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Rosa Luxemburg et la révolution russe

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Rosa Luxemburg et la révolution russe Empty Rosa Luxemburg et la révolution russe

Message  sylvestre Mer 23 Juin - 9:44

On cite souvent le texte de Rosa Luxemburg La Révolution Russe, comme exemple d'une critique constructive de l'action des bolcheviks d'un point de vue marxiste. Souvent cependant, on ne rentre pas dans les détails, et c'est dommage, car effectivement un tel texte venant d'une marxiste aussi éminente mérite d'être médité.

La façon dont il est cité dépend évidemment du point de vue du citeur, mais le fait est que la tendance générale depuis que ce texte inédit de son vivant a été publié par Paul Levi alors en rupture avec la troisième internationale - (il semble d'ailleurs que Rosa n'ait pas voulu qu'il le soit), c'est de considérer que Rosa défendait un point de vue démocratique contre les excès de Lénine et Trotsky. Il est assez rare en effet qu'on approuve Rosa sur son point de vue sur les "deux mots d'ordre petits-bourgeois" (partage des terres par les paysans, et droit des peuples à disposer d'eux-mêmes).

Le point central c'est en général la critique de la dissolution de l'Assemblée Constituante, que Rosa jugeait comme le résultat du "émis sur la base du suffrage le plus démocratique du monde et dans la pleine liberté d'une république populaire, et que, pour de froides considérations critiques, ils en déclaraient les résultats simplement nuls et non avenus". Lénine et Trotsky sont de plus accusés de "détruire la démocratie en général".

Il y a surtout que Rosa écrit ce texte alors qu'elle est encore en prison, que les informations dont elles disposent sont forcément parcellaires - la presse bourgeoise était alors en plein oeuvre de diffamation des bolcheviks. En 1918, en effet, prétendre que la démocratie avait été éliminée en Russie est simplement faux.

Il y aurait aussi à discuter de la question de l'assemblée constituante en détail : les élections ont eu lieu alors que le parti SR venait de scissionner, les SR de gauche soutenant la prise de pouvoir par les bolcheviks, les SR de droite s'y opposant. Or, comme l'ont montré des travaux récents, la faction de droite des SR a réussi à faire élire environ 380 délégués à la constituante sur le ticket SR (contre environ 40 SR de gauche) , alors que les SR de gauche avaient la majorité à la base du parti.

Enfin, sur le principe même de la supériorité de la forme soviétique de démocratie sur la démocratie parlementaire dont l'assemblée constituante représente l'exemple le plus avancé, l'expérience pratique elle-même de la révolution allemande a donné à Rosa l'occasion de revenir sur sa position, dans un texte qui lui a été publié et signé par elle de son vivant. En effet après la révolution de novembre 1918, le SPD cherchant par tous les moyens à "limiter" la révolution à l'institution d'un régime capitaliste parlementaire a mis en avant l'"Assemblée Nationale", qui devait jouer exactement le même rôle que l'assemblée constituante en Russie. Percevant cela très exactement, Luxemburg leur oppose la centralisation des conseils ouvriers, nés de l'élan révolutionnaire du prolétariat allemand :


Mais la question de l'Assemblée Nationale n'est pas une question d'opportunité, une question de plus grande « commodité » ; c'est une question de principe, de la reconnaissance du caractère socialiste de la révolution.

Lors de la grande révolution française, le premier pas décisif fut accompli en Juillet 1789, lorsque les trois états séparés s'unifièrent en une Assemblée Nationale. Cette décision marqua de son empreinte tout le cours ultérieur des événements, elle fut le symbole de la victoire du nouvel ordre social bourgeois sur la société moyenâgeuse féodale des corporations.

De la même manière, le symbole de l'ordre social nouveau, socialiste, dont la présente révolution prolétarienne est grosse, le symbole du caractère de classe de ses tâches spécifiques, c'est le caractère de classe de l'organe politique qui doit accomplir ces tâches : le parlement des travailleurs, la représentation du prolétariat des villes et des campagnes.

L'Assemblée Nationale est un héritage suranné des révolutions bourgeoises, une cosse vide, un résidu du temps des illusions petites-bourgeoises sur le « peuple uni », sur la « liberté, égalité, fraternité » de l'état bourgeois.

Celui qui, aujourd'hui, recourt à l'Assemblée Nationale, celui-là veut, consciemment ou inconsciemment, faire reculer la révolution jusqu'au stade historique des révolutions bourgeoises ; c'est un agent camouflé de la bourgeoisie, ou un idéologue inconscient de la petite-bourgeoisie.

C'est au cri de : « Démocratie ou dictature !» que se livre la bataille autour de l'Assemblée Nationale, et les dirigeants socialistes dociles reprennent à leur compte ce slogan de la démagogie contre-révolutionnaire, sans s'apercevoir que cette alternative n'est qu'une falsification démagogique.

