiée à Aix les Bains, une tête de sanglier et des viscères sont accrochés devant une salle de prière à Corte en Corse, un restaurant-snack-kebab est l’objet d’une explosion à Villefranche sur Saône, un automobiliste est la cible de coups de feu dans le Vaucluse, un lycéen d’origine maghrébine de 17 ans est molesté lors d’une minute de silence à Bourgoin-Jallieu en Isère, etc. Ces propos et actes montrent l’ampleur des dégâts d’ores et déjà causés par les dernières décennies de banalisation islamophobe. Ils font aussi partie de la bête immonde.
La bête immonde se trouve également dans l’absence criante d’indignation face aux victimes innombrables des guerres impérialistes de ces dernières décennies. Réagissant à propos du 11 septembre, la philosophe Judith Butler s’interroge sur l’indignation inégale. Elle souligne que l’indignation justifiée pour les victimes du 11 septembre s’accompagne d’une indifférence pour les victimes des guerres menées par les USA : « Comment se fait-il qu’on ne nous donne pas les noms des morts de cette guerre, y compris ceux que les USA ont tués, ceux dont on n’aura jamais une image, un nom, une histoire, jamais le moindre fragment de témoignage sur leur vie, quelque chose à voir, à toucher, à savoir ? ». [9]
Cette indignation inégale est à la base du processus de production d’un clivage bien réel au sein des classes populaires. Et c’est ce clivage qui est porteur de tous les dangers, notamment en période de construction de « l’union nationale », comme aujourd’hui.
L’union nationale qu’ils rêvent de construire, c’est « toutes et tous ensemble contre ceux qui ne sont pas des nôtres, contre celles et ceux qui ne montrent pas patte blanche ».
Une formidable instrumentalisation politique
Mais le scandale que nous vivons aujourd’hui ne s’arrête pas là. C’est avec un cynisme consommé que des instrumentalisations de la situation, et de la panique qu’elle suscite, se déploient à longueur de journée.
* Renforcement sécuritaire et atteintes aux libertés démocratiques
Certains, comme Dupont Aignan, réclament « plus de souplesse aux forces de l’ordre » alors qu’une nouvelle « loi antiterroriste » a déjà été votée l’automne dernier. Et, en écho, Thierry Mariani fait référence au Patriot Act états-unien (dont la conséquence a été de graves atteintes aux libertés individuelles sous prétexte de lutte contre le terrorisme) : « Les Etats-Unis ont su réagir après le 11 Septembre. On a dénoncé le Patriot Act, mais, depuis, ils n’ont pas eu d’attentat à part Boston ». [10]
Instrumentaliser la peur et l’émotion pour renforcer des lois et mesures liberticides, telle est la première manipulation qui est aujourd’hui testée pour mesurer le champ des possibles en matière de régression démocratique. D’ores et déjà, certaines revendications légitimes et urgentes sont rendues inaudibles par la surenchère sécuritaire qui tente de profiter de la situation : il sera par exemple beaucoup plus difficile de mener le combat contre le contrôle au faciès, et les humiliations quotidiennes qu’il produit continueront à s’exercer dans l’indifférence générale.
* L’unité nationale
La construction active et déterminée de l’unité nationale est la seconde instrumentalisation majeure en cours. Elle permet de mettre en sourdine l’ensemble des revendications qui entravent le processus de dérégulation généralisé. La ficelle a beau être grosse, elle est efficace dans un climat de peur généralisé, que l’ensemble des médias produisent quotidiennement.
Dans certaines villes, l’unité nationale est déjà étendue au Front National qui a participé aux rassemblements de soutien à Charlie Hebdo. Dati et Fillon s’indignent déjà de « l’exclusion » de Marine Le Pen de l’unité nationale. C’est cette « unité nationale » qui fait le plus de dégâts politiquement aussi, car elle détruit les rares repères positifs qui pouvaient exister auparavant en termes d’alliances possibles et d’identités politiques.
* L’injonction à se justifier
Une autre instrumentalisation se trouve dans l’injonction permanente des musulmans réels ou supposés à se justifier pour des actes qu’ils n’ont pas commis, et/ou à se démarquer des auteurs de l’attentat.
Cette mise en accusation permanente est humiliante. Il n’est venu à l’idée de personne d’exiger de tous les chrétiens réels ou supposés une condamnation lorsque le Norvégien Anders Behring Breivik a assassiné 77 personnes en juillet 2011 en se revendiquant de l’islamophobie et du nationalisme blanc.
