IV eme Inter:scission de 1953.
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IV eme Inter:scission de 1953.
Je pense que sur le forum,certains membres n'ont pas ou peu d'éléments de connaissance sur ces évenements qui ont aboutis a la séparation entre le courant de Pablo et celui de Lambert,et je crois d'avec d'autres plus petits.Par contre,il doit y avoir des anciens ayant une connaissance de ces faits,qu'ils pourraient partager avec les plus jeunes.
Alors allons y:comment sont apparus les désacords,sur quoi portaient ils principalement?,comment a pu se construire deux lignes,deux programmes opposés?,les divergences n'étaient elles que politiques?,n'y avait il pas également des querelles de personnes,des problemes d'égo quelque peu surdimentionnés?des clivages entre les sections les plus importantes?.....etc.....
Alors allons y:comment sont apparus les désacords,sur quoi portaient ils principalement?,comment a pu se construire deux lignes,deux programmes opposés?,les divergences n'étaient elles que politiques?,n'y avait il pas également des querelles de personnes,des problemes d'égo quelque peu surdimentionnés?des clivages entre les sections les plus importantes?.....etc.....
dug et klin- Messages : 813
Date d'inscription : 07/02/2012
Localisation : quelque part entre St-Malo et Collioure en passant par Sarlat
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
Extrait d'un livre ( Daniel Erouville, "Qui sont les Trotskytes?", éditions L'Harmattan)
LES THESES DE PABLO
Poursuivant une évolution commencée depuis quelques années, notamment lors de la rupture entre Staline et Tito, Michel Pablo, dans son article "Où allons-nous ?" , allait définir les nouveaux principes qui devaient régir la Quatrième Internationale.
Fallait-il un nouveau programme ? Et donc un nouveau parti ? Qu'en était-il d'autre part du centralisme démocratique ?
Faut-il un nouveau programme ?
"Le problème, pour un véritable mouvement marxiste-révolutionnaire, n'est pas de vouloir faire entrer coûte que coûte la réalité nouvelle dans ses normes de pensée d'hier, mais d'élargir et de modeler celles-ci de façon à les mettre en harmonie avec les nouveaux développements objectifs".
"La réalité sociale objective, pour notre mouvement, est composée essentiellement du régime capitaliste et du monde stalinien. Du reste, qu'on le veuille ou non, ces deux éléments constituent la réalité objective tout court, car l'écrasante majorité des forces opposées au capitalisme se trouvent actuellement dirigées ou influencées par la bureaucratie soviétique".
Les fondements mêmes du Marxisme étaient atteints : l'histoire ne reposait plus sur la lutte des classes, phénomène objectif, indépendant de la conscience qu'en ont ou n'en ont pas les personnes qui composent ces classes, mais sur la lutte entre deux blocs.
Et les ouvriers des pays capitalistes, que devenaient-ils ? "L'élan révolutionnaire des masses dressées contre l'impérialisme s'ajoute comme une force supplémentaire aux forces matérielles et techniques qui combattent cet impérialisme"
La classe ouvrière est ainsi réduite à un rôle de "supplément" au potentiel économique et aux armées de l'U.R.S.S. et des pays de l'Est contrôlés par la bureaucratie. Toute analyse dialectique est rayée d’un trait de plume !
Toujours dans "Où allons-nous ?", Pablo écrit : "Des gens qui désespèrent du sort de l'humanité parce que le stalinisme dure encore et remporte même des victoires, rapetissent l'histoire à leur mesure. Ils auraient voulu que tout le processus de transformation de la société capitaliste en Socialisme s'accomplisse dans les délais de leur courte vie, afin qu'ils puissent être récompensés de leurs efforts pour la Révolution. Quant à nous, nous réaffirmons ce que nous avons écrit dans le premier article que nous avons consacré à l'affaire yougoslave : cette transformation occupera probablement une période historique entière de quelques siècles, qui sera remplie entre temps par des formes et des régimes transitoires entre le capitalisme et le Socialisme, nécessairement éloignés des formes « pures » et des normes".
Cette thèse des "siècles de transition", Pablo la développait au moment même où il annonçait que la troisième guerre mondiale était inévitable à bref délai (dans les 2 à 3 années à venir), et qu'elle prendrait un caractère historique nouveau ; il est vrai que le caractère de classe de la guerre de Corée était net : l'intervention américaine signifiait que l'impérialisme U.S. voulait donner un coup d'arrêt brutal aux développements de la révolution en Asie (la révolution chinoise a eu lieu en 1949) ; elle s'inscrivait dans la perspective d'une préparation de l'impérialisme à la guerre contre l'U.R.S.S., et surtout contre la Chine.
Pour Pablo, "la question suivante qui se pose est: quelle peut être la nature d'une guerre déclenchée dans de telles conditions ? Une telle guerre prendrait, dès le début le caractère d'une guerre civile internationale, particulièrement en Europe et en Asie qui passerait rapidement sous le contrôle de la bureaucratie soviétique, des partis communistes, ou des masses révolutionnaires.
La guerre, dans de telles conditions, dans un rapport de forces tel que celui qui existe actuellement internationalement, serait essentiellement la révolution.
La progression de la révolution anticapitaliste dans le monde éloigne mais en même temps précise le danger de guerre générale. La guerre serait cette fois la Révolution. Les deux notions de la révolution et de la guerre, loin de s'opposer ou de se distinguer en tant que deux étapes considérablement différentes de l'évolution, se rapprochent et s'entrelacent au point de se confondre par endroits et par moments. A leur place, c'est la notion de la révolution-guerre, de la guerre-révolution qui émerge, et sur laquelle doivent se fonder les perspectives et l'orientation des marxistes révolutionnaires de notre époque"…
Cette évaluation, en termes de blocs, et non pas de classes, ne permet pas de voir que c'est le rôle de l'appareil stalinien qui a abouti à renforcer l'impérialisme et lui donner la possibilité de préparer la guerre et d'intervenir en Corée. Les développements révolutionnaires qui se sont produits à l'issue de la 2ème guerre mondiale, pour si importants qu'ils soient, ne sont nullement décisifs comme l'aurait été la victoire de la révolution en Europe, dans les pays capitalistes développés.
La guerre, dans ces conditions, exprimerait un recul considérable de la révolution ; ce ne serait pas une guerre-révolution ; elle serait une guerre contre-révolutionnaire de l'impérialisme, dans laquelle le prolétariat mondial devrait défendre son existence et ses conquêtes historiques dans des conditions très difficiles.
De façon tout à fait logique et cohérente, cette "nouvelle réalité sociale" va modifier le rôle et donc la nature de la bureaucratie.
"L'évolution de la situation objective agit actuellement (et ce processus ira en s'amplifiant avec l'évolution vers la guerre et la guerre elle-même) sur toute organisation ouvrière de masse contre la tendance opportuniste droitière et pour la transformation en centrisme. Ce processus n'est pas rectiligne, pas partout le même, mais en général est inévitable et va dans cette direction générale. C'est la profondeur extraordinaire de la crise du régime capitaliste, crise sans issue, irréversible, qui provoque tous les phénomènes. Il faut – encore une fois – comprendre cela.
Le stalinisme, y compris la bureaucratie soviétique, est placé, depuis la « guerre froide » dans des conditions nouvelles par rapport à tout ce qu'était la situation jusqu'alors. Ses tendances opportunistes droitières, inhérentes à sa nature, sont constamment contrecarrées, mises en échec par l'évolution de la situation, aussi bien par l'attitude des capitalistes que par les réactions des masses… aujourd'hui, la rupture provoquée dans le monde capitaliste par l'apparition, à côté de l'U.R.S.S., de la Chine, des « démocraties populaires » européennes, du mouvement révolutionnaire, rend tout compromis stable et viable impossible, et a mis au centre le conflit inévitable entre l'impérialisme coalisé et ces formes et forces variées de la révolution".
Ainsi, la bureaucratie stalinienne, force contre-révolutionnaire pour le programme trotskyste, devient elle-même une des "formes variées de la révolution" !
D. Rousset et L. Schwartz sont largement rejoints dans leur tentative de révision du Trotskysme ; et c'est du principal responsable du comité exécutif international que vient la tentative !
"La bureaucratie soviétique est acculée au combat final et décisif, le mouvement stalinien est partout pris entre cette réalité et les réactions des masses devant la crise sans cesse aggravée du capitalisme.
Dans ces conditions nouvelles… le stalinisme fait réapparaître des tendances centristes qui prendront le dessus sur l'opportunisme droitier. Jusqu'où iront ces tendances ? Peuvent-elles transformer la nature du stalinisme, faire des partis communistes de vrais partis révolutionnaires ? … Ces tendances centristes vont-elles conquérir et transformer l'ensemble de tel ou tel parti communiste de masse ? Nous ne le savons pas, nous ne pouvons pas le savoir, ceci n'est pas déterminant…".
Ce qui est déterminant c'est que cette situation est possible ; Pablo accorde la primauté au "processus objectif" et suggère que la direction révolutionnaire pourrait être assumée par des partis staliniens devenus centristes ; la IVème Internationale n'a plus qu'à appuyer le mouvement, et la question de ses difficultés, de son isolement, est réglée.
… et un nouveau parti ?
"Le processus objectif demeure en dernière analyse le seul facteur déterminant, surpassant tous les obstacles e nature subjective.
Les partis communistes conservent dans certaines circonstances la possibilité d'adopter une orientation approximativement révolutionnaire".
"La crise historique de l'humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire".
Quel gouffre béant entre ces deux citations, entre Pablo et Trotsky : deux orientations, à notre avis, non seulement différentes, mais opposées.
Pour Pablo, l'important c'est que les militants trotskystes entrent dans le P.C.F., notamment, "afin de s'intégrer dans le réel mouvement des masses, afin de travailler et de rester dans les syndicats de masse, les « ruses » et les « capitulations » sont non seulement admises mais nécessaires".
Cette politique sera connue sous le nom d'"entrisme sui generis".
De 1951 à 1954 doit donc se déployer une tactique de "pénétration et d'action aussi totales et profondes que possible dans le réel mouvement des masses de chaque pays"… et qui s'ordonne dans trois directions :
• "indépendante,
• entriste au sein du mouvement des formations sous influence réformiste,
• entriste « sui generis » au sein du mouvement et des formations sous l'influence stalinienne".
Pour la France, compte tenu de la place occupée par le P.C.F., c'est essentiellement dans sa direction et en son sein que doit s'effectuer le travail des militants. La situation n'est en rien comparable avec l'entrisme dans la S.F.I.O. en 1934, où celui-ci pouvait avoir lieu de façon organisée, la liberté interne au sein de la S.F.I.O. permettant, jusqu'à un certain point bien sûr, d'effectuer un travail efficace d'organisation et de regroupement autour des révolutionnaires, les bolcheviks-léninistes à l'époque.
"Un travail prolongé dans les partis de masse – plus particulièrement dans le principal parti de masse dans chaque pays – se trouvait ainsi à l'ordre du jour.
Dans l'entrisme, l'Internationale fit alors une différence en ce qui concerne la tactique dans les partis socialistes où une relative démocratie intérieure permettait l'organisation de tendances et les partis communistes qui ne toléraient pas la moindre manifestation de points de vue divergents (il en était ainsi à l'époque)".
Or, la nécessité de la "capitulation" devant le stalinisme pour s'intégrer au mouvement réel des masses, "cela signifie la liquidation politique, car « la capitulation », même entre guillemets, a un sens précis face aux appareils… En même temps que la liquidation des militants pris individuellement, cela signifiait la liquidation des organisations trotskystes de la Quatrième Internationale".
Les conséquences pratiques d'une telle politique en France étaient clairement annoncées : "Le choix d'un terrain principal fait partie essentielle de la conception de notre tactique car il ne s'agit pas de mettre tous les terrains de travail possibles sur le même plan et d'entreprendre une action éclectique, mais de choisir délibérément un secteur essentiel et d'y concentrer le maximum de nos forces".
Cela signifiait donc qu'en France, l'affirmation publique d'une politique trotskyste indépendante devait pratiquement disparaître : "on explique maintenant que l'essentiel de nos forces va être à l'intérieur des organisations staliniennes, mais pas pour faire un travail de fraction, mais pour faire de l'entrisme qu'on définit comme un entrisme muet… il s'agit d'une entrée silencieuse, pendant une période longue, dont la durée n'est pas définie".
Pour certains de ceux qui l'adopteront, cette tactique aura des conséquences destructrices : ainsi le groupe de Michèle Mestre rompra avec le "secrétariat international" lors du 4ème congrès mondial en 1956 et deviendra une secte ultra-stalinienne (avec un journal le Communiste").
Le "secrétariat international" adressa une lettre au comité central du P.C.I., le 14 janvier 1952, où il précisa ce qu'il entendait concrètement par l'intégration dans le mouvement réel", et quelle politique il fallait suivre : "Cette intégration doit commencer par les organisations périphériques pour arriver jusqu'au P.C.F. même. Des exceptions à cette marche sont naturellement possibles et même inévitables.
Des camarades désignés par notre direction en tenant compte de leurs possibilités et de leurs capacités pour un tel travail, s'efforceront de s'intégrer dans toutes les organisations et organismes politiques, syndicaux, culturels… etc, que le P.C.F. dirige, influence, propulse…
… Pour arriver à un tel résultat, pour y rester et y travailler, il sera nécessaire pendant toute une période au début que nos militants camouflent complètement leur qualité de trotskystes, ou n'appuient plus sur elle, n'entreprenant aucun travail politique sur nos propres idées, et se fassent connaître dans leur nouveau milieu avant tout comme les meilleurs animateurs de tous ces organismes. C'est ensuite, une fois qu'ils seront solidement intégrés dans ces milieux, qu'ils auront acquis l'estime et la confiance de leurs compagnons de travail, et la connaissance concrète nécessaire de leur milieu, qu'ils pourront et sauront comment agir au mieux pour propulser progressivement certaines de nos idées, accentuer la radicalisation des militants staliniens, favoriser – toujours avec souplesse – les positions et les tendances de gauche, discerner les plus combatifs, les plus intéressants, et soit les travailler directement individuellement, soit les signaler à nos organismes indépendants".
