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Islam

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Message  rougeole Sam 21 Aoû - 16:13

Voilà un article d'Inprecor:

HISTOIRE
La bannière verte de Mahomet et l’expansion du commerce mondial
Jean Batou *
Mahomet
voit le jour à La Mecque, aux environs de 570 de l’ère chrétienne.
L’Arabie centrale connaît alors un développement rapide, stimulé par le
flux des caravanes qui acheminent marchandises et informations sur les
axes Nord-Sud, de la Palestine au Yémen, ou Est-Ouest, de l’Éthiopie au
golfe Persique. La naissance de l’islam ne peut être appréhendée hors de
ce contexte.
Islam 13294_image

Calligraphie du nom de Fatima, fille de Mahomet. ©️ Afghana
Aux
quatre points cardinaux de cet univers, les deux grands empires romain
byzantin — qui contrôle toujours la majeure partie du pourtour
méditerranéen — et sassanide perse, ainsi que les deux civilisations de
l’Éthiopie (royaume d’Aksoum) et de « l’Arabie heureuse » (Himyar ou
Yémen), constituent de puissants pôles d’attraction. Byzance est alors
l’alliée de l’Éthiopie chrétienne, tandis que la Perse sassanide réussit
à se soumettre l’Arabie du Sud qui perd ainsi une partie de son
ascendant sur le reste de la péninsule. De 540 à 629, les guerres
incessantes entre Byzantins et Perses affaiblissent cependant leur
emprise sur les zones contestées du Croissant fertile (1), peuplées de
plus en plus par des migrant(e)s d’origine arabe.
Jouant
pleinement leur rôle d’intermédiaires, les tribus bédouines d’Arabie
centrale, en partie sédentarisées, développent alors un réseau de
marchés et de foires, avec La Mecque en son centre. Elles sont en
contact avec de nombreux dissidents chrétiens (monophysites, nestoriens,
etc.) du Croissant fertile, mais aussi d'Éthiopie et du Yémen, qui se
disputent à propos de la double nature divine et humaine du Christ, mais
aussi avec les zoroastriens et les juifs de Perse  (2).
L’Arabie de Mahomet
Islam Arabie1

« Le
Croissant fertile et ses régions environnantes offrent des points de
contact à plus de routes de commerce lointaines qu’aucune autre région
comparable »
d’Eurasie (3).
Par ailleurs, sa
relative aridité — hors de ses grandes plaines alluviales — favorise les
éleveurs semi-nomades et les marchands, capables de contrebalancer
ensemble l’ascendant de l’aristocratie foncière. Cette alchimie sociale
encourage l’éclosion des religions monothéistes — zoroastrisme, judaïsme
et christianisme — qui répondent mieux aux besoins des classes
marchandes, préoccupées avant tout par la régulation des rapports
interpersonnels. L’individu est désormais posé comme responsable d’une
vie unique (pas de réincarnations multiples), devant un seul Dieu et une
seule communauté, porteurs d’une même justice aux aspirations
égalitaires.
Aux frontières des grands États
agricoles, les sociétés d’éleveurs et de marchands, qui se livrent
souvent aussi au pillage, contrôlent les échanges entre la Méditerranée
et les mers du Sud. Ce sont certes des nains par rapport aux grandes
civilisations agricoles, mais ils sont assis sur leurs épaules de géants
et voient parfois plus loin qu’elles. La domestication du chameau leur
garantit tout à la fois le lait, la caravane (du sanscrit karhaba
qui signifie chameau) et un atout militaire décisif, en plus du cheval.
Ces tribus, ainsi que leurs cousines, établies dans les oasis, sont les
plus prestigieuses : elles se nomment elles-mêmes les ’Arab. Elles
jouissent d’un ordre social peu hiérarchisé, peu polarisé, et donc
solidaire : l’individu y est considéré comme responsable de ses choix,
si bien que la violence intergroupe est limitée par les représailles
qu’elle suscite.
« Durant l’enfance de Mahomet, note Hodgson, la
plus grande part du commerce entre le bassin méditerranéen et l’océan
indien passait par les routes terrestres contrôlées par les Arabes »
.
Sur le plan spirituel, tandis que les Perses, protecteurs des Juifs,
remportaient victoire sur victoire contre Byzance, les idées bibliques
de toutes obédiences se répandaient en Arabie centrale le long des
routes caravanières. « On se tournait dès lors vers les religions
universalistes, les religions de l’individu, celles qui, au lieu de
concerner le groupe ethnique, visaient à assurer le salut de chaque
personne humaine dans son incomparable unicité »
(4). Le judaïsme,
déjà implanté dans quelques oasis, mais aussi le christianisme, dont les
pieux ermites frappaient l’imagination des contemporains, manquaient
cependant de racines locales.
Le vieil Allah,
divinité unificatrice des Bédouins, jusqu’ici dépourvu de culte
spécifique, allait-il pouvoir écarter les innombrables idoles tribales
et « renaître » comme authentique Dieu du Livre ? Rodinson estime que
c’était dans l’air du temps : «  Un État arabe, guidé par une
idéologie arabe, adapté aux nouvelles conditions et cependant encore
proche du milieu bédouin qu’il devait encadrer, constituant une
puissance respectée à égalité des grands empires, tel était le grand
besoin de l’époque. Les voies étaient ouvertes à l’homme de génie qui
saurait mieux qu’un autre y répondre »
. Cette mission va échoir à la
Mecque, qui contrôle l’axe Nord-Sud du Hedjaz — principal nœud
commercial de l’Arabie occidentale et centrale, à équidistance de la
Syrie, de la Perse et du Yémen. Il faut dire que son lieu de culte, la
ka’ba, déjà sous la tutelle d’Allah, s’offre en sanctuaire aux
nombreuses divinités païennes de toute la région et attire même des
chrétiens en pèlerinage.
Les premiers pas d’un prophète
Au début du VIIe
siècle, l’Arabie profite de l’affaiblissement politique de ses voisins,
dans un contexte de dynamisation des échanges sur son territoire. Sur
le plan culturel, cette vitalité se traduit par l’essor de la poésie
préislamique qui contribue au développement d’une langue commune à
partir de différents dialectes. Ces odes récitées, rythmées, à la
métrique codifiée, dépeignent avec force le cadre de vie, les idéaux et
les sentiments des Arabes de ce temps (5). Le Fou de Laylâ (6) date de
la seconde moitié du VIIe siècle : il évoque l’amour impossible qui peut mener à la transgression sociale, à la folie, mais aussi à la spiritualité :
« Le soir son visage éclairait les ténèbres
comme la lampe d’un moine retiré du monde. »
Ces
poètes inspirés, de même que les ermites chrétiens, ne sont pas sans
rapport, nous le verrons, avec le destin de Mahomet (on devrait plutôt
parler de Mohammad — Mehmet pour les Turcs, Mamadou pour les Africains).
Celui-ci naît dans un clan déshérité de la puissante tribu des Qoraysh,
qui contrôle le temple de La Mecque, et dont la légende raconte qu’elle
domine les principales routes commerciales du Hedjaz. Orphelin de père
et de mère dès son jeune âge, il aurait été recueilli par son
grand-père, puis par son oncle, Abou Tâlib, un commerçant aisé, avant
d’épouser à l’âge de vingt-cinq ans une riche veuve de quinze ans son
aînée, Khadîja, dont il aura quatre filles.
L’historien
est mieux renseigné sur Mahomet que sur Jésus (7). On le décrit
semble-t-il comme un individu de taille moyenne aux larges épaules et à
l’ossature forte, bâti d’une seule pièce. Doté d’une grande tête, d’un
visage allongé et mince, animé par des yeux noirs, c’est un homme
réfléchi et pondéré, capable de négocier longuement comme de passer
rapidement à l’action. Il deviendra vite un marchand prospère, si bien
que son langage en restera imprégné : le Coran évoque ainsi le jugement
dernier comme « l’apurement des comptes » (21, 1). Ces succès
matériels ne paraissent pourtant pas lui apporter une satisfaction
suffisante : son incapacité à donner à son épouse un héritier mâle le
trouble ; sa renonciation volontaire à toute relation extra-conjugale le
frustre sans doute, dans un monde où les jeunes hommes vivent une
sexualité très libre ; et surtout, la non mise en valeur de ses qualités
intellectuelles et politiques exceptionnelles le font souffrir.
Sur
les traces des prédécesseurs arabes du monothéisme (hanîf), mais aussi
des mystiques juifs et chrétiens, Mahomet passe de longues heures à
méditer dans une caverne de la colline de Hirâ, aux abords de La Mecque.
C’est ici qu’une nuit, il reçoit « la Vraie Vision […] comme le surgissement de l’aube », confiera-t-il plus tard à sa future épouse Aïsha. Ce fut d’abord une voix qui lui disait : « Tu
es l’Envoyé de Dieu ! […] Après les sensations de présence
surnaturelle, les visions vagues, les auditions de simples phrases,
vinrent les longues suites de paroles bien ordonnées, offrant un sens
net, un message »
. Enfin, l’Être puissant lui commanda de réciter : « Au nom de Dieu... ». Il venait de prononcer les premiers mots de ce qui allait devenir le Coran. « Tout cela se passait dans le cerveau d’un seul homme, commente Rodinson, mais
il s’y reflétait, il s’y remuait les problèmes de tout un monde et les
circonstances historiques étaient telles que le produit de toute cette
agitation mentale était propre à secouer l’Arabie et, au-delà,
l’univers »
.
Le discours social de l’islam naissant
Toute
foi monothéiste tend à poser le principe de l’égalité de chacun-e et de
sa soumission à la volonté de Dieu, mais aussi de son salut ou de sa
condamnation à la fin des temps, sans égard à sa fortune. Ceci est vrai à
plus forte raison de l’islam, qui rejette même le dogme chrétien de la
Trinité au nom de l’unicité absolue d’Allah. Le Coran présente ainsi au
fidèle, de façon très colorée, les tourments de l’enfer et les délices
du paradis. « L’individu […], souligne Rodinson, prenait une
valeur particulière et éminente. C’est de lui que s’occupait l’Être
Suprême, lui qui l’avait créé et qu’il jugerait sans considération de
parenté, de famille, de tribu »
.
Dès les dernières décennies du VIe siècle, note Hodgson, l’enrichissement des marchands de La Mecque « menaçait
la solidarité tribale et, dans tous les cas, minait l’idéal bédouin
d’un homme généreux pour lequel la richesse était une distinction
bienvenue mais relativement éphémère »
. Ce sont donc les esprits les
plus libres, rejetant la domination des couches dirigeantes de la
société mekkoise, qui se tournent les premiers vers Mahomet : parmi eux,
des jeunes de bonne famille en révolte contre leurs aînés, mais aussi
des membres de clans moins influents, des non Mekkois, des individus
hors clans, voire des affranchis ou des esclaves. Le prophète prend
d’ailleurs parti pour les pauvres et les orphelins en admonestant les
riches Qorayshites, dont il méprise l’arrogance :
« Prenez garde ! Vous n’honorez pas l’orphelin !
« Vous n’incitez pas à nourrir le pauvre !
« Vous dévorez l’héritage goulûment !
« Vous aimez la richesse d’une passion sans borne ! »
(Coran, 89, 17-20)
Dans
le principe des religions révélées, les injonctions du Très Haut sont
communiquées aux hommes par l’entremise d’un prophète, auquel sa
position fait légitimement ambitionner le pouvoir spirituel suprême : « Comment un homme à qui Dieu parlait directement, remarque Rodinson, pourrait-il
se soumettre aux décisions d’un quelconque sénat. Comment les
prescriptions de l’Être suprême pourraient-elles être discutées par
l’aristocratie mekkoise ? »
D’ailleurs, Mahomet ne développe-t-il pas « une attitude critique [Rodinson dira même : « implicitement révolutionnaire »] — envers les riches et les puissants, donc les conformistes. »
La
répression va donc s’abattre sur la quarantaine de partisans de
Mahomet, en particulier sur les plus vulnérables d’entre eux : l’esclave
noir Bilâl est ainsi exposé au soleil par ses maîtres, aux heures les
plus chaudes de la journée, avec un rocher sur la poitrine. Dans cette
lourde atmosphère, le prophète gagne cependant encore quelques
disciples, comme ’Omar ibn al-Khattâb, qui sera plus tard le second
calife à lui succéder. Certains émigrent en Abyssinie, même si la
plupart jouissent encore de l’appui de leur clan : Mahomet est protégé
par les Banou Hâshim, en particulier par son oncle, le très influent
Abou Tâlib. C’est la mort de ce dernier, en 619, ainsi que celle de sa
première femme Khadîja, qui vont rompre ce précaire équilibre.
En
622, alors que Byzance affamée est assiégée par les Perses et les Avars
dans un parfum d’apocalypse, le petit groupe des croyant(e)s prend le
chemin de Médine, à 350 km au N-O : c’est l’hégire, soit le début du
calendrier musulman. Ici, la nouvelle organisation sociale à laquelle
préside Mahomet, encouragée par la voix d’Allah, continue à défendre les
intérêts des orphelins, des mendiants et des voyageurs. Elle recommande
de bien traiter les esclaves et si possible de les émanciper ;
l’esclavage est même proscrit parmi les fidèles. En 632, lorsque le
prophète en personne, quelques mois avant sa mort, conduit le premier
pèlerinage à La Mecque (hajj), il insiste sur l’égalité de tous les
hommes devant Allah, qu’ils soient riches ou pauvres, Arabes ou non,
inspirant ainsi le rejet assez général du racisme par l’islam.
Sous la bannière verte du commerce
Hodgson
insiste sur le fait que la communauté des fidèles — celles et ceux qui
ont accepté la révélation — se trouve désormais réunie au sein de
l’oumma (de umm, mère) par des liens dépassant les barrières
tribales. A Médine, Mahomet s’efforce de doter cette communauté de
règles propres, mais aussi de moyens financiers, notamment par le biais
de l’impôt, jetant ainsi les bases d’un nouvel ordre social.
Il
arbitre les conflits des clans païens et bénéficie au début d’une
certaine bienveillance des puissantes tribus juives, auxquelles il
emprunte certains rituels : prière à la mi-journée en direction de
Jérusalem et jeûne du Kippour  ; Allah permet aussi de manger la
nourriture des gens de l’Écriture et d’épouser des femmes d’entre eux.
Pendant ce temps, il étend son influence politique en assurant
l’indépendance de ses partisans au moyen d’une série de « raids » contre
les caravanes de La Mecque (la guerre privée est alors une coutume
parfaitement admise).
Les opposant(e)s des tribus
bédouines semblent peu nombreux : avec le temps, ils-elles se rallient
ou sont éliminés. Ce sera le cas de la poétesse « Açmâ », assassinée
dans son sommeil. N’avait-elle pas déclaré : « Enculés de Mâlik et de Nabît […] [clans et tribus médinoises]. Vous obéissez à un étranger […] N’y aura-t-il pas un homme d’honneur […] qui coupera court aux espérances des gobeurs » (cité par Rodinson).
En
revanche, les Juifs ont des prétentions politiques et une cohésion
idéologique plus menaçantes. Ils traitent de haut les idées religieuses
de Mahomet, qui les défie en revendiquant les origines ancestrales de
l’islam : les Arabes ne descendent-ils pas d’Ismâ’il, fils d’Abraham
(Ibrâhîm), lui-même fondateur originel des religions du Livre. Il rompt
aussi avec eux en instituant le jeûne du Ramadan, en rejetant une partie
de leurs interdits alimentaires (il proscrit cependant le vin, associé à
des cultes païens), puis en exigeant des croyant·e·s qu’ils-elles
prient en direction de La Mecque. Il en viendra à bout par une
succession d’expulsions, d’expropriations et de massacres, dont celui
des Banou Qorayza, en 627, fera plusieurs centaines de morts. Il se
distancie aussi des chrétiens en reconnaissant Jésus comme prophète,
capable certes de miracles, mais néanmoins homme à part entière.
Maître
de Médine et des routes commerciales très fréquentées du Nord du
Hedjaz, desquelles il tire des ressources croissantes, le parti de
Mahomet pose un problème insoluble aux riches marchands de La Mecque qui
ne parviennent pas à le défaire par les armes. C’est que le jeune Etat
naissant, qui doit sa forte cohésion à l’idéologie musulmane, est dirigé
par un homme exceptionnel qui sait concilier vision à long terme et
sens de l’opportunité. Il s’entoure aussi de conseils avisés, notamment
de ceux de ses deux beaux-pères et successeurs, Abou Bekr et ’Omar,
auxquels s’oppose parfois son cousin ’Ali, mari de sa fille Fâtima.
En
628, Mahomet annonce qu’il entend partir à la conquête spirituelle de
La Mecque en prenant la tête d’une marche pacifique. L’entreprise est
couronnée de succès, en dépit des concessions humiliantes qu’il doit
accepter : dès 629, les musulmans sont admis dans la ville pour le
pèlerinage. En 630, il prépare cependant une grande expédition militaire
pour intimider ses derniers opposant(e)s : l’aristocratie mekkoise
divisée évitera l’épreuve de force en se soumettant avant de se
convertir. Médine devient ainsi la capitale de l’Arabie unifiée autour
de son prophète, à la tête de laquelle les grandes familles qorayshites
se pressent désormais. Au sommet de sa puissance, l’Envoyé d’Allah meurt
le 6 juin 632.
Au même moment, Byzance exsangue a
repris l’avantage sur une Perse enfin défaite. Les armées des premiers
califes (héritiers du prophète), qui ne peuvent plus rançonner les
Arabes islamisés, vont saisir cette opportunité pour se lancer à la
conquête du monde connu. Comme le relève Rodinson, leur avancée est
fulgurante : « un siècle après la date ou Mohammad, obscur chamelier,
avait commencé à réunir autour de lui dans sa maison quelques pauvres
Mekkois, ses successeurs commandaient des approches de la Loire au-delà
de l’Indus, de Poitiers à Samarkand »
. Pour le philosophe Ernst Bloch : « La bannière verte flotta bientôt d’un mouvement homogène par-dessus la tempête commerciale, guerrière et religieuse »
qui bouleversait le Moyen-Orient et le monde méditerranéen : désormais,
l’islam — idéologie de la modernité d’alors — allait présider à
l’expansion des marchés, et ceci « du déclin de l’Empire romain d’Orient à l’ascension de Venise, et même de l’Angleterre ». (Cool

