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Migrations

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Message  Copas Dim 27 Juil - 12:41

« Vous les domestiques, vous êtes comme des ordures pour nous »

Migrations - Page 2 15102010

Devant un hangar de l'aéroport d'Antananarivo, Herinirina attend le corps de sa femme qui arrive d'Arabie saoudite. Elle faisait partie des nombreuses domestiques malgaches qui disent avoir été réduites en esclavage dans le Golfe.

En effet, comme des dizaines de milliers de Malgaches depuis une quinzaine d'années, Solange, 34 ans, avait quitté Madagascar pour travailler dans une famille. Elle est morte le 26 janvier, moins d'un an après son arrivée, d'un arrêt cardiaque sans cause apparente selon le rapport médical saoudien qui cite « la volonté de Dieu ». Pourtant, elle avait lancé un appel de détresse un mois avant sa mort. « Lors du dernier contact téléphonique, elle a dit : Je ne sais pas où je suis, ni quelle est mon adresse. Je ne serai bientôt plus parmi vous, prenez soin de nos deux enfants », explique Herinirina, qui a porté plainte.

« Madagascar est un exemple parmi d'autres en Afrique », note le porte-parole de l'Organisation internationale du travail à Genève, Hans von Rohland. « Un rapport récent de l'OIT sur l'Éthiopie montre que le trafic d'Éthiopiens vers le Moyen-Orient et le Soudan est un phénomène important », ajoute-t-il. Plus largement, le Bangladesh, l'Indonésie, le Sri Lanka, les Philippines ou le Népal fournissent des milliers d'ouvriers ou d'employés de maison aux pays du Golfe. Et les organisations de défense des droits de l'homme dénoncent régulièrement les mauvais traitements et même les tortures.

Du Clorox...
« Mon patron m'a jeté du Clorox (un produit ménager) et de l'acide sur les yeux. J'ai dit à ma patronne que je voulais aller à l'hôpital, mais elle n'a pas voulu et a dit qu'il fallait que je travaille, que je le veuille ou non, malade ou pas », raconte ainsi Zitale Nirina, 39 ans, revenue à Madagascar. « Je commençais le travail à 06h00, je déjeunais à 15h00 et je me couchais à 02h00 du matin. » « On me traitait comme une esclave, comme un chien. Mon patron me disait : Vous les domestiques, vous êtes comme des ordures pour nous », ajoute Annick, 20 ans, revenue du Koweït.

La suite .../...



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Message  Roseau Ven 2 Jan - 22:26

http://alencontre.org/societe/migrations-et-internationalisme-proletarien.html
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Message  Roseau Mar 6 Jan - 15:06

« Quelle politique migratoire pour la France ? »

Les immigrés sont devenus les boucs-émissaires de tous nos maux. A tel point qu’un parti d’extrême-droite est arrivé en tête dans notre pays aux dernières élections européennes. A l’heure où le nombre de demandeurs d’emploi avoisine en France les 5,5 millions, certains voient dans la « maîtrise » de l’immigration une solution. « Le travail fait “ naître ” l’immigré, mais rend sa présence illégitime quand l’emploi vient à manquer »[1]. Les économistes ont-ils leur mot à dire sur la question migratoire ? On peut tout à fait considérer que cette question est éminemment politique. Ce qui est sûr, c’est que des arguments prétendument scientifiques sont souvent mobilisés sans être fondés sur de réelles statistiques et analyses. Cette conférence a pour objectif de débattre sur les idées reçues et de rétablir certaines vérités. Y aurait-il trop d’étrangers en France ? La France serait-elle devenue un pays d’immigration massive ? Le nombre d’étrangers a-t-il une incidence sur notre marché du travail et notre taux de chômage ? Les étrangers perçoivent-ils trop d’aides sociales ? Cette conférence qui fera intervenir un économiste, un démographe et un sociologue aura pour objectif de dresser un bilan, d’un point de vue pluridisciplinaire, sur la réalité de l’immigration en France et sur les politiques qui pourraient être mises en œuvre.

Conférence-débat

Le Mercredi 14 Janvier 2015 de 20h15 à 22h30

Salle Bruxelles, FIAP Jean Monnet,

30 rue Cabanis 75014 Paris M° Glacière

(Entrée libre et gratuite).

Le débat aura lieu avec :
- El Mouhoub Mouhoud, économiste, Professeur à l’Université Paris Dauphine

- François Heran, démographe, responsable du département SHS (Sciences humaines et sociales) de l'ANR (Agence nationale de la Recherche), ancien Directeur de l’INED (Institut national d’études démographiques)

- Nicolas Jounin, Sociologue, Maître de conférences à l’Université Paris 8



Il sera animé par : Sabina Issehnane, membre du CA des Économistes atterrés, Maître de conférences à l’Université Rennes 2 & Dominique Plihon, membre du CA des Économistes atterrés, Professeur d’économie à l’Université Paris 13

D'ici là, retrouvez les analyses et positions des « atterrés » sur le sujet dans les chroniques et articles de notre site http://atterres.org


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Message  Copas Lun 20 Avr - 7:57

Plus de 700 morts dans le naufrage d'un navire de migrants entre l'Afrique du nord et l'Europe, 450 morts la semaine dernière, ce qui n'a pas été répertorié.

L'hémorragie humaine causée par le mur érigé en mer par l'Union Européenne tourne à une gigantesque tragédie.
Des masses soulevées très importantes fuient des régimes fascises et des organisations armées ultra-réactionnaires qui bouleversent leurs vies. A cela se rajoute la connaissance du monde et la volonté de fuir des zones plongées dans la misère et/ou le développement du capitalisme en Afrique, les interventions militaires impérialistes, de puissances régionales et de régimes assoiffés de sang et de fric.

Vouloir identifier une seule cause à ces migrations de plus en plus large est vain. Par contre toutes ces populations qui cherchent à se réfugier là où elles espèrent être à l'abri, respirer et se projeter vers l'avenir, butent sur les murs érigés par l'Union Européenne et les Etats-Nations... et meurent le longe des côtes de l'UE.

Ce n'est que le début.

Par exemple, la moitié de la population syrienne est sur les routes de l'exil interne et externe, plusieurs millions ayant déjà franchi les frontières, fuyant pour l'essentiel un régime fasciste qui continue d'écraser sa population sous des barils d'explosifs et de gaz lâchés par hélicos jetés sur les quartiers populaires des grandes villes, pendant que ce régime laisse rentrer des troupes de Daesh dans le camp palestinien de Yarmouk.
Les tragédies à l’œuvre dont aucune force du mvt ouvrier ne peut se laver les mains demandent d'exiger des états européens de sauver les populations en fuite et de les accueillir.

Cette question en annonce beaucoup d'autres.
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Message  MO2014 Lun 20 Avr - 9:45

Le mur meurtrier de la Méditerranée : L’assassinat institutionnel de masse de l’Union européenne
21 mars 2015
Saïd Bouamama

3419 migrants sont morts en 2014 en tentant de traverser la Méditerranée selon l’agence de Nations-Unies pour les réfugiés(1). Ce chiffre macabre fait de la Méditerranée la frontière la plus meurtrière, le nombre total de décès pour le monde entier étant de 4272. Sur une durée plus longue ce sont plus de 20 000 migrants qui ont perdu la vie depuis l’an 2000. La tendance est de surcroît à une hausse permanente, l’année 2014 ayant battu tous les records en laissant loin derrière le précédent pic qui était de 1500 décès en 2011. Les discours politiques et médiatiques construisent chaque nouveau drame comme des catastrophes imprévisibles sur lesquelles les gouvernements européens n’auraient aucune prise et aucune responsabilité. Le discours de la catastrophe cache un processus d’assassinat de masse de l’Union Européenne.