Pendant toute une période donc, les trotskystes devaient être les meilleurs militants staliniens possibles !
"il est absolument possible que nos militants s'intègrent, travaillent et restent dans ces milieux, s'ils se comportent au début tout juste comme de simples militants P.C.F. et font valoir leurs capacités d'initiative, d'organisation et de direction". Et plus loin, "pour pouvoir réintégrer les syndicats cégétistes quand on a été exclu ou pour rentrer dans un organisme syndical unitaire quelconque, on n'hésitera pas si nécessaire à sacrifier par exemple la vente de « l'Unité », ou même de « La Vérité », à mettre tout à fait à l'arrière plan sa qualité de trotskyste si les directions bureaucratiques l'exigent et si nous-mêmes nous arrivons à la conclusion que c'est là, la condition pour faciliter notre intégration"…
"… Notre tendance constance sera de maintenir et d'augmenter nos forces à l'intérieur du mouvement stalinien (et ceci pour une longue période)…
Compte tenu de ce qu'est un parti stalinien, l'alternative était donc le reniement, la capitulation totale ou alors l'exclusion.
Vouloir rester un oppositionnel qui ne se découvre pas" ne gênait en rien à l'époque le stalinisme qui allait bon train durant ce temps, peu soucieux de quelques avortons politiques se réclamant à mots couverts d'une IVème Internationale frelatée, qui perdait les militants « acquis » plus vite qu'ils ne les avaient gagnés…"
Enfin, "nos militants indépendants… feront toujours attention que leur activité s'exerce en tenant compte de l'ensemble du travail que nous faisons en France, et de l'intérêt que nous accordons avant tout aux militants staliniens, à des expériences faites avant tout avec eux, et comprises avant tout par eux".
La question de la démocratie dans l'Internationale
La conception de Pablo de l'Internationale est aussi à l'opposé de celle du "programme de transition", ce qui amènera l'exclusion de la section française.
Il faut rappeler que Pablo, en tant qu' "arbitre" a assumé la direction effective de la section française depuis 1943.
Le centralisme démocratique ne peut régir qu'une organisation déjà construite ; ce qui est vrai au plan national, l'est d'autant plus au plan international.
Le "programme de transition" précise : "la tâche stratégique de la prochaine période – période prérévolutionnaire d'agitation, de propagande et d'organisation – consiste à surmonter la contraction entre la maturité des conditions objectives de la révolution et la non-maturité du prolétariat et de son avant-garde".
La solution de la contradiction entre la maturité des conditions objectives et la non-maturité des conditions subjectives, c'est justement la construction de la Quatrième Internationale.
Or, Pablo considérait la Quatrième Internationale comme déjà construite, avec ses congrès mondiaux, son "secrétariat international" direction de la révolution, lié par une discipline interne, reposant sur le "comité exécutif international".
C'est cette conception d'appareil qui mène à la capitulation devant les appareils dominants, reconnus comme la "réalité objective tout court".
Dès le début, le secrétariat international a multiplié les mesures bureaucratiques contre la section française pour empêcher la discussion que cette dernière voulait engager à l'échelle internationale à propos des thèses de Pablo : "refus de communiquer les documents du P.C.I. aux autres sections, en particulier les thèses d'orientation internationale, refus de les soumettre au vote du 3ème congrès mondial (de la IVème Internationale) puisqu'ils … ne sont pas connus des délégués".
Mais les événements vont s'accélérer, avec la tentative d'imposer l'abandon de la tendance lutte de classe dans la C.G.T., les tentatives d'imposer une direction du P.C.I. composée des seuls minoritaires (d'accord avec Pablo), de suspendre la majorité du comité central, d'installer Pierre Frank comme secrétaire unique du P.C.I.
Dans une lettre adressée à tous les membres du P.C.I., le secrétariat international annonce la suspension de leurs fonctions dirigeantes 16 membres titulaires et suppléments du comité central, par décision du S.I. le 20 janvier 1952 : sont touchés Bleibtreu, Lambert, Renard, Maurin, Dumont, Garrive, Chéramy, Lefèvre, Baratier, Bloch, Mertens, Just, Renard, Raynal, Cartier, Hemcé.
Le secrétariat international termine sa lettre par un post-scriptum : "par suite des décisions du S.I., jusqu'au prochain plénum du C.E.I., le S.I. constitue donc votre seule direction statutairement qualifiée. Le S.I. a plus spécialement chargé Pierre Frank d'assumer pratiquement cette direction, en s'entourant de l'appui des camarades qui placent la discipline à l'Internationale au-dessus de toute position de tendance ou de toute considération personnelle".
Dans sa réponse, le secrétariat du P.C.I. répond, le 24 janvier 1952, : "… cette décision est non motivée …arbitraire et anti-statutaire, en opposition avec les règles élémentaires d'une organisation bolchevique … le seul comité central que nous connaissons est le comité central élu par le 7ème congrès du P.C.I. ; … si d'autres mesures devaient êtres prises … notre comité central ferait juge l'Internationale du caractère non bolchevik de cette opération, sans se laisser détourner de sa ligne d'action : défense du parti, de l'unité du parti, de son unité dans l'Internationale, application disciplinée comme par le passé de la politique décidée par le congrès mondial".
Le secrétariat international décide alors de convoquer une session extraordinaire du comité exécutif international.
Ce 10ème plénum du C.E.I. aboutit à une solution acceptée par les deux tendances : désignation d'un bureau politique composé de 4 majoritaires, 3 minoritaires et d'un membre du S.I. désigné par le C.E.I. (Albert, autre pseudonyme de E. Germain, de son nom public Ernest Mandel). En cas de votre égal, ce dernier à une voix prépondérante.
Un congrès du parti est préparé pour fin mai. Le secrétaire politique est P. Frank, et le secrétaire d'organisation P. Lambert ; Bleibtreu est responsable du journal. En conséquence de cet accord, les sanctions prises sont levées. La majorité accepte ces "sacrifices très graves" un bureau politique et un secrétaire politique imposé) selon ses termes même, ce qui est "la démonstration du caractère tendancieux et erroné de l'accusation de « volonté d'indiscipline »".
Mais la préparation du 8ème congrès du P.C.I. allait cristalliser définitivement la cassure.
Le 11ème plénum du C.E.I. sur le P.C.I. français, constatant "que les documents préparés par le 8ème congrès du P.C.I. par la tendance majoritaire issue du 7ème congrès se trouvent en contradiction avec la ligne d'orientation décidée pour la France par le 10ème plénum… décide que, pour cette raison, le comité central et le bureau politique issus du 8ème congrès du parti seront composés d'une majorité de camarades qui, dès avant le congrès, auront défendu la ligne du 10ème plénum dans le parti… Ceux qui refuseront… se placeront automatiquement en dehors de l'Internationale et de sa section française".
La conférence de la majorité du P.C.I. répond qu'"elle acceptait, afin de rester dans l'Internationale, une direction minoritaire, à la seule condition que le 8ème congrès soit préparé démocratiquement".
Mais déjà la rupture est consommée et la scission décidée.
"Le 27 juin, le local du parti a été pillé. Toutes les machines à écrire et toutes les ronéos ont disparu. L'équipe qui procéda à cette opération militaire… pénétra à l'heure de la fermeture du local, au moyen de fausses clés qui avaient été fabriquées un mois auparavant, au plus tard dans la dernière semaine de mai.
Ont participé directement ou indirectement à l'opération : Frank, M. Mestre, Privas, Ernesto. La direction en a été assurée par Pablo. La fraction minoritaire du B.P. et le S.I. n'on pu cacher leur responsabilité dans cette affaire, mais ont tenté, dans un communiqué provocateur de la justifier par « mise en sécurité du matériel du parti »".
Les minoritaires scissionnent le P.C.I. quinze jours avant son congrès national, entraînant environ 50 militants, contre 150 dont presque tous les cadres ouvriers (les rapports au sein du P.C.I. étaient au lendemain du 3ème congrès mondial, en 1951, de 55 % contre 45 %).
La majorité de la section française fut exclue des rangs de l'Internationale au profit de la minorité en juillet 1952.
Un nouveau bureau politique était élu avec Bleibtreu, Lambert, Renard, Berné, Chéramy, Just, Lefebvre, Lequenne.
A la tête du PCI majoritaire se retrouvent donc des anciens de la gauche du POI, Bleibtreu, Gibelin, Bloch ; à celle du PCI minoritaire, derrière Pablo et Germain, on trouve Frank (ancien bras droit de Molinier, au passé sulfureux), Privas (l’un des dirigeants gauchistes les plus sectaires du CCI), Mestre et Corvin (cryptostaliniens).
LE COMBAT DE LA SECTION FRANÇAISE
Les axes de ce combat touchaient non seulement la défense des principes marxistes et du "programme de transition", mais aussi la défense du parti en tant que section française de la IVème Internationale. Il aboutira à la constitution du Comité International de la IVème Internationale.
La défense du programme
L'offensive de Pablo posait, nous l'avons vu, la question de savoir si le "programme de transition" était dépassé, s'il avait été rédigé conjoncturellement, ou alors pour toute une période historique, et aussi la question de savoir qui allait mener la lutte contre "le pablisme".
"L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes". C'est à partir de cette conception fondamentale que Marx, Engels, Lénine, Trotsky ont combattu ; elle ordonne toute leur activité théorique et politique du "manifeste du parti communiste" au "programme de transition".
Ce qui caractérise notre époque, c'est que la lutte des classes s'est universalisée et a lieu entre deux classes fondamentales, le prolétariat et la bourgeoisie.
La trahison des partis réformistes et des partis staliniens est définitive ; ils sont passés définitivement du côté de l'ordre bourgeois, "la crise de l'humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire".
Il faut construire de nouveaux partis et une nouvelle Internationale…, tels sont les principes fondamentaux… remis en cause par Pablo.
Le 8ème congrès du P.C.I. se réunit en juillet 1952. En fait, Pablo poursuivait "l'objectif clair et avoué de liquider l'organisation française, à tel point que ses partisans, deux mois avant le 8ème congrès, ont déclaré en catimini, à la préfecture de police un second P.C.I." : Ce 8ème congrès adopta une résolution politique synthétisant le contenu du "pablisme".
"Le pablisme, expression de la petite bourgeoisie progressiste stalinisante dans les rangs de la IVème Internationale s'est traduit en France par :
• Une estimation stalinienne de la situation « renforcement et radicalisation de la classe ouvrière autour du parti communiste » ;
• L'affirmation répétée que le stalinisme a acquis une fonction différente que celle que définissait le programme de transition ;
• La bureaucratie stalinienne prépare l'affrontement décisif entre les classes ; elle « a cessé d'osciller »…
… Pour la France, la fraction pabliste a traduit cette idée par l'affirmation que pour la première fois dans l'histoire le gauchissement du P.C.F. est un processus parallèle à la radicalisation des masses. Cette affirmation révisionniste s'appuie sur une falsification de la réalité du mouvement ouvrier et sur une idéalisation mensongère de la politique stalinienne".
Ainsi, de la fonction révolutionnaire accordée à la bureaucratie, "le pablisme fait découler :
• l'impossibilité d'une politique révolutionnaire s'opposant au stalinisme ;
• l'impossibilité d'une tendance syndicale distincte de la tendance stalinienne ;
• l'inopportunité d'un parti indépendant du stalinisme (le parti indépendant n'est qu'une salle d'attente et un réservoir provisoire de « l'entrisme » ;
• le refus d'un travail fractionnel, celui des trotskystes combattant clandestinement dans une organisation ennemie pour y détruire le stalinisme et y faire triompher le Trotskysme.
La base objective du pablisme est la soumission de la petite bourgeoisie européenne de gauche à la puissance de la bureaucratie du Kremlin.
De cette soumission découle la conception que ce ne sont plus les classes mais les appareils qui font l'histoire… A un stade de plus, ces théoriciens… érigent la dégénérescence spécifique de la révolution d'octobre en schéma des révolutions à venir (« les siècles de transition »)…
Le pablisme… alimente et encourage un autre courant de pensée qui lui sert de camouflage : l'opportunisme. Le programme n'est rien, le mouvement est tout, répètent les opportunistes après Bernstein… La situation objective justifie l'affirmation que n'importe quelle organisation ayant la confiance des masses, quel que soit son programme, peut entreprendre les tâches de la révolution prolétarienne".
Pour le P.C.I., le principal frein aux luttes ouvrières reste la politique contre révolutionnaire du stalinisme ; le "gauchisme" du P.C., en désorientant les travailleurs, permet à la bourgeoisie de frapper de nouveaux coups à la classe ouvrière. En tout état de cause, le P.C.F., oscillant entre l'ultimatisme sectaire ("le parti communiste seul") et l'union nationale de collaboration de classes, refuse de front unique, le seul à même d'ouvrir une voie victorieuse aux masses, refuse le combat pour "le gouvernement ouvrier et paysan, sous sa forme de gouvernement de front unique" (le gouvernement communiste socialiste).
Les trotskystes, dans la période présente, doivent combiner construction du parti indépendant et un travail fractionnel dans les organisations staliniennes.
Quelques mois plus tard, le cours "gauchiste" des staliniens prend fin, prenant à contre pied les analyses de Pablo et de la minorité du P.C.I. ; un nouveau cours droitier lui succède avec sa lutte pour "le front national uni".
"En frappant l'avant-garde communiste organisée (A. Marty – C. Tillon), Staline se propose d'abord de donner à la bourgeoisie des gages de sa nouvelle politique droitière de front national uni. Il poursuit également un objectif plus lointain : éliminer ces cadres communistes qui incarnent objectivement la menace d'un débordement de la bureaucratie du Kremlin par la base du P.C.F., dans l'éventualité d'une situation de guerre civile".
