Libertaires au NPA ?
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Re: Libertaires au NPA ?
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article123167
Des paradoxes d’une social-démocratie libertaire
de : Pierre Bance
mercredi 7 décembre 2011 - 10h52
> Partis > Syndicats
Des paradoxes d’une social-démocratie libertaire
publié sur le site [>http://www.autrefutur.org]
Pierre Bance
Étrangeté qu’une social-démocratie libertaire ! Incongruité qu’un parti libertaire ! Horreur qu’un État libertaire ! C’est pourtant de cela dont il est question avec la social-démocratie libertaire active au sein du Nouveau parti anticapitaliste. Le flagrant délit de viol de la doctrine autorise gendarmes et juges anarchistes à condamner l’idée sans procès. Ne peuvent couvrir ce déni ceux qui veulent avancer vers un autre futur.
Il faut, d’abord, admettre que des deux voies du communisme pas plus l’une que l’autre n’a prouvé qu’elle est la bonne ; le marxisme vautré dans la collaboration de classe ou écrasé par le poids des révolutions trahies est en déroute ; oubliant ses propres échecs, l’anarchisme s’en croit ragaillardi alors qu’il n’est pas même sorti des catacombes pour devenir une alternative audible. Il faut, ensuite, comprendre pourquoi des intellectuels, des militants en viennent à associer des outils d’analyse libertaires au concept de social-démocratie.
Cette social-démocratie libertaire postule que de la confrontation des multiples expressions et expériences anticapitalistes sortiront des solutions équilibrées pour le bien commun. En poursuivant ce dessein syncrétique, elle contribue à la recherche d’un passage vers la société libérée de la domination et de l’aliénation. La tentative n’est pas nouvelle mais, pour le présent, elle constitue un apport original dans une gauche radicale sans destin. Malheureusement, le projet ne résiste pas à une critique anarchiste parce que butant sur l’organisation en parti partout discréditée, parce que prônant la prise du pouvoir plutôt que sa destruction par l’autogestion généralisée, parce que maintenant l’État là où il pourrait être remplacé par le fédéralisme des autonomies. Un peu de libertaire dans la social-démocratie ne suffit pas à la transmuter en idée émancipatrice.
Alchimie
L’hypothèse est qu’il y aurait, entre marxisme et anarchisme, « une troisième politique d’émancipation qui puise dans les deux premières tout en répondant à une série de nouveaux enjeux » (1). L’idée n’est pas nouvelle ; depuis l’échec de la Première internationale et de la Commune, elle parcourt le mouvement socialiste ; les précurseurs en furent, probablement, les allemanistes, les allemanarchistes comme disaient leurs détracteurs (2). Elle revient particulièrement au temps des basses eaux d’un courant. Autrefois, plutôt du côté des anarchistes aux prises avec leurs difficultés d’organisation, leurs complexes devant la magnificence de l’idéologie marxiste, son impérialisme universitaire, politique et syndical. Désormais, plutôt du côté des marxistes confrontés à la fin annoncée de leur histoire. Bien que n’ayant jamais abouti, elle est, aujourd’hui plus que jamais, pour beaucoup de militants, comme le dernier espoir pour construire un autre futur communiste.
Il ne faut donc pas s’étonner, qu’en février 2003, Philippe Corcuff et Michaël Löwy, prirent l’initiative de publier un numéro de la revue théorique trotskiste Contretemps sur le thème « Changer le monde sans prendre le pouvoir ? Nouveaux libertaires, nouveaux communistes » (3). Poser la question, ici, révélait leur préoccupation. La lecture de ce numéro fait comprendre que la démarche sera longue ; les articles se suivent, plutôt juxtaposition d’opinions d’auteurs marxistes ou anarchistes que recherche volontariste de la synthèse souhaitée par les initiateurs en introduction :
« Plutôt que d’essayer de comptabiliser les erreurs et les fautes des uns et des autres – les kyrielles d’accusations réciproques ne manquent pas – nous voudrions plutôt mettre en avant l’aspect positif de cette expérience [la Première Internationale] : un mouvement internationaliste divers, multiple, démocratique, où des opinions politiques distinctes, sinon opposées, ont pu converger dans la réflexion et dans l’action pendant plusieurs années, jouant un rôle moteur dans la première grande révolution prolétarienne moderne [la Commune]. Une Internationale où, libertaires et marxistes ont pu – malgré les conflits – travailler ensemble et engager des actions communes » (4).
Dans ce numéro, Daniel Bensaïd s’offre le luxe d’étriller le philosophe marxiste John Holloway raillant l’idée qu’on puisse changer le monde sans constituer un parti et sans prendre le pouvoir (5). Cela commençait mal (6). La question théorique pour les marxistes est de savoir s’ils surajoutent quelques idées à la doxa initiale qui reste immuable après les avoir digérées ou s’ils convergent avec d’autres pour construire. Dans cette dernière hypothèse, la confrontation des idées doit s’accompagner d’une révolution culturelle de la pensée ce que ne parvint pas à faire Daniel Bensaïd, et d’une remise en cause des pratiques sur laquelle cala le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) dès ses débuts (7).
Dans la tentative représentée par le NPA, l’idée « synthésiste » n’est pas née au sein de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), elle est venue de l’extérieur et s’y est implantée pour acquérir une audience qui dépassera le cercle de ses promoteurs. En décembre 1997, se crée la Sensibilité écologiste libertaire et radicalement sociale-démocrate (SELS) à l’initiative de quatre personnes : Philippe Corcuff, Claire Le Strat, Lilian Mathieu et Willy Pelletier. Le projet n’est pas de transmuter en or le bronze marxiste, de le rénover, mais de le fusionner avec diverses références politiques : l’écologie politique, le féminisme, la tradition libertaire et une social-démocratie radicale. Les membres des SELS sont d’abord intégrés comme « observateurs » au sein de la LCR. En juin 1999, une minorité, dont les principaux organisateurs, adhère à la LCR (.
Indépendamment des déboires connues par le NPA (9), sur le plan théorique, il est intéressant de regarder l’analyse du réseau des SELS qui reste active sous le nom de social-démocratie libertaire. Sa ligne politique s’écrit d’abord par une provocation que rappelle Philippe Corcuff et Willy Pelletier :
« Nous n’étions ni “marxisteˮ, ni “révolutionnaireˮ quand nous sommes entrés à la LCR, et nous ne sommes devenus ni “marxistesˮ, ni “révolutionnairesˮ en cours de route » (10).
Voilà qui mérite précisions.
Ni marxistes, ni révolutionnaires
Si les membres de ce groupe ne sont pas marxistes c’est, en première instance, parce qu’ils contestent que « la structuration économique détermine l’ensemble des activités sociales » (11). Á côté de la domination économique existent d’autres dominations, politique, culturelle, sexuelle, etc. (Pierre Bourdieu), et le pouvoir n’est pas localisé à l’État ou au capital mais diffus dans la société dans de multiples relations sociales (Michel Foucault). Résoudre la question de la capitalisation économique est primordial mais ne règle pas nécessairement toutes celles relatives à la domination et au pouvoir. Trois autres points les écarteraient du marxisme :
l’histoire n’a pas un sens prédéterminé faisant que le mode de production capitaliste s’écroulera sous ses contradictions car, en vérité, l’action politique garde sa part d’aléatoire et d’incertitude (Maurice Merleau-Ponty) ;
le collectif ne doit pas écraser l’individu, les deux doivent se compléter dans une logique d’émancipation (les anarchistes) ;
le productivisme n’est pas signe de progrès (les écologistes).
Ce propos est dépassé. Les marxistes, mis à part quelques dogmatiques, y adhèrent et l’on retrouve ces réflexions, en partie ou en totalité, chez la plupart des penseurs contemporains de ce qu’on appellera la gauche radicale (12). Ce n’est pas là-dessus que la mécanique unificatrice recherchée coince mais sur le choix de l’organisation la plus à même d’en finir avec le capital (parti politique ou autre chose), sur la prise du pouvoir et le sort de l’État (le gérer, le faire dépérir ou le détruire).
Si les membres de ce groupe ne sont pas révolutionnaires, c’est parce qu’ils considèrent qu’il n’y a pas un avant la révolution maléfique et un après merveilleux. On peut être réformiste et anticapitaliste, c’est-à-dire penser que l’on peut parvenir à la société socialiste par la voie parlementaire (Jean Jaurès). On peut être révolutionnaire et conduire à la dictature étatique plus qu’au socialisme (Vladimir Lénine et Léon Trotski). Il faut donc entre un réformisme tellement gradualiste et progressif qui fait que rien ne change, mieux que l’on gère ce que l’on prétend détruire, et une révolution sans garantie, trouver la voie efficace. Ce sera « un genre hybride : “réformistes révolutionnairesˮ […] en essayant d’articuler dialectiquement réformes structurelles et horizon radical d’une société non-capitaliste émancipée » (13). Ces intellectuels, militants politiques, ni marxistes, ni révolutionnaires, sont donc favorables à « l’hypothèse provocatrice » d’une social-démocratie libertaire. Philippe Corcuff en synthétise l’économie :
« La notion de social-démocratie libertaire n’a pas vocation à se présenter comme une solution unifiée aux problèmes de notre temps. Elle vise simplement à introduire des grains de sable dans les habitudes mentales et organisationnelles des gauches, à introduire de l’étrangeté par la mise en tension dans une même expression de deux postures traditionnellement séparées, voire opposées (“social-démocratieˮ et “libertaireˮ). Pour que de la mise en rapport de ressources issues de diverses traditions (anarchismes, marxismes, socialisme républicain, socialisme coopérativiste, etc.) avec les questions renouvelées du XXIe siècle naisse des découpages politiques différents du passé. C’est une notion qui invite donc à la réflexion, au-delà des esprits de clocher concurrents, mais ne la clôt pas sur une proposition définitive. Elle pointe seulement que les termes classiques, comme “communismeˮ ou “socialismeˮ (y compris “socialisme du XXIe siècle‟), apparaissent pour une part inadéquats à cette révolution culturelle. Mais dans cette configuration, “social-démocratieˮ comme “libertaireˮ voient aussi leurs sens se déplacer par rapport à leurs usages dominants » (14).
La social-démocratie dont on parle n’est pas celle de Guy Mollet, Pierre Mendès-France, Michel Rocard, Jacques Delors et autres « socialistes » des IIIe et IVe Républiques, mais celle de Jean Jaurès, Otto Bauer, surtout Rosa Luxemburg (15). Démocratique (républicaine) et sociale (socialiste), elle est le contraire de la totalité, d’une rigide synthèse, c’est « une conception expérimentale et exploratoire de la politique, rompant avec “la certitude”, “la nécessité” et “l’absolu”, et intégrant une part d’incertitude, de probabilité et de fragilité, sans pour autant abandonner tout repère stabilisé » (16). C’est en cela que la social-démocratie est libertaire mais dans un des sens édulcoré du mot, celui d’ouverture d’esprit, non dans son sens politique synonyme d’anarchiste car l’anarchie est une construction cohérente dans sa globalité (17).
Voulant intégrer « le caractère pluriel, composite et mouvant du monde » (18), la social-démocratie libertaire est naturellement conduite à des contradictions dont trois principales que les diverses idéologies socialistes ont chacune résolue par l’élimination du facteur qui les gênait, le facteur libertaire : le collectif contre l’individuel ; la représentation plutôt que la démocratie directe ; l’État aliénant, mieux l’État protecteur au lieu d’une société sans État. À lire ses promoteurs, la social-démocratie libertaire est affectée d’un symbiote anarchiste qui vient rectifier les travers, les tensions, les emballements étatique du socialisme, autoritaire ou non. La social-démocratie libertaire s’installe dans les anciennes institutions (partis, élections, pouvoir, Parlement, État) et sa critique anarchiste, facteur permanent de rappel à l’ambition nouvelle, prémunit contre toute déviation, à défaut, impose la rectification. La critique anarchiste empêche la réconciliation car « il n’y aurait de pire tyrannie qu’une société réconciliée, ou qu’une société politique réconciliée » puisque rapidement réapparaîtrait ce que l’on a voulu détruire (19) ; les exemples historique son nombreux au premier rang desquels la Révolution russe de 1917 mais aussi la Révolution espagnole de 1936 (20). Ainsi parviendrait-on à l’« équilibration des contraires » telle que l’envisagerait Pierre-Joseph Proudhon (21) ou à une forme de la démocratie radicale issue des luttes hégémoniques explorée par et Ernesto Laclau Chantal Mouffe (22). Comment sont donc « gérées » les trois contradictions, interdépendantes, de la social-démocratie libertaire ?
Liberté individuelle et représentation
La résolution de la première est un préalable à toute autre avancée. La liberté de l’individu ne doit souffrir du collectif que pour les nécessités de la vie en société quand l’égoïsme l’emporterait sur la solidarité (23). Un principe commun au libéralisme philosophique et à l’anarchisme mais étranger au marxisme dans sa version bolchévique et les applications du socialisme réel. En pratique, il s’agit de concilier respect de l’individu et efficacité de l’action collective dans l’organisation qui prétend conduire à une société émancipée comme dans la société elle-même. La social-démocratie libertaire sera une nouvelle tentative pour envisager, expérimenter un autre rapport à la politique qui fasse que le replacement de l’individu grâce à « l’invention libertaire » (24) ne se limite pas seulement à sa préservation dans l’action collective mais soit un renforcement de cette dernière, là où il est généra-lement représentée comme un frein.
« La lucidité libertaire à l’égard des mécanismes de concentration des pouvoirs, comme des satisfactions que l’occupation des hautes sphères publiques procure, est ainsi devenue un point de passage obligé » (25).
Mais les instruments de la critique anarchiste ont-ils un sens s’ils ne sont pas suivis d’une pratique anarchiste ? D’un projet communiste ?
Questions qui conduisent aux problématiques des deux autres contradictions : la représentation, le rôle de l’État. C’est plus dans le présent de son organisation et de ses possibles dans la société actuelle que dans le futur émancipé que la social-démocratie libertaire évoque des outils permettant de contrarier les modes de représentation aliénant la souveraineté individuelle (26). Il s’agit de réduire la domination bureaucratique des représentants (dirigeants, élus) sur les représentés (militants, électeurs) engendrée par la professionnalisation du politique (27). Pour cela, les doctrines anti-autoritaires proposent le mandat impératif (ou précis), la révocation à tout moment (ad nutum). Philippe Corcuff et ses camarades sont des lecteurs de Proudhon qui écrivait en 1848 :
« Le choix des capacités, le mandat impératif, la révocabilité permanente, sont les conséquences les plus immédiates, les plus incontestables du principe électoral. C’est l’inévitable programme de toute la démocratie » (28).
