Attentat contre Charlie Hebdo
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Re: Attentat contre Charlie Hebdo
Après Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher : penser le neuf, repenser l’ancien
Pierre ROUSSET - 11 février 2015
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34303
Dans ce papier, Rousset réagit à l'interview d'Achcar en avançant des arguments qui me semblent dignes d'être pris en considération. Son texte est long et s'expose parfois au risque d'un bavardage digressif, mais je partage la plupart des interrogations et des objections qu'il soulève. En mettant en évidence la singularité de l'événement, Rousset a le mérite de pointer les angles morts de certains raisonnements hâtifs, tenus çà et là, en particulier au sein de la gauche radicale.
Ce qu'il écrit peut irriter, mais je crois qu'il le fait avec le sens de la nuance et la rigueur qu'on lui connait. Et on n'évacuera pas les questions qu'il pose en les mettant sur le compte d'illusions concernant le potentiel démocratique dont les manifs des 10 et 11 janvier (instrumentalisées par les représentants politiques et médiatiques des classes dirigeantes) furent aussi l'expression. Rousset invite au contraire à ne pas se tromper de combat, à ne pas s'en prendre à de faux adversaires, en passant sous silence ceux dont les attentats du 7 janvier ont été l'une des signatures les plus spectaculaires sur le sol européen.
Si la lutte contre l'islamophobie constitue une des priorités de l'heure, il ne faudrait pas que ce combat indispensable contre la manifestation la plus virulente de la lèpre raciste à l'heure de la globalisation capitaliste se fasse à la faveur d'une logomachie dangereusement réductrice.
La vidéo mise en ligne le 25 janvier dernier par Roseau montre des jeunes de Bondy exprimer avec beaucoup de justesse l'état de sidération et de rage qui a été le leur, les jours qui ont suivi. Parmi ces propos, souvent empreints d'une grande lucidité, on peut relever les suivants :
Ces phrases, dites par des « jeunes non-politisés des banlieues », entrent en résonance avec celles qui sont au cœur de son article :
Et dans sa conclusion :
Pierre ROUSSET - 11 février 2015
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34303
Dans ce papier, Rousset réagit à l'interview d'Achcar en avançant des arguments qui me semblent dignes d'être pris en considération. Son texte est long et s'expose parfois au risque d'un bavardage digressif, mais je partage la plupart des interrogations et des objections qu'il soulève. En mettant en évidence la singularité de l'événement, Rousset a le mérite de pointer les angles morts de certains raisonnements hâtifs, tenus çà et là, en particulier au sein de la gauche radicale.
Ce qu'il écrit peut irriter, mais je crois qu'il le fait avec le sens de la nuance et la rigueur qu'on lui connait. Et on n'évacuera pas les questions qu'il pose en les mettant sur le compte d'illusions concernant le potentiel démocratique dont les manifs des 10 et 11 janvier (instrumentalisées par les représentants politiques et médiatiques des classes dirigeantes) furent aussi l'expression. Rousset invite au contraire à ne pas se tromper de combat, à ne pas s'en prendre à de faux adversaires, en passant sous silence ceux dont les attentats du 7 janvier ont été l'une des signatures les plus spectaculaires sur le sol européen.
Si la lutte contre l'islamophobie constitue une des priorités de l'heure, il ne faudrait pas que ce combat indispensable contre la manifestation la plus virulente de la lèpre raciste à l'heure de la globalisation capitaliste se fasse à la faveur d'une logomachie dangereusement réductrice.
La vidéo mise en ligne le 25 janvier dernier par Roseau montre des jeunes de Bondy exprimer avec beaucoup de justesse l'état de sidération et de rage qui a été le leur, les jours qui ont suivi. Parmi ces propos, souvent empreints d'une grande lucidité, on peut relever les suivants :
" Ils nous ont tous tués.(...) Et quand j'ai commencé à regarder les vidéos, c'est là que je me suis dit, ça y est quoi, on a pris dix ans ferme. J'ai pensé aussi : (...) ça va être encore pour ma gueule. Ces mecs, ils ont plus caricaturé l'islam que ne l'ont fait les dessinateurs. (...) Une impression de se faire lyncher, comme ça.(…)
L'ennemi, on sait qui il est. Je pense que l'ennemi, ce n'est pas celle qui porte un voile, celui qui porte une barbe ou celui qui porte un survêt' Lacoste. L'ennemi, c'est celui qui perd son temps sur internet à croire les conneries qu'il peut trouver sur l'islam (...) L'ennemi, c'est l'assassin. (...) Ces ennemis-là, ils ont assassiné des journalistes. (...) Ces ennemis-là, ce sont aussi ceux qui sont au Nigéria, et ils s'appellent Boko-Haram, et qui ont détruit, qui ont rasé seize villages entiers, sans pitié."
Ces phrases, dites par des « jeunes non-politisés des banlieues », entrent en résonance avec celles qui sont au cœur de son article :
Nous avons condamné sans ambiguïté les assassinats, mais souvent sans en tirer de conclusions explicites en terme de tâches. Or, il nous faut lier plus étroitement que par le passé la solidarité avec les courants progressistes qui font face, de la Syrie au Pakistan, aux fondamentalistes (ainsi qu’aux régimes dictatoriaux) et la résistance en Europe à la montée en puissance de ces nouvelles extrêmes droites politico-religieuses. Il faut le faire sur notre programme, par nos méthodes, avec et en défense des musulmans. Sinon, nous n’offrons aucune alternative convaincante aux politiques sécuritaires et nous laissons en ce domaine le champ libre à nos adversaires : l’Etat et l’extrême droite « occidentale ».
Et dans sa conclusion :
J’ai été très frappé par la difficulté de nombreuses organisations (ou personnes) à analyser les événements de janvier avec recul. Beaucoup ne l’ont fait qu’à travers le prisme de leur champ d’intervention propre – ou de leur histoire personnelle propre. Je crains que cela ne reflète le degré de fragmentation de la pensée et de l’action militantes (et aussi, pour parler franchement, les traits individualistes et narcissiques de l’idéologie néolibérale dominante).
Cet état de fragmentation est un danger mortel. L’ordre dominant perd toute légitimité qu’elle soit démocratique (nourrissant des régimes de plus en plus autoritaires), sociale (détruisant les droits sociaux) ou historique. Sa principale force réside dans la division de celles et ceux d’en bas. Il cherche donc à détruire les anciennes solidarités et à interdire la formation de nouvelles. Pour ce faire, il joue de toutes les touches du clavier : jeunes contre vieux, hommes contre femmes, emplois stables contre emplois précaires, nationaux contre immigrés, chinois contre arabes, arabes d’immigration ancienne contre arabes d’immigration récente, racisme contre racisme…
De ce point de vue, l’attentat contre l’Hyper Cacher peut avoir des conséquences très importantes, dressant « communauté contre communauté » à la faveur de l’impact en France du conflit israélo-palestinien. De même, le gouvernement profite des événements de janvier pour accélérer son programme de mise au pas des écoles, d’imposition de l’ordre moral sur la jeunesse. La cible du moment est les jeunes qui ont refusé d’accepter sans discussion la minute de silence en mémoire des victimes de Charlie – pour la plupart en l’occurrence des musulmans. Mais la cible générale, ce sont les classes et classes d’âge « dangereuses », soit une triple discrimination « raciale », générationnelle et sociale.
L’unité des exploités et opprimés ne se fera pas en niant l’importance des discriminations particulières dont sont victimes les « minorités visibles », en ne leur permettant pas de faire valoir efficacement leurs propres droits. Elle ne se fera pas plus en valorisant les politiques identitaires qui privilégient la différence à l’encontre des résistances collectives. Sans combat commun, la bataille est perdue d’avance. Un tel combat exige une reconnaissance réciproque des droits partagés, mais aussi un socle enraciné dans le social. Le choix est clair, il est proprement stratégique – et il a des implications concrètes.