La lutte contre le pablisme s'organisa dès l'automne 1950 parce que le "secrétariat international" siégeant à Paris, les militants français purent suivre très concrètement et rapidement les conséquences de la politique de Pablo.
Pablo, contrairement à Frank et à Mandel, n’avait pas à se partager entre le secrétariat international et l’animation d’une section nationale, d’où certes un certain isolement social, mais il avait un prestige lié à son rôle d’unificateur du Trotskysme en France, de « leader de la lutte contre les déviations gauchistes et droitières », apparaissant à beaucoup comme « celui qui ne s’est jamais trompé » (M.Lequenne, « leTrotskisme, une Histoire sans fard », 2005, pages 238-239). Fin tacticien, il dominait politiquement la situation et savait manier habilement successivement ou conjointement ruse et violence.
C’est M.Bleibtreu qui le premier perça au grand jour ce qui allait devenir le « pablisme ».
Dès le départ M.Mestre et M.Corvin prirent position pour Pablo, Frank, Germain (E.Mandel), Privas (J.Grinblat), Bleibtreu, Garnier contre.
Lors du comité central de novembre 1950, le membre du secrétariat international qui y assistait, Livingstone (G.Clarke), membre du SWP américain, (succédant ainsi à S.Mangan, J.Hansen, S.Gordon), attaqua violemment Frank et Privas, en défense de M.Mestre et M.Corvin, favorables aux thèses de Pablo. Gérard Bloch prit position immédiatement contre Pablo. Une fraction fut organisée, mais rapidement Germain, Frank, Privas, allaient capituler.
Pablo exigea leur démission du "secrétariat international". Ils préférèrent conserver ce que Frank appela le "bâton de maréchal" de secrétaire international !
En mars 1951, Germain publia "Dix thèses", attaque déguisée de Où allons-nous ?", mais sans désigner nommément Pablo ou son document ; l'essentiel de l'argumentation de Germain est le suivant : "ce qui importe avant tout dans la période actuelle est de donner au prolétariat une direction internationale capable de coordonner ses forces et de progresser vers la victoire mondiale du Communisme. La bureaucratie stalinienne forcée de s'en prendre avec fureur à la première révolution prolétarienne hors de l'U.R.S.S. (la Yougoslavie !) est socialement incapable d'accomplir une telle tâche. C'est en cela que réside la mission historique de notre mouvement… La justification théorique de notre mouvement réside dans l'incapacité du stalinisme à renverser le capitalisme mondial, incapacité enracinée dans la nature sociale de la bureaucratie soviétique".
Au comité central extraordinaire d’avril 1951, la minorité Mestre-Corvin remplacée au bureau politique par Maurin (M.Lequenne) et Garnier (D.Renard) se renforce de Frank, Privas mais aussi de S.Minguet et A.Calvès.
P.Lambert, quant à lui, responsable de la commission ouvrière du PCI avec Gibelin, s’abstient. Il est alors co-responsable d’une revue, L’Unité, qui rassemble des militants exclus de la CGT, des militants de FO et de la FEN, combattant pour la réunification syndicale. Ne pouvant sauver cette revue, Lambert décide de rejoindre la majorité du PCI.
Alors qu’il venait de défendre l’éventuel rôle révolutionnaire de la bureaucratie (la fameuse « nature double de la bureaucratie »), Pablo pouvait-il protéger une revue à la fois anti-stalinienne (P.Lambert) et anti-communiste (M.Morin) ?
Les responsables ouvriers du P.C.I. se prononcèrent contre les thèses pablistes, mais n'ont pas voulu, au départ, participer à la fraction anti-pabliste, pour plusieurs raisons : "les dirigeants de la commission ouvrière n'avaient aucune confiance dans les principaux « théoriciens » de l'anti-pablisme, Germain, et surtout Bleibtreu qui, bien qu'ayant compris le premier, et le plus largement, la signification capitularde du pablisme, était un parfait petit-bourgeois. Par ailleurs, les membres de la commission ouvrière professaient le plus grand mépris envers l'impuissance prétentieuse de Frank et surtout de Privas. Sur le plan d’organisation, la commission ouvrière avait infiniment plus confiance dans Pablo".
Mais ces hésitations des responsables ouvriers du P.C.I. avaient d'autres motifs :
"En 1950, les dirigeants ouvriers ne mesuraient pas toute la portée principielle de la lutte politique. Ils espéraient, contre toute vraisemblance, que la discussion résorberait la crise sans dommages pour l'unité du parti et entendaient rester dans l'Internationale. Ils adoptèrent au départ une attitude conciliatrice"… Mais "la capitulation de Germain, Frank, Privas rendit plus âpre la lutte des tendances… la commission ouvrière dut choisir… D'un côté, la capitulation, de l'autre la fidélité au « programme » en dépit du comportement petit-bourgeois du principal leader théorique de l'anti-pablisme".
Ce à quoi aboutissaient les thèses de Pablo dans la pratique fit le reste :
"La grande majorité des militants ouvriers trotskystes qui avaient porté, dans les usines et les syndicats, le drapeau de la IVème Internationale, refusèrent de capituler avec Pablo devant le stalinisme. Immédiatement après la prise de position de la commission ouvrière, les rapports changèrent dans le parti et dans la lutte fractionnelle. Pour une large part néanmoins, la commission ouvrière continua de laisser à Bleibtreu la direction de la lutte contre les positions pablistes, comme elle avait accepté que Pablo et Frank, en 1948, dirigent la lutte contre les droitiers…
Toutefois, au fur et à mesure que la lutte fractionnelle s'aggravait, la direction du parti fut de plus en plus assurée par les militants ouvriers, qui, avec la scission, durent accepter de prendre intégralement leurs responsabilités".
La défense du Parti
La majorité de la section française se retrouvait dos au mur ; elle venait d'être exclue de l'Internationale au lendemain même du congrès du P.C.I. dont elle avait maintenu la convocation en juillet 1952 ; elle allait devoir défendre le parti, non seulement en France, mais dans l'Internationale.
Dans une déclaration de son comité central à tous les militants et dirigeants de la IVème Internationale, le P.C.I. rappelle qu'il a fallu environ un an et demi au pablisme pour provoquer la scission de la section française et expulser de l'internationale l'ensemble de ses forces vives liées à la classe ouvrière.
Pour le P.C.I., ce "révisionnisme pro-stalinien a débuté avec la dégénérescence de la révolution yougoslave qui a désarçonné et poussé vers le stalinisme quelques dirigeants".
Et le P.C.I., pour sa propre défense, et pour assurer les conditions de son activité, c'est-à-dire de sa survie comme organisation indépendante, va devoir combattre le "révisionnisme".
"A cette étape, la vie et la lutte du P.C.I. agiront positivement dans le sens du redressement, alors que sa ruine, si nous l'acceptions, agirait négativement.
Le pablisme nous exclura, mais nous ne cesserons de combattre pour être reconnus comme partie intégrante, comme section française de la IVème Internationale".
Cependant, cette scission eut des conséquences très démoralisantes, de nombreux militants quittèrent le parti.
"La plupart des vieux cadres (à la date de 1952, c’est seulement une minorité car la majorité de ceux qui n’ont pas quitté le Parti en 1948 sont toujours sur le pied de guerre, « note de l’auteur ») d'avant 1939 rejoignirent « le secrétariat international », ils étaient usés, fatigués par la dure expérience du combat trotskyste. Ces vieux cadres ne surent pas… opérer la mutation nécessaire, en se transformant eux-mêmes de propagandistes littéraires du Trotskysme (ce à quoi les avait réduits la puissance contraignante du stalinisme) en militants ouvriers assumant directement le rôle de dirigeants révolutionnaires dans la lutte des classes".
Les trotskystes isolés en France, se retrouvèrent pratiquement seuls aussi, au départ, au niveau de l'Internationale.
Au 3ème congrès mondial de la IVème Internationale, en août 1951, le P.C.I. soumit les "Dix thèses" de Germain au vote (après que Germain se soit apparemment dérobé à le faire lui-même) et proposa des amendements au document principal. Aucun vote n'eut lieu sur les "Dix thèses" ou sur les amendements français. Le P.C.I. vota contre l'adoption du document principal ; ce fut la seule section qui le fit.
Pablo bénéficia de l'aide plus ou moins directe des directions des autres sections de la IVème Internationale.
Ainsi, dans sa réponse à une lettre de Daniel Renard s'exprimant au nom de la direction française, le 16 février 1952, James P. Cannon, principal dirigeant du S.W.P., l'organisation américaine des États-Unis, affirme (le 29 mai seulement) : "Nous jugeons la politique de la direction internationale par la ligne qu'elle élabore dans les documents officiels – dans la récente période par les documents du 3ème congrès et du 10ème plénum – Nous n'y voyons aucun révisionnisme… Nous considérons que ces documents sont entièrement trotskystes".
Dans la réalité, tant qu'il n'est pas directement impliqué, le S.W.P. se décharge depuis la fin de la guerre de la responsabilité de la direction de la IVème Internationale ; il laisse "entièrement les mains libres à la « direction du parti mondial » par rapport aux sections européennes".
En 1952, "la majorité du P.C.I. n'a rencontré d'appui que chez certaines sections sud-américaines, particulièrement celle d'Argentine avec Valdès, en partie celle de Bolivie, avec Lora, et celle de la Suisse, qui pour de tout autres raisons que la majorité française, était en désaccord avec le secrétariat international".
La majorité de la section française, pendant toute cette période, cherche jusqu'au bout à défendre ses positions dans le cadre de l'internationale ; elle était persuadée que les trotskystes, à l'échelle internationale, trompés par Pablo, réagiraient.
Elle ne publiera par exemple les "Dix thèses", rédigées par Ernest Germain, qu'en novembre/décembre 1952 (La Vérité, numéros 30 et 304), et les articles de Bleibtreu "Où va le camarade Pablo ?" juste après les "Dix thèses", c'est-à-dire, seulement après la scission.
Néanmoins, jusqu'en juin 1953, la majorité du P.C.I. continua de lutter sur la ligne de redressement de l'Internationale.
Dans une résolution présentée au comité central des 27 et 28 septembre 1952 , le P.C.I. explique que "la crise qui a abouti aux mesures prises contre le parti français est avant tout la crise de la direction internationale de notre mouvement. Au terme d'une évolution politique amorcée il y a seulement 2 ans, le secrétariat international… est devenu le centre révisionniste et le centre liquidateur par excellence de la IVème Internationale.
Si les cadres trotskystes internationaux ne reconquièrent pas la direction du mouvement qui est le leur, l'Internationale sera dans la guerre livrée pieds et poings liés à ses ennemis. La tâche la plus haute du P.C.I. est par conséquent l'œuvrer au redressement de l'Internationale ; œuvre de longue haleine, ce redressement passe par une lutte politique implacable contre les dirigeants internationaux faillis, lutte qui ne pourra s'achever que par leur disparition politique ou leur complète autocritique".
A cette étape, la lutte "passe par la IVème Internationale telle qu'elle est, avec son programme et ses statuts, son ordre organisationnel, et ses sections. Ceci exclut de notre parti toute tentative de « regroupement » international… se plaçant sur un terrain de rivalité avec la IVème Internationale telle qu'elle est…
La réintégration dans l'Internationale devra être le mot d'ordre central des interventions internationales du parti et faire l'objet d'une campagne permanente en direction des sections et de leurs militants…"
Le bureau politique décide d'éditer une revue et un bulletin international pour susciter les discussions internationales.
Mais, quelques mois plus tard, la lutte allait prendre une nouvelle forme et aboutir à un "regroupement" international.
La constitution du Comité International de la Quatrième Internationale
Ce n'est pas seulement le S.W.P. mais pratiquement toutes les sections importantes de la Quatrième Internationale qui accordent le titre de "direction de l'Internationale" au "secrétariat international" (des statuts très centralistes avaient été votés au IIème congrès mondial. Derrière l'apparence d'un "parti mondial super-centralisé" se développe un peu partout une sorte de politique "nationale-trotskyste", laissant à Pablo les mains libres pour l'Internationale.
Le S.W.P. n'allait pas tarder à être confronté à la politique de Pablo.
Le S.W.P. ne s'engagea dans la lutte contre le révisionnisme que lorsqu'une tendance pro-pabliste…, Clarke-Cochran, se manifesta dans le parti américain".
Le conflit éclata entre cette tendance et la direction du S.W.P. dès février 1953.
Par une lettre du 27 mai, Cannon demanda à Pablo s'il soutenait cette tendance ; il n'eut pas de réponse précise, et très vite la lutte prit une dimension internationale.
Sous l'impulsion de Gerry Healy (qui jusque-là avait soutenu Pablo), la section anglaise pris position pour la direction du S.W.P. (malgré une minorité pabliste, animée par Lawrence qui exigeait d'Healy qu'il défende la ligne du texte "Montée et déclin du stalinisme" préparé en vue du 4ème congrès mondial, texte qu'il avait voté au secrétariat international).
Ce n'est qu'en septembre que la direction du S.W.P. engagea ouvertement la lutte à l'intérieur de la Quatrième Internationale.
Des contacts étaient pris avec le P.C.I., qui aboutissaient à un accord de principe avec les sections anglaise, suisse, française et l'appui du S.W.P.
Le 16 novembre 1953, le comité national du S.W.P. publiait une "lettre ouverte aux trotskystes du monde entier".
Cette lettre, après avoir rappelé le programme du Trotskysme, dénonce le révisionnisme de Pablo, notamment à propos des événements de juin 1953 en Allemagne orientale, première manifestation de la révolution politique contre la bureaucratie stalinienne : "au mois de juin dernier, en Allemagne orientale, les travailleurs se sont dressés contre le gouvernement stalinien au cours de l'une des plus grandes manifestations de l'histoire de l'Allemagne". Ce fut là le premier soulèvement de masse contre le stalinisme, depuis qu'il a usurpé le pouvoir en U.R.S.S. Comment réagit Pablo devant cet événement historique ?
