Chypre
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Re: Chypre
Confirmé !
Les députés ont approuvé la création du fonds de solidarité ouvrant une émission obligataire
et ont donné au gouvernement le pouvoir d'instaurer un contrôle des capitaux.
En fait, les gros capitaux, et pas seulement russes,
sont entrés sales avec juteuses commissions occultes de blanchiement pour les banquiers
ils sortiront de la même façon...
Moody's, pas plus bête, vient d'abaisser encore la note de crédit des trois principales banques chypriotes...
Selon la chaine publique, la taxe au dessus de 100 000
pourrait être comprise entre 10 % et 15 %.
La rumeur courre que les ministres des finances de la zone euro
vont se réunir encore une fois, dimanche soir à Bruxelles...
Les députés ont approuvé la création du fonds de solidarité ouvrant une émission obligataire
et ont donné au gouvernement le pouvoir d'instaurer un contrôle des capitaux.
En fait, les gros capitaux, et pas seulement russes,
sont entrés sales avec juteuses commissions occultes de blanchiement pour les banquiers
ils sortiront de la même façon...
Moody's, pas plus bête, vient d'abaisser encore la note de crédit des trois principales banques chypriotes...
Selon la chaine publique, la taxe au dessus de 100 000
pourrait être comprise entre 10 % et 15 %.
La rumeur courre que les ministres des finances de la zone euro
vont se réunir encore une fois, dimanche soir à Bruxelles...
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chypre
Selon BFM (ai pas recoupé avec autres sources)
la Russie aurait envoyé instruction à toutes ses ambassades
de conseiller aux entreprises russes de quitter banques et institutions financière européennes...
Et la taxe au dessus de 100 000 pourrait aller à 25 %
http://www.romandie.com/news/n/Chypre_taxe_bancaire_de_25__au_dela_de_100_000_euros_envisagee40230320131310.asp
la Russie aurait envoyé instruction à toutes ses ambassades
de conseiller aux entreprises russes de quitter banques et institutions financière européennes...
Et la taxe au dessus de 100 000 pourrait aller à 25 %
http://www.romandie.com/news/n/Chypre_taxe_bancaire_de_25__au_dela_de_100_000_euros_envisagee40230320131310.asp
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chypre
Roseau a écrit:Selon BFM (ai pas recoupé avec autres sources)
la Russie aurait envoyé instruction à toutes ses ambassades
de conseiller aux entreprises russes de quitter banques et institutions financière européennes...
Et la taxe au dessus de 100 000 pourrait aller à 25 %
http://www.romandie.com/news/n/Chypre_taxe_bancaire_de_25__au_dela_de_100_000_euros_envisagee40230320131310.asp
D'une petite lessiveuse de maffieux russes c'est fou comment ça tourne...
Lundi, ou dés que les banques rouvrirons, les gens vont se précipiter pour tout sortir de leur pognon, tandis qu'à l'autre bout les maffieux russes vont se casser en courant dés qu'ils peuvent...
L'effet domino risque de faire saigner bien large.
Regardez tous comment sortir la monnaie des banques....
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
TIC-TAC, TIC-TAC
Le point à cet instant, par un excellent chroniqueur de la crise, F. Leclerc
http://www.pauljorion.com/blog/?feed=rss2
http://www.pauljorion.com/blog/?feed=rss2
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chypre
Dernière mouture:
-une restructuration du système bancaire
(les actifs pourris, autrement dit les pertes, socialisées
ce qu'ils appellent "banque de défaisance", ou "bad bank"...good ones tell me where...)
- l’instauration d’une taxe sur les dépôts au-delà de 100.000 euros,
qui serait de 20% dans le cas de la Bank of Cyprus et de 4% pour les autres...
Bien sûr les Chypriotes seront matraqués ensuite, à la Grecque.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chypre
Une manifestation est prévue devant le Parlement chypriote à 18 heures GMT,
heure de la réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles.
Une banderole déjà:
heure de la réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles.
Une banderole déjà:
« Il faut un référendum pour laisser le peuple décider, ce Parlement ne nous représente pas ».
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chypre
Dimanche soir : la crise s'accentue à Chypre
http://tendanceclaire.npa.free.fr/breve.php?id=4528
http://tendanceclaire.npa.free.fr/breve.php?id=4528
Gaston Lefranc- Messages : 777
Date d'inscription : 26/06/2010
FEU SUR LE QUARTIER GÉNÉRAL ! par François Leclerc
http://www.pauljorion.com/blog/?p=51624#more-51624
Les principales mesures
SOURCE AFP
Les principales mesures
Le plan d'aide à Chypre, sur lequel un accord est intervenu dans la nuit de dimanche à lundi, se traduira par une forte réduction du poids du secteur bancaire dans l'économie de l'île. En voici les principaux éléments.
-Une aide allant jusqu'à 10 milliards d'euros sera fournie essentiellement par le pare-feu de la zone euro, le Mécanisme européen de stabilité (MES), mais comprendra un apport du Fonds monétaire international qui reste à déterminer. En échange, les autorités chypriotes signeront dans les prochaines semaines avec la troïka (UE, Banque centrale européenne et FMI) un protocole d'accord prévoyant des réformes structurelles, des privatisations et une hausse de l'impôt sur les sociétés qui passera de 10 à 12,5%. Parmi les efforts demandés à Chypre figurera aussi la lutte contre le blanchiment d'argent, en fonction des résultats d'un audit imminent. Le montant de cette aide a été calculé pour « permettre à la dette de Chypre de rester soutenable », explique l'Eurogroupe, soit autour de 100% du PIB d'ici 2020. Le pays devrait pouvoir recommencer à se financer sur les marchés d'ici trois ans, a précisé le ministre français des Finances, Pierre Moscovici.
-La deuxième banque du pays, la Laiki Bank (Popular Bank en anglais), sera mise en faillite de manière ordonnée. Elle sera scindée entre une « bad bank », entité résiduelle amenée à disparaître progressivement, et une « good bank », où seront regroupés les dépôts inférieurs à 100.000 euros, qui bénéficient d'une garantie publique dans l'Union européenne. Les actionnaires, détenteurs d'obligations y compris prioritaires (senior bondholders) et les déposants non assurés au-delà de 100.000 euros, subiront des pertes importantes, dans le cadre de la liquidation de la banque. Cette mesure aura pour effet de réduire considérablement la taille du secteur bancaire chypriote, jugé surdimensionné par rapport à l'économie de l'île puisqu'il représente environ huit fois son PIB.