Les angles morts sur les causes structurelles

Le premier angle mort des discours politiques et médiatiques est celui des causes économiques poussant des dizaines de milliers d’Africains à risquer leurs vies dans des traversées qu’ils savent meurtrières. Depuis les indépendances politiques de la décennie 60, d’autres mécanismes que l’occupation militaire directe sont venus prendre le relais pour assurer la reproduction du « pacte colonial » c’est-à-dire la construction des économies africaines selon les besoins de l’Europe et non selon les besoins des peuples africains. Sans être exhaustif rappelons quelques-uns de ces mécanismes.
Les accords de coopération économique, financière et monétaire que les différents pays européens imposent aux pays africains impliquent une vente des matières premières à des coûts inférieurs à celui du marché mondial et interdisent la taxation des produits importés d’Europe. Prenons l’exemple du dernier accord signé entre l’Union Européenne et les 15 États de l’Afrique de l’Ouest dit « Accord de partenariat économique » (APE). Cet accord interdit la taxation des 11, 9 milliards d’euros de produits importés par l’Union Européenne en 2013. Il met ainsi l’agriculture vivrière locale en concurrence avec l’agriculture industrielle européenne poussant à la misère des centaines de milliers de paysans. Les conséquences coulent de source :
« Cet Accord renforcera une migration massive de populations privées d’avenir dans leur pays, dans une situation où la population d’Afrique de l’ouest fera plus que doubler d’ici 2050, atteignant 807 millions d’habitants (contre 526 millions pour l’UE à la même date), et dans un contexte de réchauffement climatique particulièrement accentué dans cette région.(2) »
Le caractère exploiteur de ces accords est tel que le professeur Chukwuma Charles Soludo, déclare le 19 mars 2012 que l’APE d’Afrique de l’Ouest constitue un (AO) « second esclavage(3). Mais l’APE n’est que la systématisation à grande échelle de logiques de mises en dépendance antérieures comme « l’aide liée » imposant le recours aux entreprises françaises en échange d’un financement de projets d’aménagement, les Plans d’Ajustement Structurel imposant des réformes libérales en échange d’un crédit ou d’un report de remboursement d’une dette, ou pire encore l’institution du Franc CFA qui permet le contrôle des politiques monétaires de la zone franc. Ces causes directes de la paupérisation africaine et de la pression migratoire sont tues par le discours politique et médiatique dominant. Elles démentent l’idée d’une catastrophe imprévisible sur laquelle l’homme n’aurait aucune prise. Le discours médiatique de la catastrophe n’est qu’un processus de masquage des causes économiques structurelles.
Bien sûr de tels mécanismes ne sont possibles que par le recours direct ou indirect à la force allant de l’assassinat des opposants à ces politiques en passant par les coups d’Etats ou les guerres ouvertes. C’est la raison de la fréquence des interventions militaires européennes directes ou indirectes en Afrique. Si la France est la plus présente dans ces aventures guerrières en Afrique c’est sur la base d’une délégation européenne. Face à la montée des puissances émergentes, face à la concurrence économique états-unienne et chinoise, l’Europe mandate ainsi la France pour la défense des intérêts de l’ « Eurafrique » c’est-à-dire pour la consolidation d’un néocolonialisme socialisé à l’échelle de l’Union Européenne. Cette « Eurafrique » économique et militaire est un vieux projet de certaines fractions du capital financier européen. Elle a été freinée par les concurrences entre les différents pays européens qui tendent à être mises au second plan du fait de l’exacerbation de la concurrence liée à la mondialisation capitaliste. Voici comment Aimé Césaire alertait déjà en janvier 1954 sur l’Eurafrique en se trompant uniquement sur la nationalité du soldat :
« Je le répète : le colonialisme n’est point mort. Il excelle, pour se survivre, à renouveler ses formes ; après les temps brutaux de la politique de domination, on a vu les temps plus hypocrites, mais non moins néfastes, de la politique dite d’Association ou d’Union. Maintenant, nous assistons à la politique dite d’intégration, celle qui se donne pour but la constitution de l’Eurafrique. Mais de quelque masque que s’affuble le colonialisme, il reste nocif. Pour ne parler que de sa dernière trouvaille, l’Eurafrique, il est clair que ce serait la substitution au vieux colonialisme national d’un nouveau colonialisme plus virulent encore, un colonialisme international, dont le soldat allemand serait le gendarme vigilant(4).»

Ces guerres directes ou indirectes(5) sont la seconde cause de la pression migratoire. Ce n’est pas seulement pour survivre économiquement que des milliers d’africains risquent leurs vies en méditerranée mais pour fuir les guerres européennes et leurs conséquences en termes d’installation de régimes dictatoriaux ou pire encore le chaos comme en Lybie ou au Congo avec l’installation de « seigneurs de guerres » avec lesquels le commerce peut continuer. Le discours médiatique de la catastrophe masque également la responsabilité européenne vis-à-vis de cette cause des migrations contemporaines.

Si les causes évoquées ci-dessus suffisent pour comprendre la hausse de la pression migratoire, elles ne suffisent pas à expliquer l’augmentation du nombre de décès au cours de la migration. Pour cela il faut orienter le regard vers les réponses de l’Union Européenne à cette pression migratoire. Ces réponses se concrétisent depuis 2005 par l’action de l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne (FRONTEX). Le statut d’agence offre une autonomie importante qui a été encore renforcée le 10 octobre 2011 en l’autorisant à posséder désormais son propre matériel militaire. Les moyens financiers mis à disposition de FRONTEX sont en augmentation constante : 19 millions d’euros en 2006 et 88 millions d’euros en 2011(6).
Concrètement l’agence organise des patrouilles militaires afin de refouler les migrants vers des pays voisins d’une part et signe des accords avec des États tiers pour qu’ils fassent barrage en amont sur les candidats à la migration d’autre part. Pour mener à bien sa première mission, l’agence dispose de moyens militaires en constante augmentation mis à disposition par les États membres ou en possession propre : plus d’une quarantaine d’hélicoptères et d’avions, d’une centaine de bateaux et environ 400 unités d’équipement tels que des radars, des sondes, des caméras, etc(7). Nous sommes bien en présence d’une logique de guerre contre les migrants. De tels moyens militaires permettent à l’agence d’assurer en particulier des patrouilles fréquentes dans les eaux territoriales des États membres mais également dans les eaux internationales. La Ligue belge des droits de l’homme décrit à juste titre l’agence comme une « véritable armée au service de la politique migratoire d’une Europe forteresse, menant à armes inégales une guerre aux migrants qui n’ont rien de soldats(Cool ». Cette logique de guerre conduit les candidats à la migration à des prises de risques de plus en plus importantes pour échapper à la surveillance des patrouilles de FRONTEX. La hausse du nombre de décès n’est pas le fait d’une catastrophe imprévisible mais le résultat de décisions prises en toute conscience des conséquences meurtrières.
La seconde mission de FRONTEX consistant en la signature d’accords avec les pays africains riverains de la méditerranée n’est rien d’autre qu’une externalisation du « sale boulot » pour reprendre une expression de la juriste Claire Rodier(9). Les conséquences de cette externalisation sont logiques :
« Cette externalisation qui consiste, pour les Etats européens, à sous-traiter la gestion de l’immigration irrégulière aux pays limitrophes (Maghreb, Europe de l’Est) a plusieurs avantages : d’une part, elle opère un transfert du « sale boulot » (déportations de masse, détentions arbitraires, tortures) dans des pays dont les standards sont moins élevés qu’en Europe, en permettant de s’affranchir des obligations que les lois européennes imposent en matière de respect des droits de l’homme ; d’autre part, elle participe du rapport de dépendance que l’UE entretient avec son voisinage proche. Car, aux pays concernés, on promet, en échange de leur collaboration, le financement d’actions de coopération ou des contreparties de nature politique ou diplomatique(10). »
Aux morts de ma méditerranée, il convient donc d’ajouter les sévices, les brutalités et les morts de la sous-traitance. Ce rôle d’installation des conditions de l’assassinat institutionnel de masse est, bien entendu, absent des reportages que nos médias diffusent à chaque naufrage meurtrier.