Derrière cette injonction, se trouve la logique posant l’islam comme étant par essence incompatible avec la République. De cette logique découle l’idée de mettre les musulmans, réels ou supposés, sous surveillance non seulement des policiers, mais également des médias, des profs, des voisins, etc.
* Être Charlie ? Qui peut être Charlie ? Qui veut être Charlie ?
Le slogan « nous sommes tous Charlie » est enfin la dernière instrumentalisation en déploiement ces jours-ci. Si l’attentat contre Charlie Hebdo est condamnable, il est hors de question cependant d’oublier le rôle qu’a joué cet hebdomadaire dans la constitution du climat islamophobe d’aujourd’hui.
Il est également hors de question d’oublier les odes à Bush que ses pages accueillaient alors que celui-ci impulsait cette fameuse « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. Ces prises de positions écrites ou dessinées ne sont pas des détails ou de simples amusements sans conséquences : elles sont à l’origine de multiples agressions de femmes voilées et de nombreux actes contre des lieux de cultes musulmans.
Surtout, ce journal a fortement contribué à cliver les classes populaires au moment où elles avaient besoin plus que jamais d’unité et de solidarité. Nous ne sommes PAS PLUS Charlie hier qu’aujourd’hui.
Les temps qui s’annoncent vont être difficiles et coûteux.
Pour stopper l’escalade, nous devons mettre fin à la violence des dominants : nous devons nous battre pour stopper les guerres impérialistes en cours et abroger les lois racistes.
Pour stopper l’escalade, nous devons développer tous les cadres et événements de solidarité destinés à empêcher la déferlante des propos ou actes racistes et notamment islamophobes.
Pour stopper l’escalade, nous devons construire tous les espaces de solidarité économique et sociale possibles dans nos quartiers populaires, en toute autonomie vis-à-vis de tous ceux qui prônent l’union nationale comme perspective.
Plus que jamais, nous avons besoin de nous organiser, de serrer les rangs, de refuser la logique « divisant ceux qui devraient être unis et unissant ceux qui devraient être divisés ».
Plus que jamais, nous devons désigner l’ennemi pour nous construire ensemble : l’ennemi c’est tout ce qui nous divise.
[1] Il est d’une part trop tôt pour le dire et, d’autre part, le résultat est le même
[2] Sophie Wahnich, La révolution française, un évènement de la raison sensible 1787-1799, Hachette, Paris, 2012, p. 19.
[3] Thierry Brugvin, Le pouvoir illégal des élites, Max Milo, Paris, 2014.
[4] Djacoba Liva Tehindrazanarivelo, Le racisme à l’égard des migrants en Europe, éditions du Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2009, p. 171.
[5] Jean Ziegler, La haine de l’Occident, Albin Michel, Paris, 2008.
[6] Le Monde, Hollande « ami d’Israël » reste ferme face à l’Iran, 17-11-2013.
[7] Raphaël Liogier, Le mythe de l’islamisation, essai sur une obsession collective, Le Seuil, Paris, 2012.
[8] Voir sur cet aspect mon dernièr article sur mon blog, Les dégâts invisibilisés des discriminations inégalité sociales et des discriminations racistes et sexistes, https://bouamamas.wordpress.com/
[9] Judith Butler, cité dans, Mathias Delori, Ces morts que nous n’allons pas pleurer, http://blogs.mediapart.fr/blog/mathiasdelori/080115/ces-morts-que-nous-n-allons-pas-pleurer., consulté le 9 janvier 2015 à 18 h.
[10] Le Parisien du 8-01-2015.
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Je ne suis PAS Charlie
Il manque tout de même un élément important dans l'analyse de Saïd Bouamama, c'est le rôle de la crise économique dans la marginalisation et la désespérance des jeunes qui se lancent dans le djihadisme.
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Je ne comprends pas pourquoi tu as déplacé ce texte, qui convenait mieux au fil sur l'attentat...
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Je ne comprends pas pourquoi tu as déplacé ce texte, qui convenait mieux au fil sur l'attentat...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Je ne suis PAS Charlie
Excellent dessin, qui dit l'essentiel!
Une des choses les plus écoeurante de la marche OTANDE,
c'est effet les applaudissements pour les bandes armées du capital,
reprises en boucle par ses media...