-La première banque du pays, la Bank of Cyprus, reprendra à terme les dépôts garantis de Laiki Bank. Elle reprendra aussi les dettes de Laiki Bank envers la Banque centrale européenne, qui s'élèvent à 9 milliards d'euros. Les déposants non assurés auprès de la Bank of Cyprus pourront aussi subir des pertes, dont le montant n'a pas encore été évalué. Elles seront calculées en fonction des objectifs de recapitalisation de la banque, prévue par conversion des dépôts non assurés en participation. Le but est de parvenir à un ratio de fonds propres de 9%. En attendant, ces dépôts non assurés seront gelés. La BCE continuera d'apporter des liquidités à la Bank of Cyprus.
-Les autorités chypriotes mettront en place une restriction des mouvements de capitaux, pour éviter la fuite des capitaux, notamment étrangers. Il s'agit surtout de capitaux russes et britanniques, qui étaient placés à des taux très attrayants dans les banques chypriotes.
-Les autorités chypriotes doivent enfin continuer à discuter avec la Russie sur l'extension d'un prêt de 2,5 milliards d'euros accordé en 2011 et qui doit venir à échéance en 2016.
SOURCE AFP
Dernière édition par Roseau le Lun 25 Mar - 14:33, édité 1 fois
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chypre
Le début d'une alternative aux plans du capital local et international était et reste clair:
- confisquer les gros dépôts et placements ,
- exproprier les banques.
- confisquer les gros dépôts et placements ,
- exproprier les banques.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
CHYPRE, LE DÉBUT DE LA FIN
par Pierre Sarton du Jonchay
http://www.pauljorion.com/blog/?p=51664#more-51664
Extrait
http://www.pauljorion.com/blog/?p=51664#more-51664
Extrait
Comme l’annulation des dépôts en euros ne suffit pas à éponger les pertes des banques chypriotes, la troïka accorde à l’État chypriote un méga-crédit pour porter les pertes bancaires directement dans le budget public. Évidemment, on ne dit pas que le bouclage de ce plan de restructuration des banques chypriotes est financé par un « déficit budgétaire » chypriote de 60 % du PIB : pas 0,6 %, ni 6 % mais bien 60 %.
La « bad bank » est un habillage comptable pour ne pas afficher la réalité des comptes publics chypriotes : au lieu de dire 60 % de déficit en 2013, on va dire 6 % de déficit supplémentaire pendant 10 ans ou 0,6 % pendant 100 ans. Un déficit qui s’ajoute à l’explosion du déficit primaire qui résulte de la disparition de la première activité économique de l’île de Chypre : le blanchiment des capitaux « off shore » en « légalité » de l’euro.
La restructuration du capitalisme financier à Chypre, c’est pour le moment le transfert des actifs toxiques qui valent 0 des comptes bancaires vers les comptes publics. Comme l’explosion de la dette publique chypriote est pur bavardage financier sans contrepartie économique réelle, c’est bien la BCE et le FMI qui reprennent la perte chypriote dans leurs comptes. Mais cette belle construction financière ne trompe que ceux qui veulent être trompés : peut-être quelques responsables politiques…
L’essentiel est bien sûr ailleurs : le capitalisme financier global a commencé à s’euthanasier. L’accumulation d’actifs toxiques dans le système financier mondial hors-sol est tel qu’il faut désormais annuler les dépôts des riches pour maintenir un semblant de liquidité bancaire. Toute la ploutocratie mondiale est en train de réaliser qu’il va être impossible d’échapper à la faillite sans séparer l’économie réelle de la spéculation monétaire.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Les européens passent Chypre par desssus bord
par Médiapart
http://tendanceclaire.npa.free.fr/breve.php?id=4532
http://tendanceclaire.npa.free.fr/breve.php?id=4532
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chypre
http://www.greekcrisis.fr/2013/03/les-portes-de-lenfer.html#more
Gaston Lefranc- Messages : 777
Date d'inscription : 26/06/2010
Re: Chypre
Chypre : lundi soir, le chaos règne - les banques restent fermées
http://tendanceclaire.npa.free.fr/breve.php?id=4536
http://tendanceclaire.npa.free.fr/breve.php?id=4536
Gaston Lefranc- Messages : 777
Date d'inscription : 26/06/2010
Re: Chypre
Les banques, fermées depuis le 16 mars, ne seront ouvertes que jeudi 28 mars.
Le président chypriote conservateur Anastasiades prévoit,
en application l'accord avec la « troïka » (UE, BCE,FMI)des « décisions douloureuses ».
En attendant, et en résumé:
- Laïki Bank, deuxième du pays, sera scindée entre une « bad bank »,
amenée à disparaître progressivement,
et une « good bank », avec notamment les dépôts inférieurs à 100 000 euros.
- Bank of Cyprus, la première banque, reprendra à terme les dépôts garantis de Laïki Bank.
Et les dettes de celle-ci envers la Banque centrale européenne (BCE),
qui s'élèvent à 9 milliards d'euros.
- Les titulaires de comptes dépassant 100 000 euros auprès de la Bank of Cyprus
vont aussi subir une ponction de l'ordre de 30 % de leurs avoirs,
selon le porte-parole du gouvernement.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chypre
L’impérialisme allemand a imposé des conditions humiliantes à Chypre
Juan Chingo
Source: http://www.ccr4.org/L-imperialisme-allemand-a-impose
La chancelière allemande Angela Merkel, le FMI et la BCE ont réussi à imposer in extremis des conditions économiques draconiennes et humiliantes pour la souveraineté nationale chypriote afin que ce pays échappe à la faillite immédiate et évite ainsi d’être poussé hors de la zone euro. Le plan est pourtant la quasi copie de celui refusé la semaine dernière par les parlementaires chypriote.
