Egypte
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Re: Egypte
Barber a écrit:Voilà le texte original qui me vient de la page d'Hossam al Hamalawy.
Ok, donc c'est bien ce que je pensais, non pas exactement la revendication du "transfert des pouvoirs de l'armée vers le parlement de pantins investi par moins de 60%" comme tu l'écrivais, mais les revendications suivantes adressées au parlement :
- Le retour de l'armée dans les casernes dès maintenant
- Pas de sortie en toute sécurité (amnistie ?) de la junte.
- Pas d'élections ou de constitution sous le régime militaire
Afin d'atteindre ces objectifs nous adressons à l'Assemblée du peuple (le parlement) les revendications suivantes
1 - formation d'un comité ayant statut des huissiers de justice d'enquêter sur tous les meurtres de manifestants depuis Janvier et jusqu'à ce que les événements du Conseil des ministres, et de traduire les responsables en justice, si l'armée ou la police, quel que soit leur courant.
2 - former immédiatement un comité de députés compétents pour tous les domaines et les procédures requises par l'élection présidentielle.
3 - ouverture des candidatures au plus tard le 11 Février 2012, tenue d'élections dans un délai maximum de 60 jours à compter de l'ouverture de la porte pour la nomination.
4 - formation d'un comité de la société civile des organisations égyptiennes révolutionnaires à participer à la supervision des élections présidentielles ainsi que le plein contrôle judiciaire.
J'observe dans tes raisonnements le leitmotiv suivant : il ne faut pas soutenir les islamistes. Il est bien sûr complètement inutile de poser la chose ainsi de manière abstraite et en définissant une force politique uniquement par ses références religieuses, et non en déterminant si les islamistes en question jouent un rôle progressiste ou réactionnaire dans la situation donnée. Il me semble clair qu'il faut soutenir toutes les forces qui se prononcent contre le pouvoir de SCAF et pour le passage du pouvoir à des instances élues par la population, et cela sans poser de condition théologique à ce soutien sur cette question précise. Les divergences entre différentes parties des frères musulmans, précisément sur les questions démocratiques et sociales et l'attitude à adopter envers le CSAF ont mené à des scissions, etc. (sans parler de la différence qu'il y a aussi entre les Frères Musulmans et les salafistes explicitement antidémocratiques d'An-Nour).
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Egypte
sylvestre a écrit:Barber a écrit:Tiens, voilà une déclinaison de ce truc:
http://english.ahram.org.eg/NewsContent/1/64/33554/Egypt/Politics-/Mass-march-on-parliament-called-for-Friday-in-prot.aspx
Et quel est le problème ? En quoi les élections ont-elles été bidon ? Quelle alternative proposes-tu ?
Ca ce n'est pas le texte, mais un commentaire sur cet appel (qui renvoie certainement à un contenu discutable, mais...)
Pour ce qui est du texte lui-même je n'en ai pas exactement la même compréhension.
ce que j'ai cru comprendre c'est :
Objectifs de lutte:
- le retour immédiat de l'armée dans les casernes
- qu'il n'y ait ni élections ni constituante sous le pouvoir de l'armée
- que les dirigeants de l'armée ne s'enfuient pas (ce point là je n'en suis pas sur)
Ce qui est demandé au parlement élu :
- de faire une commission d'enquête sur les meurtres de manifestants et de juger dirigeants militaires et policiers pour leurs crimes
- de former un comité qui prépare et organise les élections présidentielles
- de préparer les présidentielles en 60 jours à compter de l'ouverture aux candidatures
- de former un comité comprenant partis officiels et partis rebelles pour contrôler le processus électoral
L'argumentation centrale du texte c'est d'estimer que le danger central actuel viendrait d'élections et surtout d'une constitution écrite sous le pouvoir des militaires.
Du moins à ce que je comprends.
Le pouvoir gigantesque économico-maffieux de l'armée, son empire industriel et financier, rendent improbable que l'armée lâche, car
A la différence de la Tunisie, la junte dirigeant l'armée égyptienne est bien plus qu'une direction d'armée dictatoriale, c'est une caste bourgeoise puissante qui a un empire industriel à elle, militaro-financier, avec une base sociale d'obligés, bref un mix nomenclatura-bourgeoisie.
Ce pouvoir, sa structuration en profondeur, ses intérets économiques, rendent improbables que l'armée laisse échapper le pouvoir.
On peut en conclure que l’appel considéré se situe donc dans une manœuvre pour mettre en difficulté la majorité de l'assemblée réactionnaire sur des objectifs impossibles à tenir, objectifs que les islamistes majoritaires seront bien incapables de porter, objectifs pourtant en même temps relativement populaires.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Egypte
Oh vraiment? Cet accord politique avec 26 autres groupes, dont les "jeunes du 6 avril" et le parti Al Wasat, qui demande un transfert des pouvoirs au parlement (c'est évidemment ce qu'impliquent toutes les revendications énoncées)?
Ce n'est pas un "piège" tendu aux islamistes, c'est un verrouillage de toute issue politique. Quant à "manoeuvrer", c'est un vocabulaire de bureaucrates, ce n'est pas celui des marxistes. Aux masses, on dit la vérité: et la vérité c'est qu'il n'y aura aucune "transition" même "démocratique", c'est-à-dire bourgeoise, organisée par ce parlement de pantins.
Pour ce qui est de manifester au Parlement, certaines des organisations signataires s'y opposent, les jeunes eux ont tenté d'y aller spontanément, sur leurs revendications et pas sur les conneries énoncées par cet appel (demande d'une "transition démocratique" à la tunisienne!).
Ce genre de saloperie a déjà été organisé en Tunisie par l'UGTT, le PCOT et cie: on voit le résultat.
Ce n'est pas un "piège" tendu aux islamistes, c'est un verrouillage de toute issue politique. Quant à "manoeuvrer", c'est un vocabulaire de bureaucrates, ce n'est pas celui des marxistes. Aux masses, on dit la vérité: et la vérité c'est qu'il n'y aura aucune "transition" même "démocratique", c'est-à-dire bourgeoise, organisée par ce parlement de pantins.
