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Re: Norvège
Attentats en Norvège: idéologie et motivations du terroriste Jean-François Mayer 25 juillet 2011, 19:36
"Néo-nazi"? "Chrétien fondamentaliste"? Ce sont certaines des étiquettes qui ont été appliquées à l'auteur des dévastateurs attentats commis en Norvège le vendredi 22 juillet 2011. Mais ni l'une ni l'autre de ces désignations ne sont adéquates: grâce aux documents rédigés par Anders Behring Breivik, nous pouvons nous faire une idée plus précise des convictions de cet homme aux convictions d'extrême-droite (il se décrit lui-même comme "conservateur"), anti-musulman, pro-israélien, franc-maçon et "chrétien culturel". Et, surtout, un homme à deux visages, jusque dans sa propre mouvance politique.
Grâce aux nouveaux outils de communication qu'offre Internet, nous avons accès à deux sources pour cerner les convictions d'Anders Behring Breivik (né en 1979). D'une part, les commentaires qu'il a publiés sur le site norvégien Document.no: les responsables de ce site ont rassemblé en un seul document tous les messages de Breivik. D'autre part, le manifeste qu'il a envoyé à des milliers de correspondants juste avant de commettre les attentats, un volumineux document rédigé en anglais et qui circule maintenant largement.
Dans ses messages sur Document.no, Breivik présente une face strictement politique: aucun appel à la violence. En revanche, le manifeste, intitulé 2083. A European Declaration of Independence, présente de façon élaborée un projet de terrorisme et de prise du pouvoir par la force. Breivik était parvenu à maintenir une image publique qui ne permettait pas de soupçonner ce qu'il allait préparer. Et cela relevait chez lui d'une démarche mûrement réfléchie: il lui fallait à tout prix éviter, jusqu'au jour fatidique, d'attirer l'attention des services de sécurité. Nous ne trouvons donc pas ici face à une personne qui aurait subitement décidé de choisir la violence par suite d'un événement personnel, mais bien d'une stratégie de dissimulation découlant des contraintes d'un combat clandestin.
Nous allons commencer par la "face publique", c'est-à-dire par le message politique diffusé par Breivik sur le site Document.no. Car, la violence en moins, ce message se situe en continuité par rapport à ce qu'il nous dit dans son manifeste. Breivik est convaincu que l'on ne peut tout dire à un large public, mais qu'il faut aider les éléments plus modérés à prendre conscience des dangers et de la nécessité d'une réaction.
Les prises de position publiques de Breivik
Selon la notice de Wikipedia à son sujet (le manque de temps au moment de la préparation de cet article ne nous permet pas d'aller chercher de plus amples renseignements sur ce point), Document.no a commencé en janvier 2003 comme un blogue, mais est devenu de plus en plus un journal en ligne. Ses orientations sont critiques envers l'immigration et l'islam, et pro-israéliennes. Le site s'efforce d'offrir un contrepoids aux opinions exprimées dans les médias dominants.
Les commentaires postés par Anders Breivik sur le site Document.no vont de septembre 2009 à octobre 2010, avec une activité particulièrement intense en 2009. Il s'y présente comme un entrepreneur qui a réussi: il aurait gagné son premier million à l'âge de 24 ans (1 million de couronnes norvégiennes représentent au cours actuel environ 125'000 €) et déclare avoir de nombreux amis qui ont eu du succès dans leurs entreprises, notamment dans le domaine de réseaux sociaux. Dans le manifeste que nous analyserons plus loin, il déclare avoir gagné 4 millions de couronnes entre 2002 et 2006. Il n'a probablement pas été un businessman aussi brillant qu'il voudrait le faire croire — mais l'enquête le dira bientôt: en tout cas, Breivik ne se sent manifestement pas dans la peau d'un loser, ou ne veut pas se présenter comme tel. Il écrit en 2009 avoir gagné assez d'argent pour se consacrer pleinement à ses activités politiques.
Sur le plan religieux, il est protestant, baptisé et confirmé à 15 ans "de sa propre volonté", mais l'Eglise est devenue une "plaisanterie", avec "des prêtres en jeans qui manifestent pour la Palestine et des églises qui ressemblent à des centres commerciaux à l'architecture minimaliste". Il souhaite une conversion collective de l'Eglise protestante au catholicisme. En attendant, lors des élections ecclésiastiques, il vote pour les candidats les plus conservateurs.
Il développe une critique sans concession du multiculturalisme et de l'immigration extra-européenne (réfugiés). L'islam et la menace présentée par celui-ci le préoccupent spécialement. Certes, il admet que la majorité des musulmans, des nazis ou des marxistes, sont "modérés", mais à travers de tels parallèles, il entend aussi montrer qu'il n'y a pas plus de sens à parler de "musulmans modérés" que de "nazis modérés": ils restent des musulmans et des nazis. Il adhère aux thèses selon lesquels il y aurait dans tout musulman, même modéré, un dangereux musulman radical en puissance. Toutes les idéologies de haine devraient être traitées également, et l'islam est la plus meurtrière en nombre de victimes.
A ses yeux, la coexistence avec les musulmans ne peut conduire qu'au djihad sous toutes ses formes, y compris démographiques (croissance de la population musulmane en Europe). Les événements survenus dans des banlieues françaises viennent confirmer ses vues. Il évoque la création d'un nombre croissant de zones sous contrôle musulman dans les pays européens, y compris la Norvège, mais beaucoup plus en France, zones où les non-musulmans ne peuvent pénétrer sans risque.
Il brosse un tableau angoissant des progrès de l'islam sur sol européen. Il présente le développement de la présence musulmane en Norvège comme un grave danger, avec de plus en plus de Norvégiens qui quittent les quartiers Est d'Oslo pour cette raison. Il estime aussi que des centaines de jeunes Norvégiens se sont suicidés ces 15 dernières années en raison de la terreur psychologique, des attaques, des vols et des viols commis par de jeunes musulmans.
Cela dit, il démontre aussi une capacité à penser en termes politiques et de rapports de force: par exemple, il pense que c'est une erreur de s'attaquer unilatéralement à l'Iran, qui est le seul pays musulman à faire contrepoids à l'Arabie saoudite: ce n'est pas l'Iran qui a financé des centaines de centres wahhabites en Europe et des groupes djihadistes, remarque-t-il.
Si l'Europe se trouve dans une telle situation, estime Breivik, c'est aussi en raison de développements internes: l'Europe a perdu la guerre froide dès les années 1950, en laissant des marxistes et antinationalistes accéder à des positions de pouvoir et investir le monde de l'enseignement. Sous couvert de droits de l'homme, les marxistes culturels s'efforcent depuis plus de 40 ans d'écraser la tradition, la culture et l'identité européennes ainsi que la souveraineté des nations. Les "vrais humanistes" naïfs sont manipulés par les "faux humanistes" marxistes. Après la 2e guerre mondiale, il aurait fallu emprisonner tous les nazis et tous les marxistes, et l'on n'en serait pas arrivé là, estime-t-il. "Si nous parvenons à sauver l'Occident avant qu'il ne soit trop tard, je doute qu'un futur régime patriotique commette la même erreur." Cette phrase est sans doute l'une des très rares allusions directes, sur Document.no, à l'instauration d'un système autoritaire envisagée de façon détaillée par Breivik dans son manifeste 2083. De toute façon, ses textes en ligne laissent entendre qu'il se situe dans la perspective d'un combat politique et culturel de longue haleine: Il entrevoit un changement de régime en Europe à l'horizon des 70 prochaines années — cela explique le choix de la date dont il a fait le titre de son manifeste.
En même temps, il admire l'efficacité des réseaux marxistes et humanistes en Norvège. Il trouve en revanche que le Parti du progrès (originellement classé à l'extrême-droite de l'échiquier politique norvégien) est devenu trop soucieux du politiquement correct et a une assise idéologique faible, ignorant le combat culturel. Les partis politiques conservateurs classiques acceptent le multiculturalisme et le marxisme culturel: les conservateurs britanniques, par exemple, ne méritent plus ce nom, estime Breivik.
Le combat culturel semble appartenir à ses priorités: il considère comme importante la création de grands médias culturellement conservateurs. En septembre 2009, il affirme espérer obtenir une aide de sa loge maçonnique pour la création d'un journal national conservateur — seule allusion directe à son affiliation maçonnique sur Document.no.
Il est bien sûr opposé à la mondialisation, derrière laquelle il entrevoit une utopie de monde uni régi par l'ONU. Mais Breivik n'est pas pour autant un raciste: il se déclare opposé à l'ethnocentrisme. Il voit de jeunes Norvégiens réagir à l'islam par l'ethnocentrisme, mais il déclare que ce qui n'est pas la solution. Les partis d'extrême-droite à tendance raciste ont été un échec, ne recueillent qu'une petite fraction des votes et risquent en outre de compromettre la cause d'un mouvement culturel conservateur européen.
Il cite en revanche avec approbation l'activiste anti-islamique néelandais Geert Wilders; il est aussi un lecteur attentif des principaux sites anti-islamistes en anglais. Il ne cache pas sa sympathie pour l'English Defence League (EDL), une organisation qui entend lutter dans la rue contre l'"extrémisme islamique" et dont certaines des origines se trouveraient dans des milieux d'extrême-droite: il souhaite voir émerger une organisation semblable en Norvège et affirme avoir eu des contacts directs avec l'EDL – ce que ses responsables réfutent vigoureusement (d'ailleurs, les groupes anti-islamistes prennent publiquement leurs distances à la suite de l'attentat, et certains représentants de ces milieux estiment que Breivik est en fait devenu lui-même un djihadiste).
Breivik se réfère à ce qu'il appelle "l'école de pensée (ou l'académie) de Vienne", par laquelle il évoque apparemment certaines figures de proue de la critique de l'islam en Europe. Selon lui, cette école de pensée s'appuierait sur les principes suivants:
- conservatisme culturel (anti-multiculturalisme);
- opposition à l'islamisation;
- antiracisme;
- anti-autoritarisme (opposition à toutes les idéologies autoritaires de haine);
- pro-Israël et préservation des minorités non musulmanes dans les pays musulmans;
- défense des aspects culturels du christianisme;
- démasquer le projet d'Eurabie et l'Ecole de Fracfort (néo-marxisme, marxisme culturel, multiculturalisme).
En octobre 2009, Breivik définit les tâches à accomplir pour les vingt prochaines années: il évoque la création d'un journal culturellement conservateur avec diffusion nationale, le besoin d'un contrepoids face aux organisations "norvégiennes marxistes violentes", les efforts pour prendre le contrôle d'ONG, et le lancement d'un partenariat avec les forces conservatrices au sein de l'Eglise norvégienne.
Un programme politique et non violent, en apparence. En décembre 2009, il se moque de ceux qui évoquent la possibilité d'attentats d'extrême-droite ou nazis: il ne connaît pas de cas d'important attentat de ce type en Europe. Il y voit plutôt un voeu pieux de la gauche. Cependant, dans un passage d'un message de décembre 2009, il dit qu'il y a des "idéologues martyrs", et qu'il pourrait bien être lui-même dans cette catégorie: mais la description n'indique aucune association entre l'idée de "martyre" et la violence dans ce cas précis: ces "idéologues martyrs" seraient plutôt des gens prêts à se profiler pour fournir des orientations idéologiques à des personnes plus modérées, tout en acceptant ensuite que l'on se distance d'eux pour des raisons tactiques.
En fait, sans le dire publiquement, Breivik était bel et bien en train de développer dans son manifeste, 2083, l'idée d'un "martyre" assez semblable à celui envisagé dans des mouvements djihadistes: un peu comme si, à force de s'opposer à l'islam, il avait fini par assimiler lui-même, mimétiquement, les traits de certains groupes radicaux, à la manière d'une réponse au même niveau...
2083: le manifeste de Breivik
Juste avant d'aller commettre ses actes le 22 juillet, Breivik envoya à un certain nombre de correspondants le manifeste auquel il travaillait depuis des années. Certains de ceux-ci le partagèrent. Un lien (qui ne fonctionne plus) vers ce manifeste fut ainsi publié sur le forum d'extrême-droite Stormfront, où les lecteurs l'accueillirent d'ailleurs de façon mitigée, en raison de l'affiliation maçonnique de Breivik et de sa défense d'Israël. Nous ne disposons pas d'une vue d'ensemble des canaux par lesquels le manifeste se répandit initialement: selon des indications fournies dans l'introduction et dans d'autres passages du texte (pp. 1271 et 1418), Breivik aurait utilisé Facebook comme canal de propagation du texte, en recueillant dès 2009 des adresses en adressant des demandes d'amis à des personnes figurant sur des groupes Facebook potentiellement sympathiques à ses opinions: il aurait ainsi rassemblé plusieurs milliers d'adresses électroniques, auxquelles il envoya son document. Celui-ci est aujourd'hui accessible à partir de plusieurs sources en ligne, soit sous la forme du fichier original au format .docx, soit converti en PDF. Grâce à Internet, impossible de stopper la circulation d'un tel document.