Seules quelques modifications techniques interviennent à la marge : contrairement au premier plan de sauvetage proposé, ce dernier ne touche pas les petits épargnants, mais impose des taxes sur les dépôts plus importants (dont beaucoup d’oligarques russes) ainsi qu’aux investisseurs. De plus, il limite très fortement les mouvements de capitaux, ainsi que le retrait de liquidité. Les pertes devraient être cependant très importantes, notamment du fait des retraits massifs de capitaux réalisés durant les semaines précédentes à l’adoption de ces mesures de « sauvetage » du système bancaire chypriote, le mot ayant été soufflé à l’oreille de certains oligarques russes et locaux qui se sont précipités pour limiter les pertes. Ainsi, et pour la première fois depuis le début de la crise de l’euro initiée fin 2009, les pays de l’eurogroupe ont entériné la décision de ne pas venir en aide à une institution de crédit : la Laiki Bank, deuxième banque la plus importante de Chypre, a été liquidée. C’est au système bancaire chypriote d’assumer de lui-même son exposition aux emprunts dits « toxiques » de la crise grecque et sa fragilité. L’ensemble du secteur bancaire va être restructuré, mettant fin au « modèle économique » de l’île, fondé une faible taxation des les investissements étrangers. En outre, cet accord, passé aux forceps, n’est pas passé devant le Parlement chypriote, afin d’éviter qu’il soit invalidé par l’institution, à l’image du premier accord proposé par l’Allemagne et la BCE à Chypre.
Bien que l’article ci-dessous ait été écrit avant cet accord, quand l’incertitude planait sur la tête de Chypre et de la zone euro, il garde son actualité par les motifs suivants :
1) L’ensemble du programme de sauvetage et l’austérité auquel elle est associée vont être brutaux. José Manuel Barroso, président de la Commission Européenne, a attiré l’attention sur le risque d’un « choc économique » dans la région : le chômage devrait augmenter de manière brutale, et il n’est pas dit que les pensions de retraites, cumulées par des vies de travail, ne connaissent pas le même sort que les épargnes.
2) La Russie a durement critiqué l’accord : Dimitri Medvedev a accusé directement l’UE de vol. La télévision d’Etat russe a même comparé la confiscation des riches investisseurs -dont beaucoup sont russes- avec l’expropriation des juifs par l’Allemagne nazie. Bien que les liens énergétiques et commerciaux entre l’UE et la Russie soient trop importants pour se rompre à cause des évènements en Chypre, les relations se sont détériorées.
3) Comme nous avons anticipé, Chypre est un point d’inflexion vers une politique de ponction des épargnants dans les pays fortement endettés. Le lundi 25 mars même, le président de l’eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a assuré que la taxe imposée en Chypre a posé un précédent et que cela pourrait se reproduire dans d’autres pays : à cette annonce, les bourses européennes ont chuté. En effet, après le cas du Chypre, la confiance dans le système bancaire s’est fortement détériorée, y compris parmi les petits épargnants.
4) Bien qu’à la fin, un accord ait été trouvé, les dures négociations montrent clairement que le fossé se creuse entre les pays créditeurs du Nord de l’Europe et les pays endettés du Sud du continent, dont les différences politiques pourraient bientôt devenir plus dangereuses que la crise monétaire, menaçant y compris les bases politiques de la zone euro.
5) Enfin, à Chypre même, le gouvernement, détenant une courte majorité au sein du Parlement, est dans une position de faiblesse pour appliquer l’ensemble du programme. La situation reste ainsi très instable, et très dépendant de la manière dont le plan de sauvetage sera mené, du niveau de « consensus social » et de la réponse des masses. Autrement dit, la possibilité d’une sortie de Chypre de la zone euro a-t’elle été évitée ou, plutôt, simplement reportée à un futur proche ?
25/3/2013.
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Une nouvelle phase de la crise de l’euro
Juan Chingo
La décision conjointe de l’Union Européenne (UE) et du gouvernement de Nicosie de confisquer directement une partie des dépôts des petits et moyens épargnants chypriotes marque un tournant dans la voracité employée par les pays créditeurs pour éviter à tout prix une dévalorisation de la dette accumulée (explosion du « capital fictif »). Mais la résistance aux diktats de l’UE qu’ont opposé les parlementaires de l’île, influencés par les oligarques russes dont le poids est très important à Chypre, ouvre la possibilité d’un défaut de paiement et d’une sortie de Nicosie de la zone euro. Ironie du sort, une nouvelle étape dans la crise de l’euro-zone pourrait être marquée par l’évolution de la situation dans la partie Sud de cette petite île de la Méditerranée, peuplée par seulement un peu plus d’un million de chypriotes grecs et ne représentant que 0,2% du PIB total de l’UE.
Un gel des comptes et une expropriation en bonne et due forme, comme en Argentine en 2001
Samedi 13 mars, au petit matin, les ministres de l’Economie et des Finances des pays de l’UE se sont mis d’accord sur un prêt de 10 milliards d’euros à accorder à Chypre pour voler au secours de son système bancaire. En échange le gouvernement conservateur de Nicos Anastasiades devait s’engager à établir une taxe de 6,75% sur les dépôts bancaires de moins de 100.000 euros et de 9,9% au-delà. A travers cette mesure l’enjeu était de lever 5,8 milliards d’euros. De façon à éviter des retraits massifs par les épargnants les établissements bancaires ont préempté sur les comptes la somme en question et ont limité les transferts d’argent. Les autorités ont annoncé la fermeture des banques jusqu’au jeudi 21 mars, au bas mot, mesure qui pourrait s’étendre jusqu’au mardi 26, voire au delà. Le plan prévoyait donc l’application pour la première fois en Europe et, qui plus est, dans la zone euro, du « corralito » mis en œuvre par Domingo Cavallo, alors ministre de l’Economie du gouvernement argentin, pendant la crise de 2001.
En raison de la colère de la population face à cette décision inattendue, à l’incapacité du gouvernement chypriote d’obtenir un blanc-seing de son Parlement et aux dégâts déjà produits au niveau de la confiance dans le système bancaire européen, les autorités de l’UE ont dû faire marche arrière sur les modalités d’application du « plan de sauvetage » proposé. Cependant, le mal était déjà fait. En 2008 le sauvetage, mis en place à la suite de la faillite de Lehman Brothers, n’avait pas impliqué une quelconque ponction sur les comptes de moins de 100.000 euros. Aujourd’hui, la confiance des épargnants est ébranlée et le risque de fuite des dépôts bancaire s’est énormément accru.