L’environnement politique n’est plus celui d’après la Révolution de février. Aujourd’hui, ces normes de la démocratie directe trouvent application dans un syndicalisme révolutionnaire informel qui refait surface dans les assemblées générales lors des conflits du travail locaux ou même nationaux comme durant la lutte contre la réforme des retraites d’octobre 2010, voire internationaux dans les pratiques des mouvements des « Indignés ». La social-démocratie libertaire souhaite les transposer dans le cadre politique d’un nouveau parti, « un paradoxal parti libertaire » qui les appliquerait à ses dirigeant et à ses élus (29). Encore faut-il s’entendre sur le mot parti, se rappeler ce qu’en disait Daniel Bensaïd : peu importe si le parti s’appelle organisation, force, mouvement, front, ligue ou autre chose, seul compte l’intention et « pourquoi ne pas appeler un chat un chat, et parti ce qui prend parti ? » (30). C’est donc bien d’un parti dont parle Willy Pelletier quand il décrit ce que le NPA devrait être :
« Un parti politique libertaire, organisé autour de quelques dispositifs : la collégialité et la mixité du porte-parolat pour éviter la concentration du capital symbolique, le principe du tourniquet à mi-mandat pour les élus institutionnels, l’interdiction des cumuls, le travail collectif à l’intérieur d’un groupe élus-co-élus… ».
« Un parti libertaire dans son organisation interne, libertaire dans son rapport défiant aux institutions, mais apte à gouverner (en se méfiant de lui-même gouvernant » (31).
L’État, mais quoi l’État ?
« Apte à gouverner ». La vocation d’un parti politique est, en effet, de prendre le pouvoir pour gouverner, non de le détruire. Il peut le faire de deux manières, les combinant parfois. La première est la révolution violente, la social-démocratie libertaire est assez sèche sur le sujet. La deuxième est la voie démocratique, soit l’élection. Elle a sa préférence mais avec nuance ; la notion de délégation de pouvoir, de représentation doit prendre diverse formes pour « inventer une nouvelle galaxie démocratique dé-professionnalisée » ; à côté de l’élection traditionnelle de la démocratie bourgeoise « composante secondaire, mais nécessaire » sont associés d’autres modes de représentation venant la mettre en tension : « les procédures directes, le participatif, le délibératif, le tirage au sort, le représentatif » (32). Tout moyen est bon pour plus de démocratie, mais quid du « nécessaire » de l’élection de type parlementaire ? Elle est nécessaire parce qu’un Parlement subsiste, pièce de « quelque chose comme un paradoxal “État libertaireˮ » (33). Ainsi :
« L’État n’est ni pour nous le seul ou le principal outil de changement, ni un diable dont on doit nécessairement se tenir à distance dans un “contre-pouvoir”. C’est un des outils disponibles du changement, qui a des inerties, des déformations et des pièges, et qu’on doit donc tenter de changer tout en essayant de le mettre au service du changement » (34).
Avant même d’être « apte à gouverner » l’État libertaire, le parti libertaire devra composer avec d’autres dans un gouvernement. Ce compromis étatique se fonde sur l’idée qu’il y parfois plus de radicalité dans la négociation que dans la radicalité quand cette dernière freine la progression. Comment pourra-t-il faire ce qu’une organisation libertaire, puissante, la Confédération nationale du travail, n’a pu réaliser en pleine révolution (35) ? Les outils libertaires ne s’adaptent pas au fonctionnement d’un gouvernement quel qu’il soit, même bien intentionné. Ils n’ont de sens que dans une organisation repensée à l’aune du fédéralisme auto-gestionnaire. Le pouvoir corrompt et pas plus qu’il n’y eut de ministres anarchistes, il n’y aura de députés libertaires (36). Si un gouvernement populaire acceptait que les députés (délégués) soient munis de mandat impératifs, soient révocables à tout moment par leurs mandats, alors ce gouvernement s’engagerait dans un ordre nouveau qui conduirait à la dissolution de l’ordre ancien ; ainsi se retrouverait-on dans un processus de dépérissement de l’État dont l’histoire de l’État socialiste soviétique ou de la Chine populaire ont montré l’impossibilité voire l’inanité puisque conduisant à l’opposé du but recherché (37). Les penseurs de la social-démocratie libertaire annexent les outils de la critique anarchiste pour en faire apport au substrat social-démocrate radical comme le font, pour le marxisme, nombre de philosophes ripolineurs. Plus généralement le « libertaire » devient le remède indispensable à la survie des doctrines dépassées (38) ; de « fausses ruptures habillées de neuf, et de vraies impasses étatistes de toujours » (39). La démarche s’éclaire dans un texte récent de Philippe Corcuff :
« Être encore davantage “le parti anti et hors système”. Mais pas seulement au sens marxiste du terme : anti-système capitaliste, mais aussi au sens libertaire du terme : anti-système de la représentation politique professionnelle » (40).
Ainsi le marxisme est anticapitaliste ; le libertaire est contenu à la critique de la représentation. Le mot « libertaire » est purgé de sa signification première « anarchiste » laquelle est autant et même plus anticapitaliste que le marxisme quand elle prend la forme de la critique du capitalisme d’État. La critique anarchiste, dépossédée de son projet communiste, n’est plus que le cache-misère des déroutes idéologiques.
Quelque chose comme une confédération
La chose n’échappe pas aux partisans de la social-démocratie libertaire ; peut-être pressentent-ils qu’en se cantonnant à ce raisonnement, la social-démocratie libertaire nourrit sa propre mort. Philippe Corcuff et Lilian Mathieu ajustent le propos, se donnent de l’air :
« Nos valeurs pluralistes et libertaires, renforcées par les impasses autoritaires de l’émancipation au XXe siècle, les insuffisances historiques et actuelles des modèles anciens, “anarcho-syndicaliste” et “social-démocrate/léniniste”, comme l’inadéquation des stéréotypes actifs aujourd’hui vis-à-vis des réalités observables nous conduisent à privilégier, sur le plan d’une philosophie politique prescriptive, un modèle pluridimensionnel de contestation et de transformation sociales, faisant place à une pluralité d’institutions autonomes (syndicats, associations, mouvements, partis, etc.), non hiérarchisées, ayant des zones d’intervention pour une part communes, pour une part distinctes, engagées tout à la fois dans des tensions et des coopérations dans le cadre d’un équilibre instable et dynamique ».
Ils concluent : « Dans cette configuration, nous faisons l’hypothèse que le NPA a un rôle important, mais ni principal, ni dominant, à jouer » (41).
Conclusion qui aujourd’hui pourrait prêter à railleries tant la déception est profonde chez ceux qui crurent au devenir du PNA et tant sa mort était inscrite dans une analyse anarchiste du projet (42). Ceci ne dispense – surtout pas – de tirer les enseignements de l’échec pour progresser encore car avoir raison seuls ne conduit pas loin. Et les anarchistes commencent à le comprendre (43).
Les aspirations de la social-démocratie libertaire qui paraissent s’élargir dans le Réseau de réflexions et de pratiques autogestionnaires et libertaires, dépassent les limites d’un NPA agonisant dans une dernière dérive électoraliste (44) ; elles s’inscrivent dans le questionnement général sur le futur du communisme (45). Les nuances qu’apportent à leur idée les sociaux-démocrates libertaires, leurs ouvertures, leur réalisme sur l’état de la force révolutionnaire, font penser qu’ils sont proches du syndicalisme révolutionnaire. Ce n’est pas le cas pour, au moins, trois raisons :
le syndicalisme révolutionnaire n’exclut pas l’action réformiste pour améliorer le bien-être social, mais son pragmatisme n’est qu’une phase de préparation à la révolution dont le détonateur est la grève générale (le rêve général) ;
le syndicalisme révolutionnaire écarte radicalement la voie parlementaire ;
le syndicalisme révolutionnaire propose de remplacer l’État bourgeois par une société fédéraliste à son image.
Ces trois raisons sont-elles suffisantes pour que les anti-autoritaires, toutes tendances confondues, repoussent d’un revers de main les idées de la social-démocratie libertaire s’enfermant dans leurs projets, certes magnifiques, mais végétatifs ? Quand, simple exemple, Philippe Corcuff et ses camarades réfléchissent à « quelque chose comme un paradoxal “État libertaireˮ », ce « paradoxal État » ne recouvre-t-il pas une solution proche des ambitions de la Première Internationale, de la Commune de Paris, du bref été de l’anarchie en Catalogne et du fédéralisme autogestionnaire (46) ?
Existe-t-il du côté des anticapitalistes anti-autoritaires cette volonté de sortir de leurs certitudes pour se poser de telles questions afin de contribuer à l’élaboration d’un projet qui ne sera pas exactement ce qu’ils voudraient mais qui s’en approchera ? Un projet qui se passe d’un parti en concevant une nouvelle forme d’organisation autogestionnaire ; qui renonce à la prise du pouvoir en cessant de conforter le jeu de la démocratie capitalo-parlementaire ; qui conçoive une autre société, fédéraliste, sans État, ou si peu d’État, où la seule autorité sera celle conférée par un mandat précis et révocable par les assemblées mandantes souveraines ? Un anarchiste, passé du côté des partis, assène une image pessimiste :
« Espérons, mais doutons. Il est à craindre qu’aujourd’hui comme hier, anarchistes et marxistes ne demeurent repliés sur leurs parcelles, et susceptibles d’analyses homologues à celles de Marx, relatives aux paysans parcellaires [Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, 1852]. “Le mode de production” des anarchistes et des trotskistes “les isole les uns des autres, au lieu de les amener à des relations réciproques”. “Chacune des familles” anarchistes ou trotskiste “se suffit presque complètement à elle-même, produit directement elle-même la plus grandes partie de ce qu’elle consomme, et se procure ainsi des moyens de subsistance”. Cimenter l’alliance, séculariser les “traditions”, sacré défi ! Sociologiquement improbable » (47).
Improbable n’est pas révolutionnaire !
Notes
(1) Philippe Corcuff, « De Rosa Luxemburg à la social-démocratie libertaire », Contretemps, n° 6, février 2003, page 102.
(2) Jean Allemane (1843-1935), fils d’un modeste marchand de vin de Haute-Garonne, participa à la Commune ce qui lui valut la déportation en Nouvelle-Calédonie. De retour en 1880, il reprit son métier de typographe. Il adhéra au Parti ouvrier de Jules Guesde et scissionna avec les possibilistes de Paul Brousse en 1882. Ces derniers l’exclurent de la Fédération des travailleurs socialistes de France et le conduisirent à fonder, avec ses partisans, le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire en 1890 ; bien que Jean Allemane ni occupa aucune responsabilité particulière, on l’appela le parti allemaniste. Plus que des anarchistes, c’est des syndicalistes révolutionnaires que ce parti fut proche prônant notamment la grève générale. En déclin, les allemanistes se fondirent dans la Section française de l’Internationale ouvrières (SFIO) en 1905 ; Allemane remplit une charge de député de Paris de 1901 à 1902, puis de 1906 à 1910. Après la guerre, il suivit avec sympathie la fondation du Parti communiste mais désapprouva la théorie léniniste sur les syndicats.
Voir la biographie de Jean Allemane, la bibliographie et les sites s’y rapportant sur Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_A...).
(3) Contretemps, « Changer le monde sans prendre le pouvoir ? Nouveaux libertaires, nouveaux communistes », dosser rassemblé par Philippe Corcuff et Michaël Löwy, n° 6, février 2003, 196 pages.
« Changer le monde sans prendre le pouvoir » rappelle le titre d’un fameux ouvrage de John Holloway, Changer le monde sans prendre le pouvoir. Le sens de la révolution aujourd’hui, traduit de l’édition espagnole (Mexique) par Sylvie Bosserelle, coédition Syllepse (Paris) et Lux (Montréal), 2007, 320 pages.
On remarquera également que le sous-titre « Nouveaux libertaires, nouveaux communistes », n’est pas rigoureux. Étant entendu que les libertaires sont des communistes, il fallait écrire « Nouveaux libertaires, nouveaux marxistes ».
(4) Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), page 9.
Ce à quoi, deux universitaires suisses, Philippe Gottraux et Bernard Voutat, ajoutent : « Il n’en reste pas moins que certaines de ces traductions ont manifesté dans l’histoire des enjeux bien réels, au demeurant tranchés parfois devant les pelotons d’exécution » (« Anarchisme et marxisme : vrai contentieux et faux clivage », Contretemps, précité, page 174).
(5) Daniel Bensaïd, « La Révolution sans prendre pouvoir ? À propos d’un récent livre de John Holloway », Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), page 45.
Sur ce livre ce livre voir ci-dessus la note (3).
(6) Et continue mal. En 2011, dès l’introduction d’un article, un de la vieille garde trotskiste, dans la nouvelle série de la même revue, prend à rebours la proposition de Philippe Corcuff et Michaël Löwy : « L’Association internationale des travailleurs (1ère Internationale) fut dissoute en 1876, après des débats qui manifestaient l’incompréhension de ce que son fédéralisme et ses confusions théoriques et politiques étaient une cause importante de la défaite de la Commune de Paris », il ajoute un insert superfétatoire, comme pour casser toute réflexion sur le fédéralisme et bloquer toute discussion avec les anarchistes plutôt susceptibles sur le sujet : fédéralisme et confusions « qui avaient en particulier permis le fractionnisme de Bakounine, grand responsable de l’échec de la Commune de Lyon » (Michel Lequenne, « Un seul marxisme – 3. Dernières luttes de Marx et Engels », Contretemps, n°10, juin 2011, page 127).
(7) Voir Pierre Bance, « Lecture syndicaliste révolutionnaire de Daniel Bensaïd », Autrefutur.org, septembre 2011 (http://www.autrefutur.org/IMG/pdf/L...).
( Ils viennent : Philippe Corcuff des Verts après être passé au Parti socialiste (tendance Ceres), puis au Mouvement des citoyens ; Claire Le Strat des Verts ; Lilian Mathieu et Willy Pelletier également des Verts mais après la Fédération anarchiste.
L’histoire est contée par Philippe Corcuff et Willy Pelletier dans un article : « “NPAˮ : l’expérience sociale-démocrate libertaire comme analyseur d’enjeux actuels », Critique communiste, n° 187, « Nouveau parti anticapitaliste : enjeux, stratégie, programme », juin 2008, page 171 (consultable sur : http://blogs.mediapart.fr/blog/phil...). Le réseau des SELS est alors constitué de quelques dizaines de militants dont des professionnels de la politique idéologiquement peu sûrs comme Clémentine Autain.
(9) Voir son site : http://www.npa2009.org/.
(10) Philippe Corcuff et Willy Pelletier, « “NPAˮ : l’expérience sociale-démocrate libertaire comme analyseur d’enjeux actuels », Critique communiste, n° 187, juin 2008, article précité note (.
(11) Philippe Corcuff et Willy Pelletier, « “NPAˮ : l’expérience sociale-démocrate libertaire comme analyseur d’enjeux actuels », Critique communiste, n° 187, juin 2008, article précité note (.
(12) Lire, simple exemple, Alain Badiou et Slavoj Žižek (sous la direction de), L’Idée du communisme. Conférence de Londres, 2009, sl, Nouvelles éditions Lignes, 2010, 352 pages.
(13) Philippe Corcuff et Willy Pelletier, « “NPAˮ : l’expérience sociale-démocrate libertaire comme analyseur d’enjeux actuels », Critique communiste, n° 187, juin 2008, article précité note (. S’il existait toujours, il est probable que ce groupe eut sa place au Parti socialiste unifié (PSU) plus qu’à la LCR-NPA ralliée parce que force de la gauche radicale « la plus importante en quantité et en qualité » (article précité).