Il n’y a pas un, mais des racismes à l’œuvre en France. Les Roms sont sans conteste les plus opprimés ; les boucs émissaires par excellence. La population identifiée arabo-musulmane est la plus généralement discriminée, cible du discours dominant. Quelle que soit leur religion, les noirs restent des noirs, victimes d’un racisme plus classique. Les juifs sont les seuls qui ont été dans la période récente l’objet d’assassinats ciblés (Toulouse, Bruxelles, l’Hyper Cacher). Il y a des racismes construits par l’Etat, d’autres pas – mais tous sont des poisons, facteurs de division et de déshumanisation, destructeurs des solidarités. Tous doivent être combattus dans un même mouvement solidaire. Il vaudrait donc mieux éviter les déclarations antiracistes qui ne le feraient pas…
Il y a des victimes multiples. Défendons-les toutes, selon nos moyens, mais sans hiérarchie, quel que soit l’oppresseur. Il faut défendre les musulmans avec les musulmans, à leurs côtés, sans paternalisme ? Absolument : défendre ainsi les victimes de l’islamophobie – et aussi les femmes dites « de milieux musulmans » victimes du sexisme ordinaire ou fondamentaliste. On est tous bien d’accord ?
Un énorme travail de mise à jour reste à faire sur bien des questions. Mais il faut pour cela une ligne directrice : la convergence des résistances, la construction des solidarités, l’unité des exploité.e.s et des opprimé.e.s.
Babel- Messages : 1081
Date d'inscription : 30/06/2011
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
Bonsoir ,
dans ton texte précédent babel écris que
En admettant cette explication subjective sur la construction de l'islamophobie , en tant qu' idéologie de la classe dominante , en quoi est elle opposée sur ce point a l'islam qui est objectivement une construction idéologique de la classe dominante et du genre dominant ?
dans ton texte précédent babel écris que
C'est pourquoi, en tant que forme particulière de racisme, l’islamophobie ne prend pas appui sur les « différences génétiques » censées hiérarchiser les individus du racisme traditionnel, mais sur des différences culturelles essentialisées. Sa constitution en tant qu’idéologie de la classe dominante renvoie à la manière dont celle-ci s’est développée au sein d’un espace social particulier, à la façon dont s’est modelée l’identité nationale, par le biais d’un imaginaire collectif empruntant à une série de mythes fondateurs, enfin, à la manière dont les conflits de classe s'y développent.
En admettant cette explication subjective sur la construction de l'islamophobie , en tant qu' idéologie de la classe dominante , en quoi est elle opposée sur ce point a l'islam qui est objectivement une construction idéologique de la classe dominante et du genre dominant ?
nestor- Messages : 260
Date d'inscription : 01/04/2011
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
On parle de l'islamophobie et de l'islam en France et dans le monde occidental en 2014, pas de l'islam en Arabie saoudite ou au Qatar ou de l'Islam à l'époque de Mahomet.En admettant cette explication subjective sur la construction de l'islamophobie , en tant qu' idéologie de la classe dominante , en quoi est elle opposée sur ce point a l'islam qui est objectivement une construction idéologique de la classe dominante et du genre dominant ?
Dans les régions du Moyen Orient où les Chrétiens sont des victimes, on éviterait de faire rigoler la majorité de la population musulmane avec des caricatures insultantes sur les Chrétiens et leurs moeurs...
Une fois de plus, Nestor, tu montres que tes raisonnements sont idéalistes et intemporels...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
Et les femmes musulmanes en lutte effective contre des violences de justification religieuse ou traditionnelle ont évidemment le droit à être pleinement soutenues, comme toutes les femmes dans une situation similaire ou comparable, évidemment.
Mais ce n'est pas cela que font les islamophobes, ils s'en prennent en particulier aux femmes musulmanes visibles.
Mais ce n'est pas cela que font les islamophobes, ils s'en prennent en particulier aux femmes musulmanes visibles.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
verié2 a écrit:On parle de l'islamophobie et de l'islam en France et dans le monde occidental en 2014, pas de l'islam en Arabie saoudite ou au Qatar ou de l'Islam à l'époque de Mahomet.En admettant cette explication subjective sur la construction de l'islamophobie , en tant qu' idéologie de la classe dominante , en quoi est elle opposée sur ce point a l'islam qui est objectivement une construction idéologique de la classe dominante et du genre dominant ?
Dans les régions du Moyen Orient où les Chrétiens sont des victimes, on éviterait de faire rigoler la majorité de la population musulmane avec des caricatures insultantes sur les Chrétiens et leurs moeurs...
Une fois de plus, Nestor, tu montres que tes raisonnements sont idéalistes et intemporels...
Je ne pense pas que les idéologies puissent être compartimentées aussi facilement dans le temps et dans l'espace
http://www.cilecenter.org/fr/Invitation conférence publique: « Pour une éthique de la liberté d’expression? » 13/03/2015
Le CILE Centre de Recherche sur la Législation Islamique et l 'Ethique (CILE) a été inauguré au Qatar et est membre de la " Qatar Faculty of Islamic Studies " il sponsorise de nombreuses "conférences " qui ne sont en réalité que pure propagande pour les théses défendues par cet Etat
nestor- Messages : 260
Date d'inscription : 01/04/2011
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
Une idéologie, quelle qu'elle soit, ne peut être comprise que dans son contexte. D'autant que les idéologies évoluent s'adaptent etc. Prendre des textes sacrés (Bible, Torah, Coran) et en extraire des passages pour prouver qu'on a affaire à une idéologie sanguinaire ou au contraire humaniste n'a strictement aucun sens. Ca ne permet même pas de comprendre ce qu'il en est actuellement de ces religions, des diverses variantes sous lesquelles elles s'expriment etc. D'autant que ces variantes sont innombrables...Nestor
Je ne pense pas que les idéologies puissent être compartimentées aussi facilement dans le temps et dans l'espace
C'est vrai d'ailleurs pour toutes les idéologies, pas seulement pour les idéologies religieuses. Crois-tu par exemple que le stalinisme s'explique par les textes de Marx ? Ou que la religion juive permet de comprendre la politique d'Israël ? Ou alors qu'il fallait rechercher dans la bible l'explication de l'extraordinaire corruption de la Démocratie chrétienne en Italie ? Que les chambres à gaz s'expliquent par la lecture des textes antisémites du 19ème siècle ou la bombe d'Hiroshima par la religion protestante majoritaire aux Etats Unis ?
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
vérié ,
j'ai évoqué l'islam en tant qu'idéologie construite par la classe dominante , et tu as évoqué le Qatar un paradis fiscal qui pratique l'esclavagisme , pour dire que cela ne concernait pas une analyse de la situation car
Et bien il se trouve que le Qatar , ici et maintenant, sponsorise et met en avant un certain nombre d'intellectuels français et que par conséquent on, est obligé d'en tenir compte . Et si on avance comme l'a fait babel que l'islamophobie est une construction idéologique du système dominant , que dire alors de cet islam ?
Après oui le Staline est a Marx ce que les tartuffes sont aux Livres , et les richissimes qataris ne sont pas les derniers dans ce registre , mais il ne me semble pas avoir cité ici des passages du Coran , et en me contentant de citer des faits je reste bien dans le contexte
j'ai évoqué l'islam en tant qu'idéologie construite par la classe dominante , et tu as évoqué le Qatar un paradis fiscal qui pratique l'esclavagisme , pour dire que cela ne concernait pas une analyse de la situation car
On parle de l'islamophobie et de l'islam en France et dans le monde occidental en 2014, pas de l'islam en Arabie saoudite ou au Qatar
Et bien il se trouve que le Qatar , ici et maintenant, sponsorise et met en avant un certain nombre d'intellectuels français et que par conséquent on, est obligé d'en tenir compte . Et si on avance comme l'a fait babel que l'islamophobie est une construction idéologique du système dominant , que dire alors de cet islam ?