Il ne s'agit pas aujourd'hui d'un choix entre la démocratie et la dictature. La question qui est mise par l'histoire à l'ordre du jour, c'est : démocratie BOURGEOISE ou démocratie SOCIALISTE. Car la dictature du prolétariat, c'est la démocratie au sens socialiste du terme. La dictature du prolétariat, cela ne signifie pas les bombes, les putschs, l'émeute, l' « anarchie , ainsi que les agents du profit capitaliste osent le prétendre, mais bien l'emploi de tous les moyens du pouvoir politique pour l'édification du socialisme, pour l'expropriation de la classe capitaliste — conformément au sentiment et par la volonté de la majorité révolutionnaire du prolétariat, donc dans l'esprit de la démocratie socialiste. Sans la volonté consciente et l'action consciente de la majorité du prolétariat, pas de socialisme. Pour aiguiser cette conscience, pour tremper cette volonté, pour organiser cette action, il faut un organe de classe : le parlement des prolétaires des villes et des campagnes.

La convocation d'une telle assemblée de représentants des travailleurs, à la place de l'Assemblée Nationale des révolutions bourgeoises, constitue par elle-même un acte de la lutte des classes, une rupture avec le passé historique de la société bourgeoise, un instrument puissant d'agitation des masses prolétariennes, une déclaration de guerre sans ambages au capitalisme.

Pas de faux-fuyants, pas d'équivoque — les dés doivent être jetés. Le crétinisme parlementaire était hier une faiblesse, c'est aujourd'hui une équivoque, ce sera demain une trahison envers le socialisme.

« Die Rote Fahne », 20 novembre 1918

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sylvestre
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Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010

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Message  Gauvain Mer 23 Juin - 19:36

Ca vient d'où, ça ?

Pour info, un texte intéressant de notre camarade Michael Löwy sur "Rosa Luxemburg et la démocratie socialiste".