(14) Philippe Corcuff en introduction à « Galaxie altermondialiste et émancipation au XXIe siècle : l’hypothèse d’une social-démocratie libertaire », réflexion préparatoire à l’Université citoyenne d’Attac France (Toulouse, 22-26 août 2008) consacré à « L’altermondialisme aujourd’hui ». (http://blogs.mediapart.fr/blog/phil...).
(15) Voir Philippe Corcuff, « De Rosa Luxemburg à la social-démocratie libertaire », Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), page 101.
(16) Philippe Corcuff, « Galaxie altermondialiste et émancipation au XXIe siècle : l’hypothèse d’une social-démocratie libertaire », article précité note (14).
(17) Jean-Pierre Garnier, « Appellations peu contrôlées », à propos de mots « anarchiste » et « libertaire », Le Monde diplomatique, janvier 2009, page 17.
(18) Philippe Corcuff, B.a.-ba philosophique de la politique pour ceux qui ne sont ni énarques, ni politiciens, ni patrons, ni journalistes, Paris, Textuel, « Petite encyclopédie critique », 2011, 140 pages, citation page 96.
(19) Willy Pelletier, « Les anarchistes et la reproduction de l’anarchisme », Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), citation page 170.
(20 ) Pour la première révolution voir le solide point de vue d’un historien anarchiste : René Berthier, Octobre 1917, le Thermidor de la révolution russe, Paris, Édition CNT Région parisienne, 2003, 286 pages.
Pour la deuxième, l’ouvrage destructeur de mythes et légendes de César M. Lorenzo, Le Mouvement anarchiste en Espagne. Pouvoir et révolution sociale (Seuil, 1969), Saint-Georges-d’Oléron, Les Éditions libertaires, 2006, 560 pages (deuxième édition enrichie d’un développement couvrant la période après 1970 jusqu’à l’approche des années 2000).
(21) Philippe Corcuff, « Galaxie altermondialiste et émancipation au XXIe siècle : l’hypothèse d’une social-démocratie libertaire », article précité note (14), 3e § « Un projet d’“équilibration” des tensions ». Voir également, pages 105 et 106 du B.a.-ba philosophique de la politique de Philippe Corcuff, précité note (18).
Pierre-Joseph Proudhon, Théorie de la propriété (1865), Paris, L’Harmattan, « Les introuvables », 1997, page 206. Ce livre est disponible sur le site de l’Université du Québec, le chapitre VII concernant « l’équilibration » commence page 92 (http://classiques.uqac.ca/classique...).La deuxième édition de 1866 peut également être consultée sur Google books, « l’équilibration » commence page 172 (http://books.google.fr/books).
(22) Ernesto Laclau, Chantal Mouffe, Hégémonie et stratégie socialiste. Vers une politique démocratique radicale (1985), préface à l’édition française d’Étienne Balibar, traduit de l’anglais par Julien Abriel, Besançon, Les Solitaires intempestifs, « Expériences philosophiques », 2009, 338 pages.
(23) Ce qui fait dire à Olivier Besancenot : « Plus largement, ce qui je puise dans la critique libertaire, c’est la tentative de réhabiliter une partie de la question de l’individu » (« Ma génération et l’individualisme. La gauche radicale face à de nouveaux défis » in Politiquement incorrects. Entretiens du XXIe siècle, Paris, Textuel, 2008, 384 pages, citation page 373 ; entretien avec Philippe Corcuff, précédemment publié dans Contretemps, n° 16, février 2006).
(24) Philippe Corcuff, « Nouveau parti anticapitaliste : c’est pour quand le “nouveau” ? », Rue89, 11 février 2011 (http://www.rue89.com/2011/02/11/nou...).
(25) Philippe Corcuff, B.a.-ba philosophique de la politique, précité note (18), page 12.
(26) Philippe Corcuff précise : « La prise en compte de cette dimension est indispensable si l’on veut pointer des risques récurrents pour les projets politiques à visée émancipatrice, c’est-à-dire les risques d’être pris par le pouvoir qu’on croit prendre lorsqu’on veut changer les monde » (B.a.-ba philosophique de la politique, précité note [18], page 104).
(27) « Après deux siècles d’échecs des tentatives pour s’émanciper du capitalisme, nous avons maintenant compris que l’anticapitalisme ne peut aller sans critique libertaire de la professionnalisation et de la domination des représentants sur les représentés » (Philippe Corcuff, « La gauche après “les hommes providentiels” », Le Monde.fr, 19 mai 2011, à propos du retrait d’Olivier Besancenot de la compétition présidentielle).
(28) Pierre-Joseph Proudhon, Solution du problème social, Paris, Guillaumin, 1848, 119 pages, citation au chapitre II, point 4, page 79 (consultable sur Google Books).
Proudhon n’a pas inventé le mandat impératif, son origine est plus ancienne. Dans son acception moderne, on en trouve trace dès la Révolution française. Lire de Pierre-Henri Zaidman, Le Mandat impératif. De la Révolution française à la Commune de Paris, coédition des Éditions du Monde libertaire (Paris) et des Éditions libertaires (Saint-Georges-d’Oléron), sd, 90 pages.
(29) L’expression « paradoxal parti libertaire » se lit dans l’article « Non le NPA n’est pas morts ! » de Philippe Corcuff, Sandra Demarcq et Willy Pelletier, blog de Philippe Corcuff sur Mediapart, 18 février 2011 (http://blogs.mediapart.fr/blog/phil...).
Les écologistes ont tenté, sans succès, d’instaurer de tels parapets. Il suffit d’observer leur député européen Daniel Cohn-Bendit pour comprendre que le seul mandat qui le conduise est celui qu’il se donne ; mandat impératif, rotation des tâches et révocabilité ont fait les frais de la professionnalisation aussi bien chez les Verts français qu’allemands.
(30) Daniel Bensaïd, Contretemps, n° 1, « La nouvelle gauche anticapitaliste », 1er trimestre 2009, page 19.
(31) Willy Pelletier, « Les anarchistes et la reproduction de l’anarchisme », Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), citations pages 168 et 169.
(32) Philippe Corcuff, « La gauche après “les hommes providentiels” », Le Monde.fr, 19 mai 2011, précité note (27).
(33) Philippe Corcuff et Willy Pelletier, « “NPAˮ : l’expérience sociale-démocrate libertaire comme analyseur d’enjeux actuels », Critique communiste, n° 187, juin 2008, article précité note (.
(34) Philippe Corcuff, « Galaxie altermondialiste et émancipation au XXIe siècle : l’hypothèse d’une social-démocratie libertaire », précité note (14), 1er § « Une philosophie politique de la pluralité et de l’expérimentation ».
(35) Est fait ici allusion à la participation de la Confédération nationale du travail aux gouvernements républicains pendant la guerre d’Espagne ; fameuse polémique sur les ministres anarchistes. Lire de César M. Lorenzo, Le Mouvement anarchiste en Espagne. Pouvoir et révolution sociale, précité note (20).
(36) Quand dans un entretien du 29 juin 1977, Freddy Gomez demande à Juan García Oliver, ministre de la Justice du gouvernement républicain espagnol en 1936 s’il n’eut pas quelques problèmes avec sa conscience anarchiste, il répond : « l’anarchiste n’a aucun problème de conscience, pour la simple raison qu’il a cessé d’être anarchiste » en devenant ministre, D’une Espagne rouge et noire ; traductions de l’espagnol de Freddy Gomez et Monica Gruszka, Saint-Georges-d’Oléron, Les Éditions libertaires, « Á Contretemps », 2009, 238 pages ; citation page 167.
(37) Voir René Berthier, Octobre 1917, le Thermidor de la révolution russe, précité note (20).
(38) Des Verts (Le Monde, 13 avril 2010) aux communistes réformateurs (Le Monde, 9 juin 2010), en passant par le philosophe Edgar Morin (Le Monde, 23 mai 2010), tout le monde est libertaire. Même Stéphane Hessel dans son Indignez-vous ! fait référence au « message libertaire » (Paris, Indigène, « Ceux qui marchent contre le vent », 2010, 32 pages, citation page 13). Ce ne sont là que quelques exemples de l’appauvrissement de la portée politique du mot.
Lire « Appellations peu contrôlées » de Jean-Pierre Garnier qui conclut : « Autant dire que les néolibertaires ne font qu’ajouter l’indispensable note “néo” à un conservatisme renforcé » (Le Monde diplomatique, janvier 2009, page 17).
(39) Philippe Gottraux et Bernard Voutat, « Anarchisme et marxisme : vrai contentieux et faux clivage », Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), page 182.
(40) Philippe Corcuff, « Le NPA n’est pas encore né. Quelques pistes sur la situation difficile (mais pas désespérée du NPA après la Conférence nationale de juin 2011 », Europe solidaire sans frontières, 13 juillet 2011 (http://www.europe-solidaire.org/spi... ; chercher « Corcuff).
(41) Philippe Corcuff et Lilian Mathieu, « Partis et mouvements sociaux : des illusions de “l’actualité” à une mise en perspective sociologique », Actuel Marx, n° 46, « Partis/mouvements », 2009/2, page 80.
La critique faite à l’anarcho-syndicalisme repose sur sa volonté de résoudre seul tous les problèmes de la société, celle aussi, probablement, de ne faire confiance qu’à la classe ouvrière.
(42) Lire ci-dessous une tribune de l’auteur écrite à l’occasion du congrès constitutif du NPA, en février 2009, refusée par Le Monde et Libération. L’impasse NPA
L’histoire est ainsi qu’elle récompense ceux qui sont là au bon moment. Peut-on blâmer l’opportunisme de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) qui, en fondant le nouveau parti anticapitaliste (NPA), revitalise et fait rêver au-delà même de la gauche radicale ? Pourtant, l’espoir se mutera vite en déception pour ne pas avoir tenu compte de l’expérience plus que centenaire du mouvement socialiste. Les mêmes chimères conduiront aux mêmes désillusions.
Dans le socialisme d’origine, il faut conquérir l’État pour le détruire. Deux méthodes ont été proposées par ses pères. La tendance anti-autoritaire souhaitait renverser l’État concomitamment à sa conquête par la révolution et le remplacer par un fédéralisme communiste (autogestionnaire pour utiliser un qualificatif moderne). Dans la vulgate marxiste, il y a lieu de créer un parti pour conquérir l’État, conquérir l’État par tout moyen pour exercer le pouvoir, exercer le pouvoir pour faire dépérir l’État, c’est-à-dire le dissoudre lentement.
Le NPA adhère à la seconde proposition. Il crée un parti pour conquérir l’État. Alors comment être anticapitaliste dans une société capitaliste ?
L’histoire éclaire l’alternative qui ne connaît pas d’exception à ce jour.
● Faire une révolution ; le parti prend alors le pouvoir et le garde non pour détruire l’État comme prévu mais pour instaurer un capitalisme d’État adossé à une dictature politique, ce furent l’URSS, les démocraties populaires et la Chine.
● Ou jouer le jeu de la démocratie bourgeoise ; le jouer ouvertement comme les partis socialistes ou sociaux-démocrates et s’engluer dans le système au point d’en conforter les pires aspects, d’en assurer même une alternance gestionnaire ; jouer le jeu de manière interlope et inexorablement mourir dans la monotonie électorale, de mort lente comme les partis communistes occidentaux ou de mort brutale comme, en participant au gouvernement Prodi de centre gauche, vient d’en faire les frais Rifondazione communista, si proche par l’idée et la manière du NPA.
Comment expliquer que les fondateurs de ce dernier n’aient pas retenue la leçon et créent un parti traditionnel n’écartant nullement la possibilité d’exercer le pouvoir dans un gouvernement de gauche ? Que ses adhérents se bercent d’un rêve aux risques gravés dans la mémoire ouvrière ? Risque d’un petit succès électoral appuyé sur un leader médiatique permettant une vie végétative au regard de l’ambition affichée. Risque, probable, d’une lente dilution au fur et à mesure des prises de conscience de l’impasse.
Bien sûr les penseurs de gauche ont failli. Les brillantes critiques du capitalisme et du biopouvoir des Giorgio Agamben, Alain Badiou, John Holloway, Antonio Negri, Jacques Rancière, Slavoj Žižek… ont en commun de ne rien proposer. Comme conscients que la doctrine marxiste à laquelle tous continuent de se rattacher hypothèque de dérives léninistes, staliniennes ou maoïstes toute prospective. Mais le rôle des intellectuels ne se limite pas à l’analyse pour ensuite se contenter de dire que « l’hypothèse communiste » qu’il faudra construire n’aura rien à voir avec le funeste passé. Ils doivent, pour que le mouvement progresse, montrer ce qu’elle pourrait être, donner des idées pour y arriver. Il est à craindre qu’ils ne le puissent, prisonniers de la dialectique « parti, État, pouvoir » dont ils ne savent se dégager. D’où, aujourd’hui, le vague idéologique du NPA. Comme le syndicalisme révolutionnaire de la CGT historique, il entend « prendre le meilleur dans le mouvement ouvrier » (Oliver Besancenot, Le Monde.fr, 9 novembre 2008).
Sauf que le syndicalisme révolutionnaire dénie au parti toute capacité de représentation des travailleurs, n’aspire pas à conquérir l’État et prendre le pouvoir mais à y substituer son mode d’organisation.
Mais c’est peut-être, pourtant, de ce côté-là qu’il faut chercher pour sortir de la logique de la démocratie parlementaire. C’est bien de ce côté-là que, partout dans le monde, et encore aujourd’hui à Belem, les mouvements sociaux creusent pour réinventer l’assemblée générale décisionnelle et le mandat impératif, la mise au ban des partis et la gestion directe, l’autonomie des cellules de base (communes, syndicats, coopératives, mutuelles…) et le fédéralisme. Les quelques bribes qu’en prend le NPA pour faire bonne mesure ne sont nullement une garantie pour parvenir à un autre futur. Pierre Bance, le 3 février 2009.
(43) Un texte du 68e Congrès de la Fédération anarchiste (Corbigny, juin 2011) pose, avec réalisme et concision, les questions « d’une problématique de la convergence ». Publié sous le titre « La convergence concrète avec les anarchistes » dans Le Monde libertaire (n° 1641, 23-juin-6 juillet 2011), il devait être l’occasion d’ouvrir le débat dans l’organe de la Fédération anarchiste. Celui-ci n’a pas eu lieu, ce qui laisse à penser que, de ce côté-là, il n’y a rien d’encourageant.
(44) Le Réseau de réflexions et de pratiques autogestionnaires et libertaires a été créé, au sein du NPA, le 14 mai 2011. Le compte rendu de la réunion constitutive est pauvre car il aligne une série d’observations diverses sans dégager une stratégie au sein, ou au-delà, du NPA. Ceci ne veut pas dire que les participants ont une pensée pauvre mais que leurs réflexions, leurs discussions où n’ont pas encore trouvé de lignes suffisamment fortes, où que le compte-rendu ne les valorise pas. Lire ce compte rendu sur le site Divergences (www.divergences.be/spip.php ?article 2708) ; voir aussi Philippe Corcuff, Mediapart, « Marxistes et libertaire : hommage à Léonce Aguirre » (http://blogs.mediapart.fr/blog/phil...).