Après oui le Staline est a Marx ce que les tartuffes sont aux Livres , et les richissimes qataris ne sont pas les derniers dans ce registre , mais il ne me semble pas avoir cité ici des passages du Coran , et en me contentant de citer des faits je reste bien dans le contexte
nestor- Messages : 260
Date d'inscription : 01/04/2011
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
C'est un peu plus complexe, les classes dominantes ne créent pas ex nihilo des religions. Elles les récupèrent, les instrumentalisent, les adaptent à leurs nécessités dans certaines circonstances. En ce qui concerne le Qatar, oui, le Qatar tente d'instrumentaliser l'Islam, comme le font d'ailleurs la plupart des Etats de la région, y compris l'Egypte qui vient de massacrer les Frères musulmans - comme quoi il y a de sacrées contradictions. Mais tu conviendras que l'esclavagisme au Qatar n'a pas le Coran pour origine...j'ai évoqué l'islam en tant qu'idéologie construite par la classe dominante
En revanche, l'islamophobie est tout de même beaucoup plus récente, du moins avec une telle ampleur. Elle existait sans doute déjà à l'époque de Voltaire ou même au Moyen âge, mais a été développée par les campagnes médiatiques, les politiciens. On peut dire qu'un "problème musulman" a été inventé, construit à cette occasion. C'est clairement un instrument pour stigmatiser une partie des classes populaires, les opposer aux autres. Et aussi pour justifier une série d'expéditions impérialistes.
Que toutes les classes dominantes aient besoin d'idéologies, religieuses ou non, pour justifier leur domination et maintenir les classes exploitées dans la soumission est une évidence. Mais le parrallèle s'arrête là. L'Islam, comme le Christianisme, a une longue existence, se manifeste sous les formes les plus variées, au service d'intérêts les plus divers aussi, alors que l'islamophobie apparait comme une idéologie occidentale de fabrication plus récente, plus artificielle et beaucoup plus homogène dans ses manifestations.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
J'essaie de répondre à ton objection, en ouvrant un fil spécifique. Celui-ci tente d'aborder les rapports complexes existant entre idéologie et religion, en prenant pour point de départ la question de l'islamophobie.nestor a écrit:Bonsoir ,
dans ton texte précédent babel écris queEn admettant cette explication subjective sur la construction de l'islamophobie , en tant qu' idéologie de la classe dominante , en quoi est-elle opposée sur ce point a l'islam qui est objectivement une construction idéologique de la classe dominante et du genre dominant ?C'est pourquoi, en tant que forme particulière de racisme, l’islamophobie ne prend pas appui sur les « différences génétiques » censées hiérarchiser les individus du racisme traditionnel, mais sur des différences culturelles essentialisées. Sa constitution en tant qu’idéologie de la classe dominante renvoie à la manière dont celle-ci s’est développée au sein d’un espace social particulier, à la façon dont s’est modelée l’identité nationale, par le biais d’un imaginaire collectif empruntant à une série de mythes fondateurs, enfin, à la manière dont les conflits de classe s'y développent.
https://forummarxiste.forum-actif.net/t3758-ideologie-et-religion#102021
Babel- Messages : 1081
Date d'inscription : 30/06/2011
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
Ton analyse me convient mais la question reste. Il s'agit de ton analyse, de ta lecture d'une expression ramassée d'Achcar. Mais que voulait vraiment dire Achcar ? Se livrait-il à une utilisation polémique de certaines expressions ou bien comme je le pense, reproduisait-il inconsciemment certains schémas ?Babel a écrit:
Voilà pourquoi je pense qu’Achcar fait du terme de "musulman" un usage polémique. De la même manière que les Noirs peuvent utiliser le mot « nègre », d’un emploi péjoratif dans la bouche des esclavagistes et des racistes, pour le retourner contre ceux-ci.
Eugene Duhring- Messages : 1705
Date d'inscription : 22/09/2011
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
Il est vrai que je ne suis pas dans la tête d'Achcar : la marge de doute liée à l'erreur subsiste. (D'autant qu'être "dans sa tête" ne garantit même pas la connaissance de son activité inconsciente !) Toutefois, la lecture que je propose semble s'accorder à l'esprit qui guide son entretien, ce qui réduit sensiblement la part de subjectivité qu'elle contient.Eugene Duhring a écrit:Ton analyse me convient mais la question reste. Il s'agit de ton analyse, de ta lecture d'une expression ramassée d'Achcar. Mais que voulait vraiment dire Achcar ? Se livrait-il à une utilisation polémique de certaines expressions ou bien comme je le pense, reproduisait-il inconsciemment certains schémas ?Babel a écrit:
Voilà pourquoi je pense qu’Achcar fait du terme de "musulman" un usage polémique. De la même manière que les Noirs peuvent utiliser le mot « nègre », d’un emploi péjoratif dans la bouche des esclavagistes et des racistes, pour le retourner contre ceux-ci.
Si tu reprends, par exemple, l'extrait cité plus haut, tu constates qu'Achcar prends soin de distinguer dans l'islamophobie de l'extrême-droite européenne
- sa nature réelle (sa vérité) :
- de la façon dont elle se présente (son masque, son camouflage) :La cible préférée de leur discours de haine est l’islam. Les musulmans sont leurs boucs émissaires (…) A présent, c’est l’islam qui est de loin la cible principale de la haine d’extrême droite.
Cette islamophobie est en fait servie le plus souvent sous le prétexte qu’il ne s’agit pas de racisme – qu’il s’agit uniquement d’un rejet de la religion, et non des musulmans eux-mêmes tant qu’ils ne sont pas musulmans pratiquants.
Achcar dissocie donc, pour caractériser les manifestations de ce phénomène, la dimension religieuse (qui sert de prétexte) de la dimension ethnique (qui correspond à sa nature). J'en déduis que son emploi du terme "musulman" recouvre, dans cet entretien, une acception ethnique, et non religieuse.
En effet, la cible de l'islamophobie n'est pas la religion, puisque ce racisme anti-musulmans joue sur les oppositions entre
de « mauvais musulmans » et de « bons musulmans », ces derniers étant ceux qui « boivent de l’alcool et mangent du porc », c’est-à-dire ceux qui sont irréligieux et s’adaptent pleinement à la culture chrétienne occidentale. Les plus bienvenus des musulman•e•s – dans le sens ethnique, s’entend – sont la petite minorité qui participe au chœur islamophobe, en quête de récompense pour leur collaboration à l’instar des indigènes des colonies qui travaillaient au service de leurs maîtres coloniaux.
( La stratification et la hiérarchisation des cibles et des victimes est d'ailleurs une composante de l'idéologie raciste : on ostracise l'énorme foule des anonymes, tout en persécutant les récalcitrants, mais on ménage ceux qui courbent l'échine et on gratifie ceux qui collaborent. Jusqu'en 41-42, le régime de Vichy opérait de la même manière avec les juifs, en distinguant l'élite intégrée de la masse obscure de la population laborieuse. Jusqu'à ce que la machine nazie s'emballe et programme l'extermination systématique de la totalité des juifs d'Europe.)
Babel- Messages : 1081
Date d'inscription : 30/06/2011
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
Sur la question de Charlie, c'est là que ça éclaire une des premières pages qui avaient été faites contre les jeunes-filles enlevées par le groupe Boko Haram :
En étant islamisées de force et violées par des mariages forcés, elles devenaient ennemies dans un discours lepenien classique : avec voile et enceintes, elles endossaient forcement les sentiments prêtés par le FN et les néo-nazes français, d'une partie des médias de la bourgeoisie, aux jeunes femmes françaises musulmanes des quartiers populaires en criant pour qu'on ne touche pas à leurs allocs.