Par ailleurs, j'aime bien ces deux là
Une des choses les plus écoeurante de la marche OTANDE,
c'est effet les applaudissements pour les bandes armées du capital,
reprises en boucle par ses media...
Par ailleurs, j'aime bien ces deux là
Dernière édition par Roseau le Lun 12 Jan - 18:50, édité 2 fois
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Je ne suis PAS Charlie
Déclaration du journal guadeloupéen Rebelle
POURQUOI NOUS NE DÉFILERONS PAS DERRIÈRE LE PRÉFET DIMANCHE !
L’attentat ignoble dont a été victime le journal Charlie Hebdo nous a particulièrement touchés. Ce journal dénonçait, en vrac et avec humour, les militaires, les notables, les religieux, bref tout ce qui représente l’ordre établi.
C’est écœurant de voir tous les représentants de la loi et de l’ordre, tous les notables, nous appeler à se ranger derrière eux dimanche pour honorer les journalistes assassinés. Quelle hypocrisie !
En Guadeloupe, sans vouloir nous vanter, ce qui ressemble le plus à Charlie Hebdo, c’est le journal Rebelle ! Depuis son lancement en septembre 2008, nous avons subi 6 procédures de sanctions administratives, 7 convocations dans un commissariat ou une gendarmerie, 6 arrestations, 13 plaintes déposées par l’administration de l’Éducation nationale.
Nous avons écrit à tous les ministres, les élus, les préfets et les recteurs pour dénoncer le harcèlement subi par Rebelle ! Leur réponse ? Un silence gêné, ou encore plus de harcèlement.
Deux étudiants, Sony et Raphaël, ont été condamnés à de la prison avec sursis parce qu’ils « osent » animer Rebelle ! Ils doivent retourner au tribunal le 3 mars, à Basse-Terre, pour leur procès en appel.
Alors demain, justement parce que Nous Sommes Charlie, nous ne marcherons pas derrière ces gens-là.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Je ne suis PAS Charlie
ce texte https://forummarxiste.forum-actif.net/t3703p15-je-ne-suis-pas-charlie#99225verié2 a écrit: comprends pas pourquoi tu as déplacé ce texte, qui convenait mieux au fil sur l'attentat...
a une conclusion sur le sens et le rôle du slogan "Je suis Charlie" qui lui donnait sa place ici même. :
...
Être Charlie ? Qui peut être Charlie ? Qui veut être Charlie ?
Le slogan « nous sommes tous Charlie » est enfin la dernière instrumentalisation en déploiement ces jours-ci. Si l’attentat contre Charlie Hebdo est condamnable, il est hors de question cependant d’oublier le rôle qu’a joué cet hebdomadaire dans la constitution du climat islamophobe d’aujourd’hui.
Il est également hors de question d’oublier les odes à Bush que ses pages accueillaient alors que celui-ci impulsait cette fameuse « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. Ces prises de positions écrites ou dessinées ne sont pas des détails ou de simples amusements sans conséquences : elles sont à l’origine de multiples agressions de femmes voilées et de nombreux actes contre des lieux de cultes musulmans.
Surtout, ce journal a fortement contribué à cliver les classes populaires au moment où elles avaient besoin plus que jamais d’unité et de solidarité. Nous ne sommes PAS PLUS Charlie hier qu’aujourd’hui.
Les temps qui s’annoncent vont être difficiles et coûteux.
Pour stopper l’escalade, nous devons mettre fin à la violence des dominants : nous devons nous battre pour stopper les guerres impérialistes en cours et abroger les lois racistes.
Pour stopper l’escalade, nous devons développer tous les cadres et événements de solidarité destinés à empêcher la déferlante des propos ou actes racistes et notamment islamophobes.
Pour stopper l’escalade, nous devons construire tous les espaces de solidarité économique et sociale possibles dans nos quartiers populaires, en toute autonomie vis-à-vis de tous ceux qui prônent l’union nationale comme perspective.
Plus que jamais, nous avons besoin de nous organiser, de serrer les rangs, de refuser la logique « divisant ceux qui devraient être unis et unissant ceux qui devraient être divisés ».
Plus que jamais, nous devons désigner l’ennemi pour nous construire ensemble : l’ennemi c’est tout ce qui nous divise."