Examiner les thèses de Rosa Luxemburg sur la démocratie
socialiste n’est pas simplement une entreprise d’intérêt historique ;
il s’agit de re-découvrir une conception et une perspective d’une
actualité brûlante et qui se situent directement au coeur des débats
contemporains. Au moment où le monde semble connaître une nouvelle
période de « guerre froide » et où le mouvement ouvrier risque de se
diviser à nouveau, comme dans les années 50, entre les partisans d’une démocratie bourgeoise pseudo-libérale et ceux d’un autoritarisme bureaucratique pseudo-révolutionnaire, l’oeuvre de Rosa Luxemburg montre, avec rigueur et cohérence, une autre alternative, celle de la démocratie socialiste.
L’écrit où cette problématique est formulée de la façon la plus
explicite et la plus précise est la brochure sur la révolution russe,
rédigée par Rosa Luxemburg
en prison, au cours de l’année 1918. Rappelons brièvement les
conditions de publication de ce texte et les polémiques qui
s’ensuivirent : en 1921, peu après son exclusion du KPD, Paul Levi
publie une version (d’ailleurs incomplète) de ce manuscrit, sous le
titre Die Russische Revolution. Eine Kritische Würdigung aus dem Nachlass von Rosa Luxemburg [1]. Deux proches compagnons de Rosa Luxemburg,
le communiste polonais Adolf Warski et la dirigeante du KPD Clara
Zetkin, vont réagir à cette publication en arguant que la brochure
représentait un point de vue erroné que Rosa Luxemburg
avait dépassé, par son expérience de la révolution allemande, vers la
fin de l’année 1918. Les deux publient dans la Rote Fahne (quotidien du
parti communiste allemand) du 22 décembre 1921 une déclaration commune
qui affirme : « Ni Rosa Luxemburg
ni Leo Jogisches n’étaient d’avis de publier cette critique écrite
pendant l’été 1918… Nous constatons en outre que, dans les questions
les plus importantes, le contenu de la brochure ne correspond pas au
point de vue que Rosa Luxemburg a soutenu publiquement après sa sortie de prison et jusqu’à son assassinat. » [2]
Outre ces commentaires qui n’examinent pas (ou très peu) le contenu
même du texte, il n’y a pas eu beaucoup de tentatives du côté
bolchevik, de répondre directement aux arguments et aux critiques de la
brochure ; la réponse la plus sérieuse et la plus argumentée a été sans
doute celle de György Lukács (lui-même assez influencé, au moins
pendant une certaine période, par Rosa Luxemburg), dans un des chapitres d’Histoire et conscience de classe (1923), « Remarques critiques sur la critique de la Révolution russe de Rosa Luxemburg. » Par contre, la social-démocratie allemande, dont les dirigeants n’étaient pas sans responsabilité dans le meurtre de Rosa Luxemburg, a essayé d’utiliser ce document posthume pour ses propres fins anti-bolcheviques. [3]
En réalité, la brochure condamne sans appel ceux qu’elle désigne
ironiquement comme « les social-démocrates gouvernementaux allemands »
et rejette de la façon la plus explicite les critiques d’un Kautsky
contre le bolchevisme ; face à eux, elle n’hésite pas à prendre avec
passion la défense des révolutionnaires d`Octobre 1917 : « Tout le
courage, l’énergie, la perspicacité révolutionnaire, la logique dont un
parti révolutionnaire peut faire preuve en un moment historique a été
le fait de Lénine, de Trotsky et de leurs amis. Tout l’honneur et toute
la faculté d’action révolutionnaire qui ont fait défaut à la social-démocratie
occidentale, se sont retrouvés chez les bolcheviks. L’insurrection
d’octobre n’aura pas seulement servi à sauver effectivement la
révolution russe, mais aussi l’honneur du socialisme international. »
D’ailleurs, la brochure s’achève avec une proclamation sans équivoque
de solidarité avec le bolchevisme. [4]
Cependant, aux yeux de Rosa Luxemburg
la solidarité n’est pas contradictoire avec l’indépendance d’esprit et
la réflexion critique ­au contraire, elle les exige. Ses critiques se
situent notamment par rapport à trois questions essentielles : le
problème des nationalités, la question agraire et la démocratie.
La discussion des deux premières échappe au cadre de cet article (à
notre avis elle avait tort à ce sujet) ; examinons ses remarques sur la
démocratie, qui nous semblent de loin l’aspect le plus important et le plus actuel de ce petit ouvrage. Les thèses avancées à ce sujet par Rosa Luxemburg en été 1918 sont en rapport étroit avec sa philosophie de la praxis. Sa position dialectique est la même que celle de Marx dans la IIIe Thèse sur Feuerbach : dans la praxis révolutionnaire
le changement des circonstances coïncide avec le changement (subjectif)
des hommes. Cela vaut pour elle tout d’abord pour comprendre l’éveil de
la conscience de classe chez les masses ouvrières ; analysant la
Révolution de 1905 Rosa Luxemburg souligne l’importance de l’action (la grève générale), de la praxis,
de l’école politique de la lutte pour éveiller, pour la première fois,
« comme par une secousse électrique », la conscience de classe chez des
millions de travailleurs. [5]
C’est aussi du point de vue de cette philosophie de la praxis qu’elle
conçoit la révolution elle-même, comme auto-émancipation des masses
laborieuses, et le pouvoir prolétarien, comme démocratie
socialiste ; dans un passage important de la brochure sur la Révolution
russe elle écrit : « La pratique du socialisme exige un bouleversement
complet dans l’esprit des masses dégradé par des siècles de domination
de classe bourgeoise. Instincts sociaux à la place des instincts
égoïstes, initiative des masses à la place de l’inertie, idéalisme qui
fait surmonter toutes les souffrances, etc. La seule voie qui mène à
(cette) renaissance est l’école même de la vie publique, une démocratie très large, sans la moindre limitation… » [6] En d’autres termes : c’est seulement par sa propre praxis,
par son expérience pratique, concrète, vivante et démocratique de
construction de la nouvelle société que le prolétariat se libérera de
son passé et s’élèvera à un niveau culturel et moral supérieur.
Il ne nous semble pas que Rosa Luxemburg
ait changé de position sur cette question après sa sortie de prison en
novembre 1918, une question qui touche au fondement théorique et
méthodologique de toute sa pensée ; au contraire, la même philosophie
de la praxis inspire tous ses derniers écrits et discours, et notamment
le rapport sur le programme fait au Congrès de fondation du KFD
(Spartakus) en janvier 1919 : en se réclamant de la devise de Goethe Am Anfang war die Tat
elle insiste : « Exercer le pouvoir, la masse l’apprend en exerçant le
pouvoir. Il n’est pas d’autre moyen de lui en inculquer la science… On
ne fait pas et on ne peut pas faire le socialisme au moyen de décrets,
pas même lorsqu’existe un gouvernement socialiste… Le socialisme doit
être fait par les masses, par chaque prolétaire. » [7]
Contrairement à la social-démocratie et à Kautsky (et l’on pourrait ajouter les euro-communistes contemporains) Rosa Luxemburg ne met pas en question la nécessité de la dictature du prolétariat ; mais il s’agit, insiste-t-elle, d’une « dictature de classe,
non pas celle d’un parti ou d’une coterie ; une dictature de classe,
c’est-à-dire une dictature qui s’exerce le plus ouvertement possible,