Elles devenaient des musulmanes et de mauvaises musulmanes car assimilées à une situation d'une fraction du prolétariat pauvre français particulierement discriminé. La première page de Charlie étendait l'offensive raciste en mêlant une bataille entre réactionnaires ultra-violents africains à la situation de l'immigration africaine en France.
Avec l'angoisse sous-jacente de voir ces jeunes-femmes, si elles étaient libérées, se précipiter en France pour avoir des allocs et élever leurs moutards ? (c'est qu'en plus elles étaient toutes enceintes, c'est que ces gens là, ça se reproduit comme des lapins...)En gardant les voiles imposés par leurs tourmenteurs, of course.
Que de grands courageux pour tabasser idéologiquement des victimes.
En étant islamisées de force et violées par des mariages forcés, elles devenaient ennemies dans un discours lepenien classique : avec voile et enceintes, elles endossaient forcement les sentiments prêtés par le FN et les néo-nazes français, d'une partie des médias de la bourgeoisie, aux jeunes femmes françaises musulmanes des quartiers populaires en criant pour qu'on ne touche pas à leurs allocs.
Elles devenaient des musulmanes et de mauvaises musulmanes car assimilées à une situation d'une fraction du prolétariat pauvre français particulierement discriminé. La première page de Charlie étendait l'offensive raciste en mêlant une bataille entre réactionnaires ultra-violents africains à la situation de l'immigration africaine en France.
Avec l'angoisse sous-jacente de voir ces jeunes-femmes, si elles étaient libérées, se précipiter en France pour avoir des allocs et élever leurs moutards ? (c'est qu'en plus elles étaient toutes enceintes, c'est que ces gens là, ça se reproduit comme des lapins...)En gardant les voiles imposés par leurs tourmenteurs, of course.
Que de grands courageux pour tabasser idéologiquement des victimes.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
Une réaction d'un groupe communiste révolutionnaire, en janvier dernier, aux attentats contre Charlie Hebdo et plus globalement à la situation créée par le développement du terrorisme islamiste:
http://www.mouvement-communiste.com/
http://www.mouvement-communiste.com/
Mouvement Communiste/Kolektivně proti Kapitălu
Bulletin n°7 07 janvier 2015
L’attaque contre Charlie Hebdo impose au prolétariat de se charger directement
et sans tarder de la lutte sans merci contre le fanatisme religieux violent qui renforce
l’État et qui accroît la division au sein des exploités et des opprimés.
« Ni Dieu, ni maître ! » (Auguste Blanqui)
Contre le califat et le fidéisme, défense du matérialisme, autonomie politique du prolétariat, alliance straté-
gique avec les mouvements de libération des femmes
Quels que soient les buts des responsables du massacre à Charlie Hebdo, il a pour conséquence de terroriser
la population tout entière. Terroriser pour empêcher de comprendre, terroriser pour dresser encore plus haut une
barrière artificielle entre les gens en fonction de la croyance religieuse. La religion est devenue une véritable arme
de l’islam politique partout dans le monde. À celle-ci s’oppose, en France, la religion de l’État dit laïque et républicain.
En se posant en gardien de la paix civile, l’État appelle à l’unité nationale derrière lui. Il demande à la population
de lui déléguer la défense des libertés et de la démocratie. Une défense qui se fait cependant au prix de la restriction
préventive des libertés individuelles et collectives et d’une répression accrue de toute dissidence antiétatique.
Les défenseurs de « l’identité blanche », comme le FN, verront dans cet attentat la confirmation que « la
guerre civile a déjà commencé » contre un ennemi déjà identifié : les musulmans, tous les musulmans, qu'ils partagent
les vues des fanatiques, qu'ils les combattent ou, tout simplement, qu’ils les subissent en silence. L’étranger,
« l’autre » d’ici ou d’ailleurs, est la cible des fanatiques de tous bords. L’ignoble attentat contre Charlie Hebdo fait
le jeu de l’État et affaiblit la seule classe, la classe ouvrière, qui peut battre concrètement le fanatisme religieux là
où il s’enracine, là où il cherche ses soldats perdus, dans les quartiers populaires et sur les lieux de travail. Cette
lutte est indispensable sous peine de devoir renoncer à faire valoir les raisons des exploités et des opprimés en
s’organisant de façon indépendante contre l’État, contre tous les États. Quant à l’islam politique violent, son objectif
est de forcer les musulmans à s’isoler et à fournir du bétail prêt à se sacrifier en Syrie, ailleurs ou ici-même. Il
importe de comprendre ce phénomène pour le combattre sans merci sans, pour autant, se livrer pieds et poings liés
à l’État.
Critique du califat et du fidéisme
Dans le monde entier, l’islam politique est
devenu un sujet de débat et de polarisation de la socié-
té civile en communautés illusoires opposées. Chacune
de ces communautés illusoires affirme militer au nom
d’une certaine idée de la civilisation ne pouvant pas
s’affirmer pleinement sans la défaite complète de
l’autre, identifiée comme ennemi en fonction de la foi
qu’elle professe, y compris la foi en la laïcité et en
l’État. Au nom de telle ou telle croyance en l’au-delà
de l’humain, toutes les questions ou presque y passent :
l’oppression plurimillénaire des femmes ; la famille ;
les migrations internationales ; l’emploi ; le logement ;
la nourriture, etc.
Le prisme déformant et mystifiant de la religion,
de toutes les religions, devient la justification
revendiquée de l’irrationnel, du rejet du principe de
réalité et, plus généralement, du déni d’humanité appliqué
à l’ennemi de la foi. Cette mystification spécifique
des rapports sociaux pénètre en profondeur dans
les têtes de nombreux prolétaires ici, dans les pays
capitalistes avancés, comme dans celles de leurs frères
à la périphérie du monde capitaliste le plus développé.
En raison de leur incontestable succès, ces
idées réactionnaires fidéistes deviennent une puissante
force matérielle démultipliant celles qui labourent déjà
la surface du globe capitaliste. L’extension du fidéisme
dans toutes ses formes bouleverse les priorités et redé-
finit les camps capitalistes dans plusieurs zones de la
planète. Toutefois, comme toute idéologie, cette
longue vague obscurantiste n’est guère à même de
faire échec au déterminisme de la matière et des rapports
sociaux qu’elle prétend remplacer. La foi ne menace
pas plus le capitalisme qu’elle n’a menacé les
sociétés divisées en classes opposées qui l’ont précédé.
Le fidéisme n’est autre qu’une expression idéologique
particulière de la soumission de classe.
Le fidéisme est un terme d’origine théologique,
s’appuyant sur le traditionalisme, selon lequel la
vérité ne peut être connue que par la tradition, non par
la raison ; au principe de toute connaissance se trouve
une révélation primitive que prolonge et enrichit la
révélation chrétienne. D'après le fidéisme, la raison ne
nous permet pas de connaître la nature des choses ; elle
se borne à observer et à classer les apparences ; seule
la foi, illuminant l'intelligence (elle-même intuitive,
donc distincte de la raison, qui est analytique), nous
fait connaître le fond des choses, c'est-à-dire les réalités
spirituelles. En un sens plus précis, le fidéisme
exclut que les vérités de foi comportent des préambules
rationnels, prennent appui sur des démonstrations,
incluent un noyau de rationalité qui pourrait être
récupéré par une philosophie autonome. En un autre
sens, également théologique, le fidéisme fait consister
la foi dans la confiance en Dieu, non dans l'adhésion à
des dogmes. Dans tous les cas, le terme fidéisme implique
une défiance de la raison ; c'est pourquoi il a
une saveur péjorative. De même que le rationalisme
tend à surestimer la raison au point de professer que la
science est l'unique source de vérité (récusant ainsi par
avance toute croyance), de même le fidéisme tend à
surestimer la foi au point de professer que la révélation
est l'unique garantie du vrai (discréditant ainsi les efforts
de toute activité rationnelle)1
.
