Pain noir de Villaronga

[verié2]

Un film magnifique qui se déroule en Espagne, peu après la guerre civile. Villaronga nous fait découvrir, au travers du regard d'un adolescent, la cruauté d'une société gangrenée par une dictature qui s'appuie sur les pulsions les plus viles, par exemple l'homophobie brutale. Sous le joug de la dictature, la corruption et la barbarie n'épargnent pas les relations les plus intimes, familiales et amoureuses. Personnellement, je n'accroche généralement pas trop aux films qui prennent des enfants ou des ados comme héros, mais j'ai été scotché par l'interprétation du jeune garçon.

Tout est splendide : mise en scène, jeu des acteurs, photo. L'atmosphère oppressante confine parfois au fantastique. Pain noir appartient à ce cinéma espagnol post franquiste qui s'applique à mettre en lumière l'horreur quotidienne d'une société de classes poussée à son paroxysme.

Ca passe en ce moment sur le câble. A ne pas manquer pour ceux qui en disposent ou ont la possibilité de se le procurer !

[jardinier]

J'ai vu « Pain noir » d'Augustí Villaronga cet été au festival de cinéma des minorités de Douarnenez dont on peut retrouver toutes les programmations sur :
http://www.festival-douarnenez.com/fr/35e_festival
Je conseille à tous d'ailleurs de participer à ce festival qui s'ajoute pour moi au plaisir que j'ai à effectuer des séjours au cap Sizun.

Film des minorités, « Pain noir » est tourné en langue catalane. Je trouve effectivement ce film avec sa violence très beau. Les scènes sont impressionnantes de la chute de la carriole aux cellules des suppliciés en passant par les échanges entre les enfants, notamment Andreu et la fillette à la main arrachée. Jusqu’à cet épilogue où l'enfant, Andreu, rejette le passé et choisit la vie qui s'offre à lui dans une scène très calme mais qui est pour le spectateur d'une brutalité extrême.

Je partage chacun des mots que tu viens d'écrire et cependant ce film m'a laissé très mal à l'aise. Pour Villaronga, Il n'y a que mensonges et crimes dans cette société et le jeune Andreu a la fin du film l'a compris et a choisi son camp au mieux de son intérêt individuel.

Ce film est tiré d'un roman éponyme d'Emili Teixidor qui n'est pas traduit en français. Je ne sais pas si l'auteur du roman a la même vision pessimiste que le cinéaste. Et je cherche une réponse à cette question depuis fin août.

[verié2]

Tout à fait d'accord avec toi. Le film et sa fin sont en effet très pessimistes, très noirs. Même l'idéal du père est remis en question. Mais est-ce une vision générale de la nature humaine ou du comportement des hommes sous un régime fasciste ? Si tu trouves la réponse dans le roman, et si celui-ci est traduit en français, ou au moins en castillan, ça m'intéresse...

[jardinier]

Effectivement, les oeuvres d' Emili Teixidor sont traduites par l'auteur lui même en castillan.
http://blogscd.paris-sorbonne.fr/2012/07/ecrivains-catalans-emili-teixidor/
J'ai recherché les critiques du film sur une vingtaine de pages de Google. L'une d'elle fait référence à plusieurs romans de Teixeiras comme source du film.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm-183763/secrets-tournage/

[verié2]

As-tu vu les autres films de Villaronga ? Sont-ils aussi bons ?

[jardinier]

Non. Mais les critiques citent son précédent film : La prison de cristal (Tras el Cristal) (1986) qui a pour thème les rapports entre un ancien médecin nazi culpabilisé et un adolescent.
Autrement, on rapproche « Pain noir » de deux autres fims que je ne connais pas toujours sur les thèmes Espagne et enfance: « L’Esprit de la ruche » de Víctor Erice et « le Labyrinthe de Pan » de Guillermo del Toro.

[verié2]

Le labyrinthe de Pan est en effet très proche de Pain noir, par beaucoup d'aspects, notamment parce que l'héroïne est une enfant qui fuit le monde des adultes pour se réfugier dans un univers imaginaire. Et aussi par son caractère désespéré. Sergi Lopez, toujours très bon, joue quasiment le même rôle, celui d'un dignitaire fasciste. Avoir d'urgence aussi !

[Contenu sponsorisé]