Le discours médiatiques sur les passeurs
Ayant occulté les causes structurelles de la hausse de la pression migratoire et les causes de sa traduction en décès dans la méditerranée, il ne reste au discours médiatiques qu’à ne se centrer que sur les passeurs. Ceux-ci seraient les seuls responsables de la situation et la lutte contre les réseaux de passeurs est présentée comme la solution. Le centrage des discours politiques et médiatiques sur les seuls passeurs contribue une nouvelle fois à occulter les véritables raisons des drames réguliers de la méditerranée.
Nous n’avons, bien entendu, aucune sympathie pour ces passeurs. Nous devons néanmoins rappeler que tant qu’il y a une demande de migrants, il y aura une offre de passages clandestins. C’est le propre des politiques qui ne veulent pas s’attaquer aux causes d’un problème social que de n’aborder que l’offre et d’occulter la demande. S’attaquer aux seuls dealers sans s‘interroger sur la demande de « paradis artificiels » d’un nombre grandissant de citoyens, adopter une politique prohibitionniste en matière d’alcool sans s’attaquer aux causes de l’alcoolisation, etc. Les exemples sont nombreux de ces politiques hypocrites prétendant agir sur les conséquences alors que les causes restent occultées.
Confrontés à une hausse des risques de contrôle, les passeurs sont incités à se débarrasser de leurs cargaisons encombrantes le plus tôt possible et par n’importe quel moyen. « De nouveaux éléments recueillis, mardi 16 septembre, par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sont venus confirmer la thèse selon laquelle ce sont bien les passeurs qui ont volontairement embouti le bateau de centaines de migrants avant que celui-ci ne coule » souligne Elise Vincent dans l’édition du Monde du 16 septembre 2014. Si ces criminels doivent être poursuivis et jugés, il n’en demeure pas moins que de telles pratiques ne sont possibles que parce que la politique européenne en crée les conditions.
Ces mêmes orientations politiques créent une occasion de profit en or pour la mafia par l’exploitation de ceux qui ont pu échapper à la mort. Le journaliste de l’agence Reuter décrit comme suit cette nouvelle « poule aux œufs d’or » de la mafia à Lampedusa :
« Ici, à huit heures de bateau de la Sicile, la mafia fait déjà ses affaires en accueillant des migrants dans des centres exploités par des sociétés privées sur délégation de l’Etat. C’est toujours les mêmes qui gagnent les appels d’offre depuis des années. Un migrant rapporte en subvention une trentaine d’euros par jour. Avec ces dizaines de milliers de migrants, c’est un business en or, plus rentable même que le trafic de drogue, de l’aveu d’un gangster, piégé par des écoutes téléphoniques lors d’une enquête sur la corruption à Rome. Ce qui est vrai dans la capitale sera vrai partout en Italie. Une illustration de cette organisation, c’est le scenario, toujours le même, qui précède les secours. A bord des rafiots pourris partis de Libye, il n’y a rien à manger ou à boire, pas d’essence, mais un téléphone satellitaire pour appeler au secours. Un équipement bien trop coûteux pour les passeurs. A terre, les migrants fournissent une main d’œuvre à bon marché. Dans l’agriculture pour les hommes, dans la prostitution pour les femmes. Un véritable trafic d’esclaves, et les esclavagistes sont Africains et Italiens(11). »

Les travaux de recherche sur les discriminations considèrent qu’une des formes de celles-ci est la discrimination systémique c’est-à-dire étant la conséquence d’un système et non d’une décision volontaire de discriminer. Nous pouvons emprunter le même concept en ce qui concerne les morts de la méditerranée. Certes l’assassinat de ces migrants n’est pas direct. Il est en revanche le résultat inéluctable des politiques de l’Union Européenne tant dans sa politique africaine que dans sa politique migratoire, tant dans la hausse de la pression migratoire que dans sa traduction en décès à grande échelle.

Notes

(1) http://www.unhcr.fr/54871a45c.html,
(2) Communiqué de presse, Non à la signature de l’Accord de Partenariat Économique UE-Afrique de l’Ouest par le Conseil de l’Union européenne !, 11 décembre 2014, http://www.solidarite.asso.fr/IMG/p…,

(3) Jacques Berthelot, Il est urgent d’arrêter d’imposer les APE, 16 janvier 2013, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/po…,

(4) Aimé Césaire, Le colonialisme n’est pas mort, La nouvelle critique, n° 51, janvier 1954, p. 28.

(5) Conférer pour aller plus loin, Raphaël Granvaud, Que fait l’armée française en Afrique, Agone, Marseille, 2009.
(6) Frontex, le bras armé de l’Europe Forteresse, demain le Monde, n° 18, mars-avril 2013.

(7) Ibid.
(Cool Frontex : guerre aux migrants » – le document audio, http://www.liguedh.be/les-fichiers-…,

(9) Claire Rodier, Xénophobie Business, à quoi servent les contrôles migratoires, La Découvertes, Paris, 2012.
(10) Interview de Claire Rodier dans Libération du premier octobre 2012.
(11) Antonio Parrinello, Reuters du 17 janvier 2015.

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Message  Copas Mar 21 Avr - 0:01

Tract du NPA :

La fermeture des frontières tue !


Ce dimanche 19 avril, 700 personnes ont péri  en essayant de traverser la Méditerranée. La semaine précédente, le 12 avril, ils étaient 400. Depuis des centaines d'autres sont en danger.

Selon un rapport du Haut Comité des Réfugiés (HCR) plus de 207 000 migrants, dont une part importante de mineurs seuls, ont tenté la traversée de la Méditerranée en 2014. 3419 d'entre eux  y ont perdu la vie soit 5 fois plus qu'en 2013..

Cette hécatombe n’est en rien une fatalité.

La politique criminelle de l’Union européenne

L'explosion du nombre de candidats à la traversée résulte de la misère et de la guerre dans les régions de départ, au Moyen-Orient en Afrique sub-saharienne de l'Est ou en Afghanistan.

Elle s'explique aussi par l'infamie de la politique européenne. Les  États européens  prétendent agir pour réduire les naufrages et sauver des vies,mais ne font que verrouiller, avec la politique des visas, l’aide de l’agence Frontex ou du système de surveillance Eurosur, l’accès à leur territoire.

La fin de l’opération « Mare Nostrum », programme de sauvetage italien depuis le naufrage de Lampedusa, et son remplacement par une patrouille  européenne qui n’a pas pour mission première de sauver mais de surveiller (l'opération « Triton » placée sous l'égide de l'agence européenne FRONTEX), réduit encore un peu plus la politique européenne à une simple surveillance passive, donc complice. Un laisser-faire criminel. Rien ne pourra empêcher des dizaines de milliers d’êtres humains de fuir les souffrances de la misère et de la guerre dont les grandes puissances portent une lourde responsabilité. Face au désespoir, rien n'est dissuasif.

Liberté de circulation pour toutes et tous


Les gouvernants européens, Hollande en tête,  dénoncent les passeurs qualifiés de "terroristes". Mais les migrantEs ne recourraient pas aux services des passeurs au péril de leur vie s’ils pouvaient voyager de façon régulière si les visas ne leur étaient pas refusés, s'ils pouvaient circuler librement.

C'est toute la politique de non-asile qui doit changer radicalement en donnant l'absolue priorité à la protection, à la sécurité, à la santé des migrantEs. Ce qui suppose d'en finir avec Frontex et d'assurer le droit d’asile à celles et ceux qui fuient les guerres, la misère, la répression, les catastrophes climatiques...

Pour le directeur de Frontex "Il faut envoyer un signal à ceux qui ne sont pas des demandeurs d’asile et qui sont des migrants en situation irrégulière".  C'est donc bien avec cette politique qu'il faut en finir.  Ils l'appellent immigration « choisie », elle est choisie en fonction des intérêts du patronat pour lui fournir un prolétariat au rabais. Le racisme ne servant qu'à légitimer la surexploitation et les discriminations.

La liberté de circulation et d’installation, l'égalité des droits  pour  toutes et tous dans les différents pays de l’UE c'est le combat que doivent mener ensemble celles et ceux qui sont indignéEs  par les drames de la Méditerranée, en rupture avec la logique  capitaliste qui met les peuples et les travailleurs en concurrence les uns et les autres pour accroître les profits.
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Message  MO2014 Mar 21 Avr - 13:25

Frantz Fanon : « Les nations européennes se vautrent dans l’opulence la plus ostentatoire. Cette opulence européenne est littéralement scandaleuse car elle a été bâtie sur le dos des esclaves, elle s’est nourrie du sang des esclaves, elle vient en droite ligne du sol et du sous-sol de ce monde sous-développé. Le bien-être et le progrès de l’Europe ont été bâtis avec la sueur et les cadavres des Nègres, des Arabes, des Indiens et des Jaunes. Cela nous décidons de ne plus l’oublier.