Le fichier d'origine est long de 1.516 pages. Le texte a été écrit en anglais, même si Breivik a conscience que sa maîtrise de cette langue n'est pas parfaite et encourage donc de futures améliorations par des personnes dont c'est la langue maternelle, puisque, "pour d'évidentes raisons, je ne serai pas en mesure de continuer à le développer" (p. 17). La propriété intellectuelle de l'ouvrage appartient à tous les Européens, qui sont donc libres de le diffuser et de le traduire. Breivik souhaite des traductions en français, en allemand et en espagnol. Le livre représente un travail qui s'est poursuivi jusqu'au jour même des attentats, puisque l'auteur y ajoute une ultime note quelques heures avant. Pour certains chapitres, l'auteur indique qu'il s'agit d'un premier jet.
Breivik indique qu'il est l'auteur d'environ la moitié du contenu: l'autre moitié a été empruntée à différents auteurs. C'est ainsi que des journaux norvégiens ont relevé des emprunts à Theodore Kaczynski (Unabomber). Mais la lecture permet de découvrir de nombreux autres emprunts: des textes repris de différents sites Internet, parfois adaptés par Breivik pur les ajuster à ses vues. Il a certainement passé plus de temps devant son écran que dans des bibliothèques.
Le livre est signé d'un nom légèrement modifié: Andrew Berwick, à Londres. Après sa signature figure la mention: "Commandant chevalier justicier pour les Chevaliers templiers d'Europe et l'un des dirigeants du Mouvement national et pan-européen de résistance patriotique". Il s'agit pour Breivik de donner l'impression qu'il n'est pas un individu isolé, mais un représentant d'un mouvement clandestin plus large. Cependant, tout laisse supposer que l'organisation est une fiction, destinée — assez habilement — à créer un mythe autour duquel viendront se rassembler des militants individuels: l'on peut en effet imaginer que cela puisse exciter quelques militantismes adolescents.
La référence templière est affichée sur la page de garde, avec une grande croix templière (la même que celle qui flotte à l'entrée du siège de l'Ordre des francs-maçons de Norvège, qui a expulsé Breivik de ses rangs après les attentats), et une référence en latin au célèbre texte médiéval de Bernard de Clairvaux sur les templiers, De Laude Novae Militiae. Pourquoi l'étiquette templière? Probablement parce que l'image de moines soldats correspond assez bien à ce que voudrait susciter Breivik; surtout, l'association avec les croisades évoque la lutte contre l'islam.
Le livre commence par une critique du "politiquement correct", assimilé au "marxisme culturel" qu'abhorre Breivik. Puis le corps de l'ouvrage est divisé en trois livres:
1 - Ce que vous devez savoir, notre histoire falsifiée et autres formes de propagande marxiste culturelle / multiculturaliste.
2 - L'Europe brûle.
3 - Une déclaration de guerre préemptive.
Les deux premiers livres développent notamment une critique de l'islam, dans l'histoire et aujourd'hui, sous toutes les latitudes. L'Europe serait en voie d'islamisation. A cela, l'auteur envisage des réponses radicales, notamment de "futures déportations des musulmans d'Europe" (p. 764). Il précise que ceux qui accepteront volontairement la déportation recevront une compensation: 1 kilogramme d'or par membre de chaque famille (p. 1302).
Mais il ne suffit pas de s'opposer à l'islam. Dans un chapitre intitulé "Le voyage idéologique - du zélote multiculturaliste endoctriné au révolutionnaire conservateur", Breivik explique qu'il avait commencé à rédiger ce qu'il appelle le "compendium" en ne s'occupant que des questions relatives à l'islamisation et à l'immigration musulmane massive, de crainte d'être qualifié de raciste. Il dit avoir été terrifié par la perspective d'être ainsi étiqueté, au point de se laisser paralyser par cette peur.
"Malheureusement pour moi, j'ai découvert au cours d'années de recherches et d'études que tout est lié. Notre situation actuelle est un résultat direct de la 2e guerre mondiale et de la guerre froide, de l'Ecole de Francfort et de la montée du marxisme culturel / multiculturalisme et du politiquement correct. [...] Nous sommes forcés de soulever tous les tabous et de réexaminer les 'vérités acceptées'.
"Si je m'étais rencontré moi-même il y a 12 ans, j'aurais probablement pensé que j'étais un cinglé extrémiste et paranoïaque, croyant à des théories du complot."
Cependant, Breivik précise qu'il n'y a aucune condition raciale pour devenir chevalier justicier (p. 844). En outre, le Grand Maître ne doit avoir aucun passé de racisme ou de soutien pour le conservatisme racial (p. 1078). Breivik poursuit cependant en exprimant ce qu'il qualifie de vues personnelles sur le sujet, n'engageant pas les templiers.
Ses réflexions découlent de son rejet du multiculturalisme: il a le sentiment que, à travers les politiques migratoires, l'adoption de bébés non européens et d'autres développements, une politique génocidaire visant à l'annihilation démographique des groupes ethniques européens est poursuivie (p. 1160). L'encouragement aux mariages interraciaux va contre la nature, dans tous les peuples: la pureté raciale / ethnique a toujours été très importante chez les Coréens et les Japonais. Breivik se montre ainsi soucieux de préserver la "tribu nordique". Et il énumère les conséquences graves des mariages interraciaux. Sans parler, au fur et à mesure que la guerre civile européenne progressera, des conséquences pour les familles issues de mariages mixtes: Breivik rappelle les traitements infligés aux femmes ayant eu des relations avec les occupants allemands dans différents pays d'Europe (p. 1163). Les mélanges raciaux menacent l'unité de notre tribu. Breivik souhaite une amélioration biologique dans la reproduction (p. 1203).
Donc, même s'il ne l'était probablement pas au départ, dans sa réflexion, Breivik semble avoir progressivement glissé vers des opinions partiellement racistes et une insistance sur la pureté du sang comme liée à la dilution de l'identité (aucun pays nordique ne peut absorber plus de 2% d'immigrants non européens par génération, estime-t-il [p. 1166]) — tout en continuant à affirmer que toute personne qui partagera le combat de Templiers, quelle que soit sa race, aura sa place comme citoyen de l'Europe future. Par ailleurs, il maintient son opposition au national-socialisme (même si 60% de ses actions politiques étaient compatibles avec des vues conservatrices, selon lui), d'autant plus qu'il a été un désastre pour les Européens. Et l'opposition indiscriminée du nazisme à l'encontre des juifs n'était pas acceptable: il aurait fallu distinguer entre juifs révolutionnaire et juifs conservateurs, et préserver ces derniers. Breivik se qualifie à plusieurs reprises d'anti-nazis, mais se sent en même temps embarrassé parce qu'il se rend bien compte que ses thèses trouvent en partie des oreilles attentives dans des milieux aux sympathies néo-nazies.
Outre le marxisme et le multiculturalisme, Breivik développe des idées sur différents autres sujets, par exemple il se dit certain que nous allons vers un retour du système patriarcal, la seule question étant de savoir "si l'Europe future sera dominée par un patriarcat musulman ou chrétien". Il se penche aussi sur la question de la morale sexuelle, et des maladies sexuellement transmissibles. Mais nous ne pouvons, dans cette investigation préliminaire, analyser l'ensemble du texte. Après avoir brossé quelques lignes du cadre intellectuel dans lequel se meut l'idéologie de Breivik, arrivons-en aux aspects spécifiquement liés à l'action terroriste.
L'arrière-plan d'une stratégie terroriste
Pour des raisons qui relèvent peut-être d'une prudence en cas de saisie du manuscrit avant qu'il soit arrivé à ses fins, Breivik choisit de présenter son troisième livre (et certains passages du deuxième) comme une fiction, montrant ce qui se passerait "si l'islam devait dominer l'Europe" et si "certains groupes et individus de résistance chrétienne / conservatrice / nationaliste choisissaient de s'opposer à ce qu'ils perçoivent comme des menaces et ennemis" (p. 777). Toutes les explications assez alambiquées autour d'une fiction ne sont pas convaincantes, et encore moins après les événements du 22 juillet: ce que Breivik explique là est bien ce qu'il espère voir survenir, et il crée par la même occasion et par anticipation une sorte de légende qui devrait ensuite inciter d'autres personnes à suivre ses traces — une possibilité que la diffusion large du texte rend d'ailleurs plausible aujourd'hui, même si peu de gens pourraient développer la persévérance et la discipline de l'auteur pour arriver à leurs fins.
Cette section commence par expliciter le sens du sous-titre du livre, "A European Declaration of Independence", un texte de "Fjordman", un auteur norvégien anti-islamiste que Breivik admire beaucoup et cite souvent, au point que plusieurs personnes ont suggéré qu'ils ne faisaient qu'une seule et même personne: mais "Fjordman", qui se retranche toujours derrière son pseudonyme, s'en défend énergiquement depuis le 22 juillet et affirme n'avoir jamais rencontré Breivik (ce que ce dernier confirme d'ailleurs, non sans avoir essayé d'établir le contact). Cette "déclaration", qui avait été publiée en 2007 sur le site conservateur The Brussels Journal, demande le démantèlement de l'Union européenne, la fin du multiculturalisme et de l'immigration musulmane, l'abandon du soutien à l'Autorité palestinienne, notamment. Il se termine par une prise de position qui va probablement encore valoir quelques questions délicates à "Fjordman" ces prochains temps:
"Si ces exigences ne sont pas entièrement mises en œuvre, si l'Union européenne n'est pas démantelée, si le multiculturalisme n'est pas rejeté et l'immigration musulmane stoppée, nous, les peuples de l'Europe, n'auront d'autre choix que de conclure que nos autorités nous ont abandonnés, et que les impôts qu'ils prélèvent sont injustes et que les lois qu'ils adoptent sans notre consentement sont illégitimes. Nous cesserons de payer des impôts et prendrons les mesures appropriées pour protéger notre propre sécurité et assurer notre survie nationale."
Au passage, cela montre que la dérive violente de Breivik s'est déroulée sur l'arrière-plan d'un narratif auquel il n'est pas le seul à souscrire, et qui décrit la situation actuelle de l'Europe comme dramatique, au point qu'il n'est plus possible de garder confiance envers les gouvernements: la diffusion d'une telle vision des choses a créé le cadre dans lequel peuvent surgir des passages à l'action illégale — puisque la légitimité même du cadre légal se trouve niée.
Cela débouche donc logiquement, chez Breivik, sur une sorte d'acte d'accusation contre les "criminels de guerre européens", c'est-à-dire toutes les élites soutenant le "marxisme culturel" et le multiculturalisme. Elles se trouvent accusées de "génocide culturel contre les peuples indigènes de l'Europe", d'assistance à l'invasion et colonisation du continent, de réprimer ceux qui tentent de s'opposer à ces développements, de causer l'extinction des populations indigènes, de manipuler les votes par la démographie islamique, de participation à des crimes de guerre "contre les Croates mais surtout les Serbes", de propager une idéologie de haine anti-européenne, pour ne citer que quelques-uns des points de cette longue dénonciation.
Cependant, magnanime, le Mouvement de résistance européen, c'est-à-dire les templiers, est prêt à offrir le pardon aux régimes multiculturalistes, aux partis politiques et aux traîtres individuels de catégorie A et B (Breivik définit trois catégories), s'ils capitulent avant le 1er janvier 2020 et répondent à différentes exigences. De même, jusqu'à 2020, les musulmans sont invités à se convertir au christianisme, à adopter des noms européens, à renoncer à leurs langues d'origine, etc.
Breivik dessine ensuite les grands traits de ce nouveau système dont il faudrait jeter les bases, incluant l'interdiction de l'islam. Curieusement, ce système prévoit, à côté du gouvernement, un "conseil des gardiens", ayant notamment l'autorité sur toutes les forces militaires et de police, mais aussi un rôle de garant idéologique, avec droit de veto: cela rappelle un peu, à certains égards, les institutions iraniennes!
Seule la résistance armée peut aujourd'hui sauver l'Europe: "le temps du dialogue est passé", "la lutte armée est la seule approche rationnelle" (p. 812). D'ici 2083 au plus tard, les régimes multiculturalistes s'effondreront.
Le fer de lance de la résistance, ce sont les templiers, refondés à Londres en 2002 par des personnes de plusieurs nationalités (dont un Norvégien...), à la fois comme ordre militaire et comme tribunal — tout laisse penser, bien sûr, que cela n'est en effet qu'une fiction, par laquelle Breivik insinue qu'il est lié à d'autres personnes partageant le même idéal à travers l'Europe. Chaque "chevalier justicier" est appelé à fonctionner comme "juge, jury et exécutant" (p. 829): tel est de toute évidence le rôle dans lequel Breivik s'est placé le 22 juillet. Il élabore de façon détaillée les méthodes de lutte clandestine, avec des cellules (y compris des solo cells, c'est-à-dire constituées d'un seul individu): car Breivik considère comme dangereuses des cellules de plus de deux personnes. Et il invite à ne pas mésestimer l'intelligence de l'ennemi, de même qu'il met en garde contre des erreurs courantes, par exemple se vanter de l'action que l'on a commise ou que l'on va commettre. Il ne faut pas choisir des cibles trop protégées, mais plutôt assassiner des gens qui n'ont pas de gardes du corps.