avec la participation sans entraves, très active, des masses
populaires, dans une démocratie sans limites… Cette dictature réside dans le mode d’application de la démocratie
et non dans sa suppression, en empiétant avec énergie et résolution sur
les droits acquis et les rapports économiques de la société
bourgeoise ; sans cela, on ne peut réaliser la transformation
socialiste. Mais cette dictature doit être l’oeuvre de la classe, et
non pas d’une petite minorité qui dirige au nom de la classe,
c’est-à-dire qu’elle doit être l’émanation fidèle et progressive de la
participation active des masses, elle doit subir constamment leur
influence directe, être soumise au contrôle de l’opinion publique dans
son ensemble, émaner de l’éducation politique croissante des masses
populaires. » [8]
Dans sa polémique avec la brochure de Rosa Luxemburg,
Lukács rejette catégoriquement cette distinction capitale entre
dictature du parti et de la classe, qui relève à son avis d’une
« exaltation d’espoirs utopiques » et de « l’anticipation de phases
ultérieures de l’évolution. » [9]
Que veut dire cette étrange affirmation de Lukács ? Que le pouvoir
démocratique des travailleurs est une « utopie » ? Ou que la dictature
de la classe ne pourra être établie qu’« ultérieurement » ? Rosa Luxemburg avait répondu d’avance à cet argument, dans un passage ironique et lucide de sa brochure : « la démocratie
socialiste ne commence pas seulement en Terre promise, lorsque
l’infrastructure de l’économie socialiste est créée, ce n’est pas un
cadeau de Noël tout prêt pour le gentil peuple qui a bien voulu, entre
temps, soutenir fidèlement une poignée de dictateurs socialistes. La démocratie
socialiste commence avec la destruction de l’hégémonie de classe et la
construction du socialisme. Elle commence au moment de la prise du
pouvoir par le parti socialiste. Elle n’est pas autre chose que la
dictature du prolétariat. » [10]
La démocratie socialiste impliquait nécessairement aux yeux de Rosa Luxemburg la liberté ;
comme elle l’écrira dans une des pages les plus célèbres de la brochure
sur la Révolution russe : « sans une presse libre et dégagée de toute
entrave, si l’on empêche la vie des réunions et des associations de se
dérouler, la domination de vastes couches populaires est alors
parfaitement impensable… La liberté pour les seuls partisans du
gouvernement, pour les seuls membres d’un parti ­ aussi nombreux
soient-ils ­ce n’est pas la liberté. La liberté est toujours au moins
la liberté de celui qui pense autrement. » [11]
La réponse de Lukács à cette proposition rigoureusement cohérente est
peu convaincante, et relève d’une pétition de principe : pour lui « la
liberté (pas plus que par exemple la socialisation) ne peut représenter
une valeur en soi. Elle doit servir le règne du prolétariat et non l’inverse. » [12]
Or, ce qu’il faudrait démontrer c’est que le prolétariat puisse
« régner » sans liberté de presse, d’association et de réunion, ou sans
pluralisme, et donc sans contrôle démocratique sur ses représentants…
Il nous semble que soixante années d’expérience historique ont
largement confirmé la lucidité prémonitoire des idées de Rosa Luxemburg et l’importance décisive des libertés démocratiques pour l’existence même du pouvoir prolétarien. Loin d’être « utopique » la démarche de Rosa Luxemburg
était la seule réaliste, parce qu’elle seule pouvait garantir l’Etat
issu de la révolution et le pouvoir des soviets contre la
dégénérescence bureaucratique c’est-à-dire contre le Golem stalinien,
dans les mains duquel allaient périr en 1935-40 les bolcheviks de 1917
eux-mêmes.
Lukács reconnaît malgré tout que la possibilité d’une « auto-critique
du prolétariat… doit être préservée, même pendant la dictature, au
moyen d’institutions », mais n’explique pas de quelles institutions il
s’agit, et comment la critique prolétarienne du pouvoir révolutionnaire
peut s’exercer sans libertés démocratiques. [13]
On a parfois reproché à Rosa Luxemburg d’avoir une conception « formelle » des libertés ou de la démocratie ; en réalité elle opposait clairement la démocratie socialiste à la démocratie bourgeoise, tout en soulignant que le pouvoir ouvrier ne signifie pas l’abolition des libertés anciennes mais la conquête de libertés nouvelles, inexistantes dans le cadre de l’ordre bourgeois. [14]
Quant au reproche d’« utopisme » que lui fait Lukács, il est d’autant moins fondé que Rosa Luxemburg
était tout à fait consciente des difficultés objectives immenses
(guerre civile, intervention étrangère, désorganisation économique,
famine, etc.) avec lesquelles se confrontaient les bolcheviks et de la
nécessité de mesures provisoires d’urgence pour parer au plus pressé ;
ce qu’elle met en question ce sont moins les actes eux-mêmes des
bolcheviks en 1917-18 que leur prétention à les ériger en paradigme
universel de la dictature du prolétariat : « ce serait réclamer
l’impossible de Lénine et de ses amis que de leur demander encore dans
de telles conditions de créer, comme par magie, la plus belle des démocraties,
la plus exemplaire des dictatures du prolétariat, une économie
socialiste florissante. Par leur attitude révolutionnaire décidée, leur
énergie exemplaire et leur fidélité inviolable au socialisme
international, ils ont vraiment fait tout ce qu’ils pouvaient faire
dans des conditions aussi effroyablement compliquées. Le danger
commence là où, faisant de nécessité vertu, ils cherchent à fixer dans
tous les points de la théorie, une tactique qui leur a été imposée par
des conditions fatales et à la proposer au prolétariat international
comme modèle… » [15]
Ce passage dévoile, soit dit en passant, la superficialité de ceux qui,
de 1922 jusqu’aujourd’hui, ont essayé de faire de cette brochure une
machine de guerre idéologique contre le bolchevisme. Comme le reconnaît
P. Nettl, l’historien (académique) et biographe de Rosa Luxemburg,
à propos de cet écrit, « ceux qui sont remplis de joie par une critique
des fondements de la révolution bolchevique feraient mieux de chercher
ailleurs. » [16]
Une dernière remarque : Rosa Luxemburg
rejetait la terreur comme méthode d’exercice du pouvoir
révolutionnaire ; cette position se manifeste aussi bien dans sa
critique aux bolcheviks en été 1918 que dans le programme de Spartakus
en janvier 1919 : c’est une donnée invariable de sa pensée politique.
Cependant, elle n’avait rien d’une pacifiste : dans la brochure sur la
révolution russe et dans ses écrits sur la révolution allemande
(novembre 1918 ­ janvier 1919) elle insiste sur la nécessité
inéluctable de la violence révolutionnaire pour faire face à celle de
la contre-révolution, aussi bien au cours de la lutte pour le pouvoir
que pour sa défense après l’insurrection victorieuse. L’aspiration
humaniste d’un monde sans violence, qui traverse tous ses écrits ­ et
notamment ses remarquables articles et pamphlets contre la guerre
mondiale ­ ne l’empêche nullement de mettre à l’ordre du jour, comme
tâche essentielle des révolutionnaires allemands, l’armement du
prolétariat, la formation de la milice ouvrière, et la préparation à
l’affrontement violent avec la réaction. [17]