Le colonialisme et l’impérialisme ne sont pas quitte avec nous quand ils ont retiré de nos territoires leurs drapeaux et leurs forces de police. Pendant des siècles les capitalistes se sont comportés dans le monde sous-développé comme de véritables criminels de guerre. Les déportations, les massacres, le travail forcé, l’esclavagisme ont été les principaux moyens utilisés par le capitalisme pour augmenter ses réserves d’or et de diamants, ses richesses et pour établir sa puissance. Il y a peu de temps, le nazisme a transformé la totalité de l’Europe en véritable colonie. Les gouvernements des différentes nations européennes ont exigé des réparations et demandé la restitution en argent et en nature des richesses qui leur avaient été volées […]. Pareillement nous disons que les États impérialistes commettraient une grave erreur et une justice inqualifiable s’ils se contentaient de retirer de notre sol les cohortes militaires, les services administratifs et d’intendance dont c’était la fonction de découvrir des richesses, de les extraire et de les expédier vers les métropoles. La réparation morale de l’indépendance nationale ne nous aveugle pas, ne nous nourrit pas. La richesse des pays impérialistes est aussi notre richesse. […] L’Europe est littéralement la création du tiers monde. »

(Les Damnés de la Terre (1961), Frantz Fanon, éd. La Découverte poche, 2002, p. 94)

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Message  verié2 Mar 21 Avr - 16:26

Edito de L'Etincelle (Fraction du NPA - Le tract central du NPA est très bien aussi de même que l'édito de LO.)

Contre leur Europe des barbelés et des victimes par milliers, Travailleurs de tous les pays, unissons-nous !

Dans la nuit de samedi à dimanche, un chalutier qui transportait plus de 700 personnes a chaviré au large des côtes libyennes. Seuls 28 rescapés ont pu être recueillis par un navire marchand, envoyé sur place suite à l'appel à l'aide reçu par les garde-côtes italiens. Ce drame aura donc fait au moins 700 victimes, qui s'ajoutent aux plus de 450 morts et disparus des deux précédents naufrages en Méditerranée la semaine dernière.  Gouvernements européens responsables Ceux que les médias appellent des « migrants » sont des hommes, mais aussi de plus en plus de femmes et d'enfants, de familles qui fuient la misère et la guerre dans de nombreux pays. Ils tentent au péril de leur vie d'atteindre l'Europe. Les risques encourus lors de ces voyages permettent de mesurer le niveau d'horreur de ce qu'ils fuient : guerre civile en Syrie, dictature en Érythrée, chaos total en Libye ou Somalie, et maintenant au Yémen où l'on compte des centaines de milliers de déplacés. Toutes ces guerres étant au bout du compte engendrées par l'exploitation et la misère que le système capitaliste fait régner sur la planète, tout particulièrement au Moyen Orient et en Afrique. Les dirigeants européens pointent du doigt les « passeurs » sans scrupules qui embarquent ces désespérés sur des embarcations de fortune en échange de milliers d'euros. C'est pourtant la politique de l'Union Européenne qui rend possible leur rapacité et leur toute puissance vis-à-vis des migrants. Le droit d'asile, qui fait prétendument partie des « valeurs » de l'Europe, n'existe pas. L'Union Européenne ne cesse de renforcer la surveillance de ses frontières extérieures, il est de plus en plus difficile d'y entrer légalement. Face à ce verrouillage, les personnes qui veulent l'atteindre prennent donc de plus en plus de risques. Même l'obligation du secours en mer est remise en cause. L'alarmante hausse des noyés coïncide avec la fin, en octobre dernier, du dispositif Mare Nostrum. Mis en place par la marine italienne, il avait permis le sauvetage de 150 000 personnes en un an. Mais l'Union Européenne a refusé de participer aux frais et lui a substitué le dispositif Triton, encadré par l'agence Frontex (dispositif policier européen de surveillance des frontières, dont le but n'est pas de sauver des vies humaines mais au contraire de les mettre en péril par des blocages).

Diviser pour mieux régner... et exploiter

Depuis de nombreuses années, les partis au pouvoir en Europe mènent des politiques xénophobes, laissant croire que l'arrivée d'immigrés serait la cause de l'aggravation de la crise économique. Rien n'est plus faux. Du travail et des choses utiles à produire, il y en aurait pour bien plus de monde encore, si l'on produisait pour les besoins de tous et non pour les profits de quelques-uns. Mais du Front national au PS, en passant par l'UMP, tous nous mentent en nous montrant du doigt les immigrés, en ciblant ceux-là ou ceux-ci parmi les derniers arrivés, et ce faisant en encourageant le racisme. L'Europe serait assiégée ? Mais regardons la France par exemple qui, dans sa grande « générosité », n'a accueilli que 1 000 réfugiés syriens depuis le début du conflit, tandis que les pays frontaliers de la Syrie en ont accueillis plus de trois millions. Ils veulent surtout monter les travailleurs les uns contre les autres, pour masquer la réalité : c'est le capitalisme qui est responsable de la montée du chômage et de la pauvreté. Actionnaires des grands trusts, millionnaires et milliardaires continuent de s'enrichir, où qu'ils soient dans le monde. Pour eux et pour leur argent, pas de frontières, c'est la libre circulation... et la libre exploitation de l'écrasante majorité d'entre nous. C'est leur âpreté aux gains, leur course aux matières premières à commencer par le pétrole, qui causent les guerres, auxquelles s'ajoute la ténacité des Hollande et autres à aider leurs dictateurs amis à anéantir sous les bombes les espoirs des révolutions arabes de ces dernières années.  

verié2

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Message  MO2014 Mer 22 Avr - 10:14

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Dans l’exposition d’esquisses cartographiques « Cartes en colère », présentée à la Maison des métallos à Paris en octobre 2012, une petite série de documents proposaient une vision - sous différents angles - de la question migratoire dans le monde : quatre esquisses pour tenter de montrer la « véritable stratégie de guerre » mise en œuvre par les pays riches pour contenir les « envahisseurs ».

à lire en entier ici : http://visionscarto.net/mourir-aux-portes-de-l-europe

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Message  MO2014 Lun 7 Sep - 22:30


Le danger d’assimiler trafic de migrants et traite humaine

Assimiler les passeurs à des trafiquants d’êtres humains est une tactique délibérée de la part des décideurs politiques pour gérer l’émigration comme s’il s’agissait d’un acte criminel

L’Union européenne a répondu à la crise des migrants en Méditerranée en criminalisant l’émigration et en proposant une solution militaire pour mettre un terme aux décès de migrants dus à des noyades. L’Europe a légitimé cette politique catastrophique en assimilant les passeurs à des trafiquants d’êtres humains, une tactique délibérée de la part des décideurs politiques pour gérer l’émigration comme s’il s’agissait d’un acte criminel.

La politique proposée par l’Union européenne consistant à attaquer les bateaux de réfugiés en faisant usage de la force militaire a rencontré une forte opposition, près de 550 spécialistes de l’esclavage et de l’émigration ont récemment signé une lettre ouverte condamnant le programme, mais la critique de la réponse européenne à la crise doit également se concentrer sur la justification de l’approche à un niveau politique.

Au cœur de celle-ci, l’Union européenne a justifié son programme d’action militarisé en assimilant le « trafic de migrants » à la « traite d’êtres humains » - les deux termes ayant été régulièrement utilisés de manière interchangeable par les hauts responsables politiques au cours des derniers mois.

Une déclaration issue de la réunion extraordinaire du Conseil européen le 23 avril évoque le fait de « lutter contre les trafiquants pour prévenir les flux de migration clandestine ». Le Premier ministre italien, Matteo Rinzi, a comparé les trafiquants d’êtres humains à des marchands d’esclaves, une comparaison risible car il n’existe aucune similitude hormis l’implication d’une mer et d’un bateau dans les deux situations.

Cependant, un mois plus tard la Commission européenne a changé sa formulation, et une déclaration adoptée le 13 mai mentionnait « la lutte contre le trafic de migrants comme étant une priorité ». Le terme « trafic » apparaît également dans une fiche d’informations portant sur l’émigration publiée le 27 mai.