Il convient aussi de signaler l’existence, au sein du NPA, à la manière situationniste, d’un courant anarcho-droitier, selon sa propre qualification (http://fightclubnpa.blogspot.com/) : « Le problème au NPA c’est qu’on a plein d’intellos : ils sont tout mous et tout trotskistes alors que, comme on dit à la section, les intellos ça pourrait être bien parce qu’ils savent plein de trucs qu’on sait pas et qu’ils sont forts à la bagarre de la tête » (Dominique Marc, « Les intellectuels de classe », 13 novembre 2011). Rappelons que pour Philippe Corcuff, « Le NPA n’est pas encore né », Europe solidaire sans frontières, 13 juillet 2001, précité note (40).
(45) Deux universitaires proches du NPA, Cédric Durand et Ramzig Keucheyan, ont publié dans Libération du 3 novembre 2011, une tribune « Pour un front unique contre l’austérité » ; ce front unique qui évoque le front unique ouvrier des trotskistes, réunirait les trois « forces susceptibles de résister à l’austérité » : la gauche de la gauche, les mouvements, les syndicats. « Cette rencontre pourrait prendre la forme d’un front social et politique – d’un front unique contre l’austérité –, dont les formes d’organisations seront nécessairement souples, mais dont le critère d’appartenance serait l’hostilité de principe à l’austérité qui vient ».
(46) Là encore la lecture du Mouvement anarchiste en Espagne. Pouvoir et révolution sociale de César M. Lorenzo, est instructive, précité note (20).
(47) Willy Pelletier, « Les anarchistes et la reproduction de l’anarchisme », Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), citations page 172.
Texte libre de droits avec mention de l’auteur : Pierre Bance, et de la source : Autrefutur.org, site de l’Union Technique Syndicale, CNT-RP
http://www.autrefutur.org
Des paradoxes d’une social-démocratie libertaire
de : Pierre Bance
mercredi 7 décembre 2011 - 10h52
> Partis > Syndicats
Des paradoxes d’une social-démocratie libertaire
publié sur le site [>http://www.autrefutur.org]
Pierre Bance
Étrangeté qu’une social-démocratie libertaire ! Incongruité qu’un parti libertaire ! Horreur qu’un État libertaire ! C’est pourtant de cela dont il est question avec la social-démocratie libertaire active au sein du Nouveau parti anticapitaliste. Le flagrant délit de viol de la doctrine autorise gendarmes et juges anarchistes à condamner l’idée sans procès. Ne peuvent couvrir ce déni ceux qui veulent avancer vers un autre futur.
Il faut, d’abord, admettre que des deux voies du communisme pas plus l’une que l’autre n’a prouvé qu’elle est la bonne ; le marxisme vautré dans la collaboration de classe ou écrasé par le poids des révolutions trahies est en déroute ; oubliant ses propres échecs, l’anarchisme s’en croit ragaillardi alors qu’il n’est pas même sorti des catacombes pour devenir une alternative audible. Il faut, ensuite, comprendre pourquoi des intellectuels, des militants en viennent à associer des outils d’analyse libertaires au concept de social-démocratie.
Cette social-démocratie libertaire postule que de la confrontation des multiples expressions et expériences anticapitalistes sortiront des solutions équilibrées pour le bien commun. En poursuivant ce dessein syncrétique, elle contribue à la recherche d’un passage vers la société libérée de la domination et de l’aliénation. La tentative n’est pas nouvelle mais, pour le présent, elle constitue un apport original dans une gauche radicale sans destin. Malheureusement, le projet ne résiste pas à une critique anarchiste parce que butant sur l’organisation en parti partout discréditée, parce que prônant la prise du pouvoir plutôt que sa destruction par l’autogestion généralisée, parce que maintenant l’État là où il pourrait être remplacé par le fédéralisme des autonomies. Un peu de libertaire dans la social-démocratie ne suffit pas à la transmuter en idée émancipatrice.
Alchimie
L’hypothèse est qu’il y aurait, entre marxisme et anarchisme, « une troisième politique d’émancipation qui puise dans les deux premières tout en répondant à une série de nouveaux enjeux » (1). L’idée n’est pas nouvelle ; depuis l’échec de la Première internationale et de la Commune, elle parcourt le mouvement socialiste ; les précurseurs en furent, probablement, les allemanistes, les allemanarchistes comme disaient leurs détracteurs (2). Elle revient particulièrement au temps des basses eaux d’un courant. Autrefois, plutôt du côté des anarchistes aux prises avec leurs difficultés d’organisation, leurs complexes devant la magnificence de l’idéologie marxiste, son impérialisme universitaire, politique et syndical. Désormais, plutôt du côté des marxistes confrontés à la fin annoncée de leur histoire. Bien que n’ayant jamais abouti, elle est, aujourd’hui plus que jamais, pour beaucoup de militants, comme le dernier espoir pour construire un autre futur communiste.
Il ne faut donc pas s’étonner, qu’en février 2003, Philippe Corcuff et Michaël Löwy, prirent l’initiative de publier un numéro de la revue théorique trotskiste Contretemps sur le thème « Changer le monde sans prendre le pouvoir ? Nouveaux libertaires, nouveaux communistes » (3). Poser la question, ici, révélait leur préoccupation. La lecture de ce numéro fait comprendre que la démarche sera longue ; les articles se suivent, plutôt juxtaposition d’opinions d’auteurs marxistes ou anarchistes que recherche volontariste de la synthèse souhaitée par les initiateurs en introduction :
« Plutôt que d’essayer de comptabiliser les erreurs et les fautes des uns et des autres – les kyrielles d’accusations réciproques ne manquent pas – nous voudrions plutôt mettre en avant l’aspect positif de cette expérience [la Première Internationale] : un mouvement internationaliste divers, multiple, démocratique, où des opinions politiques distinctes, sinon opposées, ont pu converger dans la réflexion et dans l’action pendant plusieurs années, jouant un rôle moteur dans la première grande révolution prolétarienne moderne [la Commune]. Une Internationale où, libertaires et marxistes ont pu – malgré les conflits – travailler ensemble et engager des actions communes » (4).
Dans ce numéro, Daniel Bensaïd s’offre le luxe d’étriller le philosophe marxiste John Holloway raillant l’idée qu’on puisse changer le monde sans constituer un parti et sans prendre le pouvoir (5). Cela commençait mal (6). La question théorique pour les marxistes est de savoir s’ils surajoutent quelques idées à la doxa initiale qui reste immuable après les avoir digérées ou s’ils convergent avec d’autres pour construire. Dans cette dernière hypothèse, la confrontation des idées doit s’accompagner d’une révolution culturelle de la pensée ce que ne parvint pas à faire Daniel Bensaïd, et d’une remise en cause des pratiques sur laquelle cala le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) dès ses débuts (7).
Dans la tentative représentée par le NPA, l’idée « synthésiste » n’est pas née au sein de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), elle est venue de l’extérieur et s’y est implantée pour acquérir une audience qui dépassera le cercle de ses promoteurs. En décembre 1997, se crée la Sensibilité écologiste libertaire et radicalement sociale-démocrate (SELS) à l’initiative de quatre personnes : Philippe Corcuff, Claire Le Strat, Lilian Mathieu et Willy Pelletier. Le projet n’est pas de transmuter en or le bronze marxiste, de le rénover, mais de le fusionner avec diverses références politiques : l’écologie politique, le féminisme, la tradition libertaire et une social-démocratie radicale. Les membres des SELS sont d’abord intégrés comme « observateurs » au sein de la LCR. En juin 1999, une minorité, dont les principaux organisateurs, adhère à la LCR (.
Indépendamment des déboires connues par le NPA (9), sur le plan théorique, il est intéressant de regarder l’analyse du réseau des SELS qui reste active sous le nom de social-démocratie libertaire. Sa ligne politique s’écrit d’abord par une provocation que rappelle Philippe Corcuff et Willy Pelletier :
« Nous n’étions ni “marxisteˮ, ni “révolutionnaireˮ quand nous sommes entrés à la LCR, et nous ne sommes devenus ni “marxistesˮ, ni “révolutionnairesˮ en cours de route » (10).
Voilà qui mérite précisions.
Ni marxistes, ni révolutionnaires
Si les membres de ce groupe ne sont pas marxistes c’est, en première instance, parce qu’ils contestent que « la structuration économique détermine l’ensemble des activités sociales » (11). Á côté de la domination économique existent d’autres dominations, politique, culturelle, sexuelle, etc. (Pierre Bourdieu), et le pouvoir n’est pas localisé à l’État ou au capital mais diffus dans la société dans de multiples relations sociales (Michel Foucault). Résoudre la question de la capitalisation économique est primordial mais ne règle pas nécessairement toutes celles relatives à la domination et au pouvoir. Trois autres points les écarteraient du marxisme :
l’histoire n’a pas un sens prédéterminé faisant que le mode de production capitaliste s’écroulera sous ses contradictions car, en vérité, l’action politique garde sa part d’aléatoire et d’incertitude (Maurice Merleau-Ponty) ;
le collectif ne doit pas écraser l’individu, les deux doivent se compléter dans une logique d’émancipation (les anarchistes) ;
le productivisme n’est pas signe de progrès (les écologistes).
Ce propos est dépassé. Les marxistes, mis à part quelques dogmatiques, y adhèrent et l’on retrouve ces réflexions, en partie ou en totalité, chez la plupart des penseurs contemporains de ce qu’on appellera la gauche radicale (12). Ce n’est pas là-dessus que la mécanique unificatrice recherchée coince mais sur le choix de l’organisation la plus à même d’en finir avec le capital (parti politique ou autre chose), sur la prise du pouvoir et le sort de l’État (le gérer, le faire dépérir ou le détruire).
Si les membres de ce groupe ne sont pas révolutionnaires, c’est parce qu’ils considèrent qu’il n’y a pas un avant la révolution maléfique et un après merveilleux. On peut être réformiste et anticapitaliste, c’est-à-dire penser que l’on peut parvenir à la société socialiste par la voie parlementaire (Jean Jaurès). On peut être révolutionnaire et conduire à la dictature étatique plus qu’au socialisme (Vladimir Lénine et Léon Trotski). Il faut donc entre un réformisme tellement gradualiste et progressif qui fait que rien ne change, mieux que l’on gère ce que l’on prétend détruire, et une révolution sans garantie, trouver la voie efficace. Ce sera « un genre hybride : “réformistes révolutionnairesˮ […] en essayant d’articuler dialectiquement réformes structurelles et horizon radical d’une société non-capitaliste émancipée » (13). Ces intellectuels, militants politiques, ni marxistes, ni révolutionnaires, sont donc favorables à « l’hypothèse provocatrice » d’une social-démocratie libertaire. Philippe Corcuff en synthétise l’économie :
« La notion de social-démocratie libertaire n’a pas vocation à se présenter comme une solution unifiée aux problèmes de notre temps. Elle vise simplement à introduire des grains de sable dans les habitudes mentales et organisationnelles des gauches, à introduire de l’étrangeté par la mise en tension dans une même expression de deux postures traditionnellement séparées, voire opposées (“social-démocratieˮ et “libertaireˮ). Pour que de la mise en rapport de ressources issues de diverses traditions (anarchismes, marxismes, socialisme républicain, socialisme coopérativiste, etc.) avec les questions renouvelées du XXIe siècle naisse des découpages politiques différents du passé. C’est une notion qui invite donc à la réflexion, au-delà des esprits de clocher concurrents, mais ne la clôt pas sur une proposition définitive. Elle pointe seulement que les termes classiques, comme “communismeˮ ou “socialismeˮ (y compris “socialisme du XXIe siècle‟), apparaissent pour une part inadéquats à cette révolution culturelle. Mais dans cette configuration, “social-démocratieˮ comme “libertaireˮ voient aussi leurs sens se déplacer par rapport à leurs usages dominants » (14).
La social-démocratie dont on parle n’est pas celle de Guy Mollet, Pierre Mendès-France, Michel Rocard, Jacques Delors et autres « socialistes » des IIIe et IVe Républiques, mais celle de Jean Jaurès, Otto Bauer, surtout Rosa Luxemburg (15). Démocratique (républicaine) et sociale (socialiste), elle est le contraire de la totalité, d’une rigide synthèse, c’est « une conception expérimentale et exploratoire de la politique, rompant avec “la certitude”, “la nécessité” et “l’absolu”, et intégrant une part d’incertitude, de probabilité et de fragilité, sans pour autant abandonner tout repère stabilisé » (16). C’est en cela que la social-démocratie est libertaire mais dans un des sens édulcoré du mot, celui d’ouverture d’esprit, non dans son sens politique synonyme d’anarchiste car l’anarchie est une construction cohérente dans sa globalité (17).
Voulant intégrer « le caractère pluriel, composite et mouvant du monde » (18), la social-démocratie libertaire est naturellement conduite à des contradictions dont trois principales que les diverses idéologies socialistes ont chacune résolue par l’élimination du facteur qui les gênait, le facteur libertaire : le collectif contre l’individuel ; la représentation plutôt que la démocratie directe ; l’État aliénant, mieux l’État protecteur au lieu d’une société sans État. À lire ses promoteurs, la social-démocratie libertaire est affectée d’un symbiote anarchiste qui vient rectifier les travers, les tensions, les emballements étatique du socialisme, autoritaire ou non. La social-démocratie libertaire s’installe dans les anciennes institutions (partis, élections, pouvoir, Parlement, État) et sa critique anarchiste, facteur permanent de rappel à l’ambition nouvelle, prémunit contre toute déviation, à défaut, impose la rectification. La critique anarchiste empêche la réconciliation car « il n’y aurait de pire tyrannie qu’une société réconciliée, ou qu’une société politique réconciliée » puisque rapidement réapparaîtrait ce que l’on a voulu détruire (19) ; les exemples historique son nombreux au premier rang desquels la Révolution russe de 1917 mais aussi la Révolution espagnole de 1936 (20). Ainsi parviendrait-on à l’« équilibration des contraires » telle que l’envisagerait Pierre-Joseph Proudhon (21) ou à une forme de la démocratie radicale issue des luttes hégémoniques explorée par et Ernesto Laclau Chantal Mouffe (22). Comment sont donc « gérées » les trois contradictions, interdépendantes, de la social-démocratie libertaire ?
Liberté individuelle et représentation
La résolution de la première est un préalable à toute autre avancée. La liberté de l’individu ne doit souffrir du collectif que pour les nécessités de la vie en société quand l’égoïsme l’emporterait sur la solidarité (23). Un principe commun au libéralisme philosophique et à l’anarchisme mais étranger au marxisme dans sa version bolchévique et les applications du socialisme réel. En pratique, il s’agit de concilier respect de l’individu et efficacité de l’action collective dans l’organisation qui prétend conduire à une société émancipée comme dans la société elle-même. La social-démocratie libertaire sera une nouvelle tentative pour envisager, expérimenter un autre rapport à la politique qui fasse que le replacement de l’individu grâce à « l’invention libertaire » (24) ne se limite pas seulement à sa préservation dans l’action collective mais soit un renforcement de cette dernière, là où il est généra-lement représentée comme un frein.