* Jean Batou,
historien, est membre de la direction de solidarités (mouvement
anticapitaliste, féministe et écologiste pour le socialisme du XXIe siècle) de Suisse et responsable de la rédaction du bimensuel solidaritéS. L’article que nous reproduisons ici a d’abord été publié dans le supplément « Cahiers émancipationS » du bimensuel solidaritéS n° 160 du 17 décembre 2009.
Commerce et religions du salut individuel
« Tant
qu’il est lié, pour ainsi dire, organiquement à son clan, à sa tribu, à
son village, à sa ville, qu’il n’est, dans une société rigoureusement
hiérarchisée, qu’un élément interchangeable, rivé à la place que le
destin lui a assignée pour une fonction toujours la même, l’homme se
voit imposer l’idée d’une vie d’outre-tombe semblable ou parallèle à
celle-ci. Là-bas aussi les unités sociales de ce monde-ci continueront à
encadrer les pâles fantômes qui mèneront une vie diminuée. Sur ces
terres d’au-delà de la mort, des ombres de serviteurs soigneront les
spectres des maîtres, des fantômes de paysans cultiveront la terre pour
eux et les artisans d’outre-tombe pourvoiront à leurs commodités. Mérite
et démérite sur cette terre n’y changent pas grand chose.
[…]
« Mais
quand vinrent les temps du grand commerce international qui brassait
les peuples, les hommes et les idées, quand des sociétés s’établirent où
l’argent devint la mesure de toutes choses, où l’économie monétaire
brisa les frontières des groupes ethniques, où chacun put faire
personnellement sa fortune, où la valeur de l’individu dans ce monde
dépendit de la place qu’il s’y était faite par sa lutte à lui, on se mit
à espérer pour chacun un sort à sa mesure propre. Dès lors, se levèrent
des prophètes qui
[…] promettaient individuellement [aux riches]
un châtiment dans ce monde d’abord, puis dans l’autre. Dès lors se
constituèrent des sociétés, des communautés, qui enseignaient à leurs
membres comment atteindre une condition heureuse dans l’autre monde,
comment se sauver individuellement. »

(Maxime Rodinson, Mahomet, 1994)
Quand et comment le Coran a-t-il été écrit ?
Les
scientifiques sont aujourd’hui très divisés sur les modalités concrètes
et l’époque probable de la rédaction définitive du Coran. A-t-il été
achevé pour l’essentiel du vivant ou juste après la mort de Mahomet, ou
encore quelque 200 ans plus tard, bien après la conquête arabe ?
Pour Maxime Rodinson : « Les
groupes de paroles que Mohammad récitait comme lui étant inspirées par
Allah, les révélations, formaient ce qu’on appelait une “récitation”, en
arabe qor’ân. Elles furent notées de son vivant sur des documents
dispersés, morceaux de cuir, os plats de chameau, tessons de poterie,
tiges de palme, etc. De son vivant aussi, on commença à grouper ces
fragments, on en fit des sourates ou chapitres.
[…] Se constituait un livre (kitâb) comme ceux des juifs et des chrétiens. […]
Ainsi l’ensemble des révélations se coulait dans le moule d’unités où
un certain ordre, un certain plan se laissaient distinguer.
[…] Ce travail s’est certainement fait sous la surveillance au moins de Mohammad, s’il n’y a pas travaillé lui-même. […]» (Mahomet, 1994).
Pour
John Wansbrough : la réécriture du Coran a été un long processus,
marqué par de nombreuses confrontations avec le judaïsme et le
christianisme, et sa version définitive est postérieure à l’an 800
(Quranic Studies, Oxford, 1977; The Sectarian Milieu : Content and Composition of Islamic Salvation History,
Oxford, 1978.). Par ailleurs, Patricia Crone (1987) a été jusqu’à
mettre en doute que Mahomet et l’islam soient originaires de La Mecque
(cf. note 1).
Pour en savoir plus : Encyclopédie de l’Islam, 2e éd., 12 vol., Leiden, Brill, 1960-2005.
Un islam des pauvres ?
« Le Coran […]
transmettait aux générations futures le message d’un homme opprimé,
qu’avaient à un moment donné indigné l’injustice et l’oppression. Il
charriait dans son texte chaotique des invectives et des défis aux
puissants, des appels à l’équité et à l’égalité des hommes. Un jour, il
se trouva des hommes pour s’emparer de ces paroles et s’en faire des
armes.