La terreur, explique Breivik, est une méthode pour "éveiller les masses", mais cela suscitera aussi beaucoup de haine (p. 845). Il se penche ensuite sur "la nature cruelle de nos opérations": "Il y a des situations dans lesquelles la cruauté est nécessaire, et refuser d'appliquer la cruauté nécessaire est une trahison des gens que vous désirez protéger." Et d'ajouter: "Une fois que vous décidez de frapper, il vaut mieux en tuer trop que pas assez, sinon vous risquez de réduire l'impact idéologique désiré de la frappe." En poursuivant par une remarque révélatrice:
"A beaucoup d'égards, la moralité a perdu son sens dans notre combat. La question du bien et du mal est réduite à un choix simple. Pour tout Européen patriote libre, un seul choix demeure: survivre ou périr. Certains innocents perdront la vie dans nos opérations simplement parce qu'ils sont au mauvais endroit ou mauvais moment. Habituez-vous à cette idée." (p. 847)
Bizarrement, Breivik évoque ensuite un "principe de proportionnalité": il ne faudrait pas excéder 45.000 tués et 1 million de blessés parmi les marxistes culturels et multiculturalistes d'Europe, ce qui correspondrait approximativement aux dégâts qu'ils ont causé — encore que, ajoute l'auteur, beaucoup de conservateurs, particulièrement chrétiens, insisteraient pour y inclure les victimes de l'avortement, estimées à plus de 2 millions depuis 1950.
Breivik entre dans une discussion détaillée sur la planification des opérations: financement, éviter d'éveiller les soupçons de l'entourage, de la famille ou des amis, veiller à ne pas exposer ses convictions politiques, par exemple sur des forums, ce qui pourrait attirer l'attention. L'activiste doit partir du principe que tout peut être surveillé et se comporter en conséquence.
Pour acquérir le matériel qui va servir à fabriquer des engins explosifs, il faut créer une couverture adéquate: par exemple une ferme pour acheter de l'engrais en quantité (ce qu'a fait Breivik pour préparer son opération), des activités minières pour justifier l'achat d'explosifs — et construire une légende crédible, avec site web, cartes de visite, etc.
Mais Breivik va plus loin: il se soucie de la condition mentale du combattant, de sa motivation à long terme:
"Je n'ai jamais été plus heureux qu'aujourd'hui, et je n'ai jamais eu de problème à cacher à tout le monde mon vrai agenda idéologique. Aux yeux de tous, je sais que je suis un homme de droite modéré et pas un combattant de la résistance. Ce n'est pas facile d'atteindre ce niveau de confort mental et de concentration en travaillant en même temps à quelque chose d'aussi important et grave. Vous devez surmonter de difficiles défis psychologiques initiaux et vous livrer chaque jour à un léger contrôle mental quotidien jusqu'à que l'opération soit achevée. [...] Embrasser le martyre n'est pas quelque chose que vous décidez soudainement de faire, mais c'est un processus qui demande du temps, des efforts et de l'introspection. C'est un facteur qu'une majorité de combattants de la résistance ignorent et c'est pourquoi une majorité de novices deviennent démotivés après un certain temps." (p. 855)
Nous sommes notre pire propre ennemi, avec le risque de démotivation et d'abandon: Breivik explique comment il s'entraîne quotidiennement avec des méditations et simulations mentales de ce qui va se passer, y compris les confrontations avec la police, les interrogatoires, les procès. "Cet exercice ou rituel mental quotidien me garde pleinement motivé et recharge mes batteries." Il va jusqu'à recommander des chansons et musiques qu'il trouve motivantes.
Pour surmonter la peur, le chevalier doit se faire à l'idée qu'il sera inévitablement capturé ou tué: si l'on s'habitue à cette idée, on deviendra "un chevalier sans peur, un outil de guerre dévastateur" (p. 943). Une fois appréhendé, s'il survit à l'opération, le chevalier devra utiliser son procès comme une scène pour parler au monde et apportera une contribution par son statut de martyr vivant; et même mort, un chevalier restera dans les mémoires pour des siècles (p. 948).
Les aspects techniques sont détaillés sur des dizaines de pages, qu'il serait trop long d'essayer de résumer ici: recherche et acquisition d'armes, recherche, acquisition et préparation d'explosifs, avec des descriptions précises de différents modèles, et aussi des instructions précises pour créer une armure protectrice. C'est un petit manuel du combattant terroriste que propose Breivik. Il a consacré énormément de temps non seulement à se renseigner, mais à rechercher les fournisseurs possibles (jusqu'à un panorama détaillé de réseaux criminels qui pourraient se révéler utiles), et il partage toutes ces informations. Il pense au matériel pour empêcher un véhicule de poursuivre un combattant, ou à des piques à fixer dans le dos de l'armure protectrice afin d'empaler un attaquant surgissant-par derrière pour tenter de maîtriser le combattant! De même qu'il songe à l'alimentation à avoir avant une opération, aux apports de protéines, aux anabolisants...
Différents modèles d'action sont aussi envisagés: par exemple une attaque contre la réunion annuelle du Parti socialiste ou social-démocrate, en utilisant des grenades et un lance-flamme ou un fusil d'assaut; ou encore en plaçant des bombes près des entrées, puis en déclenchant l'alarme incendie — une multiplicité de scénarios possibles est présentée. Pourquoi penser au lance-flammes? Parce qu'un traître de catégorie A ou B gravement brûlé "deviendra un symbole vivant de ce qui attend les gens coupables d'essayer de vendre leur propre peuple pour l'esclavage islamique": cela fera peur et exercera un effet dissuasif (p. 953).
Breivik se soucie aussi d'établir une classification des "traîtres": A (dirigeants politiques, médiatiques, culturels et industriels), condamnés à mort et expropriés (10 par million de citoyens); B (politiciens, parlementaires, journalistes, universitaires, artistes...), condamnés à mort et exécutés (1.000 par million de citoyens); C (coupables d'avoir assisté les autres, mais moins influents), mis à l'amende, incarcérés ou expropriés (10.000 par million de citoyens); D (peu ou pas d'influence, mais ayant assisté les précédents), pas de punition (20.000 à 30.000 par million de citoyens). A partir de ces étranges quotas de traîtres, Breivik indique le nombre de personnes de catégorie A et B (donc devant être exécutés) par pays: 65.650 en France, 82.820 en Allemagne, 10,807 en Belgique, 498 en Suisse, 4.848 en Norvège, etc...
Bien sûr, un certain nombre de ces traîtres seront des femmes: mais il faut se rendre compte que l'on se trouvera sur le champ de bataille face à des femmes qui n'hésiteront pas à tirer. Il faut donc se "familiariser avec le concept de tuer des femmes, même de jolies femmes" (p. 942). Celui qui n'y parvient pas fera mieux de se tenir à l'écart du mouvement de résistance.
Breivik estime que la violence aveugle contre des musulmans est contre-productive et ne créera au mieux que plus de sympathie pour l'islam (p. 1132). Il ne faut pas se battre avant tout contre les musulmans ou l'extrême-gauche ("antifascistes"): c'est le régime qu'il faut combattre. Il convient d'abattre d'abord les régimes, puis il sera temps de déporter les musulmans, explique-t-il (pp. 1255-1256).
Pour les attentats, Breivik s'intéresse notamment à la fabrication d'explosifs à l'aide d'engrais, en citant l'exemple de Timothy McVeigh, l'auteur de l'attentat d'Oklahoma City en 1995, mais en soulignant qu'il est devenu beaucoup plus difficile aujourd'hui de se procurer les composants nécessaires, en raison de règles plus rigoureuses introduites par mesure de sécurité. Cela signifie que "beaucoup de guides pour fabriquer des bombes disponibles sur Internet sont devenus pratiquement inutiles maintenant, parce qu'il est devenu difficile, voire impossible pour la plupart des gens de de les procurer" (p. 958). Ce n'est cependant pas impossible avec une bonne couverture pour justifier l'acquisition, continue-t-il: et nous avons en effet vu les résultats à Oslo... Il fournit des précisions sur les matériaux à choisir et des instructions de fabrication et d'utilisation complètes, en tout petits caractères dans la version .docx de son manifeste: il faut donc procéder à un copier-coller, puis les agrandir pour les lire. Le lecteur constate que Breivik s'est livré à des recherches considérables pour collecter toutes les données, et aussi vérifier les informations recueillies à travers différentes sources, Internet aidant: dans certains cas, ce sont même des sites anti-terroristes qui lui ont finalement fourni les réponses à ses questions pratiques! (p. 999)
Les attentats à la bombe ne sont cependant pas pour tout le monde, à moins d'être en mesure de produire des explosifs capables de causer de grands dégâts et d'éliminer un nombre important de "traîtres": chaque combattant doit décider selon ses capacités, et dans certains cas l'efficacité sera plus grande en se limitant aux armes à feu. Le 22 juillet, Breivik a tragiquement démontré sa capacité à utiliser différentes méthodes.
Mais Breivik voit grand: toutes les armes possibles du terroriste retiennent son attention, et il s'intéresse donc aussi à l'acquisition et à l'usage d'armes de destruction massive contre les élites "marxistes culturelles et multiculturalistes". Il commente ainsi les possibilités présentées par les armes biologiques et chimiques: l'anthrax lui semble particulièrement attrayant. Il se penche aussi sur les armes nucléaires, même s'il admet qu'il serait pratiquement impossible de s'en procurer, à moins de prendre le contrôle d'un dépôt d'armes nucléaires ou de réussir à s'entendre "avec les Russes, les Indiens ou les Israéliens" (Breivik ne cache pas ses sympathies pour les nationalistes hindous anti-musulmans). Pour une opération avec des armes nucléaires, Breivik envisage plutôt de petites charges, avec un nombre de victimes restreint, mais des explosions successives destinées à faire fléchir les régimes en place.
"Nous ne permettrons pas aux élites corrompues et traîtres de l'UE de vendre les peuples européens pour l'esclavage musulman. Nous ne leur permettrons pas d'annihiler la civilisation occidentale, nos identités et nos cultures en leur permettant de continuer à institutionnaliser et à mettre en application le multiculturalisme. Nous demandons leur reddition complète — rien de plus, rien de moins." (p. 966)
Il envisage aussi de faire sauter des centrales nucléaires: il est conscient que cela signifie la contamination de la zone environnante pour deux siècles, mais conclut que cela n'est rien par rapport aux perspectives, c'est-à-dire de permettre aux Européens de garder le contrôle de leur terre pour les millénaires à venir...
Manifestement, ce n'est pas à ce stade qu'il s'intéresse aux armes nucléaires, mais dans l'hypothèse d'un mouvement déjà plus développé. Son ouvrage combine en effet ce qu'il est déjà possible de faire et ses rêves de ce qu'il serait possible d'accomplir à des stades ultérieurs. Dans certains passages, Breivik nous éclaire sur ses préparatifs; dans d'autres, il rêve, en pleine politique-fiction, allant jusqu'à fantasmer sur de possibles alliances tactiques avec... les djihadistes! tout en admettant que cela pourrait être risqué (en effet....) et "idéologiquement contre-productif" (sic!). Quoi qu'il en soit, pour lui, le recours à aucune méthode terroriste ne va trop loin, il n'y a plus de barrières morales, tant les enjeux sont vitaux. Et l'objectif visé est l'effondrement des systèmes en place, en les atteignant si possible sous l'angle économique: d'où des considérations détaillées sur les cibles pétrolières et gazières importantes dans les différents pays européens, avec liste complète des cibles et de leurs capacités de production.
Breivik se penche aussi sur l'attitude à adopter lors d'un procès, si le combattant est arrêté après une opération réussie. Il sera intéressant de voir s'il appliquera cette tactique: si tel est le cas, il contestera l'autorité même des gouvernements en place, considérés comme un "réseau criminel global" (p. 1107). Il sait que cela vaudra à l'accusé d'être ridiculisé, mais il ne soit pas se démonter et continuer à soutenir sa cause avec le plus grand sérieux: "Ils riront aujourd'hui, mais au fond d'eux, ils ont un peu de peur, de respect et d'admiration pour notre cause [...]." Le procès doit être utilisé "comme une plateforme pour l'avancement de notre cause" (p. 1108). (Il fournit un exemple de ce que pourrait être un discours d'un "chevalier" pour se défendre, mais il s'agit certainement d'un texte emprunté à un autre auteur et remanié par Breivik, car les références sont américaines.)
La planification des attentats
Le texte offre plus que le parfait manuel du terroriste et des considérations sur l'islamisation, le multiculturalisme ou la future organisation de l'Europe après les plans de la guerre civile: il ouvre des aperçus sur les sentiments de Breivik, et aussi nous livre les détails de l'opération qu'il prépare.