« La lucidité libertaire à l’égard des mécanismes de concentration des pouvoirs, comme des satisfactions que l’occupation des hautes sphères publiques procure, est ainsi devenue un point de passage obligé » (25).
Mais les instruments de la critique anarchiste ont-ils un sens s’ils ne sont pas suivis d’une pratique anarchiste ? D’un projet communiste ?
Questions qui conduisent aux problématiques des deux autres contradictions : la représentation, le rôle de l’État. C’est plus dans le présent de son organisation et de ses possibles dans la société actuelle que dans le futur émancipé que la social-démocratie libertaire évoque des outils permettant de contrarier les modes de représentation aliénant la souveraineté individuelle (26). Il s’agit de réduire la domination bureaucratique des représentants (dirigeants, élus) sur les représentés (militants, électeurs) engendrée par la professionnalisation du politique (27). Pour cela, les doctrines anti-autoritaires proposent le mandat impératif (ou précis), la révocation à tout moment (ad nutum). Philippe Corcuff et ses camarades sont des lecteurs de Proudhon qui écrivait en 1848 :
« Le choix des capacités, le mandat impératif, la révocabilité permanente, sont les conséquences les plus immédiates, les plus incontestables du principe électoral. C’est l’inévitable programme de toute la démocratie » (28).
L’environnement politique n’est plus celui d’après la Révolution de février. Aujourd’hui, ces normes de la démocratie directe trouvent application dans un syndicalisme révolutionnaire informel qui refait surface dans les assemblées générales lors des conflits du travail locaux ou même nationaux comme durant la lutte contre la réforme des retraites d’octobre 2010, voire internationaux dans les pratiques des mouvements des « Indignés ». La social-démocratie libertaire souhaite les transposer dans le cadre politique d’un nouveau parti, « un paradoxal parti libertaire » qui les appliquerait à ses dirigeant et à ses élus (29). Encore faut-il s’entendre sur le mot parti, se rappeler ce qu’en disait Daniel Bensaïd : peu importe si le parti s’appelle organisation, force, mouvement, front, ligue ou autre chose, seul compte l’intention et « pourquoi ne pas appeler un chat un chat, et parti ce qui prend parti ? » (30). C’est donc bien d’un parti dont parle Willy Pelletier quand il décrit ce que le NPA devrait être :
« Un parti politique libertaire, organisé autour de quelques dispositifs : la collégialité et la mixité du porte-parolat pour éviter la concentration du capital symbolique, le principe du tourniquet à mi-mandat pour les élus institutionnels, l’interdiction des cumuls, le travail collectif à l’intérieur d’un groupe élus-co-élus… ».
« Un parti libertaire dans son organisation interne, libertaire dans son rapport défiant aux institutions, mais apte à gouverner (en se méfiant de lui-même gouvernant » (31).
L’État, mais quoi l’État ?
« Apte à gouverner ». La vocation d’un parti politique est, en effet, de prendre le pouvoir pour gouverner, non de le détruire. Il peut le faire de deux manières, les combinant parfois. La première est la révolution violente, la social-démocratie libertaire est assez sèche sur le sujet. La deuxième est la voie démocratique, soit l’élection. Elle a sa préférence mais avec nuance ; la notion de délégation de pouvoir, de représentation doit prendre diverse formes pour « inventer une nouvelle galaxie démocratique dé-professionnalisée » ; à côté de l’élection traditionnelle de la démocratie bourgeoise « composante secondaire, mais nécessaire » sont associés d’autres modes de représentation venant la mettre en tension : « les procédures directes, le participatif, le délibératif, le tirage au sort, le représentatif » (32). Tout moyen est bon pour plus de démocratie, mais quid du « nécessaire » de l’élection de type parlementaire ? Elle est nécessaire parce qu’un Parlement subsiste, pièce de « quelque chose comme un paradoxal “État libertaireˮ » (33). Ainsi :
« L’État n’est ni pour nous le seul ou le principal outil de changement, ni un diable dont on doit nécessairement se tenir à distance dans un “contre-pouvoir”. C’est un des outils disponibles du changement, qui a des inerties, des déformations et des pièges, et qu’on doit donc tenter de changer tout en essayant de le mettre au service du changement » (34).
Avant même d’être « apte à gouverner » l’État libertaire, le parti libertaire devra composer avec d’autres dans un gouvernement. Ce compromis étatique se fonde sur l’idée qu’il y parfois plus de radicalité dans la négociation que dans la radicalité quand cette dernière freine la progression. Comment pourra-t-il faire ce qu’une organisation libertaire, puissante, la Confédération nationale du travail, n’a pu réaliser en pleine révolution (35) ? Les outils libertaires ne s’adaptent pas au fonctionnement d’un gouvernement quel qu’il soit, même bien intentionné. Ils n’ont de sens que dans une organisation repensée à l’aune du fédéralisme auto-gestionnaire. Le pouvoir corrompt et pas plus qu’il n’y eut de ministres anarchistes, il n’y aura de députés libertaires (36). Si un gouvernement populaire acceptait que les députés (délégués) soient munis de mandat impératifs, soient révocables à tout moment par leurs mandats, alors ce gouvernement s’engagerait dans un ordre nouveau qui conduirait à la dissolution de l’ordre ancien ; ainsi se retrouverait-on dans un processus de dépérissement de l’État dont l’histoire de l’État socialiste soviétique ou de la Chine populaire ont montré l’impossibilité voire l’inanité puisque conduisant à l’opposé du but recherché (37). Les penseurs de la social-démocratie libertaire annexent les outils de la critique anarchiste pour en faire apport au substrat social-démocrate radical comme le font, pour le marxisme, nombre de philosophes ripolineurs. Plus généralement le « libertaire » devient le remède indispensable à la survie des doctrines dépassées (38) ; de « fausses ruptures habillées de neuf, et de vraies impasses étatistes de toujours » (39). La démarche s’éclaire dans un texte récent de Philippe Corcuff :
« Être encore davantage “le parti anti et hors système”. Mais pas seulement au sens marxiste du terme : anti-système capitaliste, mais aussi au sens libertaire du terme : anti-système de la représentation politique professionnelle » (40).
Ainsi le marxisme est anticapitaliste ; le libertaire est contenu à la critique de la représentation. Le mot « libertaire » est purgé de sa signification première « anarchiste » laquelle est autant et même plus anticapitaliste que le marxisme quand elle prend la forme de la critique du capitalisme d’État. La critique anarchiste, dépossédée de son projet communiste, n’est plus que le cache-misère des déroutes idéologiques.
Quelque chose comme une confédération
La chose n’échappe pas aux partisans de la social-démocratie libertaire ; peut-être pressentent-ils qu’en se cantonnant à ce raisonnement, la social-démocratie libertaire nourrit sa propre mort. Philippe Corcuff et Lilian Mathieu ajustent le propos, se donnent de l’air :
« Nos valeurs pluralistes et libertaires, renforcées par les impasses autoritaires de l’émancipation au XXe siècle, les insuffisances historiques et actuelles des modèles anciens, “anarcho-syndicaliste” et “social-démocrate/léniniste”, comme l’inadéquation des stéréotypes actifs aujourd’hui vis-à-vis des réalités observables nous conduisent à privilégier, sur le plan d’une philosophie politique prescriptive, un modèle pluridimensionnel de contestation et de transformation sociales, faisant place à une pluralité d’institutions autonomes (syndicats, associations, mouvements, partis, etc.), non hiérarchisées, ayant des zones d’intervention pour une part communes, pour une part distinctes, engagées tout à la fois dans des tensions et des coopérations dans le cadre d’un équilibre instable et dynamique ».
Ils concluent : « Dans cette configuration, nous faisons l’hypothèse que le NPA a un rôle important, mais ni principal, ni dominant, à jouer » (41).
Conclusion qui aujourd’hui pourrait prêter à railleries tant la déception est profonde chez ceux qui crurent au devenir du PNA et tant sa mort était inscrite dans une analyse anarchiste du projet (42). Ceci ne dispense – surtout pas – de tirer les enseignements de l’échec pour progresser encore car avoir raison seuls ne conduit pas loin. Et les anarchistes commencent à le comprendre (43).
Les aspirations de la social-démocratie libertaire qui paraissent s’élargir dans le Réseau de réflexions et de pratiques autogestionnaires et libertaires, dépassent les limites d’un NPA agonisant dans une dernière dérive électoraliste (44) ; elles s’inscrivent dans le questionnement général sur le futur du communisme (45). Les nuances qu’apportent à leur idée les sociaux-démocrates libertaires, leurs ouvertures, leur réalisme sur l’état de la force révolutionnaire, font penser qu’ils sont proches du syndicalisme révolutionnaire. Ce n’est pas le cas pour, au moins, trois raisons :
le syndicalisme révolutionnaire n’exclut pas l’action réformiste pour améliorer le bien-être social, mais son pragmatisme n’est qu’une phase de préparation à la révolution dont le détonateur est la grève générale (le rêve général) ;
le syndicalisme révolutionnaire écarte radicalement la voie parlementaire ;
le syndicalisme révolutionnaire propose de remplacer l’État bourgeois par une société fédéraliste à son image.
Ces trois raisons sont-elles suffisantes pour que les anti-autoritaires, toutes tendances confondues, repoussent d’un revers de main les idées de la social-démocratie libertaire s’enfermant dans leurs projets, certes magnifiques, mais végétatifs ? Quand, simple exemple, Philippe Corcuff et ses camarades réfléchissent à « quelque chose comme un paradoxal “État libertaireˮ », ce « paradoxal État » ne recouvre-t-il pas une solution proche des ambitions de la Première Internationale, de la Commune de Paris, du bref été de l’anarchie en Catalogne et du fédéralisme autogestionnaire (46) ?
Existe-t-il du côté des anticapitalistes anti-autoritaires cette volonté de sortir de leurs certitudes pour se poser de telles questions afin de contribuer à l’élaboration d’un projet qui ne sera pas exactement ce qu’ils voudraient mais qui s’en approchera ? Un projet qui se passe d’un parti en concevant une nouvelle forme d’organisation autogestionnaire ; qui renonce à la prise du pouvoir en cessant de conforter le jeu de la démocratie capitalo-parlementaire ; qui conçoive une autre société, fédéraliste, sans État, ou si peu d’État, où la seule autorité sera celle conférée par un mandat précis et révocable par les assemblées mandantes souveraines ? Un anarchiste, passé du côté des partis, assène une image pessimiste :
« Espérons, mais doutons. Il est à craindre qu’aujourd’hui comme hier, anarchistes et marxistes ne demeurent repliés sur leurs parcelles, et susceptibles d’analyses homologues à celles de Marx, relatives aux paysans parcellaires [Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, 1852]. “Le mode de production” des anarchistes et des trotskistes “les isole les uns des autres, au lieu de les amener à des relations réciproques”. “Chacune des familles” anarchistes ou trotskiste “se suffit presque complètement à elle-même, produit directement elle-même la plus grandes partie de ce qu’elle consomme, et se procure ainsi des moyens de subsistance”. Cimenter l’alliance, séculariser les “traditions”, sacré défi ! Sociologiquement improbable » (47).
Improbable n’est pas révolutionnaire !
Notes
(1) Philippe Corcuff, « De Rosa Luxemburg à la social-démocratie libertaire », Contretemps, n° 6, février 2003, page 102.
(2) Jean Allemane (1843-1935), fils d’un modeste marchand de vin de Haute-Garonne, participa à la Commune ce qui lui valut la déportation en Nouvelle-Calédonie. De retour en 1880, il reprit son métier de typographe. Il adhéra au Parti ouvrier de Jules Guesde et scissionna avec les possibilistes de Paul Brousse en 1882. Ces derniers l’exclurent de la Fédération des travailleurs socialistes de France et le conduisirent à fonder, avec ses partisans, le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire en 1890 ; bien que Jean Allemane ni occupa aucune responsabilité particulière, on l’appela le parti allemaniste. Plus que des anarchistes, c’est des syndicalistes révolutionnaires que ce parti fut proche prônant notamment la grève générale. En déclin, les allemanistes se fondirent dans la Section française de l’Internationale ouvrières (SFIO) en 1905 ; Allemane remplit une charge de député de Paris de 1901 à 1902, puis de 1906 à 1910. Après la guerre, il suivit avec sympathie la fondation du Parti communiste mais désapprouva la théorie léniniste sur les syndicats.
Voir la biographie de Jean Allemane, la bibliographie et les sites s’y rapportant sur Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_A...).
(3) Contretemps, « Changer le monde sans prendre le pouvoir ? Nouveaux libertaires, nouveaux communistes », dosser rassemblé par Philippe Corcuff et Michaël Löwy, n° 6, février 2003, 196 pages.
« Changer le monde sans prendre le pouvoir » rappelle le titre d’un fameux ouvrage de John Holloway, Changer le monde sans prendre le pouvoir. Le sens de la révolution aujourd’hui, traduit de l’édition espagnole (Mexique) par Sylvie Bosserelle, coédition Syllepse (Paris) et Lux (Montréal), 2007, 320 pages.
On remarquera également que le sous-titre « Nouveaux libertaires, nouveaux communistes », n’est pas rigoureux. Étant entendu que les libertaires sont des communistes, il fallait écrire « Nouveaux libertaires, nouveaux marxistes ».
(4) Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), page 9.
Ce à quoi, deux universitaires suisses, Philippe Gottraux et Bernard Voutat, ajoutent : « Il n’en reste pas moins que certaines de ces traductions ont manifesté dans l’histoire des enjeux bien réels, au demeurant tranchés parfois devant les pelotons d’exécution » (« Anarchisme et marxisme : vrai contentieux et faux clivage », Contretemps, précité, page 174).
(5) Daniel Bensaïd, « La Révolution sans prendre pouvoir ? À propos d’un récent livre de John Holloway », Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), page 45.
Sur ce livre ce livre voir ci-dessus la note (3).
(6) Et continue mal. En 2011, dès l’introduction d’un article, un de la vieille garde trotskiste, dans la nouvelle série de la même revue, prend à rebours la proposition de Philippe Corcuff et Michaël Löwy : « L’Association internationale des travailleurs (1ère Internationale) fut dissoute en 1876, après des débats qui manifestaient l’incompréhension de ce que son fédéralisme et ses confusions théoriques et politiques étaient une cause importante de la défaite de la Commune de Paris », il ajoute un insert superfétatoire, comme pour casser toute réflexion sur le fédéralisme et bloquer toute discussion avec les anarchistes plutôt susceptibles sur le sujet : fédéralisme et confusions « qui avaient en particulier permis le fractionnisme de Bakounine, grand responsable de l’échec de la Commune de Lyon » (Michel Lequenne, « Un seul marxisme – 3. Dernières luttes de Marx et Engels », Contretemps, n°10, juin 2011, page 127).
(7) Voir Pierre Bance, « Lecture syndicaliste révolutionnaire de Daniel Bensaïd », Autrefutur.org, septembre 2011 (http://www.autrefutur.org/IMG/pdf/L...).
( Ils viennent : Philippe Corcuff des Verts après être passé au Parti socialiste (tendance Ceres), puis au Mouvement des citoyens ; Claire Le Strat des Verts ; Lilian Mathieu et Willy Pelletier également des Verts mais après la Fédération anarchiste.