Le fait que les termes « trafic » et « traite » aient été utilisés pour décrire la même crise est probablement un choix conscient de la part de ceux qui exercent une influence dans les coulisses du pouvoir.

Il est difficile de croire que les hauts responsables de Bruxelles, majoritairement des avocats, ne comprennent pas que le trafic et la traite ne sont pas équivalents sur le plan juridique. Le trafic est un phénomène consensuel, tandis que la traite implique une coercition, et une relation entre un trafiquant et un migrant qui s’étend au-delà du passage des frontières.

Les différences entre les termes se sont cependant resserrées ces derniers temps puisqu’il a été constaté que les passeurs se rendaient coupables de nombreux actes de violence contre les migrants, y compris de viols, de kidnappings et de chantages, tout cela au nom du profit. Néanmoins, il subsiste une distinction claire entre le trafic et la traite.

La raison qui se cache derrière le fait que l’Union européenne associe le trafic de migrants et la traite d’êtres humains peut constituer une tentative qui vise à priver les migrants de tout pouvoir ; le discours dominant relatif à l’émigration décrit ceux qui se déplacent comme étant des criminels ou des victimes.

Dans cette narration, le passeur endosse le rôle du méchant, faisant du migrant une victime impuissante incapable de prendre ses propres décisions, dupée pour se lancer dans un voyage dangereux. Ce qu’on oublie, c’est que les personnes qui franchissent les limites sont préparées à prendre tous les risques nécessaires pour sauver ou pour améliorer leurs vies et celles de leurs familles.

De ce fait, l’Europe criminalise l’acte même de fuir des crises politiques et économiques sérieuses. L’émigration est dépeinte comme un crime afin d’être gérée comme une question de droit et d’ordre, et de ce fait exercer un contrôle et une surveillance - et dans ce cas, même une action militaire - remplacent l’assistance et la fourniture d’une procédure d’asile équitable.

En vérité, l’Union européenne ne dispose pas d’une connaissance approfondie des réseaux de passeurs. Les migrants et les réfugiés africains à qui j’ai parlé à Malte ont souligné le fait que les passeurs libyens qui facilitaient leur passage des frontières travaillent en très étroite collaboration avec des associés corrompus occupant des postes officiels très haut placés et avec lesquels ils partageaient des liens familiaux, tribaux, ainsi que des liens de clans.

J’ai entendu des histoires sur des violations des droits de l’homme sur le trajet me menant vers la Libye, mais selon mes sources, ceux qui gèrent l'embarquement sur les bateaux en Libye - les bateaux qui seront détruits dans le cadre du programme Nafor Med de l’UE - sont des passeurs, et pas des trafiquants. Ces personnes comblent simplement le vide créé par des exigences strictes en matière de visas, comme l’accord de responsabilité du transporteur et d’autres mesures visant à empêcher les gens de partir vers un continent européen plus stable et plus sûr.

Perturber les réseaux des passeurs ne fera que contribuer à augmenter les dangers liés au fait de traverser la Méditerranée tout comme ce fut le cas avec la militarisation de la lutte antidrogue : il est probable que les prix des passeurs augmentent, ce qui exposera alors les émigrants à un risque plus élevé en termes d’abus.

Si les prix sont plus élevés, il est alors plus probable qu’un passeur finisse par devenir un trafiquant, effectivement ceux qui n’ont pas l’argent nécessaire pour payer le voyage peuvent être forcés de rembourser la dette après leur arrivée en Europe et d’accepter des travaux forcés. Les migrants peuvent également être kidnappés et retenus en otages par les passeurs qui demandent de fortes rançons à leurs familles, exactement comme dans la péninsule du Sinaï en Egypte où les Érythréens sont retenus captifs par des tribus bédouines.

Etant donné l’instabilité en Libye, il est possible que ces scénarios deviennent encore plus sombres avec des groupes de différentes milices et le groupe autoproclamé Etat islamique profitant tous des migrants désespérés essayant d’atteindre l’Europe en partant de leurs côtes.

Evidemment, les passeurs ne sont pas des hommes d’affaires jouant les Robin des Bois - volant les riches pour donner aux pauvres -, mais en réalité, les réseaux de passeurs ont été créés afin de répondre aux politiques européennes portant sur l’émigration. En fait, les passeurs aident des personnes à fuir des guerres, des persécutions politiques et une pauvreté extrême en l’absence de canaux de distribution légaux et sûrs vers l’Europe.

Si l’Europe souhaite sincèrement aider ceux qui se déplacent, au lieu de prétendre être le noble sauveur combattant des « marchands d’esclaves » démoniaques, elle devra proposer des alternatives à ces itinéraires mortels. Le fait d’avoir recours à des comparaisons inexactes et émotives se révélera totalement inutile pour mettre un terme à cette crise - l’évocation des marchands d’esclaves par l’Union européenne étant également quelque peu ironique étant donné l’histoire coloniale de l’Europe.

Les termes associés à l’esclavage ne prennent pas en compte le rôle des contrôles de l’immigration dans la crise des migrants. Il semble que la préposition derrière le programme européen sur l’émigration vise à baisser le nombre de personnes atteignant l’Europe. L’objectif ne consiste pas à protéger les réfugiés de facto (par opposition aux réfugiés « de jure », c’est-à-dire les réfugiés reconnus sur un plan légal), mais de « protéger » une société d’accueil des réfugiés.

Sur un plan politique, le programme militaire est plus attrayant que des programmes de réinstallation et de relogement, car l’Europe est tout simplement réticente ne serait-ce qu’au fait d’examiner les demandes d’asile de ceux ayant survécu à la traversée. Cette approche fait penser à un commentaire du ministre de l’Intérieur de l’époque, Jack Straw, qui, dans une allocution remontant à 2001, s’était plaint du fait que : « Des milliers de migrants aspirants profitent d’un aspect de la Convention [de Genève], à savoir que cette dernière impose aux Etats une obligation d’étudier toute demande d’asile déposée sur leur territoire, cette dernière soit-elle justifiée ou non ».

Le problème ici réside dans le fait qu’il est impossible de déterminer si une demande d’asile est sans fondement à moins de la voir. Et pour ce faire, les demandeurs d’asile doivent arriver en Europe en vie et, dans l’état actuel des choses, s’en remettre à des réseaux de passeurs.

http://www.middleeasteye.net/node/44345

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Message  MO2014 Mer 9 Sep - 13:42

Migrants, réfugiés : la droite française au bout de l’abjection

Depuis des mois, pas une semaine sans une déclaration honteuse de tel ou tel membre de la droite dite républicaine sur les réfugiés. Florilège de ces dégorgements et rappel de l’histoire de France à ceux qui s’en réclament.

Bien sûr, les dérapages incontrôlés et les sorties de route ne sont pas l’apanage de la seule opposition parlementaire. La gauche gouvernementale a elle aussi creusé son sillon du « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde », phrase initialement énoncée par Michel Rocard dans les années 1990 et initialement sans le correctif qu’ont voulu lui ajouter certains socialistes. Mais la droite française, dans sa course sans fin derrière le Front national, n’a de cesse de se vautrer dans la veulerie et l’indécence.
L’histoire de France selon Klarsfeld et Morano

Certes, Guy Sorman, ultralibéral s’il en est, dans une tribune intitulée Les réfugiés d’aujourd’hui me rappellent mon père fuyant le nazisme, affirme : « j’ai honte pour l’Europe, son égoïsme, sa myopie historique et son arrogance de petit-bourgeois satisfait. » Si toute règle admet ses exceptions, pour le reste, c’est plutôt le concours de l’abjection.

Toujours nominé sur le podium de l’infamie, le multirécidiviste Arno Klarsfeld a pu ainsi commenter la mort d’Aylan le petit Syrien de trois ans retrouvé noyé sur une plage turque : « Personne ne dit que ce n’est pas raisonnable de partir de Turquie avec deux enfants en bas âge sur une mer agitée dans un frêle esquife (sic) ». Avocat tout comme Nicolas Sarkozy, mais comme son mentor certainement pas de l’orthographe, il ne doit lui aussi concevoir les traversées que sur le yacht de Bolloré, en tout cas pas sur un esquif de la misère.