« Les Arabes de souche […]
avaient dû admettre l’égalité avec eux des hommes qu’ils avaient conquis
et dont beaucoup maintenant s’identifiaient totalement à eux. Le
mouvement révolutionnaire qui imposa cette égalité triompha au nom des
propres valeurs qui les avaient fait vaincre.
[…] A travers les siècles, maint et maint autre mouvement […] devait faire de même. […]
Quelque part, à la source de ces agitations réussies ou non, de ces
conceptions plus ou moins justifiées, plus ou moins inadéquates, il y
avait celui qui avait été un obscur chamelier d’une humble famille de
Qoraysh.
[…]
« Les idées ont leur vie
propre et cette vie est révolutionnaire. Une fois ancrée dans la mémoire
des hommes, couchées par écrit sur le papyrus, le parchemin ou même
pour le Coran sur des omoplates de chameaux, elles continuent leur
action au grand scandale des hommes d’Etat et des hommes d’Eglise qui
les ont utilisées, les ont canalisées, ont élaboré une casuistique afin
d’en éliminer les répercussions dangereuses pour le bon ordre d’une
société bien réglée. »

(Maxime Rodinson, Mahomet, 1994)
Le Coran et les femmes
« Les hommes ont autorité sur les femmes » ;
ils sont habilités à les admonester et même à les frapper (Coran,
4, 34). La polygynie est limitée à quatre femmes (sauf pour le
prophète), pour autant que le mari se sente capable de les traiter sur
un pied d’égalité. Elle ne concerne bien sûr qu’une minorité de croyants
suffisamment aisés.
Les femmes sont actives au
sein de l’islam naissant. Elles questionnent, conseillent et combattent.
Aïsha, l’une des épouses de Mahomet, s’étonne ainsi qu’Allah ne parle
qu’aux hommes, suscitant un tournant de la révélation, qui s’adresse
désormais aux deux sexes. En règle générale, elles reçoivent cependant
une demi-part d’héritage, parce qu’elles n’ont pas de responsabilité
matérielle à l’égard de leur famille (Coran, 4, 11).
Le
désir sexuel des femmes est réputé dix fois supérieur à celui des
hommes. Il n’est pas blâmé — au ciel, chaque orgasme devrait durer au
moins vingt-quatre ans — mais doit être strictement encadré par le
mariage patriarcal. Le Coran n’évoque pas l’excision.
Concernant
le port du voile, un verset coranique recommande aux femmes de cacher
leurs seins avec leur châle (24, 31) ; un autre les enjoint de resserrer
leur robe (33, 59). Il est aussi prescrit de s’adresser aux femmes du
prophète derrière un rideau (33, 53). La tradition défend que le corps
des femmes doit être caché, à l’exception de leur visage et de leurs
mains (il s’agit cependant d’un hadîth dont la chaîne de transmission est mal établie).
L’adultère
doit être prouvé par quatre témoignages concordants pour être puni
(4, 15). La lapidation n’est pas mentionnée dans le Coran, mais dans
l’Ancien Testament (Deutéronome, 22, 23-24). Certains hadîth y font référence, mais leur crédibilité est douteuse.
Notes
1.
Le Croissant fertile est une région du Moyen-Orient comprenant les
territoires des États actuels d’Israël, du Liban, de Chypre, du Koweït,
de Palestine (Cisjordanie et Gaza) ainsi que des parties de la Jordanie,
de la Syrie, de l’Irak, de l’Iran, de l’Égypte (sur ce point, il ne
semble pas y avoir consensus) et le sud-est de la Turquie. Le terme «
Croissant fertile » fut donné par l’archéologue James Henry Breasted de
l’Université de Chicago car l’arc formé par les différentes zones
ressemble à un croissant.
2.
Patricia Crone a prétendu que l’islam avait dû naître en Arabie du
Nord, plutôt qu’en Arabie centrale, où l’essor du commerce, mais aussi
la diffusion du judaïsme et du christianisme, étaient encore très
limités au premier tiers du VIIe siècle (Meccan Trade and the Rise of Islam,
Princeton U.P., 1987). Les fondements de cette hypothèse décoiffante
ont été cependant fragilisés par des travaux archéologiques récents.
3. Les citations de M. S. Hodgson sont tirées de The Venture of Islam. Conscience and History in a World Civilization, Vol. 1 : The Classical Age of Islam, Chicago 1977.
4. Maxime Rodinson, Mahomet,
Seuil-Points, Paris 1994. Les autres citations de Rodinson sont tirées
de la même version revue et complétée de sa brillante synthèse, parue
pour la première fois en 1961. Du même auteur : Islam et capitalisme, Paris 1966 ; Marxisme et monde musulman, Seuil, Paris 1972 ; Les Arabes, PUF, Paris 1979 ; La fascination de l’Islam, Maspero, Paris 1980 ; L’Islam : politique et croyances, Fayard, Paris 1993.
5. Albert Hourani, A History of the Arab Peoples, Cambridge (Mass.), Harvard U.P. 1991, pp. 12-14.
6. André Miquel & Ghani Alani, Le Fou de Laylâ, Sindbad-Actes Sud, Paris 2003.
7. La vie de Mahomet nous est connue par des récits (hadîth),
dont les plus anciens remontent probablement à 120 ans au moins après
les faits. Ils ont été validés par de grands juristes musulmans qui ont
attesté de leur crédibilité en analysant la chaîne des témoignages dont
ils dépendent, n’évitant pas parfois des contradictions, ce qui fait
qu’ils ajoutent souvent : « Et Dieu est le plus savant ». Pour en savoir plus : Ibn Warraq (sous la dir. de), The Quest for the Historical Muhammad, Amherst, New York 2000.
8. Ernst Bloch, Le principe espérance. Vol. 3 : Les images-souhaits de l’Instant exaucé, Gallimard, Paris 1991, p. 439.
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Message  sylvestre Sam 21 Aoû - 16:26

Un classique marxiste sur la question : MN Roy, Historical Role of Islam: An Essay on Islamic Culture
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Islam Empty Edwy Plenel: "Je suis contre tout laïcisme sectaire"

Message  Roseau Mer 21 Sep - 4:09

https://www.dailymotion.com/video/xl56y9_edwy-plenel-je-suis-contre-tout-laicisme-sectaire_news
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Message  Vals Lun 21 Mai - 16:01

Une piqûre de rappel pour ceux qui parlent de changements d'orientation....liés à leur manque total de repères politiques .
C'était LO, dès 1984 :

La montée de la réaction intégriste musulmane

L’activité politique du courant religieux réactionnaire islamiste au cours des dix dernières années n’a pas pris partout des formes terroristes de grande ampleur comme en Égypte, voire insurrectionnelles comme en Syrie, mais elle n’a épargné pratiquement aucun pays du Maghreb et du Moyen-Orient, et elle a même touché en fait l’ensemble du monde musulman. Le phénomène est antérieur à la victoire de Khomeiny et à l’instauration de la République islamique en Iran, même si celles-ci l’ont amplifié. Les événements iraniens en ont surtout été le révélateur, pour l’Occident en particulier. Malgré la diversité des situations, inévitable sur une telle échelle géographique, la montée des mouvements intégristes (un terme du monde chrétien qu’ils rejettent certainement mais que nous employons par facilité et par analogie) musulmans est un phénomène politique général avec lequel tous les pouvoirs en place sont de plus en plus amenés à compter - qu’ils le tolèrent et tentent de composer avec lui, ou qu’ils le combattent et le répriment brutalement.

Au-delà de la politique ambiguë des régimes au pouvoir, le plus souvent oscillant entre la démagogie religieuse et des accès de répression, il reste que les mouvements intégristes trouvent un écho dans une partie de la population. Le sentiment religieux des masses populaires n’est bien sûr pas chose nouvelle, mais ce qui est nouveau en revanche c’est l’émergence d’un vaste mouvement aux ambitions politiques, s’appuyant sur ce sentiment.

Comment expliquer cette montée d’organisations aux doctrines franchement réactionnaires, quelque vingt ou trente années après que la plupart des pays concernés ont accédé à l’indépendance nationale sous la direction de mouvements et de leaders nationalistes qui avaient pour ambition affichée de moderniser leur pays, de le faire avancer sur la voie du progrès économique et social ? Alors que les régimes comme celui de Nasser ou comme le régime algérien s’auréolaient d’une sorte de tiers-mondisme progressiste et ont bénéficié pendant un temps d’un consensus populaire sur cette base, on peut en effet s’interroger sur l’avenir que ce phénomène prépare peut-être pour les masses des pays musulmans.

Des conceptions réactionnaires...


La plus importante, la plus connue des organisations politiques actuelles que, sans entrer dans des considérations de doctrine religieuse, on peut qualifier d’intégristes musulmanes, celle qui a des branches et des ramifications dans le plus grand nombre de pays, est sans conteste l’organisation des Frères Musulmans. Ceux-ci se sont manifestés de façon particulièrement spectaculaire en assassinant le 6 octobre 1981 le président égyptien Sadate ainsi qu’en février 1982 en Syrie à l’occasion du soulèvement de la ville de Hama qu’ils tinrent pendant quatre jours avant que la répression de Assad ne fasse quelque 20 000 victimes dans la population. Ils ont une base populaire, plus ou moins étendue, plus ou moins radicalisée, mais réelle.

Lorsque Hassan el Bannâ, instituteur, fils d’un fonctionnaire très versé en religion, fonda l’Association des Frères Musulmans en 1928 à Ismaïlia, ville de la Compagnie du canal de Suez, le contexte égyptien était marqué par la montée du mouvement anti-anglais. A la même époque, Ibn Séoud se servait de la doctrine puritaine wahhabite pour forger autour de sa famille le royaume d’Arabie saoudite, proclamé en 1929, Ibn Séoud que Bannâ devait considérer comme « l’un des espoirs de renaissance et de réunification du monde musulman ».

Comme la plupart des autres courants nationalistes égyptiens, comme les « officiers libres » dont sortiront Nasser et Sadate, les Frères Musulmans éprouvaient des sympathies pour les ennemis des Anglais et, dans les années 30, en particulier pour les nazis, avec lesquels ils eurent des contacts.

L’organisation s’est développée à partir de 1936 et surtout après la Deuxième Guerre mondiale, ayant notamment bénéficié du discrédit du grand parti bourgeois Wafd associé au gouvernement sous la houlette des Britanniques à partir de 194142. Lorsque Hassan el Bannâ fut assassiné en 1949, les Frères Musulmans étaient au nombre de un et peut-être même deux millions.

Le programme de Bannâ, fondé sur l’Islam, conçoit celui-ci comme un système global réglementant tous les aspects de la vie et avant tout appuyé sur le pouvoir politique : « L’Islam dans lequel croient les Frères Musulmans voit dans le pouvoir politique l’un de ses piliers... Le prophète a fait du pouvoir politique l’une des « racines » de l’islam » . De fait, la religion musulmane est née comme une religion d’État au temps de Mahomet. L’imam, chef de prière, est en même temps leader politique et, aux yeux des Frères Musulmans, la question du pouvoir est liée intimement à la question de la foi : « L’Islam, c’est la religion qui contient un gouvernement ». L’une des devises des Frères Musulmans est « Pas d’autre Constitution que le Coran » .

Une caractéristique des Frères Musulmans dès leur fondation était leur hostilité au nationalisme arabe laïcisant tel que celui du parti Baas fondé en Syrie dans les années 40 ; ils se veulent panislamiques.

Sur le plan social, Bannâ se caractérise par son populisme. II dénonce « l’immense fossé qui sépare les diverses couches de ce peuple », tout en dénonçant, en même temps, toute forme de lutte de classe au nom de la « communauté des croyants ». Si le caractère sacré de la propriété privée est au centre de cette doctrine, l’aumône obligatoire en est le pendant en faveur des « insolvables et des indigents », de sorte que « la société en devient plus pure et plus intègre, les âmes plus limpides et plus nobles ». II s’agit donc d’une conception paternaliste d’un autre âge, marquée par les conditions de l’époque où est apparue la religion de Mahomet, dans laquelle la foi est appelée à fonder la résignation des pauvres, à enrober l’exploitation et l’oppression dans l’allégeance au « Guide général » (c’était le titre que se donnait Hassan el Bannâ) au nom d’une Loi islamique qui permet l’encadrement de la population, jusque dans les détails de sa vie quotidienne, à toutes les étapes de sa vie, sur les lieux d’habitation comme sur les lieux du travail.

Ces conceptions sont celles de tous les intégristes musulmans. Les Frères Musulmans syriens ou les intégristes algériens réprouvent les mesures de nationalisation, de réforme agraire, de contrôle du commerce qui ont pu être adoptées dans leur pays. Ils prônent le respect intégral de la propriété privée et la liberté d’entreprise, toujours au nom des enseignements du Coran. L’expérience de Khomeiny en Iran a montré quelle sorte de régime barbare, arriéré, quelle organisation totalitaire de la société, pouvait sécréter le pouvoir politique des religieux intégristes.