Pour ce qui est de manifester au Parlement, certaines des organisations signataires s'y opposent, les jeunes eux ont tenté d'y aller spontanément, sur leurs revendications et pas sur les conneries énoncées par cet appel (demande d'une "transition démocratique" à la tunisienne!).
Ce genre de saloperie a déjà été organisé en Tunisie par l'UGTT, le PCOT et cie: on voit le résultat.
Barber- Messages : 142
Date d'inscription : 19/02/2011
Re: Egypte
Je te parle de ce que semble dire cet accord, maintenant il faudrait une traduction fine, mais il y a bien désir de mettre le parlement réactionnaire face à un problème insoluble sans affrontement.
je ne vois pas l'armée abandonner son pouvoir sans affrontement (on est d'accord ou pas sur ce point ?)
C'est ce que je crois comprendre de cet appel.
Il faut d'abord avoir une bonne traduction avant de galoper dans tous les sens. Je n'ai pas une connaissance suffisante pour une bonne traduction. Si tu l'as, traduits.
Et non, par ailleurs le mot "manœuvrer" n'a pas été inventé par les bureaucrates. Et ça ne signifie pas que j'approuve ou pas l'orientation portée, mais que je ne retrouve pas dans cet appel ce que tu dis (d'où la question d'une bonne traduction). Et par ailleurs je n'ai pas connaissance que les groupes considérés aient une couche sociale nommée bureaucratie (ça se définit aussi), enfin je n'ai pas connaissance que tous ces groupes se disent marxistes ... j'ai raté quelque chose ?
je ne vois pas l'armée abandonner son pouvoir sans affrontement (on est d'accord ou pas sur ce point ?)
C'est ce que je crois comprendre de cet appel.
Il faut d'abord avoir une bonne traduction avant de galoper dans tous les sens. Je n'ai pas une connaissance suffisante pour une bonne traduction. Si tu l'as, traduits.
Et non, par ailleurs le mot "manœuvrer" n'a pas été inventé par les bureaucrates. Et ça ne signifie pas que j'approuve ou pas l'orientation portée, mais que je ne retrouve pas dans cet appel ce que tu dis (d'où la question d'une bonne traduction). Et par ailleurs je n'ai pas connaissance que les groupes considérés aient une couche sociale nommée bureaucratie (ça se définit aussi), enfin je n'ai pas connaissance que tous ces groupes se disent marxistes ... j'ai raté quelque chose ?
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Egypte
Copas a écrit:
je ne vois pas l'armée abandonner son pouvoir sans affrontement (on est d'accord ou pas sur ce point ?)
Les comités de soldats, voilà ce qui permettrait de chasser les généraux.
C'est plus facile à dire qu'à faire? Evidemment. Mais il faut commencer par le dire, parce que c'est comme ça que le CSFA pourrait être chassé.
Ensuite, qu'est-ce qui permettrait que s'organisent de tels comités?
Eh bien, pour commencer, que le prolétariat lui-même parvienne à un degré suffisant d'organisation et de centralisation pour impulser l'organisation des paysans, des soldats etc. C'est dans cette voie qu'un comité central de grève, par exemple, aurait permis d'avancer.
A chaque développement significatif de la lutte des classes, depuis un an, en Egypte, il y a eu des défections dans l'armée égyptienne. Le développement de la révolution sur des bases plus amples et solides permettrait qu'au lieu de déserter, les soldats passés à la révolution envisagent de virer leurs officiers.
Récemment, dans la presse égyptienne, le CSFA a dû "démentir" la rumeur d'une "grève" des soldats à Suez. C'est quand même significatif.
A l'inverse, la subordination politique à un parlement de pantins qui, même s'il le voulait, n'est de toutes façons pas capable d'imposer la "transition démocratique", c'est une impasse.
Barber- Messages : 142
Date d'inscription : 19/02/2011
Re: Egypte
Barber a écrit:Copas a écrit:
je ne vois pas l'armée abandonner son pouvoir sans affrontement (on est d'accord ou pas sur ce point ?)
Les comités de soldats, voilà ce qui permettrait de chasser les généraux.
C'est plus facile à dire qu'à faire? Evidemment. Mais il faut commencer par le dire, parce que c'est comme ça que le CSFA pourrait être chassé.
Ensuite, qu'est-ce qui permettrait que s'organisent de tels comités?
Eh bien, pour commencer, que le prolétariat lui-même parvienne à un degré suffisant d'organisation et de centralisation pour impulser l'organisation des paysans, des soldats etc. C'est dans cette voie qu'un comité central de grève, par exemple, aurait permis d'avancer.
A chaque développement significatif de la lutte des classes, depuis un an, en Egypte, il y a eu des défections dans l'armée égyptienne. Le développement de la révolution sur des bases plus amples et solides permettrait qu'au lieu de déserter, les soldats passés à la révolution envisagent de virer leurs officiers.
Récemment, dans la presse égyptienne, le CSFA a dû "démentir" la rumeur d'une "grève" des soldats à Suez. C'est quand même significatif.
A l'inverse, la subordination politique à un parlement de pantins qui, même s'il le voulait, n'est de toutes façons pas capable d'imposer la "transition démocratique", c'est une impasse.
Oui, une politique de désorganisation de l'armée et de construction de comités de soldats est nécessaire, c'est pour moi d'ailleurs une politique permanente à avoir partout, y compris en Europe (qui peut avoir plus ou moins d'intensité suivant situation, forces disponibles, intensité de la lutte des classes et conditions de celle-ci).
C'est une donnée permanente de la politique des révolutionnaires mais ce n'est pas un truc qui s'improvise ni qui est aisé quand tu as de petites organisations .
Comme d'ailleurs s'implanter dans la classe ouvrière, avoir une politique coordonnée, etc. Les groupes révolutionnaires sont très petits, il ne faudrait pas non plus leur demander plus qu'ils ne peuvent pour l"instant.