Le prolétariat révolutionnaire doit combattre
tout d’abord le fidéisme en son sein en le traitant pour
ce qu’il est : un instrument de division de la classe qui
renforce la dictature capitaliste et les États et qui est
susceptible d’embrigader les exploités et les opprimés
dans de nouvelles guerres qui profitent aux classes
dominantes. En particulier, le fidéisme du Livre (la
Bible) - mais aussi celle de l’Hindouisme ainsi que de
la grande majorité des croyances religieuses -
s’applique à dédier à Dieu, le patriarcat et la famille.
Le califat, l’idéologie fidéiste réactionnaire qui semble
remporter le plus de succès ces temps-ci, mérite une
attention toute particulière car elle se drape
d’anticapitalisme et d’anti-impérialisme et, surtout,
constitue un élément central de l’aggravation de la
crise géostratégique du Moyen-Orient. C’est la raison
pour laquelle nous lui consacrons un texte spécifique
en quatre points.
Premier point
Les partisans du califat tentent d'établir un
ordre qui leur serait favorable dans des régions où le
capitalisme domine mais n’a pas ou peu dissout les
rapports sociaux hérités des sociétés de classe qui l’ont
précédé. Les quelque 10 000 tribus sunnites d'Irak en
sont l'exemple le plus clair. La structure sociale archaïque
tribale a survécu aux marges du capital moderne
en se nourrissant de la rente pétrolière et du petit
commerce de marchandises, souvent illégal. La tribu
sunnite irakienne a été transformée par l’extension de
la domination du capital mais le lien ancestral de type
patriarcal n’a pas été brisé. La tribu administre son
territoire. C’est un petit monde clos tant vers
l’extérieur que vers l’intérieur sauf quand elle doit
accumuler les moyens de sa survie par le clientélisme
et les marchandages. Aujourd'hui, un grand nombre de
tribus sunnites d’Irak font allégeance à EI. Ce groupe
sanguinaire leur garantit la permanence de la structure
tribale. Plus, le califat auto-proclamé les sanctifie.
L’autre visage du califat actuel est celui
qu’incarnent des personnages comme Mokhtar Belmokthar,
dit « le borgne », salafiste de la première
heure et devenu célèbre, début 2013, après son attaque
de la raffinerie In Amenas en Algérie. Également surnommé
« Monsieur Marlboro », ce sinistre personnage
est par ailleurs à la tête d’un vaste trafic de cigarettes
chiffré à environ un milliard de dollars dans toute
l'Afrique saharienne. Un trafic qui a pu se développer
grâce à des alliances de sang scellées avec des tribus
touarègues. Contrebandiers, voleurs de poules à la
petite semaine, marchands d’êtres humains (prostitution
; trafic de migrants), dealers, toutes ces figures de
commerçants illégaux trouvent dans le califat un
moyen de consolider leurs activités lucratives et/ou
d’en développer d’autres, « blanchies » par l’adhésion
à la foi.
EI lui-même est une importante entreprise
commerciale en Syrie et en Irak qui échange du pé-
trole, des femmes et des biens de consommation. Le
programme de ce dernier se résume à « qui a les
armes, a le pain et les femmes ». Ce gang ne présente
aucun danger pour le capitalisme qui s'accommode
parfaitement des rentiers et des trafiquants, qu’il engendre
souvent. Boko Haram au Nigeria, Cameroun et
Niger, Al-Shabbaab en Somalie, Al-Qaïda au Maghreb
islamique (AQMI) au Sahel, Al-Qaïda dans la péninsule
arabique (AQPA) au Yémen et en Arabie saoudite,
les talibans en Afghanistan et au Pakistan ainsi
qu’Abou Sayyaf aux Philippines, en Indonésie et en
Malaisie – pour ne citer que les groupes islamistes les
plus connus – répliquent les mêmes rapports sociaux
dont EI est l’une des expressions.
Ces considérations ne s’appliquent pas à
l’islam chiite, dont l’organisation interne centralisée
assimilable au fascisme a permis de s’adapter, à
l’instar de l’Église catholique, au capitalisme moderne.
Deuxième point
EI est né sur les décombres du nationalisme
arabe reposant sur le modèle des anciennes démocraties
populaires fondé sur l’alliance du parti unique (le
Baas dans les cas irakien et syrien), de l’armée et du
.syndicat unique. Ce modèle visait la création
d’économies postcoloniales modernes, dotées d’un
secteur industriel puissant, d’un marché intérieur unifié
et d’un État laïque fort. Ce projet a été miné par
l’effondrement progressif du bloc russe et par
l’émergence, sur les décombres des luttes de libération
nationale, d’une caste dirigeante parasitaire, corrompue,
despotique et inefficiente.
Sur le fond, le califat de EI est en parfaite continuité
avec les régimes arabes qu’il prétend remplacer.
Ses sources de survie sont le commerce et le pillage ;
son organisation est clientéliste et truffée d’incapables.
EI diverge avec les régimes sunnites uniquement en
matière de positionnement géostratégique, ne serait-ce
que pour s’imposer aux autres États de la région, y
compris ceux dont le sunnisme est la religion officielle.
Les États-Unis ont profité de l’effondrement
de l’empire russe et étendu leur influence sur les ré-
gimes arabes dont les velléités de développement capitaliste
ont été revues à la baisse au fil des décennies.
Un cap important a été franchi par Washington,
d’abord avec le soutien actif aux talibans en guerre
contre la Russie en Afghanistan, puis avec la première
guerre d’Irak. Ces deux épisodes marquent l’adoption
par l’administration américaine d’une diplomatie
agressive au Moyen-Orient, pour que les États-Unis
redeviennent une puissance incontournable. Les Printemps
arabes ont fourni à Washington l’opportunité de
jouer également un rôle de tout premier ordre dans
toute l’Afrique du Nord. La tentative n’a pas encore
produit des résultats probants.
Si en Égypte le général Al-Sissi a démantelé
l’organisation des Frères musulmans et s’est inscrit
dans le sillage de Hosni Moubarak en matière de politique
étrangère et d’alliance stratégique avec Washington,
en Libye, la destitution violente de Mouammar
Kadhafi n’a pas encore permis d’instaurer la « pax
americana », pas plus qu’en Afghanistan ou en Irak.
À leur tour, les deux puissances régionales
moyen-orientales, la Turquie et l’Iran, ont tenté, suivant
des trajectoires diplomatiques divergentes, de tirer
avantage de l’accélération de la crise géostratégique de
la région. La première a misé sur l’apparition de ré-
gimes islamiques proches à la faveur du Printemps
arabe. Pour l’instant, cette politique d’Ankara sort
défaite. Les soutiens, explicite aux Frères musulmans
égyptiens, plus discret au Hamas palestinien et mesuré
et publiquement nié à EI, se sont soldés pour l’instant
par un isolement diplomatique croissant de la Turquie.
L’écrasement des Frères égyptiens, la défaite militaire
du Hamas à Gaza par les troupes israéliennes et
l’engagement des Occidentaux contre EI ont entamé le
rayonnement régional de la Turquie dans la région et
détérioré ses relations historiques avec les États-Unis
et l’Europe.
Quant à l’Iran, l’échec des Printemps arabes
d’inspiration sunnite l’a relancé au centre de
l’échiquier régional. Téhéran contrôle Bagdad, établit
des rapports solides avec le gouvernement du Kurdistan
irakien, préserve son bastion libanais, soutient avec
une efficacité croissante Bashar el-Assad, dont le ré-
gime en Syrie montre une capacité de survie inattendue,
et rentabilise son combat contre EI. Le tout afin
de hâter la fin de l’embargo occidental et négocier plus
avantageusement la question du nucléaire.
Troisième point
Outre la dimension géostratégique et diplomatique,
l’émergence de l’islam politique violent fournit
aux exécutifs des pays capitalistes avancés un formidable
outil de division de classe, de restriction des
libertés individuelles et collectives et d’élargissement
de la base sociale embrassant l’idéologie dominante.