A vrai dire, un passage intrigant (p. 1346) laisse entendre qu'il avait prévu de ne pas s'en tenir à l'attentat d'Oslo et à la fusillade sur l'île d'Utoeya, mais de mener trois opérations, voire une quatrième s'il ne périssait pas au cours des deux précédentes. Cela dit, il est probable que cela corresponde à un plan précédent et qu'il ait fini par se limiter à deux opérations au fur et à mesure que l'épuisement de ses ressources ne lui permettait plus ne retarder. D'autant plus qu'il affirme aussi, dans le même passage, ne pas vouloir se rendre, ce qu'il a pourtant fait.
Il décrit chronologiquement toute la phase préparatoire, dont les détails sont captivants pour toute personne intéressée par le terrorisme. Il faut cependant tenir compte de possibles éléments fictifs, notamment son initiation comme "chevalier justicier" à Londres en 2002 et le voyage subséquent qu'il aurait effectué au Liberia pour y rencontrer un héros de guerre serbe: l'enquête de police permettra probablement de clarifier tout cela.
Il fait état de ses hésitations: ce serait tellement plus simple de suivre la voie de la majorité des gens; mais il se sent sent investi d'une mission, qui l'appelle à se sacrifier pour des gens qui vont probablement "vous détester pour cela" (p. 1419).
Début 2010, il voit aussi ses fonds en train de s'épuiser rapidement. Il avait prévu de commencer à préparer l'opération avec 3 millions €, il n'a finalement pu en rassembler que 250.000, et il ne lui en reste que 50.000, plus 30.000 de limite de crédit sur ses différentes cartes: cela "va me forcer à passer bientôt à la prochaine phase de l'opération" (p. 1419). En mars 2010, il commence à vendre des objets qui lui appartiennent (p. 1421). En mars 2011, ses ressources sont devenues dangereusement basses: 3.750 € sur son compte en banque, autant en liquide, les crédits possibles sur ses neuf cartes de crédit (p. 1438). Cela rappelle qu'il ne suffit pas de vouloir commettre un acte terroriste: il faut pouvoir y investir des moyens, pour celui qui a l'ambition d'une opération importante et de préparatifs minutieux sans bénéficier du soutien d'une organisation.
Pas si simple non plus d'acquérir des armes: il se rend dans ce but à Prague, en août 2010, mais ses tentatives d'approcher le "milieu" pour obtenir les objets de sa convoitise échouent misérablement: il va maintenant essayer "d'acquérir les armes dont j'ai besoin légalement, en Norvège" (p. 1423). L'expérience le conduit à renoncer à approcher les Hells Angels. Un moment, sans doute, où Breivik aurait bien pu être repéré par des services de police, si les personnes qu'il avait approchées (dans des maisons de passe et des clubs...) avaient été des informateurs...
Il raconte comment il se procure — avec succès — les composants pour la fabrication d'explosifs, détaillant les coûts de chaque produit. Il explique aussi quels prétextes il a trouvés pour justifier chaque achat en cas de questions des douanes. Il met au point des histoires très bien construites pour éviter les soupçons. Autant la tentative pragoise d'acheter des armes évoque plutôt un certain amateurisme, autant l'acquisition des composants pour fabriquer des engins explosifs révèle une approche très réfléchie. Et pourtant: selon des informations publiées aujourd'hui dans des médias norvégiens, un achat de produits chimiques en Pologne aurait attiré l'attention des services de sécurité, mais sans suite...
Impossible de résumer ici tous les détails, minutieusement décrits par Breivik étape par étape. Mais il réfléchit aussi à ce qui peut arriver s'il survit à sa mission et se trouve en prison: il pense se réveiller à l'hôpital, après les blessures reçues au cours d'un échange de coups de feu, et se retrouver face à un véritable cauchemar: il se retrouvera démonisé, sait-il déjà, et "tous mes amis et ma famille me détesteront et m'appelleront un monstre" (p. 1436). Même s'il se sent très fort, il se demande comment il résistera à une torture mentale, "peut-être accompagnée d'une torture physique". Mais "je saurai toujours que je suis peut-être le plus grand champion du conservatisme culturel que l'Europe ait vu depuis 1950".
En avril 2011, malgré des fonds de plus en plus limités, il réussit à louer une ferme... à un agriculteur envoyé en prison pour deux ans et demi parce qu'il a été impliqué dans une culture de marijuana! (p. 1454). A partir de ce moment, il n'a plus d'argent et vit sur les dépassements de limite autorisés par ses cartes de crédit.
Tout se concentre désormais sur les préparatifs, mais aussi sur la crainte d'être découvert et de devoir prendre la fuite: le 10 mai, il prépare un plan d'évacuation "en dix minutes", à tout hasard. En même temps, il se soucie de cultiver de bonnes relations avec le voisinage. Mais il raconte aussi comment il craint subitement d'avoir été repéré, en pensant avoir vu des voitures de police banalisées aux abords de sa ferme. "La paranoïa peut être une bonne chose, ou un fléau. [...] J'ai décidé dès ce moment que je ne me laisserais pas gagner par la paranoïa." (p. 1457) Cependant, il raconte aussi, le 18 juin, comment il ne fut pas loin d'être repéré par une visite inopinée: dans toute opération de ce genre, il y a une part d'imprévisible, et un grain de sable peut facilement venir gripper la mécanique la mieux huilée: cela aurait bien pu être le cas pour Breivik.
Il relate aussi ses tentatives pour obtenir les résultats voulus avec les explosifs: plusieurs essais frustrants, au point qu'il fut près, en juin 2011, de renoncer à l'attentat à la bombe pour se concentrer uniquement sur l'autre opération "non spectaculaire" (sic) (p. 1460). Mais il réussit finalement, apprenant un peu plus à chaque étape.
Bien des problèmes aussi avec son ordinateur — et, régulièrement, les références à des ressources financières de plus en plus limitées: durant les dernières semaines, on peut dire que Berivik préparait ses attentats à crédit...
Le 1er juillet, le laboratoire qu'il avait installé est démonté. Le 2 juillet, il commence à reconnaître les itinéraires vers les sites des opérations. Il va récupérer du matériel dans des caches. Il passe aussi beaucoup de temps à préparer les engins explosifs, conscient des risques d'explosion durant le processus. Le journal de Breivik met en évidence tout le travail de préparation d'une opération telle que la sienne et la ténacité qu'il faut y investir.
Sa note finale est datée du 22 juillet, précédée par quelques remarques curieuses sur ses projets d'avenir, comme s'il s'agissait de brouiller des pistes. ll explique aussi que, avec ce qu'il sait maintenant, il aurait pu achever l'opération en 30 jours au lieu de 80. Et cela se conclut laconiquement par la remarque: "Je pense que ce sera ma dernière note. C'est maintenant le vendredi 22 juillet, 12h51."
Les photographies qu'il insère à la fin du livre nous ont tout d'abord intriguées: elles avaient quelque chose de bizarre. En tenue de combat, on peut encore comprendre; en grand uniforme et en tablier maçonnique, cela semble déjà un peu plus étrange; quant à la photo de famille, on se demande vraiment ce qu'elle fait là. Mais un passage du manifeste en révèle la logique, dans l'esprit de Breivik: c'est du marketing, il s'agit de donner la meilleure image des combattants en prenant des photographies avant l'opération et en les diffusant ensuite (pp. 1069-1071), afin de ne pas laisser la police utiliser ensuite des illustrations donnant une image peu attrayante. Une tactique qui a d'ailleurs marché, puisque tous les médias ont repris les photographies gracieusement mises à leur disposition par Breivik lui-même!
De l'idéologie à l'action directe
Après être passé par le Parti du progrès, Breivik dit avoir commencé à se détourner en 2003 de la politique conventionnelle. Breivik se considère comme un "révolutionnaire conservateur": "conservatisme culturel", "mouvement national de résistance" ou "mouvement conservateur révolutionnaire" sont des étiquettes dans lesquelles il se reconnaît (p. 13454), marquant une orientation spécifique par rapport à d'autres groupes dans la mouvance de la droite radicale. Il est conscient d'être dans un milieu politique où il peut aussi côtoyer des néo-nazis, et il estime qu'il ne faut pas perdre son temps à se battre avec eux, mais il note que les néo-nazis sont généralement "pro-musulmans et anti-juifs", tandis qu'il exprime sa sympathie pour les "juifs de droite" et les autres minorités non musulmanes en Europe, dans lesquels il voit des alliés potentiels (p. 1131). L'hostilité des nationaux-socialistes aux juifs et à Israël, "notre principal allié", rend très difficile une coopération: leur haine des juifs les aveugle et les empêche de percevoir la menace imminente représentée par l'islam (p. 1375).
En fait, il semble penser que la plupart des néo-nazis ne le sont pas vraiment et pourraient être récupérés dans le sens de ses idées, sur la base de valeurs partagées. Cependant, dans le cadre du glissement idéologique noté précédemment, et de la remise en question de toutes les idées reçues, il s'efforce à la fois de rejeter le révisionnisme (sur la question des chambres à gaz) et de s'inquiéter des conséquences destructives de la "religion de l'holocauste" en Europe, élément qui contribue à la vulnérabilité du continent (p. 1367-1368). Il sympathise globalement avec les partis politiques nationalistes et anti-immigration: il en fournit une liste pays par pays, en Europe et dans quelques autres pays, avec leurs sites web (pp. 1246-1251).
En ce qui concerne la religion, il pense que les Eglises ont été trop influencées par les idéologies multiculturalistes, et il pense donc qu'il faut les réformer et leur donner une place dans le futur système, où le christianisme sera "la seule religion officielle des pays européens" (p. 1140). Rien du "chrétien fondamentaliste" que les médias ont décrit: c'est plutôt un homme qui pense le rôle de la religion de façon politique et met l'Eglise au service de son projet politique. C'est un christianisme culturel: dans ce sens, un "chrétien athée", dit-il, peut également s'engager dans la résistance.
Breivik emprunte aux djihadistes l'expression d'"opérations de martyre": il offre un intéressant exemple de comportement mimétique par rapport à son adversaire. De la même façon, les photographies qu'il a laissées — alors qu'il ne savait pas s'il allait sortir vivant de son opération — rappellent les pratiques semblables des djihadistes. Il explique d'ailleurs qu'il faut s'inspirer des djihadistes, qui honorent les martyrs et viennent en aide à leurs familles (p. 1079). De même que les djihadistes, il prend soin de distinguer soigneusement le martyre du suicide (pp. 1348-1350). C'est un scénario classique: quand un adversaire est perçu comme très fort, il faut s'approprier certaines de ses techniques pour être à la hauteur et le défaire.
La lecture du texte fait apparaître un esprit froid, méthodique, intelligent: il va jusqu'à préciser qu'il ne faut pas agir aveuglément et animé par la haine (p. 1031). En même temps, il y a des bizarreries qui révèlent une psychologie troublée, bien que n'empêchant pas le personnage de fonctionner efficacement: par exemple, sa façon de mettre en place dans les détails tous les aspects du combat à mener, jusqu'aux quotas de traîtres éliminer par pays, à un système de décorations minutieusement planifié pour les combattants (avec reproduction des médailles!) (pp. 1080-1095), à tous les détails des uniformes (pp. 1096-1101), à un remaniement de la carte politique du bassin méditerranéen oriental (pp. 1318-1324). Cela évoque plutôt des fantaisies d'adolescent.
Malgré ses tentatives de faire croire qu'il a été enrôlé dans une organisation ultra-secrète internationale de résistance dès 2002, le simple fait qu'il avait 23 ans à ce moment rend une telle affiliation hautement improbable: si une organisation de ce type existait, elle ne recruterait certainement pas des membres de cet âge. Il y a certes là un élément recherché de propagande, dans l'espoir de susciter des vocations et de créer une légende. Mais la présentation d'une structure néo-templière vraisemblablement imaginaire laisse supposer que Breivik vivait à la fois dans la réalité et dans une sorte de monde fictif. Il y a en lui un mélange de militant déterminé et d'enfant qui cultive des rêves de toute-puissance, en se plaçant la position d'un "chevalier justicier" avec droit de vie et de mort. Le pont entre ces deux univers lui était fourni par les abondantes publications sur Internet de la mouvance anti-islamique européenne et d'autres cercles proches: cette littérature le confortait dans son idée d'être un chevalier à l'avant-garde d'un combat crucial pour le salut du continent, un héros moderne courageux — et impitoyable en raison des enjeux. Reste à voir quelles réflexions son procès à venir, puis les années de prison, lui inspireront.
nico37- Messages : 7067
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Re: Norvège
POUR BREIVIK, PASSER POUR UN GAY ÉTAIT LA COUVERTURE IDÉALE25 juillet 2011 | par F.T.
Avant de massacrer 93 personnes en Norvège, Anders Breivik a exposé son idéologie dans un manifeste. La question de l'homosexualité y est abordée de manière surprenante.
Dans son combat contre le «marxisme culturel», l'auteur présumé du massacre d'Utøya et de l'attentat d'Oslo n'a pas oublié les gays. Anders Breivik leur consacre de nombreuses lignes de son «manifeste» de plus de 1500 pages publié peu avant la double opération sanglante de samedi. Le site allemand Queer.de relève que le terroriste de 32 ans porte un regard ambivalent sur les homosexuels. Notamment, il dément fermement être homophobe. «La vérité, écrit-il, c'est que je connais personnellement de nombreux individus homosexuels (...) et que je n'ai pas de préjugés contre eux. Pourquoi m'occuperais-je de ce qui se passe dans leurs chambres à coucher?» Il rappelle que les gays et lesbiennes sont parmi les cibles de l'«hégémonie» islamique qu'il affirme vouloir combattre lui-même.