En raison du profond malaise généré par les mesures proposées, tant à Chypre que dans les autres pays de la zone euro, les autorités européennes ont demandé à Nicosie de revoir sa copie et de n’appliquer une taxe que pour les dépôts supérieurs à 100.000 euros, à hauteur, cette fois, de 15,6%. Le gouvernement a fait la grimace, craignant qu’une telle mesure ne fasse fuir les investisseurs étrangers, notamment russes. Cela pourrait représenter un coup très rude pour le modèle économique du pays, largement basé sur ses banques, le tourisme et l’immobilier. Bien que le plan initial proposé par l’UE avait été corrigé par le gouvernement (laissant de côté les dépôts de moins de 20.000 euros), le Parlement l’a rejeté le 19 mars (seul le groupe parlementaire DISY, parti au pouvoir, n’a pas voté contre, se contentant de s’abstenir), prenant au dépourvu les autorités européennes.
Une politique plus dure de l’Allemagne qui fait face à des résistances multiples
Depuis le début des négociations Berlin s’est montré inflexible, exigeant que les épargnants chypriotes passent à la caisse. Avec des élections qui approchent, la chancelière Angela Merkel ne veut pas apparaître comme celle qui a accepté de régler l’ardoise pour sauver système bancaire chypriote et éviter la contagion. Cette décision, à savoir le fait que Berlin ne soit plus disposé à couvrir des opérations de sauvetage à n’importe quel prix, pourrait représenter un tournant pour la crise de la zone euro. En d’autres termes, à travers le cas de Chypre, il se pourrait que le message émis par Berlin s’adresse principalement à l’Italie ou à l’Etat espagnol, deux pays qui traversent de graves difficultés économiques et politiques, avec une crise gouvernementale à Rome à la suite des élections législatives de février et un Exécutif secoué par d’importants scandales de corruptions à Madrid. L’enjeu serait alors de réglementer l’accès au Mécanisme Européen de Stabilité (le fond européen de sauvetage des banques), par le biais d’un veto ou d’une autorisation donnée par Berlin. L’impact de l’inflexibilité allemande dans le cas chypriote est encore à voir, au moment même où Berlin travaille en tandem avec la BCE : pour mettre la pression sur le gouvernement chypriote dans le but d’arracher un accord sur un plan de sauvetage conforme à la ligne de l’Allemagne, la menace de supprimer tout approvisionnement de liquidité aux banques chypriotes a été brandi par la BCE.
A la résistance des petits épargnants chypriotes doivent s’ajouter les intérêts de la classe politique de l’île, largement inféodée de par ses rapports aux investisseurs russes. Le rejet du Parlement et les pressions de Moscou, demandant à ce que l’on trouve un système de financement bis du plan de sauvetage européen, n’ont fait qu’accentuer toutes les spéculations. Si les autorités de l’île ne trouvent pas d’autres moyens de financements satisfaisants pour les autorités européennes (l’une des hypothèses consisterait à recourir à des fonds russes, mais pas sous la forme de prêts qui ne feraient qu’alourdir la dette chypriote, ce que la première version du plan européen tente d’éviter), Nicosie pourrait se voir obligé de rompre l’accord proposé par la Troïka et chercher davantage de soutiens du côté de la Russie. Face à un échec de ce type d’hypothèse, l’île ferait face à un risque de banqueroute de son système bancaire et économique, ce qui pourrait conduire l’île à sortir de la zone euro impliquant, bien entendu, des répercussions à l’échelle de toute l’UE.
Au moment où nous bouclons cet article aucune hypothèse ne semble prendre le dessus, mais le « non » chypriote a déjà eu un impact certain sur la Grèce voisine. Comme ont pu l’écrire certain analystes, l’attitude chypriote pourrait inspirer les Grecs qu’il existe « une alternative » aux plans de sauvetage ou « mémorandums » qui ont été accepté comme une fatalité par les différents gouvernements qui se sont succédés au pouvoir à Athènes ces dernières années.
Vers une crise des relations germano-russes ?
Les mesures défendues par un pays aussi petit que Chypre pourraient avoir d’importantes répercussions au niveau géopolitique. Chypre a toujours été un partenaire privilégié de Moscou, du temps, déjà, de l’URSS, et plus encore depuis les années 1990. L’île est l’un des centres du blanchiment d’argent et des investissements du gouvernement, de l’élite politique au pouvoir et des oligarques russes. Il y a un demi-siècle déjà, Chypre avait été l’un des premiers pays à ouvrir son système bancaire à Moscou en échange de l’appui soviétique à Nicosie dans le cadre des disputes turco-chypriotes dans les années 1960-1970.
Déjà en 2008 et 2011, lors des premiers impacts de la crise à Chypre, Moscou avait posé la question du sauvetage des banques de l’île de façon à faire baisser la pression de l’UE. Si cette solution avait reçu l’appui du gouvernement « communiste » de Dimitris Christofias de l’époque, Berlin s’y était opposé. Dans ce cadre, au cours de la dernière période, Vladimir Poutine avait manifesté sa volonté d’aider Chypre en association avec l’UE, en privilégiant une alliance avec l’Allemagne.
Maintenant que le plan de l’UE menace directement les intérêts russes, Moscou est passé à la contre-offensive. Cela peut mener Poutine à s’affronter plus durement avec l’Allemagne ou d’autres pays de l’UE si la solution choisie par le Kremlin était d’opter pour un plan de sauvetage propre afin de protéger les intérêts russes sur l’île à travers : ce dernier n’impliquerait pas un sauvetage proprement dit, mais via éventuellement Gazprombank, plutôt une forme d’avance de paiement en l’échange de concession d’exploitation. Dans tous les cas, l’option d’une intervention russe pour sauver le système bancaire de l’île entre en confrontation directe avec la ligne défendue par l’Allemagne. Il n’est pas non plus exclu que les pressions allemandes ne finissent pas par pousser Nicosie à renforcer ses liens avec Moscou. Cela pourrait se traduire par un accord financier entre Chypre et la Russie qui permettrait de réduire la pression de la Troïka, ou encore, si l’on considère la seconde hypothèse, par un contrôle accru de Moscou sur le système bancaire chypriote, par l’ouverture au géant russe Gazprom (en recul sur le marché européen), des réserves gazières chypriotes voire même par la possibilité pour Moscou d’avoir accès à un port chypriote pour sa marine militaire.