Les mesures d’exception se multiplient. La répression
du terrorisme nécessite de moins en moins la charge de
la preuve factuelle pour s’exercer. On peut se faire
embarquer, voire perdre une partie de ses droits bourgeois
fondamentaux comme celui de circuler par la
simple manifestation publique de ses opinions.
L’épouvantail des égorgeurs d’EI terrorise des
pans entiers de population des citadelles capitalistes
occidentales. Ici, des secteurs importants du prolétariat
embrassent les idéologies identitaires de défense de la
religion, de la famille et de la patrie. Les organisations
réactionnaires « blanches » comme le Front National
en France et la Ligue du Nord en Italie, ou l’UKIP en
Grande-Bretagne et le NPD en Allemagne font leurs
choux gras de la peur. Souvent, elles attirent les voix
des sans-réserves lors des scrutins électoraux. La soudure
entre, pêle-mêle, la colère contre
l’appauvrissement et la précarisation des conditions de
vie, le rejet par les mâles de la fragilisation du patriarcat,
la peur des immigrés et des jeunes voyous de banlieue
s’opère sous leur bannière de la défense de la
« tradition », du « bon vieux temps », de Dieu, de la
Famille et de la Nation. Paradoxalement, ils ne font
pas de critique des positions de l’islam envers les
femmes pour faire oublier leur propre oppression patriarcale
des femmes. Et cela crée des alliances
étranges. Ainsi en Tchéquie, les néonazis manifestent
pour interdire que des réfugiés syriens (et leurs enfants
malades) y trouvent refuge.
Les populations, identifiées comme de religion
musulmane dans les pays capitalistes avancés, deviennent
la cible de toutes les accusations. Enfermées dans
leur propre représentation mystifiée de « communauté
des croyants » (Oumma), elles sont sans cesse appelées
à condamner l’islam politique. Par le soutien au califat,
une petite minorité de musulmans d’ici choisit de faire
sienne l’image que les États leur collent.
En France, leur premier pas vers le califat est
sans conteste l'antisémitisme. Un antisémitisme qui se
diffuse dangereusement, encouragé par ceux qui, dans
l’extrême gauche, confondent la juste condamnation
des conditions des Palestiniens sous la colonisation
israélienne avec le soutien à ladite « résistance » des
antisémites du Hamas, qui exercent un pouvoir dictatorial
d’une rare brutalité à Gaza et qui sont au pouvoir
dans tous les Territoires occupés grâce à leur alliance
de gouvernement avec l’OLP. En France, les attaques
antisémites représentent la moitié des agressions racistes
et ont pour cible une population d’origine juive
qui ne compte que 1 % de la population totale. Cet
antisémitisme « sunnite » trouve un écho favorable
dans celui propagé par les groupuscules, à la droite de
l'extrême droite « blanche », comme celui en France,
mangeant au râtelier iranien, de Soral et de Dieudonné.
Les musulmans issus des pays capitalistes dé-
veloppés qui rallient le califat ont des motivations différentes
de ceux qui vivent dans les pays à la périphé-
rie du capitalisme. Le seul point commun entre eux est
la volonté de consacrer la soumission de la femme. Les
combattants occidentaux du califat n’ont pas une origine
de classe homogène. Il s’agit le plus souvent de
jeunes isolés, peu ou pas informés, sans ancrage social
précis, rejetant la prolétarisation, refusant le mode de
vie des parents et qui ne cachent pas leur hostilité vis-
à-vis des femmes qui ont choisi la voie de
l’indépendance des hommes (« les putes »). La promesse
d’une vie héroïque dépassant l’isolement et la
solitude urbaine et périurbaine par la fratrie guerrière
ainsi que la sacralisation du rôle dominant du mâle en
conformité avec les préceptes religieux de l’islam représentent
les deux principaux arguments en faveur de
la hijra (immigration vers un pays musulman) pour
combattre l’infidèle.
La sacralisation de l’oppression des femmes et
de la famille est un pilier essentiel du califat. Même les
hommes les plus démunis y trouvent la possibilité
d’exercer un pouvoir absolu sur leurs conjointes. La
femme pieuse qui se soumet dans son corps et dans sa
tête au mari obtient en échange la protection de la religion
vis-à-vis des autres mâles. Esclave domestique
murée, rejetant son propre être, du fait de son inaccessibilité,
la femme devient néanmoins dans le califat
l’objet des fantasmes les plus sordides des mâles. Le
combat pour le respect des individus réunis dans une
société pleinement humaine ne peut donc passer que
par la lutte pour la libération des femmes de la famille
et de la domination des mâles. L’alliance stratégique
entre la classe ouvrière révolutionnaire et les mouvements
de libération des femmes prend tout son sens,
notamment dans les pays où déferle l’idéologie fidéiste.
Quatrième point
La montée du califat relance en grand la ferveur
des fidéistes antimusulmans. Les curés des autres
confessions bibliques en bénéficient largement. Pourtant,
ceux-ci partagent l’essentiel avec le califat : le
culte de l’irrationnel et de l’inexplicable, la mystique
de la foi et la mortification du corps et de l’esprit humains.
C’est pourquoi le combat mortel contre la religion
et pour la défense du matérialisme ne peut se
limiter à l’islam politique.
À ceux et celles qui sont aux premières lignes
de la guerre contre les fous sanguinaires de l’EI, à ces
combattantes et combattants kurdes et syriens de Kobane
et d’ailleurs épris de liberté, notre message est le
suivant : leur volontarisme et leur sacrifice résonnent
comme un appel universel à la révolte. Un appel qui
reste pourtant incomplet et est aujourd’hui mis au service
de la compétition géopolitique entre les diffé-
rentes puissances capitalistes. La résistance de masse
contre EI à Kobane est aujourd’hui dirigée par les factions
politiques kurdes de Turquie et d’Irak. Elles
l’exploitent pour instaurer (dans le cas du PKK) ou
consolider (dans le cas du KDP) leur propre dictature
bourgeoise.
C’est pourquoi la lutte mortelle engagée par
les volontaires de Kobane contre le califat n’atteint pas
la division en classes de la société qui est à l’origine de
cette forme moderne de barbarie qu’est le califat actuel
et, plus généralement, de toutes mystifications religieuses.
Pour surmonter cette limite cruciale de ce
combat, il est plus que jamais nécessaire de développer
l’autonomie politique du prolétariat pour en finir avec
l’oppression et l’exploitation de l’homme par
l’homme.
« La détresse religieuse est, pour une part,
l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la
protestation contre la détresse réelle. La religion est le
soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde
sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales
d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du
peuple. L’abolition de la religion en tant que bonheur
illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur
réel. Exiger qu’il renonce aux illusions sur sa
situation, c’est exiger qu’il renonce à une situation qui
a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc
en germe la critique de cette vallée de larmes dont la
religion est l’auréole. » Karl Marx. Critique de la philosophie
du droit de Hegel, 1843.
hadrien- Messages : 285
Date d'inscription : 09/02/2015
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
Ah bon, en France, nous sommes menacés par le califat ?(Texte du Mouvement communiste cité par Hadrien)En France, leur premier pas vers le califat est sans conteste l'antisémitisme.
Curieux que Hadrien, sympathisant ou militant de LO, s'appuie sur le texte du groupe ultra gauche Mouvement communiste... qui pense et dit pis que pendre de LO.
Bien sûr tout n'est pas faux dans cette longue analyse. Mais, comme presque toujours les groupes ultra gauches dont l'activité principale, voire unique, est de publier des textes et n'ont par conséquent aucune préoccupation tactique, MC s'en tient à des considérations très générales.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
verié2 a écrit:
Bien sûr tout n'est pas faux dans cette longue analyse.