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Je ne suis PAS Charlie
OK, mais la plus grande partie est consacrée à une analyse intéressante, mais qui, comme je l'ai déjà écrit, oublie la crise économique.une conclusion sur le sens et le rôle du slogan "Je suis Charlie"
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Je ne suis PAS Charlie
Si le sujet 'je ne suis pas Charlie' est pour dire a qui profite le crime, je pense que l'article publié par le CCI sur son site à plus sa place ici:
http://fr.internationalism.org/revolution-internationale/201501/9166/attentats-sanglants-a-paris-terrorisme-manifestation-putrefact
Topaze
http://fr.internationalism.org/revolution-internationale/201501/9166/attentats-sanglants-a-paris-terrorisme-manifestation-putrefact
Topaze
topaze- Messages : 231
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Je ne suis PAS Charlie
Toute une mouvance ? Entre la pratique religieuse, l'islam rigoriste, l'intégrisme et le terrorisme, il y a plus que des nuances. Quant aux jeunes qui réagissent ainsi, il faut tout de même distinguer entre provocation, réaction exaspérée et véritable approbation du massacre. Avec ce discours, on risque vite de voir ouvrir des Guantanamo à la française pour parquer une partie des jeunes - qui l'est d'ailleurs déjà pour une part en prison depuis longtemps...CCI
Et le pire n'est pas encore là. Le pire, c'est que l'acte extrême des frères Kouachi, d'Amedy Coulibaly et de leurs éventuels complices n'est que la pointe émergée d'un iceberg, de toute une mouvance qui prospère de plus en plus dans les banlieues pauvres, une mouvance qui s'est exprimée lorsqu'un certain nombre de jeunes ont exprimé l'idée que "Charlie Hebdo l'avait bien cherché en insultant le prophète", et que l'assassinat des dessinateurs était quelque chose de "normal".
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Je ne suis PAS Charlie
Même le CCI s'y met.... C'est pire qu'en 14...
Franchement, ces histoires de refus de minute de silence sont merdiques, si tu n'as pas envie de la faire, tu ne la fais pas et basta.Comme disait un voisin qui n' a rien d'arabe ou de musulman "on est contre les meurtres, de eux ou d'autres, mais on va pas les embrasser non plus, faut pas pousser"
Tu as allé faire la bise aux CRS aussi ?
Franchement, ces histoires de refus de minute de silence sont merdiques, si tu n'as pas envie de la faire, tu ne la fais pas et basta.Comme disait un voisin qui n' a rien d'arabe ou de musulman "on est contre les meurtres, de eux ou d'autres, mais on va pas les embrasser non plus, faut pas pousser"
Tu as allé faire la bise aux CRS aussi ?
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Je ne suis PAS Charlie
verié2 a écrit:OK, mais la plus grande partie est consacrée à une analyse intéressante...une conclusion sur le sens et le rôle du slogan "Je suis Charlie"
oh Bouamama serait flatté de lire une chose pareille ...
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Je ne suis PAS Charlie
Oui, mais on a également assisté à des réactions inverses. Ainsi, l'économiste (et banquier) Olivier Pastré a proposé aussitôt la régularisation de tous les sans-papiers.Saïd Bouamama a écrit: Sans pouvoir être exhaustifs, rappelons quelques éléments de ces derniers jours. Du côté des discours, nous avons eu Marine Le Pen exigeant un débat national contre le « fondamentalisme islamique », le bloc identitaire déclarant la nécessité de « remettre en cause l’immigration massive et l’islamisation » pour lutter contre le « djihadisme », le journaliste Yvan Rioufol du Figaro sommant Rokhaya Diallo de se désolidariser sur RTL, Jeannette Bougrab accusant « ceux qui ont traité Charlie Hebdo d’islamophobe » d’être les coupables de l’attentat, sans compter toutes les déclarations parlant « de guerre déclarée ».
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Je ne suis PAS Charlie
MO2014 a écrit:verié2 a écrit:OK, mais la plus grande partie est consacrée à une analyse intéressante...une conclusion sur le sens et le rôle du slogan "Je suis Charlie"
oh Bouamama serait flatté de lire une chose pareille ...
Pourquoi pas?
Mais pour le mouvement ouvrier, il est essentiel de ne pas se laisser confondre avec des bouses comme le PIR, même si heureusement il n'a aucun poids dans la situation.