Ce type de régime est évidemment foncièrement hostile à toutes les formes d’organisation autonome des travailleurs, même les plus élémentaires. Le Coran est supposé répondre à tous les problèmes et assurer l’unanimité des croyants en tout domaine, de sorte que droit de grève, liberté d’association, libertés syndicales, etc. sont bannis et n’ont officiellement aucune raison d’être. Le régime de Khomeiny a là aussi amplement démontré son hostilité irréductible au mouvement ouvrier organisé, son anticommunisme fondamental, son rejet même de toute espèce d’organisation politique ou sociale indépendante des structures religieuses. Basé sur les masses déshéritées, plébéiennes, jouant de leurs préjugés, il se sert - en tout cas il s’est servi jusque-là - de cette base populaire pour imposer une dictature féroce à l’ensemble de la société.

Le mouvement intégriste, dans ses formes sociales, n’est pas sans analogie avec les mouvements sur lesquels les régimes fascistes se sont appuyés pour s’instaurer.

Bien sûr, il se trouve que les pays musulmans sont des pays sous-développés, et les possédants dont un Khomeiny sert en dernière analyse les intérêts n’ont pas grand chose à voir avec les hommes de la finance et les grands capitalistes au service desquels Hitler avait enrôlé ses troupes. En premier lieu et avant tout en vertu de ce fait historique que les pays d’Islam sont des pays qui ont été pillés économiquement par l’impérialisme occidental, ce qui donne au combat des intégristes islamiques une allure anti-occidentale. Mais l’enrôlement des couches les plus misérables de la population au service de leurs ennemis, en les dressant contre les partis laïcs, démocratiques ou libéraux et surtout contre le mouvement ouvrier organisé qui peut exister, est bien analogue. La religion fournit ici le levier, le canal tout trouvé pour mobiliser les couches les plus misérables tout en créant le mythe d’un intérêt commun à toutes les classes de la société islamique.

...qui connaissent un renouveau...

Les groupements qui se réclament de l’intégrisme musulman connaissent une floraison nouvelle depuis les années 70. Et cela de l’Asie musulmane jusqu’aux pays du Maghreb : l’ancien ministre tunisien Habib Boularès indique que « tous les mouvements islamistes actuels se réfèrent, en Tunisie, à cette époque des années 70 où la tension sociale autant que politique commença à devenir sensible ».

En effet, après leur croissance rapide des années de l’après-guerre les Frères Musulmans avaient été éclipsés pendant toute une période par le nassérisme sur le devant de la scène politique. Bien qu’ils aient qualifié le coup d’État de Nasser de « putsch béni de Dieu », ils se sont alors retrouvés concurrents du Raïs auprès des mêmes couches de la population, et Nasser leur fit subir une terrible répression, en faisant une foule de martyrs. D’une façon générale, pendant les années 50 et 60, années du nationalisme arabe et des indépendances du Maghreb, l’intégrisme musulman était resté en veilleuse.

Aujourd’hui, les Frères Musulmans ont refait surface en Égypte. En Syrie ils ont entrepris une véritable guérilla contre le régime de Hafez el Assad. Ils se sont aussi indiscutablement renforcés dans tout le Maghreb.

Une de leurs premières activités, notamment en Égypte et en Algérie consista à s’adonner à la « conquête » des universités, lesquelles abritaient souvent des groupements de gauche, et ce au nom de la lutte contre le matérialisme athée et la dépravation des moers, en exigeant l’application de la loi islamique comme remède à tous les maux venus de l’Occident. En Tunisie, au Maroc, en Algérie, cette époque correspond aux débuts de « l’arabisation » dans les écoles et les universités. Si l’on en croit les études de la revue Grand Maghreb, les régimes firent alors, faute de professeurs arabisants, appel à des coopérants du Proche-Orient, lesquels se trouvaient être très souvent des Frères Musulmans - ce que les autorités ne voyaient pas d’un mauvais oeil dans la mesure où ils faisaient un contrepoids, au besoin par des attaques physiques, aux éléments de gauche dans les milieux intellectuels.

A l’heure actuelle les témoignages sont nombreux rapportant que les mosquées se remplissent de fidèles et se multiplient sous forme de « mosquées sauvages » dans les quartiers, les appartements, les garages, etc. Et il s’agit moins de religion que de contestation politique dans les prônes et les réunions. On a vu se multiplier le nombre des jeunes gens portant la barbe et des jeunes filles portant le voile, au nom de l’Islam, en particulier dans les campus universitaires. Partout, une des premières revendications du mouvement a été de réclamer des lieux de prière sur les lieux de travail, usines, administrations, comme dans les lycées et les facultés.

Les groupes islamistes prolifèrent, ligues, associations ou confréries, certains particuliers à un pays, d’autres s’étendant d’un bout à l’autre du Maghreb et du Moyen-Orient. Des prêcheurs se déplacent, d’Égypte à la Tunisie et au Maroc, réunissant des milliers de fidèles qui viennent écouter leurs prônes, lesquels sont très souvent retransmis fort loin au moyen de cassettes enregistrées, comme l’étaient ceux de Khomeiny avant la chute du shah.

Tous les témoignages relèvent - et c’est sans doute là un trait significatif - que les groupes intégristes en question recrutent essentiellement actuellement dans la petite bourgeoisie des villes, dans les professions libérales, parmi les fonctionnaires et surtout les étudiants, les plus jeunes en particulier - quelquefois aussi dans l’armée, parmi les sous-officiers. Les Frères Musulmans en Égypte s’étaient fait une spécialité de recruter parmi les jeunes étudiants en leur offrant notamment une assistance matérielle au travers de leurs réseaux d’entraide. Au Maghreb, les intégristes recrutent aussi surtout parmi les étudiants et paraît-il tout spécialement ceux des facultés scientifiques et des écoles d’ingénieurs. Les Frères Musulmans syriens sont souvent des instituteurs, des professeurs, des ingénieurs, parfois des commerçants, mais surtout des étudiants, voire des lycéens.

L’un des résultats de cette influence grandissante des islamistes est d’ailleurs que le nombre des pélerins se rendant à la Mecque augmente chaque année de façon spectaculaire (ce nombre a dépassé le million en 1979, il atteint deux millions en 1982, le régime saoudite a installé une cité de tentes pouvant accueillir trois millions de personnes).

Mais l’opposition intégriste musulmane a aussi un impact auprès de masses plus larges : auprès des déshérités, de plus en plus nombreux à s’entasser dans les ceintures sordides des grandes cités, semi-prolétaires, lumpen-prolétaires plutôt, millions de miséreux réduits à survivre des « petits métiers » précaires de la rue, voire de la semi-délinquance. On l’a vu en Iran encadrer, diriger, l’immense soulèvement de ces déshérités qui a abattu le shah. Et sur la plupart des dictatures en place au Moyen-Orient et au Maghreb, le mouvement islamique fait peser une menace.

...alimenté par le désespoir et l’humiliation des masses pauvres

Si ces régimes peuvent craindre de voir les masses populaires de leur pays trouver du côté des intégristes religieux un encadrement et une direction susceptibles de les mettre en cause, c’est avant toute chose parce qu’il y a des bases objectives au mécontentement et à la révolte des masses.

Les intégristes peuvent s’appuyer sur une réalité concrète révoltante, une réalité explosive.

Les pays musulmans sont des pays pauvres, des pays sous-développés. Et l’impérialisme opprime et exploite plus que jamais les masses du Tiers-Monde et parmi elles celles des pays musulmans, auxquelles les régimes nationalistes n’ont pas apporté, ne pouvaient pas apporter autre chose que la perpétuation de la misère et l’aggravation du sous-développement. .

Les préjugés ancestraux, ceux de la religion essentiellement, trouvent à s’alimenter dans le sort misérable qui est fait aux masses populaires. Ce n’est pas un phénomène nouveau, certes, que le désespoir s’exprime dans les phantasmes de la religion. Pillés pour le plus grand profit des trusts occidentaux et accessoirement au bénéfice d’une minorité autochtone d’autant plus avide que sa part des profits est restreinte, ces pays sont du même coup maintenus dans l’arriération sociale. Que la croyance en l’Islam et les structures religieuses demeurent vivaces est, dans ces conditions, une conséquence presque inévitable. Le terreau de la misère économique et de formes sociales plus ou moins archaïques est propice au courant intégriste.

Et cela est renforcé parle fait, d’une part, que les bouleversements apportés par les dernières décennies à ces sociétés disloquées dans leur développement économique n’ont eu pour conséquences pour les masses que d’empirer leur condition, et d’autre part que, bien souvent, les idées de modernisme et de progrès sont préconisées par ceux-là mêmes qui profitent du pouvoir et qui détiennent la richesse, qu’elles sont fréquemment associées aux couches privilégiées de la société - quand les autorités ne tentent pas de les imposer à coups de trique, comme Assad ou avant lui le shah d’Iran, dans le même temps que leurs régimes maintiennent les pauvres dans la misère et l’humiliation.

Le populisme d’inspiration religieuse peut trouver simultanément les bases concrètes de son anti-occidentalisme dans la réalité tangible, provocante et bien actuelle de ces pays en proie à la mainmise des intérêts impérialistes.

Les pays du Maghreb et du Moyen-Orient sont des pays sous-développés et ce sont aussi - c’est lié - des pays dépendants à l’égard des puissances occidentales, une dépendance qui se traduit concrètement dans les grandes villes en particulier.

Nul besoin de faire ressurgir les médiévales croisades chrétiennes en terre d’Islam ! Dans l’Égypte de Sadate puis de Moubarak, la Tunisie de Bourguiba ou le Maroc de Hassan II, les sentiments de haine envers les riches, envers ceux qui vivent dans l’aisance sur le dos du peuple pauvre, trouvent tout naturellement à s’identifier aux ressentiments anti-occidentaux. La révolte élémentaire contre les riches et les nantis dont le luxe arrogant contraste brutalement avec le dénuement des humbles, se conjugue aisément avec un violent anti-occidentalisme, en particulier lorsque ces mêmes riches, ces mêmes détenteurs de pouvoir affichent leur pro-occidentalisme, imitant les puissants des États impérialistes jusque dans leur mode de vie et leurs moers, qui plus est lorsqu’ils affichent, comme c’est le cas parfois, le plus noir mépris pour leur propre peuple sous le prétexte de son ignorance et de ses préjugés. Si le shah d’Iran, sa cour et la caste des privilégiés qui les entouraient avaient poussé cette attitude jusqu’à la caricature, le pro-occidentalisme de Hassan II ou de Bourguiba, leurs amitiés avec les chefs d’État occidentaux, leurs propriétés et leurs villas en France ou aux États-Unis constituent eux aussi une insulte permanente pour les masses musulmanes démunies de tout.

De ce point de vue, il y a sûrement une différence entre l’Algérie et le royaume du Maroc par exemple. Mais, y compris en Algérie, le pouvoir des privilégiés est dans un rapport de dépendance évident vis-à-vis de l’impérialisme occidental.

La démagogie intégriste a le champ libre...
Si les intégristes trouvent dans le sous-développement économique et social, ainsi que dans la situation de dépendance de ces pays par rapport aux puissances occidentales, une matière explosive sur laquelle s’appuyer, il faut ajouter qu’il y a également des causes directement politiques qui expliquent leur développement.

Les régimes au pouvoir y ont en premier lieu une responsabilité directe.

Les humbles ont fait l’amère expérience qu’ils n’avaient rien à en attendre. Tous ces gens se sont montrés leur ennemis une fois parvenus au pouvoir. Même si, dans quelques cas, ils s’étaient appuyés sur les masses populaires pour conquérir ce pouvoir, comme Nasser ou les dirigeants algériens, ceux-ci n’ont rien eu à leur dire ensuite, sinon de travailler quand c’était possible, de toute façon de se taire et de se résigner. Et, pour ce faire, les dirigeants nationalistes n’ont guère répugné dans l’ensemble à s’appuyer sur l’Islam, considéré comme religion d’État, religion officielle, dans tous ces pays.