Juste des généralités d'un marxisme conservé dans le formol masquant très mal une islamophobie robuste. (Je croyais d'hadrien un avocat de l'organisation communautariste blanche LO mais il a trouvé plus minuscule et plus sectaire...)
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
Visiblement, Vérié2, tu me places politiquement comme ça t'arrange, bien que j'ai plusieurs fois été clair sur ce point.
Tu aurais pourtant du remarquer que plus personne se référant à LO n'intervient ici, (ce qu'on peut comprendre quand on lit les tombereaux de pourriture et d'injures graves déversées régulièrement par deux ou trois individus sans que ça ait l'air de gêner qui que ce soit).
Par ailleurs, je ne "m'appuie" pas sur ce texte, je le publie comme élément de réflexion ainsi que beaucoup d'autres l'ont fait ou le font sans forcément être d'accord sur tout avec ceux qui l'ont rédigé.
Il se trouve que je trouve intéressant certains développements qui me semblent plus en phase avec un regard marxiste sur la situation, que ce qu'on peut voir écrit ici sous le clavier des deux crypto-islamistes qui inondent le forum de leur propagande anticommuniste et racialiste.
Et je me sens en effet plus à l'aise pour discuter avec "la gauche communiste" qui se place dans le camp de l'unité ouvrière qu'avec les réactionnaires du type PIR qui sont dans le camp opposé.
Tu aurais pourtant du remarquer que plus personne se référant à LO n'intervient ici, (ce qu'on peut comprendre quand on lit les tombereaux de pourriture et d'injures graves déversées régulièrement par deux ou trois individus sans que ça ait l'air de gêner qui que ce soit).
Par ailleurs, je ne "m'appuie" pas sur ce texte, je le publie comme élément de réflexion ainsi que beaucoup d'autres l'ont fait ou le font sans forcément être d'accord sur tout avec ceux qui l'ont rédigé.
Il se trouve que je trouve intéressant certains développements qui me semblent plus en phase avec un regard marxiste sur la situation, que ce qu'on peut voir écrit ici sous le clavier des deux crypto-islamistes qui inondent le forum de leur propagande anticommuniste et racialiste.
Et je me sens en effet plus à l'aise pour discuter avec "la gauche communiste" qui se place dans le camp de l'unité ouvrière qu'avec les réactionnaires du type PIR qui sont dans le camp opposé.
hadrien- Messages : 285
Date d'inscription : 09/02/2015
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
D'accord, tu n'interviens qu'à titre individuel... comme tout le monde, moi compris. Mais tu as nettement affiché tes sympathies avec LO, c'est pourquoi je me suis permis d'y faire référence. Par ailleurs, je peux comprendre en effet la réactions de camarades de LO et je déplore que les insultes et les calomnies évidentes ne soient pas plus systématiquement sanctionnées.Hadrien
Vérié2, tu me places politiquement comme ça t'arrange, bien que j'ai plusieurs fois été clair sur ce point.
Tu aurais pourtant du remarquer que plus personne se référant à LO n'intervient ici, (ce qu'on peut comprendre quand on lit les tombereaux de pourriture et d'injures graves déversées régulièrement par deux ou trois individus sans que ça ait l'air de gêner qui que ce soit).
En revanche, comme je l'ai déjà dit, j'aurais apprécié qu'il y ait une réaction collective du même ordre lorsque j'ai été exclu du FALO, sans jamais avoir tenu le moindre propos insultant à l'encontre de LO.
La Gauche communiste est un courant marxiste respectable en effet. Mais les groupes qui s'en revendiquent en France sont tout de même assez éloignés du terrain des luttes, même s'ils essaient parfois d'y faire incursion, surtout en distribuant leurs textes. Cet isolement n'est pas propice à une bonne compréhension de tous les sujets. Ils défendent certes des positions de classe contrairement au PIR, mais souvent de façon un peu abstraite...je me sens en effet plus à l'aise pour discuter avec "la gauche communiste" qui se place dans le camp de l'unité ouvrière qu'avec les réactionnaires du type PIR
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
verié2 a écrit: Par ailleurs, je peux comprendre en effet la réactions de camarades de LO et je déplore que les insultes et les calomnies évidentes ne soient pas plus systématiquement sanctionnées.
Tu nous fais rire vérié2 avec tes indignations à sens unique (pro LO). Tiens tu n'as pas réagi à ce qui suit :
hadrien a écrit:des deux crypto-islamistes
Mais c'est dans l'ordre des choses tout comme l'absence de positions de classe au PIR selon toi, tu n'as sans doute pas lu les documents du PIR et encore moins le fil de discussion qui lui est consacré avec les très nombreux textes en références qui démontrent clairement le contraire de ce qui tu affirmes.
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
(souligné par MO2014)hadrien a écrit:
des deux crypto-islamistes
Ce genre d'amalgame est en effet tout aussi déplorable que tes insultes à l'encontre de LO. Certes, j'interviens beaucoup sur ce forum, mais je ne relève pas tout... Il faudrait y passer la journée entière.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
verié2 a écrit:(souligné par MO2014)hadrien a écrit:
des deux crypto-islamistes
Ce genre d'amalgame est en effet tout aussi déplorable que tes insultes à l'encontre de LO. Certes, j'interviens beaucoup sur ce forum, mais je ne relève pas tout... Il faudrait y passer la journée entière.
Pourquoi dis tu que je "souligne" les propos de ton camarade hadrien alors que je ne fais que les citer ? C'est vrai que toi tu ne les as ni "soulignés" ni "cités". Étrange non ? De plus selon toi Toussaint et moi on "insulte" alors que ton camarade hadrien lui fait des "amalgames". Tes sympathies et tes antipathies sont tellement lisibles...
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
Dans la langue française, sélectionner un passage d'un texte pour le citer, cela revient à le souligner...Pourquoi dis tu que je "souligne" les propos de ton camarade hadrien alors que je ne fais que les citer ?
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
13/01/2015 :
Je viens de retomber sur ce fameux édito de Renaud, qui m'avait fortement énervé à l'époque... Le voici, avec ses post-scriptums dont je ne me rappelais plus, et qui sont gratinés :
Je n'avais que 17 ans quand j'ai lu pour la première fois ce texte stupide, et ça m'a vacciné à tout jamais contre cet ex-rebelle de bac à sable devenu alcoolique mondain, et contre son hebdomadaire pourri. "Société, tu m'auras pas", chantait autrefois ce guignol, qui prétendait même habiter dans un (blême) HLM...
Aux dernières nouvelles, son prochain album comprend une chanson intitulée "J'ai embrassé un flic", référence aux grandes effusions de la petite-bourgeoisie parisienne en janvier 2015. Qui se dévoue pour lui payer un hectolitre de gnôle, histoire qu'il s'y noie définitivement ?
Byrrh a écrit:Je connais "Charlie Hebdo" depuis l'année de sa reparution (1992), et avant lui "La Grosse Bertha" (1991) : mon père l'achetait toutes les semaines, avec le "Canard enchaîné". Je me souviens d'un édito ridicule du chanteur Renaud suite à la mort de Mitterrand ("Avouez-le, vous aussi vous avez versé un petite larme en apprenant la mort de Tonton", ou un truc du genre), je me souviens de la façon dont Cabu se foutait de la prolote Arlette, mais ça, c'était les années 90 : ce n'était pas grand-chose par rapport à ce que je décris plus haut et qui est devenu bien plus hard dans les années 2000, quand ceux qui déclaraient avoir des sympathies pour LO-LCR se sont cassés ou ont été poussés vers la sortie.alexi a écrit:On feint de découvrir que Charlie n'est pas (...)
Je viens de retomber sur ce fameux édito de Renaud, qui m'avait fortement énervé à l'époque... Le voici, avec ses post-scriptums dont je ne me rappelais plus, et qui sont gratinés :
Charlie-hebdo N°187, 17 janvier 1996
Larmes à gauche...