De son côté, Nadine Morano, pendant des semaines, a pu tranquillement abuser de son "talent". Après avoir expliqué début août que « Paris devient sale » car envahi par les migrants et les SDF, elle a depuis remis le couvert avec des compétences historiques assez légères. Ainsi les réfugiés devraient « se battre pour leur pays » au lieu de le fuir comme des lâches ; « On dit qu’ils quittent leur pays, ils fuient la guerre. Heureusement qu’on n’a pas fait pareil, nous, en 1939-1945 ou en 1914 ! » Comment dire... La fuite massive de populations belges, hollandaises, luxembourgeoises et françaises en mai-juin 1940 devant l’avancée des troupes allemandes ne fait manifestement pas partie de ses connaissances. Pourtant, cet exode demeure un des mouvements de masse les plus importants du xxe siècle en Europe, qui a jeté entre huit et dix millions de civils sur les routes. Près d’un quart de la population française, deux tiers de la population de paris intra muros s’exilent alors, à commencer par le gouvernement de Paul Raynaud parti lui, sans attendre, dès le 11 juin 1940.

Mais les déclarations pitoyables de la droite ne se résument pas à cette méconnaissance crasse de l’histoire de France. Ces déclarations sont d’autant plus insupportables que le chaos géostratégique doit beaucoup aux interventions militaires des pays occidentaux que la même Nadine Morano soutient avec empressement. La France, qui a participé à la seconde guerre du Golfe et a été le fer de lance de l’intervention en Libye, porte une responsabilité évidente dans la déstabilisation du Proche-Orient ou dans le Sahara. Dure avec les faibles jetés sur les routes, victimes des passeurs risquant leurs vies sur des embarcations de fortune pour traverser la méditerranée, les mêmes n’ont pas assez d’excuses pour justifier l’exil fiscal. Pauvres malheureux, victimes du matraquage fiscal du gouvernement Hollande (sic), légitimés à échapper à l’impôt par le caractère quasi confiscatoire (re-sic) de la fiscalité française. Pourtant le refus de payer les impôts, de participer (un peu) à la solidarité nationale, voilà un bel exemple de lâcheté et d’égoïsme.

Et que dire du maire de Roanne, qui ne veut accueillir que des réfugiés chrétiens ! Le député-maire Yves Nicolin (Les Républicains) s’est ainsi dit prêt à recevoir des réfugiés « à la condition qu’ils soient des réfugiés chrétiens », par crainte de « terroristes déguisés », selon des propos diffusés lundi sur France Bleu. Les chantres des "racines chrétiennes" de la France devraient pourtant méditer les propos du pape François puisqu’il est une référence pour eux. Celui-ci vient d’appeler chaque paroisse d’Europe à accueillir une famille de réfugiés. À raison de 16.553 paroisses en France et en envisageant des familles de quatre personnes, cela ferait un peu plus de 66.000 migrants – bien plus que les 24.000 pauvrement annoncés par un autre François, président de la République, lui.

Surtout, au regard de l’histoire de l’entre-deux guerres, ces chiffres apparaissent ridicules, dans un pays bien moins peuplé et beaucoup moins riche qu’aujourd’hui : arrivée de 100.000 Russes et près de 60.000 Arméniens au tout début des années 1920, 500.000 réfugiés espagnols en février-mars 1939 (il est vrai pas très bien traités) et 800.000 émigrés italiens au cours des années 30. Plus proche de nous, la France a encore accueilli 120.000 boat people vietnamiens et cambodgiens en 1979. Autre temps, autres valeurs que celle de l’égoïsme et du fric. Et il est temps que cela change.
http://www.regards.fr/web/article/migrants-refugies-la-droite

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Message  Copas Jeu 10 Sep - 17:04

Nous en avions déjà parlé et certains étaient dubitatifs, la question de l'exode des Syriens apparait maintenant au grand jour avec toute sa force, rendant l'exil du peuple palestinien petit à côté. En rappel à cette discussion, certains n'y croyaient pas, ne croyaient pas que la question deviendrait importante et incontournable pour l'UE mais ça a commencé.

De 8  à 10 millions de syriens sont sur les routes de l'exil interne et externe, dans les 4 millions sont déjà dehors, fuyant le fascisme syrien de Assad et maintenant les extrémistes religieux de Daesh, en attendant les pilonnages de l'aviation russe, US, française, anglaise, etc...

La famille du petit enfant qui est mort noyé en Turquie est représentative de ces fuites éperdues : Soulèvement de Damas, arrestations dans la famille, puis fuite éperdue à Alep, vie dans la terreur à Alep avec le pilonnage des fascistes d'Assad à coups de canons, futs d'explosifs enrichis au chlore, missiles, bombes, attaques de blindés, donc fuite éperdue à Kobané, attaque de Daesh sur Kobané, fuite de Kobané, camp en Turquie, répression puis fuite vers l'UE. L'histoire de cette famille est exemplaire, c'est l'histoire du soulèvement populaire syrien. Une grande partie du soulèvement contre la dictature est maintenant sur les routes de l'exode , celle qui n'a pas été assassinée, blessée et emprisonnée.

Une partie des syriens restés tente maintenant à nouveau de manifester .
Des manifestations ont redémarré dans une série de villes syriennes malgré les répressions et contre les répressions de al Nosra, Daesh et Assad. L'ensemble de ces factions armées s'épuisent , c'est pour cela qu'on entend parler d'interventions plus lourdes des états impérialistes (Russie comprise) et de la Turquie sur ce pays.
Ces manifestations qui se sont multipliées ces derniers mois sont-elles l'indication que le peuple syrien reprend des forces ? Il faudrait en savoir plus.

Toujours est-il que des des millions de syriens cherchent à s’échapper, les maltraitances des états accueillants (Liban avec les agressions du hezb, Jordanie avec les agressions du régime et de factions jordaniennes pro-assad, Turquie et les agressions policières et les interdictions de travailler) qui n'ont plus les moyens d'aider de telles masses de populations.

Ouvrons, ouvrez les frontières !

Il est nécessaire d'aider les syriens à s'organiser dans cette exode, comme pour tous les peuples de l’espace méditerranéen, afin de préparer la revanche contre les dictatures fascistes les régimes autoritaires , les forces religieuses contre-révolutionnaires,ceux des régimes parlementaires qui sont vendus au capitalisme, les monarchies violentes, etc. Afin de préparer la révolution socialiste.

C'est possible à condition qu'on aide, pas comme de lointaines luttes et des causes de bonnes sœurs de charité, mais au nom d'un combat commun .
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Message  MO2014 Mer 16 Sep - 0:07

Le discours sur les réfugiés syriens : un analyseur
Le 14 septembre 2015

Saïd Bouamama

11 septembre 2015

Dans un article intitulé « Le mur meurtrier de la méditerranée : l’assassinat institutionnel de masse de l’Union Européenne », publié sur ce site le 21 mars dernier, nous mettions en évidence la responsabilité de l’UE dans les milliers de morts chaque année en méditerranée dans des tentatives désespérées de fuir la misère et la guerre. Depuis la publication, le 2 septembre, par la presse turque et britannique de la photo d’un enfant de 3 ans mort sur une plage de Bodrum au sud de la Turquie, une vaste campagne médiatique présente une autre image de l’Union Européenne en général et de la France en particulier. Nous nous serions donc trompés ou un changement radical d’attitude et de politique serait survenu. A moins que nous ne soyons une nouvelle fois devant l’instrumentalisation politique d’un drame humain pour justifier une nouvelle intervention militaire. Les diverses réactions politiques et médiatiques à l’arrivée de ces réfugiés sont par ailleurs un excellent analyseur politique de notre société, de ses politiques et de ses médias.