Dans un discours en droite ligne de celui des catholiques intégristes auxquels ils semble vouer une grande admiration, Breivik prône le mariage traditionnel, la limitation du divorce, un arrêt des revendications féministes et une éducation sexuelle conservative. Dans ce cadre, il condamne les revendications LGBT et féministes, qui mettent en danger, selon lui, la civilisation chrétienne et finissent par «discriminer les hétérosexuels.» D'après lui, les mouvements LGBT contribuent ainsi eux-mêmes à la diffusion du «marxisme culturel». Il cite comme exemple Mona Sahlin, une figure du Parti social-démocrate suédois, s'interrogeant de savoir si elle et son parti vont demander bientôt que «les couples homosexuels puissent se marier dans les mosquées».
Dans le même temps, Breivik trahit un certain intérêt pour les homosexuels. Il note que depuis une vingtaine d'années, les gays et lesbiennes sont parvenus à imposer leurs vues en posant continuellement comme «victimes». Et il en tire même une certaine inspiration pour son propre combat. Selon lui, l'homosexualité est une couverture idéale pour ne pas éveiller les soupçons. «C'est une stratégie très efficace pour se lier à des femmes et empêcher des personnes d'aller fouiller dans ta vie», note-t-il. Et quand, dans son interminable manifeste, il conseille l'achat d'une voiture, ce sera une Hyundai, «parce que c'est très gay». Il avoue même se maquiller avant de se photographie. «Ça peut sembler gay, explique-t-il, mais plus on est attirant, mieux le message passe.»
nico37- Messages : 7067
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Re: Norvège
Norvège: "mentor" de Breivik entendu AFP Publié le 23/08/2011 à 18:54
Le Britannique Paul Ray, "mentor" présumé du tueur norvégien Anders Behring Breivik, va être entendu mercredi par la police norvégienne, a annoncé cette dernière.
"Il souhaite s'expliquer auprès de la police et la police souhaite entendre ses explications", a déclaré à Unni Turid Groendal, une porte-parole de la police d'Oslo.
"Il doit venir demain en Norvège et être entendu le même jour par la police", a-t-elle ajouté.
Ancien militant du mouvement d'extrême droite English Defence League (EDL), Paul Ray est généralement considéré comme le "mentor" dont Behring Breivik fait état, sans le nommer, dans le manifeste de 1.500 pages qu'il a diffusé sur internet juste avant de commettre les attaques du 22 juillet.
Se présentant comme un croisé en guerre contre le multiculturalisme et l'islam, Behring Breivik explique dans ce texte avoir eu "une relation assez étroite" avec un Anglais à qui il donne le pseudonyme de Richard, "qui est devenu mon mentor".
Chef du mouvement des "chevaliers templiers" et tenant un blog répondant au nom de Richard Coeur de lion, Paul Ray s'est lui-même reconnu dans la description faite par l'extrémiste norvégien.
Après avoir qualifié les attaques du 22 juillet de "véritablement diaboliques" dans le Times, Paul Ray, domicilié à Malte, avait annoncé à la presse norvégienne son intention de venir en Norvège pour laver son honneur, tout en disant ne pas connaître Behring Breivik.
Ce dernier, âgé de 32 ans, a reconnu être l'auteur de l'attentat à la bombe contre le siège du gouvernement norvégien à Olso puis de la fusillade contre un rassemblement de jeunes sur l'île d'Utoeya, à une quarantaine de km au nord-ouest de la capitale, deux attaques qui avaient fait 77 morts au total.
En détention provisoire dans une prison de haute sécurité, il affirme avoir agi seul.
Le «mentor» de Breivik dément tout lien entre eux AFP | 24.08.2011 | 19:20
Le Britannique Paul Ray, généralement considéré comme le "mentor" évoqué par Anders Behring Breivik, a démenti tout lien avec le tueur norvégien à Oslo, où il est venu pour tenter de laver son honneur auprès de la police norvégienne.
"Tout le monde m’a montré du doigt. C’est pour cela que je suis en Norvège aujourd’hui. Je ne suis pas son mentor. Je ne l’ai jamais rencontré", a déclaré Paul Ray à la chaîne de télévision publique norvégienne NRK. "Je veux clarifier tout cela", a-t-il ajouté.
Ex-militant du mouvement d’extrême droite English Defence League (EDL), Paul Ray, domicilié à Malte, s’est rendu en Norvège de sa propre initiative afin d’y être entendu par la police pour qui il a le statut de témoin.
"Nous allons l’interroger aussi rapidement que possible", a déclaré un porte-parole de la police d’Oslo, Roar Hanssen, précisant que l’audition pourrait se poursuivre demain.
Le manifeste de Breivik
Dans le manifeste de 1500 pages diffusé sur internet juste avant les attaques du 22 juillet, Behring Breivik explique avoir eu "une relation assez étroite" avec un Anglais à qui il donne le pseudonyme de Richard et "qui est devenu mon mentor".
Interrogé sur d’éventuels contacts avec Behring Breivik, même électroniques, Paul Ray a répondu "jamais".
Tenant un blog répondant au nom de (Richard) "Coeur de lion" ("Lionheart"), il est le chef du mouvement des "chevaliers templiers" dont Behring Breivik, qui se présente comme un "croisé" en guerre contre l’islam et le multiculturalisme, dit avoir assisté à la création à Londres en 2002.
[même fin que dépêche précédente]
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Norvège
Norvège : Anders Behring Breivik " n'est pas un loup solitaire ", selon son mentor publié le 25/08/2011 à 23:52
OSLO - Le Norvégien qui a tué 77 personnes en juillet, Anders Behring Breivik, "n'est pas un loup solitaire", a estimé jeudi un Britannique considéré comme son "mentor", après avoir été entendu comme témoin par la police à Oslo.
Lors de son audience, la police s'est montrée "très intéressée" par des cellules britanniques d'extrême droite évoquées par Behring Breivik, a ajouté Paul Ray, un blogueur ex-militant du mouvement d'extrême droite English Defence League (EDL), interviewé par l'agence de presse norvégienne NTB.
"Je ne crois pas que Breivik soit un loup solitaire. (...) Il fait partie d'un mouvement plus large qui a son propre ordre du jour", a estimé le blogueur, sans donner de détails sur ce qu'il entendait par là.
"Ils (les policiers, ndlr) étaient très intéressés par les cellules britanniques", a précisé Paul Ray. "Ils m'ont demandé si j'étais une cellule".
Dans le manifeste qu'il a diffusé peu avant de passer à l'acte le 22 juillet, l'extrémiste de droite avait évoqué l'existence de cellules secrètes dépendant, selon lui, d'un nouvel ordre des chevaliers templiers.
La police n'était pas disponible pour un commentaire jeudi soir.
Tenant un blog répondant au nom de (Richard) "Coeur de lion" ("Lionheart"), Paul Ray est le chef d'un mouvement des "chevaliers templiers" dont le tueur, qui se présente comme un "croisé" en guerre contre l'islam et le multiculturalisme, dit avoir assisté à la création à Londres en 2002.
Les policiers, a ajouté le Britannique, " étaient intéressés par mes connaissances sur la mouvance d'extrême droite et anti-djihad en Europe. J'en ai fait partie " .
Il a assuré avoir " entièrement collaboré et répondu à tout " ce que les policiers lui avaient demandé et leur avoir répété qu'il n'était pas le " mentor " du tueur.
Présenté ainsi par Behring Breivik dans son manifeste de 1.500 pages, le Britannique s'est rendu de son propre chef à Oslo mercredi. " C'est une bonne chose d'être ici ", a-t-il dit jeudi à NTB.
Dans un entretien avec le Times fin juillet, le Britannique, qui est domicilié à Malte, avait qualifié les attaques du 22 juillet de " véritablement diaboliques ".
Behring Breivik, 32 ans, a reconnu être l'auteur de l'attentat à la bombe contre le siège du gouvernement à Oslo puis de la fusillade contre un rassemblement de jeunes sur l'île d'Utoeya, près de la capitale, deux attaques qui avaient fait 77 morts au total.
En détention provisoire dans une prison de haute sécurité, il affirme avoir agi seul.
Le mentor britannique de Breivik
01.08.2011 | David Sanderson et Dominic Kennedy | The Times
Le meurtrier norvégien responsable de la mort de 77 personnes a agi seul, relate The Times. Mais sa doctrine raciste lui aurait été soufflée par Paul Ray, un Britannique membre des "Chevaliers du Temple".
Anders Breivik - auteur du double attentat norvégien du 22 juillet dernier - a puisé dans les idées de Paul Ray, un ancien membre de l’English Defence League (EDL), le mouvement d’extrême droite britannique. C’est en tout cas ce qu’a reconnu l'activiste le jeudi 28 juillet, en déclarant au Times que ses opinions islamophobes avaient influencé le Norvégien. Paul Ray est à la tête d’un mouvement de Néo-Chevaliers du Temple, une référence aux croisades médiévales en Terre sainte, et tient le blog Richard The Lionhearted [Richard Cœur de Lion]. Les propos qui y sont tenus ont inspiré le manifeste raciste mis en ligne par Breivik pour justifier le massacre des 77 personnes.
Il y a quelques années, Ray a quitté le Bedfordshire, un comté de l’est de l’Angleterre, pour se réfugier à Malte. L’homme, âgé de 35 ans, craignait alors d’être arrêté pour incitation à la haine raciale. Les deux hommes ont communiqué plusieurs fois sur Internet, même si Ray a toujours refusé d’ajouter Breivik à sa liste d’amis sur Facebook, comme il le précise au quotidien dans une interview exclusive sur l'île de Malte. L’auteur du massacre du 22 juillet avait pour habitude de se déguiser en chevalier du Temple. La description de son mentor ressemble trait pour trait à Paul Ray. Breivik a même précisé qu’il l’avait rencontré en 2002 à Londres au cours d’une manifestation. Le Britannique avoue : “Aux yeux du monde entier, je suis désormais sa source d’inspiration.” “Je suis impliqué dans cette histoire car il m’a désigné comme mentor. Que j’ai pu l’influencer ne fait aucun doute. Tout le laisse penser. Il m’a donné une tribune et une renommée. Mais ce qu’il a fait est mal. Jamais je n’en arriverai là pour faire avancer mes convictions. Breivik a beau avoir revêtu notre costume, ce qu’il a fait n’a strictement rien à voir, de près ou de loin, avec moi.”
Malgré ce que Breivik affirme, les liens qui existaient entre les deux hommes ne permettent pas d’affirmer une quelconque filiation du Norvégien à une armée de croisés des temps modernes. Les autorités norvégiennes pensent qu’il a agi seul et qu’il n’appartenait à aucune cellule terroriste. En revanche, la police a retracé des connexions entre Paul Ray et des néonazis prêts à se battre contre l’islamisation de l’Europe. Sur une photographie découverte par The Times, on le voit en Palestine, serrant dans ses bras un AK-47. L’un de ses amis proches, Nick Greger, est un néonazi allemand tatoué surnommé “Nazi Nick” par ses comparses, qui a écopé de deux ans de prison en 2002. Il avait menacé les autorités de faire sauter les voitures de militants de gauche avec une bombe artisanale. Nick Greger est le cofondateur de ce groupe de croisés et a des contacts au Liberia. C’est dans ce pays du nord-ouest de l’Afrique que Breivik affirme qu’il a été formé par un ancien militaire serbe recherché pour crimes de guerre à l’encontre de Bosniaques (musulmans des Balkans).
Paul Ray, qui pense que l’islam menace notre mode de vie, refuse d’écarter le recours à la violence si ses convictions l’exigent. Selon lui, la violence entre musulmans et chrétiens est “inévitable”. Arrêté au Royaume-Uni en 2008 pour des propos incitant à la haine raciale tenus sur son blog, il n’a jamais été condamné. Il a quitté le pays la même année. “J’aimerais aller en Norvège. L’honneur des Chevaliers du Temple a été bafoué et je veux défendre leur combat.” conclut-il.
Anders Breivik, itinéraire d’un pauvre type 25 juillet 2011 THE DAILY TELEGRAPH LONDRES
Il n’y a rien à chercher dans l’esprit d'Anders Behring Breivik. Plutôt que rationaliser ses actes, nous devrions ignorer son égo et son idéologie puérile, écrit le chroniqueur et maire de Londres Boris Johnson.
Boris Johnson
Anders Breivik n’est pas seulement fou. Il est clairement et indubitablement fou car aucun être doué de raison n’aurait pu faire ce qu’il a fait. Anders Breivik n’est pas seulement un être odieux. Si cet adjectif a un sens, il est évident qu’il s’applique à la conduite d’un homme qui peut se rendre dans un camp d’été, appeler des jeunes autour de lui et en tuer 85 avec un fusil automatique.