Il faut malgré tout se pencher sur la question de ce qui est + qu'une armée, mais bien une junte s'appuyant sur un empire industriel et financier, avec ses obligés qui lui font base sociale. L'affaire n'est pas simple à réduire. Mais ça ne se fera pas sans affrontement .
Mais la question n'était pas là. Elle était dans l'appel au parlement à exiger qu'il ne fasse rien sous le pouvoir militaire pour aborder une série de questions.
Qu'on soit pour ou contre ne change rien au fait que demander cela c'est demander une épreuve de force, vu ce qu'est le pouvoir militaire, dure et violente. Et ça c'est quelque chose que craint la majorité réactionnaire au parlement (ce qui d'ailleurs lui avait fait ne pas participer au soulèvement sauf pour venir au secours de la victoire).
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Egypte
Au-delà des détails des textes, ce qui est important c'est la dynamique qu'ils permettent, or la dynamique en questio c'est l'affrontement permanent depuis la date anniversaire du 25 janvier 2012 (plus grande manif de l'histoire de l'Egypte d'après les camarades), entre manifestants et policiers, et maintenant un appel à la grève générale pour le 11 février afin de demander le départ du CSFA.
http://www.courrierinternational.com/breve/2012/02/06/appel-a-la-greve-generale
http://www.courrierinternational.com/breve/2012/02/06/appel-a-la-greve-generale
Appel à la grève générale
06.02.2012 | Al-Tahrir
"Les militaires doivent partir, sinon, c'est le soulèvement", titre le quotidien pro-révolutionnaire. Les violents affrontements autour du ministère de l'Intérieur, près de la place Tahrir au Caire, se sont intensifiés dimanche 5 février. Ils durent depuis le 1er février, après la mort de 74 personnes à la suite de débordements lors d'un match de football à Port-Saïd. Plusieurs attaques contre des postes de police ont été signalées. Des syndicats de travailleurs et d'étudiants appellent désormais à une grève générale à partir du 11 février.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Egypte
11 February: A red card for the militaryWhere is justice for the martyrs? Where are our pay rises and secure jobs?
After the blood of 100 martyrs has been spilled:Workers of Egypt - rise up and save the revolution!
5 February 2012The Workers’ Office – Revolutionary Socialists Movement
http://www.e-socialists.net/node/8249
Last 11 February we kicked out the tyrant … but today we’re still living the same old way…and our demands are still the same. We won’t accept statements and promises any more …while every month more revolutionaries are dying. The latest massacres that the militaryorganised against the Ultras who took part in the revolution, and gave 100 martyrs after theEgyptian people rose up across the country against military rule. Because of this we too mustmove, just as we did in February last year, remembering that we were then one hand, unitedfrom Alexandria to Aswan. On that day the public transport workers, the airport workers, Suezand hundreds of other workplaces all struck together. We stopped the profits that theysqueeze out our sweat and toil … and the tyrant realised the game was up. Today we have totake action to win our demands. And don’t forget whoever remains silent over the blood of hisbrother is a coward. Whoever keeps his mouth shut today in order to get his daily bread willbe slaughtered just like his brother tomorrow, when he goes to claim his rights at work or infront of the parliament.Workers of Egypt … bring the revolution to victory! It is the only way to win your demandsafter the military decided to continue the policies of privatisation, job cuts and borrowing fromthe World Bank. They refused to return the privatised companies to the public sector despitethe judges’ ruling in favour … the government is refusing to give temporary workers secure jobs … the cronies of the old regime are still in charge in the workplace ... that is why we muststrike, occupy and demonstrate for the victory of the young people who are falling in battle likeflowers crushed by treacherous hands and in order to win the following demands:
-
the resignation of Ganzoury’s government and the creation of revolutionary tribunalsto put on trial Mubarak and the killers of the revolutionaries
-
return of the privatised companies, an end to privatisation, and work for all theunemployed
-
cleansing the ministries and companies of the cronies of the old regime, starting withthe Ministry of the Interior and the media, an end to corruption
-
a minimum wage and pension of no less than 1500 Egyptian pounds per month andthe payment of unemployment benefit
-
temporary workers to be made permanent across every sector and payment ofworkers’ delayed benefits and bonuses
-
speeding up the introduction of a law on trade unions and a labour law which protectsworkers’ rights and extends health and social insurance to all workers and theimmediate return to work of all sacked trade union activists
-
price controls on basic goods and the linking of wages to pricesThese will be achieved in the following ways:
-
ending military rule and the immediate opening of nominations for the presidentialelections
-
imposition of progressive taxation: it is a joke that [billionaire businessman Naguib]Sawiris pays the same as an ordinary office worker
-
nationalisation of the monopoly companies producing strategic commodities
-
bringing the funds in the special accounts into the general state budgetBecause we are organising our protests on 11 February we must organise strike committeesin the workplaces, neighbourhoods and villages today and not tomorrow … it is these whichwill decide how we take part and for which demands … Workers of Egypt … your strike is astep forward … you have nothing to lose but poverty and humiliation!Take part … Strike … Occupy … Demonstrate!Workers’ Office, Revolutionary Socialists Movement5 February 2012
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Egypte
sylvestre a écrit:Au-delà des détails des textes, ce qui est important c'est la dynamique qu'ils permettent, or la dynamique en questio c'est l'affrontement permanent depuis la date anniversaire du 25 janvier 2012
C'est une supercherie de présenter les choses comme ça Sylvestre. Les manifestations actuelles n'ont rien à voir avec le texte incriminé. En revanche, ce texte cadenasse la mobilisation politiquement. Voilà la vérité.
Barber- Messages : 142
Date d'inscription : 19/02/2011
Re: Egypte
Barber a écrit:sylvestre a écrit:Au-delà des détails des textes, ce qui est important c'est la dynamique qu'ils permettent, or la dynamique en questio c'est l'affrontement permanent depuis la date anniversaire du 25 janvier 2012
C'est une supercherie de présenter les choses comme ça Sylvestre. Les manifestations actuelles n'ont rien à voir avec le texte incriminé. En revanche, ce texte cadenasse la mobilisation politiquement. Voilà la vérité.