Une « cécité » volontaire

A écouter nos politiques et nos médias, la découverte du corps du petit Aylan aurait mis en évidence l’ampleur du drame vécu par le peuple syrien. Ainsi donc ni les médias et leurs multiples spécialistes et experts, ni les gouvernements européens et leurs services de renseignements n’avaient auparavant mesurés l’ampleur du drame. Aucun ne pouvait imaginer que des enfants étaient victimes des guerres qui déchirent l’Irak et la Syrie. Cet aveu implicite d’une cécité politique et médiatique ne tient pas. Si cécité il y a, elle est volontaire comme en témoigne les sonnettes d’alarme qui ont été soigneusement tues par l’essentiel des grands médias et la majorité de la classe politique. Ainsi par exemple le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU souligne dans son communiqué de presse du 9 juillet 2015 que nous sommes en présence de « la plus importante population de réfugiés générée par un seul conflit en une génération. Cette population a besoin d’un soutien de la part du reste du monde mais, au lieu de cela, elle vit dans des conditions désastreuses et s’enfonce dans la pauvreté(1). »

Le même communiqué avance les chiffres suivants : 4 013 000 réfugiés dans les pays voisins de la Syrie (1 805 255 réfugiés syriens en Turquie, 249 726 en Iraq, 629 128 en Jordanie, 132 375 en Egypte, 1 172 753 au Liban et 24 055 en Afrique du Nord) et au moins 7,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie. Enfin le communiqué du HCR rappelle le caractère prévisible de l’augmentation du nombre de réfugiés syriens après cinq ans de guerre totale : « Le cap des quatre millions survient à peine 10 mois après que celui des trois millions ait été atteint. Au rythme actuel, le HCR prévoit que le chiffre d’environ 4,27 millions pourrait être atteint d’ici la fin 2015(2). » D’autres données du HCR mettent en exergue la hausse exponentielle du nombre de réfugiés : 92814 en juillet 2012, 1 512 160 en juillet 2013, 2 835 736 en juillet 2014, 4 094 091 en juillet 2015(3).

Tout le monde savait. Journalistes comme leaders politiques étaient au courant. Les classes dominantes d’Europe et des États-Unis espéraient simplement une nouvelle fois cantonner les réfugiés dans les pays voisins. C’est d’ailleurs ce qu’ils font classiquement pour tous les autres conflits qu’ils suscitent pour le contrôle du gaz, du pétrole et des minerais stratégiques. Ainsi en 2000, les seize millions de réfugiés reconnus par le HCR se répartissent comme suit : « Sur les 16 millions de réfugiés, 3,6 millions se trouvaient en Afrique, 9,1 en Asie, 2,3 en Europe et 0,6 en Amérique du Nord, et le reste en Amérique Latine et en Australie(4). » Terminons avec les données quantitatives en donnant un dernier chiffre du HCR pour l’année 2013 : les pays industrialisés n’accueillent que 14 % de l’ensemble des réfugiés(5).

Il s’agit clairement de cantonner la misère du monde produite par les politiques économiques des grandes puissances impérialistes d’une part et par les guerres pour le contrôle des matières premières d’autre part, à la périphérie des pays riches. Nous sommes en présence d’une des multiples déclinaisons de l’ultralibéralisme : privatiser les gains et socialiser les pertes et/ou les coûts.

Les hypocrites reconvertis

Nous avons assisté dans la semaine qui a suivi la diffusion de la photo du cadavre du petit Aylan à de subites reconversions à l’humanisme. Ainsi par exemple le député de droite des Alpes Maritimes Eric Ciotti écrit sur son compte Twitter dès le 3 septembre : « Image d’horreur insoutenable que celle d’une enfance sacrifiée. Indignation et écœurement face à l’inaction intolérable de la communauté internationale ». Le même estimait il y a à peine un mois, le 10 août, que « l’Union européenne doit engager sans plus attendre des opérations militaires visant à détruire les filières de passeurs à la source et créer des centres de rétention pour migrants dans les pays d’entrée en Europe(6) ».

Au PS la reconversion est tout aussi radicale. François Hollande annonçait lors du sommet européen extraordinaire sur le drame des migrants en Méditerranée, le 23 avril dernier, son intention de proposer une résolution à l’ONU pour détruire les bateaux des trafiquants. On se demande au passage comment les soldats chargés de cette tâche reconnaîtront les bateaux concernés. Il considère maintenant que l’accueil des réfugiés syriens « C’est le devoir de la France, où le droit d’asile fait partie intégrante de son âme, de sa chair(7) ». Après « l’esprit du 11 janvier » nous avons maintenant « l’âme et la chair de de la France ».

De nombreux médias ont repris ce mythe d’une France qui a toujours été ouverte aux opprimés du monde. S’il est indéniable que des militants et/ou des citoyens ont été accueillis en France dans le passé, il est en revanche mensonger de présenter ce fait comme massif, constant et intégré à « l’âme et la chair » du pays. Nous commençons à avoir l’habitude de ces envolées lyriques visant à écrire un roman national idéologique masquant la réalité historique contradictoire. En janvier 2015 la liberté d’expression était présentée comme une constante française occultant en passant les multiples interdictions des journaux, revues et livres qui s’exprimaient contre la guerre d’Algérie. En 2004 lors du vote de la loi sur le foulard à l’école c’est l’égalité entre les sexes qui est présentée comme une constante française occultant en même temps les inégalités présentes et les combats que les militantes féministes ont dut mener pour diminuer les inégalités réelles.

Certains médias ont même osé citer l’exemple des républicains espagnols fuyant le fascisme de Franco. Il n’est pas inutile de rappeler les conditions de cet accueil. Voici ce qu’en dit l’historien Marc Ferro :

Dès 1937, des réfugiés basques affluent, des instructions sont là, qui très vite, oublient les soucis humanitaires des premières semaines. On les fait retourner en Espagne par les Pyrénées orientales. (…). Dès l’automne 1937, Marx Dormoy, ministre de l’intérieur d’un gouvernement Front populaire, demande à la police d’établir un « barrage infranchissable » … Surtout, on montre le peu d’empressement des populations d’accueil à aider les réfugiés, souvent choquées par la passion politique de leurs hôtes(Cool

Plusieurs centaines de milliers de républicains furent « accueillis » dans des camps qu’ils durent eux-même construire. Les familles étaient séparées et les camps étaient entourés de barbelés et surveillés par des gardes mobiles. Les français qui voulaient les aider étaient contraints de jeter nourritures et habits au-dessus des barbelés.

Il n’y a aucune « âme et chair » française qui comporterait comme caractéristique essentielle l’humanisme et l’accueil des persécutés. Il n’y a également aucune reconversion à propos des réfugiés mais simplement des « reconversions hypocrites » mises en scènes médiatiquement à des fins d’instrumentalisation de l’émotion de l’opinion publique.

Le discours sur le tri

A part le Front National qui propose de « ne plus accueillir personne(9) », le consensus sur « l’âme et la chair » de la France réunit désormais la droite et partie importante de la « gauche ». Le second trait du consensus porte sur la nécessité du « tri » entre « réfugiés légitimes » et « réfugiés illégitimes », entre « vrais réfugiés » et « faux réfugiés ». Les propositions fusent et constituent un excellent analyseur de notre société, de sa classe politique et de ses médias lourds.

Le maire de Roanne, Yves Nicolin propose que le tri se fasse sur une base religieuse :

« Si la France décide d’accueillir sur son sol un certain nombre de familles, et qu’elle décide de les intégrer, c’est-à-dire de leur donner des papiers, et bien la ville de Roanne, je pense, pourra jouer ce rôle-là, accueillir peut-être une dizaine de familles mais à la condition qu’il soit bien question de réfugiés Chrétiens qui sont persécutés parce que Chrétien en Syrie par Daesh (…) Ce que je souhaite c’est qu’on puisse avoir l’absolue certitude que ce ne sont pas des terroristes déguisés. C’est la raison pour laquelle je pense que demander à ce que ce soit des Chrétiens peur représenter une garantie suffisante(10) «

Il est suivi dans cette proposition par Gérard Dézempte maire Charvieu-Chavagneux et par Damien Meslot maire de Belfort. Après l’étoile jaune permettant de distinguer les juifs dans le passé, il faudrait donc faire porter à l’avenir un croissant vert pour éviter les fraudes à l’asile politique. Ces positions sont certes marginales mais suffisent à souligner la banalisation de l’islamophobie en France. Elles indiquent qu’un verrou a sauté en matière d’islamophobie et que celle-ci fait désormais partie de la sphère du « légitime » dans le débat politique.