Et même si ceux qui refusent l'Union Sacrée" n'ont également aucun poids, ils doivent montrer qu'ils n'ont rien à voir avec le PIR et ses idiots utiles afin de se préparer pour l'avenir.
L'islamisme et ses complices, c'est un poison dangereux à combattre sans concession; ce qui veut dire, aune alliance avec ceux qui tolèrent ou cautionnent la pourriture communautariste.
Demain, réunion de mon UL, qui s’annonce conflictuelle; Pas question d'être assimilés aux ordures islamistes ou aux partisans d'une union patriotique.
Et les haines racistes de Boutelja et de sa clique pourront servir de support comme les roucoulements patriotiques de Melenchon.
Tout ça se vaut et doit être combattu sans concession pour construire l'unité ouvrière.
Dinky- Messages : 400
Date d'inscription : 02/12/2013
Re: Je ne suis PAS Charlie
Dinky a écrit:MO2014 a écrit:verié2 a écrit:OK, mais la plus grande partie est consacrée à une analyse intéressante...une conclusion sur le sens et le rôle du slogan "Je suis Charlie"
oh Bouamama serait flatté de lire une chose pareille ...
Pourquoi pas?
Mais pour le mouvement ouvrier, il est essentiel de ne pas se laisser confondre avec des bouses comme le PIR, même si heureusement il n'a aucun poids dans la situation.
Et même si ceux qui refusent l'Union Sacrée" n'ont également aucun poids, ils doivent montrer qu'ils n'ont rien à voir avec le PIR et ses idiots utiles afin de se préparer pour l'avenir.
L'islamisme et ses complices, c'est un poison dangereux à combattre sans concession; ce qui veut dire, aune alliance avec ceux qui tolèrent ou cautionnent la pourriture communautariste.
Demain, réunion de mon UL, qui s’annonce conflictuelle; Pas question d'être assimilés aux ordures islamistes ou aux partisans d'une union patriotique.
Et les haines racistes de Boutelja et de sa clique pourront servir de support comme les roucoulements patriotiques de Melenchon.
Tout ça se vaut et doit être combattu sans concession pour construire l'unité ouvrière.
Le style est poussif malgré les efforts sur les images... Avec de tels propos racistes et islamophobes et c'est ton credo, ce n'est pas l'unité ouvrière que tu construis, mais c'est l'unité pour la suprématie blanche dans une sainte alliance avec l'extrême droite.
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Je ne suis PAS Charlie
ce n'est pas l'unité ouvrière que tu construis, l'unité pour la suprématie blanche
C'est ça que j'aime parce que c'est clair.
Qu'y a t-il de plus imbécile et réactionnaire que cette notion de "suprématie blanche" à l'heure ou l'impérialisme, lui, (et ce n'est pas du fantasme de pseudos intellos ratés) renforce sa suprématie sur le monde entier et sur des centaines de millions d'exploités ?
Je crois (et j'espère) que tous les salopards qui voudraient, en activant les peurs, les préjugés racistes et les haines, nous diviser en fonction de nos "couleurs" ou de nos origines, seront balayés par une remontée des luttes et de la conscience du prolétariat.
Au boulot..!
Dinky- Messages : 400
Date d'inscription : 02/12/2013
Re: Je ne suis PAS Charlie
Dinky a écrit:ce n'est pas l'unité ouvrière que tu construis, l'unité pour la suprématie blanche
C'est ça que j'aime parce que c'est clair.
non parce que tu as tronqué la phrase qui est
ce n'est pas l'unité ouvrière que tu construis, l'unité pour la suprématie blanche dans une sainte alliance avec l'extrême droite car c'est bien ce que ta secte raciste à montré à de nombreuses reprises : la roi raciste sur le voile, l'affaire Baby Loup, le refus de considérer et d'utiliser "l'islamophobie" comme une forme actuelle du racisme...etc.
Tes formules coupées des réalités du travail démontrent la signification réactionnaire de ta négation des "couleurs" et des discriminations les plus terribles qui frappent les immigrés dans les usines et les quartiers populaires. Les immigrés tu les acceptes dans ta secte d'extrême gauche que s'ils acceptent de renoncer à ce qu'ils sont. Tes positions ont encore un faible succès chez les profs tordant la laïcité jusqu'au racisme mais dans les quartiers populaires, elles ne rencontreront, au plus, que le succès marginal du FN. Même pas, car dans cette situation l'original est toujours préféré à la copie.
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
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