C'est une supercherie de présenter les choses comme ça Barber. L'article que tu citais comme "une déclinaison de ce truc" mettait en avant précisément l'appel à manifester devant le parlement par ces différentes organisations vendredi 3 février. Quant à dire que ce texte "cadenasse la mobilisation politiquement", ce n'est pas une supercherie, c'est simplement de l'illettrisme.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Egypte
Les mobilisations ont été spontanées et les organisations de type "mouvement du 6 avril" s'y sont raccrochées ensuite pour y injecter leurs saloperies.
J'ai donné des faits, tu fais des phrases pour couvrir un appareillon en gestation. Du reste, avec le NPA, difficile de s'entendre sur ce qu'est une révolution: vous n'êtes ni pour la prise du pouvoir, ni pour la construction de partis ouvriers révolutionnaires, ni pour l'expropriation du capital, ni pour le socialisme, et la classe ouvrière n'existe même pas dans vos productions. Bref vous ne parlez de "révolution" que pour créer un effet d'ambiance, mais le sens même de ce mot vous est étranger.
L'orientation qui est défendue dans ce truc est celle qui a conduit à la débâcle en Tunisie. La "transition démocratique", c'est le moyen par lequel la bourgeoisie referme la brèche ouverte par l'irruption des masses, mais évidemment vous vous situez sur ce terrain-là. Demander au parlement de prendre le pouvoir c'est utile uniquement pour occulter toute réponse réelle à la question du pouvoir. Pratiquement, quand on sait à quel point il s'agit d'un parlement de pantins, c'est également ridicule.
C'est un forum. Je ne vois pas grand intérêt à m'y attarder si je ne peux pas y échanger avec des gens sensés. Les combines superficielles du NPA en mode interne n'appartiennent pas à ce registre.
J'ai donné des faits, tu fais des phrases pour couvrir un appareillon en gestation. Du reste, avec le NPA, difficile de s'entendre sur ce qu'est une révolution: vous n'êtes ni pour la prise du pouvoir, ni pour la construction de partis ouvriers révolutionnaires, ni pour l'expropriation du capital, ni pour le socialisme, et la classe ouvrière n'existe même pas dans vos productions. Bref vous ne parlez de "révolution" que pour créer un effet d'ambiance, mais le sens même de ce mot vous est étranger.
L'orientation qui est défendue dans ce truc est celle qui a conduit à la débâcle en Tunisie. La "transition démocratique", c'est le moyen par lequel la bourgeoisie referme la brèche ouverte par l'irruption des masses, mais évidemment vous vous situez sur ce terrain-là. Demander au parlement de prendre le pouvoir c'est utile uniquement pour occulter toute réponse réelle à la question du pouvoir. Pratiquement, quand on sait à quel point il s'agit d'un parlement de pantins, c'est également ridicule.
C'est un forum. Je ne vois pas grand intérêt à m'y attarder si je ne peux pas y échanger avec des gens sensés. Les combines superficielles du NPA en mode interne n'appartiennent pas à ce registre.
Barber- Messages : 142
Date d'inscription : 19/02/2011
Re: Egypte
Barber a écrit:Les mobilisations ont été spontanées et les organisations de type "mouvement du 6 avril" s'y sont raccrochées ensuite pour y injecter leurs saloperies.
Tiens, spontanéiste en fait ? Je ne sais pas sur quoi tu te bases pour dire que les organisations ne jouent pas de rôle dans les mobilisations en cours, toute la fermentation politique depuis un an, et toutes les expériences positives et négatives qui ont été faites tendent à prouver le contraire.
J'ai donné des faits, tu fais des phrases pour couvrir un appareillon en gestation. Du reste, avec le NPA, difficile de s'entendre sur ce qu'est une révolution:
Où vient le NPA dans cette affaire ? Ce forum est un lieu de discussion entre individus - je suis loin de penser en tous cas que le NPA a une attitude claire sur ce qu'est une révolution, ça a parfois été un avantage pour lui de ne pas fétichiser les frontières stratégiques du reste, mais bref ce n'est pas le sujet.
vous n'êtes ni pour la prise du pouvoir, ni pour la construction de partis ouvriers révolutionnaires, ni pour l'expropriation du capital, ni pour le socialisme, et la classe ouvrière n'existe même pas dans vos productions. Bref vous ne parlez de "révolution" que pour créer un effet d'ambiance, mais le sens même de ce mot vous est étranger.
Pas tout à fait vrai mais surtout pas le sujet - moi je suis pour toutes ces choses, me situe sur le terrain du marxisme révolutionnaire, etc.
L'orientation qui est défendue dans ce truc est celle qui a conduit à la débâcle en Tunisie. La "transition démocratique", c'est le moyen par lequel la bourgeoisie referme la brèche ouverte par l'irruption des masses, mais évidemment vous vous situez sur ce terrain-là.
L'orientation qui est défendue dans ce truc c'est : le CSAF doit partir du pouvoir et les coupables des exactions doivent être poursuivies. En dehors de ce cadre de front unique, les SR mènent bien sûr leur propre activité, centrée sur la nécessité de construire d'une part les mobilisations et les organisations ouvrières larges, d'autre part la construction d'un parti révolutionnaire. Je ne doute pas un instant qu'ils fassent des erreurs à l'occasion dans cette optique, mais je ne doute pas non plus qu'il soit impossible de ne pas en faire, et en tous cas je trouve un intérêt limité à la dénonciation à distance et surtout mal informée (sans avoir lu les textes dénoncés par exemple ).
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Egypte
Barber a écrit:Les mobilisations ont été spontanées et les organisations de type "mouvement du 6 avril" s'y sont raccrochées ensuite pour y injecter leurs saloperies.