Au lieu d'exprimer clairement les aspirations politiques révolutionnaires des insurgés d'Allemagne orientale, Pablo couvrit les staliniens qui mobilisaient les troupes russes pour écraser le soulèvement :
"… les dirigeants soviétiques et ceux des différentes « démocraties populaires » et des partis communistes ne pourront plus falsifier ou ignorer la signification profonde de ces événements. Ils sont obligés de persévérer dans la voie de concessions encore plus amples et plus réelles pour ne pas risquer de s'aliéner à jamais le soutien des masses et provoquer des explosions encore plus fortes. Ils ne pourront plus désormais s'arrêter à mi-chemin. Ils s'efforceront de doser les concessions pour éviter des explosions encore plus graves dans l'immédiat, et faire si possible une transition à « froid » de la situation actuelle à une situation plus supportable pour les masses". Déclaration du secrétariat international de la Quatrième Internationale.
Au lieu de lutter pour le retrait des troupes soviétiques, de toutes les troupes d'occupation au nom du principe du "Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", la déclaration du secrétariat international demandait notamment "la démocratisation réelle des partis communistes" , c'est-à-dire, en fait, l'auto-réforme des instruments d'oppression de la bureaucratie du Kremlin.
La lettre ouverte" poursuit sur "la grève générale en France", d'août 1953 ; trahie par les appareils : Pablo se refusa à caractériser le rôle des staliniens comme une trahison". Il nota "le rôle de frein joué, à un degré ou à un autre, par la direction des organisations traditionnelles" – une trahison devient un "frein" ! – "mais aussi leur aptitude – spécialement celle de la direction stalinienne – à céder à la pression des masses quand cette pression devient puissante comme ce fut le cas pendant ces grèves (note politique n° 1)…".
Et de dénoncer un "tract infâme" des pablistes disant que la direction de la C.G.T. a eu raison de ne pas ouvrir la perspective d'un gouvernement au service des travailleurs, tout en dénonçant nommément deux militants du P.C.I. de Renault : ce groupe a été exclu pour des raisons d'indiscipline et l'orientation qu'il a suivie, notamment au cours du dernier mouvement de grève, est opposée à celle que défend effectivement le P.C.I. (section française de la Quatrième Internationale".
"ce groupe dont il s'agit est en fait la majorité de la section française… qui a été arbitrairement et injustement exclue par Pablo" dit la lettre ouverte, majorité qui combattait pour la réalisation d'un comité national d'action des partis ouvriers, P.C.F. et P.S., et des syndicats, C.G.T.et C.G.T.-F.O., pour "impulser, développer la grève générale illimitée de la fonction publique et des travailleurs des services publics qui chassera le gouvernement Laniel" et donner corps à un "gouvernement représentatif des travailleurs, au service des travailleurs".
Ces deux événements (en Allemagne et en France, furent des "révélateurs de la trahison du « programme » par les pablistes, … dès lors, la constitution du Comité International fut rendue indispensable".
Le 23 novembre 1953, le Comité International (C.I.) de la Quatrième Internationale est constitué ; sa résolution constitutive est signée par les sections française, anglaise, suisse, néo-zélandaise, et soutenue par le S.W.P. (qui ne peut s'affilier formellement de par la législation américaine) ; elle affirme sa solidarité avec la ligne fondamentale de l'appel du Comité national du Socialist Workers Party aux trotskystes du monde entier.
Cette résolution considère "comme déchu de ses pouvoirs le secrétariat international des usurpateurs pablistes qui consacre son activité à la révision du Trotskysme, à la liquidation de l'Internationale et à la destruction de ses cadres".
Le 14ème plénum du S.I. déclare, quant à lui : "l'existence de ces éléments et groupes dans l'Internationale était et reste cependant possible, à condition de respecter la discipline et les règles de fonctionnement de l'Internationale en tant que parti mondial centralisé".
Ce plénum convoque pour juillet 1954, le 4ème congrès mondial. La direction de la section ceylanaise (LSSP : Lanka Sama Samaya Party) joua un jeu d'équilibre en demandant que toutes les mesures contre le C.I. soit suspendues et le congrès reporté ; tout en caractérisant le texte "montée et déclin du stalinisme" comme "une révision fondamentale des positions trotskystes sur le stalinisme qui dénie toute justification à l'existence d'un mouvement trotskyste indépendant", elle resta membre du secrétariat international.
En décembre 1954, une conférence latino-américaine, sous l'impulsion notamment de Posadas, donnera l'ordre à la direction du P.O.R. bolivien (Parti Ouvrier Révolutionnaire), la plus forte organisation trotskyste d'Amérique latine, d'appliquer la ligne de "l'entrisme sui generis" et de rentrer dans le M.N.R. (Mouvement Nationaliste Révolutionnaire) afin de s'intégrer dans le mouvement des masses, et engagera une lutte de fraction contre Guillermo Lora, responsable du P.O.R.
"Cette scission fut de beaucoup la plus grave de celles que subit la Quatrième Internationale…Les autres scissions se sont montrées de par leur nature et dans les faits, plutôt des scissions d'avec le mouvement trotskyste. Par contre, cette scission fut en réalité surtout une division du mouvement lui-même en deux parties, l'une continuant l'Internationale, l'autre organisée dans un comité qui agissait comme une fraction".
Si, pour la section française, l'heure n'était plus au redressement de l'Internationale, mais à sa reconstruction face à sa dislocation politique et organisationnelle, il n'a jamais été question de combattre pour une nouvelle Internationale.
Déjà, le 8ème congrès du P.C.I. en 1952, proclamait : "Est-ce la faillite de la Quatrième Internationale ? Nullement ! La Quatrième Internationale, c'est d'abord un programme qui survivrait à une hypothétique liquidation de son organisation par les révisionnistes. Mais… la Quatrième Internationale ne peut dégénérer parce qu'il n'existe en elle aucune base objective pour la dégénérescence : il n'y a ni la liaison avec la bourgeoisie d'où naquit la dégénérescence de la IIème Internationale, ni la liaison avec la bureaucratie du Kremlin qui causa la dégénérescence du Kominterm. Pour cette raison, le révisionnisme ne peut y plonger des racines profondes pour prospérer : son règne ne peut être qu'éphémère. Une telle constatation ne peut cependant pas détourner le P.C.I. de la lutte pour sauvegarder tout l'acquis de la IVème Internationale…
Nous déclarons et proclamons que la Quatrième Internationale est notre Internationale…
Au sein de la Quatrième Internationale, des méthodes bureaucratiques, une mentalité de bureaucrates peuvent se développer, pas une couche bureaucratique liée directement ou indirectement à la société bourgeoise, il n'y a pas de base sociale pour cela. Par contre, les pressions de la société bourgeoise, les « idées » et les intérêts de la bourgeoisie (et des appareils qui lui sont liés) s'expriment nécessairement à l'intérieur de la Quatrième Internationale.
La résistance à cette pression dépend de la qualité et de la vigueur de la vie politique et théorique de l'Internationale et de ses organisations, donc d'abord et avant tout des directions des sections de l'Internationale. La place historique de la Quatrième Internationale fait qu'il ne peut y avoir qu'une alternative : ou sa destruction, ou sa victoire. C'est bien la Quatrième Internationale qu'il faut reconstruire".
D'autre part, si seuls les bolcheviks comme organisation, réagirent à la trahison de la IIème Internationale, et seulement un groupe du parti tchèque à celle de la IIIème, cette fois-ci, ce sont plusieurs sections, parmi les plus importantes et de nombreux militants qui engagent le combat pour la reconstruction de la Quatrième Internationale, avec le Comité international.
Mais très vite le travail international reposera sur les seules sections française et anglaise.
LES THESES DE PABLO
Poursuivant une évolution commencée depuis quelques années, notamment lors de la rupture entre Staline et Tito, Michel Pablo, dans son article "Où allons-nous ?" , allait définir les nouveaux principes qui devaient régir la Quatrième Internationale.
Fallait-il un nouveau programme ? Et donc un nouveau parti ? Qu'en était-il d'autre part du centralisme démocratique ?
Faut-il un nouveau programme ?
"Le problème, pour un véritable mouvement marxiste-révolutionnaire, n'est pas de vouloir faire entrer coûte que coûte la réalité nouvelle dans ses normes de pensée d'hier, mais d'élargir et de modeler celles-ci de façon à les mettre en harmonie avec les nouveaux développements objectifs".
"La réalité sociale objective, pour notre mouvement, est composée essentiellement du régime capitaliste et du monde stalinien. Du reste, qu'on le veuille ou non, ces deux éléments constituent la réalité objective tout court, car l'écrasante majorité des forces opposées au capitalisme se trouvent actuellement dirigées ou influencées par la bureaucratie soviétique".
Les fondements mêmes du Marxisme étaient atteints : l'histoire ne reposait plus sur la lutte des classes, phénomène objectif, indépendant de la conscience qu'en ont ou n'en ont pas les personnes qui composent ces classes, mais sur la lutte entre deux blocs.
Et les ouvriers des pays capitalistes, que devenaient-ils ? "L'élan révolutionnaire des masses dressées contre l'impérialisme s'ajoute comme une force supplémentaire aux forces matérielles et techniques qui combattent cet impérialisme"
La classe ouvrière est ainsi réduite à un rôle de "supplément" au potentiel économique et aux armées de l'U.R.S.S. et des pays de l'Est contrôlés par la bureaucratie. Toute analyse dialectique est rayée d’un trait de plume !
Toujours dans "Où allons-nous ?", Pablo écrit : "Des gens qui désespèrent du sort de l'humanité parce que le stalinisme dure encore et remporte même des victoires, rapetissent l'histoire à leur mesure. Ils auraient voulu que tout le processus de transformation de la société capitaliste en Socialisme s'accomplisse dans les délais de leur courte vie, afin qu'ils puissent être récompensés de leurs efforts pour la Révolution. Quant à nous, nous réaffirmons ce que nous avons écrit dans le premier article que nous avons consacré à l'affaire yougoslave : cette transformation occupera probablement une période historique entière de quelques siècles, qui sera remplie entre temps par des formes et des régimes transitoires entre le capitalisme et le Socialisme, nécessairement éloignés des formes « pures » et des normes".
Cette thèse des "siècles de transition", Pablo la développait au moment même où il annonçait que la troisième guerre mondiale était inévitable à bref délai (dans les 2 à 3 années à venir), et qu'elle prendrait un caractère historique nouveau ; il est vrai que le caractère de classe de la guerre de Corée était net : l'intervention américaine signifiait que l'impérialisme U.S. voulait donner un coup d'arrêt brutal aux développements de la révolution en Asie (la révolution chinoise a eu lieu en 1949) ; elle s'inscrivait dans la perspective d'une préparation de l'impérialisme à la guerre contre l'U.R.S.S., et surtout contre la Chine.
Pour Pablo, "la question suivante qui se pose est: quelle peut être la nature d'une guerre déclenchée dans de telles conditions ? Une telle guerre prendrait, dès le début le caractère d'une guerre civile internationale, particulièrement en Europe et en Asie qui passerait rapidement sous le contrôle de la bureaucratie soviétique, des partis communistes, ou des masses révolutionnaires.
La guerre, dans de telles conditions, dans un rapport de forces tel que celui qui existe actuellement internationalement, serait essentiellement la révolution.
La progression de la révolution anticapitaliste dans le monde éloigne mais en même temps précise le danger de guerre générale. La guerre serait cette fois la Révolution. Les deux notions de la révolution et de la guerre, loin de s'opposer ou de se distinguer en tant que deux étapes considérablement différentes de l'évolution, se rapprochent et s'entrelacent au point de se confondre par endroits et par moments. A leur place, c'est la notion de la révolution-guerre, de la guerre-révolution qui émerge, et sur laquelle doivent se fonder les perspectives et l'orientation des marxistes révolutionnaires de notre époque"…
Cette évaluation, en termes de blocs, et non pas de classes, ne permet pas de voir que c'est le rôle de l'appareil stalinien qui a abouti à renforcer l'impérialisme et lui donner la possibilité de préparer la guerre et d'intervenir en Corée. Les développements révolutionnaires qui se sont produits à l'issue de la 2ème guerre mondiale, pour si importants qu'ils soient, ne sont nullement décisifs comme l'aurait été la victoire de la révolution en Europe, dans les pays capitalistes développés.
La guerre, dans ces conditions, exprimerait un recul considérable de la révolution ; ce ne serait pas une guerre-révolution ; elle serait une guerre contre-révolutionnaire de l'impérialisme, dans laquelle le prolétariat mondial devrait défendre son existence et ses conquêtes historiques dans des conditions très difficiles.
De façon tout à fait logique et cohérente, cette "nouvelle réalité sociale" va modifier le rôle et donc la nature de la bureaucratie.
"L'évolution de la situation objective agit actuellement (et ce processus ira en s'amplifiant avec l'évolution vers la guerre et la guerre elle-même) sur toute organisation ouvrière de masse contre la tendance opportuniste droitière et pour la transformation en centrisme. Ce processus n'est pas rectiligne, pas partout le même, mais en général est inévitable et va dans cette direction générale. C'est la profondeur extraordinaire de la crise du régime capitaliste, crise sans issue, irréversible, qui provoque tous les phénomènes. Il faut – encore une fois – comprendre cela.
Le stalinisme, y compris la bureaucratie soviétique, est placé, depuis la « guerre froide » dans des conditions nouvelles par rapport à tout ce qu'était la situation jusqu'alors. Ses tendances opportunistes droitières, inhérentes à sa nature, sont constamment contrecarrées, mises en échec par l'évolution de la situation, aussi bien par l'attitude des capitalistes que par les réactions des masses… aujourd'hui, la rupture provoquée dans le monde capitaliste par l'apparition, à côté de l'U.R.S.S., de la Chine, des « démocraties populaires » européennes, du mouvement révolutionnaire, rend tout compromis stable et viable impossible, et a mis au centre le conflit inévitable entre l'impérialisme coalisé et ces formes et forces variées de la révolution".