Des mots aussi simples que "fou" et "ignoble" ne suffiront jamais à qualifier un tel homme et nous pouvons nous attendre dans les jours et les mois qui suivent à une analyse psychiatrique approfondie de cet horrible psychopathe de 32 ans. Nous allons appeler à comparaître et à témoigner toutes les fantasmagories de cet esprit qui se croit supérieur. Aux côtés des enquêtes norvégiens, nous allons essayer de comprendre comment ces démons ont pu le convaincre de commettre un acte d’une telle cruauté préméditée. Et pour ce faire, nous nous appuierons sur le manifeste de 1 500 pages que le meurtrier (et peut-être ses complices) a mis en ligne sur Internet.
Ce document est un monceau d’absurdités : recréer l’ordre des Templiers avec Anders Breivik comme "chevalier justicier". L’objectif annoncé est de rassembler une armée de demeurés haineux pour libérer l’Europe des immigrants d’ici 2083. Breivik semble avoir agi à l’occasion du 200e anniversaire de la mort de Karl Marx, qu’il déteste et accuse d’être responsable du développement de l’égalitarisme, du féminisme, du multiculturalisme et de toutes sortes de maux. Le Mein Kampf de Breivik regorge de ruminations adolescentes piochées sur Wikipédia à propos d’Antonio Gramsci, de Theodor Adorno ou l’islam et je dois bien avouer ne pas avoir m’être acharné à le lire en entier.
J’en ai toutefois lu suffisamment pour en saisir l’essentiel et il se dégage de ses obsessions quelque chose d’à la fois étrange et de troublant. Il déblatère contre l’EUSSR assimilation de l’UE à l’URSS et "l’Eurabia", s’en prend au multiculturalisme qu’il qualifie de "vaste mensonge" et affirme que "le politiquement correct étend son ombre sur les sociétés d’Europe occidentale". "L’Union européenne peut-elle changer ?, demande-t-il. J’en doute. L’Union européenne est tenue par une classe de bureaucrates égoïstes qui ne cherchent qu’à augmenter leur pouvoir et leur budget malgré tout le mal qu’ils font".
Breivik estime que l’Europe a été systématiquement trahie par l’immigration de masse en provenance des pays musulmans, et que les méthodes de cette immigration restent cachées aux yeux des électeurs. Il cite également un grand nombre de commentateurs britanniques pour étayer ses propos. De fait, il est surprenant de voir combien cet extrémiste norvégien maîtrise les discours politiques du monde anglo-saxon.
Des points communs avec certains terroristes islamistes
Chers amis, il n’y a pas d’autre façon de le dire : une bonne partie de ce que raconte ce dangereux déséquilibré pourrait être tiré de divers blogs et commentaires qu’on trouve dans les médias, notamment les plus conservateurs, au Royaume-Uni. Certains en lisant cette horrible logorrhée, se diront qu’il a été poussé à agir par des discours enflammés. Ils diront que cet acte barbare est la conséquence d’une haine féroce de l’EUSSR et de l’immigration, tout comme les attentats du 11 septembre ont été provoqués par des partisans d’un islam fanatique.
Il ne fait guère de doute, a priori, qu'Anders Breivik a beaucoup de points communs avec certains terroristes islamistes responsables récemment d'attentats-suicides. L'émancipation féminine le dérange, et il estime que les femmes seraient mieux à la maison. Il semble plutôt remonté contre l'homosexualité. Et par-dessus tout – c'est ce qui le rapproche très nettement des islamistes –, il est convaincu qu'une profonde décadence règne chez les chefs religieux de sa propre confession et qu'ils ont dévié de l'orthodoxie. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à un mélange des cultures le dégoûte, comme c'est le cas de bien des terroristes musulmans.
Beaucoup diront que nous sommes face à une image en miroir du terroriste islamiste : un homme motivé par une folie idéologique identique, mais inverse. Il y a certes une symétrie, mais dans un cas comme dans l'autre, dans celui de Breivik comme dans celui du kamikaze musulman, je ne crois pas que l'idéologie soit réellement au cœur du problème.
Dimanche, des journalistes de la télévision avaient retrouvé une de ses connaissances en Norvège, un type du nom d'Ulav Andersson, qui disait avoir bien connu Breivik. Toute l'histoire sur les Templiers l'a surpris, car Breivik n'avait jamais été très pieux, et son ami ne le savait pas versé dans la politique. "Il ne semblait pas avoir d'opinions très arrêtées", résume Ulav Andersson. Il s'était juste montré amer et irritable, se souvient-il, quand une fille qu'il aimait bien l'avait plaqué pour un autre homme, d'origine pakistanaise.
L'explication n'est pas à chercher dans l'immigration, l'Eurabie, les hadiths, ou le complot des eurocrates contre le peuple. L'explication ne tient pas à l'idéologie, ni à la religion. L'explication tout entière est à chercher dans cet homme, et dans son sentiment d'impuissance face à la gent féminine. Elle peut aussi être avancée (et elle l'a été) pour de nombreux jeunes terroristes musulmans. Les raisons fondamentales de leur cruauté prennent leurs racines dans leur sentiment de rejet et d'aliénation. L'idéologie, elle, vient seulement leur donner une cause à brandir, elle vient potentialiser le poison dans leur sang, leur fournir un prétexte pour mettre en scène cette rancœur qui les anime de façon formidable – et un prétexte pour tuer.
Impuissance et rejet
Une leçon importante doit donc être tirée du cas Anders Breivik. Il a tué au nom du christianisme mais, naturellement, nous n'accusons pas pour autant tous les chrétiens ni la "chrétienté". Pas plus que nous ne devrions, de fait, accuser l' "islam" de tous les actes terroristes commis par de jeunes musulmans. Il arrive que certains jeunes hommes pathétiques soient rongés par un sentiment d'impuissance et de rejet et exercent une terrible vengeance sur le monde qui les entoure. Il arrive que des gens se sentent si faibles qu'ils en viennent à ressentir le besoin de tuer pour se sentir forts. Tous ceux-là n'ont pas besoin d'une idéologie pour avoir ce comportement.
Michael Ryan, le meurtrier de Hungerford [16 morts en 1987, en Angleterre] n'affichait aucune idéologie, pas plus que Thomas Hamilton à Dunblane [17 morts, dont 16 enfants, dans une école écossaise en 1996]. Chercher toute autre explication à leurs actes (étudier des facteurs "sociaux" complexes, ou se pencher sur les conséquences du multiculturalisme en Scandinavie), ce n'est ni plus ni moins qu'entrer dans leur jeu présomptueux.
Anders Breivik a peut-être bâti un manifeste pontifiant de 1 500 pages, mais comme tant d'autres hommes de son acabit, ce n'est guère plus qu'un individu narcissique et égotiste qui ne supportait pas d'être repoussé. Ne gâchons pas notre temps à réfléchir à son cas, gardons nos pensées pour les victimes et leur famille.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Norvège
Norvège : Breivik et l'extrême droite britannique, des liens troubles
La personnalité du tueur norvégien déroute les enquêteurs. A-t-il agi seul ? Fait-il partie d'une organisation islamophobe, comme il l'affirme ? Si rien ne prouve l'existence d'un tel groupe, des liens existent en revanche entre Breivik et la Ligue de défense anglaise (EDL).
"Un loup solitaire", qui "est parvenu à échapper à tous les radars" : telle est l'image que la police norvégienne a aujourd'hui d'Anders Behring Breivik, l'homme qui a avoué un attentat à la voiture piégée dans le quartier du gouvernement à Oslo, et une fusillade sur l'île d'Utoeya, à 40 kilomètres de la capitale norvégienne. Cette double attaque commise vendredi après-midi a coûté la vie à 76 personnes, principalement des jeunes, selon un bilan encore provisoire. Et l'homme ne comptait apparemment pas s'en tenir là : dans la ferme qu'il louait au nord d'Oslo, officiellement pour y cultiver des légumes, les enquêteurs ont retrouvé des explosifs. Une équipe de démineurs les a détruits dans la nuit de mardi à mercredi. Dans un manifeste de 1500 pages qu'il a publié juste avant les attaques, l'extrémiste norvégien explique avoir investi dans cette ferme afin d'avoir une couverture crédible à ses achats de produits explosifs, notamment des engrais. Ce manifeste (2083: une déclaration européenne d'Indépendance) donne aussi une version glaçante de l'histoire cachée de la préparation de ces attaques. Sans que les enquêteurs puissent, pour l'instant, y démêler le vrai du faux.
En avril 2002, neuf militants européens d'extrême droite se réunissent dans le plus grand secret à Londres pour fonder les "Chevaliers du Temple d'Europe": ils s'engagent à prendre le pouvoir et éradiquer l'islam du continent européen. Neuf ans plus tard, l'un des participants commet le plus grand massacre en Norvège depuis la Seconde Guerre mondiale. Il atteint au passage l'un des objectifs évoqués près de dix ans auparavant. Cet adepte de la violence politique n'est autre qu'Anders Berhing Breivik. C'est du moins la version des événements livrée par son manifeste. Depuis lors, les services de sécurité européens tentent de déterminer si Breivik fait partie d'une organisation d'extrême droite ou s'il a agi seul. Selon les experts, aucun élément ne permet de confirmer l'existence de ces "Chevaliers du Temple d'Europe" ou la tenue d'une réunion dans la capitale britannique il y a neuf ans.
Un message signé Sigurd Jorsalfare
"La prudence s'impose", souligne Martin Feldman, spécialiste reconnu de l'extrême droite britannique qui dirige le groupe de recherche sur les nouveaux médias et l'extrémisme à l'université de Northampton. "Ce n'est pas parce qu'ils sont peu nombreux et passent inaperçus qu'ils n'existent pas." Dans son manifeste, Anders Breivik affirme que les Templiers, ordre religieux qui a participé aux croisades au Moyen-Age, se sont reformés en 2002 pour combattre "le djihad européen en cours." La réunion de Londres se serait tenue chez un "protestant anglais", en présence de ressortissants de France, d'Allemagne, des Pays-Bas, de Grèce, de Russie et de Serbie. "Notre premier objectif est de développer les PCCTS (pauvres soldats du Christ et du temple de Salomon), les Templiers, pour devenir le plus grand mouvement révolutionnaire conservateur en Europe de l'Ouest dans les prochaines années", peut-on lire dans le manifeste. Délire personnel ou objectif affiché par un petit groupe d'extrémistes, jusqu'ici passé inaperçu ?
La question est d'autant plus difficile à trancher que les liens d'Anders Behring Breivik avec la Ligue de défense anglaise (EDL), mouvement d'extrême droite britannique qui, lui, existe bel et bien, sont établis. Dans son manifeste, Anders Breivik y fait référence à de nombreuses reprises. "Je me demande parfois si l'un des fondateurs de la Ligue de défense anglaise serait l'un des co-fondateurs de PCCTS, je pense que je ne le saurai jamais avec certitude", écrit-il. Selon le magazine anti-fasciste Searchlight, Anders Breivik a échangé des messages avec l'EDL ces derniers mois sous le nom de Sigurd Jorsalfare, du nom du roi de Norvège du XIIe siècle auteur de croisades. "Le plus grand problème en Norvège est qu'il n'y a pas véritablement de presse libre, il y a un prisme politique de gauche sur tous les sujets politiques, donc la plupart des gens se comportent comme des idiots", peut-on lire sur un des messages, selon Searchlight.
Dans un communiqué publié sur son site internet, la Ligue de défense anglaise dément néanmoins tout lien avec l'auteur du massacre d'Oslo. "Je n'ai jamais rencontré personnellement cet homme, je n'ai jamais eu d'interaction avec lui ni de relations avec lui", dit son fondateur, Stephen Lennon. Le groupe Stop Islamisation Of Europe (SIOE), autre groupe d'extrême droite cité par Breivik, a émis des doutes concernant l'existence des Chevaliers du Temple d'Europe. "J'ai fait des recherches poussées dans notre organisation et il n'y a aucun lien", affirme Stephen Gash, membre du SIOE. "Pour autant que je le sache, je ne pense pas qu'il soit affilié à une quelconque organisation, à l'exception de celle qu'il a créée, les Chevaliers du Temple".
EXTREME DROITE EN UK - Des partis nationalistes à la dérive ÉCRIT PAR JUSTINE MARTIN
Alors que de l'autre côté de la Manche, le sondage Harris réalisé par Le Parisien a donné une nouvelle fois Marine Le Pen gagnante du premier tour des prochaines élections présidentielles françaises, Lepetitjournal.com/londres a décidé de s'intéresser de plus près aux partis nationalistes britanniques et à leur place sur l'échiquier politique
Du National Front (NF) des années soixante-dix au British National Party (BNP) qui déclare ouvertement la défense des Britanniques caucasiens et s'oppose à l'immigration, en passant par le United Kingdom Independence Party (UKIP) qui milite activement pour le retrait de l'Union européenne, les partis nationalistes britanniques sont variés. Pourtant, contrairement aux Français, les Britanniques semblent loin d'adhérer massivement à ces partis politiques qui ne sont pas représentés au Parlement.
De la menace nationaliste la plus radicale...