Ainsi, comme on peut le voir, les décisions qui seront prises par le gouvernement de l’île vont bien au-delà de la simple question concernant « qui va régler la facture ? ». L’avancée géopolitique russe dans cette île qui a été, historiquement, un pion de la Grande-Bretagne en Méditerranée orientale, pourrait raviver les tensions déjà existantes entre la Russie et l’UE. Il suffit de penser aux rapports déjà passablement détériorés entre la Moscou et Paris, et avec Londres au sujet du dossier syrien. Un sauvetage de Chypre par la Russie pourrait détériorer les rapports avec l’Allemagne qui est pourtant le partenaire européen le plus important du Kremlin.
Pour l’expropriation des banques privées et la nationalisation du système de crédit
La crise de la zone euro montre comment pour sauver les grandes banques privées, les Etats créditeurs n’hésitent aucunement à appliquer des mesures extrêmement radicales pour défendre leurs intérêts. Les politiques déflationnistes, plus largement connues sous le nom générique de « politique d’austérité », ont pour but de garantir de façon toujours plus violente et arbitraire les « droits » des capitalistes.
A l’instar de ce qui s’est passé avec la dette grecque, ce sont les travailleurs et, aujourd’hui, les petits et moyens épargnants à qui l’on exige de payer, à travers la socialisation des pertes, pour des affaires avec lesquelles ils n’ont rien à voir. Et dans le cas chypriote encore, alors que l’on entend faire payer aux oligarques russes une partie de la facture, les grandes banques et les investisseurs européens, à commencer par les actionnaires, sont quant à eux couverts alors que se sont eux qui ont prêté aux banques chypriotes sans jamais être trop regardant.
On voit bien, avec le cas de Chypre, combien la sécurité juridique est sacrée pour les créditeurs mais beaucoup moins pour les épargnants. Mais le risque de voir le scénario chypriote se répéter ailleurs en Europe pourrait se révéler explosif à la fois politiquement mais aussi socialement. Comme le soulignait Wolfgang Münchau dans l’édition du 18 mars du Financial Times, « on aurait voulu alimenter le climat politique de rébellion en Europe du Sud qu’on ne s’y serait pas pris différemment ».
Face à la menace croissante des capitalistes qui n’hésitent devant rien pour recapitaliser le système bancaire, il n’y a qu’une issue progressiste, cella de l’expropriation des banques privées et la nationalisation du système de crédit. Cela ne veut en aucun cas dire, pour reprendre Trotsky dans le Programme de Transition, « l’expropriation des banques ne signifie en aucun cas l’expropriation des petits dépôts bancaires. Au contraire : pour les petits déposants, la banque d’Etat unique pourra créer des conditions plus favorables que dans les banques privées. De la même façon, seule, la banque d’État pourra établir pour les fermiers, les artisans et les petits commerçants des conditions de crédit privilégiées, c’est-à-dire à bon marché ». Face à un Etat et à ses partis politiques qui ne cherchent qu’à sauver, d’une façon ou d’une autre, les grands capitalistes, il faut imposer une solution de fond, à savoir que les principaux leviers de l’économie soient au service des intérêts du salariat, ce qui ne pourra être garanti que lorsque le pouvoir d’Etat passera des mains des exploiteurs à celles des travailleurs.
20/03/13
Juan Chingo
Source: http://www.ccr4.org/L-imperialisme-allemand-a-impose
La chancelière allemande Angela Merkel, le FMI et la BCE ont réussi à imposer in extremis des conditions économiques draconiennes et humiliantes pour la souveraineté nationale chypriote afin que ce pays échappe à la faillite immédiate et évite ainsi d’être poussé hors de la zone euro. Le plan est pourtant la quasi copie de celui refusé la semaine dernière par les parlementaires chypriote.
Seules quelques modifications techniques interviennent à la marge : contrairement au premier plan de sauvetage proposé, ce dernier ne touche pas les petits épargnants, mais impose des taxes sur les dépôts plus importants (dont beaucoup d’oligarques russes) ainsi qu’aux investisseurs. De plus, il limite très fortement les mouvements de capitaux, ainsi que le retrait de liquidité. Les pertes devraient être cependant très importantes, notamment du fait des retraits massifs de capitaux réalisés durant les semaines précédentes à l’adoption de ces mesures de « sauvetage » du système bancaire chypriote, le mot ayant été soufflé à l’oreille de certains oligarques russes et locaux qui se sont précipités pour limiter les pertes. Ainsi, et pour la première fois depuis le début de la crise de l’euro initiée fin 2009, les pays de l’eurogroupe ont entériné la décision de ne pas venir en aide à une institution de crédit : la Laiki Bank, deuxième banque la plus importante de Chypre, a été liquidée. C’est au système bancaire chypriote d’assumer de lui-même son exposition aux emprunts dits « toxiques » de la crise grecque et sa fragilité. L’ensemble du secteur bancaire va être restructuré, mettant fin au « modèle économique » de l’île, fondé une faible taxation des les investissements étrangers. En outre, cet accord, passé aux forceps, n’est pas passé devant le Parlement chypriote, afin d’éviter qu’il soit invalidé par l’institution, à l’image du premier accord proposé par l’Allemagne et la BCE à Chypre.
Bien que l’article ci-dessous ait été écrit avant cet accord, quand l’incertitude planait sur la tête de Chypre et de la zone euro, il garde son actualité par les motifs suivants :
1) L’ensemble du programme de sauvetage et l’austérité auquel elle est associée vont être brutaux. José Manuel Barroso, président de la Commission Européenne, a attiré l’attention sur le risque d’un « choc économique » dans la région : le chômage devrait augmenter de manière brutale, et il n’est pas dit que les pensions de retraites, cumulées par des vies de travail, ne connaissent pas le même sort que les épargnes.
2) La Russie a durement critiqué l’accord : Dimitri Medvedev a accusé directement l’UE de vol. La télévision d’Etat russe a même comparé la confiscation des riches investisseurs -dont beaucoup sont russes- avec l’expropriation des juifs par l’Allemagne nazie. Bien que les liens énergétiques et commerciaux entre l’UE et la Russie soient trop importants pour se rompre à cause des évènements en Chypre, les relations se sont détériorées.
3) Comme nous avons anticipé, Chypre est un point d’inflexion vers une politique de ponction des épargnants dans les pays fortement endettés. Le lundi 25 mars même, le président de l’eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a assuré que la taxe imposée en Chypre a posé un précédent et que cela pourrait se reproduire dans d’autres pays : à cette annonce, les bourses européennes ont chuté. En effet, après le cas du Chypre, la confiance dans le système bancaire s’est fortement détériorée, y compris parmi les petits épargnants.