L’histoire est contée par Philippe Corcuff et Willy Pelletier dans un article : « “NPAˮ : l’expérience sociale-démocrate libertaire comme analyseur d’enjeux actuels », Critique communiste, n° 187, « Nouveau parti anticapitaliste : enjeux, stratégie, programme », juin 2008, page 171 (consultable sur : http://blogs.mediapart.fr/blog/phil...). Le réseau des SELS est alors constitué de quelques dizaines de militants dont des professionnels de la politique idéologiquement peu sûrs comme Clémentine Autain.
(9) Voir son site : http://www.npa2009.org/.
(10) Philippe Corcuff et Willy Pelletier, « “NPAˮ : l’expérience sociale-démocrate libertaire comme analyseur d’enjeux actuels », Critique communiste, n° 187, juin 2008, article précité note (.
(11) Philippe Corcuff et Willy Pelletier, « “NPAˮ : l’expérience sociale-démocrate libertaire comme analyseur d’enjeux actuels », Critique communiste, n° 187, juin 2008, article précité note (.
(12) Lire, simple exemple, Alain Badiou et Slavoj Žižek (sous la direction de), L’Idée du communisme. Conférence de Londres, 2009, sl, Nouvelles éditions Lignes, 2010, 352 pages.
(13) Philippe Corcuff et Willy Pelletier, « “NPAˮ : l’expérience sociale-démocrate libertaire comme analyseur d’enjeux actuels », Critique communiste, n° 187, juin 2008, article précité note (. S’il existait toujours, il est probable que ce groupe eut sa place au Parti socialiste unifié (PSU) plus qu’à la LCR-NPA ralliée parce que force de la gauche radicale « la plus importante en quantité et en qualité » (article précité).
(14) Philippe Corcuff en introduction à « Galaxie altermondialiste et émancipation au XXIe siècle : l’hypothèse d’une social-démocratie libertaire », réflexion préparatoire à l’Université citoyenne d’Attac France (Toulouse, 22-26 août 2008) consacré à « L’altermondialisme aujourd’hui ». (http://blogs.mediapart.fr/blog/phil...).
(15) Voir Philippe Corcuff, « De Rosa Luxemburg à la social-démocratie libertaire », Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), page 101.
(16) Philippe Corcuff, « Galaxie altermondialiste et émancipation au XXIe siècle : l’hypothèse d’une social-démocratie libertaire », article précité note (14).
(17) Jean-Pierre Garnier, « Appellations peu contrôlées », à propos de mots « anarchiste » et « libertaire », Le Monde diplomatique, janvier 2009, page 17.
(18) Philippe Corcuff, B.a.-ba philosophique de la politique pour ceux qui ne sont ni énarques, ni politiciens, ni patrons, ni journalistes, Paris, Textuel, « Petite encyclopédie critique », 2011, 140 pages, citation page 96.
(19) Willy Pelletier, « Les anarchistes et la reproduction de l’anarchisme », Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), citation page 170.
(20 ) Pour la première révolution voir le solide point de vue d’un historien anarchiste : René Berthier, Octobre 1917, le Thermidor de la révolution russe, Paris, Édition CNT Région parisienne, 2003, 286 pages.
Pour la deuxième, l’ouvrage destructeur de mythes et légendes de César M. Lorenzo, Le Mouvement anarchiste en Espagne. Pouvoir et révolution sociale (Seuil, 1969), Saint-Georges-d’Oléron, Les Éditions libertaires, 2006, 560 pages (deuxième édition enrichie d’un développement couvrant la période après 1970 jusqu’à l’approche des années 2000).
(21) Philippe Corcuff, « Galaxie altermondialiste et émancipation au XXIe siècle : l’hypothèse d’une social-démocratie libertaire », article précité note (14), 3e § « Un projet d’“équilibration” des tensions ». Voir également, pages 105 et 106 du B.a.-ba philosophique de la politique de Philippe Corcuff, précité note (18).
Pierre-Joseph Proudhon, Théorie de la propriété (1865), Paris, L’Harmattan, « Les introuvables », 1997, page 206. Ce livre est disponible sur le site de l’Université du Québec, le chapitre VII concernant « l’équilibration » commence page 92 (http://classiques.uqac.ca/classique...).La deuxième édition de 1866 peut également être consultée sur Google books, « l’équilibration » commence page 172 (http://books.google.fr/books).
(22) Ernesto Laclau, Chantal Mouffe, Hégémonie et stratégie socialiste. Vers une politique démocratique radicale (1985), préface à l’édition française d’Étienne Balibar, traduit de l’anglais par Julien Abriel, Besançon, Les Solitaires intempestifs, « Expériences philosophiques », 2009, 338 pages.
(23) Ce qui fait dire à Olivier Besancenot : « Plus largement, ce qui je puise dans la critique libertaire, c’est la tentative de réhabiliter une partie de la question de l’individu » (« Ma génération et l’individualisme. La gauche radicale face à de nouveaux défis » in Politiquement incorrects. Entretiens du XXIe siècle, Paris, Textuel, 2008, 384 pages, citation page 373 ; entretien avec Philippe Corcuff, précédemment publié dans Contretemps, n° 16, février 2006).
(24) Philippe Corcuff, « Nouveau parti anticapitaliste : c’est pour quand le “nouveau” ? », Rue89, 11 février 2011 (http://www.rue89.com/2011/02/11/nou...).
(25) Philippe Corcuff, B.a.-ba philosophique de la politique, précité note (18), page 12.
(26) Philippe Corcuff précise : « La prise en compte de cette dimension est indispensable si l’on veut pointer des risques récurrents pour les projets politiques à visée émancipatrice, c’est-à-dire les risques d’être pris par le pouvoir qu’on croit prendre lorsqu’on veut changer les monde » (B.a.-ba philosophique de la politique, précité note [18], page 104).
(27) « Après deux siècles d’échecs des tentatives pour s’émanciper du capitalisme, nous avons maintenant compris que l’anticapitalisme ne peut aller sans critique libertaire de la professionnalisation et de la domination des représentants sur les représentés » (Philippe Corcuff, « La gauche après “les hommes providentiels” », Le Monde.fr, 19 mai 2011, à propos du retrait d’Olivier Besancenot de la compétition présidentielle).
(28) Pierre-Joseph Proudhon, Solution du problème social, Paris, Guillaumin, 1848, 119 pages, citation au chapitre II, point 4, page 79 (consultable sur Google Books).
Proudhon n’a pas inventé le mandat impératif, son origine est plus ancienne. Dans son acception moderne, on en trouve trace dès la Révolution française. Lire de Pierre-Henri Zaidman, Le Mandat impératif. De la Révolution française à la Commune de Paris, coédition des Éditions du Monde libertaire (Paris) et des Éditions libertaires (Saint-Georges-d’Oléron), sd, 90 pages.
(29) L’expression « paradoxal parti libertaire » se lit dans l’article « Non le NPA n’est pas morts ! » de Philippe Corcuff, Sandra Demarcq et Willy Pelletier, blog de Philippe Corcuff sur Mediapart, 18 février 2011 (http://blogs.mediapart.fr/blog/phil...).
Les écologistes ont tenté, sans succès, d’instaurer de tels parapets. Il suffit d’observer leur député européen Daniel Cohn-Bendit pour comprendre que le seul mandat qui le conduise est celui qu’il se donne ; mandat impératif, rotation des tâches et révocabilité ont fait les frais de la professionnalisation aussi bien chez les Verts français qu’allemands.
(30) Daniel Bensaïd, Contretemps, n° 1, « La nouvelle gauche anticapitaliste », 1er trimestre 2009, page 19.
(31) Willy Pelletier, « Les anarchistes et la reproduction de l’anarchisme », Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), citations pages 168 et 169.
(32) Philippe Corcuff, « La gauche après “les hommes providentiels” », Le Monde.fr, 19 mai 2011, précité note (27).
(33) Philippe Corcuff et Willy Pelletier, « “NPAˮ : l’expérience sociale-démocrate libertaire comme analyseur d’enjeux actuels », Critique communiste, n° 187, juin 2008, article précité note (.
(34) Philippe Corcuff, « Galaxie altermondialiste et émancipation au XXIe siècle : l’hypothèse d’une social-démocratie libertaire », précité note (14), 1er § « Une philosophie politique de la pluralité et de l’expérimentation ».
(35) Est fait ici allusion à la participation de la Confédération nationale du travail aux gouvernements républicains pendant la guerre d’Espagne ; fameuse polémique sur les ministres anarchistes. Lire de César M. Lorenzo, Le Mouvement anarchiste en Espagne. Pouvoir et révolution sociale, précité note (20).
(36) Quand dans un entretien du 29 juin 1977, Freddy Gomez demande à Juan García Oliver, ministre de la Justice du gouvernement républicain espagnol en 1936 s’il n’eut pas quelques problèmes avec sa conscience anarchiste, il répond : « l’anarchiste n’a aucun problème de conscience, pour la simple raison qu’il a cessé d’être anarchiste » en devenant ministre, D’une Espagne rouge et noire ; traductions de l’espagnol de Freddy Gomez et Monica Gruszka, Saint-Georges-d’Oléron, Les Éditions libertaires, « Á Contretemps », 2009, 238 pages ; citation page 167.
(37) Voir René Berthier, Octobre 1917, le Thermidor de la révolution russe, précité note (20).
(38) Des Verts (Le Monde, 13 avril 2010) aux communistes réformateurs (Le Monde, 9 juin 2010), en passant par le philosophe Edgar Morin (Le Monde, 23 mai 2010), tout le monde est libertaire. Même Stéphane Hessel dans son Indignez-vous ! fait référence au « message libertaire » (Paris, Indigène, « Ceux qui marchent contre le vent », 2010, 32 pages, citation page 13). Ce ne sont là que quelques exemples de l’appauvrissement de la portée politique du mot.
Lire « Appellations peu contrôlées » de Jean-Pierre Garnier qui conclut : « Autant dire que les néolibertaires ne font qu’ajouter l’indispensable note “néo” à un conservatisme renforcé » (Le Monde diplomatique, janvier 2009, page 17).
(39) Philippe Gottraux et Bernard Voutat, « Anarchisme et marxisme : vrai contentieux et faux clivage », Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), page 182.
(40) Philippe Corcuff, « Le NPA n’est pas encore né. Quelques pistes sur la situation difficile (mais pas désespérée du NPA après la Conférence nationale de juin 2011 », Europe solidaire sans frontières, 13 juillet 2011 (http://www.europe-solidaire.org/spi... ; chercher « Corcuff).
(41) Philippe Corcuff et Lilian Mathieu, « Partis et mouvements sociaux : des illusions de “l’actualité” à une mise en perspective sociologique », Actuel Marx, n° 46, « Partis/mouvements », 2009/2, page 80.
La critique faite à l’anarcho-syndicalisme repose sur sa volonté de résoudre seul tous les problèmes de la société, celle aussi, probablement, de ne faire confiance qu’à la classe ouvrière.
(42) Lire ci-dessous une tribune de l’auteur écrite à l’occasion du congrès constitutif du NPA, en février 2009, refusée par Le Monde et Libération. L’impasse NPA
L’histoire est ainsi qu’elle récompense ceux qui sont là au bon moment. Peut-on blâmer l’opportunisme de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) qui, en fondant le nouveau parti anticapitaliste (NPA), revitalise et fait rêver au-delà même de la gauche radicale ? Pourtant, l’espoir se mutera vite en déception pour ne pas avoir tenu compte de l’expérience plus que centenaire du mouvement socialiste. Les mêmes chimères conduiront aux mêmes désillusions.
Dans le socialisme d’origine, il faut conquérir l’État pour le détruire. Deux méthodes ont été proposées par ses pères. La tendance anti-autoritaire souhaitait renverser l’État concomitamment à sa conquête par la révolution et le remplacer par un fédéralisme communiste (autogestionnaire pour utiliser un qualificatif moderne). Dans la vulgate marxiste, il y a lieu de créer un parti pour conquérir l’État, conquérir l’État par tout moyen pour exercer le pouvoir, exercer le pouvoir pour faire dépérir l’État, c’est-à-dire le dissoudre lentement.
Le NPA adhère à la seconde proposition. Il crée un parti pour conquérir l’État. Alors comment être anticapitaliste dans une société capitaliste ?
L’histoire éclaire l’alternative qui ne connaît pas d’exception à ce jour.
● Faire une révolution ; le parti prend alors le pouvoir et le garde non pour détruire l’État comme prévu mais pour instaurer un capitalisme d’État adossé à une dictature politique, ce furent l’URSS, les démocraties populaires et la Chine.
● Ou jouer le jeu de la démocratie bourgeoise ; le jouer ouvertement comme les partis socialistes ou sociaux-démocrates et s’engluer dans le système au point d’en conforter les pires aspects, d’en assurer même une alternance gestionnaire ; jouer le jeu de manière interlope et inexorablement mourir dans la monotonie électorale, de mort lente comme les partis communistes occidentaux ou de mort brutale comme, en participant au gouvernement Prodi de centre gauche, vient d’en faire les frais Rifondazione communista, si proche par l’idée et la manière du NPA.
Comment expliquer que les fondateurs de ce dernier n’aient pas retenue la leçon et créent un parti traditionnel n’écartant nullement la possibilité d’exercer le pouvoir dans un gouvernement de gauche ? Que ses adhérents se bercent d’un rêve aux risques gravés dans la mémoire ouvrière ? Risque d’un petit succès électoral appuyé sur un leader médiatique permettant une vie végétative au regard de l’ambition affichée. Risque, probable, d’une lente dilution au fur et à mesure des prises de conscience de l’impasse.
Bien sûr les penseurs de gauche ont failli. Les brillantes critiques du capitalisme et du biopouvoir des Giorgio Agamben, Alain Badiou, John Holloway, Antonio Negri, Jacques Rancière, Slavoj Žižek… ont en commun de ne rien proposer. Comme conscients que la doctrine marxiste à laquelle tous continuent de se rattacher hypothèque de dérives léninistes, staliniennes ou maoïstes toute prospective. Mais le rôle des intellectuels ne se limite pas à l’analyse pour ensuite se contenter de dire que « l’hypothèse communiste » qu’il faudra construire n’aura rien à voir avec le funeste passé. Ils doivent, pour que le mouvement progresse, montrer ce qu’elle pourrait être, donner des idées pour y arriver. Il est à craindre qu’ils ne le puissent, prisonniers de la dialectique « parti, État, pouvoir » dont ils ne savent se dégager. D’où, aujourd’hui, le vague idéologique du NPA. Comme le syndicalisme révolutionnaire de la CGT historique, il entend « prendre le meilleur dans le mouvement ouvrier » (Oliver Besancenot, Le Monde.fr, 9 novembre 2008).
Sauf que le syndicalisme révolutionnaire dénie au parti toute capacité de représentation des travailleurs, n’aspire pas à conquérir l’État et prendre le pouvoir mais à y substituer son mode d’organisation.