Ainsi, la bureaucratie stalinienne, force contre-révolutionnaire pour le programme trotskyste, devient elle-même une des "formes variées de la révolution" !
D. Rousset et L. Schwartz sont largement rejoints dans leur tentative de révision du Trotskysme ; et c'est du principal responsable du comité exécutif international que vient la tentative !
"La bureaucratie soviétique est acculée au combat final et décisif, le mouvement stalinien est partout pris entre cette réalité et les réactions des masses devant la crise sans cesse aggravée du capitalisme.
Dans ces conditions nouvelles… le stalinisme fait réapparaître des tendances centristes qui prendront le dessus sur l'opportunisme droitier. Jusqu'où iront ces tendances ? Peuvent-elles transformer la nature du stalinisme, faire des partis communistes de vrais partis révolutionnaires ? … Ces tendances centristes vont-elles conquérir et transformer l'ensemble de tel ou tel parti communiste de masse ? Nous ne le savons pas, nous ne pouvons pas le savoir, ceci n'est pas déterminant…".
Ce qui est déterminant c'est que cette situation est possible ; Pablo accorde la primauté au "processus objectif" et suggère que la direction révolutionnaire pourrait être assumée par des partis staliniens devenus centristes ; la IVème Internationale n'a plus qu'à appuyer le mouvement, et la question de ses difficultés, de son isolement, est réglée.
… et un nouveau parti ?
"Le processus objectif demeure en dernière analyse le seul facteur déterminant, surpassant tous les obstacles e nature subjective.
Les partis communistes conservent dans certaines circonstances la possibilité d'adopter une orientation approximativement révolutionnaire".
"La crise historique de l'humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire".
Quel gouffre béant entre ces deux citations, entre Pablo et Trotsky : deux orientations, à notre avis, non seulement différentes, mais opposées.
Pour Pablo, l'important c'est que les militants trotskystes entrent dans le P.C.F., notamment, "afin de s'intégrer dans le réel mouvement des masses, afin de travailler et de rester dans les syndicats de masse, les « ruses » et les « capitulations » sont non seulement admises mais nécessaires".
Cette politique sera connue sous le nom d'"entrisme sui generis".
De 1951 à 1954 doit donc se déployer une tactique de "pénétration et d'action aussi totales et profondes que possible dans le réel mouvement des masses de chaque pays"… et qui s'ordonne dans trois directions :
• "indépendante,
• entriste au sein du mouvement des formations sous influence réformiste,
• entriste « sui generis » au sein du mouvement et des formations sous l'influence stalinienne".
Pour la France, compte tenu de la place occupée par le P.C.F., c'est essentiellement dans sa direction et en son sein que doit s'effectuer le travail des militants. La situation n'est en rien comparable avec l'entrisme dans la S.F.I.O. en 1934, où celui-ci pouvait avoir lieu de façon organisée, la liberté interne au sein de la S.F.I.O. permettant, jusqu'à un certain point bien sûr, d'effectuer un travail efficace d'organisation et de regroupement autour des révolutionnaires, les bolcheviks-léninistes à l'époque.
"Un travail prolongé dans les partis de masse – plus particulièrement dans le principal parti de masse dans chaque pays – se trouvait ainsi à l'ordre du jour.
Dans l'entrisme, l'Internationale fit alors une différence en ce qui concerne la tactique dans les partis socialistes où une relative démocratie intérieure permettait l'organisation de tendances et les partis communistes qui ne toléraient pas la moindre manifestation de points de vue divergents (il en était ainsi à l'époque)".
Or, la nécessité de la "capitulation" devant le stalinisme pour s'intégrer au mouvement réel des masses, "cela signifie la liquidation politique, car « la capitulation », même entre guillemets, a un sens précis face aux appareils… En même temps que la liquidation des militants pris individuellement, cela signifiait la liquidation des organisations trotskystes de la Quatrième Internationale".
Les conséquences pratiques d'une telle politique en France étaient clairement annoncées : "Le choix d'un terrain principal fait partie essentielle de la conception de notre tactique car il ne s'agit pas de mettre tous les terrains de travail possibles sur le même plan et d'entreprendre une action éclectique, mais de choisir délibérément un secteur essentiel et d'y concentrer le maximum de nos forces".
Cela signifiait donc qu'en France, l'affirmation publique d'une politique trotskyste indépendante devait pratiquement disparaître : "on explique maintenant que l'essentiel de nos forces va être à l'intérieur des organisations staliniennes, mais pas pour faire un travail de fraction, mais pour faire de l'entrisme qu'on définit comme un entrisme muet… il s'agit d'une entrée silencieuse, pendant une période longue, dont la durée n'est pas définie".
Pour certains de ceux qui l'adopteront, cette tactique aura des conséquences destructrices : ainsi le groupe de Michèle Mestre rompra avec le "secrétariat international" lors du 4ème congrès mondial en 1956 et deviendra une secte ultra-stalinienne (avec un journal le Communiste").
Le "secrétariat international" adressa une lettre au comité central du P.C.I., le 14 janvier 1952, où il précisa ce qu'il entendait concrètement par l'intégration dans le mouvement réel", et quelle politique il fallait suivre : "Cette intégration doit commencer par les organisations périphériques pour arriver jusqu'au P.C.F. même. Des exceptions à cette marche sont naturellement possibles et même inévitables.
Des camarades désignés par notre direction en tenant compte de leurs possibilités et de leurs capacités pour un tel travail, s'efforceront de s'intégrer dans toutes les organisations et organismes politiques, syndicaux, culturels… etc, que le P.C.F. dirige, influence, propulse…
… Pour arriver à un tel résultat, pour y rester et y travailler, il sera nécessaire pendant toute une période au début que nos militants camouflent complètement leur qualité de trotskystes, ou n'appuient plus sur elle, n'entreprenant aucun travail politique sur nos propres idées, et se fassent connaître dans leur nouveau milieu avant tout comme les meilleurs animateurs de tous ces organismes. C'est ensuite, une fois qu'ils seront solidement intégrés dans ces milieux, qu'ils auront acquis l'estime et la confiance de leurs compagnons de travail, et la connaissance concrète nécessaire de leur milieu, qu'ils pourront et sauront comment agir au mieux pour propulser progressivement certaines de nos idées, accentuer la radicalisation des militants staliniens, favoriser – toujours avec souplesse – les positions et les tendances de gauche, discerner les plus combatifs, les plus intéressants, et soit les travailler directement individuellement, soit les signaler à nos organismes indépendants".
Pendant toute une période donc, les trotskystes devaient être les meilleurs militants staliniens possibles !
"il est absolument possible que nos militants s'intègrent, travaillent et restent dans ces milieux, s'ils se comportent au début tout juste comme de simples militants P.C.F. et font valoir leurs capacités d'initiative, d'organisation et de direction". Et plus loin, "pour pouvoir réintégrer les syndicats cégétistes quand on a été exclu ou pour rentrer dans un organisme syndical unitaire quelconque, on n'hésitera pas si nécessaire à sacrifier par exemple la vente de « l'Unité », ou même de « La Vérité », à mettre tout à fait à l'arrière plan sa qualité de trotskyste si les directions bureaucratiques l'exigent et si nous-mêmes nous arrivons à la conclusion que c'est là, la condition pour faciliter notre intégration"…
"… Notre tendance constance sera de maintenir et d'augmenter nos forces à l'intérieur du mouvement stalinien (et ceci pour une longue période)…
Compte tenu de ce qu'est un parti stalinien, l'alternative était donc le reniement, la capitulation totale ou alors l'exclusion.
Vouloir rester un oppositionnel qui ne se découvre pas" ne gênait en rien à l'époque le stalinisme qui allait bon train durant ce temps, peu soucieux de quelques avortons politiques se réclamant à mots couverts d'une IVème Internationale frelatée, qui perdait les militants « acquis » plus vite qu'ils ne les avaient gagnés…"
Enfin, "nos militants indépendants… feront toujours attention que leur activité s'exerce en tenant compte de l'ensemble du travail que nous faisons en France, et de l'intérêt que nous accordons avant tout aux militants staliniens, à des expériences faites avant tout avec eux, et comprises avant tout par eux".
La question de la démocratie dans l'Internationale
La conception de Pablo de l'Internationale est aussi à l'opposé de celle du "programme de transition", ce qui amènera l'exclusion de la section française.
Il faut rappeler que Pablo, en tant qu' "arbitre" a assumé la direction effective de la section française depuis 1943.
Le centralisme démocratique ne peut régir qu'une organisation déjà construite ; ce qui est vrai au plan national, l'est d'autant plus au plan international.
Le "programme de transition" précise : "la tâche stratégique de la prochaine période – période prérévolutionnaire d'agitation, de propagande et d'organisation – consiste à surmonter la contraction entre la maturité des conditions objectives de la révolution et la non-maturité du prolétariat et de son avant-garde".
La solution de la contradiction entre la maturité des conditions objectives et la non-maturité des conditions subjectives, c'est justement la construction de la Quatrième Internationale.
Or, Pablo considérait la Quatrième Internationale comme déjà construite, avec ses congrès mondiaux, son "secrétariat international" direction de la révolution, lié par une discipline interne, reposant sur le "comité exécutif international".
C'est cette conception d'appareil qui mène à la capitulation devant les appareils dominants, reconnus comme la "réalité objective tout court".
Dès le début, le secrétariat international a multiplié les mesures bureaucratiques contre la section française pour empêcher la discussion que cette dernière voulait engager à l'échelle internationale à propos des thèses de Pablo : "refus de communiquer les documents du P.C.I. aux autres sections, en particulier les thèses d'orientation internationale, refus de les soumettre au vote du 3ème congrès mondial (de la IVème Internationale) puisqu'ils … ne sont pas connus des délégués".
Mais les événements vont s'accélérer, avec la tentative d'imposer l'abandon de la tendance lutte de classe dans la C.G.T., les tentatives d'imposer une direction du P.C.I. composée des seuls minoritaires (d'accord avec Pablo), de suspendre la majorité du comité central, d'installer Pierre Frank comme secrétaire unique du P.C.I.
Dans une lettre adressée à tous les membres du P.C.I., le secrétariat international annonce la suspension de leurs fonctions dirigeantes 16 membres titulaires et suppléments du comité central, par décision du S.I. le 20 janvier 1952 : sont touchés Bleibtreu, Lambert, Renard, Maurin, Dumont, Garrive, Chéramy, Lefèvre, Baratier, Bloch, Mertens, Just, Renard, Raynal, Cartier, Hemcé.
Le secrétariat international termine sa lettre par un post-scriptum : "par suite des décisions du S.I., jusqu'au prochain plénum du C.E.I., le S.I. constitue donc votre seule direction statutairement qualifiée. Le S.I. a plus spécialement chargé Pierre Frank d'assumer pratiquement cette direction, en s'entourant de l'appui des camarades qui placent la discipline à l'Internationale au-dessus de toute position de tendance ou de toute considération personnelle".
Dans sa réponse, le secrétariat du P.C.I. répond, le 24 janvier 1952, : "… cette décision est non motivée …arbitraire et anti-statutaire, en opposition avec les règles élémentaires d'une organisation bolchevique … le seul comité central que nous connaissons est le comité central élu par le 7ème congrès du P.C.I. ; … si d'autres mesures devaient êtres prises … notre comité central ferait juge l'Internationale du caractère non bolchevik de cette opération, sans se laisser détourner de sa ligne d'action : défense du parti, de l'unité du parti, de son unité dans l'Internationale, application disciplinée comme par le passé de la politique décidée par le congrès mondial".
Le secrétariat international décide alors de convoquer une session extraordinaire du comité exécutif international.
Ce 10ème plénum du C.E.I. aboutit à une solution acceptée par les deux tendances : désignation d'un bureau politique composé de 4 majoritaires, 3 minoritaires et d'un membre du S.I. désigné par le C.E.I. (Albert, autre pseudonyme de E. Germain, de son nom public Ernest Mandel). En cas de votre égal, ce dernier à une voix prépondérante.
Un congrès du parti est préparé pour fin mai. Le secrétaire politique est P. Frank, et le secrétaire d'organisation P. Lambert ; Bleibtreu est responsable du journal. En conséquence de cet accord, les sanctions prises sont levées. La majorité accepte ces "sacrifices très graves" un bureau politique et un secrétaire politique imposé) selon ses termes même, ce qui est "la démonstration du caractère tendancieux et erroné de l'accusation de « volonté d'indiscipline »".
Mais la préparation du 8ème congrès du P.C.I. allait cristalliser définitivement la cassure.
Le 11ème plénum du C.E.I. sur le P.C.I. français, constatant "que les documents préparés par le 8ème congrès du P.C.I. par la tendance majoritaire issue du 7ème congrès se trouvent en contradiction avec la ligne d'orientation décidée pour la France par le 10ème plénum… décide que, pour cette raison, le comité central et le bureau politique issus du 8ème congrès du parti seront composés d'une majorité de camarades qui, dès avant le congrès, auront défendu la ligne du 10ème plénum dans le parti… Ceux qui refuseront… se placeront automatiquement en dehors de l'Internationale et de sa section française".
La conférence de la majorité du P.C.I. répond qu'"elle acceptait, afin de rester dans l'Internationale, une direction minoritaire, à la seule condition que le 8ème congrès soit préparé démocratiquement".
Mais déjà la rupture est consommée et la scission décidée.
"Le 27 juin, le local du parti a été pillé. Toutes les machines à écrire et toutes les ronéos ont disparu. L'équipe qui procéda à cette opération militaire… pénétra à l'heure de la fermeture du local, au moyen de fausses clés qui avaient été fabriquées un mois auparavant, au plus tard dans la dernière semaine de mai.
Ont participé directement ou indirectement à l'opération : Frank, M. Mestre, Privas, Ernesto. La direction en a été assurée par Pablo. La fraction minoritaire du B.P. et le S.I. n'on pu cacher leur responsabilité dans cette affaire, mais ont tenté, dans un communiqué provocateur de la justifier par « mise en sécurité du matériel du parti »".