4) Bien qu’à la fin, un accord ait été trouvé, les dures négociations montrent clairement que le fossé se creuse entre les pays créditeurs du Nord de l’Europe et les pays endettés du Sud du continent, dont les différences politiques pourraient bientôt devenir plus dangereuses que la crise monétaire, menaçant y compris les bases politiques de la zone euro.
5) Enfin, à Chypre même, le gouvernement, détenant une courte majorité au sein du Parlement, est dans une position de faiblesse pour appliquer l’ensemble du programme. La situation reste ainsi très instable, et très dépendant de la manière dont le plan de sauvetage sera mené, du niveau de « consensus social » et de la réponse des masses. Autrement dit, la possibilité d’une sortie de Chypre de la zone euro a-t’elle été évitée ou, plutôt, simplement reportée à un futur proche ?
25/3/2013.
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Une nouvelle phase de la crise de l’euro
Juan Chingo
La décision conjointe de l’Union Européenne (UE) et du gouvernement de Nicosie de confisquer directement une partie des dépôts des petits et moyens épargnants chypriotes marque un tournant dans la voracité employée par les pays créditeurs pour éviter à tout prix une dévalorisation de la dette accumulée (explosion du « capital fictif »). Mais la résistance aux diktats de l’UE qu’ont opposé les parlementaires de l’île, influencés par les oligarques russes dont le poids est très important à Chypre, ouvre la possibilité d’un défaut de paiement et d’une sortie de Nicosie de la zone euro. Ironie du sort, une nouvelle étape dans la crise de l’euro-zone pourrait être marquée par l’évolution de la situation dans la partie Sud de cette petite île de la Méditerranée, peuplée par seulement un peu plus d’un million de chypriotes grecs et ne représentant que 0,2% du PIB total de l’UE.
Un gel des comptes et une expropriation en bonne et due forme, comme en Argentine en 2001
Samedi 13 mars, au petit matin, les ministres de l’Economie et des Finances des pays de l’UE se sont mis d’accord sur un prêt de 10 milliards d’euros à accorder à Chypre pour voler au secours de son système bancaire. En échange le gouvernement conservateur de Nicos Anastasiades devait s’engager à établir une taxe de 6,75% sur les dépôts bancaires de moins de 100.000 euros et de 9,9% au-delà. A travers cette mesure l’enjeu était de lever 5,8 milliards d’euros. De façon à éviter des retraits massifs par les épargnants les établissements bancaires ont préempté sur les comptes la somme en question et ont limité les transferts d’argent. Les autorités ont annoncé la fermeture des banques jusqu’au jeudi 21 mars, au bas mot, mesure qui pourrait s’étendre jusqu’au mardi 26, voire au delà. Le plan prévoyait donc l’application pour la première fois en Europe et, qui plus est, dans la zone euro, du « corralito » mis en œuvre par Domingo Cavallo, alors ministre de l’Economie du gouvernement argentin, pendant la crise de 2001.
En raison de la colère de la population face à cette décision inattendue, à l’incapacité du gouvernement chypriote d’obtenir un blanc-seing de son Parlement et aux dégâts déjà produits au niveau de la confiance dans le système bancaire européen, les autorités de l’UE ont dû faire marche arrière sur les modalités d’application du « plan de sauvetage » proposé. Cependant, le mal était déjà fait. En 2008 le sauvetage, mis en place à la suite de la faillite de Lehman Brothers, n’avait pas impliqué une quelconque ponction sur les comptes de moins de 100.000 euros. Aujourd’hui, la confiance des épargnants est ébranlée et le risque de fuite des dépôts bancaire s’est énormément accru.
En raison du profond malaise généré par les mesures proposées, tant à Chypre que dans les autres pays de la zone euro, les autorités européennes ont demandé à Nicosie de revoir sa copie et de n’appliquer une taxe que pour les dépôts supérieurs à 100.000 euros, à hauteur, cette fois, de 15,6%. Le gouvernement a fait la grimace, craignant qu’une telle mesure ne fasse fuir les investisseurs étrangers, notamment russes. Cela pourrait représenter un coup très rude pour le modèle économique du pays, largement basé sur ses banques, le tourisme et l’immobilier. Bien que le plan initial proposé par l’UE avait été corrigé par le gouvernement (laissant de côté les dépôts de moins de 20.000 euros), le Parlement l’a rejeté le 19 mars (seul le groupe parlementaire DISY, parti au pouvoir, n’a pas voté contre, se contentant de s’abstenir), prenant au dépourvu les autorités européennes.
Une politique plus dure de l’Allemagne qui fait face à des résistances multiples
Depuis le début des négociations Berlin s’est montré inflexible, exigeant que les épargnants chypriotes passent à la caisse. Avec des élections qui approchent, la chancelière Angela Merkel ne veut pas apparaître comme celle qui a accepté de régler l’ardoise pour sauver système bancaire chypriote et éviter la contagion. Cette décision, à savoir le fait que Berlin ne soit plus disposé à couvrir des opérations de sauvetage à n’importe quel prix, pourrait représenter un tournant pour la crise de la zone euro. En d’autres termes, à travers le cas de Chypre, il se pourrait que le message émis par Berlin s’adresse principalement à l’Italie ou à l’Etat espagnol, deux pays qui traversent de graves difficultés économiques et politiques, avec une crise gouvernementale à Rome à la suite des élections législatives de février et un Exécutif secoué par d’importants scandales de corruptions à Madrid. L’enjeu serait alors de réglementer l’accès au Mécanisme Européen de Stabilité (le fond européen de sauvetage des banques), par le biais d’un veto ou d’une autorisation donnée par Berlin. L’impact de l’inflexibilité allemande dans le cas chypriote est encore à voir, au moment même où Berlin travaille en tandem avec la BCE : pour mettre la pression sur le gouvernement chypriote dans le but d’arracher un accord sur un plan de sauvetage conforme à la ligne de l’Allemagne, la menace de supprimer tout approvisionnement de liquidité aux banques chypriotes a été brandi par la BCE.