Rosa Luxemburg a-t-elle changé
d’avis au cours des derniers mois de sa vie, par rapport aux critiques
qu’elle avait formulées envers les dirigeants bolcheviks en été 1918 ?
Nous avons déjà suggéré ci-dessus des éléments pour une réponse (plutôt
négative) à cette question. Examinons de plus près les arguments qui
semblent plaider pour une telle révision. Il est vrai que, comme l’ont
souligné Warski et C. Zetkin, Rosa Luxemburg
n’avait pas voulu publier le manuscrit, mais la raison qu’ils
mentionnent pour expliquer cette décision ­son désir de rédiger un
travail plus développé et plus large sur la révolution russe ­ne
préjuge pas du contenu politique (essentiellement identique ou
modifié ?) de cet ouvrage, par rapport aux thèses qu’elle avait
défendues en été 1918 [18].
Il est certain qu’au moins sur un aspect important, on peut documenter
de façon précise une évolution de sa position : la question de
l’Assemblée constituante. Dans la brochure Rosa Luxemburg
critique la décision des bolcheviks de dissoudre l’Assemblée
constituante (au profit des soviets), et défend l’idée que, sous la
pression de la mobilisation populaire, ces institutions parlementaires
peuvent jouer un rôle révolutionnaire ­ comme le montrent les exemples
historiques du « Long Parlement » anglais de 1642 et des Etats généraux
français de 1789. Dans ses remarques critiques sur la brochure Lukâcs
avance à ce propos un argument significatif : les soviets (c’est-à-dire
les conseils d’ouvriers et de soldats) sont la forme spécifique
et nécessaire de la révolution prolétarienne, en opposition aux formes
structurelles des révolutions bourgeoises (la Convention, etc.) [19] Or, sur ce point il semble bien que Rosa Luxemburg
ait révisé son point de vue, puisque dans un article sur la situation
en Allemagne elle écrivait en décembre 1918 : « Assemblée nationale ou
tout le pouvoir aux conseils d’ouvriers et soldats, abandon du
socialisme ou lutte de classe la plus résolue du prolétariat armé
contre la bourgeoisie : voilà le dilemme. » [20]
Mais au-delà de cette question sur la forme institutionnelle du pouvoir prolétarien, reste le problème de la démocratie socialiste elle-même, et des libertés ; à ce sujet, Rosa Luxemburg
a-t-elle fondamentalement modifié ses idées, après sa sortie de prison
en novembre 1918 ? C’est la thèse développée, de façon insistante, par
l’historiographie officielle (récente) en République Démocratique
Allemande (avant la mort de Staline et le XXe Congrès ce fut, au
contraire, la doctrine de la contradiction irréductible entre le « luxemburgisme » et le bolchevisme qui fut proclamée, en partant du célèbre article de Staline de 1931…) [21] De façon plus nuancée et critique Gilbert Badia défend une idée semblable ; selon lui, à partir des articles de la Rote Fahne en 1918-19 « on peut, sans extrapoler outre mesure, imaginer la réponse de Rosa Luxemburg »
à la question des rapports entre révolution et liberté : « pour une
période limitée, sans doute, mais dont personne ne saurait préciser la
durée, le pouvoir révolutionnaire sera amené à restreindre par la force cette liberté de la presse, cette liberté de réunion que Rosa Luxemburg, dans La Révolution russe, voulait illimitées. » [22]
Cette réponse « imaginée » nous semble quelque peu « extrapolée », dans
la mesure où elle s’appuie, chez Badia, sur des arguments fort
discutables : 1) des articles de la Rote Fahne mettant en question, du moins implicitement, la liberté de presse illimitée. Or, ces articles n’étaient pas signés par Rosa Luxemburg et ils n’expriment pas nécessairement son point de vue. Contrairement au KPD stalinisé de l’avenir, le Spartakus Bund
de 1918-19 n’était pas une organisation monolithique et il y avait dans
les articles de sa presse plus que des nuances sur beaucoup de
questions de la tactique révolutionnaire ; 2) l’approbation par Rosa Luxemburg de l’occupation du journal Vorwärts
par des manifestants berlinois en décembre 1918 et janvier 1919. À
notre avis, l’occupation d’un journal au cours d’une offensive
révolutionnaire ne saurait être assimilée à la fermeture d’un journal
d’opposition par un pouvoir ouvrier, et encore moins à une restriction
générale de la liberté de presse et de la liberté de réunion. On peut
être d’accord avec G. Badia et H. Wohlgemuth [23] que Rosa Luxemburg
avait, pendant les derniers mois de sa vie, « précisé ou corrigé
beaucoup de ses points de vue », mais il ne nous semble pas, à la
lecture de ses écrits et discours de fin 1918-début 1919, qu’elle
aurait abandonné l’essentiel de sa conception de la démocratie socialiste, telle qu’elle s’exprime dans la brochure sur la Révolution russe.
Cette conception n’a encore réussi à se réaliser nulle part ; le
prétendu « socialisme réellement existant » en Europe de l’Est en est
aux antipodes par son système autoritaire et bureaucratique de pouvoir,
tandis qu’en Europe de l’Ouest, les régimes social-démocrates se sont
intégrés à l’Etat bourgeois et au système de l’« économie de marché »
(i.e., capitaliste). Le programme de démocratie socialiste avancé par Rosa Luxemburg
en 1918-19, fondé sur une perspective de combat révolutionnaire
irréconciliable contre l’ordre établi, nous apparaît d’autant plus actuel qu’il constitue l’alternative la plus cohérente et la plus réaliste à ces deux échecs tragiques du mouvement ouvrier moderne.