Mais c’est peut-être, pourtant, de ce côté-là qu’il faut chercher pour sortir de la logique de la démocratie parlementaire. C’est bien de ce côté-là que, partout dans le monde, et encore aujourd’hui à Belem, les mouvements sociaux creusent pour réinventer l’assemblée générale décisionnelle et le mandat impératif, la mise au ban des partis et la gestion directe, l’autonomie des cellules de base (communes, syndicats, coopératives, mutuelles…) et le fédéralisme. Les quelques bribes qu’en prend le NPA pour faire bonne mesure ne sont nullement une garantie pour parvenir à un autre futur. Pierre Bance, le 3 février 2009.
(43) Un texte du 68e Congrès de la Fédération anarchiste (Corbigny, juin 2011) pose, avec réalisme et concision, les questions « d’une problématique de la convergence ». Publié sous le titre « La convergence concrète avec les anarchistes » dans Le Monde libertaire (n° 1641, 23-juin-6 juillet 2011), il devait être l’occasion d’ouvrir le débat dans l’organe de la Fédération anarchiste. Celui-ci n’a pas eu lieu, ce qui laisse à penser que, de ce côté-là, il n’y a rien d’encourageant.
(44) Le Réseau de réflexions et de pratiques autogestionnaires et libertaires a été créé, au sein du NPA, le 14 mai 2011. Le compte rendu de la réunion constitutive est pauvre car il aligne une série d’observations diverses sans dégager une stratégie au sein, ou au-delà, du NPA. Ceci ne veut pas dire que les participants ont une pensée pauvre mais que leurs réflexions, leurs discussions où n’ont pas encore trouvé de lignes suffisamment fortes, où que le compte-rendu ne les valorise pas. Lire ce compte rendu sur le site Divergences (www.divergences.be/spip.php ?article 2708) ; voir aussi Philippe Corcuff, Mediapart, « Marxistes et libertaire : hommage à Léonce Aguirre » (http://blogs.mediapart.fr/blog/phil...).
Il convient aussi de signaler l’existence, au sein du NPA, à la manière situationniste, d’un courant anarcho-droitier, selon sa propre qualification (http://fightclubnpa.blogspot.com/) : « Le problème au NPA c’est qu’on a plein d’intellos : ils sont tout mous et tout trotskistes alors que, comme on dit à la section, les intellos ça pourrait être bien parce qu’ils savent plein de trucs qu’on sait pas et qu’ils sont forts à la bagarre de la tête » (Dominique Marc, « Les intellectuels de classe », 13 novembre 2011). Rappelons que pour Philippe Corcuff, « Le NPA n’est pas encore né », Europe solidaire sans frontières, 13 juillet 2001, précité note (40).
(45) Deux universitaires proches du NPA, Cédric Durand et Ramzig Keucheyan, ont publié dans Libération du 3 novembre 2011, une tribune « Pour un front unique contre l’austérité » ; ce front unique qui évoque le front unique ouvrier des trotskistes, réunirait les trois « forces susceptibles de résister à l’austérité » : la gauche de la gauche, les mouvements, les syndicats. « Cette rencontre pourrait prendre la forme d’un front social et politique – d’un front unique contre l’austérité –, dont les formes d’organisations seront nécessairement souples, mais dont le critère d’appartenance serait l’hostilité de principe à l’austérité qui vient ».
(46) Là encore la lecture du Mouvement anarchiste en Espagne. Pouvoir et révolution sociale de César M. Lorenzo, est instructive, précité note (20).
(47) Willy Pelletier, « Les anarchistes et la reproduction de l’anarchisme », Contretemps, n° 6, février 2003, précité note (3), citations page 172.
Texte libre de droits avec mention de l’auteur : Pierre Bance, et de la source : Autrefutur.org, site de l’Union Technique Syndicale, CNT-RP
http://www.autrefutur.org
fée clochette- Messages : 1274
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Re: Libertaires au NPA ?
Camarades Réformistes Révolutionnaires ou Sociaux-Démocrates Libertaires, vous pourriez peut-être trouver votre place dans un Front de Gauche élargi...On peut être réformiste et anticapitaliste, c’est-à-dire penser que l’on peut parvenir à la société socialiste par la voie parlementaire (Jean Jaurès).
On peut être révolutionnaire et conduire à la dictature étatique plus qu’au socialisme (Vladimir Lénine et Léon Trotski). Il faut donc entre un réformisme tellement gradualiste et progressif qui fait que rien ne change, mieux que l’on gère ce que l’on prétend détruire, et une révolution sans garantie, trouver la voie efficace. Ce sera « un genre hybride : "réformistes révolutionnairesˮ
BouffonVert72- Messages : 1748
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Re: Libertaires au NPA ?
BouffonVert72 a écrit:Camarades Réformistes Révolutionnaires ou Sociaux-Démocrates Libertaires, vous pourriez peut-être trouver votre place dans un Front de Gauche élargi...On peut être réformiste et anticapitaliste, c’est-à-dire penser que l’on peut parvenir à la société socialiste par la voie parlementaire (Jean Jaurès).
On peut être révolutionnaire et conduire à la dictature étatique plus qu’au socialisme (Vladimir Lénine et Léon Trotski). Il faut donc entre un réformisme tellement gradualiste et progressif qui fait que rien ne change, mieux que l’on gère ce que l’on prétend détruire, et une révolution sans garantie, trouver la voie efficace. Ce sera « un genre hybride : "réformistes révolutionnairesˮ
Les dirigeants du Flan de Gauche du PS ne visent pas le socialisme.
Ils ne sont même pas réformistes, au sens traditionnel, cad de Jaurès.
Ils sont "keynésiens" comme le dit Mélenchon,
ce que les dirigeants du PC expriment d'un autre façon, "altercapitalistes".
Ce que confirme l'examen de programme "Le butin d'abord", voir par exemple:
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article123371#forum465233
Les dirigeants, ex gauche caviar, ne luttent que pour leurs places.
Roseau- Messages : 17750
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Re: Libertaires au NPA ?
Ce n'est pas en répétant 72000 par jour un tas de contre-vérités et d'approximations très fumeuses que ça va en faire une vérité matérialiste pour autant.
BouffonVert72- Messages : 1748
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Re: Libertaires au NPA ?
BouffonVert72 a écrit:Ce n'est pas en répétant 72000 par jour un tas de contre-vérités et d'approximations très fumeuses que ça va en faire une vérité matérialiste pour autant.
Le texte cité reprend les points du programme du Flan de Gauche,
qui donnent raison Mélenchon et au PC: keynésien et altercapitaliste.
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article123371#forum465233
Quelles contre-vérités ?
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Libertaires au NPA ?
Si tu mettais toute l'énergie, que tu déploies chaque jour ici pour démolir tous ces vilains rééééformistes, à lutter contre les bourgeois de l'UmPS, on aurait déjà gagné depuis longtemps...
BouffonVert72- Messages : 1748
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Re: Libertaires au NPA ?
Pas serieux, mais surtout pas de réponse.
.
.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Libertaires au NPA ?
C'est tout-à-fait sérieux, mais tu n'es pas le seul concerné hélas... Votre réformismo-phobie vous fait perdre de vue l'essentiel...
BouffonVert72- Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
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Re: Libertaires au NPA ?
Discuter avec un bouffon est une dialectique tout a fait particulière ; faut il choisir le sérieux de la discussion, ou le registre comique où tu te complais ? Tout a fait franchement, on a suffisamment de bouffon en interne sans avoir a se taper en plus un bouffon "virtuel"....
Quand au choix entre faire la gueule aux "réformistes" et leur tomber dans les bras, c'est d'abord un choix stratégique et tactique qui dépend d'un tas de paramètres, mais certainement pas d'un "principe quelconque". Et ce qui est vrai vis a vis de BV l'est tout autant pour ceux qui brandissent les "principes fondamentaux" comme le prétre brandit la bible dans l'Exorciste, me fais je bien comprendre ?
Quand au choix entre faire la gueule aux "réformistes" et leur tomber dans les bras, c'est d'abord un choix stratégique et tactique qui dépend d'un tas de paramètres, mais certainement pas d'un "principe quelconque". Et ce qui est vrai vis a vis de BV l'est tout autant pour ceux qui brandissent les "principes fondamentaux" comme le prétre brandit la bible dans l'Exorciste, me fais je bien comprendre ?
gérard menvussa- Messages : 6658
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Re: Libertaires au NPA ?
Pourquoi je quitte le NPA et rejoins Alternative Libertaire Bobigny le 25/08
Jean-Yves Lesage, ouvrier d’imprimerie, élu au Conseil Politique National du NPA.
J’avais déjà changé de parti, cette fois je change d’avis. J’ai toujours dit que j’avais changé parfois de parti politique mais jamais de ligne politique : celle du rassemblement des militants de terrain du PCF, de l’écologie et de l’extrême-gauche contre tous les dogmatismes et pour la révolution (1).
Je pense encore que cette orientation était la bonne, mais je dois avouer qu’elle a échoué. Elle était sans doute naïve. Je ne crois plus que des milliers de militants issus du PCF pourraient enfin rompre avec les ornières du stalinisme et de la tactique électorale inféodée au PS. Cette stérilisation de milliers de militants ouvriers sincères et dévoués sera d’ailleurs à ajouter au bilan du mouvement communiste international. Je ne crois plus non plus que les militants des divers groupes issus de l’extrême-gauche arriveront à surmonter leurs querelles anciennes. Il faut donc tenter autre chose et autrement.
Après l’implosion du SSP (2) et du NPA, c’est au principe même d’un parti issu du moule intellectuel du bolchevisme que je tourne le dos. En France comme dans le monde entier j’ai vu trop de succès temporaires et d’organisations révolutionnaires exploser en plein vol du seul fait des divergences entre dirigeants (réduites parfois à des conflits d’ego) pour croire encore au mythe d’une direction sinon infaillible au moins nous évitant la faillite. J’ai cherché longtemps le « bolchevisme vrai » et le parti de la révolution mondiale. Manifestement le ver était dans le fruit du concept avant-gardiste, toujours substitutiste même dans ses versions les plus soft.
Lorsque j’ai commencé à militer, dans la première moitié des années 70, j’ai été sommé comme tout le monde à l’époque, de choisir un dogme contre l’autre, un homme contre l’autre : Marx contre Bakounine. Dans mon lycée les anarchistes étaient sympas et flamboyants mais c’était des rigolos et leurs potes de la LCR aussi. Les maos, les lambertistes et LO étaient rigides et déprimants. J’ai alors choisi le premier (Marx) version JC où se concentraient les enfants de prolos et j’ai depuis ce temps tout ignoré du second.
Après 40 ans de militantisme sur tous les terrains syndicaux et associatifs et une certaine connaissance des courants staliniens et trotskistes internationaux, c’est sur cette coupure initiale que je reviens. Non pas pour inverser mon choix. Mais pour le renverser radicalement. Après d’autres puisque je découvre tardivement Guérin et Fontenis, je souhaite non pas tenter de fusionner les frères ennemis de la I° Internationale mais tirer de chacun d’eux le meilleur et rejeter le pire. D’autres ont déjà appelé cela le communisme-libertaire. Et cela me convient bien. Pas d’émancipation de tous sans émancipation de chacun. Va donc pour une orientation politique fondée sur le rejet des erreurs autoritaires du marxisme et le rejet des errements anarchistes.
Moi qui ai toujours rêvé être dirigé par de bons chefs (à la fin des années 80 j’avais refusé d’entrer au comité central de la LCR ne pensant pas avoir les talents nécessaires pour la fonction) je tire un trait radical sur cet héritage marxiste-léniniste et sur la construction d’un parti qui sélectionne avec soin des révolutionnaires professionnels pour guider les masses. Je choisis le fédéralisme qui n’est pas sans faiblesse ni défaut mais qui a au moins le mérite d’être une école pratique du socialisme autogéré auquel j’aspire. Et qu’on ne me dise pas que le NPA n’a rien à voir avec l’histoire et le moule idéologique sanctuarisé par le « succès » de la Révolution russe !
Je pars après un an de réflexion (3) en laissant de nombreux amis et d’excellents camarades dans ou autour du NPA. Avec certains d’entre eux j’avais tenté de mener le débat pour faire évoluer le NPA. Nous avions notamment établi que les militants d’un parti révolutionnaire ne pouvaient en aucun cas avoir des conduites politico-morales contraires au but final émancipateur, même au nom d’une supposée efficacité. Mais je ne crois plus que cette organisation puisse muter hors de ses racines historiques et théoriques. Pour autant je compte bien continuer à militer avec nombre d’entre eux sur tous les terrains.
Un échec qui vient de loin.
Plus personne ne peut nier l’échec du NPA. Effondrement militant, incapacité à faire vivre la pluralité, mode de débats délirants, illusions et épuisement dans l’électoralisme, captation démocratique par le jeu des tendances, enjeux dérisoires de mini-bureaucratie…nous sommes de plus en plus nombreux à faire les mêmes constats. En créant dans le NPA le groupe de réflexion « Nouveau Parti Vraiment » (4), groupe inter-tendance, nous posions clairement le problème : Le NPA n’avait été que la duplication en plus large de feu la LCR mais jamais un parti « nouveau ». Ni politiquement, ni dans son fonctionnement. A l’époque les dirigeants de toutes les tendances nous qualifiaient « d’apolitiques »…
Le noyau dirigeant avait été sélectionné par l’ancienne direction de la LCR à l’occasion d’un basculement générationnel sur la base d’un consensus non-explicite entre multiples sous-fractions. Avec une boussole politique instable fixée sur deux concepts : celui dit des « 2 gauches » et celui dit de « gauche radicale ».
Ces deux concepts peuvent se résumer ainsi : d’un côté il existe la gauche « social-libérale » (PS) dont il ne faut rien attendre ; de l’autre côté il existe la gauche « radicale » qui pour certains devait se traduire par « gauche révolutionnaire » mais pour d’autres par « toutes les sensibilités à gauche du PS ». Deux lectures parfaitement divergentes jusque dans le noyau dirigeant où chacun espérait secrètement faire triompher « sa » lecture. Ce qui laissait un flou monstrueux en termes de projet et/ou d’alliances électorales. Dans les deux acceptions (gauchiste ou centriste) les camarades esquivaient le problème de la persistance du réformisme politique parmi les masses, escamotage rendu plausible du fait de l’effondrement organisationnel de ce courant représenté par le PCF et ses satellites. D’où la brutalité des débats et des évolutions individuelles au sein du noyau dirigeant du NPA quand le Front de Gauche et Mélenchon a commencé à redonner un visage au réformisme spontané des travailleurs.
Et maintenant ?
Le PS est devenu un parti bourgeois (même si une partie de ses militants peuvent parfois porter des attentes que nous partageons). Il défend sans faux-nez réformiste les intérêts bien compris de la bourgeoisie.
Le Front de Gauche est une nébuleuse réformiste. Une organisation qui évoque des changements radicaux mais qui entrave la construction du rapport de force nécessaire à les imposer dès que les intérêts de sa bureaucratie sont en jeu.