A la résistance des petits épargnants chypriotes doivent s’ajouter les intérêts de la classe politique de l’île, largement inféodée de par ses rapports aux investisseurs russes. Le rejet du Parlement et les pressions de Moscou, demandant à ce que l’on trouve un système de financement bis du plan de sauvetage européen, n’ont fait qu’accentuer toutes les spéculations. Si les autorités de l’île ne trouvent pas d’autres moyens de financements satisfaisants pour les autorités européennes (l’une des hypothèses consisterait à recourir à des fonds russes, mais pas sous la forme de prêts qui ne feraient qu’alourdir la dette chypriote, ce que la première version du plan européen tente d’éviter), Nicosie pourrait se voir obligé de rompre l’accord proposé par la Troïka et chercher davantage de soutiens du côté de la Russie. Face à un échec de ce type d’hypothèse, l’île ferait face à un risque de banqueroute de son système bancaire et économique, ce qui pourrait conduire l’île à sortir de la zone euro impliquant, bien entendu, des répercussions à l’échelle de toute l’UE.
Au moment où nous bouclons cet article aucune hypothèse ne semble prendre le dessus, mais le « non » chypriote a déjà eu un impact certain sur la Grèce voisine. Comme ont pu l’écrire certain analystes, l’attitude chypriote pourrait inspirer les Grecs qu’il existe « une alternative » aux plans de sauvetage ou « mémorandums » qui ont été accepté comme une fatalité par les différents gouvernements qui se sont succédés au pouvoir à Athènes ces dernières années.
Vers une crise des relations germano-russes ?
Les mesures défendues par un pays aussi petit que Chypre pourraient avoir d’importantes répercussions au niveau géopolitique. Chypre a toujours été un partenaire privilégié de Moscou, du temps, déjà, de l’URSS, et plus encore depuis les années 1990. L’île est l’un des centres du blanchiment d’argent et des investissements du gouvernement, de l’élite politique au pouvoir et des oligarques russes. Il y a un demi-siècle déjà, Chypre avait été l’un des premiers pays à ouvrir son système bancaire à Moscou en échange de l’appui soviétique à Nicosie dans le cadre des disputes turco-chypriotes dans les années 1960-1970.
Déjà en 2008 et 2011, lors des premiers impacts de la crise à Chypre, Moscou avait posé la question du sauvetage des banques de l’île de façon à faire baisser la pression de l’UE. Si cette solution avait reçu l’appui du gouvernement « communiste » de Dimitris Christofias de l’époque, Berlin s’y était opposé. Dans ce cadre, au cours de la dernière période, Vladimir Poutine avait manifesté sa volonté d’aider Chypre en association avec l’UE, en privilégiant une alliance avec l’Allemagne.
Maintenant que le plan de l’UE menace directement les intérêts russes, Moscou est passé à la contre-offensive. Cela peut mener Poutine à s’affronter plus durement avec l’Allemagne ou d’autres pays de l’UE si la solution choisie par le Kremlin était d’opter pour un plan de sauvetage propre afin de protéger les intérêts russes sur l’île à travers : ce dernier n’impliquerait pas un sauvetage proprement dit, mais via éventuellement Gazprombank, plutôt une forme d’avance de paiement en l’échange de concession d’exploitation. Dans tous les cas, l’option d’une intervention russe pour sauver le système bancaire de l’île entre en confrontation directe avec la ligne défendue par l’Allemagne. Il n’est pas non plus exclu que les pressions allemandes ne finissent pas par pousser Nicosie à renforcer ses liens avec Moscou. Cela pourrait se traduire par un accord financier entre Chypre et la Russie qui permettrait de réduire la pression de la Troïka, ou encore, si l’on considère la seconde hypothèse, par un contrôle accru de Moscou sur le système bancaire chypriote, par l’ouverture au géant russe Gazprom (en recul sur le marché européen), des réserves gazières chypriotes voire même par la possibilité pour Moscou d’avoir accès à un port chypriote pour sa marine militaire.
Ainsi, comme on peut le voir, les décisions qui seront prises par le gouvernement de l’île vont bien au-delà de la simple question concernant « qui va régler la facture ? ». L’avancée géopolitique russe dans cette île qui a été, historiquement, un pion de la Grande-Bretagne en Méditerranée orientale, pourrait raviver les tensions déjà existantes entre la Russie et l’UE. Il suffit de penser aux rapports déjà passablement détériorés entre la Moscou et Paris, et avec Londres au sujet du dossier syrien. Un sauvetage de Chypre par la Russie pourrait détériorer les rapports avec l’Allemagne qui est pourtant le partenaire européen le plus important du Kremlin.
Pour l’expropriation des banques privées et la nationalisation du système de crédit
La crise de la zone euro montre comment pour sauver les grandes banques privées, les Etats créditeurs n’hésitent aucunement à appliquer des mesures extrêmement radicales pour défendre leurs intérêts. Les politiques déflationnistes, plus largement connues sous le nom générique de « politique d’austérité », ont pour but de garantir de façon toujours plus violente et arbitraire les « droits » des capitalistes.
A l’instar de ce qui s’est passé avec la dette grecque, ce sont les travailleurs et, aujourd’hui, les petits et moyens épargnants à qui l’on exige de payer, à travers la socialisation des pertes, pour des affaires avec lesquelles ils n’ont rien à voir. Et dans le cas chypriote encore, alors que l’on entend faire payer aux oligarques russes une partie de la facture, les grandes banques et les investisseurs européens, à commencer par les actionnaires, sont quant à eux couverts alors que se sont eux qui ont prêté aux banques chypriotes sans jamais être trop regardant.
On voit bien, avec le cas de Chypre, combien la sécurité juridique est sacrée pour les créditeurs mais beaucoup moins pour les épargnants. Mais le risque de voir le scénario chypriote se répéter ailleurs en Europe pourrait se révéler explosif à la fois politiquement mais aussi socialement. Comme le soulignait Wolfgang Münchau dans l’édition du 18 mars du Financial Times, « on aurait voulu alimenter le climat politique de rébellion en Europe du Sud qu’on ne s’y serait pas pris différemment ».
