La mer à l'aube

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Vu hier soir sur Arte,

La mer à l'aube de Volker Schlöndorff

C'est une nouvelle version du martyr de Guy Moquet, Jean-Pierre Timbault, Charles Michels et des vingt-quatre autres otages, en majorité communistes, fusillés à Chateaubriand le 22 octobre 1941, en représailles à l'exécution d'un officier allemand dans les rues de Nantes par de jeunes militants communistes venus de Paris.

L'intérêt est évidemment que cet événement soit vu en partie du côté allemand et traité par un réalisateur allemand, ce qui aurait été impossible voici sans doute encore une trentaine d'années.

Volker Schlöndorff a incontestablement du métier et la réalisation est impeccable. Néanmoins, le discours est bien fade. Tous les protagonistes apparaissent comme de pures victimes d'un destin inexorable. Les Allemands, à quelques rares exceptions, aimeraient bien se conduire autrement et les collaborateurs français font tout ce qu'ils peuvent pour éviter les exécutions. Seuls apparaissent comme véritablement responsables : la fureur d'Hitler et la tactique des dirigeants communistes qui ont ordonné l'attentat qui va entraîner les représailles. C'est mieux, sans doute, que les films de résistance chauvins anti-allemand qui ont inondé les écrans, mais c'est dans l'air du temps et de la réconciliation : la guerre n'était en fait qu'un horrible malentendu, dont les causes restent inconnues et dont tous sont victimes. Quant à l'écrivain Ernst Jünger, qui apparait comme une sorte de dandy égaré dans une période barbare, on se demande ce qu'il vient faire ici. Seul ressort l'horrible scène des exécutions qui met en lumière la procédure tatillonne de l'armée allemande, laquelle a tout prévu dans les moindres détails, consignés par écrit : de la façon de lier les mains à celle de faire disparaître le sang. Mais Volker Schlöndorff a nettement fait mieux.