Les minoritaires scissionnent le P.C.I. quinze jours avant son congrès national, entraînant environ 50 militants, contre 150 dont presque tous les cadres ouvriers (les rapports au sein du P.C.I. étaient au lendemain du 3ème congrès mondial, en 1951, de 55 % contre 45 %).
La majorité de la section française fut exclue des rangs de l'Internationale au profit de la minorité en juillet 1952.
Un nouveau bureau politique était élu avec Bleibtreu, Lambert, Renard, Berné, Chéramy, Just, Lefebvre, Lequenne.
A la tête du PCI majoritaire se retrouvent donc des anciens de la gauche du POI, Bleibtreu, Gibelin, Bloch ; à celle du PCI minoritaire, derrière Pablo et Germain, on trouve Frank (ancien bras droit de Molinier, au passé sulfureux), Privas (l’un des dirigeants gauchistes les plus sectaires du CCI), Mestre et Corvin (cryptostaliniens).
LE COMBAT DE LA SECTION FRANÇAISE
Les axes de ce combat touchaient non seulement la défense des principes marxistes et du "programme de transition", mais aussi la défense du parti en tant que section française de la IVème Internationale. Il aboutira à la constitution du Comité International de la IVème Internationale.
La défense du programme
L'offensive de Pablo posait, nous l'avons vu, la question de savoir si le "programme de transition" était dépassé, s'il avait été rédigé conjoncturellement, ou alors pour toute une période historique, et aussi la question de savoir qui allait mener la lutte contre "le pablisme".
"L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes". C'est à partir de cette conception fondamentale que Marx, Engels, Lénine, Trotsky ont combattu ; elle ordonne toute leur activité théorique et politique du "manifeste du parti communiste" au "programme de transition".
Ce qui caractérise notre époque, c'est que la lutte des classes s'est universalisée et a lieu entre deux classes fondamentales, le prolétariat et la bourgeoisie.
La trahison des partis réformistes et des partis staliniens est définitive ; ils sont passés définitivement du côté de l'ordre bourgeois, "la crise de l'humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire".
Il faut construire de nouveaux partis et une nouvelle Internationale…, tels sont les principes fondamentaux… remis en cause par Pablo.
Le 8ème congrès du P.C.I. se réunit en juillet 1952. En fait, Pablo poursuivait "l'objectif clair et avoué de liquider l'organisation française, à tel point que ses partisans, deux mois avant le 8ème congrès, ont déclaré en catimini, à la préfecture de police un second P.C.I." : Ce 8ème congrès adopta une résolution politique synthétisant le contenu du "pablisme".
"Le pablisme, expression de la petite bourgeoisie progressiste stalinisante dans les rangs de la IVème Internationale s'est traduit en France par :
• Une estimation stalinienne de la situation « renforcement et radicalisation de la classe ouvrière autour du parti communiste » ;
• L'affirmation répétée que le stalinisme a acquis une fonction différente que celle que définissait le programme de transition ;
• La bureaucratie stalinienne prépare l'affrontement décisif entre les classes ; elle « a cessé d'osciller »…
… Pour la France, la fraction pabliste a traduit cette idée par l'affirmation que pour la première fois dans l'histoire le gauchissement du P.C.F. est un processus parallèle à la radicalisation des masses. Cette affirmation révisionniste s'appuie sur une falsification de la réalité du mouvement ouvrier et sur une idéalisation mensongère de la politique stalinienne".
Ainsi, de la fonction révolutionnaire accordée à la bureaucratie, "le pablisme fait découler :
• l'impossibilité d'une politique révolutionnaire s'opposant au stalinisme ;
• l'impossibilité d'une tendance syndicale distincte de la tendance stalinienne ;
• l'inopportunité d'un parti indépendant du stalinisme (le parti indépendant n'est qu'une salle d'attente et un réservoir provisoire de « l'entrisme » ;
• le refus d'un travail fractionnel, celui des trotskystes combattant clandestinement dans une organisation ennemie pour y détruire le stalinisme et y faire triompher le Trotskysme.
La base objective du pablisme est la soumission de la petite bourgeoisie européenne de gauche à la puissance de la bureaucratie du Kremlin.
De cette soumission découle la conception que ce ne sont plus les classes mais les appareils qui font l'histoire… A un stade de plus, ces théoriciens… érigent la dégénérescence spécifique de la révolution d'octobre en schéma des révolutions à venir (« les siècles de transition »)…
Le pablisme… alimente et encourage un autre courant de pensée qui lui sert de camouflage : l'opportunisme. Le programme n'est rien, le mouvement est tout, répètent les opportunistes après Bernstein… La situation objective justifie l'affirmation que n'importe quelle organisation ayant la confiance des masses, quel que soit son programme, peut entreprendre les tâches de la révolution prolétarienne".
Pour le P.C.I., le principal frein aux luttes ouvrières reste la politique contre révolutionnaire du stalinisme ; le "gauchisme" du P.C., en désorientant les travailleurs, permet à la bourgeoisie de frapper de nouveaux coups à la classe ouvrière. En tout état de cause, le P.C.F., oscillant entre l'ultimatisme sectaire ("le parti communiste seul") et l'union nationale de collaboration de classes, refuse de front unique, le seul à même d'ouvrir une voie victorieuse aux masses, refuse le combat pour "le gouvernement ouvrier et paysan, sous sa forme de gouvernement de front unique" (le gouvernement communiste socialiste).
Les trotskystes, dans la période présente, doivent combiner construction du parti indépendant et un travail fractionnel dans les organisations staliniennes.
Quelques mois plus tard, le cours "gauchiste" des staliniens prend fin, prenant à contre pied les analyses de Pablo et de la minorité du P.C.I. ; un nouveau cours droitier lui succède avec sa lutte pour "le front national uni".
"En frappant l'avant-garde communiste organisée (A. Marty – C. Tillon), Staline se propose d'abord de donner à la bourgeoisie des gages de sa nouvelle politique droitière de front national uni. Il poursuit également un objectif plus lointain : éliminer ces cadres communistes qui incarnent objectivement la menace d'un débordement de la bureaucratie du Kremlin par la base du P.C.F., dans l'éventualité d'une situation de guerre civile".
La lutte contre le pablisme s'organisa dès l'automne 1950 parce que le "secrétariat international" siégeant à Paris, les militants français purent suivre très concrètement et rapidement les conséquences de la politique de Pablo.
Pablo, contrairement à Frank et à Mandel, n’avait pas à se partager entre le secrétariat international et l’animation d’une section nationale, d’où certes un certain isolement social, mais il avait un prestige lié à son rôle d’unificateur du Trotskysme en France, de « leader de la lutte contre les déviations gauchistes et droitières », apparaissant à beaucoup comme « celui qui ne s’est jamais trompé » (M.Lequenne, « leTrotskisme, une Histoire sans fard », 2005, pages 238-239). Fin tacticien, il dominait politiquement la situation et savait manier habilement successivement ou conjointement ruse et violence.
C’est M.Bleibtreu qui le premier perça au grand jour ce qui allait devenir le « pablisme ».
Dès le départ M.Mestre et M.Corvin prirent position pour Pablo, Frank, Germain (E.Mandel), Privas (J.Grinblat), Bleibtreu, Garnier contre.
Lors du comité central de novembre 1950, le membre du secrétariat international qui y assistait, Livingstone (G.Clarke), membre du SWP américain, (succédant ainsi à S.Mangan, J.Hansen, S.Gordon), attaqua violemment Frank et Privas, en défense de M.Mestre et M.Corvin, favorables aux thèses de Pablo. Gérard Bloch prit position immédiatement contre Pablo. Une fraction fut organisée, mais rapidement Germain, Frank, Privas, allaient capituler.
Pablo exigea leur démission du "secrétariat international". Ils préférèrent conserver ce que Frank appela le "bâton de maréchal" de secrétaire international !
En mars 1951, Germain publia "Dix thèses", attaque déguisée de Où allons-nous ?", mais sans désigner nommément Pablo ou son document ; l'essentiel de l'argumentation de Germain est le suivant : "ce qui importe avant tout dans la période actuelle est de donner au prolétariat une direction internationale capable de coordonner ses forces et de progresser vers la victoire mondiale du Communisme. La bureaucratie stalinienne forcée de s'en prendre avec fureur à la première révolution prolétarienne hors de l'U.R.S.S. (la Yougoslavie !) est socialement incapable d'accomplir une telle tâche. C'est en cela que réside la mission historique de notre mouvement… La justification théorique de notre mouvement réside dans l'incapacité du stalinisme à renverser le capitalisme mondial, incapacité enracinée dans la nature sociale de la bureaucratie soviétique".
Au comité central extraordinaire d’avril 1951, la minorité Mestre-Corvin remplacée au bureau politique par Maurin (M.Lequenne) et Garnier (D.Renard) se renforce de Frank, Privas mais aussi de S.Minguet et A.Calvès.
P.Lambert, quant à lui, responsable de la commission ouvrière du PCI avec Gibelin, s’abstient. Il est alors co-responsable d’une revue, L’Unité, qui rassemble des militants exclus de la CGT, des militants de FO et de la FEN, combattant pour la réunification syndicale. Ne pouvant sauver cette revue, Lambert décide de rejoindre la majorité du PCI.
Alors qu’il venait de défendre l’éventuel rôle révolutionnaire de la bureaucratie (la fameuse « nature double de la bureaucratie »), Pablo pouvait-il protéger une revue à la fois anti-stalinienne (P.Lambert) et anti-communiste (M.Morin) ?
Les responsables ouvriers du P.C.I. se prononcèrent contre les thèses pablistes, mais n'ont pas voulu, au départ, participer à la fraction anti-pabliste, pour plusieurs raisons : "les dirigeants de la commission ouvrière n'avaient aucune confiance dans les principaux « théoriciens » de l'anti-pablisme, Germain, et surtout Bleibtreu qui, bien qu'ayant compris le premier, et le plus largement, la signification capitularde du pablisme, était un parfait petit-bourgeois. Par ailleurs, les membres de la commission ouvrière professaient le plus grand mépris envers l'impuissance prétentieuse de Frank et surtout de Privas. Sur le plan d’organisation, la commission ouvrière avait infiniment plus confiance dans Pablo".
Mais ces hésitations des responsables ouvriers du P.C.I. avaient d'autres motifs :
"En 1950, les dirigeants ouvriers ne mesuraient pas toute la portée principielle de la lutte politique. Ils espéraient, contre toute vraisemblance, que la discussion résorberait la crise sans dommages pour l'unité du parti et entendaient rester dans l'Internationale. Ils adoptèrent au départ une attitude conciliatrice"… Mais "la capitulation de Germain, Frank, Privas rendit plus âpre la lutte des tendances… la commission ouvrière dut choisir… D'un côté, la capitulation, de l'autre la fidélité au « programme » en dépit du comportement petit-bourgeois du principal leader théorique de l'anti-pablisme".
Ce à quoi aboutissaient les thèses de Pablo dans la pratique fit le reste :
"La grande majorité des militants ouvriers trotskystes qui avaient porté, dans les usines et les syndicats, le drapeau de la IVème Internationale, refusèrent de capituler avec Pablo devant le stalinisme. Immédiatement après la prise de position de la commission ouvrière, les rapports changèrent dans le parti et dans la lutte fractionnelle. Pour une large part néanmoins, la commission ouvrière continua de laisser à Bleibtreu la direction de la lutte contre les positions pablistes, comme elle avait accepté que Pablo et Frank, en 1948, dirigent la lutte contre les droitiers…
Toutefois, au fur et à mesure que la lutte fractionnelle s'aggravait, la direction du parti fut de plus en plus assurée par les militants ouvriers, qui, avec la scission, durent accepter de prendre intégralement leurs responsabilités".
La défense du Parti
La majorité de la section française se retrouvait dos au mur ; elle venait d'être exclue de l'Internationale au lendemain même du congrès du P.C.I. dont elle avait maintenu la convocation en juillet 1952 ; elle allait devoir défendre le parti, non seulement en France, mais dans l'Internationale.
Dans une déclaration de son comité central à tous les militants et dirigeants de la IVème Internationale, le P.C.I. rappelle qu'il a fallu environ un an et demi au pablisme pour provoquer la scission de la section française et expulser de l'internationale l'ensemble de ses forces vives liées à la classe ouvrière.
Pour le P.C.I., ce "révisionnisme pro-stalinien a débuté avec la dégénérescence de la révolution yougoslave qui a désarçonné et poussé vers le stalinisme quelques dirigeants".
Et le P.C.I., pour sa propre défense, et pour assurer les conditions de son activité, c'est-à-dire de sa survie comme organisation indépendante, va devoir combattre le "révisionnisme".
"A cette étape, la vie et la lutte du P.C.I. agiront positivement dans le sens du redressement, alors que sa ruine, si nous l'acceptions, agirait négativement.
Le pablisme nous exclura, mais nous ne cesserons de combattre pour être reconnus comme partie intégrante, comme section française de la IVème Internationale".
Cependant, cette scission eut des conséquences très démoralisantes, de nombreux militants quittèrent le parti.
"La plupart des vieux cadres (à la date de 1952, c’est seulement une minorité car la majorité de ceux qui n’ont pas quitté le Parti en 1948 sont toujours sur le pied de guerre, « note de l’auteur ») d'avant 1939 rejoignirent « le secrétariat international », ils étaient usés, fatigués par la dure expérience du combat trotskyste. Ces vieux cadres ne surent pas… opérer la mutation nécessaire, en se transformant eux-mêmes de propagandistes littéraires du Trotskysme (ce à quoi les avait réduits la puissance contraignante du stalinisme) en militants ouvriers assumant directement le rôle de dirigeants révolutionnaires dans la lutte des classes".
Les trotskystes isolés en France, se retrouvèrent pratiquement seuls aussi, au départ, au niveau de l'Internationale.