Le National Front (NF) est à la base des partis d'extrême droite actuels. Créé en 1967, le NF atteint son apogée dans les années soixante-dix, avec près de 20.000 adhérents. Il prône des valeurs ultra-nationalistes et rétrogrades telles que la peine de mort, la répression de l'homosexualité, l'interdiction de l'avortement et la suprématie des " familles blanches " ainsi que la fin de l'immigration. Le NF a également été accusé d'avoir nié l'holocauste. Aujourd'hui, les services britanniques de police et de prison interdisent à leurs employés d'adhérer au parti.
… à son équivalent actuel
Le BNP s'inscrit complètement dans la continuité du NF, en reprenant ses idées politiques, son électorat ainsi que certains de ses leaders. En effet, le dirigeant actuel du BNP, Nick Griffin, est un ancien membre du NF, qu'il rejoint dès l'âge de 15 ans. En 1995, il décide de se rallier au BNP, dix ans après sa création, avant d'en devenir le leader quatre ans plus tard. Selon son manifeste, le Parti national britannique incite " de manière ferme mais volontaire " le retour " des immigrés et de leurs descendants " dans leurs pays d'origine. Dans la lignée du NF, il "s'engage […] à restaurer par des moyens légaux ainsi que par la négociation et le consentement, la composition majoritairement blanche de la population britannique qui existait en Grande-Bretagne avant 1948 ".
Où placer le UKIP ?
Le United Kingdom Independence Party (UKIP) n'est pas considéré comme un parti d'extrême droite mais comme un parti conservateur. Son programme est simple: retirer le Royaume-Uni de l'Union européenne. Il n'en demeure pas moins que le UKIP, tels que le NF et le BNP, souhaite freiner massivement l'immigration, la " gelant pour cinq ans afin de permettre au système britannique de se remettre économiquement ". Le parti fondé en 1993 par des membres de la Ligue anti-fédéraliste semble donc osciller entre droite classique et extrême droite, comme le révèlent les nombreux dérapages de ses membres. A titre d'exemple, on peut citer le député Robert Kilroy-Silk, attaché au UKIP depuis 2004, qui avait écrit dans le Daily Express à propos des musulmans: "Ils sont arriérés et mauvais et si dire cela est raciste... Et bien je dois l'être – et heureux et fier de l'être ".
Loin dans les urnes
Si l'UKIP a remporté un plus grand succès que le BNP (920.334 voix contre 563.743 sur un total de 29.691.780) lors des dernières élections législatives de 2010, ils restent tous deux des partis marginalisés qui ne sont pas représentés au Parlement et donc peu présents sur la scène politique britannique. S'agissant du BNP, son faible score a été rabaissé davantage encore après l'incident survenu lors de la campagne du parti aux environs de son siège, à Barking (Est londonien). Dans une vidéo publiée par la BBC, le candidat pour Romford, Bob Bailey accompagné de quatre gros-bras y attaque un jeune homme venu confronter l'homme politique. Quant au NF, il a réalisé son plus gros score il y a plus de trente ans, en 1979 avec 0,6% des votes, et vivote depuis avec une petite dizaine de milliers de votants qu'il parvient encore à convaincre.
Justine Martin (www.lepetitjournal.com/londres) vendredi 18 mars 2011
Les connexions britanniques d'Anders Breivik Par Caroline Bruneau
La couverture du manifeste diffusé sur internet le 22 juillet, juste avant les attentats.
Dans son manifeste, l'auteur de la fusillade en Norvège, Anders Breivik, fait part de connexions avec des partis d'extrême-droite, notamment en Grande-Bretagne. Les polices européennes enquêtent.
Scotland Yard a pris la menace au sérieux. Un inspecteur a été envoyé en Norvège pour vérifier si le terroriste présumé avait des liens avec des groupes d'extrême-droite britanniques. Dans les 1538 pages de son manifeste, intitulé 2083, Anders Breivik y fait référence à plusieurs reprises.
Le plus important d'entre eux est la English Defence League (Ligue de défense anglaise), un groupe politique fondé en 2009 à Luton, dans la banlieue nord de Londres. Dans son texte, Breivik précise: «J'avais plus de 600 membres de l'EDL parmi mes amis Facebook et j'ai parlé avec des dizaines de membres et de leaders de l'EDL. En fait, j'étais une des personnes qui leur fournissaient du matériel idéologique, incluant des stratégies rhétoriques, au tout début.»
Des Templiers pour sauver l'Europe
Il raconte avoir été en contact avec l'extrême-droite anglaise dès 2002, fondant à Londres un avatar de l'ordre des Templiers (Knights Templar, abrégé en KT dans son texte) pour rétablir d'ici 2020 la domination blanche et chrétienne sur l'Europe. «Tous les musulmans qui ne seraient pas assimilés à 100% d'ici cette date devraient être expulsés», explique-t-il dans 2083. C'est un certain Richard qui l'aurait recruté. Les neuf autres membres fondateurs et les trois sympathisants du départ ne sont nommés nulle part.
Anders Breivik a passé du temps dans sa jeunesse en Grande-Bretagne, où il rendait visite à son père, diplomate à l'ambassade de Norvège à Londres. Il a rédigé son manifeste dans un anglais parfait sous le nom anglicisé de Andrew Berwick.
L'EDL réfute pour sa part tout lien officiel avec le terroriste. Dans un communiqué diffusé sur son site internet, l'EDL se défend de toute tendance extrémiste et raciste. A la page 1436 de son manifeste, Breivik écrit d'ailleurs : «L'EDL est en fait anti-raciste, anti-fasciste et anti-nazi. Ils ont même des membres et des leaders qui sont d'origine non-européenne (africaine et asiatique). Ils ont travaillé dur, et continuent de travailler dur, pour garder les nazis en dehors de l'organisation (…). L'EDL, malgré ses bonnes intentions, est dangereusement naïve. L'EDL et KT sont à des kilomètres de distance et ne pourront jamais être réconciliés.»
L'EDL n'est pas un parti politique. Diffus, multiforme, organisé en formations locales, elle compte environ 10.000 sympathisants sur ses différentes pages Facebook. Son leader, Stephen Lennon, 28 ans, qui utilise le pseudonyme de Tommy Robinson, a surtout fait parler de lui pour son vocabulaire vulgaire et sa propension à utiliser ses poings pendant les manifestations. N'étant pas classé officiellement dans l'extrême-droite, la police n'a pas les moyens juridiques de suivre l'EDL comme elle le ferait pour un mouvement dangereux. Ses thèses sont simples: s'opposer à l'islam et à l'application de la charia, comme elle a été acceptée en Grande-Bretagne les dernières années.
Une menace supplémentaire à prendre en compte
Le manque de préparation des Britanniques pour affronter ce genre de menace terroriste est critiquée depuis la découverte sur internet des 1518 pages de logorrhée de Breivik et de ses liens supposés avec l'EDL. Pour Valeria Soria, une spécialiste de l'anti-terrorisme interrogée par le Times, «le gouvernement s'est principalement concentré sur la menace de l'extrémisme islamiste et plus récemment sur l'Irlande du Nord. Je ne pense pas que le MI5 (les services secrets) a l'attention, l'approche ou la mentalité pour s'occuper de cette menace d'extrême-droite ».
La situation est prise au sérieux en Grande-Bretagne: le premier ministre David Cameron réunit lundi le conseil de sécurité nationale. Parmi les plans proposés par Breivik à l'EDL, l'explosion d'une centrale nucléaire lui semblait un bon moyen de « paralyser complètement l'économie britannique, contribuant à créer le climat propice à un changement politique significatif ». L'Allemagne aussi s'inquiète d'éventuelles connexions avec les néo-nazis outre-Rhin : l'office allemand de protection de la constitution, spécialisé dans les menaces terroristes et politiques, enquête également.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Norvège
L'English Defence League dément tout "contact officiel" avec Breivik
L'auteur présumé des attaques en Norvège aurait, selon certains médias, été en lien avec le mouvement britannique d'extrême droite.
Le mouvement d'extrême droite English Defence League (EDL) a démenti tout "contact officiel" avec Anders Breivik, principal suspect dans le carnage survenu vendredi en Norvège, après des informations de presse faisant état de ses liens avec cette mouvance au Royaume-Uni. "Nous pouvons affirmer catégoriquement qu'il n'y a jamais eu aucun contact officiel entre lui et l'EDL", écrit l'organisation dans un communiqué publié sur son site. "Nous avons 100 000 soutiens sur Facebook et notre page reçoit chaque jour des dizaines de milliers de commentaires. Et il n'y a aucune preuve que Breivik ait jamais fait partie de ces 100 000 soutiens."
Sur la foi des informations qu'il a publiées sur Internet, la police a décrit Breivik, soupçonné d'avoir tué 93 personnes dans un attentat à la bombe et une fusillade, comme un "fondamentaliste chrétien" de droite. Peu avant de passer à l'acte vendredi, il a diffusé sur Internet un manifeste de 1 500 pages truffé de diatribes islamophobes et antimarxistes, rédigé en anglais sous le nom d'Andrew Berwick et intitulé A European Declaration of Independence - 2083. Selon le Daily Telegraph, Breivik, dans ce manifeste daté de Londres, évoque son "mentor", un Anglais répondant au nom de Richard, et des contacts avec l'EDL. Il dit aussi avoir été recruté par des extrémistes d'extrême droite lors d'une réunion à Londres en 2002, à laquelle participaient huit personnes.
Depuis sa création, l'EDL, qui a vu le jour il y a deux ans à Luton, dans la banlieue du nord de Londres, a organisé des manifestations, dont certaines émaillées de violences, dans plusieurs villes du pays contre "l'islamisation" de la Grande-Bretagne. Selon le Daily Telegraph, "les policiers de la section antiterroriste de Scotland Yard essaient maintenant d'établir si Breivik s'est rendu à Londres ces dernières années et s'il faisait partie d'un réseau plus large se préparant à mener des attaques similaires". Un policier de Scotland Yard a été envoyé en Norvège pour travailler en liaison avec ses homologues norvégiens. Un "conseil de sécurité" interministériel devait par ailleurs se tenir lundi à Londres, pour évoquer notamment les moyens de faire face à une attaque du type de celle survenue en Norvège.
Anders Breivik, proche du mouvement d'extrême droite English Defence League
Dans un manifeste qu'il a publié sur Internet, l'auteur présumé de la tuerie en Norvège a fait état de liens étroits avec l'English Defence League, mouvement d'extrême droite anglais connu pour ses positions islamophobes.
Par Gaëlle LE ROUX (texte)
Le mouvement d’extrême droite britannique English Defence League (EDL) se serait bien passé d’une telle publicité. Le Norvégien Anders Behring Breivik, principal suspect
Un survivant de la fusillade : "Je faisais le mort, j’entendais son souffle à côté de moi"
dans les attaques au cours desquelles 76 personnes sont mortes vendredi en Norvège, a publié sur Internet, quelques heures avant le massacre, un manifeste de près de 1 500 pages dans lequel il fait état de ses liens avec l’organisation anglaise.
"J’ai plus de 600 membres de l’EDL comme amis sur Facebook, et j’ai parlé avec des dizaines de ses membres et de ses leaders. En fait, je suis l’un de ceux qui leur ont fourni le matériel idéologique (incluant des stratégies rhétoriques) au tout début", écrit le tireur présumé dans son manifeste intitulé "A European declaration of independance – 2083" (Une déclaration européenne d’indépendance – 2083), et intégralement rédigé en anglais.
Malaise dans les rangs de l’EDL. L’organisation s’est immédiatement fendue d’un communiqué publié sur son site internet, suivi peu après d’un second, niant toute relation avec l’auteur présumé de la tuerie de l’île d’Utoya. "Nous pouvons affirmer catégoriquement qu’il n’y a jamais eu aucun contact officiel entre lui et l’EDL", peut-on lire sur le site de English Defence League. "Nous avons 100 000 soutiens sur Facebook et notre page reçoit chaque jour des dizaines de milliers de commentaires. Et il n’y a aucune preuve que Breivik ait jamais fait partie de ses 100 000 soutiens."
English Defence League est née en avril 2009, au lendemain d’une manifestation d’une petite dizaine d’extrémistes islamistes qui avaient perturbé un défilé de militaires britanniques de retour d’Afghanistan. L’organisation se présente comme une réunion de simples citoyens exaspérés par les musulmans intégristes, mais elle se veut pacifiste, non raciste, non xénophobe et tente de se démarquer des partis d’extrême droite.
L’islamophobie au cœur de l’idéologie de l'EDL
Pourtant, selon The Guardian, les relations sont nombreuses entre le British National Party (BNP) et l’organisation EDL. L’organisation "pacifiste" est à l’origine de plusieurs manifestations monstres – souvent dans des villes hautement symboliques, notamment à Bradford où des émeutes raciales avaient eu lieu en 2001 – qui se sont soldées par de violents affrontements avec la police.
