Christiane Taubira

[sylvestre]

Personne ici ne songera à considérer Christiane Taubira comme l'une des nôtres. Pour autant, le déchaînement de la droite contre elle depuis sa nomination au ministère de la justice et l'annonce de ses premières mesures, modestes mais progressistes (suppression de la correctionnelle pour les mineurs en particulier) ne peut pas laisser indifférent : c'est d'abord Copé qui fait un clin d'œil assez grossier.
A présent Eric Zemmour, toujours très compétent dans son rôle d'idéologue en chef de la réaction explicite un peu plus : les victimes de racisme et de sexisme ce sont bien sûr... les hommes blancs.

[gérard menvussa]

ça "sent" une certaine prose des années 30, sans aucune discussion possible ! Qu'on en juge :

"Dès son arrivée place Vendôme, Christine Taubira s'est montrée impitoyable. Avec des accents presque sarkozystes, elle s'est émue de la souffrance des victimes, et a promis de pourchasser leurs bourreaux, d'être dure avec le crime et les criminels.

Le crime : c'est le harcèlement sexuel et les criminels, ce sont les hommes. La harceleuse sexuelle est une espèce encore rare, et les plaintes d'hommes, plus encore. Mais interdit de rire, trêve de gaudriole (...) ce crime doit retrouver le chemin du code pénal, d'où le Conseil constitutionnel l'a sorti inconsidérément, et les harceleurs le chemin de la prison.

Mais Christine Taubira sait aussi redevenir douce et compatissante, compréhensive, une maman pour ses enfants. Ces pauvres enfants qui volent, trafiquent, torturent, menacent, rackettent, violentent, tuent aussi, parfois. Ils sont encore des adolescents, mais certains sont encore des chefs de gangs redoutés. D'autres sont encore des apprentis, mais ils apprennent vite. (...) C'est peut être en raison de ce rôle social que notre nouvelle ministre de gauche est pleine de sollicitude pour eux.

Elle se précipite dans une prison pour assister à un match de basket entre prisonniers et surveillants, un basketteur en profite d'ailleurs pour s'évader. Elle supprime le tribunal correctionnel pour adolescents multirécidivistes créé par le précédent gouvernement, les juges pour enfants pourront retrouver leurs ouailles.

Elle annonce aussi son intention d'abolir les peines planchers pour ces mêmes multirécidivistes, qui contraignaient, au nom d'une dure réalité pénale, certains de ces juges à sortir de la culture de l'excuse.

Mais la réalité, Christiane Taubira n'en a cure, elle applique un dogme. Ses évangiles sont la fameuse ordonnance de 1945 sur la délinquance juvénile qui privilégie l'éducation. Pour Christine Taubira et son mentor, Pierre Joxe (...) avocat sur le tard, ces pauvres enfants sont les victimes d'une société qui les rejette par xénophobie et racisme.

En quelques jours, Christiane Taubira a choisi ses victimes, ses bourreaux. Les femmes, les jeunes des banlieues, sont dans le bon camp à protéger. Les hommes blancs dans le mauvais. Après tout, les femmes votent majoritairement à gauche depuis 1981, et dans les banlieues, Hollande a obtenu des scores de dictateur africain. Mais en quelques jours, la ministre de la Justice (...) a donné une couleur angélique aux débuts de la gauche, qui la ramène là où elle ne voulait pas forcément revenir."

[DNantes]

Alors vous laisseiez faire les mineurs au lieu de les punir
Sa va être le bazar en france

[verié2]

Alors vous laisseiez faire les mineurs au lieu de les punir
Sa va être le bazar en france

C'est déjà le bazar - même s'il ne faut pas non plus exagérer le niveau de la délinquance - et la démagogie sécuritaire de Sarkozy n'y a rien changé.

Le problème que tu soulèves dépasse de loin la personnalité de Taubira. La délinquance et l'incivilité ont fondamentalement des causes sociales : chômage, misère matérielle et affective, désagrégation de la société, manque de perspectives. La répression la plus brutale ne peut en venir à bout, comme on peut le constater dans la plupart des pays du monde. Au Moyen Age, on pendait les voleurs, ça n'empêchait pas qu'on pouvait se faire égorger à chaque coin de rue ou dans les campagnes...

Aujourd'hui, nous savons bien que la prison, notamment la prison pour mineurs, est une école du crime. Comme le dit un prêtre spécialisé sur cette question, l'abbé Gilbert, "La prison, des jeunes y entrent. Des fauves en sortent". Ce n'est donc pas la solution.

Ce qui pourrait faire sérieusement reculer la délinquance juvénile, ce serait l'organisation de la population pour la défense de ses intérêts : logements, aménagements, services publics, et bien entendu emplois et salaires. Un tel mouvement entraînerait de nombreux jeunes marginalisés et isolerait les vrais délinquants. Ne doutons pas aussi que la population saurait mettre au pas ces "vrais délinquants", par exemple en exerçant une pression sociale dans le quartier, sur les familles, mais aussi en apportant sa solidarité etc.

Sans doute, les services qui font un travail préventif, comme les éducateurs, les enseignants ne sont pas inutiles, mais ils ne peuvent pas pallier aux problèmes sociaux. Quant à la répression, si nous admettons qu'il restera des délinquants et des criminels, jeunes ou non, elle pourra prendre des formes moins barbares que la prison, les centres de redressement (nouvelle appellation des sinistres "maisons de correction").

[yannalan]

Et il faut être clair : où les 16/18 ans sont traités comme majeurs et alors on leur donne la majorité (vote, permis, etc...) ou ils sont mineurs e ton les traite comme tels.

[verié2]

Et il faut être clair : où les 16/18 ans sont traités comme majeurs et alors on leur donne la majorité (vote, permis, etc...) ou ils sont mineurs e ton les traite comme tels.

De plus, le problème concerne aussi les moins de 16 ans. Jusqu'en 1981, il y avait des enfants de 12-13 ans en prison, dont certains furent enchaînés aux murs de leurs cellule.

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