Au 3ème congrès mondial de la IVème Internationale, en août 1951, le P.C.I. soumit les "Dix thèses" de Germain au vote (après que Germain se soit apparemment dérobé à le faire lui-même) et proposa des amendements au document principal. Aucun vote n'eut lieu sur les "Dix thèses" ou sur les amendements français. Le P.C.I. vota contre l'adoption du document principal ; ce fut la seule section qui le fit.
Pablo bénéficia de l'aide plus ou moins directe des directions des autres sections de la IVème Internationale.
Ainsi, dans sa réponse à une lettre de Daniel Renard s'exprimant au nom de la direction française, le 16 février 1952, James P. Cannon, principal dirigeant du S.W.P., l'organisation américaine des États-Unis, affirme (le 29 mai seulement) : "Nous jugeons la politique de la direction internationale par la ligne qu'elle élabore dans les documents officiels – dans la récente période par les documents du 3ème congrès et du 10ème plénum – Nous n'y voyons aucun révisionnisme… Nous considérons que ces documents sont entièrement trotskystes".
Dans la réalité, tant qu'il n'est pas directement impliqué, le S.W.P. se décharge depuis la fin de la guerre de la responsabilité de la direction de la IVème Internationale ; il laisse "entièrement les mains libres à la « direction du parti mondial » par rapport aux sections européennes".
En 1952, "la majorité du P.C.I. n'a rencontré d'appui que chez certaines sections sud-américaines, particulièrement celle d'Argentine avec Valdès, en partie celle de Bolivie, avec Lora, et celle de la Suisse, qui pour de tout autres raisons que la majorité française, était en désaccord avec le secrétariat international".
La majorité de la section française, pendant toute cette période, cherche jusqu'au bout à défendre ses positions dans le cadre de l'internationale ; elle était persuadée que les trotskystes, à l'échelle internationale, trompés par Pablo, réagiraient.
Elle ne publiera par exemple les "Dix thèses", rédigées par Ernest Germain, qu'en novembre/décembre 1952 (La Vérité, numéros 30 et 304), et les articles de Bleibtreu "Où va le camarade Pablo ?" juste après les "Dix thèses", c'est-à-dire, seulement après la scission.
Néanmoins, jusqu'en juin 1953, la majorité du P.C.I. continua de lutter sur la ligne de redressement de l'Internationale.
Dans une résolution présentée au comité central des 27 et 28 septembre 1952 , le P.C.I. explique que "la crise qui a abouti aux mesures prises contre le parti français est avant tout la crise de la direction internationale de notre mouvement. Au terme d'une évolution politique amorcée il y a seulement 2 ans, le secrétariat international… est devenu le centre révisionniste et le centre liquidateur par excellence de la IVème Internationale.
Si les cadres trotskystes internationaux ne reconquièrent pas la direction du mouvement qui est le leur, l'Internationale sera dans la guerre livrée pieds et poings liés à ses ennemis. La tâche la plus haute du P.C.I. est par conséquent l'œuvrer au redressement de l'Internationale ; œuvre de longue haleine, ce redressement passe par une lutte politique implacable contre les dirigeants internationaux faillis, lutte qui ne pourra s'achever que par leur disparition politique ou leur complète autocritique".
A cette étape, la lutte "passe par la IVème Internationale telle qu'elle est, avec son programme et ses statuts, son ordre organisationnel, et ses sections. Ceci exclut de notre parti toute tentative de « regroupement » international… se plaçant sur un terrain de rivalité avec la IVème Internationale telle qu'elle est…
La réintégration dans l'Internationale devra être le mot d'ordre central des interventions internationales du parti et faire l'objet d'une campagne permanente en direction des sections et de leurs militants…"
Le bureau politique décide d'éditer une revue et un bulletin international pour susciter les discussions internationales.
Mais, quelques mois plus tard, la lutte allait prendre une nouvelle forme et aboutir à un "regroupement" international.
La constitution du Comité International de la Quatrième Internationale
Ce n'est pas seulement le S.W.P. mais pratiquement toutes les sections importantes de la Quatrième Internationale qui accordent le titre de "direction de l'Internationale" au "secrétariat international" (des statuts très centralistes avaient été votés au IIème congrès mondial. Derrière l'apparence d'un "parti mondial super-centralisé" se développe un peu partout une sorte de politique "nationale-trotskyste", laissant à Pablo les mains libres pour l'Internationale.
Le S.W.P. n'allait pas tarder à être confronté à la politique de Pablo.
Le S.W.P. ne s'engagea dans la lutte contre le révisionnisme que lorsqu'une tendance pro-pabliste…, Clarke-Cochran, se manifesta dans le parti américain".
Le conflit éclata entre cette tendance et la direction du S.W.P. dès février 1953.
Par une lettre du 27 mai, Cannon demanda à Pablo s'il soutenait cette tendance ; il n'eut pas de réponse précise, et très vite la lutte prit une dimension internationale.
Sous l'impulsion de Gerry Healy (qui jusque-là avait soutenu Pablo), la section anglaise pris position pour la direction du S.W.P. (malgré une minorité pabliste, animée par Lawrence qui exigeait d'Healy qu'il défende la ligne du texte "Montée et déclin du stalinisme" préparé en vue du 4ème congrès mondial, texte qu'il avait voté au secrétariat international).
Ce n'est qu'en septembre que la direction du S.W.P. engagea ouvertement la lutte à l'intérieur de la Quatrième Internationale.
Des contacts étaient pris avec le P.C.I., qui aboutissaient à un accord de principe avec les sections anglaise, suisse, française et l'appui du S.W.P.
Le 16 novembre 1953, le comité national du S.W.P. publiait une "lettre ouverte aux trotskystes du monde entier".
Cette lettre, après avoir rappelé le programme du Trotskysme, dénonce le révisionnisme de Pablo, notamment à propos des événements de juin 1953 en Allemagne orientale, première manifestation de la révolution politique contre la bureaucratie stalinienne : "au mois de juin dernier, en Allemagne orientale, les travailleurs se sont dressés contre le gouvernement stalinien au cours de l'une des plus grandes manifestations de l'histoire de l'Allemagne". Ce fut là le premier soulèvement de masse contre le stalinisme, depuis qu'il a usurpé le pouvoir en U.R.S.S. Comment réagit Pablo devant cet événement historique ?
Au lieu d'exprimer clairement les aspirations politiques révolutionnaires des insurgés d'Allemagne orientale, Pablo couvrit les staliniens qui mobilisaient les troupes russes pour écraser le soulèvement :
"… les dirigeants soviétiques et ceux des différentes « démocraties populaires » et des partis communistes ne pourront plus falsifier ou ignorer la signification profonde de ces événements. Ils sont obligés de persévérer dans la voie de concessions encore plus amples et plus réelles pour ne pas risquer de s'aliéner à jamais le soutien des masses et provoquer des explosions encore plus fortes. Ils ne pourront plus désormais s'arrêter à mi-chemin. Ils s'efforceront de doser les concessions pour éviter des explosions encore plus graves dans l'immédiat, et faire si possible une transition à « froid » de la situation actuelle à une situation plus supportable pour les masses". Déclaration du secrétariat international de la Quatrième Internationale.
Au lieu de lutter pour le retrait des troupes soviétiques, de toutes les troupes d'occupation au nom du principe du "Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", la déclaration du secrétariat international demandait notamment "la démocratisation réelle des partis communistes" , c'est-à-dire, en fait, l'auto-réforme des instruments d'oppression de la bureaucratie du Kremlin.
La lettre ouverte" poursuit sur "la grève générale en France", d'août 1953 ; trahie par les appareils : Pablo se refusa à caractériser le rôle des staliniens comme une trahison". Il nota "le rôle de frein joué, à un degré ou à un autre, par la direction des organisations traditionnelles" – une trahison devient un "frein" ! – "mais aussi leur aptitude – spécialement celle de la direction stalinienne – à céder à la pression des masses quand cette pression devient puissante comme ce fut le cas pendant ces grèves (note politique n° 1)…".
Et de dénoncer un "tract infâme" des pablistes disant que la direction de la C.G.T. a eu raison de ne pas ouvrir la perspective d'un gouvernement au service des travailleurs, tout en dénonçant nommément deux militants du P.C.I. de Renault : ce groupe a été exclu pour des raisons d'indiscipline et l'orientation qu'il a suivie, notamment au cours du dernier mouvement de grève, est opposée à celle que défend effectivement le P.C.I. (section française de la Quatrième Internationale".
"ce groupe dont il s'agit est en fait la majorité de la section française… qui a été arbitrairement et injustement exclue par Pablo" dit la lettre ouverte, majorité qui combattait pour la réalisation d'un comité national d'action des partis ouvriers, P.C.F. et P.S., et des syndicats, C.G.T.et C.G.T.-F.O., pour "impulser, développer la grève générale illimitée de la fonction publique et des travailleurs des services publics qui chassera le gouvernement Laniel" et donner corps à un "gouvernement représentatif des travailleurs, au service des travailleurs".
Ces deux événements (en Allemagne et en France, furent des "révélateurs de la trahison du « programme » par les pablistes, … dès lors, la constitution du Comité International fut rendue indispensable".
Le 23 novembre 1953, le Comité International (C.I.) de la Quatrième Internationale est constitué ; sa résolution constitutive est signée par les sections française, anglaise, suisse, néo-zélandaise, et soutenue par le S.W.P. (qui ne peut s'affilier formellement de par la législation américaine) ; elle affirme sa solidarité avec la ligne fondamentale de l'appel du Comité national du Socialist Workers Party aux trotskystes du monde entier.
Cette résolution considère "comme déchu de ses pouvoirs le secrétariat international des usurpateurs pablistes qui consacre son activité à la révision du Trotskysme, à la liquidation de l'Internationale et à la destruction de ses cadres".
Le 14ème plénum du S.I. déclare, quant à lui : "l'existence de ces éléments et groupes dans l'Internationale était et reste cependant possible, à condition de respecter la discipline et les règles de fonctionnement de l'Internationale en tant que parti mondial centralisé".
Ce plénum convoque pour juillet 1954, le 4ème congrès mondial. La direction de la section ceylanaise (LSSP : Lanka Sama Samaya Party) joua un jeu d'équilibre en demandant que toutes les mesures contre le C.I. soit suspendues et le congrès reporté ; tout en caractérisant le texte "montée et déclin du stalinisme" comme "une révision fondamentale des positions trotskystes sur le stalinisme qui dénie toute justification à l'existence d'un mouvement trotskyste indépendant", elle resta membre du secrétariat international.
En décembre 1954, une conférence latino-américaine, sous l'impulsion notamment de Posadas, donnera l'ordre à la direction du P.O.R. bolivien (Parti Ouvrier Révolutionnaire), la plus forte organisation trotskyste d'Amérique latine, d'appliquer la ligne de "l'entrisme sui generis" et de rentrer dans le M.N.R. (Mouvement Nationaliste Révolutionnaire) afin de s'intégrer dans le mouvement des masses, et engagera une lutte de fraction contre Guillermo Lora, responsable du P.O.R.
"Cette scission fut de beaucoup la plus grave de celles que subit la Quatrième Internationale…Les autres scissions se sont montrées de par leur nature et dans les faits, plutôt des scissions d'avec le mouvement trotskyste. Par contre, cette scission fut en réalité surtout une division du mouvement lui-même en deux parties, l'une continuant l'Internationale, l'autre organisée dans un comité qui agissait comme une fraction".
Si, pour la section française, l'heure n'était plus au redressement de l'Internationale, mais à sa reconstruction face à sa dislocation politique et organisationnelle, il n'a jamais été question de combattre pour une nouvelle Internationale.
Déjà, le 8ème congrès du P.C.I. en 1952, proclamait : "Est-ce la faillite de la Quatrième Internationale ? Nullement ! La Quatrième Internationale, c'est d'abord un programme qui survivrait à une hypothétique liquidation de son organisation par les révisionnistes. Mais… la Quatrième Internationale ne peut dégénérer parce qu'il n'existe en elle aucune base objective pour la dégénérescence : il n'y a ni la liaison avec la bourgeoisie d'où naquit la dégénérescence de la IIème Internationale, ni la liaison avec la bureaucratie du Kremlin qui causa la dégénérescence du Kominterm. Pour cette raison, le révisionnisme ne peut y plonger des racines profondes pour prospérer : son règne ne peut être qu'éphémère. Une telle constatation ne peut cependant pas détourner le P.C.I. de la lutte pour sauvegarder tout l'acquis de la IVème Internationale…
Nous déclarons et proclamons que la Quatrième Internationale est notre Internationale…
Au sein de la Quatrième Internationale, des méthodes bureaucratiques, une mentalité de bureaucrates peuvent se développer, pas une couche bureaucratique liée directement ou indirectement à la société bourgeoise, il n'y a pas de base sociale pour cela. Par contre, les pressions de la société bourgeoise, les « idées » et les intérêts de la bourgeoisie (et des appareils qui lui sont liés) s'expriment nécessairement à l'intérieur de la Quatrième Internationale.
La résistance à cette pression dépend de la qualité et de la vigueur de la vie politique et théorique de l'Internationale et de ses organisations, donc d'abord et avant tout des directions des sections de l'Internationale. La place historique de la Quatrième Internationale fait qu'il ne peut y avoir qu'une alternative : ou sa destruction, ou sa victoire. C'est bien la Quatrième Internationale qu'il faut reconstruire".
D'autre part, si seuls les bolcheviks comme organisation, réagirent à la trahison de la IIème Internationale, et seulement un groupe du parti tchèque à celle de la IIIème, cette fois-ci, ce sont plusieurs sections, parmi les plus importantes et de nombreux militants qui engagent le combat pour la reconstruction de la Quatrième Internationale, avec le Comité international.
Mais très vite le travail international reposera sur les seules sections française et anglaise.
louismichel- Messages : 554
Date d'inscription : 01/03/2013
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
Sur cette période, oui, je pense que Pablo et ses suiveurs étaient dans leur tort, surtout par rapport à la France. En pleine guerre froide, ils n'étaient pas le seuls à s'affoler, certains "ultra-gauches" s'étaient même réfugiés en Amérique du Sud.