Face à la menace croissante des capitalistes qui n’hésitent devant rien pour recapitaliser le système bancaire, il n’y a qu’une issue progressiste, cella de l’expropriation des banques privées et la nationalisation du système de crédit. Cela ne veut en aucun cas dire, pour reprendre Trotsky dans le Programme de Transition, « l’expropriation des banques ne signifie en aucun cas l’expropriation des petits dépôts bancaires. Au contraire : pour les petits déposants, la banque d’Etat unique pourra créer des conditions plus favorables que dans les banques privées. De la même façon, seule, la banque d’État pourra établir pour les fermiers, les artisans et les petits commerçants des conditions de crédit privilégiées, c’est-à-dire à bon marché ». Face à un Etat et à ses partis politiques qui ne cherchent qu’à sauver, d’une façon ou d’une autre, les grands capitalistes, il faut imposer une solution de fond, à savoir que les principaux leviers de l’économie soient au service des intérêts du salariat, ce qui ne pourra être garanti que lorsque le pouvoir d’Etat passera des mains des exploiteurs à celles des travailleurs.
20/03/13
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Le pire est à venir
Le secteur bancaire en partie "sauvé" ...
Illustration de l'image au dessus...
Illustration de l'image au dessus...
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chypre
Je vous livre aussi ce tableau, toujours aussi bien fait, d'Olivier Berruyer,
avec son commentaire...
Maintenant, pourrait-on nous expliquer pourquoi la BCE prête-elle 9 milliards d’euros à une banque avec 600 M€ de fonds propres et qui a fait 3 Md€ de pertes l’année précédente, le tout dans un pays de 18 Md€ de PIB ??? En France, cela reviendrait à un prêt unique de 1 000 Md€ !!!! Même s’il y a du collatéral en garantie (que j’imagine être des obligations chypriotes et grecques – et encore, les prêts d’urgence ELA de la BCE ont des conditions très légères sur ce point), c’est de la folie…
Mon dernier mot sera donc, en lien avec le billet précédent, pour dénoncer le manque total de transparence de la BCE. Nous ne savons en effet pas quelles banques ont emprunté quoi à la BCE lors de l’opération à 1 000 Md€.
Secret, circulez, il n’y a rien à voir. La BCE fait ce qu’elle veut, en toute “indépendance”. Gageons donc que ces folies se sont produites plusieurs fois – peut-être même sur les 120 Md€ que doivent toujours nos banques françaises à la BCE… Si on peut comprendre qu’il faille de la confidentialité, il n’est pas acceptable :
•qu’aucun élu ne puisse contrôler ce qui se passe ;
•qu’aucun élu n’ait son mot à dire face à la BCE – qui a failli nous conduire aux pires difficultés avec la Russie la semaine passée avec sa menace de blocus de Chypre, “en toute indépendance”…
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chypre
Je n'ai pas tout suivi en détails. Quels sont les causes fondamentales de la crise chypriote ? Si c'est un énorme paradis fiscal, bourré de dépôts, pourquoi les banques coulent-elles ?
Y-a-t-il un texte synthétique sur le sujet ?
__
Pour la Grèce, le Portugal, l'Argentine etc, j'avais compris, mais ce ne sont pas des refuges fiscaux. Alors, mauvaises opérations des banques, comme en Islande ?
Y-a-t-il un texte synthétique sur le sujet ?
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Pour la Grèce, le Portugal, l'Argentine etc, j'avais compris, mais ce ne sont pas des refuges fiscaux. Alors, mauvaises opérations des banques, comme en Islande ?
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Chypre
Il y a pas mal d'infos et textes d'analyse sur ce fil lisible, pas encore détourné...
Mais pour être très synthétique:
- fonds propres très faibles par rapport aux bilans (voir graphique au dessus)
- dans ce bilan, grosses pertes suite à la restructuration de la dette grecque
- rémunération élevée des dépôts; je crois avoir lu plus de 5 % sur de l'Euro !
Après, il peut y avoir une gestion particulièrement favorable aux actionnaires et dirigeants,
autrement dit faillite organisée, mais je ne suis pas au courant.
Par ailleurs, le pays est super endetté...
Mais soyons positifs, regardons vers l'Avenir:
Mais pour être très synthétique:
- fonds propres très faibles par rapport aux bilans (voir graphique au dessus)
- dans ce bilan, grosses pertes suite à la restructuration de la dette grecque
- rémunération élevée des dépôts; je crois avoir lu plus de 5 % sur de l'Euro !
Après, il peut y avoir une gestion particulièrement favorable aux actionnaires et dirigeants,
autrement dit faillite organisée, mais je ne suis pas au courant.
Par ailleurs, le pays est super endetté...
Mais soyons positifs, regardons vers l'Avenir:
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Déclaration OKDE-Spartakos (section IVème)
About the recent developments in Cyprus
OKDE-Spartakos
21 March 2013
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article28228
OKDE-Spartakos
21 March 2013
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article28228
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chypre
Patrick Artus sur Radio Classique expliquait que son économiste spécialiste de Chypre
s’attendait à une contraction de 10% du PIB sur les 2 ans à venir,
vu la quantité d’entreprises qui vont couler suite à ces ponctions sur leur trésorerie...
s’attendait à une contraction de 10% du PIB sur les 2 ans à venir,
vu la quantité d’entreprises qui vont couler suite à ces ponctions sur leur trésorerie...
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Chypre
Dernières nouvelles de Chypre
http://tendanceclaire.npa.free.fr/breve.php?id=4548
http://tendanceclaire.npa.free.fr/breve.php?id=4548
Gaston Lefranc- Messages : 777
Date d'inscription : 26/06/2010
Re: Chypre
CCR :
La chancelière allemande Angela Merkel, le FMI et la BCE ont réussi à imposer in extremis des conditions économiques draconiennes et humiliantes pour la souveraineté nationale chypriote afin que ce pays échappe à la faillite immédiate et évite ainsi d’être poussé hors de la zone euro.
A cette méchante allemande !
Je suppose que l'Etat français n'a aucune responsabilité dans ce qui arrive à Chypre.
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Chypre
Vérié :
Je n'ai pas tout suivi en détails. Quels sont les causes fondamentales de la crise chypriote ? Si c'est un énorme paradis fiscal, bourré de dépôts, pourquoi les banques coulent-elles ?
Les banques prêtent plus que ce qu'elles ont en stock. Vu la crise, les défauts de paiement dans les remboursements de ses prêts en Grèce doivent être particulièrement importants.
Si les placements y sont taxés plus lourdement qu'ailleurs, pourquoi les investisseurs y resteraient ?
Les banques ne pourront honorer les demandes de retraits à partir de leurs fonds propres.
Des banques qui ne prêtent plus, c'est le système qui s'étouffe.
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
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