J'ai donné des faits, tu fais des phrases pour couvrir un appareillon en gestation. Du reste, avec le NPA, difficile de s'entendre sur ce qu'est une révolution: vous n'êtes ni pour la prise du pouvoir, ni pour la construction de partis ouvriers révolutionnaires, ni pour l'expropriation du capital, ni pour le socialisme, et la classe ouvrière n'existe même pas dans vos productions. Bref vous ne parlez de "révolution" que pour créer un effet d'ambiance, mais le sens même de ce mot vous est étranger.
Je suis pour la révolution socialiste, le pouvoir des travailleurs, casser l'état bourgeois, etc, et suis au NPA. J'ai défendu sur ce forum, bien plus que toi, la nécessité de batailles pour construire un parti du prolétariat pour le socialisme, d'un parti de classe, et les organisations de masse de celui-ci aptes à trans-croitre en pouvoir des travailleurs.
Dans le débat ici, sur les points précis abordés, la question posée n'est pas celle là. Elle est qu'on te demande de prouver tes assertions (après on discutera suivant le contenu de ce qui est dit si une orientation nous semble valable), de telle façon que le débat ait un sens.
Barber a écrit:C'est un forum. Je ne vois pas grand intérêt à m'y attarder si je ne peux pas y échanger avec des gens sensés. Les combines superficielles du NPA en mode interne n'appartiennent pas à ce registre.
Personne n'est là pour représenter la position du NPA, ou des courants du NPA, c'est un forum. On débat comme toi.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Egypte
Copas a écrit:
Je suis pour la révolution socialiste, le pouvoir des travailleurs, casser l'état bourgeois, etc, et suis au NPA.
Tu devais être bourré le jour où tu as pris ta carte. Parce que la première chose que ferait un révolutionnaire dans le NPA, ce serait de démolir toutes les bases politiques sur lesquelles repose ce parti.
Tu défends toutes les idées que tu veux sur un forum. Vous ne savez juste pas de quoi vous parlez (par exemple "front unique contre le CSFA" alors que les trois quarts des signataires ont un strapontin auprès des militaires, ou accuser les gens de "spontanéisme" parce qu'ils soutiennent que le mouvement des masses n'est pas impulsé par une organisation: vous vivez hors de la réalité).
Je perds mon temps ici. Bye.
Barber- Messages : 142
Date d'inscription : 19/02/2011
Re: Egypte
Barber a écrit:Copas a écrit:
Je suis pour la révolution socialiste, le pouvoir des travailleurs, casser l'état bourgeois, etc, et suis au NPA.
Tu devais être bourré le jour où tu as pris ta carte. Parce que la première chose que ferait un révolutionnaire dans le NPA, ce serait de démolir toutes les bases politiques sur lesquelles repose ce parti.
Tu défends toutes les idées que tu veux sur un forum. Vous ne savez juste pas de quoi vous parlez (par exemple "front unique contre le CSFA" alors que les trois quarts des signataires ont un strapontin auprès des militaires, ou accuser les gens de "spontanéisme" parce qu'ils soutiennent que le mouvement des masses n'est pas impulsé par une organisation: vous vivez hors de la réalité).
Je perds mon temps ici. Bye.
bye
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
La crise politique rouverte à la suite du massacre
La crise politique rouverte à la suite du massacre de Port-Saïd
Claudia Cinatti et Ciro Tappeste
Source: Courant Communiste Révolutionnaire du NPA
Les affrontements violents de Port-Saïd à la suite du match ayant opposé l’équipe cairote d’Al-Ahly à celle d’Al-Masry va bien au-delà du simple heurt entre supporters de foot. Ils révèlent la profondeur des contradictions sociales et politiques qui traversent le pays ainsi que le caractère extrêmement instable de la situation actuelle.
Après cette nuit de violence dont le bilan s’élève au bas mot à 74 morts et à des centaines de blessés, la foule est redescendue dans les rues de la capitale et des grandes villes. Un seul slogan parcourait ces manifestations : la fin du régime militaire, accusé par les manifestants d’être à l’origine de ces affrontements. Selon de nombreux témoins la majorité des victimes se compte parmi les supporters tentant de fuir le stade mais se heurtant dans leur course désespérée à des issues de secours closes ou grillagées.
Nombreux sont ceux qui pointent du doigt la complicité les forces de sécurité. Le ministère de l’Intérieur, sur ordre du Conseil Suprême des Forces Armées (SCAF), entendrait ainsi justifier le maintien de l’état d’urgence, survivance de l’ère Moubarak, par la recrudescence des violences sur les personnes et sur les biens qui caractérise la situation actuelle. D’autres affirment qu’il s’agit d’une vengeance des forces de sécurité. La police aurait ainsi voulu se venger des Ultras d’Al-Ahly, ces supporters du club le plus populaire de la capitale, qui se sont trouvés en première ligne il y a tout juste un an lors de la journée de la « bataille des chameaux » qui a vu la défaite des « baltagiyya », des hommes de main à la solde de l’ancien régime et des forces de répression moubarakistes. Par delà les raisons ayant présidé à ce déchainement de violence dans le stade de la ville de Port-Saïd, un des centres du processus révolutionnaire dans la région stratégique du canal avec Suez, tout porte à croire que l’origine de la violence est à chercher du côté des forces de sécurité. C’est-là une triste constante de l’ère « post-Moubarak » depuis l’épisode du massacre des manifestants coptes au Caire en octobre dernier [1] .
Les Frères Musulmans et leur parti, Justice et Liberté, arrivé en tête lors du dernier scrutin parlementaire, ont demandé la démission des responsables politiques du gouvernorat de Port-Saïd ainsi que des responsables locaux des forces de sécurité. Une session d’urgence du Parlement a même été convoquée à cet effet, afin d’essayer de contenir les ras-le-bol des manifestants et montrer que les partis majoritaires actuellement au sein de l’hémicycle, condamnés à être dans l’opposition par la force des choses et en raison de l’intransigeance du SCAF [2], « comprend » la colère des contestataires.