Les organisations révolutionnaires restent (sans surprise) totalement minoritaires en dehors d’une période pré-révolutionnaire mais elles devraient fédérer un bien plus grand nombre de ces militants radicaux qui existent dans le mouvement syndical et associatif dans le cadre d’une organisation ou d’un front d’organisations. Car nous devons reconstruire sur le dégoût bien réel des désillusions. Je pense d’ailleurs que les tentatives de « nouveaux partis » sur les ruines du marxisme autoritaire après l’effondrement des pays de l’Est étaient non pas enfin du neuf dans le paysage mais au contraire la queue de la comète des efforts des travailleurs au long du 20° Siècle pour construire leurs outils de défense et d’émancipation. Il est temps de reprendre à zéro les débats et les erreurs depuis le 19° !
Communiste toujours !
Nous vivons une crise historique du capitalisme qui va redistribuer pour quelques décennies les richesses et le pouvoir entre bourgeoisies montantes et bourgeoisies perdantes. Avec des conséquences énormes pour les travailleurs qui paieront la facture. Cette situation est en soi politisante (donc clivante) forçant les travailleurs à choisir entre une fausse sécurité fascisante, un moindre mal réformiste et le va-tout révolutionnaire.
Pour pousser dans le bon sens le choix des travailleurs et de la jeunesse, une organisation reste nécessaire, reliant les militants investis dans le syndicalisme et dans les associations combattantes. Nul besoin d’un état-major autoproclamé qui surgira de la démocratie directe quand les évènements s’accélèreront. Mais pertinence d’un réseau pratique constitué de militants investis dans tous les secteurs.
Le NPA s’est égaré comme la LCR avant lui en tentant de faire co-exister un fonctionnement vertical avec le mal nommé « droit à l’expérimentation » qui laissait les tendances majoritaires localement faire ce que bon leur plaisait. Les seuls gagnants du système étaient les dirigeants de chaque tendance qui ainsi se partageaient les pouvoirs. Il faut trancher sans chercher un mixte impossible entre les avantages et les inconvénients du verticalisme et du fédéralisme sachant que le fédéralisme n’exclu pas un certain centralisme, construit par d’autres voies que celles héritées du léninisme : celles de la coopération, de la mutualisation et du consensus.
Les camarades d’Alternative Libertaire ont su construire et développer à partir d’un noyau minuscule une organisation dont les militants pèsent dans les mobilisations réelles. Une organisation présente sur le champ international à travers le réseau « Anarkismo ». Une organisation sans chef, où les tâches sont assurées par rotation de mandats et où l’énergie principale des militants n’est pas à combattre en interne au nom de sa tendance mais à peser davantage dans les luttes réelles. Où les inévitables divergences se traitent de manière infiniment plus respectueuse entre militants que tout ce que j’ai connu.
Voilà comment j’ai fait ce choix. Voilà pourquoi j’ai envie de le partager avec vous.
(1) - Interview dans Rouge n° 1174 du 5 septembre 1985.
(2) - Scottish Socialist Party qui a explosé après un démarrage foudroyant sur l’ego démesuré de son brillant porte-parole Tommy Sheridan.
(3) - Relire divers textes dont « Il était une fois le NPA novembre 2011 »
(4) - http://nouveauparti-vraiment.blogspot.com et d’autres réseaux du même type se sont créés manifestant la vitalité militante que portait le NPA.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Libertaires au NPA ?
ouais ben il verra bien que c'est pareil, voir pire à AL le sectarisme et les égos des petits et grands "dirigeants"
iztok- Messages : 241
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 36
Localisation : toulouse
éclairez ma lanterne svp.
AL,c'est bien la succession de l'Organisation Communiste Libertaire?non?
dug et klin- Messages : 813
Date d'inscription : 07/02/2012
Localisation : quelque part entre St-Malo et Collioure en passant par Sarlat
Re: Libertaires au NPA ?
dug et klin a écrit:AL,c'est bien la succession de l'Organisation Communiste Libertaire?non?
Plutôt de l'UTCL.
ouais ben il verra bien que c'est pareil, voir pire à AL le sectarisme et les égos des petits et grands "dirigeants"
Tu mesures ce degré de piritude avec quel instrument ?
Plus sérieusement tu es un ancien de l'AL pour connaître son fonctionnement interne ?
Carlo Rubeo- Messages : 249
Date d'inscription : 03/06/2012
Re: Libertaires au NPA ?
Déjà, c'est mieux qu'il parte à AL qu'au Fdg, car il reste dans une certaine sphère "sans concessions", communiste, révolutionnaire; plutot qu'aller chez Mélenchon et compagnie. Et comme je sais qu'AL sont corrects, il servira pas de Picquet/Martin/Grond, c'est à dire de porte-flingues anti NPA...
De toute façon, on est voué à travailler ensemble ces prochains temps, pour construire une opposition ouvrière à l'austérité de gauche...
C'est bien qu'il se rende compte des problèmes de fonctionnement, lui qui a toujours couvert les agissements et les magouilles de l'ancienne clique qu'on avait à la direction. Il était en première ligne pour essayer d'exclure la Tendance Claire, il faisait partie aussi de ceux qui voulait marginaliser la FLO, et de manière générale la gauche du parti. Il a été de ceux qui ont foutu la pression au Npa Lorraine qui refusait d'appeler à voter PS au second tour des régionales.
C'est assez symptomatique je trouve qu'il axe surtout sa critique sur le fonctionnement. Bien sur, le fonctionnement c'est une question clef, c'est politique. Personne ne veut du socialisme de caserne, ni d'un club de philo. Mais ce qui a surtout été la cause principale de l'échec du NPA, c'est surtout sa direction et son orientation. Incapable de prendre des initiatives, obsédée par la popotte aux sommets entre appareils, pas foutu de choisir de construire un parti indépendant et de classe, et être juste une aile radicale de la mouvance réformiste, de la gauche de la gauche. Il revient pas dessus, pourtant, il a lui aussi, en tant que membre des différentes directions et majorités, il a lui aussi sa part de responsabilité, en appuyant des textes fourre-tout (genre les principes fondateurs)... Et je suis désolé, mais quand on voit par exemple le cas de Limousin Terre de Gauche ou du Languedoc aux régionales, on ne peut pas dire que le droit à l'expérimentation a été brimé. Le NPA dans LTG a totalement capitulé sur son programme, appuyant notamment les subventions publiques au privé, au nom de l'unité et de l'expérimentation locale... Bon, ces camarades sont partis au Front de Gauche, il me semble... S'il y a eu brimades c'est sur la gauche, notamment avec les tentatives d'exclusion...
Je trouve ça assez facile de se réfugier derrière les défauts de fonctionnement. Je suis pas un léniniste taré, le mythe du parti bolchevik d'acier ça me fait marrer, mais d'une force. Le parti bolchevik, ça a longtemps été le bordel, avec des tendances et des fractions qui s'affrontaient, même au début de la guerre civile. Se contenter de dire "vous êtes léninistes/autoritaires", c'est facile. Mais quand on posait des questions sérieuses, sur la construction et la structuration de l'organisation, ces gens là ont toujours botté en touche: Quelle intervention dans les Quartiers Populaires ? Comment se construire sur les lieux de travail, parce que gueuler "grève générale" quand on a personne dans les secteurs clés (ports, sncf, raffineries), c'est facile, les groupuscules à 3 personnes peuvent le faire (et d'ailleurs gueuler grève générale reconductible et refuser le principe des caisses de grève c'est con (on est passés pour E.T, on nous a traité d'illuminés à la dernière conférence nationale en demandant d'organiser le plus tot possible en lien avec d'autres orgas une de ces caisses de greves pour permettre aux PSA Aulnay de tenir dans la durée) ? Quelle intervention syndicale (parce qu'à marseille quand tous les profs passés depuis à la GA et au FdG votent pendant le mouvement des retraites au plus fort de la mobilisation, en AG éduc, contre un appel à la grève générale, ca fait s'interroger.) ? Comment faire militer les précaires et chomeurs, et les aider au quotidien ? Bref, plein de questions qu'ils ont évacué au profit de:
- La besancenot-mania
- La course aux élections et aux discussions avec le FdG "parce que tu comprends ca va prouver que c'est eux les sectaires et donc les gens vont voter pour nous et venir au NPA"...
- Et aujourd'hui, le fonctionnement...
De toute façon, on est voué à travailler ensemble ces prochains temps, pour construire une opposition ouvrière à l'austérité de gauche...
C'est bien qu'il se rende compte des problèmes de fonctionnement, lui qui a toujours couvert les agissements et les magouilles de l'ancienne clique qu'on avait à la direction. Il était en première ligne pour essayer d'exclure la Tendance Claire, il faisait partie aussi de ceux qui voulait marginaliser la FLO, et de manière générale la gauche du parti. Il a été de ceux qui ont foutu la pression au Npa Lorraine qui refusait d'appeler à voter PS au second tour des régionales.
C'est assez symptomatique je trouve qu'il axe surtout sa critique sur le fonctionnement. Bien sur, le fonctionnement c'est une question clef, c'est politique. Personne ne veut du socialisme de caserne, ni d'un club de philo. Mais ce qui a surtout été la cause principale de l'échec du NPA, c'est surtout sa direction et son orientation. Incapable de prendre des initiatives, obsédée par la popotte aux sommets entre appareils, pas foutu de choisir de construire un parti indépendant et de classe, et être juste une aile radicale de la mouvance réformiste, de la gauche de la gauche. Il revient pas dessus, pourtant, il a lui aussi, en tant que membre des différentes directions et majorités, il a lui aussi sa part de responsabilité, en appuyant des textes fourre-tout (genre les principes fondateurs)... Et je suis désolé, mais quand on voit par exemple le cas de Limousin Terre de Gauche ou du Languedoc aux régionales, on ne peut pas dire que le droit à l'expérimentation a été brimé. Le NPA dans LTG a totalement capitulé sur son programme, appuyant notamment les subventions publiques au privé, au nom de l'unité et de l'expérimentation locale... Bon, ces camarades sont partis au Front de Gauche, il me semble... S'il y a eu brimades c'est sur la gauche, notamment avec les tentatives d'exclusion...
Je trouve ça assez facile de se réfugier derrière les défauts de fonctionnement. Je suis pas un léniniste taré, le mythe du parti bolchevik d'acier ça me fait marrer, mais d'une force. Le parti bolchevik, ça a longtemps été le bordel, avec des tendances et des fractions qui s'affrontaient, même au début de la guerre civile. Se contenter de dire "vous êtes léninistes/autoritaires", c'est facile. Mais quand on posait des questions sérieuses, sur la construction et la structuration de l'organisation, ces gens là ont toujours botté en touche: Quelle intervention dans les Quartiers Populaires ? Comment se construire sur les lieux de travail, parce que gueuler "grève générale" quand on a personne dans les secteurs clés (ports, sncf, raffineries), c'est facile, les groupuscules à 3 personnes peuvent le faire (et d'ailleurs gueuler grève générale reconductible et refuser le principe des caisses de grève c'est con (on est passés pour E.T, on nous a traité d'illuminés à la dernière conférence nationale en demandant d'organiser le plus tot possible en lien avec d'autres orgas une de ces caisses de greves pour permettre aux PSA Aulnay de tenir dans la durée) ? Quelle intervention syndicale (parce qu'à marseille quand tous les profs passés depuis à la GA et au FdG votent pendant le mouvement des retraites au plus fort de la mobilisation, en AG éduc, contre un appel à la grève générale, ca fait s'interroger.) ? Comment faire militer les précaires et chomeurs, et les aider au quotidien ? Bref, plein de questions qu'ils ont évacué au profit de:
- La besancenot-mania
- La course aux élections et aux discussions avec le FdG "parce que tu comprends ca va prouver que c'est eux les sectaires et donc les gens vont voter pour nous et venir au NPA"...
- Et aujourd'hui, le fonctionnement...
Marco Pagot- Messages : 940
Date d'inscription : 26/06/2010
Age : 36
Re: Libertaires au NPA ?
Carlo Rubeo a écrit:dug et klin a écrit:AL,c'est bien la succession de l'Organisation Communiste Libertaire?non?
Plutôt de l'UTCL.ouais ben il verra bien que c'est pareil, voir pire à AL le sectarisme et les égos des petits et grands "dirigeants"
Tu mesures ce degré de piritude avec quel instrument ?
Plus sérieusement tu es un ancien de l'AL pour connaître son fonctionnement interne ?
Moi oui, et heureusement que le national, c'est pas le local. Violences sexistes, autoritarisme, sectarisme... et maintenant trips "communisateurs" genre "Non, on ne participera pas à la mobilisation pour les bourses devant les CROUS, c'est pas le rôle des révolutionnaires''...
Marco Pagot- Messages : 940
Date d'inscription : 26/06/2010
Age : 36
Re: Libertaires au NPA ?
Marco Pagot a écrit:Carlo Rubeo a écrit:dug et klin a écrit:AL,c'est bien la succession de l'Organisation Communiste Libertaire?non?
Plutôt de l'UTCL.ouais ben il verra bien que c'est pareil, voir pire à AL le sectarisme et les égos des petits et grands "dirigeants"
Tu mesures ce degré de piritude avec quel instrument ?
Plus sérieusement tu es un ancien de l'AL pour connaître son fonctionnement interne ?
Moi oui, et heureusement que le national, c'est pas le local. Violences sexistes, autoritarisme, sectarisme... et maintenant trips "communisateurs" genre "Non, on ne participera pas à la mobilisation pour les bourses devant les CROUS, c'est pas le rôle des révolutionnaires''...
Violences sexistes à l'AL ?
Je ne suis pas de l'AL, mais ses militants m'ont toujours paru ultra-corrects sur ce sujet.
Tu ne confonds pas avec la CNT-f ?
Carlo Rubeo- Messages : 249
Date d'inscription : 03/06/2012
Re: Libertaires au NPA ?
La cnt f c'est la cnt femme ou la cnt des vignolles ?
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 68
Localisation : La terre
Re: Libertaires au NPA ?
Carlo Rubeo a écrit:Marco Pagot a écrit:Carlo Rubeo a écrit:dug et klin a écrit:AL,c'est bien la succession de l'Organisation Communiste Libertaire?non?
Plutôt de l'UTCL.ouais ben il verra bien que c'est pareil, voir pire à AL le sectarisme et les égos des petits et grands "dirigeants"
Tu mesures ce degré de piritude avec quel instrument ?
Plus sérieusement tu es un ancien de l'AL pour connaître son fonctionnement interne ?
Moi oui, et heureusement que le national, c'est pas le local. Violences sexistes, autoritarisme, sectarisme... et maintenant trips "communisateurs" genre "Non, on ne participera pas à la mobilisation pour les bourses devant les CROUS, c'est pas le rôle des révolutionnaires''...
Violences sexistes à l'AL ?
Je ne suis pas de l'AL, mais ses militants m'ont toujours paru ultra-corrects sur ce sujet.
Tu ne confonds pas avec la CNT-f ?
Justement, ils en sont en marge mais toujours à AL... pour le moment...
Du genre à écrire des articles dans AL le journal comme quoi déconstruire les genres c'est opprimer ceux qui ont fait le choix de vivre en couple hétérosexuel... Les militant-e-s d'AL verront de qui et de quoi je veux parler...
Marco Pagot- Messages : 940
Date d'inscription : 26/06/2010
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