P.-S.

Article paru dans Praxis International, 1er trimestre 1981, pp. 72-78.





Notes

[1] Ce n’est que bien plus tard (1928) que Felix Weill va découvrir l’ensemble du manuscrit ; cf. F. Weill, ”Einige unveröffentliche Manuskripte“, Archiv für die Geschichte des Sozialismus und der Arbeiterbewegung, 1928.

[2] Cité par G. Badia, Rosa Luxemburg (Paris, 1975), p. 311.

[3] « Le malheur de l’histoire a voulu que dès le début la social-démocratie réformiste se soit emparée de La Révolution russe comme d’une arme qui lui aurait été destinée » – Robert Paris, Préface à R. Luxemburg, La Révolution russe (Paris, 1964), p. 13.

[4] R. Luxemburg, « La révolution russe », in Oeuvres
II (traduction et présentation de Claudie Weill) (Paris, 1971), p. 65 ;
cf. aussi p. 90 : « À cet égard, Lénine, Trotsky et leurs amis ont les
premiers, par leur exemple, ouvert la voie au prolétariat mondial… Et
en ce sens, l’avenir appartient partout au “bolchevisme”. »

[5] Rosa Luxemburg, Grève générale, parti et syndicats ; 1906, Spartacus (Paris, 1947), p. 30.

[6] R. Luxemburg, Œuvres II, p. 84.

[7] R. Luxemburg, « Discours sur le Programme », 1919 in André et Dori Prudhommeaux, Spartacus et la Commune de Berlin 1918-19 (Paris, 1949), p. 80, 87.

[8] R. Luxemburg, Œuvres II, p. 87-88.

[9] G. Lukács, Geschichte und Klassenbewusstsein, 1923, Luchterhand, Neuwied, 1968. La traduction française des éditions de Minuit est ici très peu fidèle.

[10] R. Luxemburg, Œuvres II, p. 88.

[11] Ibid, p. 82-83.

[12] G. Lukács, Histoire et conscience de classe (Paris, 1960), p. 331.

