Les ciments Lafarge
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Les ciments Lafarge
LIBERATION
08/06/2011
Par CATHERINE MAUSSION, LUC PEILLON
Les salariés de Lafarge cimentés contre les restructurations
Après l’annonce, dans un secteur pourtant florissant, de la fermeture de l’usine de Frangey, dans l’Yonne, la quasi-totalité des sites français du groupe sont paralysés.
Une usine ferme, et c’est tout le groupe qui s’enrhume. Suivant l’exemple des salariés de Total, dont l’ensemble des raffineries françaises s’étaient arrêtées en février 2010 suite à la suppression du site de Dunkerque, les employés de Lafarge bloquent depuis lundi la plupart des cimenteries du groupe, en réaction à la fermeture de celle de Frangey (Yonne). Hier en fin d’après-midi, la direction enregistrait 36% de grévistes, contre 51% la veille. «Plus un kilo de ciment ne sort des usines, affirme Sylvain Moreno, délégué syndical CGT. Et la mobilisation est partie pour durer.» Ce matin encore, nombre d’entre eux ont prévu de se rassembler devant le siège de l’entreprise à Saint-Cloud, dans la banlieue parisienne, à l’occasion du comité d’entreprise consacré au plan social des 74 salariés menacés par la fermeture de l’usine de Frangey.
Mais ce n’est pas qu’une grève de solidarité qui a démarré lundi dans l’ensemble du groupe. Comme au sein de Total il y a un an, les syndicats de Lafarge estiment que cette fermeture n’est que le prélude à l’extinction programmée d’autres cimenteries parmi les dix que compte le groupe dans l’Hexagone. «Il y a une vraie volonté de la part de Lafarge de réduire la voilure en France, notamment en fermant les petites unités, estime la CGT. Preuve en est : les investissements diminuent constamment, en particulier ceux de "maintien", menaçant la pérennité de l’outil industriel.» Après celle de Frangey, les syndicats craignent notamment pour la cimenterie de Châtillon d’Azergues, près de Lyon (Rhône). «On se sent sur la sellette, car on fait partie des petits sites, jugés moins rentables par la direction, estime Michel Robert, délégué syndical CFDT de l’usine. Mais à terme, tout le monde peut légitimement se sentir menacé.»
Surcapacité. Côté direction, on réfute évidemment la thèse syndicale : «Il n’y a aucune autre restructuration à l’ordre du jour, affirme un porte-parole du groupe. Quant au site de Frangey, il tourne à 60% de sa capacité…» Et serait trop enclavé pour bénéficier des nouveaux procédés de fabrication plus respectueux de l’environnement. Sa fermeture résorbera-t-elle pour autant la surcapacité que dénonce la direction au niveau national ? Pas de commentaires. «Mais en aucun cas Lafarge, dont la France constitue le berceau, ne quittera le pays.» Quant aux investissements, s’ils sont plutôt orientés en direction des pays émergents, «c’est parce que ces régions constituent aujourd’hui les marchés fortement demandeurs de ciment».Alors que la France, elle, deviendrait un pays «mature» sur le plan du bâtiment, sous-entendu beaucoup moins gourmand en poudre grise.
Et pourtant, le secteur n’est pas vraiment en crise. Les mises en chantiers de logements, sur les six derniers mois, ont progressé de 27% en glissement annuel. «On est sur un rythme annuel de 420 000 logements sur la base du dernier trimestre», explique la Fédération du bâtiment. Plus très loin des bonnes années, 2006 ou 2007, avec 500 000 logements bâtis. Belle santé aussi du marché non-résidentiel (centres commerciaux, bureaux…), avec 17% de croissance en tendance annuelle. Le ciment sert aussi à construire des infrastructures (routes, ponts…) et, de ce côté-ci, c’est presque l’euphorie. Lancement de la construction de la ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux, contournements de Nîmes-Montpellier, les travaux pharaoniques promettent de belles années au secteur des travaux publics, qui consomment 30% de la production hexagonale de ciment. Les mises en chantiers s’emballent même, avec 20% de progression au premier trimestre.
Broyage. La Fédération française de l’industrie cimentière, à laquelle Lafarge appartient, ne vient pas davantage au secours du leader mondial du ciment. L’année 2010, avec presque 20 millions de tonnes produites, s’est mieux terminée que prévu, égalant 2009. Certes, la consommation française a reculé sensiblement (autour de 20%) par rapport aux années 2006 à 2008, «mais on progresse de 20% au premier trimestre», souligne-t-on à la Fédération. Chez Calcia, qui dispute à Lafarge le rang de premier producteur de ciment en France, on dit que «le marché est en train de repartir et tout le monde est content». L’italien, filiale de Italcementi Group, exploite neuf cimenteries et un centre de broyage dans l’Hexagone. Il n’a l’intention d’en fermer aucun.
Cette menace qui pèse sur l’unité de Lafarge dans l’Yonne pourrait, en réalité, relever d’une stratégie d’entreprise. Et s’inscrire dans une tendance pointée depuis quelques mois par les spécialistes du secteur : la délocalisation d’une partie du cycle de production du ciment. Comment ? Par la construction d’unités de broyage, comme celle projetée par le suisse Holcim sur le port de La Rochelle. Dans ces unités, on y broie du clinker - un granulat fait de calcaire et d’argile - qui, une fois réduit en poudre, puis chauffé, donne du ciment. Et si l’unité de broyage est située sur le port, ce n’est pas par hasard : le clinker vient d’autres parties du monde (Egypte, Iran et même la Chine…). Le ciment, réputé longtemps non-délocalisable, pourrait finir par l’être… par petits bouts..