Mais il est aussi hors de question de confondre le CI de l'époque et ce qu'il en reste une fois que Lambert a fait le vide. Le SWP a rejoint le SU, Healy a dérivé en grand, au SI, Pablo est parti... Traiter les actuels militants de pablistes, augmenté d'épithètes fleuries n'a plus aucun intérêt, sinon sectaire.
Mais il est aussi hors de question de confondre le CI de l'époque et ce qu'il en reste une fois que Lambert a fait le vide. Le SWP a rejoint le SU, Healy a dérivé en grand, au SI, Pablo est parti... Traiter les actuels militants de pablistes, augmenté d'épithètes fleuries n'a plus aucun intérêt, sinon sectaire.
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
Mais l'adaptation à la bureaucratie reste une constante; je ne veux pas reprendre point par point sauf si cela apparaît nécessaire!
louismichel- Messages : 554
Date d'inscription : 01/03/2013
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
Pour la première fois, Louimichel a raison:
le POI, comme amplement démontré sur fil Schivardi,
et expérimenté directement par les militants syndicalistes,
est complèment, non pas "adapté",
mais confondu(au double sens du mot...) avec les bureaucrates corrompus de FO
le POI, comme amplement démontré sur fil Schivardi,
et expérimenté directement par les militants syndicalistes,
est complèment, non pas "adapté",
mais confondu(au double sens du mot...) avec les bureaucrates corrompus de FO
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
En 53, c'est vrai et ça justifie la scission. Après la réunification et la déliquescence des sections restées au CI, là ça devient délirant.
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
Quand on n'est capable de répondre que par l'insulte, on ne fait que démontrer son impuissance!!
Regardez l'état du SWP depuis qu'il a quitté le Comité international et rejoint le SU ! Il est devenu une organisation pro-castriste; ne parlons pas de la SLL depuis qu'elle a rompu avec le Comité international.
Quant au SU pabliste, il continue sa trajectoire anti-trotskyste, le voilà qui proclame qu'on est sorti de la période historique ouverte par Octobre 17, avec la chute de la bureaucratie stalinienne en 1989 (comme si cette dernière était l'héritière d'Octobre 17, de Lénine et Trotsky!!On retrouve le fond même du pablisme!), il ne voit plus que des "révolutions démocratiques" là où il y a des révolutions prolétariennes, il met en avant ,comme l'église catholique, le partage des richesses, il identifie dictature du prolétariat qu'il rejette! avec la dictature sur le prolétariat par la bureaucratie, il se retrouve aux côtés de l'impérialisme et des groupes islamistes radicaux sur la Libye et la Syrie....Faut-il continuer ?
Et quand on voit le nombre de positions correctes de la CGT-FO ( voir le fil correspondant) du point de vue des intérêts des travailleurs par rapport à celles pro-MEDEF de la CFDT !!! Mais c'est vrai,la CGT-FO est réformiste, elle est financée par l'Etat comme les autres syndicats, les militants du POI sont aussi bien à la CGT qu'à la CGT-FO et ne "s'identifient" aux dirigeants de ce dernier syndicat que lorsque ces derniers proposent des revendications ou des actions allant dans le sens de l'intérêt des travailleurs ! Il n'y a là aucune adaptation!!
Le SU nourrit l'anti-Trotkysme à tous les niveaux, et le CCI, courant trotskyste au sein du POI, est bien la section française de la Quatrième Internationale, héritière de la majorité du PCI qui a défendu il y a 60 ans (voir le texte un peu plu haut) le Trotskysme contre le pablisme!
Regardez l'état du SWP depuis qu'il a quitté le Comité international et rejoint le SU ! Il est devenu une organisation pro-castriste; ne parlons pas de la SLL depuis qu'elle a rompu avec le Comité international.
Quant au SU pabliste, il continue sa trajectoire anti-trotskyste, le voilà qui proclame qu'on est sorti de la période historique ouverte par Octobre 17, avec la chute de la bureaucratie stalinienne en 1989 (comme si cette dernière était l'héritière d'Octobre 17, de Lénine et Trotsky!!On retrouve le fond même du pablisme!), il ne voit plus que des "révolutions démocratiques" là où il y a des révolutions prolétariennes, il met en avant ,comme l'église catholique, le partage des richesses, il identifie dictature du prolétariat qu'il rejette! avec la dictature sur le prolétariat par la bureaucratie, il se retrouve aux côtés de l'impérialisme et des groupes islamistes radicaux sur la Libye et la Syrie....Faut-il continuer ?
Et quand on voit le nombre de positions correctes de la CGT-FO ( voir le fil correspondant) du point de vue des intérêts des travailleurs par rapport à celles pro-MEDEF de la CFDT !!! Mais c'est vrai,la CGT-FO est réformiste, elle est financée par l'Etat comme les autres syndicats, les militants du POI sont aussi bien à la CGT qu'à la CGT-FO et ne "s'identifient" aux dirigeants de ce dernier syndicat que lorsque ces derniers proposent des revendications ou des actions allant dans le sens de l'intérêt des travailleurs ! Il n'y a là aucune adaptation!!
Le SU nourrit l'anti-Trotkysme à tous les niveaux, et le CCI, courant trotskyste au sein du POI, est bien la section française de la Quatrième Internationale, héritière de la majorité du PCI qui a défendu il y a 60 ans (voir le texte un peu plu haut) le Trotskysme contre le pablisme!
louismichel- Messages : 554
Date d'inscription : 01/03/2013
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
Si tu le penses, tant mieux pour toi...
Le SWP a lui aussi dégénéré, comme l'OCI sous la direction de Lambert, comme d'autres organisations. Tu donnes à des courants comme la LCR, des positions qu'elles n'ont pas eu sur le stalinisme,même si eux aussi ont commis des erreurs.
Su FO, il est parfaitement compréhensible que des militants foutus dehors de la CGT par les staliniens y soient allés, il n'y avait pas d'autre choix. Le comportement des militants du POI et de ceux de LO dans FO n'a pourtant rien à voir. Et ça n'empêche pas qu'il est réel que FO a été créée au moment de la guerre froide avec l'aide des syndicats US qui venaient de virer leurs militants "lutte de classe'. Ca permettait de casser les luttes des dockers contre la sale guerre d'Indochine à Marseille,par exemple.
Militer à FO ou ailleurs, c'est une chose. En faire une vache sacrée c'en est une autre
Le SWP a lui aussi dégénéré, comme l'OCI sous la direction de Lambert, comme d'autres organisations. Tu donnes à des courants comme la LCR, des positions qu'elles n'ont pas eu sur le stalinisme,même si eux aussi ont commis des erreurs.
Su FO, il est parfaitement compréhensible que des militants foutus dehors de la CGT par les staliniens y soient allés, il n'y avait pas d'autre choix. Le comportement des militants du POI et de ceux de LO dans FO n'a pourtant rien à voir. Et ça n'empêche pas qu'il est réel que FO a été créée au moment de la guerre froide avec l'aide des syndicats US qui venaient de virer leurs militants "lutte de classe'. Ca permettait de casser les luttes des dockers contre la sale guerre d'Indochine à Marseille,par exemple.
Militer à FO ou ailleurs, c'est une chose. En faire une vache sacrée c'en est une autre
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
Je n'en fais absolument pas "une vache sacrée", je dis simplement qu'elle a de nombreuses positions correctes qu'il faut défendre et qu'elle est issue du mouvement ouvrier tout comme la CGT et contrairement à la CFDT. Faut-il encore pouvoir faire une analyse de clasee! Quant au financement, dans le cadre de la guerre froide, la CGT était financée par le KGB ! Et aujourd'hui, TOUS les syndicats sont financés par le fric de l'Etat bourgeois!
Non justement, le SWP n'existe plus en tant qu'organisation révolutionnaire, alors que le CCI, courant trotskyste, section française de la Quatrième Internationale , impulse la construction du POI, parti révolutionnaire "large" et qui comprend trois fois plus de membres que le NPA aujourd'hui!
Non justement, le SWP n'existe plus en tant qu'organisation révolutionnaire, alors que le CCI, courant trotskyste, section française de la Quatrième Internationale , impulse la construction du POI, parti révolutionnaire "large" et qui comprend trois fois plus de membres que le NPA aujourd'hui!
louismichel- Messages : 554
Date d'inscription : 01/03/2013
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
Je parle du SWP américain!
Et ce n'est pas le fric US qui a construit la CGT-FO mais les millions de travailleurs rebutés par le stalinisme!
Et ce n'est pas le fric US qui a construit la CGT-FO mais les millions de travailleurs rebutés par le stalinisme!
louismichel- Messages : 554
Date d'inscription : 01/03/2013
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
Moi aussi, je parle du SWP américain, qui a bien dégénéré, comme l'OCI. Le CCI n'en est qu'une caricature, en-dessous de la SFIO d'avant-guerre.
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
louismichel a écrit:
Et quand on voit le nombre de positions correctes de la CGT-FO ( voir le fil correspondant) du point de vue des intérêts des travailleurs par rapport à celles pro-MEDEF de la CFDT !!! Mais c'est vrai,la CGT-FO est réformiste, elle est financée par l'Etat comme les autres syndicats, les militants du POI sont aussi bien à la CGT qu'à la CGT-FO et ne "s'identifient" aux dirigeants de ce dernier syndicat que lorsque ces derniers proposent des revendications ou des actions allant dans le sens de l'intérêt des travailleurs ! Il n'y a là aucune adaptation!!
Le fait de rabacher une demi-vérité n'en fait pas pour autant une vérité. Combien de signatures d'accord par FO, sur quel contenu ? Si FO a justement refusé de signer l'ANI que fait-elle pour s'opposer et organiser les travailleurs contre cet accord ? Rien, lors de la seule manifestation contre l'ANI à l'initiative de CGT et FO, au moins dans mon coin une grosse agglomération, il y avait une poignée de FO une soixantaine perdue au milieu de milliers de CGT. La CGT-FO a à de nombreuses reprises franchi la ligne blanche en signant des accords patronaux et encore je ne te cite pas les accords d'entreprise tout aussi patronaux. J'ai eu et j'ai encore l'occasion de les voir à l'oeuvre dans la vraie vie et non une vie fantasmée et sans porter un jugement général, je peux te certifier que ce n'est pas très brillant ! Les militants du POI du fait de leur forte représentation dans le milieu enseignant et universitaire sont pour l'essentiel organisés dans FO, la CGT c'est à la marge.
Eugene Duhring- Messages : 1705
Date d'inscription : 22/09/2011
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
En fait, c'est un double jeu des buros FO et POI.Eugene Duhring a écrit: Si FO a justement refusé de signer l'ANI que fait-elle pour s'opposer et organiser les travailleurs contre cet accord ? Rien, lors de la seule manifestation contre l'ANI à l'initiative de CGT et FO, au moins dans mon coin une grosse agglomération, il y avait une poignée de FO une soixantaine perdue au milieu de milliers de CGT
Exemple: dénonciation de l'ANI, mais sans faire campagne pour son retrait,
et pire: signature immédiate de l'accord ANI scélérat à Renault!
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
Je suis en train de parcourir le site de la commission des affaires sociales en particulier l'audition de FO. En préambule de ses interventions, Lardy en l'absence de Mailly donne déjà le ton :Eugene Duhring a écrit:louismichel a écrit:
Et quand on voit le nombre de positions correctes de la CGT-FO ( voir le fil correspondant) du point de vue des intérêts des travailleurs par rapport à celles pro-MEDEF de la CFDT !!! Mais c'est vrai,la CGT-FO est réformiste, elle est financée par l'Etat comme les autres syndicats, les militants du POI sont aussi bien à la CGT qu'à la CGT-FO et ne "s'identifient" aux dirigeants de ce dernier syndicat que lorsque ces derniers proposent des revendications ou des actions allant dans le sens de l'intérêt des travailleurs ! Il n'y a là aucune adaptation!!
Le fait de rabacher une demi-vérité n'en fait pas pour autant une vérité. Combien de signatures d'accord par FO, sur quel contenu ? Si FO a justement refusé de signer l'ANI que fait-elle pour s'opposer et organiser les travailleurs contre cet accord ? Rien, lors de la seule manifestation contre l'ANI à l'initiative de CGT et FO, au moins dans mon coin une grosse agglomération, il y avait une poignée de FO une soixantaine perdue au milieu de milliers de CGT. La CGT-FO a à de nombreuses reprises franchi la ligne blanche en signant des accords patronaux et encore je ne te cite pas les accords d'entreprise tout aussi patronaux. J'ai eu et j'ai encore l'occasion de les voir à l'oeuvre dans la vraie vie et non une vie fantasmée et sans porter un jugement général, je peux te certifier que ce n'est pas très brillant ! Les militants du POI du fait de leur forte représentation dans le milieu enseignant et universitaire sont pour l'essentiel organisés dans FO, la CGT c'est à la marge.
Que disais-tu à propos de FO ?M. Stéphane Lardy. Je tiens tout d’abord à excuser M. Jean-Claude Mailly, qui est retenu par une commission exécutive confédérale.
Force ouvrière n’a pas l’habitude de quitter les négociations. Nous pouvons ne pas approuver un texte final, mais nous restons toujours jusqu’à la fin des discussions. FO a d’ailleurs signé la plupart des accords nationaux interprofessionnels de ces dernières années et vient, très récemment, d’annoncer qu’elle signera l’accord sur les régimes de retraite complémentaire.
Je ne suis pas aller voir du côté de la CGT ... mais je ne m'attends pas à quelque chose de plus brillant !
Eugene Duhring- Messages : 1705
Date d'inscription : 22/09/2011
Re: IV eme Inter:scission de 1953.
Je n'ai jamais dit que la CGT-FO était un syndicat révolutionnaire, pas plus que la CGT! Mais que toutes une série de positions correctes peuvent servir de points d'appui aux travailleurs!
louismichel- Messages : 554
Date d'inscription : 01/03/2013
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