En face de la montée intégriste dans les années 70, les régimes en place ont suivi une ligne démagogique. L’observance des règles de l’Islam a été officiellement réactivée là où elle s’était quelque peu relâchée notamment en Algérie et en Tunisie.

Voici comment l’universitaire français Bruno Étienne décrit toute cette évolution : « Le renouveau de la dévotion religieuse ... l’attention apportée par l’État aux pratiques religieuses allant parfois jusqu’à des changements radicaux en Tunisie et en Algérie, peut être situé aux alentours de 1970 : c’est à partir de cette date que l’on constate partout au Maghreb une demande qui aboutit à une réponse administrative en la forme d’aménagements des horaires pour l’exercice de la prière et du Ramadan. Cette première mesure qui va s’accentuer de plus en plus, au point que nombre d’observateurs seront surpris du changement perceptible, visible, tangible d’est en ouest (pendant le Ramadan, les bistrots ne servent plus d’alcool en Tunisie, ils sont « fermés pour travaux » en Algérie et les consommateurs sont conduits directement en prison au Maroc), va être suivie d’autres comparables : développement des transports officiels pour le pélerinage, construction de mosquées, aides financières pour le mouton de l’Aïd, etc., puis des mesures juridiques marquant le début de l’application du droit musulman sous la pression sociale : même en Algérie le repos hebdomadaire est décrété (16 août 1976) le vendredi, les paris sont interdits (12 mars 1976) comme la vente d’alcool aux Musulmans enfin, l’élevage du porc est interdit par décret le 27 février 1979... ».

Bourguiba lui-même, en Tunisie, tout en prenant une série de réformes laïcisant l’État et la vie sociale, des réformes considérées comme osées dans le monde musulman, a entretenu en même temps une attitude ambiguë en conservant l’Islam comme religion officielle et en organisant en fait un Islam sous son contrôle. L’Association pour la sauvegarde du Coran, d’inspiration intégriste, apparue en 1970, bénéficia de la sollicitude du pouvoir. En réponse à la constestation des islamistes, Bourguiba se vanta lui-même, paraît-il, d’avoir fait construire en vingt ans d’indépendance plus de mosquées qu’il n’y en avait eu depuis que le pays est islamisé, c’est-à-dire 1350 ans.

L’Islam fournit un terrain de démagogie facile pour les dirigeants qui gouvernent contre leur peuple, et pas seulement dans le Maghreb : le Soudan, où les Frères Musulmans sont associés au pouvoir, vient de rétablir l’application intégrale de la loi coranique, avec mutilation ou lapidation en cas de vol ou d’adultère. Sékou Touré en Guinée utilise l’Islam avec ostentation, et pas seulement pour obtenir des subsides de la part des pays pétroliers du Golfe...

Mais il y a une logique des situations : à user de la religion dans des buts de démagogie, ou de contrepoids politique, ce sont les religieux réactionnaires que l’on finit par renforcer. Les mesures répressives auxquelles on assiste actuellement, après des années de complaisance, en Algérie ou en Tunisie, risquent de s’avérer impuissantes, voire de susciter de nouvelles vocations...

La plupart des régimes au pouvoir dans ces pays sont des dictatures brutales où la violence nue ne connaît pas les amortisseurs d’une réelle démocratie politique. Mais là où existent des partis d’opposition, les masses pauvres ont pu aussi faire l’expérience qu’ils ne cherchent pas davantage à faire appel à elles. Ils se montrent étrangers aux préoccupations populaires, et de la plus extrême prudence lorsque les masses s’avisent d’interférer dans le jeu politique. Ils sont pratiquement intégrés à la dictature, comme au Maroc, comme en Tunisie, où on vient de les voir totalement inaptes à offrir la moindre perspective aux masses en révolte.

En Syrie, en face de la dictature de Assad et de son parti Baas (appuyés par le PC officiel), il existe des partis qui se considèrent comme démocratiques et laïcs et qui ne sont pas alliés au pouvoir. Mais ils en sont arrivés àconclure une alliance avec les Frères Musulmans après le soulèvement de Hama, alors même que les Frères Musulmans sont avant toute chose anti-laïcs, et que leur occupation de Hama précisément venait de se traduire par l’exécution de quelque 250 « athées ». En Syrie, le mouvement intégriste apparaît désormais comme la force essentielle de l’opposition au régime.

Là même où existaient des groupes d’opposition à la dictature résolus et radicaux, comme dans l’Iran du shah, des groupes qu’on pouvait considérer comme progressistes, voire de gauche, ces groupes étaient pour l’essentiel coupés des masses. C’est le mouvement religieux et sa hiérarchie qui ont capitalisé politiquement la révolte des masses populaires ; et le fossé social et politique qui séparait ces groupes petits-bourgeois des masses déshéritées n’y a pas été pour rien.

La montée de l’Islam constitue sans aucun doute en grande partie une sanction de la carence des courants nationalistes soi-disant progressistes. Le champ politique est libre pour les militants islamistes que l’on voit maintenant se porter de plus en plus ouvertement candidats au pouvoir. II est d’ailleurs frappant de constater que cette montée de l’Islam en politique a commencé d’intervenir, dans le temps, comme une réaction à l’échec avoué notamment du nassérisme.

Bien sûr, la tâche des intégristes est en quelque sorte facilitée par le fait que, dans ces régimes de dictature, le canal de la religion soit souvent le seul que la répression ait laissé relativement ouvert. Là où il n’y a ni liberté de réunion, ni liberté d’association, les militants d’Allah peuvent utiliser les mosquées comme locaux, les moments de prière comme occasions de réunion et comme tribunes. Là aussi, l’exemple de ce qui s’est passé en Iran est éloquent : dans ce pays quadrillé parla police du shah, le réseau des mosquées, les dizaines de milliers de mollahs et de religieux

vivant au sein de la population pauvre, dans les quartiers, avaient permis à la hiérarchie chiite de canaliser et finalement d’encadrer la révolte et la volonté de changement des masses.

Mais cela n’explique pas tout. L’essentiel demeure que les intégristes sont les seuls às’adresser aux masses populaires, à faire appel à leurs aspirations et à leurs sentiments, des sentiments d’exaspération et des aspirations à un changement de leur sort.

...mais la classe ouvrière mondiale a de tout autres perspectives à offrir aux masses populaires

La victoire politique des intégristes musulmans constitue, ou constituerait, un formidable retour en arrière. Ils ne font qu’exploiter les sentiments des masses pour les mobiliser sur la base d’intérêts qui ne sont pas les leurs, qui leur sont en réalité fondamentalement antagonistes. Ce sont évidemment des adversaires pour les révolutionnaires socialistes et pour tous les gens de gauche en général, et ce sont aussi des ennemis pour les travailleurs, pour le mouvement ouvrier, pour les femmes. Le régime de Khomeiny est là pour prouver comment on peut détourner l’extraordinaire capacité de combat et de sacrifice des pauvres afin de mettre en place un régime barbare, arriéré, sans liberté, et qui évidemment n’est absolument pas à même de mettre fin à la misère sur cette terre, même s’il le promet pour l’au-delà.

Le rôle d’encadrement des révoltes populaires que peuvent parfois jouer les structures religieuses n’est certes pas une spécialité islamique. En Europe, pour n’évoquer que la période récente, on a vu une classe ouvrière aussi combative que celle de Pologne se tourner vers l’Église catholique pour y trouver une direction. En Irlande, les pauvres qui se battent depuis des années le font au nom de la religion. Même si l’exaltation des préjugés religieux ne peut sûrement pas aboutir à servir les intérêts des masses populaires, les aspirations de celles-ci à la justice sociale, à l’égalité, à la dignité, empruntent les voies qui sont à leur portée.

Le drame est qu’en l’occurrence, en l’absence de toute autre perspective, les voies réactionnaires de la religion soient les seules qui s’offrent concrètement à elles.

Pourtant, les aspirations des masses populaires ne sont pas inéluctablement destinées à être récupérées par le courant intégriste, par les hommes de religion, c’est-à-dire finalement à être bafouées. Nulle fatalité n’enchaîne l’avenir des masses pauvres, pas plus en terre d’Islam qu’ailleurs, aux bandes noires des hommes de religion. La classe ouvrière mondiale a de tout autres perspectives à leur offrir.

Au lieu des voies de la régression sociale vers lesquelles le mouvement religieux islamique tente de les entraîner, elle a un avenir à proposer, un avenir de progrès et d’humanité pour tous les exploités et les opprimés. Ce n’est pas l’illusion du salut dans le paradis d’Allah qu’elle propose aux damnés de la terre, mais la perspective d’une société humaine débarrassée par la révolution mondiale de l’injustice fondamentale, l’injustice économique, qui traîne derrière elle le fatras de l’obscurantisme et des préjugés de toutes sortes.

Certes, les pays musulmans ne sont pas des pays largement industrialisés et la classe ouvrière y est relativement peu nombreuse. Mais elle existe : en partie émigrée dans les métropoles impérialistes, en partie émigrée d’un pays à l’autre à l’intérieur du Maghreb et du Moyen-Orient eux-mêmes, mais aussi travaillant sur place : dans l’industrie, les mines, le secteur pétrolier, les transports, le commerce, etc. Elle est souvent concentrée dans quelques grands centres et elle s’est largement accrue en nombre au cours des dernières décennies. En Tunisie, au Maroc, en Égypte, le mouvement ouvrier a une histoire, des organisations syndicales y ont eu une existence réelle et y ont mené des luttes dans le passé. Des Partis Communistes ont existé dans la plupart des pays du Moyen-Orient, au Soudan, en Algérie.

II est vrai que ce mouvement ouvrier, de nos jours, quand il n’a pas été abattu par la répression, est très lié aux régimes en place, carrément inféodé parfois. L’UGTT tunisienne vient, au cours des émeutes de décembre-janvier, de démontrer que, malgré des luttes sévères dans le passé, sa solidarité avec Bourguiba passait avant la solidarité avec la population travailleuse et pauvre.

Il est vrai aussi que ce ne semble pas être dans la partie la plus organisée de la classe ouvrière que les intégristes musulmans trouvent leur principal écho. Ils s’adressent plus spécialement à la masse des sans-emplois des zones urbaines auxquels nul parti, nul syndicat, précisément, ne s’adresse.

Mais ces masses appartiennent aussi au prolétariat mondial. Elles constituent pour une large part le prolétariat du Tiers-Monde, des foules n’ayant rien d’autre à perdre que leurs chaînes, des chaînes de misère.

Ces foules, le prolétariat organisé pourrait trouver leur oreille, pourrait les entraîner dans son combat politique.


L’exemple des événements de Tunisie et du Maroc est parlant. L’activité des militants intégristes ne semble y avoir eu que fort peu de part. Dans ce que tout au moins la presse et la télévision ont pu rapporter de ces événements, on n’a pas vu émerger particulièrement de slogans et de revendications à caractère religieux. C’est pour une vie meilleure sur cette terre que les déshérités, spontanément, se révoltent.

Beaucoup certes parmi les émeutiers, l’écrasante majorité même certainement, croient dans le même temps en Allah et dans les enseignements de Mahomet. Bien peu sûrement sont débarrassés des préjugés religieux. Pourtant ils ne sont pas spontanément descendus dans les rues en invoquant Allah. S’ils étaient amenés à le faire dans l’avenir, ce serait pour leur malheur - parce que les organisations intégristes auraient réussi à récupérer leur potentiel de combativité, et à le dévoyer. Et, dans ce sens, c’est certainement dramatique que ce soient précisément des intellectuels qui se fassent si souvent les propagateurs de l’obscurantisme religieux.

Mais les masses musulmanes pauvres ne sont pas vouées par on ne sait quelle fatalité à suivre la voie du populisme religieux. Ce qui leur manque, ce qu’il leur faut, ce sont des organisations qui les représentent vraiment, qui incarnent réellement leurs aspirations, qui aient pour unique objectif de diriger leur combat dans le sens de leurs véritables intérêts, de faire en sorte que la détermination et la capacité de sacrifice dont elles font la preuve ne soient pas dilapidées - c’est-à-dire des organisations révolutionnaires socialistes militant sur le terrain et le programme du prolétariat international.