La Junte, de son côté, afin de ne pas prêter le flanc aux critiques, a décrété de façon bien hypocrite trois jours deuil national alors que toutes les manifestations sportives étaient annulées. Le maréchal Tantawi qui assure de facto le pouvoir exécutif a également accepté la démission du gouverneur de Port-Saïd et a émis un mandat d’arrêt à l’encontre du chef local de la police. Tout ceci n’a pas suffi à mettre fin aux manifestations, même si elles sont aujourd’hui plus circonscrites qu’au milieu de la semaine dernière et que les affrontements quotidiens se limitent aujourd’hui au Caire aux rues adjacentes avec le ministère de l’Intérieur. Tout ceci cependant n’a pas suffi pour désamorcer la crise politique qui s’est rouverte.
Un an après les mobilisations qui ont abouti au renversement de Moubarak le processus révolutionnaire est encore ouvert. Les élections législatives ont certes agi comme une sorte de canalisation des intenses mobilisations qui ont secoué le pays cet automne, depuis la fin du mois de Ramadan [3]. Grâce à l’accord tacite passé entre les forces islamistes, notamment les Ikwans, les Frères Musulmans, et les militaires, avec la bénédiction de la Maison Blanche et des principales puissances impérialistes ayant en Egypte des intérêts non négligeables, la Junte a réussi à se maintenir au pouvoir et a confirmé un de ses agents, Al-Ghanzuri, au poste de premier ministre, et ce même si les résultats des élections donnaient comme principaux vainqueurs le Parti Justice et Liberté, lié aux Ikhwans, et le Parti Al-Noor, lié au salafisme.
Cette canalisation ponctuelle du processus à travers les urnes n’est aucunement consolidée cependant. Les incidents de Port-Saïd sont là pour en témoigner. Ils sont d’ailleurs loin de constituer un épisode isolé. Quelques jours auparavant une mobilisation importante entendant défendre la dynamique issue de la « révolution du 25 janvier » avait tenté d’arriver jusqu’au Parlement afin d’y exiger la fin du régime militaire. Les gros bras des Ikhwans l’en avait empêché, agissant en soutien du régime en place auquel les Frères prétendent s’opposer sur le papier. Mais cette mobilisation a réussi à mettre en discussion la légitimité du Parlement et a ouvert la question de la capacité des Frères Musulmans à agir de concert à la fois comme canal de contention et de rechange par rapport au SCAF mais également comme police officieuse du régime en place contre les secteurs les plus radicalisés de la jeunesse et du prolétariat.
Les contradictions profondes qui ont amené à l’explosion du processus révolutionnaires refont surface avec force depuis quelques mois. On l’a vu dans les grèves et les débrayages qui ont émaillé l’appareil productif égyptien au cours des derniers mois, dans les secteurs les plus divers [4]. On l’a encore vu lors des manifestations célébrant le 25 janvier le premier anniversaire du début du processus insurrectionnel contre Moubarak. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue ce jour-là derrière les banderoles réclamant « la fin du régime militaire » alors que salafistes et Frères Musulmans le plus souvent organisaient des rassemblements séparés.
L’Armée égyptienne, la bourgeoisie locale, les partis défendant l’ordre capitaliste (les libéraux comme les religieux) ainsi que l’impérialisme essayent tous à leur manière de tirer les ficelles d’une « transition démocratique » qu’ils cherchent à structurer et à inscrire dans le paysage politique. L’objectif est de canaliser le processus vers un régime de démocratie bourgeoise sous tutelle qui soit notamment en capacité de préserver le rôle des militaires comme un des piliers fondamentaux du régime tant sur le plan économique que politique et géostratégique (on songera aux accords de paix avec l’Etat sioniste et terroriste).
Après une année de mobilisations et de luttes qui n’ont pas cessées, le caractère contre-révolutionnaire de ce projet saute aux yeux d’un secteur de l’avant-garde ouvrière et de la jeunesse qui commence à tirer des leçons de la situation actuelle et se sent exproprier de « sa » révolution. Pour mettre en échec et faire plier les forces de la contre-révolution il est plus que jamais nécessaire de forger une alliance ouvrière et populaire en capacité de préparer la grève générale insurrectionnelle pour mettre à bas le régime et construire les bases d’un gouvernement ouvrier, paysan et populaire.
05/02/11
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[1] Voir à ce sujet J. Chastaing, « Les soi-disant conflits confessionnels en Egypte et le parti-pris des médias français », 27/10/11.
[2] Voir à ce sujet, « Egypte. La révolution est en marche », 19/12/11.
[3] Voir à ce sujet « Interview d’Hossam El-Hamalawy au sujet de la situation en Egypte », 28/11/11.
[4] Voir notamment « Luttes ouvrières et syndicats indépendants en Egypte. Entretien avec Fatma Ramadan », ainsi que « Egypte. ‘On est toujours debout et on va continuer à lutter’. Entretien avec Kamal Al-Fayumi ».
Claudia Cinatti et Ciro Tappeste
Source: Courant Communiste Révolutionnaire du NPA
Les affrontements violents de Port-Saïd à la suite du match ayant opposé l’équipe cairote d’Al-Ahly à celle d’Al-Masry va bien au-delà du simple heurt entre supporters de foot. Ils révèlent la profondeur des contradictions sociales et politiques qui traversent le pays ainsi que le caractère extrêmement instable de la situation actuelle.
Après cette nuit de violence dont le bilan s’élève au bas mot à 74 morts et à des centaines de blessés, la foule est redescendue dans les rues de la capitale et des grandes villes. Un seul slogan parcourait ces manifestations : la fin du régime militaire, accusé par les manifestants d’être à l’origine de ces affrontements. Selon de nombreux témoins la majorité des victimes se compte parmi les supporters tentant de fuir le stade mais se heurtant dans leur course désespérée à des issues de secours closes ou grillagées.