08/06/2011
Par CATHERINE MAUSSION, LUC PEILLON
Les salariés de Lafarge cimentés contre les restructurations
Après l’annonce, dans un secteur pourtant florissant, de la fermeture de l’usine de Frangey, dans l’Yonne, la quasi-totalité des sites français du groupe sont paralysés.
Une usine ferme, et c’est tout le groupe qui s’enrhume. Suivant l’exemple des salariés de Total, dont l’ensemble des raffineries françaises s’étaient arrêtées en février 2010 suite à la suppression du site de Dunkerque, les employés de Lafarge bloquent depuis lundi la plupart des cimenteries du groupe, en réaction à la fermeture de celle de Frangey (Yonne). Hier en fin d’après-midi, la direction enregistrait 36% de grévistes, contre 51% la veille. «Plus un kilo de ciment ne sort des usines, affirme Sylvain Moreno, délégué syndical CGT. Et la mobilisation est partie pour durer.» Ce matin encore, nombre d’entre eux ont prévu de se rassembler devant le siège de l’entreprise à Saint-Cloud, dans la banlieue parisienne, à l’occasion du comité d’entreprise consacré au plan social des 74 salariés menacés par la fermeture de l’usine de Frangey.
Mais ce n’est pas qu’une grève de solidarité qui a démarré lundi dans l’ensemble du groupe. Comme au sein de Total il y a un an, les syndicats de Lafarge estiment que cette fermeture n’est que le prélude à l’extinction programmée d’autres cimenteries parmi les dix que compte le groupe dans l’Hexagone. «Il y a une vraie volonté de la part de Lafarge de réduire la voilure en France, notamment en fermant les petites unités, estime la CGT. Preuve en est : les investissements diminuent constamment, en particulier ceux de "maintien", menaçant la pérennité de l’outil industriel.» Après celle de Frangey, les syndicats craignent notamment pour la cimenterie de Châtillon d’Azergues, près de Lyon (Rhône). «On se sent sur la sellette, car on fait partie des petits sites, jugés moins rentables par la direction, estime Michel Robert, délégué syndical CFDT de l’usine. Mais à terme, tout le monde peut légitimement se sentir menacé.»
Surcapacité. Côté direction, on réfute évidemment la thèse syndicale : «Il n’y a aucune autre restructuration à l’ordre du jour, affirme un porte-parole du groupe. Quant au site de Frangey, il tourne à 60% de sa capacité…» Et serait trop enclavé pour bénéficier des nouveaux procédés de fabrication plus respectueux de l’environnement. Sa fermeture résorbera-t-elle pour autant la surcapacité que dénonce la direction au niveau national ? Pas de commentaires. «Mais en aucun cas Lafarge, dont la France constitue le berceau, ne quittera le pays.» Quant aux investissements, s’ils sont plutôt orientés en direction des pays émergents, «c’est parce que ces régions constituent aujourd’hui les marchés fortement demandeurs de ciment».Alors que la France, elle, deviendrait un pays «mature» sur le plan du bâtiment, sous-entendu beaucoup moins gourmand en poudre grise.
Et pourtant, le secteur n’est pas vraiment en crise. Les mises en chantiers de logements, sur les six derniers mois, ont progressé de 27% en glissement annuel. «On est sur un rythme annuel de 420 000 logements sur la base du dernier trimestre», explique la Fédération du bâtiment. Plus très loin des bonnes années, 2006 ou 2007, avec 500 000 logements bâtis. Belle santé aussi du marché non-résidentiel (centres commerciaux, bureaux…), avec 17% de croissance en tendance annuelle. Le ciment sert aussi à construire des infrastructures (routes, ponts…) et, de ce côté-ci, c’est presque l’euphorie. Lancement de la construction de la ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux, contournements de Nîmes-Montpellier, les travaux pharaoniques promettent de belles années au secteur des travaux publics, qui consomment 30% de la production hexagonale de ciment. Les mises en chantiers s’emballent même, avec 20% de progression au premier trimestre.
Broyage. La Fédération française de l’industrie cimentière, à laquelle Lafarge appartient, ne vient pas davantage au secours du leader mondial du ciment. L’année 2010, avec presque 20 millions de tonnes produites, s’est mieux terminée que prévu, égalant 2009. Certes, la consommation française a reculé sensiblement (autour de 20%) par rapport aux années 2006 à 2008, «mais on progresse de 20% au premier trimestre», souligne-t-on à la Fédération. Chez Calcia, qui dispute à Lafarge le rang de premier producteur de ciment en France, on dit que «le marché est en train de repartir et tout le monde est content». L’italien, filiale de Italcementi Group, exploite neuf cimenteries et un centre de broyage dans l’Hexagone. Il n’a l’intention d’en fermer aucun.
Cette menace qui pèse sur l’unité de Lafarge dans l’Yonne pourrait, en réalité, relever d’une stratégie d’entreprise. Et s’inscrire dans une tendance pointée depuis quelques mois par les spécialistes du secteur : la délocalisation d’une partie du cycle de production du ciment. Comment ? Par la construction d’unités de broyage, comme celle projetée par le suisse Holcim sur le port de La Rochelle. Dans ces unités, on y broie du clinker - un granulat fait de calcaire et d’argile - qui, une fois réduit en poudre, puis chauffé, donne du ciment. Et si l’unité de broyage est située sur le port, ce n’est pas par hasard : le clinker vient d’autres parties du monde (Egypte, Iran et même la Chine…). Le ciment, réputé longtemps non-délocalisable, pourrait finir par l’être… par petits bouts..
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Les ciments Lafarge
Soutenons les travailleurs de Lafarge en lutte contre la fermeture de la cimenterie de Frangey !
http://tendanceclaire.npa.free.fr/contenu/autre/artpdf-280.pdf
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Gaston Lefranc- Messages : 777
Date d'inscription : 26/06/2010
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