Je n'étais pas sûr de l'endroit pour faire ce rappel des postions des communistes révolutionnaires en 1984.....
Islamophobie, dirait Vérié...
Lucidité marxiste, diconsons nous.....
Vals
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Message  verié2 Lun 21 Mai - 16:44

Vals
Je n'étais pas sûr de l'endroit pour faire ce rappel des postions des communistes révolutionnaires en 1984.....
Islamophobie, dirait Vérié...
Ca me semble un bon article, une bonne analyse, qui mériterait peut-être d'être actualisée et dont certains contesteront peut-être certains points - je ne suis pas un spécialiste de ce sujet. Mais cette analyse du rôle réactionnaire de la religion et de son utilisation par les dictatures et les classes dominantes dans de nombreux pays n'a strictement rien à voir avec l'islamophobie ! Je n'ai aucune raison d'accuser LO d'avoir changé de position sur cette question.

L'islamophobie est un phénomène qui s'est développé dans de nombreux pays occidentaux, la guerre des civilisations remplaçant partiellement la guerre contre le communisme... athée. L'islamophobie plonge ses racines assez loin dans le passé colonial de l'impérialisme français, mais elle a pris une dimension nouvelle depuis dix ou quinze ans, c'est à dire bien après l'écriture de cet article qui ne traite pas du tout de ce sujet.

La religion, musulmane ou autre, est bien entendu une idéologie réactionnaire (même si elle est parfois interprétée de manière "progressiste") dans les pays impérialistes comme dans les pays coloniaux ou ex coloniaux. Mais la tactique à adopter vis à vis des pratiques, coutumes et préjugés religieux n'est évidemment pas la même dans toutes les situations. Surtout quand ces coutumes sont majoritairement celles de populations défavorisées issus de pays coloniaux, populations stigmatisées par une partie de la classe politique et des médias à des fins de diversion. Cette situation requiert tout de même de prendre clairement ses distances vis à vis des discours coloniaux, républicains, laïques etc et d'affirmer notre solidarité vis à vis des populations en question, de défendre clairement leur liberté de pratiquer leur religion et d'observer leurs coutumes, dans les limites évidemment où ces coutumes ne portent pas atteinte aux droits des femmes et des hommes, et ne sont pas imposées par la violence.

En dehors de pratiques mutilatrices, qui ne sont pas caractéristiques de l'Islam, pour combattre les rapports sexistes et les coutumes rétrogrades, c'est sur la lutte côte à côte des travailleurs de toutes religions et sans religion que nous devons compter, pas sur une intervention répressive de l'Etat bourgeois au nom de la laïcité et de la République (coloniale) des lumières qui éclairent les abrutis des pays coloniaux.

Ces sujets ne sont pas abordés dans cette analyse de 1984, et pour cause ! Celle-ci est intéressante, concerne assurèment le débat sur l'Islam mais ne nous donne aucune indication sur la politique à mener face aux campagnes islamophobes...

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Message  yannalan Lun 21 Mai - 16:50

l’organisation des Frères Musulmans. Ceux-ci se sont manifestés de façon particulièrement spectaculaire en assassinant le 6 octobre 1981 le président égyptien Sadate

Ca c'est faux. Le groupe d'Al Istambouli n'était pas lié aux "Frères". Il s'agit du groupe "Jihad Islamique"

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Message  verié2 Lun 21 Mai - 17:00

yannalan a écrit:
l’organisation des Frères Musulmans. Ceux-ci se sont manifestés de façon particulièrement spectaculaire en assassinant le 6 octobre 1981 le président égyptien Sadate

Ca c'est faux. Le groupe d'Al Istambouli n'était pas lié aux "Frères". Il s'agit du groupe "Jihad Islamique"
Oui, c'est une erreur factuelle... Mais, à la décharge de l'auteur de la LDC, elle était très répandue et largement reproduite dans la presse, où il a sans doute puisé ses sources.

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Message  branruz Lun 21 Mai - 19:09

vous devriez lire le tome 2 des mémoires politiques de Barry Sheppard sur le SWP : "Interregnum, decline and collapse, 1973-1988".
Il aborde le problème du rapport entre marxistes révolutionnaires et islam lors de la révolution iranienne en 1979. La section iranienne du SUQI s'est alors divisée (le HKS scissionne entre HKS et HKE) entre dénonciateur d'un fascisme vert et soutiens critiques au régime des mollahs

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Message  verié2 Lun 21 Mai - 19:21

branruz a écrit:vous devriez lire le tome 2 des mémoires politiques de Barry Sheppard sur le SWP : "Interregnum, decline and collapse, 1973-1988".
Il aborde le problème du rapport entre marxistes révolutionnaires et islam lors de la révolution iranienne en 1979. La section iranienne du SUQI s'est alors divisée (le HKS scissionne entre HKS et HKE) entre dénonciateur d'un fascisme vert et soutiens critiques au régime des mollahs
D'accord, une partie de l'extrême-gauche, pas seulement en Iran, s'est fait des illusions sur la révolution iranienne et sur les "mollahs liés au peuple". J'ai encore en mémoire un article du Monde Diplomatique sur ce sujet.

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Message  Toussaint Sam 26 Mai - 4:56

En fait, plus que la question du trotskysme avec l'Islam, il s'agit de deux petits partis littéralement importés des Etats Unis et d'Europe (GB et une ou deux de France). Et qui ont reproduit fidèlement la ligne de la LCR et celle, campiste, du SWP, ne se sont jamais unifiés malgré les pressions des américains et du SU.

Ces 2 mini-groupuscules étaient largement coupées culturellement, socialement et politiquement de toute base dans le pays. Il y avait quelques lycéennes et étudiantes qui avaient adhéré pendant la révolution, mais trop jeunes et trop socialement ancrées dans la bourgeoisie, à 3 exceptions près. Le groupe HKE (parti des travailleurs révolutionnaires) ne parlait pas, en tout cas tant que j'en ai été très proche, de "fascisme vert", ils n'étaient pas aussi cons que cela. Le second, les "américains" en effet soutenaient le régime, et ont même demandé à leurs militantes de se voiler. Dans la pratique, de toutes façons, pour militer dans la classe ouvrière iranienne et chez les femmes des couches populaires, le voile, sinon le tchador, est indispensable, et avec la répression, c'est devenu du simple bon sens. Mais la question n'était pas si je me rappelle, la question des mollahs liés au peuple (ils ne l'étaient pas en réalité) mais les illusions des masses dans la "ligne de l'imam". Et la question de la dynamique sui generis de la confrontation avec l'impérialisme, la montée de l'activité de la classe ouvrière (Ah, les chouras des travailleurs du pétrole, si idéalisés qu'on ne remarquait même pas qu'ils se disaient eux-mêmes "islamiques"!), la question de la libération nationale et de l'alliance ouvrière-paysanne chère au SWP, la fascination pour la guérilla des fedayines du peuple d'un autre côté... La répression et l'isolement ont rapidement eu raison des deux groupes qui ont survécu un bref moment à l'étranger de nouveau, mais ont totalement disparu. Il reste des gens en Iran, notamment de la composante "lycéenne-étudiante", mais je ne les crois pas disponibles pour réitérer et certaines ont totalement rompu avec toute position révolutionnaire...

Encore une fois, la question de l'islam ne se posa pas en termes de "lutte contre la religion", pour aucun des 2 groupes, il suffit de connaître un peu l'Iran et la situation de l'époque pour réaliser que même des laïcards fanatiques et shootés n'auraient pas envisagé de partir bille en tête contre l'islam. La question, c'était en fait l'étapisme et le campisme d'un côté, le bon vieux gauchisme de l'autre et une volonté exacerbée de prolonger à Téhéran les batailles internes de la IV. C'est tombé dans un oubli bien mérité au delà des qualités extraordinaires de certains militants, comme Mehran ou Ormouz, et surtout certaines, Ashraf, Shahrzade, Mehrazin, Férial étaient des gens bien. Pas assez formés, et passablement déformés. Rovère a fait ce qu'il pouvait, c'est à dire très peu. Moi, j'ai formé des militantes et j'ai bataillé pour qu'elles ne soient intégrées que lentement au HKE parce que j'avais une vision très pessimiste de ce qui allait advenir, et malheureusement, pour une fois, le pronostic était juste. J'ai proposé aux copines lycéennes de quitter le pays en disant, notamment à Shahrzade "la révolution est finie, vaincue, ce qui va suivre sera une tragédie"... La copine m'a répondu tranquillement que c'était "bien de rester et de vivre cette tragédie avec le peuple iranien". Elle a survécu mais elle en a bavé, ainsi que Mehrazin. Elles, du moins n'étaient ni dans le "fascisme vert", ni dans le soutien critique... D'autres se sont sauvés en quittant le pays, comme Ashraf, qui a dû traverser la frontière kurde dans des conditions effroyables en évitant que des tas de docs tombent entre les mains des pasdaran.

Des camarades qui méritaient mieux mais n'ont jamais eu les moyens d'autre chose que d'une débâcle. Mais c'était souvent des gens d'un courage impressionnant, un des copains arrivés d'Angleterre est d'ailleurs mort au cours de l'assaut de la caserne des gardes impériaux. Cela n'a pas abouti, mais j'ai été content de les connaître et fier de travailler avec eux.

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Message  Copas Sam 26 Mai - 11:40

Toussaint,

Tu analyses comment l'arrivée du courant du communisme ouvrier en Iran et en Irak ?

et sa survie même avec des fragmentations ?

(à part le contexte spécial de survie par le détour du Kurdistan iranien et Mansoor Hekmat)
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Message  Vals Jeu 11 Oct - 16:02



Quelques éléments de réfléxions, beaucoup d'approximations, mais de vraies questions sur les dérives, plus ou moins affirmées d'une certaine "extrême-gauche :

L'EXTREME GAUCHE, FACE A LA TENTATION ISLAMISTE (Article paru dans Le Meilleur des mondes, printemps 2007)



Au lendemain de l’élection présidentielle de 2004, la passionaria trotskiste algérienne Louiza Hanoune, qui mène le Parti des travailleurs avec maestria et peut revendiquer le titre d’Arlette Laguiller algérienne, reçoit une lettre fort inattendue.

C’est le président de la République lui-même, Abdelaziz Bouteflika, qui félicite la candidate d’extrême gauche : “ Chère sœur, il n’est peut-être pas habituel de le faire dans le cadre d’une élection présidentielle telle que celle que nous venons de vivre, mais je tenais à vous dire l’orgueil et la fierté qui sont les miens, d’avoir été candidat en même temps que vous dans cette compétition électorale ”.

A dire vrai, cette “ déclaration d’amitié ” gouvernementale ne saurait aujourd'hui surprendre. En dépit des divergences politiques, les mouvements d’extrême gauche apparaissent comme de fermes soutiens des Etats arabes les plus laïcs. Le compagnonnage est particulièrement visible en Algérie. Il remonte aux années cinquante. Les trotskistes ont joué un rôle important quoique discret dans la guerre contre l'Etat français. Combien de clandestins du FLN ont bénéficié des “ planques ” de la Quatrième Internationale? Combien ont franchi les frontières grace aux gauchistes? Sans parler des transports d'armes ou d'explosifs... Après l’indépendance, on a même vu des militants de la tendance pabliste (1) jouer les “ pieds rouges ” et participer au gouvernement d’Ahmed Ben Bella.

L’Algérie n’est pas un cas isolé. Les révolutionnaires ont noué au fil des ans des relations étroites avec certains régimes : la Syrie, l’Algérie, la Libye , et bien sur l’Irak de Saddam Hussein. Les organisations communistes justifient ces liens en invoquant la lutte anticolonialiste. La révolution doit selon eux jaillir des luttes de libération nationale du tiers-monde. Il faut soutenir les Etats arabes “ progressistes ”, dans l’espoir d’enclencher une dynamique globale.