Nombreux sont ceux qui pointent du doigt la complicité les forces de sécurité. Le ministère de l’Intérieur, sur ordre du Conseil Suprême des Forces Armées (SCAF), entendrait ainsi justifier le maintien de l’état d’urgence, survivance de l’ère Moubarak, par la recrudescence des violences sur les personnes et sur les biens qui caractérise la situation actuelle. D’autres affirment qu’il s’agit d’une vengeance des forces de sécurité. La police aurait ainsi voulu se venger des Ultras d’Al-Ahly, ces supporters du club le plus populaire de la capitale, qui se sont trouvés en première ligne il y a tout juste un an lors de la journée de la « bataille des chameaux » qui a vu la défaite des « baltagiyya », des hommes de main à la solde de l’ancien régime et des forces de répression moubarakistes. Par delà les raisons ayant présidé à ce déchainement de violence dans le stade de la ville de Port-Saïd, un des centres du processus révolutionnaire dans la région stratégique du canal avec Suez, tout porte à croire que l’origine de la violence est à chercher du côté des forces de sécurité. C’est-là une triste constante de l’ère « post-Moubarak » depuis l’épisode du massacre des manifestants coptes au Caire en octobre dernier [1] .
Les Frères Musulmans et leur parti, Justice et Liberté, arrivé en tête lors du dernier scrutin parlementaire, ont demandé la démission des responsables politiques du gouvernorat de Port-Saïd ainsi que des responsables locaux des forces de sécurité. Une session d’urgence du Parlement a même été convoquée à cet effet, afin d’essayer de contenir les ras-le-bol des manifestants et montrer que les partis majoritaires actuellement au sein de l’hémicycle, condamnés à être dans l’opposition par la force des choses et en raison de l’intransigeance du SCAF [2], « comprend » la colère des contestataires.
La Junte, de son côté, afin de ne pas prêter le flanc aux critiques, a décrété de façon bien hypocrite trois jours deuil national alors que toutes les manifestations sportives étaient annulées. Le maréchal Tantawi qui assure de facto le pouvoir exécutif a également accepté la démission du gouverneur de Port-Saïd et a émis un mandat d’arrêt à l’encontre du chef local de la police. Tout ceci n’a pas suffi à mettre fin aux manifestations, même si elles sont aujourd’hui plus circonscrites qu’au milieu de la semaine dernière et que les affrontements quotidiens se limitent aujourd’hui au Caire aux rues adjacentes avec le ministère de l’Intérieur. Tout ceci cependant n’a pas suffi pour désamorcer la crise politique qui s’est rouverte.
Un an après les mobilisations qui ont abouti au renversement de Moubarak le processus révolutionnaire est encore ouvert. Les élections législatives ont certes agi comme une sorte de canalisation des intenses mobilisations qui ont secoué le pays cet automne, depuis la fin du mois de Ramadan [3]. Grâce à l’accord tacite passé entre les forces islamistes, notamment les Ikwans, les Frères Musulmans, et les militaires, avec la bénédiction de la Maison Blanche et des principales puissances impérialistes ayant en Egypte des intérêts non négligeables, la Junte a réussi à se maintenir au pouvoir et a confirmé un de ses agents, Al-Ghanzuri, au poste de premier ministre, et ce même si les résultats des élections donnaient comme principaux vainqueurs le Parti Justice et Liberté, lié aux Ikhwans, et le Parti Al-Noor, lié au salafisme.
Cette canalisation ponctuelle du processus à travers les urnes n’est aucunement consolidée cependant. Les incidents de Port-Saïd sont là pour en témoigner. Ils sont d’ailleurs loin de constituer un épisode isolé. Quelques jours auparavant une mobilisation importante entendant défendre la dynamique issue de la « révolution du 25 janvier » avait tenté d’arriver jusqu’au Parlement afin d’y exiger la fin du régime militaire. Les gros bras des Ikhwans l’en avait empêché, agissant en soutien du régime en place auquel les Frères prétendent s’opposer sur le papier. Mais cette mobilisation a réussi à mettre en discussion la légitimité du Parlement et a ouvert la question de la capacité des Frères Musulmans à agir de concert à la fois comme canal de contention et de rechange par rapport au SCAF mais également comme police officieuse du régime en place contre les secteurs les plus radicalisés de la jeunesse et du prolétariat.
Les contradictions profondes qui ont amené à l’explosion du processus révolutionnaires refont surface avec force depuis quelques mois. On l’a vu dans les grèves et les débrayages qui ont émaillé l’appareil productif égyptien au cours des derniers mois, dans les secteurs les plus divers [4]. On l’a encore vu lors des manifestations célébrant le 25 janvier le premier anniversaire du début du processus insurrectionnel contre Moubarak. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue ce jour-là derrière les banderoles réclamant « la fin du régime militaire » alors que salafistes et Frères Musulmans le plus souvent organisaient des rassemblements séparés.
L’Armée égyptienne, la bourgeoisie locale, les partis défendant l’ordre capitaliste (les libéraux comme les religieux) ainsi que l’impérialisme essayent tous à leur manière de tirer les ficelles d’une « transition démocratique » qu’ils cherchent à structurer et à inscrire dans le paysage politique. L’objectif est de canaliser le processus vers un régime de démocratie bourgeoise sous tutelle qui soit notamment en capacité de préserver le rôle des militaires comme un des piliers fondamentaux du régime tant sur le plan économique que politique et géostratégique (on songera aux accords de paix avec l’Etat sioniste et terroriste).
Après une année de mobilisations et de luttes qui n’ont pas cessées, le caractère contre-révolutionnaire de ce projet saute aux yeux d’un secteur de l’avant-garde ouvrière et de la jeunesse qui commence à tirer des leçons de la situation actuelle et se sent exproprier de « sa » révolution. Pour mettre en échec et faire plier les forces de la contre-révolution il est plus que jamais nécessaire de forger une alliance ouvrière et populaire en capacité de préparer la grève générale insurrectionnelle pour mettre à bas le régime et construire les bases d’un gouvernement ouvrier, paysan et populaire.
05/02/11
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[1] Voir à ce sujet J. Chastaing, « Les soi-disant conflits confessionnels en Egypte et le parti-pris des médias français », 27/10/11.