En novembre 2009, une équipe de FRANCE 24 avait enquêté sur le mouvement. Ouvertement islamophobes, les membres de l’organisation reprenaient les symboles des Chevaliers du Temple – ordre religieux ayant participé aux croisades au Moyen Âge - et s’élevaient contre le multiculturalisme européen. Dans son manifeste, Anders Behring Breivik affichait sa volonté de reformer une Europe des Templiers et fustigeait le parti Travailliste – la plupart des victimes de la tuerie faisaient partie d’un camp du parti – pour sa tolérance vis-à-vis de la religion musulmane.
Un "fondamentaliste chrétien" soupçonné du double carnage d'Oslo
"Ce qui m’a frappé, c’est la similarité entre la rhétorique d’English Defence League et celle d’Anders Breivik, analyse sur la BBC Matthew Goodwin, politologue spécialiste des mouvements d’extrême droite à l’Université de Nottingham. Ils parlent d’un affrontement des civilisations, parlent d’une islamisation de l’Europe, brandissent les valeurs chrétiennes… Même si EDL ne tient pas un discours explicitement violent, ces discours contribuent à la culture d’une lutte et d’une certaine violence".
Le politologue français Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, s’interroge sur la responsabilité des idées véhiculées par les formations islamophobes. "Il faut se poser la question des responsabilités de ces idées qui, depuis dix ans, présentent l’Europe comme un continent en voie d’islamisation et tous les musulmans comme des ennemis de l’Occident", déclare-t-il à l’AFP.
Si, pour l’heure, des liens ne sont pas officiellement établis avec l’EDL, la signature "Andrew Berwick London – 2011" à la fin du manifeste met clairement en évidence des liens avec le Royaume-Uni. Selon le Daily Telegraph, "les policiers de la section antiterroriste de Scotland Yard essaient maintenant d’établir si Breivik s’est rendu à Londres ces dernières années, et s’il faisait partie d’un réseau plus large se préparant à mener des attaques similaires". La police britannique mène son enquête en étroite collaboration avec la police norvégienne.
Des liens obscurs entre la Norvège et l'Angleterre Tristan De Bourbon, collaboration spéciale La Presse
(Londres) Les liens entre Anders Behring Breivik et l'Angleterre se font jour heure après heure. Alors que le premier ministre de l'Espagne, José Luis Zapatero, à la suite d'une rencontre avec son homologue David Cameron, a demandé hier une «réponse politique» concertée de l'Union européenne devant la montée de l'extrême droite, il apparaît clairement que le tueur fou entretenait des liens forts avec l'Angleterre.
Le Norvégien, qui a signé son manifeste de 1518 pages intitulé Londres 2011, la déclaration européenne d'indépendance sous la version anglicisée de son nom (Andrew Breivik), indique s'être définitivement joint aux mouvements d'extrême droite lors d'une réunion organisée à Londres en 2002. Avec des délégués venus de France, d'Allemagne, de Grèce, de Russie et des Pays-Bas, son hôte anglais et lui ont créé une section de l'association Pauperes Commilitones Christi Templique Solomonici (les Chevaliers du temple). Il aurait pris le nom de code Sigurd le croisé, et son mentor, celui de Richard Coeur de Lion.
Anders Behring Breivik aurait ensuite eu de nombreux échanges avec les membres de l'English Defence League (Ligue anglaise de défense), groupuscule d'extrême droite réputé pour sa violence qui a assuré «catégoriquement» dans un communiqué «qu'il n'y a jamais eu de contact officiel» avec Breivik. Cette déclaration confirme du coup que des contacts personnels ont bien eu lieu entre Anders Behring Breivik et certains membres de l'EDL. Il aurait participé à deux de leurs réunions ainsi qu'à une de leurs manifestations l'an dernier, et avait indiqué sur ses forums norvégiens avoir discuté tactiques avec des membres de l'EDL.
Des personnalités à abattre
Le tueur avait également placé de nombreuses personnalités britanniques sur sa liste des gens à abattre. Au premier rang des «criminels de guerre», l'ancien premier ministre Gordon Brown, accusé de «collusion» avec les groupes islamistes pour faire de «Londres le centre mondial de la banque islamiste». «Brown donne aux musulmans plus d'influence sur nos vies, bien qu'il sache que des terroristes s'organisent pour entrer en guerre contre nous.»
Tony Blair est nommé pour avoir «malhonnêtement caché un plan destiné à autoriser plus d'immigrants et à rendre la Grande-Bretagne plus multiculturelle». Le prince Charles est accusé d'avoir aidé financièrement le centre d'études islamiques d'Oxford, monté avec l'argent de la famille royale saoudienne, ce qui montre que «nos élites traditionnelles sont engagées avec eux contre nous». En tout, 62 216 «traîtres de catégorie A et B» devaient ainsi être éliminés au Royaume-Uni.
Même s'il dénonce la rectitude politique de la presse britannique, il se félicite des propos de plusieurs journalistes et éditorialistes. Plusieurs articles publiés dans le Daily Mail, The Sunday Times et The Guardian sont acclamés pour avoir exprimé la colère des nationalistes devant la montée de l'islam. Cette thématique n'est malheureusement pas nouvelle: le premier ministre David Cameron a dénoncé au printemps «l'échec du multiculturalisme» britannique.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Norvège
Norvège : comprendre l’horreur.
Allons à l’essentiel :
Behring Breivik a commis un massacre politique précisément orienté. Il ne s’agit ni d’un attentat-suicide, ni d’un acte « aveugle ».
Il a abattu individuellement des jeunes participants à un rassemblement de jeunes de la gauche travailliste après s’en être pris au siège du gouvernement.
Il a dit lui-même qu'il avait voulu s'en prendre au Parti travailliste, au pouvoir en Norvège, parce que, selon lui, ce parti a trahi le pays. Breivik a voulu « porter un coup d'arrêt au recrutement de nouveaux membres au sein de ce parti », selon lui, « favorise la venue massive de musulmans en Norvège ».
Nous avons déjà entendu cette argumentation à de nombreuses reprises de la part de ces partis qui sont présents dans beaucoup de pays d’Europe de l’Ouest
C’est le cas notamment en France, en Italie, en Autriche, aux Pays-Bas, au Danemark, en Belgique, en Suisse…
Ces partis, plus ou moins relookés, concentrent leur agitation sur la défense de l’identité nationale et la dénonciation des musulmans et des immigrés.
Ils ont connu une victoire importante lors du référendum suisse sur les minarets ( Suisse : nouvelle victoire de l’extrême-droite)
Dans plusieurs pays, la droite traditionnelle cherche la voie d’une alliance avec ces partis parfois nommés "populistes".
Les partis d’extrême-droite « populistes » et islamophobes européens, ainsi que leurs alliés dans les partis de la droite traditionnelle tentent déjà de faire passer Brievik pour un dément isolé. Ils tenteront de faire valoir que ce n'est pas ce qu'ils voulaient dire lorsqu'ils parlent de « guerre totale » contre l’immigration et les musulmans.
(voir Europe : une marée brune ?)
Breivik a pourtant largement participé aux activités du parti norvégien de la droite radicale, nommé étrangement Parti du Progrès, ouvertement xénophobe dans un pays qui n’est pas confronté à une crise sociale.
Malgré l’image bucolique qui s’attache à elle, la Norvège a connu dans son histoire une convulsion violente qui a laissé des traces profondes : lors de 2e guerre mondiale, un gouvernement pronazi a été mis en place sous la direction de Quisling, dont le nom est d’ailleurs devenu le symbole de la collaboration avec un occupant.
Mais au-delà des particularités norvégiennes et scandinaves, c’est toute l’Europe qui est percutée par l’onde de choc de ces crimes.
Ils interpellent directement les partis de droite qui ont choisi la xénophobie comme instrument de conquête ou de maintien au pouvoir.
L'extrémisme politique de droite, nourri de nationalisme et de xénophobie, a cessé d'être un tabou puisque des dirigeants de la droite aussi déterminants que Sarkozy, Angela Merkel et Cameron défendent tous trois l'idée que ce qu'ils nomment péjorativement le « multiculturalisme » est un échec dans leur pays et qu’il faut « serrer la vis » contre les étrangers. (voir Europe : vague de racisme, les gouvernements responsables)
Quand un ministre de l’intérieur français martèle qu’on « ne se sent plus chez soi » n’encourage-t-il pas ainsi une atmosphère de violence ?
Entre autres crimes de la haine dans notre pays, rappelons que le 1er mai 1995 Brahim Bouaram, jeune marocain de 29 ans, a été assassiné par des militants d'extrême droite participant à un cortège du Front National qui l'ont jeté à la Seine.
D’ailleurs un dirigeant national du Front National, Laurent Ozon, membre de son bureau politique et proche de Marine Le Pen, a posté plusieurs messages dans lesquels il « explique » ainsi le crime de Breivik :
"Expliquer le drame d'Oslo: explosion de l'immigration: X6 (multipliée par 6, NDLR) entre 1970 et 2009".
(voir Qui veut se faire piéger par Marine Le Pen ?
Sarkozy-Le Pen: l’apocalypse ? )
Le drame d’Oslo doit constituer le point de départ d’une grande et profonde contre-offensive contre la xénophobie et l’extrême-droite.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Norvège
Comment visualiser l'horreur ?
Mettre en illustration les principaux mots utilisés dans le pamphlet d'Anders Behring Breivik permet de mieux comprendre les obsessions de ce meurtrier. Par HERVÉ MARCHON, QUENTIN GIRARD
(...)
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Norvège
Intéressante série d'articles : http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-manipulateurs-de-marionnettes-98591
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Norvège
Il paraît que le terroriste fasciste Breivik est "irresponsable pénalement" et pourra donc éviter la prison.
Pendant ce temps Adlène Hicheur est détenu depuis deux ans sans procès.
Pendant ce temps Adlène Hicheur est détenu depuis deux ans sans procès.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Norvège
http://www.humanite.fr/monde/une-premiere-depuis-28-ans-les-fonctionnaires-norvegiens-en-greve-497261
Les fonctionnaires norvégiens en grève, une première depuis 28 ans
Des milliers de fonctionnaires norvégiens ont entamé jeudi une grève affectant principalement des écoles, des crèches et même des prisons dans l'ensemble du pays. En cause : le refus du gouvernement d'aligner l'augmentation des salaires des fonctionnaires à celle des salariés du privé.
Quelque 30 000 des 600 000 fonctionnaires du pays prennent part à la grève, selon les chiffres de l'agence de presse NTB. Le nombre de grévistes pourrait toutefois augmenter prochainement si les syndicats et les autorités publiques ne trouvent pas un accord sur les salaires. Des écoles, des crèches, la police et les douanes sont notamment touchées. Une prison a également dû être fermée et les prisonniers transportés dans d'autres centres de détention, selon NTB.
D'après l'agence norvégienne, pour la première fois depuis 28 ans des fonctionnaires d'échelon national se mettent en grève dans ce pays de 4,7 millions d'habitants riche en pétrole. La ministre norvégienne de l'Administration publique Rigmor Aasrud a souligné dans un communiqué que le gouvernement social-démocrate a proposé une augmentation des salaires de 3,75 % qui "assurerait une hausse du pouvoir d'achat à l'ensemble des fonctionnaires". Les syndicats, eux, demandent que l'augmentation chez les fonctionnaires soit comparable à celle obtenue par les salariés du secteur privé, soit près de 4,3 %.
Le gouvernement "propose une augmentation inférieure à celle obtenue par les employés du privé, ce n'est pas réaliste", estime pour sa part le négociateur en chef du syndicat représentant les enseignants et le personnel des crèches, Arne Johannessen, dans un communiqué. Près de 8500 membres de ce syndicat se sont mis en grève jeudi matin, mais pas à Oslo, où les négociations se poursuivent. Le principal syndicat norvégien, LO, a également critiqué le refus des autorités de satisfaire "la demande juste d'une augmentation comparable à celle accordée au reste des travailleurs". "La grève était donc inévitable", déclare le chef de LO, Roar Flaathen, dans un communiqué.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Norvège
Comme un vent de liberté, grèves et manifs, une sortie d'une longue torpeur...
en chansons, la résistance à l'ordre du jour, les salaires, ...
La grève des employés du secteur public
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Le gouvernement attaque les travailleurs du pétrol
Le gouvernement attaque les travailleurs du pétrole
En grève depuis le 24 Juin pour les salaires et la retraite à 62 ans, les travailleurs du pétrole et notamment des plate-formes pétrolières ont vu le gouvernement les attaquer et leur ordonner de cesser la grève :
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Les causes de la défaite du gouvernement de gauche
Le gouvernement de coalition « Rouge-Vert » de Norvège - dont le programme politique a été présenté, lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2005, comme le plus progressiste d’Europe, a subi une amère défaite lors des élections parlementaires du 9 septembre dernier. Une coalition de quatre partis de centre-droit et de droite, dont un parti populiste de droite radicale, a obtenu une solide majorité et est actuellement en train d’élaborer son programme gouvernemental.
http://www.avanti4.be/analyses/article/norvege-les-causes-de-la-defaite-du
http://www.avanti4.be/analyses/article/norvege-les-causes-de-la-defaite-du
Antonio Valledor- Messages : 160
Date d'inscription : 01/06/2012
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