[13] Ibid.

[14] R. Luxemburg, Œuvres II, p. 88 : « Nous n’avons jamais été idolâtres de la démocratie formelle, cette phrase n’a qu’un seul sens ; nous distinguons toujours le noyau social de la forme politique de la démocratie
bourgeoise, nous avons toujours dégagé l’âpre noyau d’inégalité et de
servitudes sociales qui se cache sous l’écorce sucrée de l’égalité et
de la liberté formelles, non pas pour les rejeter mais pour inciter la
classe ouvrière à ne pas se contenter de l’écorce, à conquérir plutôt
le pouvoir politique pour la remplir d’un nouveau contenu social ; la
tâche historique du prolétariat lorsqu’il prend le pouvoir est de
remplacer la démocratie bourgeoise par la démocratie socialiste et non pas de supprimer toute démocratie. »

[15] R. Luxemburg, Œuvres II, p. 89.

[16] P. Nettl, Rosa Luxemburg (Oxford, 1969), p. 436.

[17] Voir à ce sujet le remarquable ouvrage de N. Geras, The Legacy of Rosa Luxemburg,
New Left Books, 1976, notamment le dernier chapitre : “Bourgeois power
and socialist democracy : on the reaction of ends and means.”

[18] Voir à ce sujet les témoignages de A. Warski et Clara Zetkin dans leur déclaration à la Rote Fahne du 21/12/1921, in G. Badia, op. cit., p. 287.

[19] G. Lukács, Hist. et consc. de classe, p. 321.

[20] R. Luxemburg, « Assemblée nationale ou gouvernement des conseils ? », Décembre 1918, in R.L., L’Etat bourgeois et la révolution, Éditions La Brèche, 1978, p. 45.

[21] Cf. Arnold Reisberg, Lenins Beziehungen zur deutschen Arbeiterbewegung (Berlin, 1970), Günter Radczun, ”Vorwort“, in R. Luxemburg, Gesammelte Werke
(Berlin, t. I, 1970), p. 41, etc. Par ailleurs, comme le souligne à
juste titre G. Badia, jusqu’ici ce texte sur la Révolution russe n’a
été publié dans aucun des pays qui se réclament du socialisme… (G.
Badia, op. cit., p. 310)

[22] G. Badia, op. cit., p. 319.

[23] Cf. G. Badia, op. cit., p. 321 et Heinz Wohlgemuth, Die Entstehung der Kommunistischen Partei Deutschlands 1914 bis 1918, (Berlin, 1968), p. 256.

http://www.preavis.net/breche-numerique/article1784.html
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Message  sylvestre Mer 23 Juin - 22:25

Ca vient d'où, ça ?

A part de l'ancien FMR, tu veux dire ?
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Message  Gauvain Mer 23 Juin - 22:46

Je voulais savoir l'auteur, mais en fait ça doit être toi, c'est ça ?
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Message  sylvestre Mer 23 Juin - 23:11

Effectivement.

Pour compléter la reconstitution du débat, citons aussi, de Lukacs, Remarques critiques sur la critique de la révolution russe de Rosa Luxembourg

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Message  nomido Jeu 8 Juil - 17:58

Salut, très intéressant ces éléments,

(il semble d'ailleurs que Rosa n'ait pas voulu qu'il le soit [publié])

Tu pourrais me dire ce qui te fait dire ça ? (pour l'info)


Dernière édition par domino le Jeu 8 Juil - 19:49, édité 1 fois
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Message  sylvestre Jeu 8 Juil - 18:44

domino a écrit:Salut, très intéressant ces éléments,

sylvestre a écrit:(il semble d'ailleurs que Rosa n'ait pas voulu qu'il le soit [publié])

Tu pourrais me dire ce qui te fait dire ça ? (pour l'info)

C'est notamment ce que rapporte Clara Zetkin, proche de Rosa, dans un livre qu'elle a publié en 1921 "Um Rosa Luxemburgs Stellung zur russischen Revolution". Il y a aussi un passage de l'article de Lowy cité ci-dessus qui en parle :

Deux proches compagnons de Rosa Luxemburg, le communiste polonais Adolf Warski et la dirigeante du KPD Clara Zetkin, vont réagir à cette publication en arguant que la brochure représentait un point de vue erroné que Rosa Luxemburg avait dépassé, par son expérience de la révolution allemande, vers la fin de l’année 1918. Les deux publient dans la Rote Fahne (quotidien du parti communiste allemand) du 22 décembre 1921 une déclaration commune
qui affirme : « Ni Rosa Luxemburg ni Leo Jogisches n’étaient d’avis de publier cette critique écrite pendant l’été 1918… Nous constatons en outre que, dans les questions les plus importantes, le contenu de la brochure ne correspond pas au point de vue que Rosa Luxemburg a soutenu publiquement après sa sortie de prison et jusqu’à son assassinat. » [2]

Parmi les éléments qui tendent à confirmer cette thèse, il y a aussi une lettre que Warski (vieux compagnon de Rosa dans le mouvement révolutionnaire polonais) rapporte dans une brochure, également publiée en 1922 :

http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=875

À Adolf Warski

[Fin novembre-début décembre 1918 [1]]

[...] Si notre parti [2] est plein d’enthousiasme pour le bolchevisme et qu’il a pris en même temps position contre la paix de Brest que les bolcheviks ont signée et contre leur campagne sur le mot d’ordre d’« autodétermination des peuples », alors cet enthousiasme s’allie à un esprit critique - et que pouvonsnous souhaiter de plus ?