[2] Voir à ce sujet, « Egypte. La révolution est en marche », 19/12/11.
[3] Voir à ce sujet « Interview d’Hossam El-Hamalawy au sujet de la situation en Egypte », 28/11/11.
[4] Voir notamment « Luttes ouvrières et syndicats indépendants en Egypte. Entretien avec Fatma Ramadan », ainsi que « Egypte. ‘On est toujours debout et on va continuer à lutter’. Entretien avec Kamal Al-Fayumi ».
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Re: Egypte
La grève générale dans les universités égyptiennes, c'est parti
jusqu'à la chute du régime militaire ?
Ici les étudiants de la fac de médecine et pharmacie
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Egypte
Web-doc " Tahrir, je chante ton nom. La musique au coeur de la révolution égyptienne"
http://tahrirmusique.france24.com/index-fr.html
http://tahrirmusique.france24.com/index-fr.html
ramiro- Messages : 238
Date d'inscription : 01/04/2011
Re: Egypte
A lire, sur les processus d'organisation ouvrière, dans la durée et en profondeur :
Jane Hardy and Adrian Budd
The Egyptian workers’ movement and the 25 January Revolution
Jane Hardy and Adrian Budd
The Egyptian workers’ movement and the 25 January Revolution
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Egypte
http://www.europe1.fr/International/Egypte-manifestation-place-Tahrir-1046309/
"Des milliers" pour l'AFP, un million selon Ahram Hebdo
Des milliers de manifestants se sont rassemblés vendredi sur la place Tahrir au Caire pour manifester contre le pouvoir militaire, à un mois du premier tour de l'élection présidentielle.
Les groupes libéraux avaient appelé à un rassemblement pour exiger la mise à l'écart des responsables de l'ère Moubarak candidats à la présidentielle, bien avant que la commission électorale égyptienne n'annonce la semaine dernière avoir écarté dix candidats à la présidentielle prévue les 23 et 24 mai, dont l'ancien vice-président Omar Souleimane.
Le 13 avril, les islamistes avaient déjà manifesté pour "protéger la révolution", exigeant que les responsables de l'ère Moubarak ne soient pas autorisés à se présenter à la présidentielle. Les libéraux ne s'étaient alors pas joints au rassemblement. Au contraire, vendredi, les Frères musulmans ont annoncé qu'ils participeraient à la manifestation, la candidature de leur candidat Khairat al-Chater ayant aussi été rejetée.
"Des milliers" pour l'AFP, un million selon Ahram Hebdo
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Egypte
19-20 avril
La longue et terrible marche du peuple égyptien
quelques jours de décembre pour une boucherie
et un peuple qui ne recule plus
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Egypte
http://www.humanite.fr/egypte-l%E2%80%99armee-sur-la-defensive-apres-la-mort-de-vingt-manifestants-495724
le 2 Mai 2012
Egypte : l’armée sur la défensive après la mort de vingt manifestants
Mots clés : egypte, révolutions arabes, hazem abou ismaïl, mohamed morsi,
Vingt personnes manifestant pour le retour du pouvoir aux civils ont trouvé la mort mercredi au Caire, à l’approche du premier tour de l’élection présidentielle. L’armée a dû annoncer qu’elle rendra le pouvoir sitôt le vainqueur connu.
La journée de mercredi a été particulièrement sanglante en Egypte. Vingt personnes ont en effet trouvé la mort, dans de violents affrontements entre manifestants exigeant que les militaires, au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, rendent le pouvoir aux civils, et des assaillants non identifiés.
Réunis depuis plusieurs jours pour demander le départ des militaires, les manifestants comptaient également dans leurs rangs des partisans du leader salafiste Hazem Abou Ismaïl, l’un des 10 candidats parmi les 23 a avoir fait l’objet d’une invalidation de candidature pour l’élection présidentielle, dont le premier tour doit se tenir les 23 et 24 mai.
Quatre candidats suspendent leur campagne
Les violences ont éclaté dès l’aube, quand des assaillants non identifiés ont attaqué les protestataires. Jets de pierre et de cocktails molotov, lynchages à coup de barres de fer, coups de feu… L’affrontement, particulièrement violent, a duré des heures durant, se soldant par vingt morts selon les médecins de l’hôpital de campagne installé non loin du secteur, à proximité du ministère de la Défense dans le quartier d’Abbassiya. Le ministère de la Santé, lui, faisait état de neuf morts, dans un bilan encore provisoire.
Devant ce déferlement de violence, quatre candidats ont annoncé suspendre leur campagne, dont Abdel Moneim Aboul Foutouh (islamiste modéré) et Mohamed Morsi, deux des principaux candidats. Ce dernier, candidat du Parti de la Justice et de la Liberté (PLJ, branche politique des Frères Musulmans), a ainsi annoncé sa campagne « pour 48 heures en signe de solidarité avec les manifestants ». Il a également déclaré tenir « le Conseil suprême des forces armées (CSFA) pour responsable ».
Les "méthodes de nettoyage et de mort du CSFA"
Une opinion partagée par les jeunes du Mouvement du 6-Avril, qui dénoncent « ces crimes commis contre la révolution et les révolutionnaires », et y voient « la poursuite des méthodes de nettoyage et de mort que le Conseil suprême des forces armées utilise pour réprimer la révolution ». En outre, deux autres candidats, Khaled Ali et Hamdeen Sabbahi (gauche) ont également annoncé la suspension de leur campagne.
Face à ces événements, qui ont également fait une centaine de blessés, l’armée se retrouve obligée de lâcher du lest. Elle a ainsi déclaré, par la voix de son chef d’état-major, Sami Anan, « étudi[er] une remise du pouvoir le 24 mai en cas de victoire d'un président au premier tour de l'élection ». Dans le cas inverse, un second tour doit être organisé les 16 et 17 juin. Et l’armée aura alors tout loisir de prouver sa bonne foi.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Egypte
Excellente interview d'une camarade des Socialistes Révolutionnaires. En arabe avec sous-titres en anglais. (cliquer sur CC)
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
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