Le temps des cerises, c'est pas demain...
Vous avez pas pleuré, vous ? Moi au moins dix fois. Devant ma télé le soir même et tous les soirs suivants, en quittant la rue Le-Play, le mercredi soir à la Bastille sous sa photo monumentale, et même lorsque Barbara Hendricks nous a massacré Le Temps des cerises dans sa version Neuilly de cet hymne du peuple de gauche. Erreur de casting...
Quelque conseiller en communication attaché au PS, plutôt que de privilégier l'émotion et l'authenticité, aura probablement pensé, une fois de plus, en terme d'impact télévisuel. Là où un Marc Ogeret nous aurait arraché les tripes, la grande artiste nous a offert un numéro de virtuose lyrique ennuyeux et mondain.
Mais si, vous avez pleuré... Forcément... Vous n'osez pas me l'avouer parce que, comme moi, vous gardez en travers de la gorge l'affaire Greenpeace, la guerre du Golfe et, surtout, la soumission à l'économie de marché. Mais, comme moi, vous savez qu'un homme qui aimait tellement les livres n'a forcément été guidé que par le désir d'y trouver un rempart à l'ignorance, à la barbarie, une source inépuisable de mots, d'idées et de sentiments qui mènent l'homme à un degré supérieur de conscience dans sa recherche de la beauté, de la vérité et de la justice.
Moi c'est pour ça que je l'ai soutenu, au moins au moment des grandes échéances électorales, pour ça que j'ai toujours assumé l'étiquette de «Tonton-maniaque» dont des journalistes «de gauche», plus volontiers que d'autres, m'affublaient avec ironie (comme pour se venger des relations affectives privilégiées que j'avais, contrairement à eux, la chance d'entretenir avec lui...). Je l'ai critiqué vertement parfois, il ne m'en tint jamais rigueur, le lion assoupi en veut-il à la puce qui le pique et lui rappelle les combats à mener ?
Bien sûr que vous avez pleuré... Même si ce fut sur vos illusions perdues, même si ce fut en souvenir d'une autre place de la Bastille quinze ans plus tôt, vous avez pleuré de rage contre la maladie et la mort, contre les chiens qui depuis un an s'acharnaient sur l'homme blessé, vous avez, comme moi, pleuré l'humaniste, son intelligence, sa culture, sa malice et son humour, et puis vous avez pleuré comme moi en réalisant, allez, avouez, que si vous aviez su que vous l'aimiez autant vous l'auriez aimé davantage.
RENAUD
P.-S.1 : Je sais... Un homme d'abord ça pleure pas ! Regardez Arlette Laguiller... Miss Pol Pot ne sait probablement même plus ce que «pleurer» veut dire. Ses dernières larmes remontent à la prise du palais d'Hiver en 1917...
P.-S.2 : Jean-Jacques Goldman, dans Libé, écrit de Mitterrand : « Habileté, charme, il fut l'archétype de l'homme de droite. » Ben alors ? Il aurait dû te plaire... À moins que tu ne sois l'archétype de l'homme de gauche, toi pour qui l'engagement politique et la justice se résument aux Restos du Cœur ?
Je n'avais que 17 ans quand j'ai lu pour la première fois ce texte stupide, et ça m'a vacciné à tout jamais contre cet ex-rebelle de bac à sable devenu alcoolique mondain, et contre son hebdomadaire pourri. "Société, tu m'auras pas", chantait autrefois ce guignol, qui prétendait même habiter dans un (blême) HLM...
Aux dernières nouvelles, son prochain album comprend une chanson intitulée "J'ai embrassé un flic", référence aux grandes effusions de la petite-bourgeoisie parisienne en janvier 2015. Qui se dévoue pour lui payer un hectolitre de gnôle, histoire qu'il s'y noie définitivement ?
Byrrh- Messages : 1009
Date d'inscription : 12/09/2012
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
Hop hop hop, Byrrh, on peut critiquer Renaud tous azimuts, mais pas sur son alcoolisme. C'est une putain de maladie qu'il a, et ça ne me fait pas rire. Ca a gâché sa vie comme ça gâche la vie de plein de gens que je respecte... Ou alors, tu changes de pseudo et tu prends "Ligue de tempérance." mais c'est moins rigolo que Byrrh.
Zelda- Messages : 61
Date d'inscription : 26/12/2015
Age : 59
Localisation : paris
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
alors s'en prendre à Renaud c'est minable , ben oui il aimait Mitterand et alors........
Ben oui ya des fois où çe qu'il dit cest pas très clair et alors,.....
c'est un putain de bon chanteur , yen a plus trop , ben oui il a des super chansons contre le capital , pour Charlie .
et oui il reviendra chanter l'année prochaine et oui ya des gens qui remercient les flics ( ah bon cest mal !!!!!)
un commissaire est tétraplégique parce qu'il est rentré au bataclan pour sauver des gens , t'en penses quoi?
Ben oui on est pas ceci ou cela obstacles plein de choses , la vie c'est pas blanc ou noir cest plus complexe que vos petites certitudes ......
Ben oui ya des fois où çe qu'il dit cest pas très clair et alors,.....
c'est un putain de bon chanteur , yen a plus trop , ben oui il a des super chansons contre le capital , pour Charlie .
et oui il reviendra chanter l'année prochaine et oui ya des gens qui remercient les flics ( ah bon cest mal !!!!!)
un commissaire est tétraplégique parce qu'il est rentré au bataclan pour sauver des gens , t'en penses quoi?
Ben oui on est pas ceci ou cela obstacles plein de choses , la vie c'est pas blanc ou noir cest plus complexe que vos petites certitudes ......
cerise75- Messages : 219
Date d'inscription : 21/07/2012
Re: Attentat contre Charlie Hebdo
http://www.france24.com/fr/20170107-charlie-hebdo-deux-ans-attentat-riss-liberte-expression-reactions-humour-caricatures
Riss, le directeur de la publication de l'hebdomadaire satirique, qui avait été blessé lors de l'attaque, estime que, deux ans après la tuerie, la situation est encore plus sensible, même si la liberté d’expression reste capitale.
"En ce qui concerne Charlie, quand on fait certains dessins, maintenant, il y a des réactions internationales virulentes, de Russie, de Jordanie et d’Italie, a-t-il déploré. On a l’impression qu’il y a une susceptibilité qui est encore bien plus grande qu’avant par rapport à l’humour et à la satire". Et d’ajouter : "Sur le papier, la liberté existe toujours mais son exercice est plus timoré".
"Charlie est mort le 7 janvier"
De son côté, Zineb El Rhazoui, reporter de Charlie Hebdo, qui ne se déplace plus sans protection policière, a estimé que "Charlie est mort le 7 janvier". La journaliste de 35 ans, qui a formalisé son départ de la rédaction, explique à l’AFP avoir "l'impression" que Charlie Hebdo suit "une ligne éditoriale exigée par les islamistes avant les attentats, c'est-à-dire que Mahomet n'est plus dessiné". Elle s’est 'interrogée "sur la faculté" de l'hebdomadaire "de continuer à porter le flambeau de l'irrévérence et de la liberté absolue".
Mardi, le directeur de la publication déclarait : "Si demain on met en couverture une caricature de Mahomet, qui va nous défendre ? Personne, à part un ou deux intellectuels. On nous dira: 'Vous êtes fous, vous l'avez bien cherché.'".
Zineb El Rhazoui, qui a publié en octobre un essai intitulé "Détruire le fascisme islamique", aux éditions Ring, affirme comprendre que Charlie Hebdo se sente trop "seul à monter au front" mais "il ne faut pas que nos collègues soient morts pour rien. Si cela ne tenait qu'à moi, je continuerais". Et d'affirmer être "toujours Charlie, évidemment".
Lorry- Messages : 101
Date d'inscription : 14/04/2016
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