J’ai partagé toutes tes réserves et tes scrupules, mais je les ai abandonnés sur les points les plus importants, et sur bien des points je ne suis pas allée aussi loin que toi. Certes, le terrorisme est la preuve d’une grande faiblesse, mais il est dirigé contre les ennemis intérieurs qui fondent leurs espérances sur l’existence d’un capitalisme en dehors de la Russie et dont ils reçoivent soutien et encouragement. Que la révolution européenne éclate, et les contre-révolutionnaires russes perdront non seulement ce soutien mais également - et c’est plus grave - tout leur courage. La terreur bolchevique est donc avant tout l’expression de la faiblesse du prolétariat européen. C’est un fait que la nouvelle situation agraire qui vient d’être créée est le point faible de la révolution russe, et c’est là que le bât blesse. Et il s’avère encore une fois que la plus grande révolution ne peut guère accomplir que ce qui a déjà atteint son point de maturité. Seule la révolution européenne pourra remédier à ce point faible. Et elle arrive ! [...]

[1] C’est Adolf Warski qui indique cette date. Dans sa brochure (Cf. Sources), Warski indique qu’un soldat allemand lui avait apporté ce billet de RL en réponse à ses interrogations sur l’attitude que devait adopter le parti polonais sur les problèmes soulevés par la révolution russe. Cf. NETTL, pp. 695-697.

[2] La SDKPiL. Ce billet était une réponse aux informations que Warski lui avait communiquées sur l’activité du parti.
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Message  varlingmx Mar 15 Mar - 22:33

Un contributeur (sans doute luxemburgiste) a fait les modifications suivantes sur cette page :
(en gros)

"Rosa en prison, mal informée"
Grâce à ses camarades qui lui rendaient visite en prison, Rosa disposait d'informations sérieuses.

"il semble d'ailleurs que Rosa n'ait pas voulu que La Révolution en Russie soit publié"
Plusieurs éléments confirment qu'elle voulait que ce texte soit publié, et qu'elle avait conservé ce point de vue. [Cf cet article]. Certains "témoignages" commandés par Moscou vont chercher à contredire ces faits : une supposée lettre disparue et "reconstruite" de mémoire plus de deux ans après (!), et un témoignage de Clara Zetkin qui en réalité ne vit pas Rosa Luxemburg une seule fois après sa sortie de prison. Les historiens ont évidemment retenu que Rosa Luxemburg avait maintenu ses critiques.

Je ne sais pas ce que vous en pensez...
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Message  Gauvain Mer 16 Mar - 0:20

Varlin a écrit:Un contributeur (sans doute luxemburgiste) a fait les modifications suivantes sur cette page :
(en gros)

"Rosa en prison, mal informée"
Grâce à ses camarades qui lui rendaient visite en prison, Rosa disposait d'informations sérieuses.

"il semble d'ailleurs que Rosa n'ait pas voulu que La Révolution en Russie soit publié"
Plusieurs éléments confirment qu'elle voulait que ce texte soit publié, et qu'elle avait conservé ce point de vue. [Cf cet article]. Certains "témoignages" commandés par Moscou vont chercher à contredire ces faits : une supposée lettre disparue et "reconstruite" de mémoire plus de deux ans après (!), et un témoignage de Clara Zetkin qui en réalité ne vit pas Rosa Luxemburg une seule fois après sa sortie de prison. Les historiens ont évidemment retenu que Rosa Luxemburg avait maintenu ses critiques.

Je ne sais pas ce que vous en pensez...

(Déjà j'en pense que si le camarade en question avait lu la charte de WikiRouge, il aurait rajouté le point de vue luxembourgiste sans effacer l'autre point de vue, surtout pour sa première modification où il n'apporte aucun élément. Sur le fond je m'abstiens, je laisse répondre ceux qui en savent plus que moi...).
En attendant, je vais essayer de "neutraliser" la polémique...
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Message  varlingmx Jeu 17 Mar - 23:02

Ok, bonne réaction Wink

Tout ce que j'espère c'est qu'il se lance pas dans un remake de la page révolution allemande à la sauce "vive le KAPD" and co, ça filerait un boulot monstre !
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