Mais le critère de « tri » le plus largement partagé et mentionné est celui de la différence entre « migrants » et « réfugiés ». De nombreux journalistes prennent un ton docte pour nous expliquer cette différence entre les uns qui seraient « économiques » et les autres qui seraient « politiques ». L’accueil des uns serait impossible et exigerait de la fermeté alors que l’accueil des autres serait nécessaire et exigerait de la solidarité. La distinction entre « réfugiés » et « migrants » est même présentée par un journaliste de Libération de la manière suivante :

« La crise humanitaire actuelle est traitée comme une aggravation, certes spectaculaire, mais une simple aggravation d’une « vague migratoire » qui, depuis des années, vient s’échouer sur les côtes européennes, aujourd’hui italiennes et grecques, hier espagnoles. Ce n’est pas un hasard si on parle de « migrants » ou de « clandestins » et non de « réfugiés ». Au fond, pour les Français, Aylan n’est qu’une victime de plus de cette « misère du monde » attirée par l’eldorado européen. Ces masses indifférenciées qui forcent nos frontières au péril de leur vie, et c’est le discours du Front national, ne sont que des « migrants-immigrés » venant au mieux voler le pain des Français, au pire importer le jihad. Le mot « migrant » est un cache-sexe sémantique qui permet de nier la spécificité du drame humain qui se joue à nos frontières, un mot connoté négativement : après tout, dans « immigrant », n’y a-t-il pas « migrant » ? Or, l’immense majorité de ceux qui cherchent à se rendre en Europe n’auraient jamais songé, il y a quelques années, à quitter leur pays : ils ne « migrent » que parce qu’ils fuient la guerre, les massacres, les persécutions, les viols, les tortures, la mort(11). »

Nous partageons le souci de ce journaliste d’une prise de mesure de l’urgence de la situation et de l’ampleur du drame. Cependant cette urgence ne doit pas nous faire oublier la communauté des causes et des responsabilités conduisant à l’émigration dite « économique » et à l’exil politique. Les mêmes puissances de l’OTAN imposent des règles économiques mondiales qui appauvrissent les plus pauvres les contraignant ainsi à l’émigration et interviennent militairement pour le contrôle des matières premières produisant systématiquement des drames humanitaires contraignant à la fuite des millions de personnes : Irak, Afghanistan, Libye, etc. Comme pour les réfugiés, les émigrés dits « économiques » n’auraient jamais songé, il y a quelques années, à quitter leur pays. L’insistance du gouvernement comme de l’opposition sur la distinction entre ces deux catégories de victimes n’a qu’un objectif : justifier le refus de séjour pour les émigrés économiques et même pour les réfugiés ne relevant pas des zones arbitrairement choisies par les pays riches comme étant dangereuses.

Il est vrai qu’une nouvelle fois les reportages et discours médiatiques ont été centrés sur les conséquences de la situation et non sur les causes. Tout se passe comme si brusquement nous étions en présence d’une tornade imprévisible et non face aux résultats prévisibles des déstabilisations stratégiques dans lesquelles nos gouvernants ont une responsabilité majeure. Le même silence sur les causes aboutit consciemment ou non à masquer la responsabilité des pétromonarchies dans l’offensive de Daesh. Il est vrai que celles-ci sont des amis de l’Europe et des États-Unis. Il conduit consciemment ou non à masquer la responsabilité de la Turquie dans l’offensive de Daesh par la guerre qu’elle mène contre les résistants kurdes. Il est vrai que la Turquie est membre de l’OTAN. Mais le discours médiatique se caractérise également par un autre silence assourdissant : celui concernant le massacre que l’armée Saoudienne et les armées des émirats commettent chaque jour au Yemen contre une révolte populaire. Il est vrai que ce sont « nos » alliés.

Si les propositions de tri entre réfugiés chrétiens et réfugiés musulmans révèlent l’enracinement de l’islamophobie, celle entre émigrés économiques et réfugiés politiques révèlent la campagne consensuelle (consciente ou non, le résultat est le même) visant à masquer les causes des crises qui secouent notre monde.

Une logique coloniale

Le discours sur le tri conduit inévitablement à des propositions de dispositifs. Il est donc proposé à droite comme à gauche de multiplier les centre de tri ou « hotspot ». En bonne logique coloniale, il est proposé d’installer ces nouveaux centres dans les pays méditerranéens et en Afrique même. Il s’agit ni plus ni moins que d’externaliser le « sale boulot » pour qu’il demeure invisible. Le fait que des pays membres de l’Union européenne soient concernés souligne simplement que la logique coloniale s’étend au sein même de l’Europe. La dernière « crise grecque » et son dénouement illustre que ce pays est traité comme le sont les anciennes colonies c’est-à-dire avec la même logique de mise en dépendance et de pillage.

Ces centres de tri existent déjà comme par exemple à Pozzallo en Italie. Il est géré par Frontex (l’agence européenne en charge des frontières(12)). Le centre de Pozzalo comme les autres sont régulièrement dénoncés par des militants des droits de l’homme comme attentatoires à la dignité des personnes :

« L’objectif ? Enfermer puis renvoyer les « mauvais » réfugiés chez eux, quitte à les maltraiter au passage et parfois les envoyer à la mort dans leurs pays d’origine. Ces prisons qui ne disent pas leur nom voient les policiers y utiliser la force pour obliger les réfugiés à donner leurs empreintes digitales qui sont ensuite enregistrées dans le fichier Eurodac. A Pozzallo, en octobre 2014, des récits, témoignages et enregistrements attestent des violences subies par les réfugiés dans ces centres. Plusieurs centaines de réfugiés avaient entamé une grève de la faim contre les prises d’empreintes forcées. A Pozzallo toujours, en mai 2015, des policiers utilisent des matraques électriques, notamment contre des mineurs qui refusent de donner leurs empreintes. Les policiers emploient également des techniques d’intimidation, les familles se voient menacées d’être séparées(13). »

La proposition de multiplier les « Hotspot » souligne l’absence de volonté d’agir sur les causes et le choix de ne se centrer que sur la gestion des conséquences en en externalisant les tâches les plus répressives.

∞∞∞

Mais alors que signifie cette « conversion » massive de Merkel à Hollande, de Sarkozy à Valls ? Comme pour le 11 janvier, la réponse est à rechercher dans les décisions qui sont prises à l’occasion de cette mise en scène médiatique et politique d’un humanisme européen exemplaire. Si le drame de janvier a débouché sur une décision prise à la quasi-unanimité de l’assemblée nationale de poursuivre les frappes aériennes en Irak, le drame de septembre se conclut par la décision de Hollande d’entamer des frappes aériennes en Syrie. Il n’y a même plus besoin de vote désormais et le consensus dans les déclarations est frappant. A l’unanimité tous les ténors de droite et du parti socialiste se sont déclarés favorables à ces frappes.


1 [http://www.unhcr.fr/559e2ca6c.html]

2 Ibid,

3 http://data.unhcr.org/syrianrefugees/regional.php#_ga=1.59556077.1786272980.1441787559

4 Jean-Claude Chasteland , La population mondiale à l’orée du XXIème siècle, in Jean-Claude Chasteland et Jean-Claude Chesnais (coord.) , La population du monde, Les Cahiers de l’INED, n° 149, Paris, 2002, p. 57.

5 http://www.unhcr.fr/53edc9a39.html

6 http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/09/03/refugies-l-hypocrisie-d-eric-ciotti_4744749_4355770.html?xtor=SEC-33280887
7 http://www.lepoint.fr/societe/hollande-la-france-prete-a-accueillir-24-000-refugies-07-09-2015-1962619_23.php
8 Marc Ferro, Histoire de France, Odile Jacob, Paris, 2003.
9 Déclaration à l’université d’été du Front National, le 5 septembre 2015.
10 http://www.ouest-france.fr/roanne-le-maire-pret-accueillir-les-refugies-sils-sont-chretiens-3669778
11 http://www.liberation.fr/monde/2015/09/04/ne-dites-plus-migrant_1375999
12 Voir notre article de mars 2015 : https://bouamamas.wordpress.com/2015/03/22/le-mur-meurtrier-de-la-mediterranee-lassassinat-institutionnel-de-masse-de-lunion-europeenne/
13 http://www.huffingtonpost.fr/alexis-kraland/pozzallo-centre-tri-refugies_b_8089980.html

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