“ Progressiste ” : le mot est lâché. Pour les gauchistes, il n’est pas question de soutenir une “ dictature cléricale ”. Haro sur l’Iran. On ne tourne les yeux que vers les régimes à prétention “ socialiste ”. le “ baasisme ” est ainsi présenté par certains comme un modèle "déformé". De même, on apporte volontiers ses suffrages au Front populaire de libération de la Palestine, en raison de son discours laïque et marxiste-léniniste. L’Islam est perçu a contrario comme foncièrement rétrograde.

Il existe ainsi à l’origine un “ mur de Berlin ”, séparant l’extrême gauche internationale des réseaux islamistes. Ce rempart se voit pourtant aujourd’hui fissuré. Hier , les mollahs étaient considérés comme des réactionnaires, oppresseurs des femmes. Ils apparaissent désormais comme les nouveaux hérauts de l’anticolonialisme. Comment expliquer cette modification des perspectives ?

Certains activistes trotskistes ou post-maoïstes livrent le diagnostic suivant : en perpétrant les attentats du 11 septembre 2001, les islamistes radicaux ont démontré leur capacité logistique. Ils ont acquis du même coup dans le monde arabe une énorme popularité. Mieux encore, la nébuleuse islamique se révéle profondément hétérogène. Existe-t’il un espace politique pour un islam “ socialiste ” ?

C'est là qu’apparaît Tariq Ramadan. Ce penseur musulman n’est pas tres éloigné dans ses conclusions de la “ théologie de la libération ” du prêtre catholique Dom Helder Camara. Tout comme il existe des “ curés rouges ”, qui prennent les armes pour parvenir à la justice sociale, verra-t’on surgir des “ mollahs rouges ”, prônant un islam social et révolutionnaire ? C’est le pari d’une frange grandissante de l’extrême gauche internationale.


Les islamistes seraient-ils les héritiers de Che Guevara ? Organisation trotskiste fondée par Tony Cliff, la Tendance socialiste internationale est présente dans une vingtaine de pays. Elle est contrôlée depuis Londres par le Socialist Workers Party. Le SWP apparaît comme la plus importante formation d'extreme gauche en Grande-Bretagne. Son influence est comparable à celle de la Ligue communiste révolutionnaire ou à celle de Lutte Ouvrière en France.

Il a bénéficié ces dernières années d’un allié de poids. En 2003, le député travailliste George Galloway se voit expulsé du Labour Party en raison de ses positions pro-islamistes, du soutien qu’il apporte à Saddam Hussein, et de ses liens supposés avec le dictateur. Doté d’une indéniable faconde, Galloway devient un redoutable leader populiste. En 2004, il rejoint la coalition Respect.

Ce regroupement électoral milite pour le droit au port du voile et le respect de la religion musulmane. Il est fortement dominé par les trotskistes du SWP.

En octobre 2004, le SWP s'impose comme la cheville ouvrière du Forum social européen de Londres. Tariq Ramadan y reçoit un accueil de “ vedette américaine ” , tandis que la France est fustigée, en raison de la loi qui prohibe le voile à l’école. Très présente dans les pays de l’ex-Commonwealth, la Tendance socialiste internationale (TSI) peut être considérée comme une puissante rivale du “ parti mondial de la révolution socialiste ”, la Quatrième Internationale, dont la section française est la Ligue communiste révolutionnaire.

En 2004, la TSI conclut justement un accord avec la Quatrième Internationale. Les deux organisations mondiales décident de s’entraider. En France, les quelques militants soutenant la TSI décident adhèrent à la Ligue communiste révolutionnaire pour y former un courant. Cet accord tactique aboutit à un résultat inattendu. Partout dans le monde, on voit surgir dans les sections de la Quatrième Internationale des tendances pro-voile, soutenant un islam “ progressiste ”. Le 6 mars 2004 à Paris, on assiste même à une scène insolite. Un cortège de femmes voilées se trouve protégé par des militants de la Jeunesse communiste révolutionnaire, branche jeune de la LCR. Un an plus tard, le 8 mars 2005, les femmes islamistes manifestent à nouveau sous la protection conjointe de la JCR et des barbus.

Cette évolution de la LCR ne fait pas que des heureux. Dans l’organisation, nombreux sont ceux qui fustigent le soutien au foulard. A l’extérieur, le mouvement Lutte Ouvrière s’insurge avec violence contre la “ dérive communautariste ” : “ Faire la cour à un Tariq Ramadan, faire d’un des pires ennemis de la classe ouvrière un allié à courtiser, est un naufrage politique ”, écrit la revue théorique Lutte de Classe (2).

Mais le mal est fait. Au niveau international, les organisations trotskistes se rapprochent des réseaux islamistes, en tentant de trier le bon grain de l’ivraie et en soutenant les tenants d’un hypothétique “islam progressiste ”.

Les trotskistes ne sont les seuls à franchir le Rubicon. Le Parti du Travail de Belgique de Ludo Martens s’inscrit dans l’héritage complexe du courant maoïste. Lorsque Mao Zedong meurt en 1976, ses partisans à l’étranger se divisent en trois branches : les maoïstes invariants continuent vaille que vaille à s’arrimer au Petit Livre Rouge et critiquent la “ dégénérescence ” de la Chine. Les partisans de l’Albanie d’Enver Hodja évoluent vers un pur stalinisme et poursuivent leur action. Les pro-chinois déplacent leur allégeance et se rapprochent de la Corée du Nord ou de Cuba.

Le Parti du Travail de Belgique appartient à la troisième catégorie. Ce mouvement viscéralement antisioniste a toujours noué de bonnes relations avec les Etats arabes “ laïcs ”. On a vu des représentants du PTB à Tripoli, Alger ou Bagdad. Il s’agit d’un mouvement staliniste, prônant l’action violente, et qui tente aujourd’hui de défendre un certain communisme orthodoxe, face à l’évolution “ sociale démocrate ” des anciens partis pro-soviétiques.

En septembre 2002, une manifestation de soutien aux Palestiniens se déroule à Anvers. Mille cinq cent jeunes Arabes se répandent dans les rues à l’appel d’un mouvement islamiste : la Ligue Arabo-Européenne, de Dyad Abou Jahjah. On remarque à ses côtés une dirigeante du Parti du Travail de Belgique, Zohra Othman. Quelques temps plus tard, Othman se rend à Bagdad à la tête d’une délégation du PTB, pour soutenir Saddam Hussein. En novembre 2002, la même Othman participe à une manifestation contre la guerre d’Irak, ourdie par la Ligue Arabo-Européenne, qui organise par ailleurs des “ milices ” pour protéger la communauté arabe des exactions racistes.

Il est important de signaler que la Ligue Arabo-Européenne prône un islam “ social ”. Elle défend le port du voile et la Chariah, mais se réclame de l’héritage d’un mouvement révolutionnaire noir américain d’inspiration maoïste : les Black Panthers.

La lune de miel entre les islamistes radicaux et les stalinistes belges se traduit en tout cas par la création en 2003 de la coalition Resist, qui évoque la coalition Respect de Londres. Fruit d’un accord entre le PTB et la LAE, Resist ne recueille toutefois que des scores insignifiants.

Mais qui contrôle la mystérieuse Ligue Arabo-Européenne, qui souhaite désormais s’implanter dans les pays limitrophes ? En mai 2004, la LAE organise des conférences publiques en Hollande. Elle invite à cette occasion un personnage clef : Qazi Hussein Ahmad. Ce Pakistanais est le guide spirituel d’un mouvement fondamentaliste : Jamaat e Islami. Il s’agit là d’une puissante organisation islamiste pakistanaise, qui contrôle l’un des principaux partis politiques du pays : Muttahida Majlis e Amal. Ce groupe contrôle actuellement cinquante trois sièges au parlement , soit 11,3% des voix. La visite du guide spirituel est interdite par les autorités belges et hollandaises. Commentaire de Dyad Abou Jahjah, chef de la LAE : “ Le gouvernement hollandais s’est incliné devant les pressions juives et indiennes ”. Il est vrai que l’organisation pakistanaise apporte un soutien actif aux “ djihadistes ” du Cachemire, qui luttent contre le pouvoir indien.

A travers la Ligue Arabo-Européenne , les islamistes Pakistanais tentent apparemment de renforcer leur présence sur le sol européen. Ils peuvent désormais compter sur l’appui d’organisations révolutionnaires trans-nationales, particulièrement structurées.

En 2003, le terroriste Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos, publie un livre-manifeste au titre révélateur : L’Islam révolutionnaire (3). Le militant marxiste-léniniste y affirme notamment : “ L’Islam et le marxisme-léninisme sont les deux écoles dans lesquelles j’ai puisé le meilleur de mes analyses ”. Pour l’ancien cadre du FPLP, les marxistes doivent aujourd’hui résolument appuyer les islamistes, parce que le retour à l’Islam trahit un rejet du modèle occidental. Carlos apporte en conclusion son soutien à Oussama Ben Laden et use à son propos d’un vocabulaire révolutionnaire : “ Cheik Oussama, en raison de son immense charisme, est certainement un cas unique dans l’histoire récente. (...) C’est un internationaliste panislamiste ”.

L’alliance entre militants révolutionnaires et islamistes radicaux va-t’elle perdurer? Les barbus bénéficieront-ils à terme des réseaux militants, à l’exemple lointain du FLN algérien ? On doit en tout cas aujourd’hui tenir compte des nouvelles convergences.

Christophe Bourseiller



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Message  verié2 Jeu 11 Oct - 16:38

Vals
Quelques éléments de réfléxions, beaucoup d'approximations, mais de vraies questions sur les dérives, plus ou moins affirmées d'une certaine "extrême-gauche
Je suis surpris que tu prennes Bourseiller comme référence. C'est à peu près comme si un trotskyste espagnol, pour s'informer sur LO et le NPA prenait ses sources dans les articles du Monde de Sylvia Zappi ou Carole Monnot...

Bourseiller s'est construit un petit fonds de commerce de "spécialiste de l'extrême-gauche", car il n'en faut pas beaucoup dans ce milieu généralement très ignorant. Tout le début de son article, sur Louiza Hanoune, n'a strictement aucun lien avec la suite. D'autant que Louiza Hanoune, qui s'est ralliée au gouvernement algérien, même si elle a une forte personnalité et du courage, peut difficilement être considérée comme la "Arlette Laguiller" algérienne. Rien que cette comparaison à but purement journalistique est ridicule et déconsidère l'auteur...

A l'autre "extrémité" de l'article, c'est Carlos qui est mis dans le même sac que les Mao-staliniens belges et les trotskystes tendance SWP. Bonjour l'amalgame... et l'insinuation calomnieuse. Au fond, semble nous dire cet article, les gauchistes vont nous rééditer le coup des porteurs de valise et aider les terroristes islamistes. Un argument qui serait bien utile en cas de répression - et qui sera peut-être utilisé...

Pour le reste, c'est avant tout aux camarades du SWP de répondre. J'imagine que Sylvestre s'en chargera.

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Message  Byrrh Jeu 11 Oct - 16:43

Délirant, confusionniste et caricatural. Notamment les passages soulignés par Vals. Et c'est à ce plumitif sensationnaliste que Barcia avait accepté d'accorder des entretiens ? C'est comique !

Tout est mélangé : les lambertistes algériens, la LCR et les JCR, les maoïstes belges, le SWP britannique, le terroriste Carlos, Saddam Hussein... jocolor

Et dans ce texte, on retrouve encore les mêmes conneries sur les JCR qui ont décidément le dos large. Pour connaître pas mal de camarades qui ont milité aux JCR-RED, je peux dire qu'il n'ont rien de défenseurs de l'islam comme religion "anti-impérialiste" ou "progressiste". J'attends toujours qu'on m'explique en quoi la dénonciation de la stigmatisation spécifique des musulmans - l'islamophobie - équivaut à un soutien aux religieux et aux intégristes.

Vals devrait avoir honte de reproduire ce torchon qui, par l'amalgame et le raccourci, fredonne sa petite chanson anticommuniste. Le temps de l'"hitléro-trotskysme" n'est apparemment pas révolu.

Byrrh

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Message  verié2 Jeu 11 Oct - 16:50

c'est à ce plumitif sensationnaliste que Barcia avait accepté d'accorder des entretiens ?
Précision HS. Barcia/Hardy n'a pas "accepté" : c'est LO qui a sollicité et payé Bourseiller pour faire ce travail, pensant sans doute que le livre passerait mieux dans les médias si l'entretien était réalisé par un "professionnel du sujet" (un peu) connu. Bourseiller, en bon mercenaire mangeant à tous les râteliers (comme le montre l'article mis en ligne) a évidemment éludé toute question ou remarque qui fâche. Ce qui distingue un cire-pompes d'un "vrai" journaliste à l'esprit critique.
__
PS Attention Dug et Klin va m'accuser d'être jaloux de la notoriété de Bourseiller Laughing
Fin du HS.

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Message  Vals Jeu 11 Oct - 16:55

Vals devrait avoir honte de reproduire ce torchon qui, par l'amalgame et le raccourci, fredonne sa petite chanson anticommuniste. Le temps de l'"hitléro-trotskysme" n'est apparemment pas révolu.

J'ai très très honte... Embarassed Embarassed Embarassed
Merci, Ô Vénérable Byrrh de me pardonner cet outrage à ta grande sagacité...!!!!!
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Message  Vals Jeu 11 Oct - 17:00

Je suis surpris que tu prennes Bourseiller comme référence.

Parce que dire ça



Vals
Quelques éléments de réfléxions, beaucoup d'approximations, mais de vraies questions sur les dérives, plus ou moins affirmées d'une certaine "extrême-gauche

C'est le prendre comme référence ?

Quand tes potes citent oumma.com, les "indigènes" ou Tevanian ou Ramadan (j'en passe)....ça veut dire que c'est LEUR référence..?
Vals
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Message  verié2 Jeu 11 Oct - 17:25

C'est le prendre comme référence ?
Disons que, même si tu prends quelques distances, tu valorises un article grossièrement anti gauchiste et anti-trotskyste (même s'il épargne LO au détour (1)).

Tu l'aurais mis en ligne au moment de sa parution à titre d'information, non pour ce qu'il contient, mais pour ce qu'il révèle d'une certaine volonté d'amalgame de style effectivement stalinien, comme le note Byrrh, on pourrait comprendre. Mais le présenter comme digne d'intérêt aujourd'hui... euh... Suspect
__
1) A ce propos, il faut toujours se méfier quand des plumitifs ou des politiciens bourgeois cherchent à opposer les "bons" et les "mauvais" trotskystes...
Quand tes potes citent oumma.com, les "indigènes" ou Tevanian ou Ramadan (j'en passe)....ça veut dire que c'est LEUR référence..?
D'une façon générale, quand on reproduit un article, il est toujours préférable de préciser, ne serait-ce qu'en trois lignes, qu'on le poste à titre d'info mais qu'on désapprouve tel ou tel point.


Dernière édition par verié2 le Jeu 11 Oct - 17:30, édité 1 fois

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Message  sylvestre Jeu 11 Oct - 17:29

verié2 a écrit:
Pour le reste, c'est avant tout aux camarades du SWP de répondre. J'imagine que Sylvestre s'en chargera.

Il faudrait pour cela qu'il y ait quelque chose à quoi répondre. Comme les autres intervenants je n'ai trouvé dans ce texte qu'un salmigondis quelque peu délirant.
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Message  verié2 Jeu 11 Oct - 17:36

Vals
Quelques éléments de réfléxions, beaucoup d'approximations, mais de vraies questions sur les dérives, plus ou moins affirmées d'une certaine "extrême-gauche

Que penserais-tu de la démarche de quelqu'un qui posterait un article de Sylvia Zappi ou de François Koch sur LO accompagné de ce commentaire :"Quelques éléments de réflexion, beaucoup d'approximations, mais de vraies questions sur le mode de fonctionnement opaque et les moeurs de Lutte Ouvrière" ?

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Message  dug et klin Jeu 11 Oct - 20:29

verié2 a écrit:

PS Attention Dug et Klin va m'accuser d'être jaloux de la notoriété de Bourseiller Laughing
Fin du HS.

Certainement pas Verié,lui et toi ne jouez pas dans la meme coure,il est a la grande école alors que toi tu es niveau maternelle Razz
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Message  Eugene Duhring Jeu 11 Oct - 22:53

verié2 a écrit:
Vals
Quelques éléments de réfléxions, beaucoup d'approximations, mais de vraies questions sur les dérives, plus ou moins affirmées d'une certaine "extrême-gauche

Que penserais-tu de la démarche de quelqu'un qui posterait un article de Sylvia Zappi ou de François Koch sur LO accompagné de ce commentaire :"Quelques éléments de réflexion, beaucoup d'approximations, mais de vraies questions sur le mode de fonctionnement opaque et les moeurs de Lutte Ouvrière" ?
Bourseiller c'est le Dufresne pour LO : Plongée dans la nébuleuse Lutte Ouvrière. Le parti trotskiste, ultra-secret, traque les déviances petites-bourgoises de ses adhérents jusqu'à leurs choix familiaux.
Un article si complet doit selon la vision de Vals probablement contenir une part de vérité masquée dans des approximations.

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Message  Toussaint Sam 13 Oct - 14:33

Un an plus tard, le 8 mars 2005, les femmes islamistes manifestent à nouveau sous la protection conjointe de la JCR et des barbus.

Eh bien, voici déjà un mensonge total. Pas une approximation.
Je peux en parler, j'y étais, et je n'y étais pas seul...
Il n'y avait pas de courants islamistes à la manif du 8 Mars 2005... évidemment. d'ailleurs. En revanche, oui, il y avait des musulmans et des musulmanes, barbus ou pas, qui défilaient sur des mots d'ordre défendant l'égalité des genres, le droit à l'avortement, etc... Toutes choses assez banales un 8 Mars et qu'aucun courant islamste ne pourrait assumer. Ou alors faut-il croire que des islamistes participeraient aux manifs féministes ou chercheraient à inflitrer le féminisme français? Warf!!! Les rigolos qui diraient cela montrent surtout leur ignorance crasse de ce que sont les courants dont ils parlent.

Le 6 Mars 2004, un ami, corse, athée, marxiste révolutionnaire, et militant homosexuel s'est vu montré du doigt par des manifestantes du NPNS, alors qu'il faisait partie du SO improvisé pour repousser leurs ataques physiques contre les musulmanes voilées du cortège du CEPT: "Regardez par qui elles sont encadrées!" Sous-entendu, par des arabes intégristes. Normal, mon ami est assez bronzé, et il a ce qu'on qualifie de type méditerranéen... Plus une barbe de deux ou trois jours... Barbu, donc, gueule d'arabe, donc intégriste, etc... Pauvres gôche française et extrême gôche française emp^trées dans leurs vieux réflexes colonisateurs et racistes, pratiquant volontiers l'amalgame au faciès, pauvres gens de gôche qui reproduisent ces saletés et ces mensonges.

Intéressant cette reprise de l'adjectif "barbu" pour désigner pêle mêle musulmans en général et militants de l'extrême droite musulmane. J'ai rencontré ainsi en 2005 un enseignant, genre viking roux, barbe et cheveux à la Karl Marx qui nous disait qu'il cachait soigneusement sa conversion à l'Islam à ses collègues, notamment de la LCR et de LO qui le prenaient pour un gars proche d'eux (et il l'était en effet...), au point d'avoir expliqué à un de ces flics religieux rouges que s'il sortait d'une boucherie halal, c'était pour rapporter ses courses à un voisin malade... On a vu au moment de la lmoi scélérate sur le voile à l'école des gens, y compris dans une orga de la LCR, parler d'interdire les barbes dans les établissements scolaires pour les musulmans, of course, pas pour les émules du Che, ou de Marx... comme on a interdit les bonnets l'hiver aux musulmanes dans les collèges et lycées alors qu'on laissait les autres élèves en porter ("Parce que chez vous, c'est religieux", sic et dans le texte!)...

Ensuite entre les gens victimes de racisme d'état et de classe et leurs victimes, en effet je sais dans quel camp je me situe.
Entre Gérin, Raoult et les musulmanes harcelées par votre police des moeurs, fussent-elles rouges, ce qu'elles ne sont pas, en effet je sais où me situer, vous êtes du côté de votre état colonial, raciste et discriminatoire, et ses chiens courants dressés à la chasse aux musulman-e-s, je me tiens quant à moi du côté de l'égalité des droits à être ce qu'on est.


Dernière édition par Toussaint le Sam 13 Oct - 14:42, édité 1 fois
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Message  Toussaint Sam 13 Oct - 14:36

Pour terminer sur l'article crapuleux cité par vals, il est crapuleux comme le dit sylvestre par les amalgames, il est crapuleux par les mensonges.

Mais il n'est pas que cela, évidemment, il l'est par sa visée, qui est de faire croire qu'il y a en effet une alliance entre l'islamisme radical et les révolutionnaires. Ce qui est faux. Simplement faux.

Je ne peux parler de la Grande Bretagne.

En revanche je peux parler de la France.

J'ai fait partie d'une section de la LCR qui a intégré en 2004 une musulmane pratiquante et qui a eu à subir des pratiques et des propos insensés. La chose a tourné court lorsque les intégristes (que nos néo-racistes appellent les "barbus") sont entrés dans la danse, exaspérés par le militantisme féministe de la camarade en direction des femmes musulmanes, et furieux de ses apparitions aux côtés des "athées". Ils ont menacé sa famille, et pour finir menacé elle, fiole d'acide surt la table. La camarade, pise entre les tenants de la gauche coloniale raciste et les vrais islamistes, du GSLPC (bref, Al Qaida...) a craint pour les siens, sa seur en particulier, et elle a cessé de militer.

J'ai manifesté aux côtés des femms arabes discriminées par la loi scélérate de 2004, harcelées par les "féministes" de NPNS avides de les priver du service public d'éducation, de leur droit à l'école, et j'étais là le 6 Mars 2004 lorsqu'une délégation de vrais intégristes est venue trouver nos amies musulmanes pour leur demander de sortir du cortège parce qu'elles s'y trouvaient avec des hommes, des athées, des homosexuel-le-s et des lesbiennes. Devant la fin de non recevoir, plutôt sèche, ils ont été prier sur le passage du cortège.

S'il y a une chose que partagent les intégristes et les partisans "laïques" ou féministes de la loi scélérate de 2004, c'est bien la conviction que les musulmanes pratiquantes n'ont pas leur place dans l'école publique et laïque, que l'on ne peut être musulman et libre en France. Que la lutte des classes est secondaire au choc des civilisations et à l'assimilation par la force des minorités visibles. Et en corollaire, si les uns postulent qu'il est "haram", tabou de se mêler à des athées dans le combat politique et social, d'autres pensent que les croyants doivent abjurer, se renier avant de participer aux luttes révolutionnaires.

Là est la vraie collusion, et la bénéficiaire est la classe dominante.
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Message  sylvestre Ven 7 Mar - 12:12

Un Islam Bon Chic Bon Genre

Alors que l’infâme loi antifoulard du 15 mars 2004 fête ses dix ans, que les actes islamophobes se multiplient et que l’urgence d’une réflexion, d’une lutte et d’une union sur des bases saines de tous les opposants au racisme se fait de plus en plus sentir, les débats sur le mariage pour tous-tes au début de l’année 2013 et sur la théorie du genre cet hiver ont révélé de graves contradictions. De positionnements stupides en compromissions, ce sont autant de divisions et de contretemps pour un combat qui devrait pourtant dépasser les ambitions personnelles, les basses velléités, voire les pulsions réactionnaires et fascisantes.
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